Baptist ♔ Ton image me hante, je te parle tout bas et j'ai le mal d'amour et j'ai le mal de toi

Les festivités du DOM avaient enfin commencées. Les petits Koenig, comme bien des petits Hambourgeois, ne semblaient plus tenir en place, tant ils attendaient l’événement depuis plusieurs semaines, déjà. Tout avait commencé début janvier, après que l’excitation des fêtes de fin d’années soit retomber. Il y avait toujours quelque chose à désirer pour les enfants, toujours de quoi les mettre en joie, les rendre impatients. A l’approche du printemps, c’était toujours cette immense fête foraine qui prenait ses quartiers du côté de Saint-Pauli trois fois dans l’année. Valentina avait dût promettre de les y emmener le plus tôt possible, soit le premier samedi de fête. Comme d’habitude. Et comme d’habitude, Owen resterait à la maison. Monsieur avait du travail, toujours du travail. Trop de travail pour prendre soin de sa femme, trop de travail pour s’occuper de ses enfants, trop de travail pour prendre sa vie en main. Trop, si bien qu’il ne voyait plus comme sa vie partait à la dérive, comme sa femme déprimait, comme ses enfants grandissaient sans qu’il n’y fasse attention.

Dans les allées du Dom, la jeune femme suit les enfants, qui rejoignent un nouveau manège, survoltés par la musique, par l’ambiance, par le jeu. En les observant jouer, son regard se pose sur la silhouette d’un petit garçon, un peu plus jeune que ses enfants et dont le minois lui coupe le souffle un instant. Ce petit visage, sans le connaître, elle a l’impression de l’avoir pourtant déjà vu. Une saisissante impression de voir Baptist enfant. Baptist qui, justement, rejoint le petit garçon, probablement pour lui donner quelques jetons de jeux. Cette vision lui tord les boyaux. Insupportable. Elle avait beau le savoir, ça n’en était pas moins douloureux de le voir de ses propres yeux. Le coeur battant à tout rompre, elle mord sa lèvre inférieure en reportant son attention sur ses enfants. Elle devait s’y faire, le DOM ne faisait que commencer, ce ne serait probablement pas la seule fois qu’elle aurait à le voir avec son fils.

Le DOM a commencé et comme chaque année Baptist y va pour l'inauguration avec son fils. Sa femme ne les y accompagne jamais, apparemment elle a toujours quelque chose à faire. A l'heure d'aujourd'hui le blond ne réalise toujours pas que son épouse lui est infidèle et que leur histoire ne tient plus qu'à un fil. A l'évidence c'en est terminé d'eux deux et personne ne s'en rend compte pas même eux d'ailleurs. Baptist est plus ou moins confortable dans sa routine, s'y étant habitué mais ce n'est pas pour autant qu'il en est heureux, non bien au contraire. Encore moins depuis qu'il a revu son ex en début d'année à la fin du mois de Janvier alors qu'ils venaient tous deux chercher leurs enfants. Elle, elle est maman de deux gosses et lui il n'a que Tommy. Mais la pilule a du mal a passer pour Baptist. C'est avec lui qu'elle aurait dû faire sa vie pas avec ce moins que rien qu'elle a épousé et qui lui a pondu des gosses. Et au fond il se dit la même chose concernant son mariage comme quoi qu'il n'a pas épousé la bonne personne. Que Florence n'est pas celle qu'il lui faut. Aujourd'hui encore elle a prétexté la blonde aux yeux bleus qu'elle avait une sortie de prévue avec des amis. Naïvement Baptist a gobé ses bobards sans réaliser encore et toujours qu'elle se moque de lui. Son mariage est sur un terrain glissant plus que jamais et il ne se rend compte de rien. Lui est trop aveuglé par son amour encore présent pour son ex et ne réalise pas les fautes commises par sa femme qui lui avait pourtant juré fidélité lorsqu'ils se sont unis l'un à l'autre.

Et là alors qu'il est à la fête foraine, au DOM dit-on, il est à un jeu avec son fils qui s'amuse comme un petit fou en compagnie d'autres gosses. Baptist le surveille avec attention jusqu'à ce que finalement le petit blond aux yeux verts s'arrête de jouer pour venir rejoindre son papa pour lui réclamer des nouveaux jetons de jeu. Baptist lui en donne quelques uns jusqu'à ce qu'il finisse par remarquer un peu plus loin son ex, il grimace aussi ennuyé de la croiser ici mais il aurait dû s'y attendre tout comme elle d'ailleurs. Le DOM étant réputé ici ce n'est pas rare de voir des parents ici pour s'amuser avec leurs enfants, mais pas de trace de son mari à son ex du coup après avoir laissé son enfant jouer il s'approche doucement de son ex « Salut toi. Ça va ? J'ignorais que je te croiserai ici. » Dit-il gêné en tapotant du pied sur le sol d'un air mal à l'aise...

En observant Baptist de loin, alors que ce dernier s’occupe de son fils, une flopée de sentiments contradictoire assaille le cœur et l’esprit de la quadragénaire. Alors qu’elle observe ce charmant tableau familial, la mère de famille ne peut s’empêcher d’éprouver quelques regrets en observant cet amour gâché, ces familles qu’ils avaient construites, chacun de leur côté, quand ils auraient pourtant dût faire leurs vies ensemble. C’est ce qu’ils pensaient, à une époque. C’est ce que leurs proches attendaient. Et pourtant la vie en avait décidé autrement, les séparant tout deux il y a des années de cela. Ils avaient évolués loin l’un de l’autre, loin du bonheur, cherchant à s’épanouir dans des chimères de mariage. Mais rien, rien qui ne puisse leur permettre d’éprouver le bonheur et, si Valentina avait aimé Owen, au moins assez pour accepter sa demande en mariage, au fond de son coeur elle restait toujours amoureuse de Baptist. Il était l’homme de sa vie, ça ne faisait aucun doute en l’observant, en pensant à lui. Et elle culpabilisait, dans un même temps, d’avoir de telles pensées quand elle avait un mari, quand elle n’aurait pas dût se permettre d’éprouver de tels regrets.

Comme l’homme remarque sa présence, il vient dans sa direction, la clouant sur place alors qu’il demande si elle va bien, affirmant qu’il ne pensait pas la croiser ici. Elle non plus. Elle ne pensait pas le croiser ici non. Et pourtant ils auraient dût penser que c’était une possibilité. Le Dom était une fête foraine réputée et ils avaient tout les deux des enfants pour désirer se rendre à un tel événement.

«- Je vais bien» ment-elle. «et toi ?» poursuit la jeune femme avant d’observer les manèges, rapidement, pour reporter son regard sur lui. «C’est une surprise également mais, quand on connaît la réputation du Dom, ce n’est pourtant pas si étonnant.» remarque-t-elle.

S’ils devaient se recroiser, c’était bien ici ou devant l’école, de nouveau, non ? C’était là où ils semblaient avoir le plus de chances, en tout cas. Même si se recroiser n’était peut-être pas une chance tant cela pouvait soulever de douloureux souvenirs en eux, faire remonter à la surface tout ce qu’ils avaient perdus en devant se séparer, en devant évoluer chacun de leur côté. Peut-être qu’il était préférable, pour leurs mariages, que ce genre de rencontres ne se reproduisent plus… Et pourtant, d’une certaine façon, le voir lui était aussi agréable. Douce torture et plaisir coupable en même temps.

«- Ta femme n’a pas put venir ?» remarque-t-elle comme il semble être seul avec son enfant. Seul… comme elle l’était avec les siens, son époux ayant plus important à faire, comme souvent.