Ashwini • Gala & gossip

Évidemment, comme souvent quand elle écrit, elle a encore perdu la notion du temps et, forcément, elle est maintenant en retard pour rejoindre sa meilleure amie à une soirée caritative. Elle se dépêche donc de se préparer, trouvant une robe à enfiler, en ayant quelques-unes dans son dressing, avant de s'asseoir devant sa coiffeuse pour peigner ses cheveux, les coiffer brièvement, quelque chose d'un peu simple, classe en même temps. Elle a seulement besoin d’une broche dans ses boucles blondes et l'affaire est dans le sac. Ne reste que le maquillage. À voir son reflet dans le miroir, elle ne pourra pas se contenter du strict minimum. Il faut dire qu'elle n'a pas beaucoup dormi la nuit dernière. La blonde attrape donc un coton pour nettoyer sa peau puis sa base lissante. Un peu de correcteur, du fond de teint, de l'anticerne. Du blush, de l'highlighter, des fards à paupières, mascara, eyeliner… et bien sûr, un joli rouge à lèvres. Voilà tout ce dont elle a besoin pour réussir à faire quelque chose de son visage. Consciente de son retard, elle envoie un message à sa meilleure amie, s'excusant, prévenant qu'elle arrive, mais qu'elle a pris un petit contretemps.

Saluant son amoureux, comme il travaille encore et ne peut se joindre à elle, elle dépose un baiser sur ses lèvres avant de s'en aller, attrapant une pochette au passage, pour y glisser son portefeuille et son téléphone portable. Rapidement, elle atteint la voiture et démarre, roulant jusqu'au lieu de réception, le somptueux hôtel 5 étoile, The Fontenay, dans le quartier d'Eimsbüttel. En route, elle reçoit un message de la jolie brune qui l'attend et qui se demande où elle peut bien en être. Enclenchant la dictée vocale, la blonde transmet rapidement un message, affirmant qu'elle arrive, qu'elle n'en a plus pour longtemps. Lorsque le feu repasse au vert, elle redémarre d'autant plus vite et se gare rapidement, quelques minutes plus tard, sur le parking blindé du lieu de réception. Forcément, il lui faut remonter tout celui-ci pour atteindre finalement l'entrée de la grande bâtisse, prévenant en même temps Ashwini qu'elle arrive, si bien que la brune l'attend à l'entrée quand la blonde l’atteint. Elle la rejoint rapidement et la prend dans ses bras.

"- Désolé, j'en avais deux qui voulaient absolument que je termine le chapitre !" affirme-t-elle en parlant de ses personnages. "Tu sais comme ils sont !" se défend l'autrice. "Qu'est-ce que j'ai manqué ?"

Simona laissée derrière, t'espères qu'Astrid va vite arriver. D'ordinaire, quand elle est conviée à venir à ce genre de soirées, elle n'est jamais en retard, mais une fois n'est pas coutume, même si ce n'est pas réellement la fois que tu aurais préféré, compte tenu des zigotos qui semblent être là. À regrets, presque, tes yeux lâchent ceux, bleus océans, sur ton chemin pour aller retrouver Astrid... ou en l'occurrence son message vocal, que tu vas écouter à l'abri du brouhaha autour de toi. T'as envie de lui répondre en vocal, mais tu t'abstiens de toute réponse, finalement. Elle doit déjà être en route et tu n'as pas envie de t'amuser à la déconcentrer de sa conduite ; autant limiter la casse.

Un serveur t'interrompt. Ta sœur et ta cousine ne sont pas présentes, à ton plus grand désarroi : tout le monde semble s'accorder à te considérer comme l'organisatrice du gala, alors que tu n'es même pas là pour l'animer, juste pour papoter un peu avec des donateurs, et encore. C'est ton implication dans l'association qui parle, là, rien d'autre. Sahar et Rehana auraient, elles, au moins le mérite de mieux gérer. Alors tu t'agaces, tu soupires, et tu balances un Voyez ça avec votre manager ou la personne concernée, sec et dur. Après tout, y a pas écrit organisatrice ni responsable sur ton front.

Tu t'éclipses au plus vite, prête à aller attendre Astrid toute la soirée si ça signifie t'éloigner de toute cette folie l'espace d'un court instant. Elle est la seule personne qui te permet de supporter ce genre d'événements et potentiellement comportements - pauvre serveur qui s'est sans doute adressé à toi parce qu'on lui a dit de le faire - qui te font regretter d'être venue. Regrets que tu oublies sitôt le prochain rendez-vous donné. Ce n'est pas parce que les mondanités te fatiguent souvent que tu oublies pourquoi elles sont là. Et finalement, Astrid débarque. Soulagement de pouvoir la prendre dans tes bras, tu soupires, enfin calme.

