C'est bientôt Noël ! L'esprit de Noel a commencé à envahir les rues de la ville, et honnêtement, c'est sûrement ta période préférée. Entre les magasins qui s'habillent et revêtent leurs plus belles couleurs pour Noel, avec leurs plus belles illuminations, et les nombreux marchés de Noel à Hambourg, il y a de quoi se faire plaisir.
Pendant des jours, tu t'es renseigné sur ce qu'il se faisait cette année, car les marchés peuvent changer un peu, et les stands également, bien qu'il y ait toujours une sorte de linéarité dans ce qu'il y avait. Et puis finalement, ton choix avait été de se diriger vers le marché d'Eimsbüttel, avec tout l'aspect Scandinave. Vous avez décidé de vous y rendre par une journée de neige poudreuse, avec Astrid.

Plus que jamais, tu ressens l'esprit de Noel, et tu as hâte de passer la fête en famille. Cette année, vous êtes tous invités chez tes parents, qui ont invité les parents d'Astrid à venir veiller Noël avec eux. Au programme : messe de Noel et dinde fourée par maman, avec des pommes noisettes et sa crème aux cèpes. Si la messe t'enchante moyennement, toi qui les trouves trop longues depuis toujours, le programme ressemble à tes Noëls d'enfant, ceux qui t'ont toujours tenu éveillé, en alerte, créant les plus beaux souvenirs. Quand tu es passé voir papa et maman, tu as même vu leur cour devant la porte d'entrée : c'est une ode à Noel, avec des lumières dans tous les sens. Moira aurait râlé, d'après papa, pour le Renne au nez brillant dans la nuit. Mais la scène de Noel représentée a mis du baume à ton coeur. Grâce à cela, tu as la certitude que Noel sera une super belle fête, cette année encore.

Ta future femme et toi avez attendu que la neige soit moins importante, et vous vous êtes bien couverts avant de partir, à pieds et en transport en commun, direction Eimsbüttel.

Là, les endroits sont magiques. Les beaux chalets typiques de scandinavie te mettent des étoiles dans les yeux, presque autant que de regarder ta future épouse. Ici, il y a mille et une idée de cadeau, et il ne te manque que celui pour Moira, et ton futur beau-père. Normalement, tu allais pouvoir trouver tout ce que tu veux.

Enfin, c'était sans compter sur Astrid, que tu sens glisser sur le verglas. Très vite, tu rattrapes son bras, pour qu'elle puisse s'appuyer sur toi et ne pas tomber les fesses au sol.

«Aaaattention !» lances-tu, avant de passer son bras dans le tien, pour ne pas risquer qu'elle glisse à noouveau sur le verglas. «J'allais te proposer de commerncer avec un vin chaud, mon coeur mais... je pense qu'on va attendre, histoire de ne pas tomber tous les cinq mètres.» Tu ris de bon coeur en te moquant un peu. Mais alcoolisée, est-ce qu'elle va tenir debout ?

 

Astrid se redresse dans son lit, ses longs cheveux blonds en pagaille retombant légèrement sur ses épaules, après s’être étirée quelques secondes. Elle jette un coup d'œil à côté d'elle, remarquant le silence dans la chambre. Le lit est vide, Gabriel ayant vraisemblablement déjà quitté la chambre pour se préparer, comme ils ont prévu de se rendre au marché de Noël sur Eimsbüttel aujourd'hui. Si elle adorait l'ambiance chaleureuse et festive qui régnait là-bas en cette période de l'année, qui lui rappelle toujours les quelques mois qu’elle a passés en Suède, le joaillier avait semblé être encore plus excité qu’elle à cette perspective.

Astrid se lève et enfile son peignoir, ses pieds nus effleurant le parquet poli tandis qu’elle prend la direction de la salle de bain, désireuse de prendre une bonne douche pour se mettre en condition pour sa journée. Elle ajuste la température de l'eau pour qu'elle soit parfaite, ni trop chaude ni trop froide, avant de se glisser sous le jet quelques minutes, se savonnant puis se shampouinant avant de sortir. Elle se regarde dans le miroir, ses mèches blondes encore humides encadrant son visage et attrape une serviette pour éponger toute l’eau.

Ses cheveux séchés à grand renfort de sèche-cheveux, son corps emmitouflé dans son peignoir de nouveau, elle se dirige dans la cuisine où un parfum de cacao flotte dans l'air. Aidant Gabriel à finir de préparer le petit déjeuner, elle s’installe avec lui pour prendre celui-ci quelques minutes, avant de monter se préparer.

