Aline * Let's prepare for fall.

Gobelets de café en main, Gisela quitte rapidement le salon du coffe-shop pour se diriger vers le centre commercial dans lequel elle a donné rendez-vous aujourd’hui à l’une de ses clientes, Aline Morel, dans le show-room d’une grande boutique, situé à l’étage. Avec l’arrivée de l’automne et des températures en forte baisse, il était essentiel de repenser toute la garde-robe de l’influenceuse et se préparer pour la nouvelle saison, au cours de laquelle elle aurait probablement beaucoup de travail, les quelques semaines précédents noël semblant être celles qui étaient le plus intensives dans cette profession. Parce que beaucoup cherchaient des idées pour préparer les fêtes, tant au niveau des cadeaux que de leurs décorations et bricolages divers.

Franchissant les portes du grand centre commercial de luxe, Gisela retire la paire de lunettes qu’elle avait sur les yeux - juste pour le style - les positionnant comme un serre-tête dans sa chevelure tandis qu’elle avance en direction de la boutique devant laquelle elle a donné rendez-vous à sa cliente. Jetant un regard à sa montre, elle s’assure une énième fois de ne pas être en retard, pressant l’allure bien que sa montre soit rassurante, jusqu’à arriver au niveau de la devanture devant laquelle elle s’arrête, la jolie française n’étant pas encore là. Nouveau regard à sa montre. Gisela a bel et bien une dizaine de minutes d’avance. Ne reste plus qu’à espérer que le café ne refroidisse pas trop d’ici que sa cliente arrive.

Avisant un banc, la quadragénaire s’y installe élégamment, posant les gobelets à côté d’elle avant de sortir son téléphone portable pour répondre à quelques mails le temps que la française arrive.

Alors qu’elle attend, un regard à sa montre lui fait remarquer que sa cliente est en retard et Gisela fronce les sourcils, attrapant son téléphone portable afin de vérifier qu’elle n’ait pas reçu un appel ou un message qu’elle n’aurait pas vu, pour l’informer du retard de la blondinette ou pour annuler leur rendez-vous. Mais rien. Aucune trace du moindre message de la part de l’influenceuse. Rangeant son téléphone, Gisela décide donc de l’attendre encore un peu, songeant que la jeune femme est peut-être en train d’arriver. Un problème dans la circulation était si vite arrivé, laissant dans l’incapacité de se saisir de son téléphone pour prévenir… Peut-être que Miss Morel était tombé sur un ralentissement, un accident, quelconque événement qui puisse expliquer qu’elle ne soit pas à l’heure, même si pour les allemands, la ponctualité était primordiale. Du reste, Aline Morel n’était pas allemande, mais française, si bien qu’elle n’était pas toujours au parfum des coutumes locales.

Enfin, après avoir attendu quelques minutes de plus, l’élégante quadragénaire peut voir arriver la silhouette fine et élancée de la française, arrivant au pas de course en s’excusant pour son retard. La faute à son bon cœur pour aider une petite dame atteinte d’une affreuse maladie, perdue dans le parking. Gisela frissonne, à la pensée de cet alzheimer dont elle avait vu son père souffrir, des années plus tôt, jusqu’à ne plus la reconnaître. Elle n’était encore qu’une adolescente à ce moment-là. Elle n’avait pas compris, alors, toute la portée de la maladie, souffrant simplement de n’être plus rien aux yeux de son grand-père qu’une inconnue dont elle devait en permanence lui rappeler le nom.

”- Ce n’est rien, c’est tout à votre honneur d’avoir aidé ce couple.Notre rendez-vous pouvait bien attendre un peu plus longtemps.” la rassure la blonde avant de lui désigner la boutique dans laquelle elles devaient faire leur shopping aujourd’hui. ”Vous êtes prête ?” demande-t-elle pour la française. ”J’ai déjà sélectionné les pièces pour votre nouvelle garde-robe. Je suis partie sur une collection capsule, un back to basic fort apprécié en ce moment. Et, pour le reste, je me suis tourné vers la mode vintage, nous irons dans une autre boutique pour cela.”

Alors qu'Aline s'excusait d'avoir pris du temps pour venir retrouver Gisela, celle-ci lui dit que c'était tout en son honneur. C'était sûrement vrai, mais Aline étant Aline, elle resta modeste. "On va dire que c'est ma bonne action de la journée.". Souriant, elle écouta la quadragénaire parler de la garde robe de sa cliente de jour. Elle lui dit alors : "Prête !". Elle était presque fatigante, la blonde. Toujours énergique, même le matin. Bien sûr il y a plusieurs matins où elle se sentait épuisée et où elle avait la tête dans le...hein, et où elle devait se boire un bon café. Voir deux. Mais tout cela importait peu. Gisela et Aline entrèrent dans le magasin et cette dernière prit son courage à deux mains pour essayer tout ce que lui avait sélectionné sa personnal shoppeuse. Entrant donc en cabine, elle essaya une pièce, puis une deuxième qui pouvait aller avec elle, et sortie de la cabine d'essayage. "Alors ?" elle tourna sur elle même, bien qu'il ne s'agisse ni d'une robe, ni d'une jupe. En réalité, Aline voulait se dépêcher de terminer ici pour aller dans la boutique un peu plus vintage. Elle adorait ce genre de look, en ce moment, et était pressé d'essayer ce genre de look. "Je crois que je n'aime pas trop." Elle se regarda dans le miroir et continua : "Si le haut est bien, mais le bas il y a quelque chose qui ne va pas. Ou peut-être que les deux ne vont pas ensemble finalement ?" demanda-t-elle. Après tout, ce n'était pas elle l'experte des experts de la mode. Oui, sur sa chaîne youtube, elle parlait de vêtements, mais elle ne se disait pas experte. Elle se contentait de faire des haul à ses abonnés qui adoraient ça. Filles comme garçons. "Il en faut pour tout le monde", dirait la mère de la blonde et de sa sœur aînée, Astrid.

Gisela esquisse un sourire comme la blonde affirme qu’elle avait fait sa bonne action de la journée, ni plus ni moins. La jolie française avait généralement une bonne humeur communicative et ce n’était pas la personal shopper qui allait dire le contraire. Travailler avec ce genre de personne était des plus agréables, du reste. Cela la changeait de quelques bourgeoises à l’air pincé et qui tiraient la tête tout au long du rendez-vous. D’un autre côté, avec une personnalité comme celle de ces dernières, elle savait qu’elle avait le contrôle et la maîtrise sur tout, tandis qu’Aline était un peu plus électron libre. Ce n’était pas toujours simple de faire avec. Ce n’était pas toujours aussi carré et tiré à quatre épingles que la blonde pouvait l’aimer. Mais cela faisait aussi parti de son boulot et du challenge, après tout.