Tes yeux se lèvent, accompagnés d'un secouement réprobateur de ta tête. Ah, ces personnages ! Tu sais que lorsque l'inspiration est là, il faut en profiter, mais parfois tu as la sensation que les personnages d'Astrid prennent plus de place dans sa vie que les vrais gens. Un commentaire sans aucune négativité, tu peux le comprendre, ou du moins tu essaies de le comprendre, tu n'es pas autrice.

- Toujours eux ! Ouais ouais. Oh, Simona, comme d'habitude, et les extras qui savent pas à qui s'adresser. Ça me fatigue déjà. Mais heureusement, tu es là !

Elle est en retard et même si sa meilleure amie a l’habitude qu’elle se laisse un peu déborder par son travail, ses écrits, ses personnages, Astrid n’aime pas vraiment ça. Mais c’est plus fort qu’elle et tout le monde le sait, quand elle écrit, elle est parfois, souvent, dans un autre monde, loin des considérations du reste de ses pairs, loin de la réalité et loin de tout créneau horaire. C’est ainsi qu’ils vivent, Gabriel et elle, comme deux passionnés par leurs boulots qu’ils sont.

Elle s’excuse malgré tout, malgré le fait que son amie soit consciente de ses travers et, même si Ashwini sait déjà qu’elle accusera ses personnages d’être à l’origine de son retard, c’est exactement ce que la blonde ne tarde pas à lui expliquer. Forcément, cela amuse sa meilleure amie qui remarque que c’est toujours de leur faute et Astrid acquiesce d’un vigoureux mouvement de la tête. Exactement. C’est TOUJOURS de leur faute. Elle n’y peut rien. Mais elle imagine que c’est ce qui arrive quand on est passionné par son travail. On a jamais vraiment l’impression de travailler.

"- Ils aiment monopoliser mon attention, tu vois !" affirme la blonde avec un petit sourire.

Rapidement, elle s’inquiète de savoir ce qu’elle a manqué et son amie lui répond sans détour, évoquant cette pince de Simona qui a fait des siennes comme d'habitude - elle imagine sans mal de quoi il s’agit - et ces extras qui ne savent pas se débrouiller seuls, sans la solliciter sans arrêt. Forcément, ça la fatigue mais, heureusement, Astrid vient d’arriver pour améliorer sa soirée.

"- Cette chère Simona… Quelle était son excuse cette fois ?" demande alors la blonde en prenant le bras de son amie pour revenir dans la salle de réception, décidée à lui changer les idées au sujet des tâches qui lui ont incombé jusqu’à présent, dans la cohue de la soirée. "Comment se fait-il qu'ils ne sachent pas à qui s'adresser et qu'ils te sollicitent autant ? Ta soeur et ta cousine ne sont pas là pour t'aider un peu ? Ils n'ont pas de managers ? Ils ne savent pas simplement se débrouiller et servir des petits fours ? Je veux dire... Qu'est-ce qu'ils ont d'autre à faire que de servir des plateaux de nourriture et des flûtes de champagne ? C'est si dur que ça ?"

Pas son chéquier sur elle. Astrid lève les yeux au ciel en découvrant l’excuse que Simona a trouvé pour essayer de filer à l’anglaise et ne pas faire le moindre don. Elles la connaissent depuis le temps et elles ont conscience de l’ampleur de sa radinerie mais le constater est toujours… particulier. Astrid ne comprend pas vraiment comment on peut être le genre de personne qui débarque pour un gala de charité dans la simple optique de profiter du buffet, mais c’est ce Simona fait. C’est ce qu’elle a toujours fait depuis qu’elles la connaissent, cela n’a plus rien d’une surprise. Mais ça reste consternant.

"- Disons que Picsou lui-même pourrait sembler moins avare que cette bonne femme…" remarque Astrid. "Tu te souviens de la fois dernière, quand elle avait emporté des récipients avec elle pour repartir avec des restes du repas chez elle ?" poursuit la blonde, amusée.

L’avarice de Simona n’était en réalité plus à prouver. Elles connaissaient les travers de cette femme. Dès qu’il s’agissait de mettre la main au portefeuille… Elle avait clairement des oursins dans les poches, à n’en pas douter. On aurait pu croire que son chéquier ou sa carte bleue, tout juste attrapés, allaient lui brûler les doigts. Elle était comme ça, comme une seconde nature.

