Gala sportif | Delila

Ce soir, les institutions sportives de Hambourg avaient organisé un petit gala intersport au Casino d’Hamburg-Nord. L’idée était plaisante, rencontrer les autres sportifs de la ville enchantait Sophie. Il était relativement rare que des volleyeurs croisent des nageurs par exemple. La demoiselle avait opté pour une jupe crayon contenant de l'élasthanne pour être à l’aise et un crop top de la même couleur. Bien que sportive, la demoiselle aimait beaucoup s’apprêtait et c’était peut-être aussi à cause de sa coéquipière et meilleure amie Ilona. Depuis un an qu’elles vivaient ensembles, Sophie avait appris des techniques de maquillage et tout un tas de “protips” sur la mode.

De ce qu’elle avait compris, ils avaient prévu un discours, une présentation des différents clubs sportifs de la ville puis chacun pouvait vaquer à leurs occupations et échangés entre eux. Sophie était sociable, elle n’avait pas trop de soucis dans ce genre d'environnement, elle déambulait donc entre les tables du casino, saluant les personnes qu’elle connaissait, riant avec eux, discutant de tout et de rien, son verre à la main. Elle s’arrêtait vers une machine à sous et s’installait. Elle avait toujours voulu essayer, faire comme dans les films américains, bien qu’elle se doutait qu’il faudrait jouer plusieurs fois avant d’avoir le fameux Jackpot. Elle jouait donc depuis quelques minutes lorsque la machine à sous affichait un premier “sept” puis un second et Sophie avait retenue son souffle avant de voir une étoile s’afficher. Déçue, elle récupérait ses gains dans un gobelet et se levait de la chaise. La demoiselle prenait son verre et se retournait pour heurter une autre personne.

- Oh pardon ! Je suis désolée !! » Lâchait-elle, confuse d’être rentrée dans quelqu’un.  « Allez, venez, je vous offres un verre pour me faire pardonner ! » Constatant que la jeune femme n’avait pas de verre à la main, elle lui proposait donc de lui en offrir un.

Quand elle avait reçu l'invitation pour cette soirée particulière au casino de Hambourg, Delila avait hésité à s'y rendre et, dans un premier temps à vrai dire, elle était parti du postulat qu'elle n'irait effectivement pas. Si elle a l'habitude de la foule et des représentations, elle a plutôt l'habitude d'être au-devant d'elle à faire le show, se plonger dans sa bulle et vendre du rêve. Mais être parmi les autres, dans la foule, est une expérience tout à fait différente et avec laquelle elle n'est pas des plus à l'aise. Elle a conscience que parmi les inconnus se cachent des loups dont on est jamais sûr de leurs intentions. La méfiance est sa force, son arme, depuis des années. Depuis qu'elle a quitté le domicile parental. Quand vos propres parents sont capables de vous faire du mal... Quelle autre issue ? Vous apprenez vite que vos ennemis se cachent n'importe où, tapies dans l'ombre, prêts à jaillir.

Et puis, finalement, elle n'avait pas eu d'autre choix que de s'y rendre, poussée par son partenaire désireux d'avoir un alibi à proximité pour s'éclipser au besoin si la fête n'était pas de son goût, si bien qu'elle avait trouvé une robe en urgence - une tenue de scène, à vrai dire - et l'avait finalement accompagné. A présent, seule de son côté au beau milieu du casino et alors qu'elle l'observait compter fleurette à sa proie du jour, elle regrettait d'avoir cédé, songeant qu'elle aurait été bien mieux chez eux, à regarder une prestation ou une autre d'autres danseurs acrobatiques, voire un bon film.

La gorge sèche, elle décide d'aller se cherche un verre d'eau et quitte la machine à laquelle elle s'était adossée un peu plus tôt, s'engageant dans l'allée où elle manque d'être percutée par une petite brune qui quitte son siège, un verre à la main, avant de s'excuser en proposant de lui offrir un verre. Delila fronce les sourcils avec méfiance. Un verre pour une petite bousculade ? Il lui semble que ça n'a aucun sens et elle lève un sourcil, dévisageant cette inconnue.

"- C'est à dire que je ne comptais pas prendre autre chose que de l'eau." mentionne-t-elle en restant sur la défensive.

Sophie venait de se lever de sa machine à sous et elle avait bousculée une jeune femme. Elle pouvait parfois être maladroite, elle ne comptait plus le nombre de fois où elle rentrait dans des gens ou des objets, son attention souvent accaparée par tout autre chose que ce qui se trouvait face à elle.

