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 Language are living organisms... they are fragile [PV Brecht]

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gare à la crise de la quarantaine
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Language are living organisms... they are fragile [PV Brecht]
Sam 24 Mar 2018 - 3:42
Calé dans ma chaise, je fixais attentivement le conférencier qui présentait avec assurance (la même que j’avais lorsque je me retrouvais dans cette position ; que ce soit devant une salle de classe ou dans un congrès, je semblais perdre une bonne partie de ma conscience personnelle). Il avait beaucoup grandi pendant la première moitié de son doctorat, mon petit protégé. Ce n’était pas physiquement mais bien intellectuellement qu’il avait acquis en confiance et en assurance. Un propos pertinent, des yeux lumineux, des mouvements expressifs. Voilà que je ressentais une fierté monstre. Surtout que juste avant de venir prendre ma place dans le fond de cet auditorium, il m’avait confié qu’il avait les mains moites et qu’il n’était pas certain de la pertinence de ses propos (ce que j’avais qualifié de « balivernes » - parce que – soyons honnête – c’en était).

La thématique du jour était le genre de conférence que je savais qui plairait à Brecht. Ce n’était rien de plus qu’une vision préliminaire des travaux de cet étudiant : l’impact de l’anglais comme langue supracentrale sur une langue autochtone de l’Australie que j’avais moi-même déjà étudié vaguement dans des travaux antérieurs. La salutation avait été brève à l’entrée de Brecht – parce que la conférence débutait. Eli, mon étudiant, explicitait calmement l’isolement de cette communauté, le bilinguisme qui s’instaurait petit à petit comme langue de communication avec le restant de la population australienne, la grammaire de la langue. Je jetais un bref coup d’œil à mon ami avant de reporter mon attention soutenue à mon étudiant alors que s’amorçait la période des questions avec une question sur l’impact du commerce international sur la protection des langues minoritaires. C’était une bonne idée d’avoir invité Brecht (le débat serait d’autant plus intéressant à la table qui suivrait cette conférence). J’assistais à un bon nombre de conférence de ce type, mais je notais celles qui relevaient d’un attrait pour certaines personnes dans mon entourage.

Je ne me gênai guère pour malmener, Eli, à ma manière d’une question de méthodologie pour sa partie méthodologie de l’emprunt qui n’avait été que peu développée au sein de l’exposé. Mon calepin était rempli de note pour la discussion qui suivrait lundi cet exposé à titre de préparation pour sa demande de financement qui se rapprochait dangereusement afin qu’il puisse approfondir par écrit ses travaux. Néanmoins après les applaudissements mérités, je me tournais vers mon voisin de chaise : « Je te demande uniquement quelques petites minutes avant afin de pouvoir féliciter Eli pour cet énoncé pertinent. » dis-je en me redressant. Je reboutonnais machinalement le complet que je portais et dans lequel j’avais déjà beaucoup plus flotter que ce que je faisais actuellement. Après une bonne poignée de main avec mon étudiant et un bref commentaire je reviens vers lui.

Je devais avouer qu’une petite partie de moi était jaloux du charisme que dégageait Brecht : je dégageais davantage une aura excentrique et plus féminine (cadeau de près d’un demi-siècle de danse classique comme principal passe-temps à l’extérieur de mon travail qui occupait assez de place). Sourire aux lèvres, je repoussais une mèche grisonnante qui n’était pas pour étouffer cruellement mes complexes (comme s’ils n’étaient pas assez nombreux!). « Donc… Bonjour mon cher. Quelle pertinente discussion allons-nous avoir autour du dîner ce soir! N’est-ce pas? » déclairais-je avec un grand sourire sur mes lèvres. Ma cinquantaine entamée ne me rendait pas nécessairement plus sage. Je savais que Brecht avait conscience que n’eut été que de moi, ce n’aurait point été un restaurant mais davantage un pub ou une de nos maisons respectives qui aurait pu être le terrain de notre discussion. Il le savait parce qu’il avait ramassé les miettes de moi à plus d’une reprise. « Comment vas-tu? » demandais-je bien décidé à garder le cœur de notre conversation pour le centre de la table.
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Re: Language are living organisms... they are fragile [PV Brecht]
Jeu 26 Avr 2018 - 0:57
Les conférences lui étaient familières. Brecht s'était rendu quelques fois à ces rendez-vous enrichissant et en ressortait plus ou moins heureux, l'esprit élevé par quelques connaissances qui lui auraient échappées. Le domaine du commerce et de la littérature avaient pour l'instant eu le plus d'impact sur sa vie, alors qu'au fil de ces six dernières années, il n'avait cessé d'annuler sa participation à plusieurs de ces dernières. Pas assez de temps, des problèmes dans l'organisation de l'entreprise, des réunions téléphoniques qui s'éternisaient... tout pour qu'il s'éloigne finalement peu à peu de ce qu'il aimait vraiment : apprendre et donner à apprendre.
C'est alors qu'il avait décalé deux rendez-vous peu importants pour prendre sa journée afin de s'offrir un peu de temps à quelque chose qu'il apprécierait un peu plus. Un rapprochement à son univers, une simple bonne occasion aussi, de couper avec ce sentiment d'étouffement qu'il ressentait de plus en plus à être à la tête d'une entreprise qui prenait de plus en plus d'ampleur. L’impact de l’anglais comme langue supracentrale sur une langue autochtone de l’Australie était donc le sujet. Friedrich l'avait invité, il avait dit oui avant même de jeter un œil sur son agenda, en quête de ce qui lui manquait. La linguistique n'était pas son domaine à proprement parler, mais il restait qu'elle touchait de près le commerce et que ça, c'était ce qui le concernait. L'entousiasme de son ami avait, il y a plusieurs années déjà, finit par lui inculquer plus de données en la matière, et il s'était de plus en plus ouvert à l'amour de cette voie qu'il n'avait retenu son attention que de loin jusqu'ici. C'est alors que durant toute la conférence, son attention était restée fixée sur l'étudiant de Friedrich qui pouvait être fier. Ce jeune homme savait convaincre et avait les qualités du discours, que lui-même avait difficilement acquis à son âge.

