[Ft. Astrid] Désolée, je viens squatter !

Ses AirPod 2 fermement fixés aux oreilles, Aline ne prêta aucune attention à l'hôtesse qui gesticulait à ses côtés pour lui proposer une collation. Elle avait franchit les portes de la carlingue de l'avion AirFrance pour un peu moins de 2h de vol, et ils ne devaient plus se trouver bien loin de l'arrivée. Ouf ! Quelle perte de temps tous ces transports... Finalement, la jeune femme sursauta lorsque la main fraîchement manucurée de la quadragénaire vint soudainement se poser sur son épaule, comme pour attirer son attention.  

Levant un sourcil d'étonnement, Aline porta la main à son oreille pour y retirer l'un de ses écouteurs : depuis quand une hôtesse forçait à la consommation au point de provoquer un contact direct avec un client ? « Excusez moi ? » lâcha simplement la blonde en rivant son regard inquisiteur vers celui de l'hôtesse. Habituellement, l'influenceuse était sympa. Beaucoup plus sympa. Mais là, son monde s'effritait, tombant en lambeaux autour d'elle sans qu'elle ne puisse rien y faire alors... Au diable les convenances, elle emmerderait les gens au moins pour les deux semaines à venir. Si ce n'est plus.

- « Il me semble que vous avez perdu quelque chose Mademoiselle », répondit simplement l'hôtesse en désignant du menton un objet au sol semblant compromettre le passage de son chariot.

Aaaah, mais c'était donc ça ! Comme quoi, l'équipage des compagnies aériennes françaises ne pousse pas encore les clients à la consommation au point de les sortir de leurs rêveries d'une main sur l'épaule. Voilà notre Aline rassurée. Mais son répit fut d'une bien courte durée : se penchant sur l'accoudoir de son siège pour apercevoir l'objet perdu responsable de tout de tintouin, elle étouffa un cri de stupeur qui sembla amuser l'hôtesse de l'air. La jeune femme lança sa main avec précipitation pour se saisir de cet affreux test de grossesse positif qui avait dû glisser de son sac à main positionné un peu n'importe comment sur ses genoux depuis le décollage.

Aline sentit le rouge lui monter aux joues et décida de récupérer rapidement cet objet avant qu'il ne finisse par alerter tout l'avion. Elle ramena donc sa main à elle avec empressement. Manque de chance, ses phalanges percutèrent assez violemment l'accoudoir et le fameux test sensé rester secret s'envola dans les airs pour atterrir sur les genoux du voisin de derrière. Merde. Laissant malgré elle franchir de ses lèvres un son mélangeant douleur, stupeur et gêne, Aline se retourna d'un seul coup et bondit vers son voisin arrière pour récupérer son bien. « Désolée » bredouilla-t-elle simplement en évitant soigneusement le regard de l'homme tout en fourrant rageusement le test de grossesse à la place qui lui avait été premièrement désignée et de laquelle il n'aurait jamais du bouger : la pochette avant de son sac à main.

La blonde se rassit correctement dans un long, très long soupir. Elle replaça avec exaspération ses longs cheveux, souhaitant oublier cet horrible incident. Un mouvement dans son champ de vision attira de nouveau son attention. L'hôtesse. Putain, mais elle était encore là celle-là ? Aline, aussi rouge qu'une tulipe printanière, soupira exagérément. Elle se racla discrètement la gorge pour tenter de dissiper la gène et lança à la femme, toujours sans la regarder « Je, euuh... Un jus d'ananas. S'il vous plait. » prononça-t-elle dans un souffle.

"Aller, donne moi mon putain de jus d'ananas et casse toi maintenant, je crois que tu t'es assez payé ma poire, non ?!" pensa la Youtubeuse en attrapant le verre tendu par la quadragénaire. L'hôtesse positionna ses mains sur la barre du chariot pour s'éloigner dans l'allée lorsqu'une perturbation ébranla l'appareil dans son vol jusque là paisible. « Non non non non ! Eh merde ! » gémit Aline en frottant son tee-shirt désormais tâché de jus jaune. Elle s'était montrée plus grossière au cours des 10 dernières minutes que dans sa vie toute entière, mais c’en était trop. Elle avait réellement la poisse ! Au moins, elle aurait eu le mérite de bien divertir l'hôtesse et ses voisins proches... D'ailleurs, cette dernière s'éloignait tout en gloussant.

~~ Few moments later ~~

L'avion s'était posé. Enfin. Après avoir attendu quelques minutes sa valise, Aline se dirigea vers le check point où attendaient toutes les personnes venues chercher un proche. La jeune femme avançait nonchalamment, de toute façon sa journée pouvait difficilement être pire. Avec un peu de chance, Astrid serait déjà là pour l'accueillir et la serrer dans ses bras ? Le visage dépité d'Aline s'éclaira d'un léger sourire à cette pensée. ça faisait des mois qu'elle n'avait pas vu sa grande sœur, elle lui manquait tellement que malgré le contexte, la revoir était réjouissant.

codage par Laxy Dunbar.

Au bout du téléphone, les mots d'Aline avaient donnés à Astrid l'impression que le monde était en train de s'effondrer autour d'elle. Entendre tant de détresse dans la voix de sa sœur et être si loin d'elle, ne pas pouvoir la consoler, la prendre dans ses bras, était absolument insupportable et elle se sentait inutile, alors même que sa cadette déballait la cargaison de confidences qu'elle avait à faire, après avoir découvert que son fiancé était le genre de connard qui voulait l'épouser seulement pour profiter d'elle. Astrid avait vu rouge au moment où elle avait compris comme toutes les années de bonheur de sa cadette avaient étés un mensonge. Pour être honnête, elle devait bien avouer qu'elle n'aimait pas son futur beau-frère. Mais elle avait pensé que ça lui passerait, qu'elle était trop protectrice, qu'elle ne voulait juste pas voir son bébé voler de ses propres ailes trop vite – et lui faire bouffer un oignon le jour de son mariage, car la cadette avait prit mari avant l'aîné, aussi – mais qu'elle ne devait pas tant s'en faire. Comme quoi elle aurait dût suivre ses instincts. Mais elle n'avait jamais pensé qu'il pouvait être un connard à ce point non plus, sans quoi elle aurait ouvert les yeux de sa sœur bien plus tôt et l'aurait sortie des griffes de ce type ! Mais elle n'avait pas vu le coup venir, pas plus qu'Aline au final et la culpabilité d'avoir faillie à sa tâche de grande sœur, de ne pas avoir sût protéger sa cadette, n'avait pas tardé à se faire sentir.

Mais peut importe, car elle avait l'occasion de se rattraper et d'être présente pour sa soeur maintenant. Car aujourd'hui, Aline est là. Bientôt, en tout cas. Le grand jour des retrouvailles a sonné, comme la française a décidé de venir se réconforter auprès de sa sœur, à Hambourg. Astrid compte bien en profiter pour lui changer les idées. Si sa cadette n'avait pas décidé de débarquer, à vrai dire, elle aurait fait le déplacement elle-même jusqu'à Paris pour s'occuper de sa frangine. Mais en attendant, la demoiselle doit déjà aller chercher la plus jeune à l'aéroport et elle attrape son sac à main à la hâte avant de foncer.

Il ne faut que quelques minutes pour gagner l'aéroport heureusement et la demoiselle se gare bien vite. Rejoignant le hall, la jeune femme patiente de longues minutes, guettant l'arrivée du vol depuis Paris tout en scrutant son téléphone, à la recherche d'un message de sa cadette. Les filles commençaient à avoir l'habitude de se retrouver ici, tant Aline venait régulièrement rendre visite à sa sœur. Mais cette fois, tout avait un goût particulier, en même temps qu'Astrid songeait qu'elle ne repartirait pas, cette fois.

Enfin, le message que la demoiselle attendait. Son regard scrute la foule, à la recherche du visage de sa sœur, qu'elle finit par repérer, bien plus loin. Aline l'apercevant aussi, les deux sœurs se rejoignent à grandes enjambées, se prenant l'une dans les bras de l'autre. Cela faisait décidément trop longtemps qu'elles ne s'étaient pas vu et, n'ayant pu lui faire un câlin digne de ce nom quand sa cadette lui confiait ses tourments, Astrid se rattrape maintenant, déposant un baiser sur la tempe de la plus jeune, sans même avoir remarqué l'allure qu'elle a après un voyage pour le moins... mouvementé.

