les enfants ne doivent pas souffrir des problèmes des grands (Saskia)

La séparation avec Luzia équivalait à quelques concessions de la part de tout le monde, Luzia elle-même, les filles et leur frère, et évidemment, lui. Brecht n'aimait pas être loin de sa famille, c'était un vrai crève cœur, et s'il habitait maintenant dans cet appartement à Altona, ce n'était pas pour son bon plaisir, mais juste pour ne pas déloger sa femme qui voulait partir. Ce n'était pas à elle de quitter la maison, c'était encore moins à elle de banquer pour se loger ailleurs alors que lui avait fait l'erreur... Aujourd'hui, il était venu chercher les filles et Noah, pour les avoir pour la semaine. Les papiers du divorce qu'il tenait en otage n'étaient toujours pas signés, pourtant, il régnait un climat de divorce dans l'air, ça planait comme ça au dessus d'eux, et la seule qui pouvait arrêter tout ça, c'était Luzia, la magnifique Luzia blessée et trahie par un mari qui avait fait une erreur. Brecht ne pensait pas que son histoire s'étalerait comme une trainée de poudre sur toute la famille, il n'imaginait pas que ses filles seraient au courant et que tout le monde se retournerait contre lui. Pourquoi personne ne pouvait comprendre que lui aussi souffrait et qu'il n'était pas qu'un connard qui avait fauté ?
Il sentait que les filles lui en voulait, du moins, surtout Saskia. L'adolescence la rendait déjà un peu difficile comme ça, alors maintenant qu'elle savait qu'il n'était pas le papa parfait qu'elle imaginait peut-être, elle lui pardonnait moins de choses, et ça, ça avait bien le don de lui briser le cœur. Ses filles, son fils, sa femme, ils sont toute sa vie, il pourrait encore vendre son entreprise à laquelle il tient, plutôt que de perdre sa famille et pourtant, en un clin d'oeil, c'était presque l'équivalent de si elle lui échappait, cette si belle unité pour laquelle il vivait. Zoe était endormie, il venait de border Noah, il ne restait plus que Saskia, la belle rebelle qui ressemble trait pour trait à sa mère, dans les meilleurs points par chance. Il sait qu'elle n'aime pas cette nouvelle situation, qu'elle la vit peut-être tout aussi intensément que sa sœur, mais aussi plus expressivement face à son père.

Elle était au salon. Brecht débarrassait les derniers verres qu'ils n'avaient pas enlevé du repas du soir. Même si les tensions restaient avec les jumelles, il aimait les avoir avec lui, même si ce n'était pas à la maison, même si ce n'était que dans cet appartement qu'il louait provisoirement, du moins il l'espérait. Il la regarda de loin, un sourire aux lèvres. Ce qu'elle avait grandit. Il avait parfois envie de la cacher pour que les garçons ne la voient pas. Ils avaient déjà des problèmes de famille, il espérait tout sauf l'arrivé d'un probable petit ami qui vienne chambouler le peu de tranquilité qu'ils avaient. Pour Zoe, c'était la même beauté, mais il avait moins de crainte pour elle qui était plus centrée sur ses cours. Brecht finit par rejoindre sa fille, lui touche les cheveux au passage, sa magnifique chevelure, qu'au moins, elle tenait de lui comme il aimait souvent le dire, et il s'assit près d'elle. « Tu ne pars pas te coucher ma puce ? »  Il se passe une main dans les cheveux, comme pour les mettre en bataille avant de continuer. « Est-ce que ça va toi ? Tu n'as pas dis un mot de la soirée ! » fit-il d'un air inquiet.

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Il ne peut que sentir que ça ne va pas vraiment avec Saskia. Il ne peut juste pas en savoir les raisons. Il ignore Brecht, il n'a pas envie de se dire encore une fois qu'il chamboule la vie de tout le monde, juste parce qu'il a voulu, égoïstement se sentir bien avec une autre, pour ne pas se perdre dans les absences de Luzia. Ca allait trop loin, beaucoup trop loin, si bien qu'il avait prit peur d'avoir pour celle qui ne portait que le nom d'amante, des sentiments qui finiraient par remettre en question toute sa vie. Alors il fermait les yeux, encore de manière presque égoïste, alors qu'li savait bien que toute cette histoire éclabousait sur les enfants, notamment Saskia qui avait bien entendu leur première dispute à la maison. Il l'avait déçue, il n'y avait pas besoin de l'entendre de sa bouche pour le comprendre, c'était évident.
Brecht rejoint alors sa fille sur le canapé. Elle est en position de replis, et c'est une façon de plus pour lui de comprendre qu'il y a vraiment un problème. Il ne veut pas lui poser la question sur l'instant, il connait déjà la réponse qu'elle lui donnerait, mais il ne peut pas faire passer ses propres sentiments au détriments de ceux de Saskia. Peut-être a-t-elle besoin de parler, tout parent sait que la communication avec son enfant est importante. Est-ce qu'il est le seul fautif ? Brecht voit apparaître un lueur brillante dans les yeux de sa fille, une lueur tremblante qui ne pouvait être qu'une larme, des traits qui se tordent pour donner d'elle un visage plus complexe que simplement triste. Quand arrêtera t-il de faire pleurer les personnes qu'il aime ? Quand est-ce que tout ça trouvera sa solution ? Il ne fait pas rien pourtant, il essaie de retrouver Luzia, et que peut-il faire de plus maintenant ? Il s'est excusé plusieurs fois le bonhomme, il ne peut pas le faire éternellement.... Oh qu'il déteste ça aussi, qu'il s'en veut d'avoir fait ce qu'il a fait, d'avoir voulu se consoler dans les bras d'une autre, il s'en veut di'mposer aux filles et à leur frère, cet appartement qu'il loue de manière temporaire, se demandant s'il le quittera un jour, si Luzia réussira à passer par dessus son erreur pour l'accueillir à nouveau sous le même toit ou encore dans le même lit. Saskia déteste tout ce que Brecht a en culpabilité. Il s'empresse de se faire glisser près d'elle pour la prendre dans ses bras. Il ne laisse jamais ses filles pleurer seules. « Saskia... Saskia ma chérie, je te jure, vraiment que je m'en veut. Je sais ce que tu penses, mais j'aimerais aussi être avec vous à la maison, avec ta mère, mais tu sais que ces choses demandent du temps. Ta mère est blessée, je l'ai blessée, et j'espère qu'elle pourra finir par me pardonner. J'aimerais que tout soit plus facile ma puce, il faut sans doute être patient. Tu sais que j'aime ta mère, elle le sait aussi, mais le plus important, c'est que je t'aime toi, ta sœur et ton frère, et ça, ça ne changera pas quoi qu'il arrive. Et puis Luzia, elle vous aime de la même manière. Même si... vous ne nous perdrez aucun des deux. » Il n'était plus certain que ça s'arrange un jour, il le voulait mais ça ne dépendait plus de lui, c'était la volonté de Luzia et il n'attendait que ça, qu'elle fasse un pas vers lui avec tout ceux qu'il avait fait vers elle. Il se sépare de sa fille, relachant son étreinte avec douceur pour la regarder dans les yeux. « Rien n'est encore fait, et je te jure que je fais en sorte de me racheter. » sa voix se teinte d'un sanglot étouffé pour qu'il n'en paraisse rien, pour ne pas montrer qu'il souffre plus qu'il ne le paraît. Rien n'est encore fait, mais il sent que sa femme lui échappe, que tout glisse entre ses doigts et qu'il n'a plus de vraie prise pour rattraper ce qui tombe lentement sans qu'il ne puisse plus y faire grand chose.

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