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 Amber & Léa • Life without ballet would be Pointless

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Amber & Léa • Life without ballet would be Pointless
Ven 16 Juil 2021 - 16:27

Life without ballet would be Pointless
Léamber


Matinée d'été - 2021
Tes poumons se gonflent, inspirant goulument cet air qui règne dans le grand hall de l'Opéra de Hambourg. Un air chargé d'histoire te semble-t-il, différent de celui de l'extérieur, celui-là même qui est tenu au dehors de ces grandes portes où ne franchissent que les privilégiés choisis par les grands. Oui, tu fais désormais partie de cette fine fleur nommée Compagnie de Ballet. Un coup du sort, un miracle à tes yeux qui peinent encore à réaliser que tu te tiens là. Pourtant, tu as bien relu cette lettre d'admission qu'on t'a remise après ton audition. Mille fois tu as remercie Aldo qui était présent lorsqu'on a annoncé aux quelques candidates qu'elles étaient retenues et à qui on a remis cette invitation officielle. Tu as ta place, celle dont tu as toujours rêvé. Celle pour laquelle tu as tant travaillé, pour laquelle tu as tant sacrifié. Pourtant, ce n'est rien comparé à ce qui t'attends. Obtenir une place est en réalité être la partie la plus facile car le véritable défi est de la garder face à ces nouvelles recrues qui viendront chaque année mettre en péril ta légitimité.

Gravissant les marches sur lequel tes pas semblent résonner, tu te présentes à l'accueil pour signer les derniers papiers. Cela ne fait que titiller ton impatience alors que les papiers et signatures s'enchainent. Tu n'aspires qu'à une chose : te trouver une salle de répétition pour t'échauffer. Le nouveau ballet de John Neumeier était la raison pour laquelle on avait rouvert de nouvelles auditions en premier lieu. Ce dernier avait opté pour une œuvre classique, l'une de celle que tu connais bien : le Songe d'une nuit d'été (A Midsummer Night's Dream), une comédie de William Shakespeare. Les rôles doivent encore être distribués mais tous savent que le rôle de la fée Titania serait réservé à l'une des étoiles venue de France. Une certaine Sainte-Ange dont tu as déjà entendu parlé. Toi, tu espères décrocher un rôle solo et non celui d'une fée noyée dans la masse. Pourquoi pas ce lutin espiègle qui piège tout le monde, Puck ? Cette pensée te fait sourire alors que tu remercies la réceptionniste qui te donne enfin ta carte d'accès. Enfin. Ton Graal rien qu'à toi, la preuve formelle que désormais, tu appartiens à cette institution.

Tes pas te guident vers les salles d'entrainement. Tu te contentes de la première qui te semble disponible, la porte vitrée signalant l'absence de tout autre danseur. La grande baie vitrée qui s'étend tout le long de la pièce donne sur le monde extérieur mais offre surtout une luminosité optimale. Le miroir centrale n'attend plus que toi, tout comme la barre d'exercice en bois. Parfait. Tu jubiles alors que tu te précipites à l'intérieur, telle une petite fille pressée de monter sur un manège. Un saut dans le vestiaire adjacent avant tout. Tu troques ta tenue de profane pour un leggings de danse noir qui souligne le galbe de tes jambes d'athlète. Une brassière bordeaux vient enlacer ta poitrine menue que tu camoufles sous une blouse à longues manches, ajouré dans le dos et de couleur gris-taupe. Assise sur le sol, tu observes tes pieds encore un rien meurtris par l'audition de la dernière fois. Ton ongle s'en est remis mais par précaution, tu panses déjà tes orteils, joignant certains pour t'offrir un soutient plus agréable. Tu glisses ensuite tes pieds dans une pair de chaussons de danse en cuire souple et te voilà parée. Ton regard capte le reflet de ta silhouette tandis que tu te positionne, les cheveux ramenés sur le sommet de ta tête en une queue de cheval. Ici, tu peux encore te le permettre, tu es seule et sans professeur, pas de règles, pas d'uniforme...rien, juste toi et cet Ipod que tu places pour démarrer ta routine au son de cette barcarolle lyrique célèbre de l'opéra signé Léo Delibes. Sous le dôme épais aussi connu sous le duo des fleurs. Vous devriez être deux pour danser dessus mais qu'importe. Le rôle de Malika, tu le connais par coeur, tu l'as dansé lors d'une représentation, la fidèle servante accompagnant sa maîtresse, Lakmé alors qu'elles s'en vont cueillir des fleurs le long d'un ruisseau merveilleux pour orner leur temple.

Tes bras se mettent en position, tes jambes se tendant tandis que les premières notes veloutées de la clarinette et du hautbois se mêlent. Lakmé t'invite, tu l'imagines, glissant devant toi, l'air ravie face à ces fleurs sentant bon le jasmin et le lotus. C'est à toi d'aller vers elle dans un pas de deux, la jambe se mouvant dans un dégagé lent avant de prendre de l'élan pour une cabriole qui te positionne au devant. Les voix se mêlent et le duo commence enfin. Tes yeux se perdent, imaginant un décor luxuriant, un tapis de gazon où sont parsemés des fleurs de champs aux couleurs exotiques. Au loin, un temple, serpenté de lierre au bord de ce ruisseau qui coule joyeusement. Tu aimes ce duo, cette douceur insouciante qui te fait devenir une nymphe des eaux, des champs, de la danse. Tu en oublies les murs qui t'enferment, ton imaginaire t'offrant une piste sans fin où voltiger et glisser avec grâce. Les bras tendus vers le ciel, ton dos se cambre lors de ton grand jeté qui te projette, t'arrachant un frisson de liberté qui vient fourmiller sous ta peau. Éprise de ce sentiment, tu ne réalises pas qu'au dehors de cette porte vitrée, une pair d'yeux t'observe.

