Aline * Let's prepare for fall.

Aline était loin d’imaginer ce que ressentait la blonde et encore moins son passé. Elle ne saurait sans doute jamais ce qui est au fond de son cœur. Mais dans tous les cas elle espérait, quelque part, au fond d’elle, que Gisela deviendrait un jour ou l’autre une bonne amie. Une bonne amie qui n’est pas obligée de tout dire. Au contraire. Aline avait une sorte de politique qui faisait qu’elle n’obligeait jamais ses amis à tout lui dire. Encore moins à lui parler de leur passé si ils n’en ont pas envie. En même temps elle-même ne le voudrait pas. Elle ne dit pas à tout le monde, à qui veut l’entendre, qu’elle est tombée amoureuse d’un homme malhonnête qui l’a baratiné pendant…un moment. Heureusement qu’elle n’était pas tombée enceinte de lui. Sinon…que ce serait-il passé ? Sûrement aurait-il voulu voir cet enfant. Ou peut-être pas. Non, en y réfléchissant : il aurait dit à Aline de s’en aller et « bon vent ». Ce qui n’aurait pas été plus mal. Enfin…ce n’est pas le cas. Elle n’était pas tombée enceinte de son ex qui n’avait d’ailleurs rien à faire dans ses pensées maintenant.

Bien sûr Aline ne s’attendait absolument pas à ce que la trentenaire comprenne le mot qu’elle venait d’employer. Il était un peu compliqué, en même temps. Un peu beaucoup. Alors elle finit par prendre son téléphone et par taper le mot sur google traduction mais ne le trouva pas. Peut-être une alternative ? Rien. A croire que ce mot était seulement français et n’existait pas dans les autres langues.

« Ne vous excusez pas, je comprends. Je crois que ce mot n’existe qu’en français. Et ce n’est pas plus mal, il est horrible. ». Elle ricana et répondit : « Oh oui et non. On dit que l’allemand est plus compliqué que le français mais…je crois que seuls les Français le disent. Et oui, la France est vraiment moins accueillante. J’imagine que dire « bonjour » dans la rue n’est pas automatique pour tout le monde, par exemple. ». Elle soupira. Oui elle n’aimait pas beaucoup son pays, mais non elle n’était pas totalement répulsé par celui-ci. Elle ne l’aimait peut-être pas parce que les gens qu’elle y a rencontré ne sont pas tous bienveillants alors qu’ici elle n’a fait aucune mauvaise rencontre. Enfin…dans ses souvenirs les plus proches. Mais c’était sans aucun doute de la faute de son ex. Il lui avait fait visité certains endroits qu’elle détestait maintenant parce que…Elle y a été avec lui et qu’il n’y avait pas, encore une fois, tout le monde disant « bonjour » dans la rue.

« Je suis désolée je crois que…je devrais vous laisser tranquille…on dirait que j’ai fait quelque chose de mal…Ou dit plutôt. Ce n’était pas du tout mon but. Je peux être maladroite parfois…Quand je suis trop emportée par ce que je dis…»

Aux dires de son interlocutrice, la France est bien moins accueillante que l'Allemagne car les gens ne disent pas automatiquement bonjour mais, à bien y penser, les gens ne le disent pas beaucoup plus en Allemagne. En tout cas, pas dans les rues. Pas quand ils croisent des inconnus. Bien sûr, c'est peut-être le cas dans des petits patelins, dans de petits villages de l'Allemagne profonde mais ce n'est pas vraiment le cas à Hambourg, encore moins à Berlin. Elle ne peut pas comparer avec la France, n'ayant jamais mis un pied là-bas, mais ce serait faux de laisser penser que l'Allemagne est forcément meilleure à ce niveau là.

"- Je ne suis pas certaines que les Allemands soient beaucoup plus polis. J'aime mon pays, ce n'est pas la question, mais les gens ne saluent pas spécialement les autres dans la rue non plus. J'imagine que c'est l'effet de la ville. De l'anonymat. Bien sûr, on va être poli en remerciant quelqu'un qui nous tient une porte ou... quelque chose comme ça... Mais dire bonjour à chaque personne que l'on croise dans la rue... Je crains que nous soyons bien moins bons que les Japonais là-dessus."

Oh non, ils ne sont pas aussi polis que le sont les Japonais, loin de là. Est-ce que pour autant cela fait d'eux une peuplade non accueillante ? Elle ne sait pas, elle ne saurait le dire. Elle ne s'est pour ainsi dire jamais posé la question avant aujourd'hui. Et elle ne se la posera sûrement pas plus demain. A vrai dire, même elle qui est plutôt polie et respectueuse n'aurait pas la prétention d'être au niveau des japonais, ni d'être une exception qui dit bonjour à tout le monde dans la rue. Si elle croise quelqu'un en sortant ou entrant d'un bâtiment oui. Mais quand elle marche au milieu de la foule d'anonymes... Pas vraiment.

Elle se renferme comme son interlocutrice parle de sa famille, car il n'y a rien de bien agréable à raconter. Sa situation familiale est plutôt catastrophique et elle n'a pas vraiment l'envie de s'attarder là-dessus. Parler de son beau-père, de son demi-frère ou de la maladie de sa mère... Non, ce n'est pas quelque chose qu'elle veut. Elle pourrait perdre le contrôle de ses émotions. Et la perte de contrôle est quelque chose qu'elle ne veut pas, qu'elle ne peut pas se permettre.

"- Ce n'est rien mais... Disons seulement qu'il n'est pas évident pour moi de parler de ma famille." concède-t-elle face aux inquiétudes nourrie par l'influenceuse.