Des points essentiels de la conférence étaient venu pousser le Baumgarten dans un sentiment de satisfaction à l'égard de son ami. Il avait bien fait de lui proposer de venir, et lui se félicitait d'avoir libéré du temps pour arriver et rester ici. Il imaginait la fierté que Friedrich devait ressentir, assis là, son carnet à la main, auquel lui-même ne fit attention que sur la fin. A l'heure des applaudissements, Brecht était plongé dans la mélancolie de ces quelques années où c'était lui qui offrait les savoirs et les clés pour qu'un élève réussisse. Il acquiesça pour approuver l'évidence lorsqu'il lui demanda de l'attendre pour qu'il puisse féliciter son étudiant. Brecht se leva à son tour et s'éloigna un instant, se voyant offrir une poignée de main à deux trois connaissances éloignéés de l'université, comme s'il était de nouveau intégré dans son statut de professeur qu'il avait quitté pourtant, sans le moindre regard en arrière.

« En effet, on peut dire que le jeune homme a vraiment du mérite pour un exposé aussi bien présenté. Est-ce qu'on  » Brecht n'avait pas regardé le fond et la forme, il s'était surtout laissé emporter par les connaissances et la prestance du discours avec cette voix sûre et bien entrainée. « Ca va, ça va même très bien et toi ? » Le restaurant prévu juste après restait l'étape délicate. Brecht était toujours hésitant lorsqu'il s'agissait de nourriture et de Friedrich. Son anorexie, même si elle était passée pour l'instant, restait tout de même une pathologie encore fraiche dans la mémoire des deux hommes, et dans celle de son ami, bien plus que dans la sienne. Ça laissait des séquelles, ça restait en fond, et s'il en parlait le moins possible pour ne pas que la gêne ne s'installe, il faisait attention, à ce qu'il disait, à ce qu'il faisait tout en essayant de prendre soin de lui lorsqu'ils se voyaient, et lorsqu'ils ne se voyaient pas, en prenant de ses nouvelles, souvent, en lui proposant des sorties culturelles lorsque l'occasion se présentait. Alors il ne dirait rien qui le mette mal à l'aise durant le repas, il laisserait le courage de Friedrich se faire tout seul, comme il devait en être tous les jours pour lui. « Tu sais, ce genre de conférences me rend nostalgique... il y a des moments où l'enseignement me manque. » avoua-t-il en prenant la carte alors qu'ils étaient déjà installés au restaurant, comme deux parfaits gentlemen qui n'ont aucun soucis. « C'est que tu me rendrais presque jaloux ! » ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie en commençant à jeter un oeil à la carte. Un peu d'humour aiderait son ami à se détendre devant tout ces noms de plats, ou du moins, il espérait que ça aiderait un peu à passer...

