Une plume au vent [Baptist]

Ce matin, j’avais dans l’idée d’essayer de réconcilier notre couple, avec Enora. Mais mal m’en a pris… En plus de se prendre la tête une énième fois pour une question stupide de couverture, la conversation a encore une fois vrillé sur mon amitié avec Astrid. Qu’est-ce qu’elle ne comprend pas ? Bon sang, El’ c’est juste ma meilleure amie. Ni plus, ni moins. Si elle ne peut pas accepter ça, au bout de cinq années, je ne sais foutrement pas où on va !

Mon pied vient taper une pomme de pin, l’envoyant bouler à plusieurs mètres devant moi. Plume prend ça pour un jeu et s’élance pour la prendre dans sa gueule. Elle ne ramène pas. Jamais. Déjà, qu’elle soit joueuse comme ça, c’est plutôt agréable. Je ne vais pas m’en plaindre. Après notre dispute, j’ai claqué la porte, prétextant balader mon chien. Ça aussi, elle sait me le reprocher. À croire qu’elle ne voit que le mal dans tous ce que j’entreprends dernièrement. Avant même qu’on ne soit ensemble, je savais désirer adopter un loup de Tchécoslovaquie. À aucun moment, je ne le lui ai caché. J’ai attendu. Patiemment. Qu’elle accepte. L’an dernier, on a sauté le pas. Mais Enora, même si elle adore Plume – il n’en fait aucun doute – ne souhaitait pas s’encombrer d’un animal. Quel qu’il soit… Alors forcément, à la moindre bêtise de la part de Plume, c’est la fin du monde. Et ce n’est pas comme si notre couple bat de l’aile depuis un moment déjà…

Le parc nous accueille avec sa rosée matinale. L’air est frisquet et pour une fois je suis content d’avoir pensé au manteau. Quand on s’engueule, je me barre mais sur le vif. Souvent, je me retrouve en t-shirt à affronter l’hiver et son froid qui va de pair. Là, je ne voulais pas ajouter de l’huile sur le feu. Certes, la porte à claquer fort derrière moi, mais on peut mettre ça sur le compte de Plume, non ? Ok, elle a bon dos, ma douce !

« Oui, ma belle. Oui. » Je réponds à sa léchouille à ma main. Elle est belle, ma Plume. Svelte, la robe claire, le collier gris-brun et les yeux ambrés. Son regard n’est qu’intelligence et amusement également. Elle sait pertinemment qu’elle va avoir le droit de courir à son gré et elle attend impatiemment. « Allez, va ! » Lui ordonné-je, la laisse pendante à mes pieds. À peine je la ramasse pour l’enrouler qu’elle détale, son museau flairant je ne sais quelles odeurs. Elle connait le chemin que nous empruntons souvent depuis presque un an. Je la suis, un œil soucieux sur sa course, l’esprit ailleurs.

Enora… Enora et moi, je pensais que c’était pour toujours. Désormais, je ne sais plus. Je suis perdu. Complétement. J’ai tout tenté. Je l’ai écouté quand elle en avait besoin, je l’ai laissé voir ses amis et faire des week-ends et semaines avec comme elle l’entendait. Je lui ai laissé de l’espace. Vraiment. Mais je ne sais pas si ça a été efficace. Nos engueulades se font si régulières. J’ai cette boule au cœur, ce nœud qui me fait rester plus tard au boulot, courir plus longuement, me balader plus souvent avec Plume. Sans Enora. J’ai même espacé mes réponses avec Astrid ! Mais je ne sais pas. Rien ne semble suffisant. On a encore de bons moments, hein ! Rares mais si précieux. Et je me raccroche à eux, dans l’espoir qu’on arrive à recoller les morceaux. Dans quelques mois, nous fêterons nos six années. Six ans. Bientôt sept. Ne dit-on pas que c’est le cap à franchir ? On arrivera à vaincre cette crise, j’en suis sûr. Enfin, je vais m’en convaincre parce que si je suis le premier à ne plus croire en nous, c’est la fin.

Plume revient au galop vers moi. Je m’agenouille, prêt à jouer avec elle, les bras ouverts pour lui faire barrière, mais quelque chose dans son regard – ses pupilles sont dilatées – m’interpelle et me fait me redresser, la rejoignant rapidement. « Qu’est-ce qu’il y a ma belle ? » je demande, légèrement angoissé. Je vais pour la récupérer en l’attrapant par son collier mais elle me contourne aussi vite qu’elle n’est revenue et s’enfuit à contre-sens de notre habituelle promenade. « Plume ! » je m’écrie, m’élançant à sa suite, sachant ma démarche parfaitement inutile. Je remarque alors qu’elle semble boiter de la patte arrière, et c’est avec un froncement de sourcil qui barre mon visage angoissé, que je redouble d’effort pour la rattraper. Journée de merde !

@Baptist Hoffmann

Ça va faire un mois qu'il a recroisé Valentina et depuis cet instant à l'école de leurs enfants Baptist ne se reconnaît plus. Il a perdu toute foi dans son couple par le simple fait d'avoir vu son ex compagne et amour de sa vie. Il a réalisé qu'il avait épousé la mauvaise fille et fait un transfert de Valentina sur Florence et pour ça il s'en veut énormément. C'est assez délicat de se rendre compte que nous ne sommes pas avec la personne qu'il nous faut et c'est d'autant plus délicat quand il y a un mariage et qui plus est un enfant en jeu. Bon en soit Florence ne s'est jamais réellement préoccupée de Tommy mais il n'en reste pas moins son fils qui est sorti de son ventre donc ça reste tout de même quelque chose de particulier et ce, même si elle rejette leur môme.