@Léa Saint-Ange
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Re: Amber & Léa • Life without ballet would be Pointless
Lun 19 Juil 2021 - 23:47

Life without ballet would be Pointless
Léamber



La danse demande un travail constant. Le danseur est l’instrument de son art et, pour celui-ci, il doit travailler sans cesse ses pas pour que chaque mouvement devienne naturel et pur. Il faut réussir à plier son corps au mouvement désiré sans pour autant le forcer ou le briser. Il faut acquérir une souplesse et une grâce qui si elle est innée doit être retravaillée pour paraitre presque irréelle. Il est également nécessaire de rendre ce corps qui est l’instrument premier de l’art fort et souple à la fois. Ce sont des heures entières passées à muscler ses chevilles et ses jambes, à contracter les abdominaux et à renforcer ses bras. Ce sont des semaines passées à la barre à plier et à relever pour rendre les jambes telles des flèches rapides, souples et toniques. C’est une discipline exigeante qui demande de se dépasser sans pour autant se briser. C’est une science qui exige que l’on maitrise et parfois défie toutes les autres en particulier la gravité. L’on doit apprendre à se laisser porter par les airs et son partenaire et la confiance tant en soi qu’en son partenaire pour se réceptionner avec grâce. C’est finalement une attitude qui demande au danseur d’apprendre non seulement le maintien du corps, mais aussi toutes les expressions que ce dernier peut transmettre. L’objectif final est de communiquer à son public l’émotion que l’on doit incarner. Un acteur ou un chanteur peut se servir de son corps, de ses mots et de ses intonations pour faire vibrer le spectateur sous les émotions qu’il joue. Un danseur quant à lui apprend à faire tout cela seulement avec son corps. Il faut pouvoir faire transparaitre l’amour, la joie, la colère, la candeur, la rage, la passion, la curiosité, la jalousie, la gêne et tant d’autres simplement en positionnant son corps de façon que le spectateur perçoive l’un ou l’autre sentiment. C’est pour tout cela que j’aime cet art. J’aime l’exigence qu’il demande et l’enchantement qu’il provoque chez autrui. Je pense que l’on ne peut pas ressortir d’un ballet sans émotion aucune, car c’est la force de l’artiste de faire ressentir quelque chose à l’aide de son instrument et de la musique qui l’accompagne.

C’est sans doute cet amour de l’exigence et de la discipline qui fait que j’en suis là où j’en suis où tout simplement la passion du métier. Ce métier qui m’a conduite au plus haut degré de reconnaissance à Paris et qui me pousse aujourd’hui à quasi tout recommencer à Hambourg. Je ne pars pas de zéro comme la toute première fois, mais la compétition est rude et le travail se doit d’être acharné pour garder ma place, comme dirait un certain violoniste. En outre, je dois aussi faire honneur à celui qui m’a remarqué dans ma ville natale et qui m’a proposé cette place dans ma nouvelle ville. Je serais consternée s’il venait à penser qu’il a commis une erreur en me proposant ce poste et ce rôle dans sa réadaptation du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Dès mon arrivée, il m’a proposé le double rôle d’Hippolyte et Titania. Ce génie de la mise en scène et de la chorégraphie a choisi de mettre à nouveau à l’affiche cette réadaptation qui lui a valu des éloges dans les plus grands quotidiens d’Europe à la fin des années soixante-dix. Je connais bien sûr le Midsummer Night's Dream du dramaturge anglais, l’histoire de Démétrius et Helena, de Lysandre et Hermia, le défi d’Oberon à Titania et les facéties de Puck. En 2017, pour le Songe d’une nuit d’été de George Balanchine, j’incarnais le personnage d’Hermia. J’ai été fascinée par la composition musicale classique, les décors enchanteurs et les magnifiques costumes dessinés par Christian Lacroix. En revanche, j’étais trop jeune encore pour voir le Sommernachtstraum de Neumeier à l’Opéra de Paris lors de sa dernière représentation en 2001. Depuis j’ai eu l’occasion de visionner les archives et DVD de représentations présents à Hambourg. Si la création de Balanchine brille par ses couleurs et son traditionalisme, celle du directeur artistique d’Hambourg explose par sa modernité. Avec sa séparation en 3 plans mêlant rêves et réalité, faisant d’Hippolyte une Titania et de Thésée un Oberon et avec cette utilisation de la musique classique de Mendelssohn et celle plus moderne de Ligeti, c’est un réel chef d’œuvre. Que dire de cette confrontation entre les souverains des fées tout en souplesse, comme si le danseur jonglait avec le corps de la danseuse. Que penser de ce sommeil de la reine portée par les autres fées ? Quels mots utiliser pour qualifier cette mise en scène fine et subtile ? Je me suis plongée dans cette œuvre et plus je la découvre et plus elle m’hypnotise par sa magie et son génie.

Néanmoins, le génie et la magie ont un prix : le travail. Cela fait bientôt deux mois que je répète sans relâche avec Christopher qui interprète Oberon pour que le pas de deux nous deviennent aussi naturels que faire se peut. Aujourd’hui ne fait pas exception à la règle et nous nous sommes installés dans la salle de travail adjacente à la salle principale. Au fil de la matinée, nous avons été rejoints par Jacopo qui aimerait beaucoup pouvoir jouer Bottom et même par Lloyd qui nous a fourni quelques conseils en sa qualité de maitre de ballet.  Avant moi, à la même place, pour le même rôle, se trouvait Alina Cojocaru, grande ballerine et muse de Neumeier en personne. Je n’ai absolument aucun droit à l’erreur. Même si Lloyd m’assure que c’est déjà très beau et même si Christopher me taquine en me disant que c’est plus facile pour lui vu que je suis plus légère qu’Alina, je veux recommencer. Je ne me sens pas encore totalement en confiance pour ce porté où Christopher est censé me soulever par-dessus ses épaules tenant simplement ma cheville et ma cuisse. Quant à moi, je dois prendre appui en pointe sur sa cuisse du pied droit tout en tendant la jambe gauche dans un grand adage pour redescendre et achever le mouvement dans une pirouette mêlant mon corps à celui de mon partenaire. Ainsi donc, nous recommençons. La musique s’élève onirique, presque ésotérique, dans la pièce. Nous nous approchons l’un de l’autre mélange d’attraction et de défi et mon esprit est emporté par les pas. Je sais à la milliseconde où doit se trouver mon corps, dans quelle torsion je dois le contraindre pour qu’il s’adapte aux mouvements voulus par le chorégraphe. Il ne s’agit plus de réflexion comme au jour de la découverte de la chorégraphie, je sais presque d’instinct ce que je dois faire. Vient le moment du porté et je m’observe dans la glace. La pause n’est pas si mal, mais l’on distingue encore un infime tremblement dans mon mollet droit. Oberon me fait descendre de mon perchoir et nous continuons avec la même aisance. Le silence reprend peu à peu sa place quand Chris me dépose au sol dans un dernier pas et nos deux autres collègues respectent ce silence jusqu’à la dernière seconde. Je me redresse et darde directement mon regard vers Lloyd. Nous discutons de cette faiblesse dont a fait preuve mon corps pendant que les deux autres proposent une pause en allant prendre l’air.
Je passe des guêtres bleues électriques au-dessus de mon legging de danse blanc et j’enfile un sweat-shirt gris chiné au-dessus de mon justaucorps noir. Je troque également mes pointes contre des chaussons de danse. Je ne me pose même plus la question au sujet de l’aspect que ces vêtements donnent de moi. Comme un médecin dans sa blouse ou un cuisinier dans son tablier, je suis à l’aise dans mon legging et mon justaucorps. C’est naturel pour moi. J’attrape une bouteille d’eau et je les suis. Dans le couloir, je suis happée par une mélodie connue. Dans un studio, non loin de celui que nous venons de quitter, une jeune femme danse au son du Duo des fleurs de Delibes. Je me souviens avoir personnifié Lakmé durant ma troisième division. Si l’air est magnifique, l’interprétation de la danseuse de l’autre côté de la vitre l’est tout autant. Je fais signe aux trois autres de ne pas m’attendre et je rentre discrètement. Au moment où je passe la porte, le duetto en est à sa troisième partie. Je m’assois dans le fond de la pièce en tailleur et je contemple la scène qui se joue devant moi. Elle est habitée par ce qu’elle fait et même si quelques imperfections persistent, on ne peut pas détacher les yeux d’elle. La musique s’éteint et elle se détend petit à petit.