Ayant opté pour un pull en laine confortable, une écharpe assortie et une paire de bottines fourrées pour se protéger du froid hivernal, ainsi qu’un épais manteau, elle est fin prête pour se rendre sur le marché de noël, profiter de l’ambiance scandinave des lieux. L'air est frais et une fine couche de givre recouvre le sol. Astrid resserre son écharpe autour de son cou alors qu'ils commencent à marcher vers le marché.

Les rues sont déjà animées. Des enfants rient en glissant sur la glace, des passants pressés se dépêchent pour vaquer à leurs occupations… Ils rejoignent la foule et bientôt, les lumières chatoyantes et les sons festifs du marché de Noël se font entendre. Immédiatement, le regard de la demoiselle s’oriente sur les différents chalets qu’elle aperçoit et elle presse le pas, toute excitée.

Soudain, alors qu'ils avancent dans les allées du marché, Astrid sent ses pieds glisser sur une plaque de verglas dissimulée sous une fine couche de neige. Elle perd brièvement l'équilibre, mais Gabriel la retient par le bras avant qu'elle ne tombe complètement, non sans se moquer un peu d’elle. La blonde lui tape gentiment l’épaule comme il affirme qu’elle ne devrait peut-être pas boire si elle ne sait déjà pas tenir debout sobre. Elle bougonne pour la forme.

"- J’aimerais t’y voir, à faire la patineuse sans patins !" plaisante-t-elle. "C’est pas de ma faute, y’avait du verglas !"

 

Au marché, il y a à peu près tout pour ravir le coeur des plus grands fervents de la période de Noel. Gabriel adore ce temps passé là-bas, et il est toujours plus heureux de pouvoir tout simplement profiter des chants de chorales aux allures enneigées, de la joie bruyante des enfants, notamment lorsqu'ils verront le père-noêl arriver, et surtout, des odeurs de Noël. Entre cannelle, pain d'épice, vin chaud, savons, et autres odeurs dans chacun des stands, il y a de quoi ravir les papilles et narines de tous. Il aurait d'ailleurs voulu tout gouter, à commencer par un vin chaud, mais l'idée ne semble guère brillante alors qu'après seulement quelques minutes dans la neige, Astrid ne manque de tomber.

Il se rie d'elle, gentiment, avec amour et toujours avec toute l'attention qu'il estime que sa future femme méritait. Il n'y a rien de méchant, pas même le petit coup qu'elle lui donne à l'épaule. Il lève alors les yeux au ciel.

«Je dis ça, je dis rien, tu sais. Juste que les enfants, eux, ils ont couru sur la plaque de verglas, et ils n'ont pas glissé.» ajoute-t-il, en empirant son dossier, sachant pertinemment qu'il finira par être mangé à froid, comme toute bonne vengeance.
Malgré tout, ils continuent d'évoluer dans le marché, et Gabriel s'arrête vers un stand de bijoux, notamment de pierres serties. Il adore admirer le travail d'autrui, il estime que c'est toujours une bonne chose à voir, sans qu'il n'y ait de compétition ou concurrence ou même de vol d'idée. En ce moment, il avait suffisamment à penser pour aller en plus chercher les idées chez un confrère joaillier. D'autant qu'il n'a rien dit à sa chérie, mais il est en train de lui confectionner un petit médaillon pour Nouvel An, qui est très personnalisé, et dans lequel elle pourra faire graver -par Gabriel lui même ou un autre si elle le souhaitait - les noms et photos des gens qu'elle voulait toujours garder près d'elle. Ce n'était pas un cadeau monstrueux, et il faut dire qu'il n'est pas très doué dans ça, après tout, il ne sait jamais quoi lui offrir, mais ça lui était venu, simplement, à l'atelier, en pensant à sa chère et tendre.

Toujours un peu dans ses pensées, il regarde les boucles aux allures "mère noël" et sourit en regardant la blonde.«ça t'irait bien. Tu ne trouve pas que ça fait très mariage de Noel ?» demande Gabriel, très sérieusement, avant de reprendre. «C'est tellement une jolie période pour se marier... je ne comprends pas que les gens préfèrent se marier en été… Tout le monde transpire, il fait trop chaud, personne n'a envie de danser, et du coup, tout le monde boit comme des trous !» ajoute-t-il en baissant d'un ton, de manière à ce que seule Astrid ne puisse l'entendre râler en blaguant... Mais dans le fond, bien qu'il ne voit pas de vrai inconvénient à un mariage en été, se marier en hiver, pourquoi pas ? Au moins, la magie de Noël se trouverait un peu partout.

 

Il la taquine, bien sûr, faisant remarquer que les enfants, eux, ont beau courir sur le verglas, ils ne tombent pas. C’est vrai. Mais elle ne sait pas comment ces petites choses font pour tenir debout dans de telles circonstances. Elle ne sait pas comment ils font pour ne pas finir sur les fesses au moindre pas qu’ils font, alors qu’ils donnent l’impression de ne chercher que ça, à courir comme il le font. Mais il ne leur arrive rien, à eux. Il n’y a que les grandes personnes pour se casser le bout du nez sur le verglas, apparemment.