”- Parfait, dans ce cas nous pouvons y aller !”

Entrant dans le magasin, elles sont rapidement accueilli par l’équipe de celui-ci qui les salue et les entraîne dans une petite salle annexe où la blonde peut essayer tout ce que la quadragénaire a présélectionné pour elle, l’une et l’autre surveillant le résultat final, le rendu sur la youtubeuse, d’un oeil expert. Il n’était pas question que le moindre vêtement lui donne l’air d’être mal fagotée et Gisela prend son travail très au sérieux, n’hésitant pas à s’attarder sur une pièce ou une autre qui demande plus de vigilance par sa coupe.

”- La coupe du pantalon n’est effectivement pas flatteuse, il donne un effet tout aplati, il faudrait quelque chose qui souligne davantage les courbes, pas qui les masques.” observe la blonde en tournant autour de sa cliente pour l’observer sous toutes les coutures. ”Gardez le haut mais essayez-le avec la jupe marron à carreaux.” propose la quadragénaire, l’idée lui traversant l’esprit. Une jupe marron avec un pull crème, voilà un combo qui marchait à tous les coups pour l’automne. Avec de jolis collants, ce serait parfait.

Aline était heureuse d'avoir quelqu'un comme Gisela dans sa vie. En fait, elle l'était parce qu'elle était d'une grande aide. S'habiller correctement n'avait pas toujours été évident. Et ça avait commencé petite. Ses parents l'habillaient d'une façon, mais d'une façon...indescriptible. Puis elle s'était faite une raison, elle n'avait pas beaucoup plus de goût que ses parents quand elle était petite. Elle aimait avoir les conseils de sa sœur et, petit à petit, elle avait réussi à trouver un look qu'elle aimait. Un look qui lui correspondait. Elle adorait faire du shopping avec elle, d'ailleurs. C'était une sorte de petit rituel qu'elles s'étaient installé alors qu'elles étaient toutes deux adolescentes et que leurs parents leur donnaient toujours de l'argent de poche. D'ailleurs, pour la petite anecdote : leur père avait glissé une petite enveloppe de cinquante euros dans les sacs de ses deux filles. Technique pour qu'elles ne refusent pas alors qu'elles gagnaient très bien leur vie.

Pour rire, alors que Gisela lui dit que cela lui donne un air tout aplatit, Aline répondit : "Je n'ai pas beaucoup de fesses, aussi.". Elle sourie, attendant une petite réaction (un sourire en échange ou un rire), puis écouta la patronne qui lui dit d'essayer avec une jupe marron à carreaux. Rien que ce descriptif lui donnait envie de le faire alors elle retourna dans la cabine pour l'essayer. Se regardant finalement, elle tourna, s'admira sous toutes les coutures. "J'adore." dit-elle juste avant de sortir et de tourner sur elle-même doucement pour que la pro voit bien correctement et, au cas où, ajuste normalement la jupe et le haut. "C'est un très bon choix que vous avez fait là. Vous avez l'oeil. Comme d'habitude." la complimenta Aline.

Lorsque Aline fait la remarque qu’elle n’a pas beaucoup de fesses, ce qui ne joue guère en faveur du vêtement qu'elle vient d’essayer, Gisela se contente d’esquisser un léger sourire avant de pencher la tête sur le côté, observant la demoiselle sous toutes les coutures. Ce n’était pas uniquement la faute de la morphologie de la demoiselle, voire même pas du tout. C’était la matière qui, surtout, donnait l’impression de comprimer et aplatir tout le corps de l’influenceuse, de sorte que ça ne la mette pas particulièrement en valeur. Pour remédier à cela, il n’y avait pas vraiment de solution.

”- Je crains que le problème soit ailleurs. Le tissu a l’air de serrer, il donne ainsi cette impression d’aplatir. C’est comme si vous étiez comprimée dans le vêtement.”

Choisissant donc de changer le bas au profit d’une jupe de couleur maron avec des carreaux, Gisela attend patiemment que sa cliente sorte de la cabine d’essayage afin de pouvoir jauger l’effet d ecette nouvelle association, laquelle se révèle effectivement plus flatteuse, ajoutant des volumes sur le corps plutôt fluet, longiligne, de la jolie blonde.

”- C’est un intemporel. La jupe marron devrait figurer dans la liste de n’importe quelle collection capsule pour l’hiver. C’est LA pièce à avoir pour la saison et à associer avec des pulls. Je pense qu’il faudra ajouter une paire de collants opaques lorsque les températures sont vraiment fraîches. A porter avec des bottines, voire des bottes.” remarque la blonde. ”L’avantage de cette jupe c’est qu’elle peut aussi se porter avec une blouse blanche ou crème, lorsque les températures sont un peu plus clémentes. Même si, à Hambourg, c’est rarement le cas à cette période de l’année. Mais pour un dîner, par exemple, elle peut aussi être tout indiquée.”

Aline laissa Gisela la regarder de haut en bas, de droite à gauche, à l'envers si elle le voulait (bon non peut-être pas). C'est vrai qu'elle n'avait pas les fesses aussi plates, après réflexions devant le miroir. Elle n'en avait pas beaucoup, certes, mais elle n'en avait pas des aussi plates. Donc elle changea pour la jupe qu'elle adorait. Elle allait finir dans son dressing, c'était obligatoire. Alors quand sa personal shopper lui indiqua comment la porter elle pensa à Astrid qui lui parlait d'hommes. Oui, un dîner pourquoi pas. Mais elle allait sans aucun doute, aujourd'hui, en trouver d'autres qui feront encore mieux l'affaire. Après tout Gisela est la meilleure en conseils de mode, n'est-ce pas ?

"Je la vois bien avec un collant un peu transparent ou de la même couleur que ma peau avec des bottes qui arrivent au dessus des genoux. Je ne sais plus comment ça s'appelle..." elle réfléchit quelques secondes, mais pas assez longtemps pour que Gisela lui dise le mot. "Des cuissardes ! Voilà. Je la vois bien avec des cuissardes à talons un peu en velours.". Et elle ne doutait pas non plus qu'elle allait lui trouver ça. "Noires ou marrons plutôt ?" demanda-t-elle alors. Après tout, elle avait le choix. Pourtant elle s'avançait beaucoup trop vite. Aline voulait tout tout de suite. La blonde le savait et elle savait gérer les petites ardeurs de l'autre blonde.

Puis elle se regarda dans le miroir encore une fois. C'est vrai qu'elle était jolie dedans. On ne lui avait pas dit, mais elle se trouvait jolie dedans. Un pull et un collant noir opaque avec des chaussettes montantes chaudes devant un film avec sa sœur ou même seule avec du chocolat chaud avec des mini marshmallows. Pourquoi pas ? Il n'y a pas d'âge pour apprécier cette boisson.