« - Tu gagnerais en équilibre, si tu lançais ta jambe moins violemment et si tu cambrais davantage pour la dernière pirouette arrière. Tu pourrais enchainer sur le plier avec plus de stabilité. Au-delà de cela, c’était pas mal du tout. je lui souris avenante ; je l’ai surprise, mais c’est plus fort que moi. Désolée. dis-je en fronçant le nez. Je ne voulais pas te déranger, mais j’étais curieuse… je hausse les épaules. Tu es nouvelle ? elle acquiesce pendant que je me redresse avec agilité. Moi, c'est Léa. je lui tends la main sans me défaire de mon sourire. »

Elle a l’air d’être à peine plus jeune que moi. Un visage adorable entouré de quelques mèches de cheveux s’échappant de sa coiffure et qui semble vouloir s’illuminer d’un sourire timide. Je n’ai jamais été du genre à écraser les autres ballerines dès la première rencontre. J’estime que ces mesquineries ne servent à rien. Si elles donnent à certaines des impressions de grandeurs, ce sont les directeurs artistiques qui remettent tout le monde d’accord. Alors, je lui souris franchement, ravie de faire une nouvelle connaissance.

@Amber Goldfrye
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Re: Amber & Léa • Life without ballet would be Pointless
Mer 21 Juil 2021 - 22:43

Life without ballet would be Pointless
Léamber


Dressée sur la pointe de tes pieds, tu ne gagnes pas moins de 15 centimètres. L'embout de ton chausson droit fermement encré dans le sol, tu te hisses. Ta jambe dont les muscles se gonflent légèrement sous l'effort se tend, inflexible. La seconde jambe, la gauche, se lève à son tour. D'un geste souple, la voilà tendue vers l'avant, prête à donner une impulsion qui permet de tourner sur l'autre, toujours rigide. Tu formes ainsi une arabesque avec ta jambe repliée, les bras arrondis jusqu'aux bouts de tes doigts graciles. Chaque muscle de ton corps travaille en cet instant pour cette pirouette qui doit sembler être effectuée sans le moindre effort. Tu gaines ton corps à la force de tes muscles endurcis par l'entrainement répété. Cette raideur qui te permet de rester droite et inflexible n'empêche cependant pas cette souplesse de ta jambe qui se plie et se déplie à chaque impulsion de pirouette. Une fois, deux fois, trois fois que tu tournes au moins, évoluant dans cette pièce en diagonale, le dos bien droit, les yeux cherchant à chaque retour un point de repère pour ne pas dévier de ta trajectoire. Tu fouettes l'air avec détermination par ce rond de jambe qui suit au gré de la pirouette que tu effectues. Avec grâce, tu dégages ta jambe qui se tend vers l'arrière, t'offrant un nouvel appui. Un bras se hisse de côté tandis que l'autre se soulève pour pointer devant toi, la main élancée, légère comme lorsqu'on tente de caresser une brise d'été. Ton visage exprime une impassibilité impressionnante face à l’exigence que tu imposes à ton corps, rodé à l'effort surhumain. Toutes les danseuses le diront : la douleur devient habitude, presque une compagne tolérée, oubliée lorsque la danse vous met en transe. Tout comme les autres, tu as appris à dompter les expressions de ton visage qui ne pouvaient qu'accompagner ce que ton corps tente d'exprimer sans paroles. Tel un mime, ta voix muette se traduit par tes gestes, pat tes émotions par ta sensibilité et la justesse de tes figures. Ta souffrance physique ne doit à aucun moment être perçue par le public. Cela pourrait rompre le charme de ta prestation, de la pièce entière en vérité. Ton humanité, en résumé, doit te quitter pour n'être plus qu'un concept, un mouvement, un sentiment, une perfection éthérée qui sublime le Beau ne faisant plus que corps avec la musique.

Perdue dans l'exécution de cette routine au son des voix de la soprano Sabine Devieilhe et la Mezzo-soprano Marianne Crebassa qui se conjuguent en harmonie merveilleuse, tes pensées gambergent. C'est une erreur que de les laisser voler ainsi, sans contrôle alors que tu danses. La ligne de ton corps en pâtit et pourtant...tu n'y peux rien. Ton imagination s'emballe alors que tu espères vivement décrocher un rôle soliste dans cette nouvelle version du ballet de John Neumeier. Tu as visionné les images de cet opéra qui date déjà des années 80. Cependant, la prestation qui a réussi à te marquer le plus c'est bien celle donnée à l'Opéra National de Paris en 1991. Une danseuse capte ton attention du haut de tes 8 ans alors que tu regardes cette rediffusion parue alors que tu n'étais même pas un projet. Une Française de 28 ans, danseuse étoile de l'Opéra...Marie-Claude Pietragalla. Un modèle de rigueur, un tempérament exigeant et intransigeant pour elle-même sans compter ce corps parfait, fait pour la danse. Oui, tu as regardé avec avidité cette femme danser de tout son cœur qui, malgré la distance, bien que ce soit derrière un écran... a réussi à t'émouvoir. Elle jouait alors le rôle d'Hippolyte et de Titania tout comme 3 autres danseuses qui se relayaient. Pour ta part, tu ne brigues pas de tels rôles, bien consciente qu'on ne te confiera pas une telle charge. Un premier rôle, c’est une immense responsabilité et beaucoup de travail pour une danseuse. Il faut porter tout un spectacle sur ses épaules et continuer à répéter tous les jours les nouveaux spectacles à venir. Bien entendu, en plus de cela, il faut aussi se ménager pour ne pas se blesser, car un faux mouvement, le plus petit accident peut parfois marquer la fin d'une carrière. En tant que danseuse, il faut bien se connaître, savoir où sont ses limites, avoir l’expérience de son corps, savoir comment réagir sous la pression. Amber peine encore parfois à identifier ces moments où elle est le plus faible. C'est pourtant dans ces moments-là qu'il est primordial de savoir se remettre sur pied et déployer son courage pour affronter les limites de son corps, surmonter ses craintes… Ça demande une grande maturité en plus d'un caractère certain, deux choses qui ne lui manquent pas malgré ses doutes. De plus, à peine arrivée et se voir confié un rôle soliste serait éveiller la rivalité acérée de certaines ballerines, présentes depuis plus longtemps qu'elle dans le corps de ballet.