"- C’est sûrement des farfadets plus que des enfants…" proteste la blonde en lui tirant la langue pour toute réponse, faute de mieux.

Reprenant leur promenade dans les allées du marché, elle laisse son regard se perdre sur les stands de ce dernier, soucieuse d’y trouver, peut-être, de quoi gâter sa soeur, ses parents, ou la famille de Gabriel, alors que les célébrations de noël, si elles ne sont pas encore là, approchent tout de même à grand pas. Et ses cadeaux sont loin, très loin, d’être terminés. En réalité, seul celui de Gabriel est prêt.

Elle reporte son attention sur le stand que l’homme regarde lui-même, d’ailleurs, comme il lui désigne une paire de boucles d’oreilles en affirmant qu’elles lui iraient bien. Il était en la matière plus connaisseur qu’elle, à vrai dire. Bien plus connaisseur. D’autant plus qu’il était celui qui la voyait le plus souvent, non elle, pour savoir ce qui lui allait bien. Ou avec quoi il aimait la voir.

"- Elles sont mignonnes oui !" remarque la blonde.

Il évoque l’idée d’un mariage de noël et elle fronce les sourcils. Ils n’ont toujours pas de date pour leur propre noce. Un moment que l’idée attend. Avec les soucis de santé d’Aline au retour de sa mission, le mariage avait été relayé au second plan dans l’esprit de la future épouse mais sa sœur allant mieux maintenant, c’était peut-être le moment pour eux de revenir sur le sujet. Trouver une date, reprendre les préparatifs pour qu’elle puisse enfin devenir madame Fisher…

"- Tu voudrais que nous nous marions l’hiver prochain ?" questionne alors la blonde sérieusement, haussant les épaules. "Les mariages d’été ont leur charme. Il est possible de faire la réception dehors, à la belle étoile, si tant est qu’il fasse beau." remarque-t-elle. "Juillet et Août sont bien trop chauds et encore, nous ne sommes qu’en Allemagne." Elle rit. ”Mais les mois de Juin et Septembre sont moins rudes et offrent les avantages de l’été sans ses désagréments."

 

Gabriel ne manque pas une seule occasion de taquiner Astrid. Ils ont cette petite rythmique amusante entre eux, et honnêtement, le fils Fisher adore ce qu'il a trouvé avec Astrid : une alliée, une meilleure amie, une amante, en bref, la femme de sa vie. Alors évidemment, il a fallu qu'elle manque de glisser pour qu'il ait quelque chose à redire. D'autant que les enfants qui courent, eux, ne semblent pas même glisser, sans parler qu'aucun n'a trouvé ses fesses au sol, ce qu'aurait fait Astrid si Gabriel ne l'avait pas rattrapée. Il rit doucement en l'entendant grimacer qu'il s'agissait sûrement plus de farfadets que d'enfants. Dans le fond, elle n'a pas vrament tort. Quand on les voit, il se dit qu'il ne manquerait plus que les accoutrements que l'on peut voir dans certains films avec des farfadets
«T'as pas tort. Ils ont l'air, en tout cas.» affirme-t-il en riant de plus belle.

En parlant de farfadet et de Noel... Ces boucles d'oreille lui plaisent bien. Elles ne sont pas dans la veine de ce que fait Gabriel, mais parfois, il se dit qu'il pourrait se spécialiser vers d'autres choses. Il aime bien ce qui diffère de son travail, c'est toujours intéressant, et parfois, même si les résultats n'ont absolument rien en commun, certaines courbes lui donnent des idées de croquis, puis de montures sur bagues ou encore de pendentif collier.
Il sourit pensivement. Il les aime vraiment bien, ces boucles. Même s'il n'arrive pas à envisager qu'il les lui offre.. non, ça n'était pas forcément le genre de cadeau qu'il offrirait à Astrid.

Finalement, l'air, l'ambiance, la musique et les odeurs lui font dire ce qu'il pense, à voix haute. Se marier en hiver, pour lui, c'est sûrement le meilleur moment. Il n'apprécie guère les mariages en été. Il a pourtant été invité à un grand nombre d'entre eux. A bientôt quarante ans, il en a eu des amis qui se sont mariés et qui l'ont invité. Ses mariages préférés ? Ceux qui se déroulent en automne ou au tout début du printemps. Pour lui, l'adage "Mariage Pluvieux, Mariage Heureux" suffit amplement et le satisfait totalement. «Je me dis juste... pourquoi pas ? Les extérieurs sont magnifiques sous la neige. Je ne parle pas d'aller en Laponie pour se marier, mais un mariage sous le sapin... Si ça ne tenait qu'à moi, on irait voir le premier père noel, on l'amènerait dans une église, et on se marierait maintenant.»