- C'est à dire que je ne comptais pas prendre autre chose que de l'eau. » Lâchait la blonde sur la défensive. Sophie resta un instant silencieuse. Zut, elle n'avait pas l’air commode celle-ci. Un sourire aux lèvres Sophie n’allait pas se laisser démonter.

- Oh, mais je peux vous offrir un verre d’eau vous savez ? » Pourquoi toujours imaginer qu’on parlait d’alcool. « Ou un thé, ou un café, ou du jus de fruit ! Je pense qu’ils ont pleins de possibilités. » Elle souriait encore. « C’était surtout pour me faire pardonner de vous avoir bousculé… Je peux être très maladroite et puis j’ai cru que j’avais gagné le gros lot, mais il me manquait un sept, alors la déception tout ça, j’avais la tête ailleurs ! » Reprenait la brune, l’air peinée. Si elle était là et pas en tenue de pingouin, c’est qu’elle devait être une sportive, comme elle. « Vous êtes une sportive ? Vous faites quoi comme sport ? » Demandait-elle alors, histoire de faire la conversation et sûrement de détendre l’atmosphère. Et puis, peut-être qu’elle pourrait tirer un sourire à la jeune femme. « Moi c’est Sophie et je suis Volleyeuse. » Elle se présentait, peut-être aussi que ça aiderait à briser la glace.

Elle est méfiante, elle l'est toujours. C'est plus fort qu'elle. Avec ses fêlures, ses fractures, elle a peur. Peur que l'enfer ne recommence. Peur qu'on ne trouve encore le moyen de la blesser, le moyen de la briser. Elle ne sera plus une victime, plus jamais. C'est ce qu'elle s'est promit. Une promesse qu'elle ne peut pas honorer si elle ne fait pas attention à elle, si elle ne se montre pas méfiante envers les autres. Elle ne peut pas faire confiance trop vite, parce qu'elle sait que l'on ne peut jamais être sûr des gens, jamais être sûrs de leurs intentions. Elle sait que parfois les gens vous brisent. Et elle sait que parfois, souvent en fait, ce genre de choses est perpétré par ceux qui vous sont les plus proches. Comment ne pas douter de tout, alors, et de tout le monde ?

"- En fait... Juste de l'eau. Même les jus de fruits sont plein de sucres la plupart du temps, à moins qu'ils les tirent eux-mêmes."

Evidemment. Si sa méfiance envers les gens, qu'elle les connaisse ou non, est une raison qui pousse la blonde à ne pas accepter de verres comme ça, ce n'est pas la seule raison. Sa peur irraisonnée de prendre du poids, sa trouille de ne plus pouvoir danser, son rapport compliqué à l'alimentation et au poids sont autant de raisons qui viennent perturber ses rapports aussi bien sociaux qu'à la fête. Son sport, son art, c'est sa priorité.

"- Oui, je suis danseuse. Danseuse acrobatique. J'accompagne l'espèce de faux-frère là-bas." dit-elle en désignant son partenaire avec le menton.

Pour l'avoir abandonné, ce dernier l'a bel et bien laissé tomber. Enfin, pour la soirée seulement, mais à l'évidence le décolleté pigeonnant de la jolie rousse qui lui fait face est beaucoup plus intéressant que de savoir si sa partenaire qu'il a trainé ici sous couvert de l'accompagner va bien. Delila secoue la tête en l'observant, jetant un regard à la femme en question, consciente que ce sera au choix la femme qu'elle trouvera chez eux demain matin ou celle qui brisera le cœur de son colocataire et ami d'ici quelques mois. Peut-être même les deux. Sûrement les deux.

"- Delila. Enchanté, Sophie"

Sophie tentait sa chance, après tout, qu’avait-elle à perdre ? Si la blonde acceptait finalement elle aurait peut-être gagné une amie, qui sait ? Alors, elle insistait un peu quand la demoiselle lui indiquait ne pas boire d’alcool, lui proposant de l’eau ou même des jus de fruit.