Tu arrives au bout de ce duo au décor imaginé. Ta partenaire tout autant imaginée s'élance, exécutant une série de fouettés tandis que ton rôle exige une figue moins impressionnante. Le grand Adage. C'était moins flamboyant, à n'en pas douter, mais cette figure n'en est pas moins des plus technique. Ce pas de danse demande beaucoup de force de la part du danseur qui l'exécute ainsi qu'un contrôle exemplaire de son corps tout entier. Malgré la sueur qui commence à perler sur ton front rendu moite par l'effort, tu inspires, prête à cet effort. A nouveau, ton corps se redresse, le port de tête noble. Telle une fleur qui ouvre ses pétales, tes bras adoptent leur position. Dans le même temps, tu tends doucement ta jambe en avant, en arrière et sur le côté, tout en restant en équilibre sur l'autre. Ce pas est ample, terriblement lent qui exige une stabilité sans faille. Pourtant, voilà que ta jambe tremble. Alors que tu la tends vers l'arrière. Tu frémis face à ce constat, consciente de la fatigue de ta jambe. C'est,... intolérable. Tu persistes cependant, te refusant à t'arrêter. La dernière partie annonce l'enchainement le plus périlleux. Le grand jeté suivi presque immédiatement d'une pirouette arrière. Des plus éprouvant pour l'endurance des jambes et l'équilibre. Comme toujours, c'est avec détermination que tu t'élances. Tu ne manques pas de force et tu chasses toute pensée parasite pour ne pas être déconcentrée vu l'exigence technique. Trois enjambées, le cœur battant dans tes tempes, tu sautes. Tes jambes esquissent un mouvement de ciseau avant d'exécuter un grand écart parfait. Avec élégance et surtout, sans un bruit, tes jambes te réceptionnent en douceur et souplesse. L'enchainement est immédiat, la pirouette sur l'harmonie soufflée sur cette dernière palabre du duo accompagné de pizzicato des instruments à cordes. Tu poses le pied en arrière et ton corps maintient la position jusqu'à la dernière note qui s'envole dans le silence.

Lentement, le décor qui tu t'étais créé se résorbe autour de toi, redevenant ce parquet de bois, un miroir froid et des murs impersonnels. Tu te redresses et tes mains se placent contre tes hanches, reprenant ta respiration. Ton corps gémit silencieusement face à l'effort. Comme toujours, même si ce n'est qu'un entrainement, tu ne fais pas dans la demi-mesure. Passant ta main contre ton front, glissant vers la racine de tes cheveux, tu soupires lorsque soudain... une voix s'élève. Tu pivotes vers son point d'origine, ébranlée par la surprise. Tes yeux d'ambre se posent sur la silhouette élancée d'une ballerine. Un visage ovale, doux, au teint de porcelaine. La fragilité incarnée au vu de ces yeux de biches, ces lèvres gracieusement dessinées, ce nez fin et droit...un visage d'ange. Impressionnée, intimidée même, tu comprends qu'elle a analysé tes mouvements. A n'en pas douter, elle est expérimentée car elle met en exergue tes lacunes. Malgré toi, tu baisses les yeux, consciente que ton niveau n'est pas encore ce qu'il devrait être. Je te...vous... hm...merci pour ce conseil. Tu sais qu'un conseil d'une autre danseuse, c'est un cadeau à ne pas gâcher. Sans hésiter, tu recommences la figure, mettant en application ce qu'elle vient de dire. Ton dos s'arque un peu plus, tu contrôles le mouvement de ta jambe en dosant mieux sa force et ta réception.... se fait plus stable. Hmmm... effectivement, c'est plus facile ainsi ! Souriante, tu lui fais à nouveau face à cette jeune femme qui semble avoir un peu près ton âge. Elle s'excuse de son intrusion et toi tu secoues ta crinière de droite à gauche, le sourire aux lèvres. Oh ne t'excuses pas ! J'ai été surprise c'est sûr mais j'ai appris quelque chose...c'est toujours utile d'avoir un regard extérieur...et je suppose que c'est une bonne chose que d'attiser la curiosité ? C'est... qu'elle a réussi à capter son attention, non ? Quoi qu'il en soit, voilà qu'elle se présente en te tendant la main. Tu n'hésites pas à la saisir et à dévoiler ton nom. - Amber. J'ai été admise il y a 2 semaines lors des auditions pour intégrer le ballet de Neumeier. Et toi ? Tu...fais partie du corps de ballet ? Espérant ne pas commettre d'impair en lui posant cette question, tu lui dédies un petit sourire timide mais sincère. Tu ne te doutes absolument pas que devant toi se tient une étoile de l'Opéra de Paris bien qu'ici, ce statut soit détenu par quelqu'un d'autre...


@Léa Saint-Ange
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Re: Amber & Léa • Life without ballet would be Pointless
Lun 2 Aoû 2021 - 16:13