Si la quadragénaire pense à porter une telle tenue avec une paire de collants opaques, Aline pour sa part n’est pas vraiment de cet avis, proposant plutôt une paire de collants un peu transparents ou couleur chair, avec une paire de cuissardes, un style un peu plus ‘fatal’. Pourquoi pas. C’est une possibilité aussi. Gisela ne l’avait pas envisagé, mais cela peut aussi se faire, si Aline le souhaite. Effectivement, c’est juste un style un peu différent, un peu moins “sage”. Avec du velour. Elle est un peu moins sûre sur la question de la matière, c’est à voir ce que le rendu peut donner. Elles aviseront quand elles auront trouvé une paire de cuissardes, déjà. A moins qu’il y en ait dans le magasin ? Gisela se tourne vers l’employé.

”- En auriez vous une paire, de couleur marron, à nous proposer ?”

Malheureusement, l’employé leur fait savoir que non et Gisela note quelques mots dans son calepin, une note pour plus tard. Il faudra qu’elles essaient de trouver une paire de cuissardes dans la journée et si elles n’y arrivent pas, elle fera ses recherches pour en trouver une paire ultérieurement, qu’elle fera essayer à la blonde directement chez elle, au détour d’une journée de boulot, peut-être. Elle verra bien selon comment se passe leur journée shopping.

La jeune femme se regardant de nouveau dans le miroir, Gisela la laisse faire quelques instants avant de proposer de passer à la suite. Elles ont encore quelques pièces tout aussi mignonnes à essayer et il serait dommage qu’elles n’aient pas le temps de tout faire. C’est qu’une longue après-midi les attend encore mine de rien et qu’elles ont un second magasin à aller voir, après celui-ci.

”- J’ai sélectionné un grand manteau de couleur beige, pouvez-vous l’essayer ? Normalement, la ceinture devrait mettre votre taille en valeur cependant, il faut s’assurer qu’il ne soit pas ridiculement long.”

Aline faisait confiance à Gisela, mais il ne fallait pas oublier de se faire confiance à soi-même aussi. C’est important. La blonde aimerait porter ce style, alors elle va essayer, avec l’aide de sa personnal shopper, de trouver une paire de cuissarde. Cela ferait plus…sexy ? Peut-être. En tout cas elle aimait l’idée de mettre des cuissardes à talons. De plus elle trouverait facilement de jolies photos à faire pour son instagram. Elle comptait également sur ce shopping pour cela. Pour proposer des looks variés, qui iraient à tout le monde ou seulement à des jeunes femmes minces, peut-être un peu trop, mais elle voulait en inspirer. Elle inviterait peut-être une amie avec plus de formes pour montrer que les looks vont à toutes. On met ce que l’on veut, en 2022, bordel. Enfin bref, Gisela à l’air à la fois emballée et pas trop. Peut-être plus emballée que pas trop, mais en tout cas, dans un sens, elle fait revenir la belle Aline à la réalité en lui disant qu’elle a d’autres pièces à lui faire essayer. « Oui bien sûr ! » dit la presque trentenaire en souriant.

Sur ce, elle essaie le fameux manteau couleur beige qui doit souligner sa taille avec sa ceinture. Quant à la longueur, normalement cela devrait aller. Sa sœur et elles sont assez grandes (était-ce grâce à leur mère ou grâce à leur père ? Peut-être un peu des deux.). Peu importe : Aline trouve que ce manteau lui va bien. Elle le montre à Gisela qui n’en perd pas une miette. Dans le sens où elle la regarde sous toutes les coutures et où elle l’examine sous tous les sens. « Je trouve que le manteau est tout juste à la bonne taille. Non ? » suggère la youtubeuse.

« Sinon on passe à autre chose ça ne me dérange pas. Il est beau, mais je ne suis pas certaine de le mettre. A vrai dire j’ai déjà un manteau similaire. Il date simplement de l’année dernière. Je dois avoir une photo attendez. ». Elle fouille dans son sac et sort son téléphone. Cherchant des photos avec le fameux manteau, elle prend bien cinq minutes en sortant des « Désolée. » ou « Je me dépêche. ». Puis elle trouve enfin et tourne le téléphone vers Gisela.

L'œil critique, Gisela observe l’allure d’Aline lorsque cette dernière enfile son manteau automnal. Celui-ci est bien coupé, soulignant effectivement sa taille comme elle l’avait espéré et n’est pas trop long, ni trop court, comme elle l’avait redouté de prime abord. Non, il est parfaitement ajusté, à la bonne taille, parfait pour la saison et Aline Morel serait vraiment parfaite dans ce vêtement, cela ne faisait aucun doute. Pourtant, la jeune femme émet de son côté quelques réserves sur l’habit. Non pas qu’il ne lui plaise pas mais elle n’est pas sûre de le porter, alors qu’apparemment, elle en aurait un autre dans le même genre, de l’année dernière. Gisela l’ignorait totalement et hoche alors la tête.

”- Si vous en avez déjà un autre ressemblant ce n’est effectivement peut-être pas très opportun de prendre celui-ci. Effectivement si vous ne le portez finalement pas, cela ne sert pas à grand-chose. Le grand manteau est un indémodable, le genre de manteau que l’on peut garder des années. Si le vôtre est toujours bon, il fera parfaitement l’affaire, alors.” remarque la blonde. ”Oui, montrez-le moi.”

Laissant Aline chercher une photographie dans son téléphone, elle échange quelques mots avec la responsable, tandis que la youtubeuse s’excuse de ne pas encore trouver ce qu’elle cherche, affirmant qu’elle se dépêche. Il est vrai qu’elles ont encore fort à faire aujourd’hui et peu de temps à perdre, mais la quadragénaire ne cherche pas particulièrement à lui mettre la pression pour autant, au contraire.

”- Ne vous en faites pas, prenez votre temps ou vous allez manquer la photo.” remarque la blonde, ce qui lui arrive souvent dans ce genre de situation quand elle cherche quelque chose et se sent pressée. Elle ne trouve pas.

Comme Aline trouve finalement sa photo, la blonde porte son attention sur la photo qui lui est présentée, opinant de la tête. Le manteau en question sera parfait. Elle tend alors à la youtubeuse une salopette camel, cette pièce étant de retour récemment dans les dressings des fashionnistas.