«- Alors ce voyage ? Pas trop long ?» s'enquit la demoiselle avant de poursuivre. «Mais t'as pas finis d'être de plus en plus jolie toi ?» remarque-t-elle en observant sa cadette avant de la serrer de nouveau dans ses bras. «T'as prévenu maman que tu avais atterris, c'est bon ?» demande-t-elle encore, consciente que, sinon, leur mère allait leur envoyer un message à toutes les deux d'ici cinq minutes tout au plus.

codage par Laxy Dunbar.

Les yeux bleus clairs d'Aline parcouraient la salle des arrivées dans l'espoir de croiser ceux, tout aussi bleus, de son aînée. En sortant de l'avion, la blonde avait envoyé un sms à sa sœur pour la prévenir qu'elle n'allait pas tarder. Connaissant Astrid, Aline était sûre qu'elle était déjà sur le pied de guerre, l'attendant de pied ferme.

Ça y est, Aline repéra enfin le visage si familier de sa grande sœur qui, elle, l'avait déjà vu et approchait d'elle à grands pas. Un énorme sourire traversa le visage de l'instagrameuse alors qu'elle aussi, pressait le pas pour serrer sa sœur dans ses bras. Les deux jeunes femmes s'enlacèrent en pleine foule. Lorsque Astrid lui dit qu'elle avait encore embelli, Aline leva les yeux au ciel en prenant un air outrée. Elle embrassa la plus âgée sur le front et en profita pour passer sa main dans ses cheveux légèrement bouclés. « Guten Tag, große Schwester ! C'est l'hôpital qui se moque de la charité là, non ? Regarde toi grande sœur, tu es magnifiques ! »

Reculant d'un pas, Alice conserva la main de son aînée dans la sienne. « Euhm... J'ai fait bon voyage. Je me suis encore fais remarquée... D'ailleurs, regarde moi cette tâche ! Tu penses qu'elle partira complètement au lavage ? » fit la cadette en agitant son tee-shirt salit sous les yeux amusés d'Astrid.

Merde, avec tout ça, la plus jeune des blondes avait complètement oublié de prévenir sa mère. Elle attrapa son téléphone en lançant à sourire triomphant à sa sœur. Aline se dépêcha de pianoter un sms qu'elle envoya sur le numéro correspondant au contact "Muuumy". « Astrid, tu es parfaite. J'avais oublié maman, tu viens de nous épargner à toutes les deux des heuuuuures de blabla sur l'importance des nouvelles » lâcha-t-elle finalement, amusée.

Conservant toujours la main de sa sœur dans la sienne, la nouvelle venue attrapa son énorme valise et entreprit de rejoindre la sortie. « Bon alors, raconte moi tout ce qui a changé depuis ma dernière venue ! Gabriel a-t-il enfin ouvert les yeux ? D'ailleurs, tu es garée où ? Sur le dépose minute ou tu as trouvé une place plus sécurisée dans le grand parking ? » enchaîna la jeune femme. L'espace d'un instant, le fait de revoir cette femme à qui elle tenait tant avait effacé tous ses soucis. Elle était enjouée au possible, prête à redécouvrir cette ville et à échanger des heures et des heures durant avec Astrid. Le reste pouvait bien attendre, les retrouvailles étaient bien plus importantes !

C'était toujours la même histoire, chaque fois que la demoiselle venait chercher Aline à l'aéroport. Toujours trop pressée de revoir sa petite sœur et craignant de lui imposer une quelconque attente, la jeune femme se pointait toujours bien trop tôt dans le hall de l'aéroport, si bien que c'était à elle se poireauter jusqu'à recevoir le message de sa cadette. Cette fois ne faisait évidemment pas exception à l'ordinaire et quand elle reçoit le message de la plus jeune, Astrid est déjà dans le hall de l'aéroport depuis de longues minutes. Une attente qu'elle oublie rapidement toutefois quand elle pose son regard sur la silhouette de sa chère cadette qu'elle s'empresse de rejoindre alors, la pressant contre elle le temps d'une étreinte comme pour s'excuser de ne pas avoir été là plus tôt, quand sa soeur avait besoin d'elle. Et qu'elle était belle, sa soeur. De plus en plus belle chaque fois qu'elles se voyaient. De plus en plus femme, aussi. Déjà vingt-sept ans au compteur. Astrid préférait ne pas y penser, son bébé avait grandit trop vite.

"- Que des bêtises !" proteste la demoiselle comme sa cadette fait de même, affirmant que c'est elle, qui est de plus en plus jolie avec le temps.

Comme Aline s'écarte, racontant ses péripéties de voyage, elle attire l'attention de l'autrice sur une énorme tâche jaune maculant son t-shirt, inquiète de savoir si cela partira au lavage. A l'allure, Astrid suppose que c'est un jus quelconque, aux agrumes peut-être. Quand à savoir si celle-ci allait partir au lavage... elles le verraient bien après avoir tenté l'expérience.

"- On mettra un peu de bicarbonate et du vinaigre blanc comme fait maman !" propose la demoiselle. "Peut-être que ça devrait partir."

Et en parlant de leur mère, la demoiselle s'inquiète justement de savoir si cette dernière a été prévue de l’atterrissage de sa princesse sur le sol allemand, sans quoi elles vont rapidement avoir des nouvelles de cette dernière qui ne manquera pas de leur rappeler l'importance de ne pas laisser leurs pauvres parents s'inquiéter. Et l'idée de les laisser dans l'inquiétude n'avaient rien de plaisant. Il valait donc mieux les prévenir et Aline semble réaliser justement qu'elle ne s'en est pas encore occupé, attrapant alors à la hâte son téléphone pour envoyer un sms.

"- Bien sûre que je le suis !" remarque la demoiselle. "Tu ne le savais pas encore ?" taquine-t-elle gentiment. "Tu veux que je t'aide à prendre ta valise ? Un sac ?"

Décidant de ne pas s'attarder une minute de plus dans l'aéroport, les deux filles traversent le hall de celui-ci avec l'idée de rentrer chez l'autrice, installer les affaires de la nouvelles venue, se poser, profiter de la piscine... Et alors qu'elles marchent en direction de la sortie, Aline presse sa sœur de quelques questions, se montrant curieuse au sujet de Gabriel.

"- Non j'me suis garé au parking 1. Et Gabriel non, il ne sait toujours pas ce que je ressens."

Et c'était certainement mieux que ce dernier l'ignore, elle craignait bien trop de le perdre s'il venait à découvrir la réalité sur les sentiments de celle qu'il prenait pour sa meilleure amie. La demoiselle n'osait ainsi pas assumer ce qu'elle éprouvait pour ce dernier, hormis en présence de sa cadette ou de sa meilleure amie. Mais pour Gabriel, ces sentiments étaient toujours inconnus, secrets et elle culpabilisait même de les éprouver, de ne pas réussir à tourner la page tant il était avec Enora depuis longtemps et la laissait dans l'inconscience des tourments qu'il traversait avec cette dernière.

"- Qu'est-ce que tu veux manger ce soir ?" questionne l'aînée en atteignant son véhicule. "On peut s'arrêter faire des courses avant de rentrer se poser dans la piscine, si ça te tente." suggère-t-elle.

codage par Laxy Dunbar.

Bon sang, ça fait un bien fou de revoir Astrid ! La cadette est aux anges, ragaillardie en quelques minutes à peine alors que son moral peinait vraiment à remonter là bas, en France. Aline ricana lorsque sa sœur contesta également le fait d'être la plus belle : elle faisait toujours ça ! De toute façon, les deux femmes avaient un fort air de famille, il était compliqué de ne pas comprendre, lorsqu'elles étaient côte à côte, qu'elles étaient bel et bien de la même fratrie.  