En effet, voilà bien longtemps déjà qu'il a demandé sa main à Astrid. Mais voilà, il y a eu bien des soucis, notamment des problèmes de santé pour Aline qui ont occupé l'esprit de sa douce fiancée. Par respect pour l'inquiètude qu'il voyait pointer sur le front de sa bien-aimée, il n'a jamais rien dit, et il s'est simplement suffit de l'écouter, et de l'épauler. Il a très bien compris que l'heure n'était pas aux futilités d'un mariage. Pourtant, il a hâte, plus que tout, de lui passer l'alliance qu'il lui a dessinée au doigt.

Il hausse les épaules. Il n'est pas forcément d'accord.«Je n'en ai pas des souvenirs hors du communs. Tandis que ceux en automne ou en hiver, je ne sais pas... ils ont quelque chose de plus unique, les couleurs se mélangent aux décors bien plus facilement et... il n'y a pas cette chaleur.» Heureusement, ils sont en Allemagne. Les étés ne sont pas brûlants, étouffant comme on peut avoir dans le sud de la France, ou aux USA, ou même dans les pays maghrébins qu'il avait visités. Il se tire ensuite doucement le bras de la jeune femme, la positionnant face à lui, et passe ses bras autour de sa taille, en croisant ses doigts à la naissance de sa colonne vertébrale. «Mais ce n'est qu'une idée comme une autre, la période qui te plaira le plus est la mienne. Le plus important, c'est de nous marier, peu importe quand.» dit-il en déposant un baiser sur ses lèvres puis sur son front avec un sourire immense. Il ressemble un peu à un canard, mais c'est l'amour. Par amour, il ferait tout. Du moment qu'elle est heureuse.

 

Ce ne sont peut-être pas des enfants, s’ils parviennent à ne pas glisser et se vautrer sur toute cette glace, mais des espèces de petits farfadets, de petites créatures magiques et malignes, suppose la blonde dont l’esprit déborde toujours d’une imagination qui n’est plus à prouver, évidemment. Et son cher et tendre lui donne raison, au moins partiellement, affirmant qu’elle n’a pas tort et qu’ils en ont tout l’air. Bien sûr qu’ils en ont tout l’air. Elle se souviendra de faire un livre incluant des farfadets à l’image de ces petits créatures qui bondissent et courent de partout sans sembler se soucier de pouvoir tomber, juste pour appuyer son propos. Une de ses œuvres le lui permettra bien.

Ils admirent les étals, se perdent à dénicher quelques cadeaux pour leurs proches et se noient dans cette ambiance festive des fêtes de fin d’année, Gabriel remarquant bientôt que la saison hivernale ne lui déplairait pas pour un mariage, voire même qu’elle lui plairait. C’est une saison originale pour se marier, que l’on a pas l’habitude d’envisager. Il faut dire qu’un mariage hivernal conditionne à des épousailles dans un lieu clos, quand l’été, le printemps et même l’automne permettent d’envisager des noces en extérieur, encore que pour au moins deux de ces saisons, il vaut mieux prévoir un plan B juste au cas où, en raison de la météo changeante. L’hiver appelle à plus de confort et de chaleur. Pour autant, cela a un certain charme, différent des autres saisons mais bien présent. Gabriel, pour sa part, semble donc plutôt favorable pour un mariage en cette saison. Elle rit comme il évoque l’idée d’être mariés par un père noël.

"- Ce ne serait jamais que notre troisième faux-vrai mariage.” remarque-t-elle alors qu’elle lui a déjà dit oui deux fois par le passé, à Las Vegas.

Ils ne sont pas spécialement d’accord, Gabriel ne gardant pas de souvenirs marquant de mariages estivaux, printaniers, voire automnaux. Elle doit dire qu’elle n’a pas elle-même vu beaucoup de mariage au cours de son existence pour pouvoir s’exprimer sur la question. Les rares qu’elle a pu voir, cependant, étaient tous en ces saisons. Jamais en hiver. Les gens osent peu, d’autant plus avec les vacances de fin d’année.  Pour autant, elle n’est pas fermée à l’idée d’un mariage hivernal.

Il la fait venir devant lui, plaçant ses mains dans son dos pour la ramener tout contre son torse et, alors, évoquer sérieusement leur mariage. Bien sûr, il affirme qu’il se pliera aux volontés de sa belle mais elle ne lui imposera jamais de le faire selon ses règles. Les compromis sont une option qu’elle préférera toujours privilégier.