Aline est d’accord avec Gisela. Ce manteau lui va très bien, mais justement, elle en a déjà un similaire. Elle s’affaire donc à trouver une photo qu’elle a prise pour son Instagram ou même rien que pour elle ou, encore, une capture d’écran d’un haul de vêtements sur YouTube. Elle se rappelle d’ailleurs d’un petit commentaire adorable : « J’adore ce manteau, il te va trop bien, j’ai fait une capture d’écran du coup si ça te dérange pas. » et, par la suite, quelques semaines plus tard, alors que la blonde traînait dans ses dms Instagram, elle reconnut le nom de la jeune femme et ouvrit. Là se trouvait le Graal. Non, bon, peut-être pas. Mais là se trouvait la fameuse capture d’écran avec écrit qu’elle espérait que cela ne gênait pas l’influenceuse d’avoir pris ce fameux screen, pour être plus concise. Les deux jeunes femmes ont un petit peu parlé et la fan était aux anges. Chose dont Aline était contente. Savoir qu’elle donnait confiance à des femmes, des jeunes femmes, des adolescentes parfois, c’était quelque chose qui la rendait elle-même heureuse. D’ailleurs cela faisait quelques jours qu’elle n’avait pas parcouru ses dms Instagram pour répondre à ses abonnés. En rentrant elle le ferait sans doute. Après avoir fait le haul, sans doute. Ou peut-être qu’elle les fera attendre un peu pour leur montrer ses nouvelles acquisitions.

Le shopping continuant, Aline prit la salopette que lui tendait Gisela et dit, avant d’aller l’essayer : « J’adore déjà. ». Elle n’était pas bien compliquée, la blondinette. Elle aimait beaucoup de choses. Peut-être n’était-ce pas si positif que ça. Pourquoi ? Parce qu’elle avait tendance à accepter beaucoup de choses et, donc, à acheter beaucoup de choses. Elle comptait également sur la professionnelle pour la freiner dans ses élans. Peut-être qu’elle ne lui dirait pas ce qu’elle ne doit pas prendre, mais elle se contenterait de lui montrer plusieurs pièces, pas trop, juste assez. C’était un petit arrangement qu’elles avaient fait la première fois qu’elles s’étaient vu. Non que cela ruinerait la jolie blonde, mais disons que son dressing n’était pas extensible. A moins qu’elle ne déménage vers Astrid, sa sœur, dans une villa. Là elle aurait plus de place…Non, puis la deuxième raison était qu’elle ne mettrait pas tout. Mais, la question est : est-ce qu’une femme met tous les vêtements qu’elle achète ?

Quand elle sort enfin de la cabine, elle continue de se regarder dans le miroir. La salopette lui va bien, elle l’aime bien, mais est-ce qu’elle est vraiment parfaite pour elle. Et alors une idée lui vint en tête. Et si elle achetait deux trois vêtements qu’elle ferait gagner à ses abonnés ? Hum…Non. Ce serait injuste pour les femmes à peine plus fortes qu’elle.

@Gisela Widerstand

Gisela est satisfaite de voir la réaction d'Aline face à la combinaison qu'elle lui propose. Faire du bon travail est toujours une chose gratifiante et la personnal shopper aime cette sensation d'avoir correctement fait son travail. Bien sûr, reste encore à ce qu'Aline essaie le vêtement, pour voir s'il lui sied totalement, mais la blonde est déjà satisfaite que l'essayage se passe aussi bien. Nul doute que les choix, à la fin, seront difficiles à faire si Aline décide de ne pas tout acheter, quoique Gisela se soit assuré au préalable de ne pas proposer trop de vêtements.

"- Dans ce cas il ne reste plus qu'à l'essayer pour être sûres que cela vous ira bien !"

Patientant hors de la cabine, Gisela attend patiemment qu'Aline en sorte pour lui montrer l'allure du vêtement sur elle et immédiatement, la blonde opine de la tête, quoiqu'elle observe la jeune influenceuse sous toutes ses coutures. Le vêtement semble être vraiment parfait et Aline semble être plutôt confortable dedans. La blonde s'en assure.

"- Comment vous sentez-vous en portant cette pièce ?"

La combinaison étant parfaitement ajustée, Aline pourrait même la porter pour un évènement futur. Peut-être pas pour un évènement mondain ou un tapis rouge mais peut-être pour un voyage presse ou ce genre de chose. C'est vraiment le genre de pièce qui est facilement élégante mais qui reste confortable malgré tout et simple. Le genre de tenue que ses abonnées pourraient adorer et qui finirait sold-out en quelques jours après qu'elle l'ait porté, sans aucun doute.

La combinaison essayée, la blonde fait essayer à sa cliente encore quelques pièces, donnant au passage à Aline quelques conseils et suggestions de style. Elle s'assure qu'Aline trouve des vêtements qui non seulement lui vont bien, mais la mettent également à l'aise et en confiance. Jetant toutefois un regard à sa montre, Gisela garde un parfait contrôle du temps qui s'écoule.

"- Bien, il va être l'heure de nous rendre dans la deuxième boutique. Est-ce que vous savez déjà quels vêtements vous souhaitez effectivement acheter ou avez-vous besoin d'un peu de temps pour réfléchir ?"

Bon, la salopette était vraiment pas mal. Aline se sentait bien dedans. Et pour le coup, même si c'était bizarre de la part d'Aline (pas du tout), elle décida de demander l'avis sincère de Gisela. "Bien et en même temps pas trop. En fait le problème c'est qu'il y a quelque chose qui manque. Quelque chose, un haut, qui s'accorde plus avec la salopette, non ? Qu'est-ce que vous en pensez, vous ? Sincèrement, sans filtre.". Si quelque chose était gênant pour la blonde c'était les gens sans filtres, mais aujourd'hui elle en avait besoin. En fait Gisela devait être la seule, avec Astrid, à pouvoir lui dire les choses sans filtre. Même si les haters ne se gênaient pas pour ça, clairement. C'était complètement insensé, les commentaires qu'elle recevait sous ses photos Instagram ou sous ses vidéos YouTube. Pourtant Aline avait pris l'habitude de ne pas trop y faire attention. Ce n'était pas comme au début. Parce qu'au début elle était complètement dépassée par les choses, même si personne n'était au courant. Bien sûr, et heureusement, tout s'était vite tassé.

La youtubeuse et influenceuse n'avait pas de problème quant à prendre des décisions. Vestimentairement parlant, en tout cas. Elle choisi quelques pièces, sans trop abuser (ce n'est pas son genre, à Aline, voyons), et se dirigea vers la deuxième boutique. Une question vint la tarauder : "Vous n'avez jamais envie d'acheter des vêtements dans les boutiques où vous allez quand vous vous occupez de clientes ?". C'était une question très sérieuse, une question qui ne terminerait de la tarauder qu'après avoir eu une réponse. Alors elle ne perdait absolument rien à la poser. Ce n'était pas non plus une question complètement stupide ou trop personnelle. Quoi que légèrement, mais ce n'était pas comme si elle lui parlait de sa vie sexuelle non plus. Encore heureux.