De nouveau, la plus jeune regarda son tee-shirt avec dépit lorsque Astrid lui dit qu'elles essaieraient de faire partir le jus d'ananas en y mettant du bicarbonate et du vinaigre blanc. C'est vrai que leur mère faisait toujours ça. Aline se flagella mentalement de n'y avoir pas pensé par elle-même. Par la suite, Astrid lui proposa son aide pour porter quelque chose... La jeune femme regarda autour d'elle. Elle avait voyagé plutôt léger et elle n'avait par conséquent qu'à traîner sa grosse valise à roulette et son sac à main. « Euhm... Eh bien non, je ne suis pas venue très chargée comme tu peux le voir. Bizarrement, je n'avais pas envie de garder beaucoup de choses que j'avais en France... » a la mention de sa vie catastrophique avec son ex, la mine de la jeune blonde se renfrogna. « Mais je te remercie pour la proposition ! Est-ce qu'elle tiendra toujours le jour ou nous ferons du shopping ? » finit Aline d'une voix volontairement plus enjouée, comme pour relancer l'ambiance des retrouvailles.

Curieuse, la youtubeuse avait lancé consciemment la discussion vers Gabriel, espérant que sa sœur avait enfin pris son courage à deux main pour lui avouer les sentiments bien plus qu'amicaux qu'elle lui portait, depuis des années. Mais non... ce n'était toujours pas pour cette fois-ci. Pourtant, les deux êtres étaient vraiment très, très mignon lorsqu'ils se trouvaient en présence de l'autre : attentionnés, à l'écoute, ouverts... Non mais vraiment, Gabriel était bel et bien aveugle s'il se coltinait encore sa femme, avec qui sa relation semblait de plus en plus compliquée ! Cependant, consciente de la position de sa sœur, la plus jeune préféra, finalement, ne pas relever et changer de sujet.

Astrid lui proposa ensuite de s'arrêter faire quelques courses pour le repas du soir, puis d'aller se poser entre filles dans la piscine de sa propriété. Astrid se tendit mais essaya de ne rien laisser paraître. La piscine ? En maillot de bain... Elle ne pourrait pas cacher longtemps sa grossesse à son aînée... Elle qui aurait au moins voulu voir le gynéco avant pour s'en assurer... Après tout, peut-être que le très léger renflement de son bas-ventre était empiré par son esprit, et qu'un œil extérieur ne pouvait pas l'apercevoir ?

L'esprit d'Aline pesait encore le pour et le contre lorsqu'elle remarqua qu'Astrid semblait attendre une réponse. Après tout, la laisser patienter ainsi pour quelque chose qui aurait du la réjouir en quelques secondes, ça devenait louche ! L'air de rien, Aline glissa son bras autour des épaules de son aînée et lui sourit « Eh si on se faisait une petite spécialité d'ici ? ça me changera de la nourriture Française... ». Puis elle attrapa sa valise, accompagnant sa sœur vers la sortie « J'ai hâte d'aller me prélasser dans l'eau chaude ! Merci de m'avoir accueilli Astrid, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans ça... »

Elle lança un bisou à sa sœur et reprit l'avancée vers le parking.

Alors que les deux filles vont pour quitter l’aéroport, Astrid offrant son aide à sa cadette, force est de constater qu’en effet, cette dernière a voyagé assez léger, si bien qu’il n’y a rien à porter. Avec elle, la demoiselle ne semble avoir emporté que sa valise et son sac à main, comme elle le fait remarquer à son aînée. Mais la française reprend rapidement la parole en demandant si, éventuellement, la proposition de sa sœur tiendra toujours une fois qu’elles seront en train de faire du shopping. De toute évidence, Aline ne compte pas se passer bien longtemps de l’un de leurs passe-temps favoris et l’aînée imagine déjà qu’elle aura, très rapidement, une demande de sa cadette pour sortir faire les boutiques.

«- Tu ne perds jamais le nord toi, hein ?» questionne l’autrice en toisant sa sœur, un sourire en coin avant de rire franchement. «Aucune pitié pour ta pauvre vieille sœur !» proteste la demoiselle comme pour sous-entendre que les sacs de shoppings seraient plus lourds que ne l’aurait été ses bagages. Ce qui, selon les bagages, pouvait s’avérer exact, ceci dit. «Mais oui, comme si tu ne le savais pas déjà !» remarque encore l'autrice.

Les filles avançant vers la voiture, Aline ne tarde pas à poser quelques questions à son aînée au sujet de Gabriel, curieuse de savoir s’il y avait du nouveau avec ce dernier. Mais non. Astrid n’avait pas osé lui dire tout ce qu’elle pouvait éprouver pour lui. Et lui-même ne l’avait pas découvert. Heureusement. Il avait quelqu’un dans sa vie, elle ne l’oubliait pas. Même s’ils avaient pourtant promis, il y a longtemps maintenant, de se marier. Juste des conneries au détour de la plus surprenante rencontre de leurs jeunes vies. Une promesse qu’ils avaient plus ou moins tenus, quand-même. Ils s’étaient vraiment mariés à Vegas l’année suivante, au cours d’un mariage sans la moindre existence juridique, sans même avoir de prêtre. D’avantage un échange de vœux entre eux pour rire, en attendant de concrétiser un jour leur promesse, qu’une véritable cérémonie. Mais un mariage quand-même, qu’ils gardaient secret depuis. Même pour leurs cadettes.

Alors qu’elle questionne sa sœur à son tour, la demoiselle se heurte au silence, Aline semblant tout à coup se perdre dans ses pensées sans même avoir réagis, provoquant la surprise de sa sœur. Que pouvait-il bien lui arriver, tout à coup ? Naturellement, Astrid s’inquiète en regardant sa sœur, conscience que cette dernière semble soucieuse. Etait-elle en train de penser à son ex ? Est-ce que la blonde avait dit quelque chose de mal ? Elle espère bien que non, n’ayant pas pour ambition de renvoyer sa sœur à ses démons. Mais cette dernière, enfin, semble retrouver le sens des réalités, passant un bras sur les épaules de sa sœur. A la voir ainsi, il semblait que tout allait bien mais… l’instinct de la demoiselle ne manque pas de se réveiller.

«- Euh… ça va Al ?» demande la demoiselle soucieuse, bien que sa sœur lui donne enfin une réponse. Un plat d’ici, ok. L’autrice réfléchit à ce qu’elle pourrait proposer, la bouffe au nord de l’allemagne n’étant pas très raffinée. A vrai dire, la nourriture française lui manquait assez souvent. Ici, ce n’était pas la même chose. Pourtant elle semble trouver une idée. «Des nordseekrabben te feraient plaisir ?» Des crevettes que l’on cuisinait par ici et qui n’étaient pas très compliquées à préparer. Il allait leur falloir faire des courses, en tout cas. La demoiselle esquisse un sourire. «Arrête tu sais bien que je serai venu. Et au pire t’aurai finis chez papa et maman, couverte de gâteaux et de câlins, de bonbons et de chocolats chauds, tu parle d’un calvaire !» remarque la demoiselle, connaissant leurs parents. A vrai dire, elle était bien placé pour le savoir, elle-même ayant bénéficié de tout ça il y a à peine quelques mois quand une petite baisse de moral était venu obscurcir son horizon, la poussant à rentrer chez ses parents se ressourcer.

Arrivant à la voiture, Astrid ouvre le coffre pour glisser la valise de sa sœur à l’intérieur, laissant cette dernière s’installer sur le siège passager, avant d’aller s’installer derrière le volant. Elle allume l’autoradio, la voix d’Hoshi envahie l’habitacle. Pour le meilleur et pour le pire, j’prendrai ta main un jour c’est sûr Immédiatement, elle coupe le son. Mauvaise idée, tant pour l’une que pour l’autre. Astrid lance plutôt son bluetooth. Un truc joyeux, entraînant. I wanna make you happy, the kooks, junk of the heart. Astrid commence à chantonner, en prenant la direction du centre commercial. Rendre sa sœur happy oui, elle espérait bien que ce soit le cas !

«- Et on chante avec moi, mademoiselle !» réclame l’aînée en surveillant tout de même ses rétroviseurs.

codage par Laxy Dunbar.