"- C’est vrai qu’il faudrait nous occuper de trouver une nouvelle date." souffle-t-elle. "Je crois que l’automne est la saison qui nous conviendrait le mieux ?"

Il l’avait évoqué, parlant de l’automne ou de l’hiver et elle-même en avait parlé. C’était donc, faut-il croire, la saison qui représentait la meilleure option pour eux.

 

Cela n'a rien d'étonnant : Gabriel est le genre d'homme à prendre majorité de ses décisions à l'instant où il les ressent les plus fortes. Il serait totalement capable de tout abandonner et de se marier face à un père Noël. Personne n'en serait vraiment surpris. En tout cas, il entend la réflexion d'Astrid, et il la comprend. Ils se sont mariés déjà deux fois sans prévenir personne, dans un contexte qui n'est pas reconnu par la loi. La seconde fois, c'était une vraie preuve d'amour devant elle, et non pas juste la folie de l'instant, bien que ça semblait être une décision inconsidérée. Il n'y a rien de non considéré dès que cela touche à Astrid. Il n'y a rien de faux. Rien d'exagéré. Ce qu'il ressent pour elle, c'est l'essence même de sa vie, une évidence qu'il n'a aucune peine à accepter. Il est né pour la rencontrer, et pour l'aimer. Pour quelqu'un qui a si longtemps peiné à croire au destin, connaître Astrid Morel lui a fait changer d'avis sur toute la question.

Gabriel roule des yeux en l'entendant, et fait mine de souffler. Il n'a rien d'énervé face à elle. Mais il aime bien jouer l'exaspération lorsqu'elle le met face à une réalité. «C'est vrai, ça va, j'ai compris.» raille-t-il en poussant un soupir à s'en fendre l'âme, exagérant encore plus la situation. «Tu préfères attendre, encore et encore...» dit-il en appuyant son poignet contre son front, dans un air dramatique, avant de rigoler.

Mais la faute à qui ? Voilà qu'il lui expose son désir de ne pas se marier en été. Ensemble, ils n'ont pas convenu d'une nouvelle date, pour ce mariage qui a été si longtemps repoussé par des impératifs familiaux. Il en a toujours compris les raisons et si ça n'était pas venu d'Astrid, il aurait certainement fait changer la date par respect pour ce qu'elle pouvait ressentir, et le besoin qu'elle et sa famille avaient de se retrouver soudés, et ensemble, sans stress. Gabriel ne l'aurait jamais mal pris, même s'il sentait qu'Aline, de son côté, avait un peu de mal, et culpabilisait. Elle n'avait aucune raison de le faire.

Toutefois, Gabriel adore jouer les martyrs, et essayer de prendre les choses à la rigolade. Après tout, qu'est-ce que c'était, d'attendre quelques mois, peut-être des années de plus, pour formaliser une promesse quand on est déjà avec la bonne personne ? Quand tout va pour le mieux, et qu'on est déjà heureux ? Demain, dans deux mois, dans cinq, six, dix ans... Du moment qu'il attend avec Astrid à ses côtés, et que ça ne change rien à leur amour, il n'a pas besoin ni d'un prêtre ni d'un bout de papier pour valider ce qu'il ressent, et son envie de fonder une famille avec elle -même si ce n'était qu'une famille de deux- et se sentir légitime.
Il se sent légitime de respirer, enfin, à ses côtés.

« L'automne, c'est une bonne saison, oui !» confirme-t-il avec un sourire immense. Malgré tous ces voeux et ces promesses de pouvoir attendre, il a hâte de pouvoir l'appeler sa femme, et qu'on ne le reprenne pas en affirmant "ta fiancée", le faisant grincer des dents. «Si jamais il pleut.. Tu sais ce qu'on en dit "Mariage pluvieux, Mariage heureux, Mariage Vieux." Moi ça me va !»

 

Elle a un petit rire comme son futur mari plaisante, adoptant un air dramatique, pour se moquer du temps qu’ils mettent à s’épouser, ayant été contraints de repousser la noce une première fois. Avec sa sœur revenant blessée de mission, les préoccupations de la blonde s’étaient un peu détournées de leur trajectoire originale. Le mariage avait été relayé au second plan et elle avait seulement voulu être présente pour aider sa sœur à aller mieux, à remonter la pente après l’épreuve qu’elle avait eu à traverser. Maintenant que c’était chose faîte, ils allaient pouvoir discuter sérieusement de la tenue de leur mariage, réorganiser tout ça.

"- En réalité je me souci surtout de ce que mes parents ET une militaire entraînée te feraient s’ils découvraient que nous nous sommes mariés sans eux une troisième fois !" déclare-t-elle en riant, quoiqu’il y ait un gros fond de vérité dans son propos.