@Gisela Widerstand

La salopette est jolie et elle rendait bien sur Aline, mais il est vrai que comme cette dernière le fait remarquer, le haut qu'elle porte en dessous n'est pas vraiment adapté à la salopette en question. Il faudrait qu'elle essaie quelque chose dans la boutique pour avoir un rendu plus fidèle et surtout pour voir si Aline a quelque chose d'approchant dans sa garde-robe pour aller avec la salopette ou s'il faut qu'elle achète un vêtement supplémentaire. Effectivement, c'est une bonne idée. Comme la jolie blonde demande à Gisela ce qu'elle en pense, sans filtre, cette dernière ne manque pas de confirmer.

”- Effectivement ce petit haut n'est pas des plus adaptés pour aller avec cette tenue c'est évident, nous pourrions essayer autre chose dans la boutique pour voir si le rendu est meilleur. Il faudra voir si vous avez quelque chose d’approchant dans votre garde robe, ou si ce sera une pièce en plus à acheter."

Elle se tourne donc vers l'employé et lui réclame deux hauts de teintes assez précises, afin qu'elles puissent faire l'essai et voir si le rendu est meilleur avec des couleurs plus adaptées à celle de la salopette en question. L'employé ne tarde pas à revenir avec une proposition de trois hauts différents dans les teintes demandées par Gisela qui les observe soigneusement avant d'en sélectionner un qu'elle tend à Aline.

”- Vous pouvez commencer par essayer celui-là, je pense que c'est celui qui matche le mieux avec cette salopette.”

Leurs emplettes réglées, Aline ayant sélectionné quelques pièces à acheter, elles se dirigent finalement vers la deuxième boutique. Rapidement, Aline questionne alors la femme qui l'accompagne, curieuse de savoir si elle n'a pas parfois envie d'acheter certains vêtements dans les boutiques où elle emmène ses clientes.

”- Cela arrive, bien sûr, que des pièces me fassent de l'œil mais dans ce cas, je reviens sur mon temps libre pour essayer moi-même et pouvoir procéder à mon shopping. Évidemment, voir certaines pièces portées et faire des recherches pour mes clientes peut me permettre parfois de trouver des choses pour moi.” acquiesce Gisela avant de poursuivre. ”Voilà la deuxième boutique. Comme je vous le disais ce sera très vintage et il y a une partie du magasin qui est de la mode seconde main, avec des pièces authentiques. En plus, c'est très bien vu le recyclage vestimentaire ces derniers temps.”

Des fois Aline se demandait pourquoi elle continuait à demander de l'aide à Gisela. Tout simplement parce qu'elle aussi avait l'oeil. Mais peut-être pas autant que la belle personal shopper. Mais elle avait tout de même l'oeil. Alors à elles deux c'était pas mal. Ça rendait les séances un peu moins longues ou, au contraire, complètement plus longues. Tout dépendait de la période et du temps qu'elles avaient ainsi que les accords qu'elles avaient. Et, même si Aline ne manquait pas d'argent, elle se fixait toujours plus ou moins un budget. Un budget qui dépendait de la saison, de ses revenus, et de ses envies. De ses vacances aussi. Parce qu'elle prévoyait des vacances régulièrement. Prévoyait. Ca ne veut pas dire qu'elle y allait. Petite nuance. Sans oublier qu'elle pensait à acheter une villa. Une petite, pas une trop grande, mais ça avait un coût quand même. Jusqu'ici elle vivait sous ses moyens parce qu'elle était très prévoyante, mais elle avait des projets et l'envie de dire merde et de se faire plaisir. Et de se rapprocher encore plus de sa soeur. Dans le même quartier ce serait sympa. Ce n'était pas comme si elles allaient chacune chez l'autre presque tous les jours. Ah...bah si.

Peu importe, Aline essaya les hauts avec la salopette et trouva qu'un d'eux était du même genre que ce qu'elle avait. Elle prit donc un autre de la même couleur, pour en avoir deux au cas où elle voulait la mettre deux jours d'affiler. Ouais, une fille ne change pas forcément de vêtements tous les jours. C'est dégueu ? Absolument pas. C'est surtout pas pire que les hommes qui ne changent de caleçons que tous les deux jours en les retournant. Dégoutant. Bref.

" Oui j'imagine. Ça doit être à la fois pratique et frustrant. " elle sourie et regarda Gisela. " Oh oui ? Et bien...j'adore la seconde main. Comme vous devez le savoir depuis le temps maintenant. " l'influenceuse ricana avant d'entrer dans la boutique. Un peu après cela, quand elles finirent dans la deuxième boutique, Aline invita Gisela a boire quelque chose. Bubble tea, café, chocolat chaud, peu importe. " Vous voulez boire quelque chose peut-être ? J'invite. "

@Gisela Widerstand

Naturellement, quand Gisela fait du repérage pour ses clientes, elle peut être amené à voir des pièces pour elle. Quand elle est seule, ce n'est pas bien gênant et elle peut s'autoriser un essayage imprévu, si elle a un vrai coup de coeur mais, évidemment, quand elle est en plein essayage pour ses clientes et avec ces dernières, le professionnalisme prime sur le reste, toujours. Elle ne peut pas se permettre d'abandonner sa cliente pour faire son propre shopping. Quand elle travaille, ce doit être comme n'importe quel autre travail et elle doit rester focus sur ce qu'elle fait. De la même manière qu'un concessionnaire auto ne s'achète pas une voiture en même temps qu'il réalise la vente d'une autre, elle ne peut donc pas s'autoriser à faire des achats, quand elle est en rendez-vous professionnel, ce ne serait pas sérieux. Elle s'y refuse. Elle a mit trop de temps à établir sa réputation pour tout envoyer valser, pour prendre le risque de tout perdre. Elle ne le permettra pas.

"- Pas vraiment, ou j'en ai l'habitude et la frustration a totalement disparu aujourd'hui, au point que je ne me souvienne pas qu'elle a pu exister. Mais c'est mon travail et je dois être concentré sur celui-ci, comme n'importe quel autre corps de métier." remarque la blonde. "Même s'il est vrai que certains, sur leur lieu de travail, préfèrent faire tout autre chose que ce pour quoi ils sont payés mais... Disons que quand on est son propre patron, ce n'est pas tout à fait la même chose, naturellement."

Comme Gisela annonce la suite du programme, alors qu'elles doivent aller dans une boutique vintage, proposant du seconde main, elle opine de la tête comme sa cliente affirme aimer cela. Effectivement, Gisela s'en souvient. Cela aussi fait parti de son travail. Elle doit se souvenir des préférences de sa clientèle, de chaque client en particulier, pour ensuite leur faire un shopping personnalisé, le plus en adéquation possible avec leurs goûts.

"- Effectivement, vous me l'avez déjà mentionné." remarque la blonde.