Aline ferma les yeux et retint à grand peine un grognement désapprobateur lorsque sa grande sœur lui demanda si elle allait. Elle aurait souhaité ne rien laisser transparaître, pour ne pas éveiller les soupçons de la plus âgée et ne pas l'inquiéter. Non, elle n'allait pas bien... Elle venait de se réveiller violemment d'un rêve de 5 ans et avait vite déchanté sur son prince charmant. Et puis cette grossesse... Elle en voulait tellement à son ex-compagnon qu'elle y mettrait bien un terme... La blonde hésite encore, pesant chaque jour le pour et le contre, n'oubliant jamais un seul instant le tic-tac du délais légal d'avortement. Elle était sûre que Astrid pourrait l'aider, la conseiller, la soutenir et la rassurer... Mais la vérité est tout autre : Aline à honte. Honte d'elle-même, honte de porter la descendance d'un connard fini, honte de ne se montrer ni sûre d'elle, ni forte. Jamais elle ne pourrait prendre le risque d'en parler à sa famille, elle avait bien trop peur de les décevoir...

« Je, euh... Ouep, merci. Tout va bien, ne t'inquiète pas. Je suis fatiguée.  Des Noord machin truc là. Ça sera parfait ! » concéda la plus jeune tout en restant plutôt évasive.

L'auteure enchaîna ensuite sur les possibilités qui se seraient ouvertes à elle si Aline n'avait pas décidé de venir la rejoindre en Allemagne. C'était vrai, l'aînée avait encore vu juste... A croire qu'elle la connaissait par cœur. Evidemment qu'elle serait venue lui prêter main forte en France. Et si elle n'avait pas pu, ses parents l'auraient hébergés avec force et vigueur. Ça se serait sans doute même rapproché d'une certaine forme de séquestration...

Une fois dans la voiture, la blonde retrouva enfin sa joie de vivre lorsque Astrid monta le son de la radio sur une musique plutôt entraînante qu'elle chanta de sitôt à tue-tête. Remuant sur son siège, Aline se demanda si les passants pouvaient remarquer les mouvements anarchiques des suspensions de la voiture ? Elle ricana à cette idée et continua de chanter alors qu'Astrid avait prit la route en direction du magasin d'alimentation.

« Dis moi Astrid... Nous n'en avons jamais parlé mais... Est-ce que tu voudrais avoir des enfants toi ? Il me semble que Gabriel n'en a pas encore non plus... ? » lâcha alors la plus jeune, comme une bombe que personne n'attendait.

Alors qu'Aline affirme que tout va bien et que son aînée ne doit pas s'inquiéter, qu'elle est seulement un peu fatiguée et que le plat proposé sera parfait, l'autrice ne peut pas s'empêcher d'être un peu sceptique. Elle connaît bien sa sœur, au cas où cette dernière l'aurait oublié. Elle savait pertinemment que quelque chose n'allait pas, là tout de suite. Mais peut-être n'était-ce rien de plus que sa situation actuelle, le contre-coup de sa vie... Il était normal qu'Aline ne soit pas au top de sa forme et c'était ce que sa sœur allait devoir régler très rapidement. Il allait falloir oublier la douleur, le traumatisme, de ce qu'elle venait de vivre. Naturellement, pas une seconde Astrid ne devine que les préoccupations de sa sœur sont toutes autres et concernent un problème technique qu'elle pourrait remarquer, une fois sa cadette en maillot de bain.

«- Si tu le dis...» souffle la demoiselle.

Décidant de ne pas insister sur les maux de sa sœur, supposant que ce n'est rien de plus que ce qu'elle ne sait déjà, la jeune femme décide de changer de sujet. Sa sœur savait parfaitement que, si elle avait besoin de parler, elle pourrait le faire. Mais Astrid ne voulait pas non plus forcer ses confidences. D'autant plus que sa sœur est déjà passée à autre chose, la remerciant de l'héberger, se demande ce qu'elle aurait fait si cela n'avait pas été le cas. Une question pour laquelle Astrid ne manque pas de réponses. Ses parents n'auraient pas laisser leur princesse déprimer seule. Si elle n'avait pas voulu descendre à Lyon, ils seraient montés. Ne serait-ce que pour aller la chercher, par la peau des fesses et la ramener à la maison, où elle aurait été chouchoutée comme la princesse qu'elles étaient aux yeux de ces dernier.

La bonne humeur d'Aline semble revenir pleinement, une fois installées dans la voiture alors qu'elles filent en direction du centre commercial, toutes deux chantant pour couvrir la musique, l'une d'elle se trémoussant sur son siège un peu plus que l'autre, laquelle essayait de surveiller ses rétroviseurs dans un même temps. On ne sait jamais, il peut toujours surgir un enfant ou un animal devant le nez de la voiture et la demoiselle se montre toujours prudente, de peur de se retrouver dans ce cas de figure.

Alors qu'elles continuent de chanter toutes deux, Aline pose soudainement une question à laquelle sa sœur ne s'attendait pas, comme elle la questionne au sujet des enfants que sa sœur pourrait vouloir, avant de remarquer que Gabriel n'en avait pas, lui non plus. Encore heureux, il ne manquerait vraiment plus que ça ! Non pas qu'elle considère avoir une chance avec lui. Mais... un bébé...  La jeune femme ne sait pas. Ce serait comme si c'était perdu, définitivement perdu. Bien que ça le soit déjà, elle le savait, étant parfaitement consciente de la présence d'Enora dans sa vie.

«- Oui je... je voudrai des enfants.» confirme la demoiselle. «Et je voudrai en adopter un, aussi.»

Il y avait trop d'enfants dans les orphelinats, de par le monde. Elle ne changerait pas celui-ci, mais elle pouvait le changer pour un enfant au moins. Elle pouvait faire le bonheur de l'un d'entre eux. C'était à sa portée, que d'offrir une famille à un enfant qui espérait plus que tout en trouver une un jour, avoir une maman pour le border le soir, un père pour lui raconter des histoires. Alors, si elle espérait bien avoir des enfants naturels, elle savait aussi qu'elle adopterait. C'était peut-être le seul rêve de maternité qu'elle remplirait, partie comme elle était partie, à ne pas savoir laisser d'homme entrer dans sa vie.

«- Et non Gabriel et Enora n'ont pas d'enfants. Ils ne sont pas encore mariés, non plus... avant que tu poses la question.» reprend-elle, son cœur se crispant comme elle précise bien pas encore. «Pourquoi tu demandes ça, d'un coup ?» s'enquit-elle en adressant un air soucieux à sa sœur. «Me dis pas que tu t'inquiète déjà pour mon horloge biologique, j'ai pas trente ans encore !» objecte-t-elle.

codage par Laxy Dunbar.

Le coeur allégé par la montée en voiture et la reprise à tu-tête de la chanson choisie par Astrid, Aline ne pouvait empêcher un petit sourire d'étirer ses lèvres légèrement rosées par un gloss mate.

En écoutant les paroles de sa soeur, la jeune femme lâche un énorme soupire un poil exagéré.

« Ecoute grande soeur, j'apprécie Gabriel mais... S'il n'est pas foutu de voir que tu es la femme de sa vie, quelqu'un va bien devoir se sacrifier pour qu'il ouvre les yeux ! » lâcha-t-elle d'un ton sciemment voulu comme sérieux. « Trois choix se présentaient à nous, Astrid. Mais tu n'as vraisemblablement pas choisi le plus simple puisque tu ne lui as toujours pas avoué tes sentiments... De ce fait, il nous reste deux options : la première est légale, la seconde un peu moins. »

La blonde lança à son aînée un regard énigmatique à la James Bond Girl.

« Je te laisse choisir : soit tu m'autorises à conspirer contre lui pour lui ouvrir les yeux sur l'amour qu'il te porte... Soit je supprime sa copine-faux-substitue-à-ma-soeur de la surface de la terre. Elle n'est pas très épaisse, je suis sûre qu'en la découpant proprement, elle rentrerait dans une valise. »

Se voulant toujours sérieuse, Aline fixa sa soeur avec autant d'intensité que d'amusement. Astrid crevait d'envie de se mettre en couple avec Gabriel. Même un aveugle sourd et muet l'aurait compris. Alors pourquoi ce beau diable n'avait toujours rien vu ? Pourquoi est-ce qu'il s'acharnait à sauver les meubles dans une relation qui n'en valait pourtant absolument pas la peine ?