- En fait... Juste de l'eau. Même les jus de fruits sont plein de sucres la plupart du temps, à moins qu'ils les tirent eux-mêmes. » Sophie acquiescait, c’est vrai que les jus industriels étaient souvent complémentés en sucres, comme si il y en avait besoin… Et puis la brune aimait bien, elle aussi, les jus fraîchement pressés. Elle se mettait à réfléchir à la possibilité de demander un extracteur à jus pour Noël. La brune demandait à la jeune femme si celle-ci était une sportive et ce qu’elle faisait. « Oui je suis danseuse. Danseuse acrobatique. J’accompagne l’espèce de faux-frère là-bas. » Sophie suivait des yeux le geste du menton de son interlocutrice en direction de son cavalier. « Delila. Enchantée, Sophie. » Lui disait-elle alors.

- Enchantée ! » Lui répondit la volleyeuse. « Ces hommes... » Soupirait-elle, irrécupérable. « Venez, suivez-moi, on va essayer de voir si on peut trouver votre bonheur. » Sophie emboitait le pas, direction le bar du Casino. « Danse acrobatique hein ? Vous en êtes à quel niveau ? » Demandait la brune, réellement intéressée par la discussion. C’était aussi pour ça que ce Gala avait été organisé, pour que les sportifs puissent échanger entre eux. Qu’ils sortent un peu de leurs zones de confort et puis Sophie était réellement intéressée, elle aimait bien la danse, elle se savait incapable de faire ne serait-ce que la moitié de ce qu’ils faisaient. Elle se contentait de bouger les hanches et les bras. « Vous avez une spécialité ? Une danse que vous préférez à une autre ? » La brune se souvenait avoir vu des concours à la télévision et elle croyait se souvenir qu’il y avait plusieurs styles de danses acrobatiques. « Désolée si je pose des questions idiotes, je marche un peu sur des oeufs. Je n’y connais rien en danse, mais j’aime bien regarder les émissions à la télé quand il y en a ou les vidéos qui tournent sur insta ou facebook. » Avouait-elle alors. Comme Delila semblait méfiante, jouer la carte de l'honnêteté n’était peut-être pas si bête.

Ces hommes, oui… On ne peut jamais compter sur eux. Si elle avait sû que son partenaire l’abandonnerait aussi vite, elle ne se serait peut-être pas donné la peine de l’accompagner à cette soirée. Si elle avait sû qu’elle finirait toute seule dans son coin, elle aurait probablement organisé sa soirée différemment. Mais maintenant qu’elle était là et qu’elle avait accepté de l’accompagner, elle ne pouvait plus s’extirper de là, ne pouvait plus faire marche arrière et le planter seul ici à finir sa soirée. Non, ils étaient venus ensemble, ils repartiraient ensemble. Elle n’allait pas lui faire faux-bond, d’autant plus qu’il avait sûrement ses raisons d’avoir tenu à ce qu’elle l’accompagne. Lesquelles ? Ça, c’est un mystère. Elle pourra toujours lui demander un peu plus tard ce qu’il avait eu en tête pour la faire venir là avant de finalement l’abandonner pendant qu’il comptait fleurette à une ou deux jolie fille.

”- Niveau professionnel, c’est mon métier à plein temps.”

Un métier exigeant et pour lequel elle est prête à tous les sacrifices. Un métier qu’elle adore et qui la fait se sentir vivante. Elle n’aurait pas pu rêver mieux. Pas pu s’épanouir autrement qu’en vivant de son art, de sa passion. Elle sait que tout le monde n’a pas cette chance, elle sait qu’elle se doit d’être reconnaissante pour ça. Qu’elle se doit de remercier le ciel pour lui avoir permis ça, pour lui avoir offert la danse à laquelle elle a pu se raccrocher chaque fois qu’elle s’est sentie tomber.

”- C’est très varié, cela peut aller de portés avec mon partenaire, à des chorégraphies aériennes en suspension. Les deux sont très différents mais tout aussi plaisant à réaliser. Nous faisons les deux. Et également du travail au cerceau au sol et à deux, avec des échanges, des figures portées en rotation...” explique patiemment la blonde comme son interlocutrice avoue ne pas y connaître grand chose mais regarder à la télé et sur les réseaux sociaux. ”J’avoue ne pas y connaître grand chose en volley non plus. Il y a des postes particuliers ?”

Sophie, d’un naturel curieux, se permettait de poser des questions à la blonde qu’elle venait de rencontrer. Finalement, l’idée d’un Gala pour que les sportifs se rencontrent n’était pas si bête. Cela permettait de discuter d’autre chose que son propre sport et en réalité, Sophie appréciait plutôt cela.

