(PIPER & WALTER) happy birthday darling

Vingt ans... Vingt ans déjà. Walter n'avait pas vu le temps passer. Voilà deux décennies qu'il était marié à Piper. La femme de sa vie. Du moins, le pensait-il le jour où il lui avait fait sa demande. Aujourd'hui, il en était un peu moins sur. Il était attaché à elle. Il l'aimait peut-être. Mais il ne pouvait s'empêcher d'aller voir ailleurs. C'était plus fort que lui. Il avait un faible pour les courbes féminines, et le jeu de la séduction. Il voulait se sentir désiré. Et bien que ses pulsions s'étaient calmées à leurs débuts, aujourd'hui, il enchaînait les histoires sans lendemain avec des créatures aussi sublimes que stupides. Et depuis un peu plus d'un an, il était même "engagé" dans une liaison avec une gamine de vingt ans. Mais c'était quoi son problème, bon sang ? Pourquoi était-il incapable de se tenir tranquille et de refréner ses pulsions ? Il prit une bonne et longue douche pour se détendre, laissant ses pensées s'évaporer dans la douce effluve du parfum de son gel douche à la noix de coco. Un petit plaisir coupable. Il avait passé la journée à cuisiner pour elle. Une première pour cet allergique aux fourneaux. Mais il pensait que cette petite attention lui ferait plaisir. Un énorme bouquet de lys blanc trônait au milieu de la table, entre quelques chandelles allumées. Elle ne devrait plus tarder. Il lui envoya un message de dernière minute, pour prendre de ses nouvelles et s'assurer qu'elle n'aurait pas de retard. Il se rendit ensuite dans la cuisine pour vérifier une dernière fois que tout était prêt. Tout était parfait. Il ajusta une dernière fois sa cravate -eh oui, il avait même sorti le costume pour l'occasion-, vérifia qu'aucune mèche rebelle ne dépassait, et servit deux verres de champagne en attendant l'arrivée de Piper, qui ne devrait plus tarder maintenant.

Il était dix-neuf heures quand Piper ferma enfin sa boutique. Tournant la clé dans la serrure, elle se retrouva seule au milieu des robes de mariées. Pendant un instant, elle eut envie d’en essayer une, juste une. Elle ne le faisait jamais, pourtant, ce soir, elle avait envie de retournée en arrière, 20 ans dans le passé, plus exactement. Parce qu’aujourd’hui était un jour spécial. C’était l’anniversaire de mariage de Walter et elle. En y réfléchissant, est ce qu’elle se mariait à nouveau à lui ? Sans aucune hésitation, oui. Il y a pourtant beaucoup plus de bas que de haut dans leur couple, elle a l’impression qu’il est beaucoup moins stable qu’un autre couple. Et pourtant, elle aime son mari.

Elle prend son sac à main et son cabas. Qui dit événement, dit belle tenue. Elle avait acheté une belle robe pour l’occasion, elle ne l’avait pas faite car elle n’avait pas eu le temps. Un sourire se dessina sur ses lèvres, imaginant un peu la soirée qui l’attendait. Son téléphone vibra sur la table, elle vit qu’il s’agissait d’un message de son mari. Elle s’habilla convenablement et sortit de sa boutique. Pendant le temps d’une soirée, elle avait envie d’être dans une bulle avec lui, de ne pas être déranger. D’être la seule femme qui comptait pour lui car, il faut bien avouer, Piper sentait que son mari n’était plus proche d’elle.

Ça n’avait duré qu’un temps cette proximité entre eux. Quelques années avant de le voir partir, il n’était plus clairement présent quand il était avec elle. Il rentrait tard et parfois découchait. Cela aurait été un homme lambda, Piper aurait su qu’il était chez son meilleur ami à décuver de la veille. Mais il s’agissait de Walter, et elle connaissait son petit jeu, son talon d’Achille. Pourquoi ne disait-elle rien ? Pourquoi restait-elle encore avec lui alors qu’il la faisait souffrir sans qu’il ne s’en aperçoit ? L’amour. Un seul mot qui emprisonnait Piper à Walter.