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Léamber



Une ballerine a pour elle sa grâce naturelle ou acquise et peut-être sa technique, mais une bonne danseuse à un petit quelque chose en plus, une étincelle, un pouvoir qui lui permet de capter l’attention de son auditoire. Quand on regarde le numéro d’une danseuse, l’œil peut être aisément attiré par des détails avoisinants, remarquer le décor ou les costumes ou percevoir les autres artistes autour d’elle. Quand on regarde une bonne danseuse, on est captivé par le moindre de ses gestes, on ne peut pas décoller les yeux d’elle. On est fasciné par ce qu’elle dégage, ce qu’elle exprime à travers son art. Elle peut réussir à vous faire ressentir les émotions du personnage qu’elle interprète juste à travers un geste, une manière de positionner son corps ou l’intensité d’un regard. Elle occupe l’espace d’une telle façon qu’elle semble être seule et tout le reste est éclipsée par sa présence, comme mise en valeur par une poursuite imaginaire. C’est cette magie qui différencie les danseuses lambda des futures étoiles ou des étoiles attirées. C’est un talent qui ne s’acquiert pas comme on peut apprendre les techniques ou les pas. C’est là purement et simplement. C’est aussi inné que la respiration ou la recherche de lumière du soleil. Cette force se trouve dans le for intérieur même de la danseuse et celles qui n’en sont pas dotées ne pourront malheureusement jamais y prétendre.
La première que j’ai pu admirer et qui m’a emportée dans son univers jouait le rôle de Christine Daaé dans un ballet joué à L’Opéra de Paris au début des années quatre-vingt. Dominique Khalfouni avait incontestablement cette magie en elle. Elle occupait à elle seule tout l’espace du parquet du palais Garnier. Le simple tutu blanc qu’il arborait accompagnait ses mouvements avec une fluidité presque irréelle. Elle réussissait à transmettre toute la fragilité, l’indécision et la passion du personnage. Il y avait dans ses gestes une grâce incomparable et dans la manière de positionner son corps quelque chose de quasi ésotérique. Elle a réussi à faire briller mes yeux de petite fille et à me donner le goût de cette discipline qui aujourd’hui occupe une place à part entière, voire prépondérante, dans ma vie. C’est ses prestations et son parcours qui m’ont donné le goût de la danse et qui sont responsables de mon propre cheminement. Comme elle, je voudrais faire naître chez d’autres ce que j’ai ressenti en admirant mon premier ballet. Comme elle, je voudrais faire apparaître des étoiles dans les yeux des petites filles. Comme elle, je voudrais inspirer des compositeurs, telle la muse de la musique penchée sur leur épaule. Comme elle, je voudrais pouvoir transmettre tout ce qui me passionne dans notre discipline à mes propres enfants comme à d’autres. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de travailler avec Mathieu et Marine Ganio et, à travers eux, on sent toute l’exigence et tout le travail que demande une telle réputation, un tel héritage. Et, aussi injuste que cela puisse être, Mathieu a lui aussi en lui cette étincelle. Lui aussi en quelques secondes, en quelques pas, il réussit à imposer toute la majesté de son art. Le seul problème avec cette dernière c’est que ce sont les autres qui la décèlent en vous, en vous observant à peine quelques instants. Ainsi, je ne suis pas certaine de posséder ce talent. Suis-je capable de captiver mon auditoire au point qu’il en oublier le temps et l’espace ? Suis-je capable rien qu’en dansant de transmettre des émotions d’une ampleur impressionnante ? Suis-je capable de faire résonner le silence après les dernières notes de la mélodie tant la prestation a été forte ? Pour moi-même, je n’en sais rien, mais pour la jeune femme qui interprète Malika juste devant, j’en suis persuadée. Elle est comme portée par la mélodie et, à elle seule, elle crée tout le décorum dont elle a besoin pour faire vivre son histoire. Même si certaines erreurs techniques subsistent, même si parfois elle se déséquilibre d’un rien, elle a ce pouvoir que seules les grandes possèdent. Je suis prise dans le tourbillon de cette pirouette en diagonale au fouetté résolument déterminé. Je vois sa main légère comme l’oisillon sur la branche. Je contemple avec attention son grand adage, son grand jeté et sa dernière pirouette happée par ce qu’elle dégage. Je ne peux pas décoller les yeux de la prestation qui se joue dans cette salle pourtant vide de tout attrait si ce n’est elle.
Finalement, la musique s’arrête. C’est à ce moment précis que la magie s’estompe pour les danseuses. L’univers entier reprend sa place réelle, laissant dans son sillage un goût fantasmagorique, mais aussi la douleur. Cette compagne incontournable de notre art qui si l’on arrive à la museler d’abord le temps que dure un numéro, puis le temps d’une représentation et enfin le temps d’une journée, se rappelle toujours à notre souvenir. Tout du moins la douleur habituelle, travaillée, celle que ressent toute ballerine après avoir donné tout ce qu’elle peut pour son art, celle qui finit par s’apparenter davantage à la gêne d’une courbature. La véritable douleur vicieuse et fatale, elle, on l’évite à tout prix. On doit apprendre très tôt à sentir la différence entre l’une et l’autre, entre la nécessaire et l’irrémédiable. C’est écouter son corps au même titre que la musique ou les instructions du chorégraphe. Le silence des notes signifie aussi reprendre une respiration que l’on a maîtrisée et contenue, voire oubliée. La fin du morceau amorce aussi pour elle la découverte d’un public auquel elle ne s’attendait peut-être pas. Elle relève vers moi des yeux ambrés avant de les baisser comme si les quelques conseils que je viens de lui prodiguer sont les pires que l’on puisse mettre en avant. Malgré tout, elle reprend sa position et suit à la lettre ce que je lui ai suggéré quelques instants plus tôt. Elle se redresse sur ses pointes, pivote avec grâce et légèreté avant de replonger vers le plier. J’observe la scène en hochant de la tête avec approbation, c’est encore mieux ainsi. Un magnifique sourire vient illuminer son doux visage. Elle a les traits fins et dessinés, des lèvres joliment ourlées et de grands yeux qui trahissent des expressions parfaitement sincères. Dans sa gêne et dans l’enthousiasme qui suit, on sent bien que c’est assez nouveau pour elle. Non pas la danse ou mes conseils, mais le lieu et sa lourdeur. Elle ne sait pas quels termes employer, si elle peut ou non se montrer familière. Tout en elle m’amène à la sympathie ce qui pourrait lui jouer dans le milieu, avec d’autres de nos consœurs exploitant le moindre signe de délicatesse.

« - Oh ne t'excuse pas ! J'ai été surprise c'est sûr, mais j'ai appris quelque chose...c'est toujours utile d'avoir un regard extérieur...et je suppose que c'est une bonne chose que d'attiser la curiosité ?
- Excellente même ! Dans ce milieu, si l’on peut passer à côté de toi sans te voir alors c’est le signe qu’il vaut mieux se tourner vers un autre domaine. Mais vu ton talent, tu ne risques rien, crois-moi. elle saisit ma main avec énergie et mon sourire ne se fait que plus large pour répondre au sien.
- Amber. J'ai été admise il y a 2 semaines lors des auditions pour intégrer le ballet de Neumeier.
- Deux semaines ?! m’exclamé-je avec retenue pour ne pas ameuter tout le personnel de l’opéra. Toutes mes félicitations ! Ton professeur doit être très fier de toi.
- Et toi ? Tu...fais partie du corps de ballet ? elle semble plus timide encore d’un seul coup.
- Oui, j’ai rejoint les solistes depuis deux mois. C’est un peu différent de ce que j’ai connu à Paris, mais tu verras on se fait très vite au fonctionnement de la maison. je pointe vaguement la salle dans laquelle nous nous trouvons d’un geste élégant. Je n’en connais pas encore tous les rouages, mais si je peux t’aider en quoi que ce soit, n’hésites surtout pas. je prends une gorgée d’eau avant de reprendre. Et de quel échelon vas-tu faire partie ? Les coryphées ? T’a-t-on donné une idée de ce que tu pourrais jouer dans le Songe ou tu attends la répétition d’aujourd’hui pour savoir ce que le grand Neumeier va faire de toi ? je hausse les sourcils avant de laisser échapper un éclat de rire. »