Lorsqu'Astrid répondit à la question que la cadette lui avait posé sur les enfants, Aline comprit qu'elle était peut-être allée trop loin, à titiller sa soeur ainsi sur ses sentiments. Elle ne faisait que rouvrir des plaies et remuer le couteau à l'intérieur. Eh puis... La mention d'enfant la ramenait à sa condition à elle, et au fait d'être enceinte. Astrid, je suis enceinte. Astrid, devine quoi ! Tu vas être tata. Euuhm... Astrid ? Je vais être maman ! ou encore Astrid ? Aide moi à trouver comment annoncer aux parents qu'ils vont être grands-parents. Des millions de manière d'annonce de grossesse brûlaient les lèvres de la jeune femme. Elle voulait lui dire. Elle devait lui dire. Elle n'avait jamais rien caché à sa soeur, elles qui étaient si fusionnelles depuis toujours...

Pourtant, elle se contenta de se racler la gorge et de détourner le regard. « Ne t'en fais pas Grande Soeur, ça va s'arranger. Je vais m'occuper un peu de toi, ça va te faire du bien. » lâcha-t-elle simplement avant de reprendre d'un ton plus léger. « Ton horloge biologique ? M'enfin, comme je n'entendais plus le tic-tac, je m'inquiétais ! »

La demoiselle a un petite rire, comme Aline prend les choses en main dans ses affaires de cœur, ou en donne l’impression tout du moins, indiquant que quelqu’un devait se sacrifier pour faire comprendre à ce cher Gabriel qu’il se trompait totalement en étant avec Enora et que la femme de sa vie était Astrid. Sauf que cette dernière n’était aux yeux du joaillier que sa meilleure amie, une meilleure amie qu’il ne tenait cependant pas au courant de ses tourments avec sa compagne, lui laissant penser qu’à part quelques problèmes tout à fait normaux dans un couple, tout allait bien quand ce n’était absolument pas le cas et que leur relation périclitait lentement mais sûrement, à mesure que le temps passait.

Aline adopte un air de parrain de la mafia, déclarant que si sa sœur ne se déclarait pas – et elle ne pouvait pas le faire parce que Gabriel avait quelqu’un dans sa vie et qu’elle ne voulait pas prendre le risque de le perdre en se montrant irrespectueuse ou prenant le risque qu’il prenne mal sa déclaration – il ne restait que deux possibilités. Une légale et l’autre un peu moins ? L’aînée jette un regard amusé à sa cadette, curieuse de savoir ce que cette dernière va bien pouvoir dire. Et elle ne manque pas d’éclater de rire, quand elle entend ce que sa sœur projette.

«- Rien que ça ! Un substitut de ta sœur. Et tu veux le supprimer comment ton substitut, sans briser Gabriel hein ?»

Parce qu’il aime cette femme lui, Astrid le croit en tout cas. Il le dit. Ça lui fait un mal de chien de l’entendre, d’y penser, mais elle sait que cette autre femme est dans sa vie. Et elle le connaît, Gabriel. Elle sait comme il serait, s’il lui arrivait quelque chose. Il serait dévasté. Et peut-être que ce mot était encore trop faible, en réalité. A ce rythme là, il valait mieux conspirer, encore qu’elle n’était pas certaine du résultat. Elle esquisse cependant un sourire en imaginant sa sœur occupée à inventer des machinations toutes plus folles les unes que les autres, avant de secouer la tête.

«- J’suis sûre que Moïra se ferait un plaisir de t’aider pour virer Enora mais...» elle soupire «Écoute Al’… on s’est follement aimé tout les deux, mais c’est finit. C’était.. l’amour d’un été… bon, deux étés...» se corrige-t-elle devant le regard de sa sœur. «Comme il en existe tant d’autres. C’est terminé. Gabriel est passé à autre chose, moi pas. Et c’est ma faute de toute façon, quand il a dit que nous ne pouvions pas être ensemble je… ne l’ai pas contredis. Mais il ne m’a jamais proposé qu’on essaie, non plus...» remarque-t-elle. «C’est qu’il n’avait peut-être pas envie de faire des efforts, ou qu’il ne voulait pas que je vienne en Allemagne pour essayer… j’pense que nos réponses, on les a déjà. j’dois juste… apprendre à vivre avec ça.»

Et avec l’idée que ça ne finisse jamais. Que ce ne soit jamais réellement terminé pour elle. Alors des enfants, même si elle en voulait, elle n’était pas prête d’en avoir à ce rythme, à part celui qu’elle adopterait, puisque c’était dans ses projets, d’en adopter au moins un. Pas tout de suite. Elle avait le temps. La question de sa sœur, sur le sujet justement, ne manque pas de l’étonner. Mais Aline part bien vite dans la taquinerie, promettant de s’occuper de sa sœur.

«- T’occuper de moi ? Tu vas faire quoi, demander à Gabriel d’me faire un gosse avant que la pile de mes aiguilles soit morte ?» demande Astrid en riant, imaginant la scène. Elle s’arrête bien vite cependant. Aline en était capable. «C’était pas une suggestion hein !» précise-t-elle rapidement.

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Aline était réellement soulagée de voir sa soeur entrer dans son jeu plutôt que de s'offusquer. Elle était heureuse de voir que malgré la distance, leur relation fusionnelle était restée la même tout au long de ces précieuses années. A l'évocation du meurtre d'Enora, Astrid se mit à rire, le regard pétillant. Elle lui demanda même d'un ton ironique comment la cadette compterait faire. Aline fit mine d'adopter une moue songeuse avant de répondre d'un ton assassin :

« En réalité, je n'y avais pas encore songé... Mais maintenant que tu me lances sur le sujet... Je ne pense pas qu'elle mérite de souffrir. Quoi que. En fait, je me verrais bien l'attirer l'air de rien dans un bar et... Une fois dans les toilettes, je l'asphixerai avec ce liquide que les assassins mettent sur les mouchoirs. Ensuite, elle sortirait tout simplement en morceaux par la fenêtre et disparaîtrait à tout jamais de la surface de cette terre. »

Lorsque la plus âgée cita la possible aide de Moïra, la Youtubeuse s'empressa d'acquiescer d'un air sadique. Après tout, toute aide serait évidemment la bienvenue... Du moment que la personne sache tenir sa langue tout une vie durant.
La discussion s'orienta ensuite de nouveau vers une pente plus que glissante, Astrid lui avouant l'impossibilité d'une relation avec Gabriel, malgré les deux étés passés à profiter ensemble, tels deux amants aux vies incompatibles. Une fois n'est pas coutume, une moue embêtée se dessina sur le doux visage de la blonde. Sa soeur avait peut-être raison après tout, Gabriel n'était sans doute pas fait pour elle.

« Ecoute Astrid, n'y pensons plus, d'accord ? Avec tout le respect que je dois à Gabriel, c'est un con s'il n'ouvre pas les yeux. Je suis sûre que ton prince charmant t'attend quelque part. A nous de le trouver ! Je t'imagine bien avec un bel homme d'affaires, pourquoi pas vers 35 ans, ou à l'aube de la quarantaine... »

Perdue dans ses pensées, Aline redescendit sur terre lorsque la conductrice gara sa voiture sur une des places de parking du petit shop dans lequel elles avaient toutes deux prévu de s'arrêter.

« Hein ? Quoi ? Un gosse avec Gabriel ? T'es malade ou quoi, en principe les gamins se font avec les gens réalistes, pas des clowns aux yeux résoluments fermés. »




Les courses s'étant déroulées comme prévues, les deux jeunes femmes avaient décidées de rentrer à la villa d'Astrid pour se mettre à l'aise autour de la piscine. Aline redoutait ce moment... Le test de grossesse qu'elle avait acheté en France lui avait tout simplement claqué un "enceinte de : 3+ semaines" dans les dents, la jeune femme avait pris un rendez-vous chez un gynécologue allemand quelques jours plus tard pour en savoir un peu plus sur tout ce foin.
Si elle croyait ses savants calculs, elle devait être enceinte de 6 ou 7 semaines tout au plus... Mais rien de scientifique ne venait confirmer ses dires...