Quand elle rentra à la maison, elle vit de suite les efforts qu’il avait fourni pour lui préparer une surprise. Voilà pourquoi, aussi, elle restait avec lui, parce qu’il tentait du mieux qu’il pouvait, que son couple tienne. La table ornée de chandelier, les assiettes et la table parfaitement mise et cette délicieuse odeur qui venait de la cuisine. Elle s’était approchée de lui et, en souriant tendrement, elle était venue entourer ses épaules de ses bras.  « Bonsoir mon Chéri » avait-elle dit d’une voix douce. « Ca sent extrêmement bon, je suis certaine que ce que tu as préparé est parfait ! »

Lorsqu'elle rentra enfin du travail, l'anxiété de Walter était à son comble. Il en avait les mains moites. Il l'accueillit par un sourire. "Joyeux anniversaire, chérie !". Il lui rendit son étreinte et l'embrassa sur le front. "Ça sent extrêmement bon, je suis certaine que ce que tu as préparé est parfait !" Il lui sourit, heureux de voir qu'elle avait remarqué son effort. "En tous cas, je l'espère. Tu me connais, moi et la cuisine..." Il laissa sa phrase en suspend. Pas besoin d'en dire plus, Piper avait vu assez de catastrophes culinaires provoquées par Walter pour qu'elle sache qu'il était tout sauf un apprenti cuistot. Mais pour ce soir, il avait fait des efforts. Il avait prit son temps. Il avait d'ailleurs du recommencer deux fois. Mais le résultat était étonnamment satisfaisant. Il lui tendit ensuite une coupe de champagne, et en pris une à son tour, avant de la lever à hauteur de son visage. "A nos vingt ans. Et encore plein de belles années". Il fit tinter son verre contre le sien, avant d'en prendre une gorgée. Pas question d'abuser ce soir. Pour une fois qu'il passait une soirée paisible avec son épouse, il voulait en profiter un maximum. Ses derniers mots le mirent légèrement mal à l'aise. Son cœur battait plus vite. Plein de belles années, oui. Tant que ça durerait. Tant que Piper ne se rendrait pas -ou ne voudrait pas se rendre- compte de son comportement. Tant qu'elle l'aimerait assez pour fermer les yeux sur ses escapades nocturnes et tous les petits détails qui devraient lui mettre la puce à l'oreille. Il ne savait pas combien de temps il lui restait. Peut-être toute la vie. Peut-être trois, quatre ans. Peut-être six mois.Ou deux semaines. Il avait l'impression d'être en sursis, d'être en équilibre sur une corde. Alors il profitait tant qu'il le pouvait. Il aurait tant voulu changer. Changer pour elle. Mais il ne le contrôlait pas. Il ne se contrôlait pas. Alors, il faisait ce qu'aurait fait n'importe quel homme dans sa situation. Il lui mentait. Il n'était pas fier de ça, mais c'était la seule façon de sauvegarder son mariage.

A la maison, c’était plutôt Piper qui cuisinait, même si elle n’était pas un cordon bleu, elle se débrouillait plutôt bien ce qui était tout le contraire de son mari, mais elle voyait les efforts qu’il avait fourni ce soir, pour leur anniversaire de mariage. Elle qui pensait qu’il aurait oublié et qu’il serait sorti, elle était mauvaise langue. « J’espère seulement que je n’aurais pas à commander chinois ce soir » avait-elle dit amusée comme pour lui indiquer qu’au pire des cas, si ce n’était pas bon, ils pourraient faire autre chose.

Piper accueillit sa coupe de champagne avec un large sourire avant de trinquer. « Cela ne nous rajeunis pas tout cela. » avait-elle dit avant d’en boire une gorgée. Un regard légèrement triste passa dans son regard quand il clama à d’autres belles années. Arriverait-elle à tenir encore longtemps alors qu’il revenait beaucoup trop souvent, ses temps-ci, avec d’autres parfums de femmes sur lui ? Elle avait remarqué qu’un seul et même parfum revenait depuis un temps donné. Elle ne savait pas depuis quand ce parfum traînait sur son col de chemise, mais elle sentait que ce n’était pas une femme différente à chaque fois qui comblait ses pulsions.

Elle posa son verre après avoir bu quelques gorgées, passant ses doigts sur la nappe de la table qui était très bien mise, il avait vraiment préparé la soirée avec application et cela fit sourire tendrement Piper. Peut-être qu’au fond, il s’en voulait de la rendre malheureuse car, oui, Piper était malheureuse dans son mariage, malheureuse d’aimer un homme qu’elle ne comblait pas assez. Pourtant, on l’avait prévenu quand elle avait commencé à sortir avec lui, on lui avait dit que cet homme ne savait pas se poser, pourtant, Piper avait cru être la bonne…Elle l’avait été pendant quelques années -à moins qu’elle fût cocue s’en s’en rendre compte-. Elle regarda son mari, toujours avec cette tristesse et cette bienveillance au fond de ses yeux. « Je t’aime Walter » avait-elle dit avant d’être silencieuse.