Poursuivant leurs achats dans la deuxième boutique, donc, elles en sortent au bout d'un long moment, le shopping terminé et Aline en profite alors pour proposer de boire quelque chose, proposant de l'inviter. Si Gisela n'a aucun rendez-vous de prévu ensuite, elle hésite. Ce ne serait pas très professionnel d'accepter, mais ça ne l'est pas non plus vraiment de décliner l'invitation, aussi anodine, d'une cliente fidèle.

Bon, c'était certain que, pour le coup, la jolie blonde se faisait passer pour quelqu'un de...bête ? Elle posait parfois des questions un peu inutiles, en fait. Du moins c'est ce qu'elle avait l'impression de faire, ici. Gisela semblait trouver ça normal de ne pas avoir à se disperser dans son métier, comme dans tout métier. C'est vrai. Aline aussi, trouvait ça normal. Mais bien sûr elle avait oublié, quelque part, que justement, c'était un boulot, ce que faisait la quarantenaire. Un boulot certes sympathique, qui peut nous faire trouver de jolies pièces pour nous, qui peut nous faire de la pub puisque les clients peuvent parler d'elle autour d'eux. Mais le plus important, oui, le plus important, c'est qu'il ne faut pas se disperser et oublier qu'il s'agit là d'un travail. Combien de fois la blonde avait entendue dire que son propre métier n'en était pas un ? Pourtant elle gagnait sa vie grâce à lui. Alors oui, elle se sentit un peu bête d'avoir posé cette question, tout en se disant que, peut-être, elle aurait dû réfléchir avant de parler. Et en même temps, dans le ton de la blonde, il n'y avait rien de méchant. Rien qui n'avait pour but de laisser penser qu'elle avait dit quelque chose de mal.

Aline, après que le shopping soit terminé, propose de boire quelque chose, mais elle se rend compte, en revenant un peu en arrière, que Gisela travaillait. Elle ne considérait sans doute pas la jeune femme comme autre chose qu'une cliente fidèle. Parce que oui, pour être fidèle elle était fidèle. Prendre un verre semblait donc un peu gênant. " Ne vous sentez pas obligé de dire oui, je peux comprendre que ce ne soit pas... " elle chercha un mot qui décrirait parfaitement bien la situation " approprié. ". Alors elle sourie, cachant un peu sa gêne et le fait qu'elle se sentait, encore une fois, je me répète, bête.

@Gisela Widerstand

Si pour certains faire du shopping est un passe-temps, pour Gisela il s'agit bien là de son métier. Elle fait du shopping pour autrui, littéralement, et est chargée de trouver les meilleures pièces pour correspondre au style et à la silhouette de ses clients en évitant à ces derniers de passer un temps fou dans les magasins. De fait, elle y passe elle-même sa vie mais ne peut pas prendre le temps de regarder pour elle-même, même lorsqu'elle voit des choses sympathiques. Et puis, quelque part, il faut bien admettre qu'à force de voir tous ces vêtements, qu'à force de passer sa vie entre les divers tissus, elle n'a plus le même regard sur toutes ces choses là. La frustration est aujourd'hui inexistante. En fait, c'est un peu comme quand on abuse de quelque chose. On en a plus vraiment envie par la suite et pour Gisela c'est un peu le cas, peut-être. A force de voir des vêtements sans arrêt elle n'est même plus tentée pour s'en acheter, consciente qu'elle en a plus que nécessaire dans son dressing.

Comme Aline lui propose de terminer la séance shopping autour d'un petit verre ou d'un café, Gisella hésite. Ce n'est normalement pas quelque chose qui se fait, mais les clients l'invitent rarement à passer encore un peu de temps ensemble après le shopping, en général. Ce n'est pas une situation à laquelle elle a l'habitude d'être confrontée et, de fait, elle ne sait pas totalement comment réagir dans cette situation, si bien que sa cliente comprend rapidement qu'elle ne sait pas se décider, que cette proposition lui pose un peu problème. Elle ne sait pas ce qui serait le plus professionnel. Décliner poliment ou, au contraire, faire plaisir à une cliente fidèle et accepter l'invitation ? Elle ne voudrait pas froisser mademoiselle Morel, quoi que cette dernière puisse dire.

"- Hé bien, je n'ai personne après vous alors... Nous pourrions effectivement aller prendre un petit café ou... quelque chose de chaud." admet la blonde, finalement.

Proposition acceptée ? Woaw, Aline ne s’y attendait pas. Tellement pas, d’ailleurs, qu’elle demanda confirmation : « Vous êtes sûre ? Je ne vais pas me vexer si vous refusez. ». Sans même s’en rendre compte les deux femmes étaient sur la même longueur d’ondes. Du moins…Gisela pensait froisser Aline qui lui disait qu’elle ne serait pas vexée si elle refusait. C’est important, tout de même, d’avoir un accord de quelqu’un pas parce qu’elle craint de faire du mal ou de rendre la personne un peu morne ou, tout simplement, de la vexer. Puis il en fallait beaucoup à la blonde pour se trouver dans cette situation morale.

L’influenceuse sourie quand Gisela accepta définitivement. « Je vous propose d’aller mettre les sacs dans la voiture et d’aller dans le café juste à côté. Starbucks ou tout autre endroit ? ». Pour le coup la jeune femme ne connaissait pas les goûts de la femme à côté d’elle. Pas sur ce point-là du moins. Après une discussion, elle connaissait un peu ses goûts vestimentaires (puis elle voyait comment elle s’habillait). Elles allèrent à la voiture d’Aline qui y mis ses sacs. Il y’en avait peut-être un peu trop, d’ailleurs. Puis elles allèrent en direction de l’endroit où elles trouveraient des boissons chaudes. La presque trentenaire allait sûrement se prendre un chocolat chaud avec de la chantilly. Elle aurait voulu un peu de touche de cannelle, mais pas sûre que ce soit si bon que ça. Pourtant elle aimait ça, la cannelle. Tout dépendait du dosage, cependant.

Elles entrèrent dans le café et Aline commanda après Gisela avant d’aller s’asseoir et de poser leur manteau respectif. Elle se sentait un peu embêtée, de ne pas avoir laissé tranquille Gisela pour qu’elle rentre chez elle tranquillement après ce shopping. Pourtant elle ne semblait pas si mécontente que cela. Alors la blonde se réconforta sur ce point.

Gisela n'a pas vraiment l'habitude d'accepter de boire des coups ou des cafés avec ses clients en dehors des rendez-vous shopping et Aline semble le comprendre, se montrant soucieuse d'obtenir réellement l'accord de la quadragénère, affirmant qu'elle ne se vexerait pas le moins du monde si cette dernière venait à refuser l'invitation. Il est vrai que la personnal shopper se pose la question du professionnalisme dans tout ça. Ce n'est pas très pro de copiner avec la clientèle, si ? Mais ça n'est pas non plus spécialement délicat de décliner une invitation aussi polie et bien intentionnée que celle d'Aline Morel. En même temps, elle a également besoin, pour que ses clients continuent de lui être fidèle, de ne pas les décevoir. De leur être agréable, de les mettre à l'aise. Et parfois, la meilleure façon de faire son travail, c'est peut-être bien de prendre le temps de connaître ses clients au-delà d'un simple dossier. Aussi Gisela hésite-t-elle encore, avant d'opiner de la tête.