Et pour l'heure le blond est au parc se baladant en bonne et due forme avec son fils. Tommy ayant émit le souhait de passer la journée au parc à se balader tous les deux ce que Baptist en bon papa poule qu'il est a tout de suite accepté. Pour son fils il se plierait en quatre. C'est parfois regrettable pour lui de voir que Florence n'en fera sûrement jamais autant pour leur enfant qu'elle est censée aimer et chérir mais il n'en est rien. Pour l'heure le blond ne réalise pas encore que son épouse a une double vie, pourtant ça tombe sous le sens quand on sait qu'elle passe soit disant tout son temps au boulot, bon elle est chirurgienne donc qu'elle soit occupée il l'entend parfaitement... Mais quand même il y a des limites ! Elle n'est pratiquement jamais à la maison et quand elle s'y trouve elle est hostile envers son mari et leur enfant. C'est à croire qu'elle n'en a plus rien à foutre. Si tel est le cas pourquoi reste-t-elle encore ? Elle pourrait partir Baptist ne l'en empêcherait pas après tout.

Et là alors que Baptist et Tommy se baladent ils voient un chien arriver en boitant vers eux, aussitôt Tommy pousse de petits gémissements de bonheur l'enfant rêvant d'avoir un chien comme ça lui aussi. Le chien finit alors par tomber à terre aux pieds de Baptist et de son fils et c'est peu après que le blond voit un homme arriver en courant avec un air inquiet. « Bonjour... » Dit-il mal à l'aise. « C'est votre chien ? Il ou elle est tombé tout d'un coup par terre sans se retenir... Il y a eu un problème ? Une attaque avec un autre chien ? Quelque chose ? Je suis vétérinaire, on peut l'emmener jusqu'à mon cabinet et je peux le soigner. » Qu'il dit à l'homme qu'il fixe longuement de ses grands yeux verts tandis qu'il voit Tommy se baisser pour caresser l'animal en lui demandant de se réveiller, son gamin semble inquiet et tout retourné par la situation....

Je cours derrière Plume qui, malgré son boitement, parvient à me distancer. Jamais je ne la rattraperais sauf si elle s'arrête épuisée. « Putain. » je jure, tandis que je la poursuis, espérant qu'elle n'a rien de grave. C'est vraiment une journée de merde. Une très belle journée de merde, vu le soleil qui perce les nuages blancs. Gabriel, vois le bon côté des choses : tu fais ton sport de la journée ! Mon cerveau a de ces idées, j'vous jure... Ma tenue est tout sauf adaptée à du jogging ! Jeans et chaussures de ville, peux mieux faire le gars, non ? Et en claquant la porte de la maison, je souhaitais tout sauf courir après mon chien qui s'est visiblement fait bien mal et a eu une belle peur bleue pour courir ainsi sans s'arrêter à ma hauteur !

Je la vois foncer vers un monsieur et son fils avant de s'écrouler devant eux. J'avise l'enfant qui semble soudainement s'arrêter dans sa course pour rejoindre Plume, se tournant vers son père qui se penche aussitôt. Je les rejoins rapidement avant de m'arrêter et reprendre mon souffle. « Bonjour. » Je réponds à l'homme tandis qu'il me demande si c'est mon chien. Je m'agenouille près d'elle, posant ma main sur son poitrail qui se soulève rapidement. « Oui, désolé si elle a fait peur à votre enfant. » je m'excuse, pensant combien un chien ressemblant à s'y méprendre à un loup peut faire peur à des enfants, d'autant quand il court droit vers eux... « Je ne sais pas. On se promenait, elle est partie dans des bosquets et quand elle est revenue, elle est partie en trombe, boitant. » j'explique, caressant Plume pour la rassurer. J'examine sa patte arrière et en enlevant ma main, je m’aperçois qu'elle saigne. « Tu t'es fais quoi, ma belle... » dis-je réellement soucieux. L'homme se propose de l'examiner à son cabinet, étant vétérinaire. Un coup d’œil vers ma Plume me fait me décider rapidement. « Je veux bien oui. » j'acquiesce, Plume toujours endormie. Bon sang, mais que lui est-il arrivé là-bas ?! Mon regard se pose sur l'enfant au visage grave. « Enfin, je ne veux pas vous déranger non plus. » je me reprends, un regard sur l'enfant qui se baisse vers mon chien pour lui demander de se réveiller tout en la caressant.

Doucement, je prends Plume dans mes bras – qui ne pèse pas le poids d'une plume ! - et je suis l'homme qui se dit vétérinaire. L'enfant reste à mes côtés, s'assurant du confort de la chienne. Rapidement, on arrive au cabinet vétérinaire et je laisse l'homme s'occuper de ma compagne à quatre pattes. « Alors ? C'est grave ? » je demande alors que les minutes s'étirent et qu'elles me semblent durer des heures. Je fixe ma louve tandis que je songe que je ne connais rien de cet homme. Il se dit vétérinaire et c'est surprenant de tomber pile sur ce qu'il nous faut quand on en a besoin. Le hasard fait bien les choses, il faut croire... Le cabinet est au nom de Hoffmann mais ça ne me dit rien de plus. Est-ce son nom ? Une fois l'examen de Plume et les soins prodigués, je compte bien remercier cet homme pour son aide. Il aurait pu tout simplement continuer sa route me laissant dans me démerder.