Et puis elle se ressaisissait, reprenant une gorgée de son champagne. « Alors, qu’as-tu préparer de bon ? » Il fallait bien avouer qu’elle avait une légère appréhension à sortir le plat du four ou d’aller dans la cuisine. Et si cette délicieuse odeur n’était pas du tout ce qu’elle imaginait comme plat ?  Elle se souvenait des catastrophes qu’il avait fait en essayant de cuisiner. D’ailleurs, ils avaient été rapidement d’accord, à la maison, sur qui allait cuisiner. Piper ne rater pas souvent ses plats, même ceux qu’elle faisait pour la première fois.

Il rit doucement à la plaisanterie lancée par sa femme. "Eh bien, ça fait plaisir, heureux de voir que tu me fais confiance à ce point !" Il avait dit ça sans moquerie, car, à vrai dire, elle avait sans doutes raison, et il y avait une chance sur deux pour qu'ils commandent effectivement chinois ce soir. Son ego en prendrait un coup, cela dit. Il but une nouvelle gorgée de champagne -pas mauvais d'ailleurs-, et crut voir passer une ombre dans les yeux de sa compagne. Comme un voile de tristesse, qui ne dura qu'un instant ceci dit, avant qu'elle ne lui déclare ses sentiments. Il lui adressa un sourire tendre, et passa sa main sur sa nuque. "je t'aime aussi, Piper." Il l'embrassa doucement, avant de coller son front contre le sien. Ce n'était pas le moment de se laisser aller aux remords, ou a tout autre sentiment négatif. "Tu as faim j'espère", lança t-il en se redressant. "Parce que tu vas avoir le droit à un festin." Il lui lança ensuite un dernier sourire,  avant de s'en aller dans la cuisine, de laquelle il revint avec un plateau chargé d'amuses gueules en tout genre. Il entreprit de lui décrire chacun des parfums qu'il avait séléctionné,  l'un après l'autre. Tomates séchées, saumon fumé, avocat, fromage... Il y en avait vraiment pour tous les goûts. Heureusement d'ailleurs, parce qu'il aurait bien été incapable de se souvenir de ce que son épouse n'appréciait pas. Il ne savait même pas si elle avait des allergies. Un bien piètre compagnon, on peut le dire. Il posa ensuite le plateau sur la table, et, d'un geste de la main, l'invita à se servir. "Ça te plait ?" lui demanda t-il, une pointe de nervosité dans la voix. "Ce ne sont que les hors d'oeuvre pour le moment." ajouta t-il. Il espérait vraiment que ce dîner soit une réussite. Il sentait bien que son mariage ne tenait qu'à un fil, et il ne voulait pas d'un fiasco qui aurait été la catastrophe de trop pour elle.

Elle aime lancer quelque petits pics à son mari, le faire rire, elle a toujours aimer son rire et sa voix, heureusement, en 20 ans, elle réussissait encore à l'entendre, c'était une de ses choses qui faisait qu'elle restait encore dans la maison Kellermann. Elle lui fit un petit sourire avant de sentir ses lèvres sur les siennes, un frisson l'a parcourut un instant, il lui faisait toujours autant d'effet malgré les années. Elle entend ses sentiments réciproques mais n'y croit plus vraiment.

Puis le sujet changea presque, il ne fallait pas qu'ils parlent de sentiments, ou plutôt, si , il le fallait mais tout ce qu'il y avait à ce sujet devenaient très vite des non-dits et cela finirait sans doute par les briser. "Oui, je meurs de faim!" avait-elle dit en s'installant à table. Son estomac avait commencer à grouiller pendant le travail. Elle le vit revenir avec un plateau et un sourire apparut sur ses lèvres. "Wow! Ca donne envie!"

Tout avait l'air très bon, elle regarda Walter qui semblait nerveux, une fois qu'il fut assit en face d'elle, elle lui prit la main avant de l'a porter à ses lèvres. "C'est parfait ,merci mon chéri." avait-elle dit doucement. Au moins, il prenait soin de cette soirée et cela comptait beaucoup pour elle.  "C'est déjà beaucoup pour toi!" avait-elle dit d'un air moqueur. "Au moins, ils ne sont pas grillés!"