On ne sait jamais ce qui va sortir de l’esprit alambiqué d’un chorégraphe et encore moins d’un maître de ballet. Une œuvre classique peut soudainement, sous la baguette d’un chorégraphe, avoir une tout autre portée, contenir un message politique ou encore voyager dans le temps pour se retrouver à des siècles de l’histoire initiale. Combien de Roméo et Juliette ont permis de prôner un amour au-delà de la couleur de peau ou encore au-delà de la classe sociale ? Combien de Phèdre ont vu leur action bombardée dans le vingt-et-unième siècle ou en plein entre-deux-guerres ? Et John Neumeier est connu pour être de ces metteurs en scène qui brisent les codes ou plutôt qui les adaptent à leurs envies. C’est ainsi qu’à leur qu’il est, il tient en haleine presque l’entièreté d’un corps du ballet qui attend avec impatience de connaître ses idées et ses directives. Cette atmosphère à la fois lourde et exaltante qui précède un nouveau ballet a de quoi faire tourner la tête, même aux ballerines les plus expérimentées.

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Re: Amber & Léa • Life without ballet would be Pointless
Ven 27 Aoû 2021 - 14:34

Life without ballet would be Pointless
Léamber


Ton parcours dans la danse est loin d'être exemplaire. En réalité, il est même carrément atypique. Tes parents n'avaient pas les moyens de te payer des cours. Qu'as-tu fait ? Comme bien des jeunes, tu t'es trouvé un petit boulot pour pouvoir économiser, quitte à prendre des heures supplémentaire le weekend et les jours de congé car le salaire misérable que tu gagnais était doublé. Ton premier justaucorps de ballerine ? Vive les friperies tenues par ces deux vieilles chouettes, anciennes couturières et retraitées de la vie. Contrairement à son appellation, il était loin d'être saillant, étant un rien trop grand pour toi. Qu'importe, tu l'auras gardé un bon nombre d'années, n'en déplaise ces filles moqueuses aux tenues rêveuses. Si tu leur offrais un air détaché, secrètement, tu les enviais. Ta détermination s'en retrouvais que plus forte encore alors que tu devais, plus que toutes, prouver ta légitimité parmi cette pseudo élite du quartier. Chaque mois, tu confiais dans une enveloppe des billets froissés de pourboire et de salaire durement gagnés, gagnant le respect de ton professeur. Celle-ci aussi avait eu de grands rêves de danseuse étoile. Elle voyait en toi cette même passion qui l'avait dévorée, si ce n'est plus encore. Très vite, elle avait perçu en toi un talent différent des autres. Brute et rugueux... mais plein de promesse d'éclat et de flamboyance. Ainsi, en quelques mois, elle te consacrait des cours particuliers de façon volontaire, refusant le moindre sous. Si tu la percevais comme la sainte, ses motivations à elle étaient plus égoïste car tout professeur espère présenter l'athlète olympique de l'année et en tirer la gloire, à défaut d'être sous le feu des projecteurs. Les années ont passées et bientôt, ta soif d'apprendre dépassait sa source de savoir. Il te fallait un professeur plus émérite, qui saurait t'aider à prendre ton envol. Malheureusement, à tes 15 ans, ton salaire de serveuse ne suffirait pas...

Voyant ta motivation, ta mère a tenté de t'aider comme elle le pouvait en cherchant des aides financières auprès de l’Église ou encore de différentes associations de quartier. Après tout, ton talent avait été reconnu par cette communauté qui t'a vue grandir. Le petit prodige de la danse classique que tu es se retrouve propulsé dans une école de renom. Tu pensais avoir connu la jalousie et la compétition... comme tu te leurrais. Cette école aura eu le mérite de forger ton caractère dans cette jungle de mousseline, de rubans et de pointes. Un monde sans merci, de travail acharné et de concurrence perpétuelle qui te force à te dépasser quitte à flirter avec les limites de ton corps. Ton retard était énorme comparé aux autres filles de ton âge. Tel le vilain petit canard parmi les cygnes, tu te faisais remarquer par ton manque de technique, de rigueur, t'obligeant à reprendre les bases de cette danse. A nouveau, ton corps se retrouvait brisé par ces exercices inhumains afin de le remodeler. Tu n'as pas bronché. Ta détermination surpassait de loin celles des autres et ton professeur pouvait lire le feu et la passion de la danse luire dans tes yeux. Il devient ton second ange gardien, intraitable pendant les cours, monstrueux lorsqu'il s'agissait de te corriger et pourtant terriblement désireux de te voir réussir dans ce milieu où lui aussi avait été une étoile éphémère. Jusqu'à tes 18 ans, tu auras fait partie de son cours, devenant la référence pour les nouvelles venues devant ton travail acharnée et ta grâce naturelle. On parle de te recommander à l'Opéra de Hambourg. Diverses recommandations en main, tu t'es présentée aux auditions mais à nouveau, le sort en décide autrement. Le jour de ton audition, ton père s'effondre au sol. Une crise foudroyante qui aura pris son coeur en otage, le paralysant dans un lit d'hôpital pendant de nombreux mois. Les frais médicaux sont tels que tes rêves de danseuses ne deviennent plus qu'un songe lointain. Ta mère s'usait au travail et toi, tu n'osais plus parler de frais d'entrée à l'Opéra. A la place, tu ouvres ton propre petits studio de danse dans le garage de tes parents, donnant cours aux enfants de ta rue en plus de tes services dans le restaurant du coin. Des études supérieures, tu n'en as pas vraiment faites. Pourquoi faire après tout ? Ton seul désire étant de pouvoir travailler dans le milieu de la danse...pas besoin de théorème de Pythagore pour réussir, si ?