- Niveau professionnel, c’est mon métier à plein temps. » La brune était contente d’avoir posé la question, niveau professionnel donc. Elle irait voir de plus près sur internet les performances de cette Delila, sauf si la langue de la blonde se délier un peu. « C’est très varié, cela peut aller de portés avec mon partenaire, à des chorégraphies aériennes en suspension. Les deux sont très différents mais tout aussi plaisant à réaliser. Nous faisons les deux. Et également du travail au cerceau au sol et à deux, avec des échanges, des figures portées en rotation… » Lui expliquait Delila alors que Sophie lui avouait ne pas connaître grand chose à la danse acrobatique. « J’avoue ne pas y connaître grand chose en volley non plus. Il y a des postes particuliers ? »

- C’est impressionnant ! » Elle serait incapable de faire tout cela, elle le sait. « La danse en soirée est déjà très limitée, alors je ne m’imagine pas du tout faire tout ça ! » Sophie riait d’elle-même avant de reprendre son sérieux. « Il y a six postes en tout. » Elle répondait à la question de Delila sur le Volley. « Passeuse, Réceptionneuse-Attaquante, Attaquante, Centrale, Libero et Spécialiste de la Défense. » Elle les liste un par un. « Je suis libero. Je fais partie de ceux qui maintiennent la balle en jeu dans l'échange... » C’est un peu plus compliqué que cela en réalité, mais Sophie ne sait pas si Delila est prête à entendre un exposé sur son rôle de passeuse et le rôle des autres postes sur le terrain. « Ça doit faire longtemps que vous dansez si vous êtes danseuse pro, j’imagine ? » Demandait la brune, dont la curiosité parlait pour elle. « Et votre partenaire, vous l’avez depuis longtemps ? » Est-il facile d’en changer ? Dans le monde du Volley, il n’est pas rare que les filles changent de clubs bien que Sophie soit dans le même club depuis quelques années maintenant.

Pour son interlocutrice, tout ça est impressionnant et Delila imagine que c’est le cas pour pas mal de monde, parce que la danse à son niveau n’a effectivement rien à voir avec la danse que pratiquent la majorité des gens pendant les soirées, dans le simple but de s’amuser. À son niveau, c’est de l’art. De la performance. De la technique. C’est tout à la fois de la danse et, finalement, des arts du cirque. Du spectacle vivant, en tout cas. Cela demande pas mal de compétences aussi bien rythmique que technique et c’est ça qui lui plaît. Son art lui donne l’impression d’être au-dessus de tout, de pouvoir voler. Si elle ferme les yeux, si elle y croit assez fort, elle pourrait toucher le ciel et décrocher les étoiles.

”- En fait, ce n’est pas quelque chose que l’on peut commencer trop tard. La danse doit prendre ses racines le plus tôt possible. Bien sûr, on peut devenir très bon et s’amuser en prenant des cours à l’âge adulte mais…Pour atteindre un certain niveau il faut des années et des années de pratique, avoir même formé son corps à cette pratique pendant son développement. Mais j’imagine que c’est vrai aussi pour le volley et que l’on ne peut pas devenir professionnel si on ne s’entraîne pas tous les jours depuis l’enfance.“

Il faut des années de pratique et ce sont au final des carrières plutôt courtes. Dans quelques années, elle le sait, elle ne pourra plus faire ce qu’elle fait. Elle devra quitter la scène pour devenir peut-être coach ou chorégraphe. La période d’un danseur en activité n’est, comme pour tout sportif, jamais très longue. Elle sait que pour certains, elle commence à faiblir.

”- Je vois… Chacun a donc un rôle qu’il doit remplir pour mener le jeu à bien ?” questionne encore la blonde comme Sophie évoque son sport et son poste, de même que les autres postes que l’on trouve dans une équipe. ”Oui, je le connais depuis quelques années maintenant, nous étions ado. La confiance dans son partenaire est primordiale dans mon milieu, il tient notre vie entre ses bras par moments.”

La brune posait des questions sur le sport, et le métier par extension, de Delila. Elle se demandait depuis combien de temps celle-ci pratiquait, bien qu’elle imagine que cela soit un travail de tout temps et que c’était un choix de carrière qu’elle avait dû faire très jeune.