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Re: Language are living organisms... they are fragile [PV Brecht]
Ven 4 Mai 2018 - 4:13
Dire que j’aimais mon métier était potentiellement l’euphémisme du siècle. Être enseignant, quel que soit le niveau qui était concerné demandait une vocation et pas seulement une envie de faire le salaire qui allait avec. Si le milieu universitaire que j’avais choisi assurait une paie qui était largement plus que décente, ce n’était pas représentatif des efforts qui étaient à fournir pour en arriver à être à la hauteur des attentes. Je ne comptais pas le nombre d’heures que je passais le nez dans les copies de mes élèves que j’annotais longuement avant de les remettre. Au même stade que je ressentais cette pression de publier qui venait avec le travail en milieu universitaire.

Je ne pouvais m’empêcher d’éprouver un respect immense qui choisissaient de faire ce métier tout en ayant une famille à la maison : conjoint, enfants, animaux et compagnie qui entrainaient une pression supplémentaire. J’étais peut-être un simple vieil égoïste qui s’assumait un peu trop bien mais je n’aurais jamais réussi à laisser complètement ma classe et mes travaux de recherche sur le pas de la porte.

Ce qui rendait ce moment si fabuleux. Au cours des années, j’avais vu passé sous mes ailes des dizaines et des dizaines d’étudiants. Je les avais vu grandir. En arrivant à dix-huit ans tout juste dans mes classes de première année, ils étaient terriblement petit. On s’entend bien qu’ici je ne parle pas d’une taille physique. Ils ont depuis un bout dépassé la curieuse période de la poussée de croissance. Ils sont petits d’un point de vue intellectuel. Qu’on le veuille ou pas, l’apprentissage d’une pensée critique, d’une quête de savoir empirique n’est pas encore complet à l’aube de la vie adulte. Ils sont jeunes… et, en un certain sens, naïfs. Leur apprentissage du vrai monde n’est qu’à ses débuts. Ce que les études supérieures leur apprennent, c’est à justement remettre en question les théories qui leurs sont amener, poser un jugement tout en nuance sur les différentes composantes du monde qui les entourent. Un élève comme celui qui venait de parler avait de spécial pour moi qu’il avait appris en trois, cinq ou huit années une méthodologie de recherche rigoureuse qui en faisait en soi quelqu’un avec un esprit critique aiguisé, une volonté d’approfondir les différentes connaissances que nous avions sur le monde qui nous entourait. Chaque fois, cela m’emplissait d’une fierté qui n’avait pas de limite. Je me retrouvais, droit et fier, comme si j’étais également présent dans le parcours.

Dans ces moments, j’en oubliais la frustration des interminables paperasses à remplir pour obtenir les subventions que je croyais me revenaient de dû droit, les copies d’examens qui m’avaient fait m’interroger sur ma pédagogie et les effets désastreux que cette pression constante avait sur moi (mais que j’avais refilé à une place plus ancienne de ma mémoire parce que justement les années commençaient à passer entre ma dernière rechute et maintenant et que je me sentais en contrôle. Assez pour regarder Brecht dans les yeux et lui affirmer avec les yeux pétillants « Je vais très bien également. » même si je disais cela même au plus sombre, même quand je savais très bien que ce démon interne avait repris le dessus, même quand je commençais à me douter que mon petit monstre interne avait plus d’emprise sur moi que ce que je voulais bien admettre.

Après un bref salut à mon étudiant et une poignée de main avec le directeur du département, je me retournais vers mon ami dans les yeux duquel on pouvait lire une certaine nostalgie. Remontant mon écharpe et s’enfonçant vers l’extérieur, mes pieds nous guidèrent vers un petit restaurant que j’affectionnais bien (pour le peu qu’il y en avait qui rentraient dans cette catégorie. « En même temps, comment ne pas l’être. Mon étudiant est le meilleur. » rigolais-je doucement. Je détournais le regard un instant vers la carte du menu même si je savais déjà ce que je prenais puisque je ne me tenais jamais réellement dans ce genre de situation. « Je dois avouer que je ne comprends pas comment diable as-tu pu quitté l’enseignement. Pourquoi quitter un monde sous-subventionné, avec des classes parfois peuplés d’idiots, et une pression monstre pour respecter des délais pour des subventions en recherche. » Oh! L’attaque de cynisme était violente mais ne voulait en aucun cas dire que je n’aimais pas mon travail. Un petit éclat de rire franchit mes lèvres. « Quelle idée après tout de fonder une magnifique entreprise de petite annonce qui semble capable de mettre tout le monde en couple sauf un vieux prof de linguistique récalcitrant. » Un air faussement choqué illumina mon visage. Il fallait quand même dire que je n’avais pas réellement laisser une chance au coureur. J’aurais probablement dû et je savais que d’aborder ma vie sentimentale pathétiquement extraordinairement pathétique pouvait être un sujet plus léger que ce que proposait mon étudiant.
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