Sa famille avait été conciliante en découvrant l'histoire du mariage à Vegas, parce que ça n’avait rien d’un “vrai mariage” selon eux mais s’ils se mariaient en catimini… Elle n’est pas sûre qu’ils apprécieraient. Elle est même sûre que ça ne serait pas le cas. Et Aline serait peut-être la plus “dangereuse” dans cette situation. Il sait comment est sa sœur, après tout. Non pas que Moïra prendrait mieux la nouvelle. Elles s’allieraient sans aucun doute pour leur faire payer ça, les connaissant.

Il va falloir y penser, cependant. Convenir d’une nouvelle date et se lancer de nouveau dans les préparatifs du mariage. En commençant par s’entendre sur une saison. Heureusement, le choix de l’automne semble être assez évident comme tous deux l’évoquent. Ce n’est pas tout à fait l’hiver que voudrait Gabriel, mais ce n’est pas non plus l’été. Il fait encore partiellement beau pour espérer de belles photos de mariage, pour imaginer un vin d’honneur en extérieur. C’est probablement leur meilleur compromis pour satisfaire aussi bien leurs familles qu’eux-même.

"- C’est vrai, c’est vrai maiiiiiiiiiis j’aime autant ne pas embourber ma robe de marié !" remarque la blondinette. "Même si je ne l’ai pas encore choisie, je suis sûre que je voudrais la reporter pour nos anniversaires de mariage ! Ce serait dommage de l’abîmer !" remarque-t-elle. "On prévoiera un plan b en cas de pluie, comme un vin d’honneur en intérieur, tant pis ! D’ailleurs, on pourrait peut-être envisager de faire la séance photo couple à un autre moment que le jour du mariage ? J’ai vu que ça se fait de plus en plus ! Comme la journée passe déjà très vite, je me dis que ce n’est pas une si mauvaise idée de faire les photos un autre jour." remarque-t-elle avant de poursuivre. "Et c’est l’occasion de se revoir en tenue en tête à tête !"

 

Dès qu'il s'agit d'Astrid, il ne réagit pas rationnellement. S'il le fallait, il l'épouserait tous les ans. Il aime Astrid plus que tout au monde, et il a conscience que sans elle, il ne serait pas la moitié de ce qu'il est actuellement. Elle fait de lui un homme meilleur, un homme capable de se battre pour tout ce qui compte, ce qu'il n'était pas forcément au début de leur relation, faisant preuve d'un pessimisme que même le plus grand optimiste n'aurait pu éteindre. Il n'y avait qu'elle qui savait lui faire du bien au point de changer les pensées si arrêtées qu'il pouvait avoir sur certaines situations. Comme le fait, notamment, qu'il s'était toujours senti trop vieux pour elle.

«Je t'avoue que j'aurais plus peur de tes parents... et de miens, que ta soeur.» dit-il en riant. Pourtant, sa soeur est une sacrée militaire. Il l'a vue s'entraîner au combat, une fois. Et honnêtement, ce jour là, il s'est promis de ne jamais se mettre Aline à dos. Une promesse que, jusqu'à présent, il a réussi à tenir. Et qu'il s'apprête à tenir encore longtemps. Alors, c'était dire, s'il craignait plus les parents qu'elle. Pourtant, il a l'impression de lire dans les yeux d'Astrid qu'elle n'est pas d'accord, ayant eu l'impression que ses pupilles se sont davantages dilatées à l'évocation du terme militaire.

Quoi qu'il en soit, Gabriel n'en peut plus d'attendre. Lorsqu'il utilise le terme "ma femme", il a l'impression de mentir au monde autour de lui, malgré deux mariages bien que non officiels, ou, comme dirait sa mère "qui n'ont pas été présentés devant Dieu", ce qu'il lui a promis de faire. Et s'il a moins de croyances que sa mère, il est des choses, comme les promesses qu'il peut faire, qu'il ne trahira jamais. C'est un homme de parole, du moins, il s'efforce à l'être le plus possible.

Alors, naturellement, la discussion dévie vers le choix d'une date. Ils ne sont pas vraiment d'accord sur les périodes, Gabriel aurait très certainement préféré un mariage automnal, vu qu'il a un béguin avec cette saison, qui, généralement, est également celle pour laquelle il est le plus productif au travail : l'automne l'inspire, d'une manière qu'il ne peut expliquer. Il rit devant les contestations de sa fiancée. «Au pire, ça peut s'arranger avec des bonnes bottes d'équitation, hein.» plaisante-t-il, avant de prendre un air plus sérieux comme pour lui dire "non mais je rigole qu'à moitié,hein ?"