Malgré ta dose de déconvenues et de rebondissements, le destin a fini par te mener là où tu avais toujours été prédisposer à aller : l'Opéra prestigieux de Hambourg. Grâce à Aldo, cette rencontre fortuite dans un parc, tu évolues désormais entre ces murs du savoir artistique et élitiste. Comme tes premiers jours dans ces cours de danses, tu te sens illégitime. Tu avais pourtant été sélectionné parmi un bon nombre de candidates aux curriculum impressionnant. Cette chance, tu n'allais pas la laisser passer et te voilà donc seule dans un studio, t'entrainant durement pour ne pas qu'on regrette ta venue au sein du corps de ballet. Cela faisait déjà deux semaines et pourtant, aucune de ces filles ne semblaient vouloir t'accepter. Cela glisse sur ta carapace endurcie par les années, bien décidée à percer dans ce milieu même si pour cela tu devais être le cygne noir solitaire, évoluant seule sur la surface du lac.  Un cygne non moins majestueux, peut-être encore plus captivant que ces autres si blancs et conformes. Aldo te l'avait déjà dit, tu attires le regard en dansant, une qualité clé pour tout grand danseur. Alors si tu dois être cette créature aux ailes noirs, tu le seras, t'attirant tous les regards, les captivant dans ta toile, dans ton monde que tu crées au gré de tes pas chassés. D'ailleurs, tu parviens à capturer le regard d'une autre danseuse malgré l'absence de costume et de décor. Tandis que ton corps emmagasine la douleur que tu as nié tout au long de cette routine au son de Lakmé, ton regard tombe sur la silhouette d'une admiratrice secrète. Son regard de biche te dévore des yeux telle une étrange nouveauté. Intimidée par ce regard pénétrant et la beauté de cette danseuse, tu tentes de ne pas trop montrer combien tu es impressionné par son charisme naturel. C'est loupé, tu baisses les yeux telle une petite fille prise sur le fait. Faisait-elle partie de ces filles garces qui allaient l'assassiner à coups de critiques ? La surprise  vient jaillir dans ton regard d'ambre alors que la jeune femme prend le temps de te corriger, sans sournoiseries. C'était sincère, loin de tout calcule. Sans hésiter, tu reprends ces pas qui n'étaient pas parfaits. Tu tiens à prouver que tu peux le faire et tu y arrives. Cherchant son approbation du regard, elle te la donne bien volontiers en hochant la tête. C'est plus fort que toi, ton sourire s'épanouit, heureuse d'être validée par ce qui semble être une danseuse aguerrie. Elle se joint aux mots d'Aldo et tu rougis légèrement de joie.

Merci pour ce compliment Léa... c'est sans doute le plus beau qu'une danseuse peut avoir. Que tu voies du talent en moi... c'est que tu dois avoir déjà une certaine expérience dans le domaine professionnel ? Tu as déjà participé à des ballets ?

Tu es désireuse d'apprendre à mieux la connaitre. Peut-être auras-tu enfin une amie
dans ce milieu sans pitié ? Tu finis par te présenter et elle semble surprise par ton admission récente.

eh oui...deux semaines t'amuses-tu à répéter avant de poursuivre, secouant négativement la tête. Hm... en fait, je n'ai pas été recommandée par un professeur mais par le Konzertmeister qui a eu la gentillesse de m'inscrire aux auditions après m'avoir vue danser...je suis consciente de ma chance. Ajoute-t-elle, espérant ne pas froisser la danseuse en face d'elle en parlant du premier violon qui avait personnellement veillé à ce qu'elle ait cette opportunité. Sans lui, tu ne serais pas là et sans doute qu'on te le reprochera ou qu'on s'attaquera à cet état de fait. Qu'importe, tu as les ongles affutés s'il s'avère nécessaire de protéger ta réputation et celle d'Aldo.
La conversation se poursuit et tu l'interroges sur sa position ici, au sein de l'opéra. Léa n'est pas qu'une simple danseuse noyée parmi tant d'autres dans le corps de ballet... elle était sollicite et ton regard s’agrandit. Ce n'était pas n'importe qui. C'était déjà une danseuse étoile alors qu'elle paraissait avoir le même âge qu'elle. Mieux, elle se propose comme menton en quelque sortes, prête à répondre à ses questions. Toutefois, pour l'heure, c'est bien Léa qui en pose à son sujet et Amber pince légèrement les lèvres. Tu étais à Paris alors ? Garnier ? C'est le rêve de pas mal de danseuse d'y faire carrière ! Pourquoi avoir troquer paris pour Hambourg ? Sans doute se montrait-elle trop curieuse ? Hm.. vu mon arrivée récente je pense qu'on me placera dans la quadrille même si oui, le coryphée serait une chance inouïe ! Pour ce qui est des rôles dans la pièce...je t'avoue que le rôle de Puke m'intrigue même s'il a toujours été réservé aux hommes. Je sais que Neumeier est connu pour son anticonformisme ..ou alors Hippolyte mais c'est déjà un grand rôle je doute qu'on le confie à une nouvelle venue... Ton sourire s'épanouit légèrement. Le rêve est permis non ? Et toi alors ? Tu ferais une Titania superbe...

@Léa Saint-Ange
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Re: Amber & Léa • Life without ballet would be Pointless
Dim 3 Oct 2021 - 23:03

Life without ballet would be Pointless
Léamber



Je suis parfaitement consciente que mon parcours entier est une voie étoilée pavée de dalle dorée. J’ai eu la chance de découvrir ma voie très tôt et d’avoir pu compter sur le soutien de ma famille. La première fois que j’ai vu un spectacle se dérouler devant mes yeux éblouis, j’ai su… Je me suis accrochée de toutes mes forces au rêve qui est devenu le mien à la seconde où j’ai vu apparaitre cette femme qui à elle seule illuminait toute la scène qu’elle occupait. Ma route n’a rien de rocambolesque ou de complexe, j’ai voulu devenir danseuse et j’ai tout fait pour terminer sur la scène du Palais Garnier, laissant de côté d’autres loisirs propres aux jeunes filles du même âge. Jour après jour, j’ai travaillé sans relâche d’abord dans le studio de mon quartier puis dans l’École de danse de l'Opéra national de Paris. J’ai appris les codes et les usages de ce monde à part année après année. J’ai découvert tout ce que cet univers peut avoir de magnifique et d’horrible à la fois. La beauté d’un chef d’œuvre chorégraphié à la perfection, le froissement des jupes qui s’entrecroisent dans des pas minutieusement millimétrés, l’histoire relatée à travers la virtuosité des artistes et la brillance des justaucorps ouvragés m’ensorcellent toujours comme la première fois. Et même en étant un des rouages cette magie, je suis toujours émerveillée. Toutefois, ce milieu enchanteur a aussi un côté sombre : l’être humain dans tout ce qu’il a de plus fourbe et de plus vil. Si les jeunes filles ont déjà la réputation d’être de vraies vipères entre elles, lorsqu’elles sont danseuses, elles sont bien pires encore. Cet univers impitoyable par l’exigence physique qu’il impose à ses occupants n’est en rien adouci par la compétition qui s’installe entre ceux-ci. Dans ces coulisses ou sur ce parquet, tous les coups sont permis du plus innocent au plus horrible. Entre les pointes dissimulées, les tenues de scène détériorées et les tentatives d’intimidation, il est tentant de se laisser aller aux mêmes extrémités pour atteindre le sommet par tous les moyens. Heureusement pour moi, j’ai été entourée de personnes qui m’ont permis de garder les pieds sur terre, me rappelant que seul un entrainement assidu pourrait me conduire à mon but. Tout cela fait de moi un oiseau rare au sein de n’importe quel corps de ballet, basant mes performances et ma réussite sur le travail et les répétitions et non sur les mesquineries courantes. C’est sans doute cette particularité qui fait scintiller ses prunelles chocolat de surprise. Elle ne s’attendait probablement pas à des conseils alors je lui souris avec bienveillance et avec une pointe d’affection. Être la nouvelle venue sans expérience ou l’outsider étrangère n’a rien de bien différent dans le regard des autres : nous avons toutes deux des cibles dans le dos et la moindre de nos faiblesses ou de nos maladresses est observée, répertoriée. Peut-être est-ce cela qui va nous rapprocher, nous faire trouver en l’autre une alliée et pourquoi pas une amie.