- En fait, ce n’est pas quelque chose que l’on peut commencer trop tard. La danse doit prendre ses racines le plus tôt possible. Bien sûr, on peut devenir très bon et s’amuser en prenant des cours à l’âge adulte mais…Pour atteindre un certain niveau il faut des années et des années de pratique, avoir même formé son corps à cette pratique pendant son développement. Mais j’imagine que c’est vrai aussi pour le volley et que l’on ne peut pas devenir professionnel si on ne s’entraîne pas tous les jours depuis l’enfance. » Sophie comprenait ce qu’elle voulait dire. Certainement que cela nécessitait beaucoup de souplesse et si on voulait en faire à haut niveau, cela demandait beaucoup de technique. La brune acquiesçait concernant la partie sur le volley. Il est vrai que le mieux était de commencer très tôt, mais certains joueurs se démarquaient même sans en avoir fait depuis tout jeune. Elle répondait alors à sa question en lui indiquant son poste et les différents postes qui existaient sur un terrain de volley. « Je vois… Chacun a donc un rôle qu’il doit remplir pour mener le jeu à bien ? » À Sophie d’acquiescer une fois de plus avant de lui demander si l’homme qui l’accompagne est son partenaire de danse depuis longtemps. « Oui, je le connais depuis quelques années maintenant, nous étions ado. La confiance dans son partenaire est primordiale dans mon milieu, il tient notre vie entre ses bras par moments. »

- Ça rigole pas dis donc ! » Elle n’imaginait pas que ça puisse être aussi dangereux, mais croyait la blonde sur parole. Après tout, une mauvaise chute et tout était terminé, elle pouvait facilement l’imaginer. « Au volley ce n’est pas aussi radical, même si une chute peut mettre un terme à notre carrière… » Elle l’a déjà vu et elle a déjà cru que ce serait la fin pour elle une fois. C’est pour cela qu’elle faisait des études à côté, dans l’idée de pouvoir se retourner lorsque tout s’arrêterait. « La carrière d’une volleyeuse se termine plutôt tôt, je fais des études à côté pour devenir Kiné du sport. » Expliquait-elle alors à Delila. « Vous pouvez danser en pro pendant combien d’années ? » Sophie faisait le constat que les carrières sportives étaient vraiment très courtes finalement sur le nombres d’années que les sportifs mettaient à atteindre un niveau professionnel et parfois certains s’acharnaient sans jamais vraiment décoller.

Au volley, ils courent moins de risques mais une mauvaise chute peut, aussi, entraîner une fin de carrière, affirme Sophie, et Delila veut bien la croire, car c’est comme ça pour tous les sportifs. Ils savent que leur temps dans leur pratique est limité, soumis à leur bonne condition physique, leur santé. Dès lors que quelque chose ne fonctionne plus tout à fait, alors c’est la fin. C’est une chose à laquelle elle essaie de ne pas trop penser, n’étant pas pressée de voir sa carrière se terminer, mais elle sait que c’est toujours un risque qui plane au-dessus de sa tête comme au-dessus de celles de tous ses semblables, tous ses pairs.

"- Vous avez raison d’assurer vos arrières. On ne sait jamais ce qui peut se passer. Mon partenaire et moi savons déjà que, le moment venu -que nous espérons le plus lointain possible- nous deviendrons sûrement coachs."

Poursuivre des études pour devenir kiné du sport est un choix de carrière judicieux. Cela lui permettra ainsi de prolonger sa relation avec le monde sportif, son implication dans celui-ci, même après sa retraite en tant que volleyeuse professionnelle. C’est plus ou moins ce que la grande majorité des athlètes passionnés faisaient. C’est à cela qu’on les reconnaissait.

Delila se sent prise au dépourvu. Elle a toujours vécu sa passion pour la danse à fond, quoique consciente d’avoir choisi une carrière exigeante physiquement et éphémère mais, pour autant, la question de la retraite, de la fin de carrière, la met toujours mal à l’aise, l’angoisse. Elle l’a frôlé elle-même en évoquant l’idée de devenir coach, mais Sophie y plonge tout à fait pour sa part, tête la première. Une grimace prenant place sur son visage, elle murmure alors.

"- J'espère pouvoir continuer encore quelques années, le plus longtemps possible mais… Mais dans ce métier, on ne peut jamais vraiment prédire. Tout dépend de notre corps et de la chance."

Tout ce qu’elle peut espérer, c’est de prendre de l’âge dans de bonnes conditions, des conditions qui lui permettent de continuer de faire ce qu’elle aime le plus au monde.