Il entrelaça ses doigts avec ceux de la jeune femme. «Alors, il faut qu'on se marie vite. Il me tarde de te voir la porter à CHAQUE anniversaire de mariage.» Ses idées sont loin d'être mauvaises, et quelque part, cela fait rêver Gabriel d'envisager tous ces moments. Pour lui, en terme de logistique, il n'y a pas eu de renseignement réellement pris. En vérité, il fait confiance à Astrid pour la gestion de choses comme les photos. «Euh, oui, pourquoi pas. Je t'avoue que j'ai pas du tout réfléchi aux photos...» il n'a pas honte de présenter ainsi. Il a déjà du mal à savoir ce qu'il va choisir entre Lavallière, noeud papillon ou encore cravate, il est évidemment, très loin d'en être aux photographies et à choisir leur moment.


 

Il avoue que s'ils se mariaient de nouveau en catimini, il aurait davantage peur de la réaction de ses parents et de ceux de sa belle, que de la sœur de cette dernière. C'est un bon point et il a raison de le redouter. S'ils venaient à annoncer aux Morel qu'une fois encore ils s'étaient mariés sans les convier à la noce… Ce serait sans aucun doute le mariage de trop pour ces derniers. Bien sûr les précédents n’étaient pas très sérieux mais maintenant ? Ils préparaient ce mariage depuis si longtemps, toutes leurs familles n’attendaient plus que ça, que s’ils annonçaient un nouveau report ou, pire, qu’ils avaient fait le coup en douce… Non, aucune de leurs deux familles ne le leur pardonnerait.

"- Oh… et pense à la tête que Moïra ferait, aussi…" remarque la blonde.

Non, ils ne peuvent pas faire ça à leur famille. Cette fois ils vont se marier devant eux. Devant tous leurs proches réunis. Se dire oui pour la vie une bonne fois pour toutes. Voilà le plan. Parce qu’il n’y a rien qu’elle veuille plus, de toute façon, qu’afficher fièrement au monde son amour pour lui. Ce sera bientôt le cas. Ne reste plus qu’à l’organiser. trouver la robe, les prestataires…Un sacré travail qui s’annonce, mais elle ne doute pas que leurs mères se feront un plaisir de leur offrir un petit coup de main. Parce qu’elles sont comme ça. Et parce qu’elles attendent ce mariage probablement encore plus impatiemment qu’eux.

"- Aucune paire de bottes ne pourra rien faire pour sauver ma robe !" remarque-t-elle en riant. "Et je ne prévois pas de t’épouser dans un ensemble blazer-pantalon ! Qui fait ça !?" elle porte sa main à son front, dans un air dramatique. "C’est le meilleur moyen de tuer tout le romantisme !"

Remonter l’allée en pantalon, sans voile ni traîne ? Non, elle ne peut pas l’imaginer. Même si le mariage n’est pas spécifiquement un rêve de petite fille à accomplir coûte que coûte, pour elle, il n’en reste pas moins qu’elle est attachée à quelques traditions. Notamment celle de la robe blanche.

"- Peut-être pas tous les anniversaires…" remarque-t-elle en riant, consciente que son corps avec les années changera, contrairement à sa robe. "Mais disons le plus possible."

En attendant, il faut déjà commencer par se marier. Maintenant qu’ils ont la saison, ils savent de combien de temps ils disposent et… Le point positif, c’est qu’en cette période de l’année, les prestataires ne sont pas surbookés. Alors ils devraient pouvoir faire quelque chose dans le laps de temps qui leur est imparti, sûrement. Ils devront juste s’activer un peu. Ce qui ne semble pas si évident, parce qu’il y a énormément de choses à réfléchir.

"- AH !?" s’étonne-t-elle, amusée. "c’est pour se souvenir du grand jour quand on aura Alzheimer !"  

 

Se marier, une fois de plus, loin des yeux et des consciences de tous. En vérité, c'est presque devenu une sorte de running habit, tous les deux. Et s'il doit se marier soixante fois avec Astrid, il le fera sans hésiter. Pour lui, ce n'est qu'une occasion de plus de lui promettre de l'aimer jusqu'à son dernier souffle. Parce que c'est ce qu'il fera toujours. Jusqu'à ce que la vie lui soit ôtée, et même encore après. Mais il est certain que leurs familles n'apprécieraient pas trop que la situation se reproduise, à l'écart de tous. Surtout quand on savait qu'ils ralaient déjà des précédents mariages. «Moïra le prendrait plus mal que tous, je crois. C'est mon témoin, après tout. J'ai encore plus peur d'elle que d'Aline.» affirme-t-il, amusé et joueur dans sa phrase. Il fait mine de rien mais il a bel et bien peur des réactions de sa soeur si le schéma venait à se reproduire.

