What you've been through doesn't matter. Life gets better anyway, believe me. ► Friedrich & Bridget
Déjà dix-huit heures, l'heure pour Bridget de ranger ses affaires et de rentrer chez elle après cette journée à l'université. Ces derniers temps, il était de plus en plus difficile pour Bridget d'affronter les jours les uns après les autres. Elle n'était pourtant pas du genre à se laisser abattre et à vouloir s'enterrer six pieds sous terre histoire de ne plus rien ressentir du tout. Pourtant depuis près d'une semaine, elle aurait bien voulu pouvoir arrêter de ressentir des émotions, juste un instant, juste histoire de se reposer un peu et de reprendre des forces pour pouvoir à nouveau faire face à la déception devant laquelle elle était.
Bridget rangeait les quelques copies qui traînaient sur son bureau, pris son cartable et se dirigeait vers la sortie, tout en se demandant ce qu'elle pourrait cuisiner à son frère qui venait dîner chez elle le soir-même. Elle n'était plus très sûre de ce qui se trouvait dans son frigo ainsi que dans ses placards, elle décidait donc de faire un petit tour à l'épicerie qui se trouvait sur le chemin entre l'université et son appartement.
Après avoir acheté le nécessaire pour cuisiner un bon poulet sauce curry pour le repas du soir, Bridget rentrait dans le hall de son appartement et vérifiait le courrier dans sa boîte aux lettres. Une lettre, encore une lettre de l'hôpital, c'était au moins la troisième en 2 semaines, une lettre pour lui rappeler de venir faire encore des tests. Mais elle n'en pouvait plus, elle n'en pouvait plus de tout ces tests alors que tout espoir était perdu. Elle ne savait même pas si elle serait capable de dire à son frère qu'il lui était désormais impossible d'avoir des enfants.
Elle soupira tout en appelant l'ascenseur, son sac de course commençait à faire sentir son poids. Elle était pressée de rentrer chez elle, de retrouver le calme de son appartement et de pouvoir se poser quelques instants sur son canapé avant de se mettre au fourneau.
Après avoir rangé les quelques emplettes dans son frigo et ses placards, Bridget se laissa tomber de tout son long sur son canapé, elle fixa alors le plafond pendant quelques minutes. Depuis quelques années, elle était heureuse professionnellement, elle aimait plus que tout transmettre son savoir à des étudiants. Mais personnellement, elle avait encore certains rêves à réaliser, et aujourd'hui, il y en a un qu'elle était obligée de rayer, ne pouvant même plus le réaliser.
Bon Bridget, tu ne vas pas rester là allongée sur ton canapé à attendre patiemment qu'un miracle se produise ?! se dit-elle pour elle-même.
Elle se levait alors pour se diriger vers sa cuisine, elle allumait la radio, et se laissa bercer quelques instants par la musique classique qui sortait des enceintes. Elle aimait cuisiner, et elle aimait encore plus cuisiner sur de la musique classique. Elle trouvait ce genre de musique apaisant et relaxant, mais elle n'était pas non plus contre de bons morceaux de rap, de rock ou même encore de ce qu'on appelle "de la musique commerciale", tant qu'on pouvait se déhancher et se défouler ça convenait à Bridget -également si on pouvait chanter à tue-tête les paroles!-. Elle sortit alors les ingrédients nécessaires à la préparation de son plat, et se mit au fourneau.
Re: Friedrich ▶︎ Life gets better anyway, believe me.
Sam 5 Mai 2018 - 3:16
Le cours de ballet jazz m’avait passablement remonté le moral après ce qui semblait bien être la centième rupture avec Gustav (parce qu’il avait eu la brillante idée de mentionner que je semblais bien avoir perdu du poids). Bonjour joyeuse instabilité à l’égard de mon corps, vieille amie qui se présentait devant moi telle une évidence claire et nette. Mais ce n’était pas nécessairement suffisant pour que je sois en mesure de m’en remettre complètement.
Il me vient en tête que je n’avais pas eu de nouvelle de ma sœur depuis un peu plus d’une semaine ce qui était passablement anormal. J’avais été sincèrement heureux de la voir débarquer à Hambourg en 2011 dans la même université que moi-même si nous n’enseignions pas du tout dans des départements qui soit dans le moindre des cas à proximité l’un de l’autre. Peu n’importe ce que je disais sur le fait que mes parents m’avaient poussé avec une force excessive à prendre soin de mes cadets, j’avais jugé important de la garder à proximité pour m’assurer que sa vie sentimentale et générale soit plus équilibrée que la mienne.
Or, voyant que le téléphone restait plus muet qu’une carpe, il était nécessaire de déduire qu’une intervention devait se faire. Intervention qui suivrait typiquement une douche – parce qu’à n’en point douter le ballet jazz avait eu un effet non négligeable sur la quantité de sueur que j’avais vaillamment dégagé au courant des trois heures (j’étais arrivé plutôt encore pour compenser et pratiquer avec énergie, mais cela ne voulait rien dire). Changé et armé d’un sac qui contenait l’essentiel d’un « je viens squatter un coin de ton sofa comme tu sembles avoir oublier que j’existe… mais cela ne veut pas dire que ma vie sentimentale est un désastre évident », je pris le chemin de l’appartement de ma sœur.
Je l’aimais bien Bridget… Elle avait un objectif noble en voulant faire un enfant toute seule. J’étais pour la seconder si telle était sa décision. Après tout… ce n’était pas parce que j’avais trop de problème pour penser à fonder une famille que je n’allais pas faire un excellent tonton… Le fait par contre que j’avais déjà gardé des enfants en bas âge avec un résultat pour le moins… désastreux était probablement un indicatif plus fort. Mais en même temps, l’incident de la couche rouge était pleinement de la faute de Gaelle! Après tout, comment diable pouvais-je savoir qu’un enfant qui venait de commencer à manger uniquement des betteraves pouvait produire une selle rouge sanglante à faire paniquer n’importe quel gardien? TOUT LE MONDE AURAIT PANIQUÉ! Un point c’est tout.
En arrivant en bas, je me faufilais derrière un des voisins de paliers de ma sœur qui me connaissaient probablement un peu après quatre ans à me voir me faufiler. J’optais pour les marches plutôt que l’ascenseur comme j’avais cet espèce de regain d’énergie qui traduisait un essentiel besoin de bouger et d’être actif. Sourire au visage mais pas le moins du monde essoufflé, je finis par toquer à la porte de l’appartement de ma sœur.
« Alors une semaine à garder le silence radio total? » déclarais-je avec un air faussement offusqué en retirant de mon dos le sac épais qui contenait un film à l’eau de rose qui datait des années 60 (parce que non, je n’avais pas l’intuition que 27 robes était vraiment supérieur à un vieux film avec Monroe dedans), une bouteille de vin, un livre (une brique soyons honnête en langue originale) et un pyjama. Sur le pas de sa porte, je la contemplais rieur en croisant les bras. « Ça prend une intervention ou tu me laisses entrer? J’ai amené une bouteille de blanc! » Ah si! Je pouvais très bien oublié de m’amener à manger mais oublier de fournir une bouteille de vin quand je m’invitais à l’improviste… c’était une autre chose. Peut-être bien que j’avais des petites tendances alcooliques.
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