"- Oui, je suis sûre."

Elles se dirigent donc vers la voiture d'Aline pour mettre les sacs dans son coffre, cette dernière proposant de procéder ainsi avant de se rendre au Starbucks tout proche. C'est une bonne option. Gisela doit avouer qu'elle préfère nettement l'idée de prendre un café, plutôt que celle de prendre un verre. Boire avec une cliente c'est sûrement encore un peu trop pour elle. Du reste, ce n'est pas le genre d'endroit qu'elle a l'habitude de fréquenter. Elles se sont toujours bien plus à son aise dans les cafés, ou encore mieux, les salons de thé.

"- Starbucks, ce sera parfait." affirme-t-elle.

Les sacs placés dans le coffre, il ne leur faut que quelques minutes pour être installéed au café après avoir commandé. Devant elle, Gisela observe le macchiato caramel lui faisant face alors que le silence règne, presque un peu gêné. Elle se racle finalement la gorge en cherchant à le rompre.

"- Cela fait combien de temps que vous êtes arrivés à Hambourg ? Car vous m'aviez dit être française, n'est-ce pas ?" questionne la blonde.

À vrai dire, l'accent d'Aline ne laisse aucun doute sur le fait qu'elle soit française mais la blonde réalise qu'elle ne sait rien des motivations d'Aline à venir s'installer à Hambourg, se perdre sous la grisaille allemande.

« Ouhla. Euh… » Aline réfléchit bien à sa réponse. Depuis combien de temps était-elle à Hambourg ? Deux ans ? Trois ? Moins ? La mémoire qui flanche. En réalité la pauvre Aline n’a aucun sens de la réalité. Du moins elle n’arrive pas à se repérer dans le temps quand ça date de trop longtemps. De plus de quelque mois en tout cas. « Je dirais deux ans ? Oui j’ai très peu de mémoire en matière de time line. » elle rit légèrement. « Mais ma sœur est arrivée en 2017 et je suis arrivée après quelques temps. Elle me manquait beaucoup. ». Mais ce n’était pas tout. Oh que non. Au contraire : elle était venue là aussi parce qu’elle avait rompu avec une certaine personne qui lui avait fait un certain mal et qui s’était servi d’elle. Pourtant, le dire ne serait peut-être pas une bonne idée. Non seulement parce qu’elles ne se connaissaient pas encore assez personnellement, mais surtout parce que c’était encore un peu douloureux. Forcément. Même si ça fait un moment. Même si…ça fait quelques temps maintenant, quelques années. Ou au moins une et demie. Mon dieu mais comment se faisait-il qu’elle avait aussi peu de mémoire en ce qui concernait le temps ? Certains c’étaient les dates d’histoire, elle c’était le temps.

« Et vous êtes personnal shopper depuis combien de temps ? Plus longtemps que je suis ici je suppose. » Après tout elle-même était youtubeuse et influenceuse depuis plus longtemps que le temps qu’elle était ici. Et ce n’était pas pour parler de l’âge de la quadragénaire. D’ailleurs Aline ne connaissait pas (ou plus) son âge. De toute manière elle n’avait pas vraiment à le connaître. Quoi que…une personnal shopper de plus de soixante ans ne fait pas le même job qu’une personnal shopper de quarante ans ou de trente ans. Jusqu’à quel âge peut-on exercer ce métier, d’ailleurs ?

Aline, prenant qu’elle avait son café en face d’elle, le prit et bu une gorgée. Il était délicieux. Elle était tellement perdue dans la discussion et dans ses pensées qu’elle avait oublié ce qu’elle avait commandé. Mais les saveurs ne faisaient aucun doute. Eh bien oui, ce n’était pas un café mais un chai tea latte. Elle ne put s’empêcher de rire. « Désolée, je viens de me rendre compte que j’avais oublié que j’avais pris un thé et non un café. ». Pauvre Aline, elle était peut-être fatiguée, après tout. Pourtant elle ne voulait pas donner cette impression.

Alors qu'elles se retrouvent dans le café, leurs consommations devant elles, Gisela engage la conversation, cherchant à en apprendre d'avantage au sujet de cette jeune femme qui lui fait face et qui est sa cliente. De fait, sachant bien que cette dernière est française - son accent ne trompant pas, d'ailleurs - elle s'intéresse à l'arrivée d'Aline en ville, se demandant à quand peut bien remonter celle-ci, une question qui semble perturber son interlocutrice au plus haut point comme elle se perd dans ses pensées, ses souvenirs, essayant de se remémorer quand elle a bien pu arriver en ville, se repérant au fait que sa sœur y soit arrivé un peu avant elle, en 2017. Gisela étire ses lèvres en un léger sourire compatissant lorsque la blonde avoue que son aînée lui manquait. Elle ne comprend que trop bien ce sentiment, même si Hansel n'est pas vraiment son frère et qu'il ne lui manquait pas pour les mêmes raisons qu'Astrid avait manqué à Aline. Peu importe. Elle sait ce que c'est que de vivre loin de ceux que l'on aime, puisque c'est ce qu'elle fait avec le jeune homme depuis longtemps, mais aussi ce qu'elle fait avec sa mère et l'ensemble de sa famille.

"- Je comprends." souffle-t-elle en regardant son macchiato devant elle. "C'est difficile de vivre loin des personnes que l'on aime."

Mais Aline n'a-t-elle pas encore ses parents en France ? Gisela fronce les sourcils en y songeant. Elle avait retrouvé sa sœur certes, mais qu'en était-il de leurs parents ? Et pourquoi sa sœur était-elle venue s'enterrer en Allemagne ? Le choix a de quoi surprendre. La France est dit-on un pays bien plus agréable au niveau des températures, trop pour que les français puissent se résoudre à quitter leur soleil et venir s'installer outre-Rhin.

"- C'est un choix curieux, l'Allemagne, pour des françaises. Surtout le nord de l'Allemagne, le climat est connu pour être un peu... capricieux. Est-ce que ce n'est pas trop difficile de s'y adapter ?" questionne la blonde avant d'être soumise, elle aussi, aux questions d'Aline, sur sa vie professionnelle, pour sa part. "Depuis une vingtaine d'années, à vrai dire. Je n'ai jamais exercé aucun autre métier." confie-t-elle avant de porter sa tasse à ses lèvres pour apprécier son macchiato.