Stressée, la blonde venait d'enfiler son bikini. Elle voulait garder sa grossesse secrète jusqu'à être sûre qu'elle pourrait la mener à termes... Ou qu'elle voulait la mener à termes, car elle n'en était toujours pas certaine. Pourtant, elle venait de troquer son maillot de bain une pièce contre le bikini car le premier était vraiment moulant et mettait en exergue les formes qu'elle souhaitait dissimuler.

Après tout, elle n'en était qu'au début, mais la jeune femme était si mince qu'elle était persuadée que le gonflement de son abdomen était déjà visible pour ceux qui auraient des yeux avertis. Se jetant finalement dans le grand bain, la jeune femme quitta sa chambre avec une serviette fermement enroulée autour de son corps. Elle rejoignit son aînée sur la terrasse, près de l'eau.

« C'est bon m'dame, je suis enfin là. Je peux t'aider à quelque chose ? »

Astrid esquisse un sourire. Sa sœur était folle. Mais ça n’avait rien de surprenant, elle l’avait toujours été, ce n’était pas nouveau. Et ce pour le plus grand bonheur de sa grande sœur qui n’échangerait sa frangine pour rien au monde, vraiment rien au monde. Même si cette dernière prend des airs de conspiratrice assassine en évoquant l’idée de mettre un terme à la jeune vie de cette pauvre Enora. Pourquoi ? Tout simplement parce que cette dernière, malheureusement, est tombée amoureuse de Gabriel et partage sa vie. Alors qu’Aline le voyait avec sa sœur. Bon. Astrid aussi le voyait avec elle. Le voulait. Ils se l’étaient promis, tous les deux, mais la vie en avait décidé autrement et avait mis Enora sur la route de Gabriel. Sur le chemin d’Astrid, dans un même temps.

«- Ah ouai… oui j’dois dire que… mais que t’es complètement malade en fait !» remarque Astrid en riant face à la proposition de sa sœur.

Mais elle devait se rendre à l’évidence que Gabriel était amoureux de cette fille qu’Astrid ne connaissait pas, qu’elle ne voulait pas connaître, non plus. Elles devaient l’accepter, même si ça faisait mal à la Française. Mais c’était comme ça. Elles ne pouvaient rien y faire de toute façon. Se révéler à Gabriel pouvait mettre du vinaigre dans leur relation. Supprimer Enora n’était même pas une option tant elle était illégale. Quand au fait d’ouvrir les yeux à Gabriel… La demoiselle pousse un soupir, pas sûre qu’il y ait quelque chose sur quoi ouvrir le regard de l’homme.

«- Tu vas vite en besogne !» je ris. «Ou peut-être que je finirais ma vie comme une petite vieille avec ses chats, écoute !»

Après tout c’était une possibilité comme une autre. Peut-être qu’elle n’était pas destinée à avoir quelqu’un dans sa vie, ce ne serait pas un drame. Il y avait un tas de gens très bien dans ce genre de situations ce n’était pas un drame. Elle pourrait adopter pour accomplir son rêve de maternité. Parce que sa sœur lui pose la question des enfants et Astrid plaisante là-dessus, avant de retrouver son sérieux. Parce qu’Aline pourrait en effet dire ce genre de choses à Gabriel. Mais non, car elle le qualifie de clown incapable d’ouvrir les yeux. Astrid rit. Sa sœur était presque plus amère qu’elle sur la question de son couple potentiel avec Gabriel.


Les courses terminées, les filles rentrées à la villa, la demoiselle laisse sa frangine à ses occupations pour s’installer, défaire ses bagages, tandis qu’elle-même gagne sa chambre pour aller enfiler un maillot de bain, jetant son dévolu sur un ensemble haut et bas couleur bleu roi, soulignant sa blondeur et ses yeux bleus. Fin prête, son paréo noué autour de sa taille, la jeune femme s’empresse d’aller dans la cuisine afin de préparer quelques biscuits dans une assiette et des jus de fruits, apportant le tout sur une table au bord de la piscine. Sa sœur l’y rejoint après un petit moment.

«- Normalement tout est prêt. Je vais juste chercher le malibu pour mettre dans le jus, qu’on trinque à ton arrivée et à nos retrouvailles !»

codage par Laxy Dunbar.

Aline regardait sa soeur préparer le petit apéro sympathique qu'elles avaient prévues, a base d'olives vertes, de saucissons, de cacahuètes et de petits toasts aux diverses saveurs. Qu'est-ce que ça lui avait manqué ! La jeune femme, baignée par le soleil Allemand, eut rapidement chaud sous sa serviette de bain.

Elle s'empressa donc de piquer un saucisson dans le récipient qui les contenait et alla déposer la serviette sur une des deux chaises longues.

Lorsque la jeune blonde retrouva les côtés de sa grande soeur, celle ci avança qu'elle allait chercher le Malibu pour ajouter l'alcool aux jus frais. Le sang d'Aline se glaça. Pouvait-elle en consommer ? Juste une fois ? Après tout, elle aurait très bien pu ignorer ce début de grossesse, non ? Mais la bonne morale de la Youtubeuse la rattrapa et elle grimaça avant de rétorquer à Astrid

« Pas pour moi, mais je t'en prie, fais toi plaisir ! Je suis un peu fatiguée et avec ce beau soleil, j'ai peur qu'il ne me monte trop rapidement à la tête... » répondit la belle d'une voix qui se voulait convaincante.

Elle n'eut pas besoin de voir le visage de son aînée pour savoir qu'il était placardé d'une expression de surprise. Aline, refuser un verre d'alcool ? Je crois que ça n'était jamais arrivé auparavant.

Mais, c'est sans se démonter que la jolie blonde s'empressa d'aller installer l'apéritif sur la petite table basse séparant les deux fauteuils longs, savourant par avance le bon bain de soleil qu'elles s'apprêtaient toutes deux à prendre.

Astrid termine de préparer l’apéritif, heureuse de retrouver sa sœur et désireuse de trinquer à l’arrivée de cette dernière, même si les circonstances de sa venue en Allemagne ne sont pas des plus heureuses après ce que son petit ami, enfin ex-petit ami a osé lui faire.Mais ce n’était pas une raison pour que les deux frangines ne célèbrent pas leurs retrouvailles et le nouveau départ de la seconde, en espérant que changer d’air fera du bien à cette dernière. C’était tout le mal que l’auteure française pouvait souhaiter à sa cadette, celui de s’épanouir ici dans sa nouvelle existence. Les prochaines semaines allaient être bien riches d’émotions pour cette dernière et d’occupations, également, pour trouver son nouveau logement, s’installer dans sa nouvelle vie… C’était pour elle un nouveau départ. Mais un nouveau départ dans lequel son aînée ne manquerait pas de l’épauler. Un départ qui se devait d’être célébré.

L’apéritif étant fin prêt, ne reste à la demoiselle qu’à aller chercher le Malibu, précisant à sa sœur qu’elle n’a pas besoin d’aide, ayant déjà terminé ses préparatifs. Mais comme elle va pour chercher la bouteille d’alcool, sa sœur refuse poliment la proposition, lui précisant de n’en prendre que pour elle, de se faire plaisir. Astrid est comme deux ronds de frites. Sa sœur qui refuse de boire un coup ça n’a absolument rien de normal, elle n’est jamais la dernière quand il s’agit de vider un verre, surtout entre elles. Alors là… Même si elle évoque la fatigue et le soleil, Astrid l’observe inquiète.

«- T’es sûre que ça va toi ? Tu ne t’arrêtes pas à ce genre de considérations d’habitude...» remarque la blonde en observant sa sœur, curieuse de savoir si cette dernière ne lui cachait pas quelque chose. Mais si. Quelque chose qu’elle pourrait remarquer à la légère courbe du ventre de sa cadette, qu’elle ne remarque pourtant pas encore. «Al’…tu sais que tu peux tout me dire, mh ?»

codage par Laxy Dunbar.

