(KARSTEN) bold and reckless

Meyer. Pourquoi tu t’y attendais ? On t’avait prévenu que cette nouvelle recrue pouvait être un problème. Pas dans le sens où c’était un flic corrompu, mauvais, inapte, non, bien au contraire. Mais plutôt dans la catégorie trop sûre de sa personne, tête brûlée et prêt à prendre des chemins qui sont en dehors des clous pour avoir ce qu’il désire. Oh, bien sûr, tu es le dernier à jeter la pierre dessus, il faut voir de qui tu t’es entouré avec les années. Tu as une équipe sur le côté conçue pour les interventions un peu plus musclée. Des flics un peu de sa trempe, casse-cou et avec un sergent à leur tête qui aurait pu être ton fils.

Oui, non, les méthodes de la jeune femme ne te semblent pas plus surprenantes que ça. Mais tout de même. De toute façon, il fallait bien que tu remettes les points sur les i avec elle pour éviter un accident regrettable. Tu l’avais donc convoqué à la première heure où tu arriverais au commissariat. Tu gares ta moto à l’entrée, non sans attirer les regards et retires ton casque en saluant les policiers à l’entrée. Tu passes la porte, salues la douce (et pointilleuse) équipe à l’accueil et montes directement à l’étage pour aller dans ton bureau, croisant les regards d’un peu tout le monde.

Tu siffles un peu dans le bureau, haussant légèrement la voix pour ne pas paraître plus autoritaire que d’habitude.

- Meyer ! Dans mon bureau !

Que tu clames avant de t’avancer toi-même pour y accéder en te pinçant le nez. Oh, bordel, la journée commence bien. Tu poses ton casque su la table, retire ton sac à dos pour le mettre sur le côté et retire ta vaste en cuir pour la poser sur ta chaise. Tu vas de l’autre côté, pose dans le tiroir badge et pistolet avant de redresser la tête en entendant que la jeune femme est entrée. Tu fais signe de se poser et t’adosses au meuble derrière, proche de la fenêtre.

- Ferme la porte s’il te plaît.

Que tu dis, baissant les yeux, patient. Tu la suis du regard avant de croiser les bras sur ton torse.

- Est-ce que tu sais pourquoi je t’ai convoquée ?

Évidemment qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait là, ce que sa présence dans ton bureau implique. Tu fronces légèrement les sourcils en la toisant, l’observant dire, faire, parler pour te répondre. Elle suppose que quelque chose ne va pas, ne convient pas. Elle le suppose, mais elle n’a pas totalement tort. Tu baisses la tête, t’approchant de ton siège, les mains sur ton dossier en soupirant. Comment tu expliques ça. Tu te redresses, mains dans les poches, en commençant à faire quelques pas derrière ton bureau. Tu te racles la gorge pour commencer à parler.

- J’ai eu des retours de collègue et de tes supérieurs à ton sujet.

Généralement, quand on commence comme ça… Tu sais que ça craint, ayant toi-même été à sa place jadis il y a des années. Mais tu es le plus à même de comprendre ce qu’elle ressent actuellement. Et pour avoir fait les mêmes erreurs parfois. Peut-être aussi pour ça qu’on est venu te voir pour la recadrer un peu, par peur de la perdre ou qu’elle fasse une vraie connerie. Tu t’arrêtes pour lui faire face, plantant tes yeux dans les siens, prêt à lui dire la vérité, décortiquer ses réactions. Peut-être qu’elle l’aura déjà entendu ce discours, mais tant pis. Tu dois prendre des décisions.

- Certains n’aiment pas tes méthodes. On me parle parfois de non-respect des ordres. Ou de mise en danger. Pas d’autrui, mais de toi-même.

Tu te pinces les lèvres et fronces les sourcils.

- Pourquoi tu es devenu flic, Meyer ? Et ne me sort pas le discours qu’on donne aux instructeurs pour les faire sourire, leur graisser la patte et les amadouer pour qu’ils soient plus gentils. Je veux ta version des faits, ton vrai désir de porter l’uniforme et d’être entre ses murs ou sur le terrain.