« - Merci pour ce compliment Léa... C'est sans doute le plus beau qu'une danseuse peut avoir. j’aime cette candeur que l’on peut lire sur son visage maintenant qu’elle n’est plus totalement sur la défensive. Que tu voies du talent en moi... c'est que tu dois avoir déjà une certaine expérience dans le domaine professionnel ? Tu as déjà participé à des ballets ?
- Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir ! Tu aimes ce que tu fais et tu mets toute ton énergie et tout ton art dans ton interprétation. Il ne faut pas avoir participé à tant de ballets pour voir cela. Mais…je pince légèrement les lèvres. J’ai effectivement déjà participé à quelques ballets… je reste encore évasive, préférant conserver quelques secondes encore un certain mystère quant à ma place craignant que cela ne coupe court à notre rencontre.
- eh oui...deux semaines. répète-t-elle amusée face à mon exclamation avant de secouer la tête. Hm... je penche la tête face à son hésitation. En fait, je n'ai pas été recommandée par un professeur, mais par le Konzertmeister qui a eu la gentillesse de m'inscrire aux auditions après m'avoir vue danser...je suis consciente de ma chance. un souvenir assez agréable de ma propre rencontre avec le premier violon quelques semaines plus tôt me revient en mémoire faisant sans doute pétiller mon regard ; alors c’était d’elle qu’il parlait lorsqu’il me disait que malgré mon talent, la voie serait escarpée…
- Aaaah ! Si l’on doutait encore de l’œil avisé du Konzertmeister… je ne termine pas ma phrase à dessein, accordant un clin d’œil à la danseuse en face de moi. Quoi qu’il en soit, on peut dire que tu as un ange gardien très avisé. peut-être plus tard reviendront nous sur notre rencontre respective avec Aldo Giallo, mais pour le moment nous apprenons à nous connaitre et je n’ai plus le choix que de laisser s’écouler la vérité ; elle semble subjuguée sans pour autant mettre une distance entre nous comme d’autres ont pu le faire.
- Tu étais à Paris alors ? Garnier ? C'est le rêve de pas mal de danseuses d'y faire carrière ! Pourquoi avoir troqué Paris pour Hambourg ? sa curiosité est rafraichissante ; alors qu’elle me pose les mêmes questions que d’autres avant elle, il y a chez elle une forme d’enthousiasme qui ne m’oppresse pas.
- Au Palais Garnier oui, et à l’Opéra Bastille aussi… je ne peux pas me défaire de mon sourire. Depuis le premier jour, j’ai voulu danser sur cette scène. C’était un rêve… Et quand celui-ci s’est réalisé, je me suis lancé un nouveau défi : faire carrière ailleurs… Alors, quand Neumeier m’a fait sa proposition, je me suis dit « Pourquoi pas ? » j’hausse les épaules avec un sourire espiègle ; l’histoire est simple, pourtant nombreux sont ceux qui ne comprennent pas. Peut-être un jour, rentrerai-je à Paris ou peut-être irai-je ailleurs, on verra… je la questionne à mon tour sur qui elle est entre ces murs et je suis surprise, vu le magnétisme qu’elle dégage, d’apprendre qu’elle est à cet endroit de la hiérarchie.
- Hm…Vu mon arrivée récente je pense qu'on me placera dans la quadrille même si oui, le coryphée serait une chance inouïe ! Pour ce qui est des rôles dans la pièce... Je t'avoue que le rôle de Puck m'intrigue même s'il a toujours été réservé aux hommes. Je sais que Neumeier est connu pour son anticonformisme ....ou alors Hippolyte, mais c'est déjà un grand rôle je doute qu'on le confie à une nouvelle venue...un sourire rêveur se peint sur ses jolies lèvres. Le rêve est permis non ? Et toi alors ? Tu ferais une Titania superbe...
- Merci du compliment, Amber. un sourire éclatant éclaire mon visage. Tu as une assez bonne analyse des attentes de Neumeier : il me fait répéter depuis mon arrivée en ville le rôle de Titania et d’Hippolyte qui sont un seul et même personnage, liés par un rêve, dans sa mise en scène. C’est assez… stressant… pour une première dans un nouveau corps de ballet. Mais c’est surtout censé être un secret jusqu’à cette après-midi, donc je compte sur toi. je cligne encore une fois de l’œil droit, complice. Le rôle de Puck ? Vraiment ? Je te verrais davantage en fée… ou en Helena ! l’évidence me frappe. Tu as effectivement une certaine douceur qui pourrait coller à une fée, mais Helena t’irait à ravir! Tu jouerais merveilleusement l’incertitude et la sensibilité du personnage. je redresse la tête que j’avais penchée pour analyser plus en détail la jeune femme. Quoi qu’il en soit, tu seras superbe. Tu as hâte de rejoindre le groupe complet ? Tu as déjà eu l’occasion de travailler avec les autres ? »

Qui aurait pu me prédire qu’en prenant une simple pause, je rencontrerai une personnalité aussi douce, aussi intéressante qu’Amber à un studio de celui où je m’entrainais quelques minutes plus tôt ? Le hasard a parfois de drôle de manière de nous guider…

@Amber Goldfrye
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