Ce moment qu'Aline redoutait tant était arrivé bien plus vite que prévu. Elle y avait pensé, elle y avait même songé... Mais maintenant qu'elle était là, telle une proie au pied du mur, elle était totalement désemparée. Un frisson glacé parcouru la colonne vertébrale de la jeune femme, et l'espace d'un instant, son esprit s'affola. Le monde paru tanguer, puis tourner autour d'elle alors que sa pression artérielle s'emballait sous les impulsions de son coeur.

Elle devint toute pâle. La blonde ouvrit la bouche en fixant Astrid, puis la referma résolument. Elle appuya une de ses mains frêle sur le dos de la chaise haute, comme pour se maintenir dans la dure réalité de la chose. Elle était tombée enceinte d'une ordure. Elle serait maman à 26 ans. Elle venait de gâcher toutes ses chances de retrouver un mec bien. Avec un enfant à charge, d'un père absent qui plus est, elle venait de tirer un gros trait au marqueur noir sur son futur. Enfin, c'est comme ça qu'elle le voyait en l'instant de ce moment.

« Astrid, je... Euh... Assied toi s'il te plait. » fit la jeune femme d'une voix étouffée. Une larme solitaire roula sur sa joue. Larme qu'elle s'empressa d'essuyer. « Je suis enceinte. » Lâcha Aline finalement. « C'est Nico le père...» ajouta la blonde avant de fondre en larme.

Le corps secoué de faibles tremblement, la plus jeune des deux soeurs se laissa tomber sur la chaise haute, complètement démunie. Elle comprendrait parfaitement si sa soeur lui en voulait... Ou si elle avait honte d'ailleurs... En découvrant sa grossesse, la youtubeuse avait pensé y mettre un terme. Elle l'avait pensé si fort qu'elle espérait que cela déclenche en elle une réaction physique qui expulse cette vie de son ventre. Mais au final, en prenant rendez-vous chez le gynécologue ici, en Allemagne, pour un rendez-vous qui aurait lieu dans trois jours, elle n'était plus aussi résolue. Malgré le fait que ce soit un con fini, elle avait aimé Nico. De tout son coeur. Après ce qu'il lui avait fait vivre, porter en elle son enfant avait de quoi la dégoûter... Mais de là à tuer ce petit être de la taille d'un abricot... Peut-être que son coeur battait déjà, d'ailleurs ? Aline ne s'en sentait plus capable. Elle ne l'aimait pas encore, mais elle ne le détestait plus.

« Je te demande pardon Astrid, je sais que j'ai bien merdé... J'ai un RDV chez un gynéco dans 3 jours... Je n'ai pas encore pris de décision, c'est pour cela que je ne voulais rien te dire... Excuse moi... »

Il y avait quelque chose qui n’allait pas chez Aline, quelque chose qu’elle n’avait pas dit à sa sœur. Autre chose que le fait d’être séparée de son compagnon. Non, il y avait quelque chose qu’elle avait forcément caché. Car la demoiselle refusait un verre d’alcool. C’était peut-être un peu léger pour s’en faire. Mais Astrid connaît bien sa sœur et elle sait que c’est loin d’être normal. Cette dernière n’est jamais la dernière quand il s’agit de boire un coup et qu’elle dise ne pas vouloir d’alcool du tout… Même si elle accuse le soleil, ça ne semble pas tenir. Parce qu’en France, en plein été en terrasse, personne ne refuse un bon petit verre de rosé. Enfin, certains oui. Mais pas Aline. Alors l’alcool et la chaleur, ce n’est pas ce qui l’arrête d’ordinaire. Alors elle demande, Astrid. Elle rappelle à sa sœur qu’elle est là pour elle et que cette dernière peut tout lui dire. Elle le sait, non ? Entendre son aîné le lui répéter semble pourtant la décider à parler, comme si elle avait jusqu’ici oublié que sa sœur serait toujours là.

Comme Aline lui demande de s’asseoir, Astrid obtempère, inquiète de ce que sa sœur va bien pouvoir lui apprendre. Un problème de santé dont elle n’aurait pas encore connaissance ? Astrid sent sa gorge se nouer à cette seule pensée alors que voir une larme rouler sur le délicat visage de porcelaine de sa sœur lui est désagréable. Personne n’avait le droit de faire pleurer Aline. Personne. Pas même Astrid elle-même. Alors voir cette larme rouler… c’était difficile pour l’aînée. Mais elle est clouée sur place par la révélation de sa cadette. Enceinte. Astrid bug. Bon sang. Elle attendait un bébé ? Vraiment ?

Que Nico soit le père était l’évidence même. Et ce connard avait… Bon sang. Ce bébé n’aurait pas de père – pas de géniteur tout du moins – Astrid le comprenait parfaitement bien. Il s’était tellement servit de sa sœur, avec ses airs de monsieur parfait, qu’évidemment il ne s’occuperait pas de l’enfant. Il n’était de toute façon pas assez mature pour cela et il avait une psychologie bien trop douteuse. La demoiselle fulmine. Bon sang… Se levant d’un bon en voyant les larmes de sa sœur rouler sur son visage, Astrid vient l’envelopper de ses bras en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, berçant sa cadette contre elle alors que cette dernière s’excuse de n’avoir rien dit. Comme si Astrid allait lui en vouloir pour cela, à voir l’état dans lequel elle était. Sûrement pas.

«- Chut Aline, chut. Ça va bien se passer je te le promet. Tu n’as rien fais de mal, vous étiez fiancé, t’as pas merdé.» souffle la demoiselle en cherchant à la calmer. «Quelque soit le choix que tu feras, je te soutiendrai...»

Astrid ne pouvait pas prendre de décision pour sa sœur, ça non. Elle pouvait la conseiller si cette dernière le demandait, elle pouvait et devait la soutenir, mais Aline devait faire, seule, le choix de l’avenir à donner à cette grossesse.

«- T’excuse pas Al, t’excuse pas...» souffle sa sœur en la berçant toujours.

codage par Laxy Dunbar.

Soulagée. C'est ce qu'était Aline à ce moment même. Le poids sur ses épaules venait de fondre comme neige au soleil et, même si c'était douloureux, avoir quelqu'un d'autre dans la confidence, son adorable soeur qui plus est, avait comme un goût de délivrance.

Ca y est, la bombe avait été lancée. Visiblement, elle venait d'exploser en pleine mer sans faire trop de dégât, si on en croyait le câlin qu'était en train de lui faire Astrid. L'aînée ne semblait se douter de rien avant la grosse révélation de la cadette... Cette dernière enfuit son visage cristallin dans le creux du bras de l'autre blonde, soupirant profondément pour se calmer.

« Astr', merci d'être là... Merci de le prendre comme ça. Je t'aime. J'ai une chance inouïe de t'avoir à mes côtés... » murmura la tatouée en embrassant la joue de sa soeur.

Du dos de la main, elle refoula les larmes de ses joues, les y bannissant à jamais. Elle pleurait rarement... Pour ne pas dire jamais. Mais là, la pression s'était montée si grande ! La situation aurait été si différente si cet enculé de Nico n'avait pas été qui il était, s'il n'avait pas outrageusement profité de la youtubeuse, comme il l'avait fait. Peut-être même que le couple aurait pu être heureux, comme à leurs débuts... Mais spéculer sur le passé était inutile. Le fait était que cet enfant ne connaîtrait jamais son père. Et que ce père en question ne saurait surement jamais qu'il avait un enfant quelque part sur le territoire allemand.

D'un petit mouvement d'épaule, la blonde se retourna vers sa confidente. Elle la fixa longuement, les yeux rougis mais le teint plus coloré qu'il y a quelques minutes.

« Avant de venir ici, je détestais ce bébé Astr'. Je l'ai détesté comme je n'en ai jamais voulu à personne auparavant... Mais maintenant... Je me pose des questions, tu sais. Je ne sais pas exactement depuis quand il squatte mon ventre, mais le test disait plus de trois semaines. Si j'essaie de compter, ça doit faire entre 6 semaines et 8 semaines... Son coeur doit battre Astrid. Déjà. Il veut vivre ce bébé, il n'a pas demandé à être créé lui...  » souffla la blonde avec douleur.