Aline en fait de même, rapidement désabusée par sa boisson qui s'avère ne pas être un café mais un chaï. Gisela esquisse un sourire.

"- Effectivement, ça doit surprendre un tantinet la langue..."

Le manque des personnes aimées, on connaît bien, ici. Aline manque à ses parents, mais ses parents manquent beaucoup à Aline. Et sûrement à Astrid aussi. C'était même indéniable. Elle était si proches d'eux. Surtout de son père. Petite fille à papa, dirons nous. Mais ce n'est pas forcément du mauvais côté. Au contraire. Ils sont proches l'un de l'autre et il n'y a rien de plus pur que leur relation père/fille. Une relation qui dure depuis...ouf...la naissance d'Aline ? Bon, trêve de plaisanteries, il faut parler sérieusement, des fois. Des fois. "C'est certain." répondit simplement la jeune femme à la femme à peine plus vieille qu'elle. Puis elle l'écouta. Un choix peut-être curieux pour certains, mais pas pour les deux soeurs qui étaient certaines de leur destination quand elles ont pris le fameux avion qui les ont mené ... et bien .. ici. Dans ce trou perdu. Non, c'est faux. Ce n'est pas vraiment un trou perdu. En Allemagne il y en a des vraiment plus flagrants. Des endroits qui donnent la chaire de poule, aussi. Des endroits qui ... bref, arrêtons d'y penser. C'est qu'Aline ne va pas au bout de ses pensées, ce soir. Tant pis, temps qu'elle va au bout de ses phrases dites à l'oral tout va bien. "Bizarrement non. Ce n'est pas si compliqué que ça. Mais il faut tout de même faire attention à ce que l'on dit. Disons que l'allemand est une langue très..." elle s'arrêta et dit en français : "Gutturale.". Aucune idée de si Gisela connaissait le mot en allemand. En tout cas ça ne sembla pas désarçonner la jeune blonde qui, elle, continua : "Mais non, ça va. Franchement j'ai vu pire comme apprentissage et comme intégration, si on peut dire ça comme ça.". Elle laissa un certain suspens. "La France, par exemple.". Oui, clairement, elle critiquait la France qui n'était pas le meilleur pays du monde pour l'adaptation. Notamment grâce (à cause) de l'amabilité ou des regards assassins dans la rue. Bien sûr il y a des endroits mieux que d'autres. Comme partout. Mais Aline avait une certaine image de son pays qui était assez surprenante pour les autres. Tout simplement parce qu'elle ne l'aimait pas plus que ça, mais aussi parce qu'elle y était un minimum attaché. Oui. C'est compliqué tout ça. "Je vois...et vous avez beaucoup de famille ici ?" questionna la presque trentenaire à son tour. Temps qu'à faire : autant continuer sur la famille. "Juste un peu." avoua-elle enfin, tout en finissant par rire. Surprenant, oui. Disons qu'elle s'entraînait sans même le savoir. Elle s'entraînait pour le moment venu. Le moment où elle aurait un enfant. Oui. Pour CE moment. Sans même savoir que ça allait arriver plus vite que prévu.

En tout cas elle regarda son chaï et en reprit une gorgée. Tellement bon. D'ailleurs, en repensant au début de leur conversation sur l'adaptation, Aline se demanda si Gisela parlait d'autres langues que l'allemand. Et..elle ne fit pas que se poser la question puisqu'elle la lui posa.

@Gisela Widerstand

C’est difficile de vivre loin des personnes que l’on aime, c’est certain, mais Gisela était persuadée de l’avoir fait pour une bonne raison. Que si c’était à refaire, elle recommencerait de la même manière, par égard pour sa mère. Elle ne pouvait tout simplement pas songer être responsable de quelques peines de cette dernière et elle est sûre et certaine que, si sa mère avait été au courant de ses sentiments pour Hansel, elle aurait culpabilisé. Après tout, en épousant le père de ce dernier, elle avait tout à la fois permis aux deux jeunes gens de se connaître, mais leur avait aussi empêché de pouvoir prétendre à un avenir. Ensemble, ils n’en avaient aucun. Ils ne pouvaient en avoir aucun. Bien qu’ils n’aient aucun lien de sang, ils étaient de la même famille. Ils étaient liés. Et elle ne pouvait pas faire ça à sa mère. Elle ne pouvait tout simplement pas lui briser le cœur, de quelque manière que ce soit. Alors partir, ça avait été sa manière d’aimer. Sa manière de se protéger, de protéger sa mère également. Certains pourraient dire que c’était lâche. Mais ils ne savent pas ce que c’est que d’être à sa place. Que de sentir son cœur vibrer pour son demi-frère.

Ainsi, la quadragénaire comprend parfaitement qu'il puisse être dur de vivre loin des siens, pour l'avoir expérimenté elle-même. Mais elle n'a pas changé de pays, ni de langue. Elle n'a fait que migrer jusqu'à la capitale. Aline, pour sa part, a fait un choix plus drastique. Celui de tout quitter. Celui d'abandonner jusqu'au Français pour venir en Allemagne. Et pas n'importe où dans le pays mais très au nord, là où le climat doit la changer de ce qu'elle a toujours connu.

Elle écarquille les yeux comme Aline, dans un français parfait, avec son accent lyonnais, emploi un mot dont elle ne saisit pas le sens, ni même vraiment les sonorités. Non, ce mot "guttural" elle ne peut pas le comprendre. Elle ne visualise même pas vraiment comment cela peut s'écrire.

"- Je suis désolé je n'ai... Je n'ai pas compris... Mais oui, la langue c'est peut-être ce qu'il y a de plus difficile. Mais le français est si compliqué... L'allemand semble vraiment si difficile en comparaison ?" Elle fronce les sourcils, craignant d'avoir mal compris le propos d'Aline. "Vous voulez dire que la France est moins accueillante ?"

Alors ça, elle ne l'aurait jamais envisagé. Elle a un peu de mal à imaginer, surtout, que l'on puisse "casser du sucre" sur le dos de son pays, quand bien même on y vit plus. Elle, elle a l'Allemagne dans le sang et, même si tout n'y est pas idyllique, elle la défendrait toujours.

Comme Aline la questionne sur sa famille, Gisela se raidit un peu. Beaucoup. Sa famille est démantelée et ce n'est pas quelque chose dont elle aime parler. Elle a une mère, un beau-père, un demi-frère et... tout est très compliqué. Rien qu'elle n'ait envie d'évoquer. Alors elle se contente de porter sa boisson à ses lèvres, en appréciant la saveur. Non, elle ne peut pas parler de la maladie de sa mère et encore moins de ses sentiments pour Hansel.

"- J'imagine oui." souffle-t-elle comme Aline est surprise par sa boisson.