«Les avant-gardistes ?» s'ose-t-il à répondre, sachant très bien qu'Astrid râlerait qu'il dise qu'elle est trop traditionnelle. Et après ? Si elle voulait une robe avec une traîne, qui était-il pour le lui refuser ? Lui aussi, il aurait sa traine... non ?... NON ? «D'accord d'accord, Juliette Capulet, respire.» rit-il, très fort, attirant quelques regards autour d'eux. «On va rester romantiques et en vie. Donc une robe longue, et nos familles prévenues et invitées. J'ai noté !» Il lui prend la main pour continuer d'avancer dans le marcher, doucement. En temps normal, il porte de grands manteaux avec de grandes poches, pour y mettre leurs deux mains : qu'ils soient liés mais au chaud. Cette fois-ci, ses poches sont trop petites, et il fait trop froid pour être suffisamment fou et sortir sans gants.

Pour ce qui est de rentabiliser la robe, ils trouveront comment faire, c'est une certitude. La porter à tous les anniversaires de mariages, peut-être pas, affirme-t-elle, mais elle le ferait le plus possible. «C'est toi qui vois, je ne fais que te proposer des solutions !» qu'il se déleste de toute responsabilité, avant de confier qu'il n'a pas du tout penser aux photos. «Oui, ouiii, je sais ça ! Mais du coup, est-ce que ça vaut pas mieux après le mariage ? voire après la lune de miel ? Parce que, tu connais ma mère. Elle va criser si je vois ta robe avant, donc si c'est un autre moment, autant qu'on ait vraiment le temps, et qu'on ne risque pas d'attirer les foudres des surpersitions maternelles, qu'est-ce que t'en dis ?»


 

Si d’aventure le petit couple décidait à nouveau de se marier à l'improviste, loin de leurs familles, aux États-Unis par exemple, comme ils l'avaient déjà fait, il y avait fort à parier que leurs familles ne le prendraient pas bien. Fort à parier que leurs sœurs ne seraient pas des plus ravis de manquer encore une fois la noce. D'ailleurs, l’homme affirme avoir encore plus peur de Moïra que d’Aline. Et à vrai dire, il a probablement raison de se méfier de sa cadette qui pourrait vraiment ne pas apprécier d'être spolié de son rôle de témoin une nouvelle fois. Non pas qu'ils l’aient fait exprès autrefois. Leur histoire a simplement été… hé bien disons particulière.

"- Je n’ai pas très envie que ta sœur m'enterre dans quelques sombres jardins parce que j’aurais osé te détourner une fois de plus d'un mariage en bonne et dûe forme où elle pourrait être ta témoin !" remarque la blonde amusée. "Je crois qu’Aline l’aiderait volontiers si cela se reproduisait. Tu parles d'une fin heureuse… Ne prenons donc pas de risque." remarque la blonde en plaisantant comme lui.

Il faut qu'elle trouve la robe parfaite pour son mariage, parce qu'elle ne compte pas épouser l'homme de sa vie en blazer et pantalon. Elle ne sait pas qui fait ça, ça fait plus femme d'affaires que mariage. Mais lui a bien une petite idée sur le genre de personne qui peut porter ce genre de tenue pour un tel évènement... Les avant-gardistes. Elle grommelle quelque peu. Elle, trop traditionnelle ? Peut-être un peu, sur certains points en tout cas.

"- Je crois que ma sœur pourrait me pardonner l'absence de robe longue et de traîne… Mais elle ne me pardonnerait définitivement pas si je me mariais une nouvelle fois à Las Vegas ! On va mettre “devant témoins” tout en haut de la to-do list, cette fois ! J’suis trop jeune pour mourir !"

D'ici à ce qu'ils puissent se dire oui, en tout cas, il y a de nombreux préparatifs. Il faut réfléchir à tout un tas de choses, comme le traiteur, le lieu de réception, ou encore le photographe. D'ailleurs, Gabriel n'a pas du tout réfléchi à ce dernier point et Astrid ne manque pas d’ironiser sur la situation. Une perche tendue mérite toujours qu'elle la saisisse.

"- Après le mariage oui. Après la lune de miel pourquoi pas, il va falloir que l’on s’en occupe aussi. J'ai l’impression qu'il faut réfléchir à un milliard de choses pour se marier !"

Comme quoi, c'était quand même bien plus facile à Las Vegas. Mais pas reconnu, parce qu'elle n'avait pas fait les démarches pour ça. Démarches qui sont, par ailleurs, excessivement longues.

"- Je pense que ma mère serait contrariée aussi si nous faisions faire les photographies avant le mariage. Et puis, je crois que j'ai envie que tu vois ma robe pour la première fois quand je remonterai l'allée..."