Elle prit une nouvelle respiration. Perdue. Elle l'était complètement.

« Que ferais-tu à ma place Astr' ? Je sais que tu as toujours voulu être maman... Moi, je n'y avais même pas encore songé. Regarde autour de toi, penses-tu que je sois capable de l'aimer et de l'élever correctement ? Sans père ? » termina la plus jeune des deux femmes, les sourcils froncés par la réflexion.

Elle se dégagea complètement de l'étreinte de sa soeur pour la regarder en face, ne gardant le contact qu'en prenant la main d'Astrid dans la sienne.

« S'il te plait, ne dis rien aux parents tant que je ne suis pas certaine de poursuivre cette aventure... Je sais qu'ils auraient peur, mais seraient heureux que la famille s'agrandisse. Même s'ils pensaient plus que ça viendrait de toi que de moi... Si je décide de.... De le faire partir. Ca leur ferait du mal. Je les aime trop pour les blesser, mais cette décision doit être prise quand même, tu ne crois pas ? »

Naturellement Astrid était là pour sa sœur. Elle serait toujours là, ce n’était pas une surprise. Elle ne pouvait pas abandonner sa cadette. Surtout pas dans un tel moment où la jeune femme avait particulièrement besoin de sa sœur ! Évidemment, la demoiselle aurait préféré que sa frangine lui en parle directement, mais elle n’allait pas la fustiger pour ça, évidemment. Sa cadette était déjà bien trop ébranlée pour que la française se permette d’en rajouter. Et puis, qu’elle le dise maintenant ou il y a trois heures en arrivant, cela n’aurait pas changé grand-chose. Astrid se contente de la presser contre elle, comme Aline affirme qu’elle a une chance inouïe d’avoir une sœur comme elle.

«- Et moi donc ma princesse. Et moi donc...» affirme la jeune femme.

Chassant ses larmes, Aline ne tarde pas à s’exprimer au sujet de cette grossesse, de ce bébé qu’elle a d’abord détesté, avant d’arriver en Allemagne. De ce bébé qui a déjà plus de trois semaines. Peut-être six, voire huit d’après les estimations de la demoiselle. Ce bébé dont le cœur doit déjà battre. Peut-être. Astrid écoute attentivement sa sœur, enregistrant le moindre de ses mots. La situation était délicate et la blonde savait parfaitement qu’elle allait être amenée à s’exprimer sur tout cela. Elle le sentait venir. Sa sœur était perdue, elle s’attendait forcément à ce qu’Astrid parle. Mais cette dernière ne pouvait faire guère plus que conseiller sa cadette. Ce n’était pas à elle de prendre le reste des décisions qui, évidemment, entouraient la venue au monde – ou non – de ce bébé. Et Aline, bien sûr, pose pourtant la question à sa sœur, désireuse de savoir ce qu’elle ferait, obligeant Astrid à se projeter à sa place.

«- Je pense… Que je le garderai. Mais ce n’est pas parce que c’est ce que je ferais que tu dois le faire. Tu dois te sentir libre de le laisser partir, si tu ne te sens pas la force de l’élever.» commence la demoiselle. «Quand à savoir si tu seras en mesure de l’élever, hé bien. Je pense que oui. Seules les bonnes mères se posent la question de ce qui est le mieux pour le bébé. Seules celles qui seront de bonnes mamans, s’inquiètent de savoir si elles pourront s’en occuper.»

C’était tout du moins sa vision des choses, son avis, il n’engageait qu’elle. Leurs parents en auraient peut-être un autre mais Aline lui demande, précisément, de ne pas leur en parler, tant qu’elle n’est pas certaine de le garder. En effet, leurs parents seraient probablement affectés par la disparition de ce bébé, s’ils venaient à l’apprendre. Mais ça ne devait pas freiner Aline si elle sentait que c’était le mieux pour elle.

«- Je ne leur dirai rien.» promet la demoiselle. «Mais toi seule peut répondre à cette question de savoir ce qui est le mieux pour toi, comme pour lui. Je peux te soutenir. Mais je ne peux pas y répondre à ta place. Quelque soit ton choix, il aura des répercussions sur ta vie. Cela demande que tu prennes le temps d’y penser, de ne pas prendre une décision trop hâtive. Et quand ce sera fais, quand ce sera décidé, peu importe ton choix. Je serai toujours là.»

codage par Laxy Dunbar.

Retrouvant peu à peu sa contenance, Aline finit même par sourire à cette grande sœur toujours présente pour elle. La jeune femme semblait tout de même marquée par les événements qui s'enchaînaient bien trop vite pour elle : cernée, ses traits étaient tirés et son expression inquiète. Après tout, il n'était question ni d'un chien ni d'une peluche quelconque... Non, c'était bien un bébé. Un bébé qui, si elle le décidait, devrait être éduqué et protéger jusque la fin de sa vie.

Ce petit être, à son stade de développement actuel, ne devait pas dépasser la taille d'un abricot. Il est vrai qu'Aline aurait certainement préféré avoir ce fruit dans le ventre après l'avoir mangé, mais au final... Elle sentait que quelque chose se modifiait en elle. Elle s'attachait à cette forme de vie sensible et si minuscule. Inoffensive. Elle allait devoir prendre du temps pour réfléchir, mais dans le fond, très profondément en elle, elle l'aimait. Elle le sentait. Elle serait incapable de le faire partir.

Après un énième long soupir poussé, la jeune femme reprit ses esprits. Elle se tourna vers sa soeur.

« Eh si nous consommions ce petit apéro avant qu'il ne réchauffe ? J'ai tout le temps qu'il me faut pour mettre du tri dans ma tête, soeurette. Maintenant, buvons ! Sans alcool pour moi, mais buvons à notre santé » lança la blonde d'un ton légèrement forcé.

Finalement, Aline était tout de même heureuse de la tournure des choses. Sa soeur était là pour elle. Elle avait le temps de prendre une décision. Seul l'alcool lui manquerait réellement, en attendant.

Décidément, Aline ne perd pas le nord. La demoiselle rappelle bien vite qu'un apéritif les attend et qu'elles devaient en profiter avant que celui-ci ne se réchauffe. Astrid rit à la remarque de sa frangine, comme cette dernière semble particulièrement pressée de grignoter, déclarant qu'elle avait tout son temps pour réfléchir, sous-entendant dans un même temps que boire et manger, en revanche, ça ne pouvait pas attendre.

"- Toi alors... Avant que les bouteilles ne prennent un coup de chaud, il va falloir y aller. C'est Hambourg ici ma belle, pas Lyon !"

Astrid rit. Sa soeur se rendrait vite compte que le temps ici était bien moins clément qu'il ne l'était chez elles. Elle l'avait remarqué au cours de ses quelques séjours ici bien entendu, mais elle en prendrait réellement toute la mesure à partir de maintenant qu'elle y habitait.

"- Installe toi je vais chercher les glaçons !"

Et en guise de soutient pour sa frangine, la demoiselle boude la bouteille d'alcool qu'elle comptait ramener, revenant avec un cocktail sans alcool en plus de ce qu'elle avait déjà prévu. Revenant aux abords de la piscine, elle contemple sa soeur, la petite bosse de son ventre, que l'on ne remarque réellement qu'en y faisant attention... Son coeur fond d'amour devant le tableau, déjà, avant qu'elle ne secoue la tête. Aline ne le garderait peut-être pas. C'était son droit, Astrid le respectait. Alors elle s'attache rait à ce petit être plus tard, quand elle serait sûre de la décision de sa soeur. Même si ça s'annonçait d'ores et déjà difficile.

Posant les glaçons sur la table elle fait le service, oubliant l'idée d'envoyer un SMS à Gabriel et Mia pour les prévenir de la nouvelle. Elle le ferait, là encore, quand sa soeur serait sûre de le garder. Pour le moment, elle ne devait rien en dire, même à ses meilleurs amis, si tant était que l'un d'eux puisse réellement être qualifié ainsi. Tendant un verre à sa soeur, Astrid lève son verre pour trinquer.

"- À toi princesse !"

codage par Laxy Dunbar.