Il semblerait que Simona ne soit, toutefois, pas la seule contrariété que sa meilleure amie ai rencontré ce soir alors que tout le monde semble s’en remettre à elle pour prendre certaines décisions. Rehana ne devait passer que brièvement à la soirée, apparemment, et Sahar n’était peut-être même pas en ville. De fait… Ça retombait sur Ashwini.

"- Mince… pas évident dans ces conditions. Tu crois que Rehana est déjà passée ? Elle serait venue te voir quand-même… Elle va peut-être arriver ? "

Mais si les managers qui sont supposés gérer tout ça se déchargent en demandant qu’ils aillent demander à quelqu’un d’autre, Ashwini en l'occurrence… Astrid comprend que cette dernière soit agacée. Elle n’apprécierait pas non plus se voir soudainement confier la gestion d’un tel évènement, sans que ça n’ai été prévu en amont.

"- Super dis-donc… Et sinon faire leur boulot c’est trop demander ?"

"- Si ce n’est pas elle qui lui a tout appris, qui sait !"

Simona, faire pâlir Harpagon ? Elle en a la capacité. Elle a ce qu’il faut pour. Elle est au moins aussi radine que lui et, là où Harpagon sort tout droit de l’imagination de Molière, Simona, pour sa part, est belle et bien réelle. Ce qui, forcément, rend son comportement encore plus discutable aux yeux de la jolie blonde. Là où Harpagon désigne un comportement qui existe et le critique, Simona répond à tous les critères reprochés par ce personnage. Elle prouve que ce comportement existe bel et bien dans la société, que les Harpagon pullulent vraiment.

"- J’aimerais voir sa tête si un jour elle perdait tout et se retrouvait à dépendre des bonnes œuvres "

Bien sûr, il y a peu de chances qu’une telle chose se produise. Peu de chances que Simona perde tout et dépende alors des œuvres de charité, elle est trop proche de ses sous pour prendre de vrais risques avec son argent. Mais ce serait bien malgré tout. Ce serait drôle. Pas pour Simona, évidemment, mais pour la blonde… Bien sûr que ça le serait. Bien sûr qu’elle ne manquerait pas de sourire de la situation. Encore que, car elle ne souhaite jamais vraiment le malheur de qui que ce soit.

Elle pince les lèvres comme il semble que Rehana ne soit pas venue à la soirée, à moins qu’elle n’ait fait un simple passage éclair avant que sa soeur n’arrive ce qui, toutefois, semble peu probable. La soirée n’a pas commencé depuis si longtemps que ça et même si Ashwini n’était pas présente dès le début, elle est arrivé tôt tout de même, alors à moins que sa cadette ne soit venue que quelques minutes…

"- Elle va peut-être arriver…"

Peut-être qu’elle a eu un empêchement ou un simple petit contretemps sur la route, pour lequel elle n’aura évidemment pas pensé à prévenir sa soeur ce qui n’étonne ni la blonde, ni sa meilleure amie. Ce n’est pas comme si elles n’avaient pas l’habitude, l’une comme l’autre, du côté toujours speed de Rehana. Pas comme si ce genre de choses n’était pas déjà arrivé, aussi.

"- Oui, s’ils ne veulent pas travailler, je suis sûre que d’autres seront tout disposés à prendre les futurs contrats ! Ce manque d’autonomie…" elle grimace.

Le principal malgré tout reste que l’ambiance soit bonne, que la soirée se passe bien et qu’ils récoltent un maximum d’argent pour l’association. Le reste sont certes de petits désagréments, mais ils ne parviendront pas à ruiner la soirée, c’est le plus important. Tant que les dons sont généreux et que les gens reviennent, c’est tout ce dont elles doivent se soucier.

"- Oh moi tu sais… Ma soeur est revenue de mission et ne repart pas pour l’instant, j’ai un fiancé absolument parfait, une belle famille incroyable… Si ce n’est que mes parents me manquent un peu, je dirais que ça va." remarque la blonde, joviale. "Et toi ?"

"- Exactement ça !" remarque Astrid avec humour.

Astrid ne savait pas comment on pouvait être aussi pince que Simona l’était, ça la dépassait complètement. Ce n’était pas dans sa propre nature. Elle n’était pas spécialement dépensière non plus, mais de là à compter le moindre sous et se rendre à des soirées de charité en espérant ne pas mettre la main au chéquier… Elle ne comprenait pas comment quelqu’un pouvait avoir ce genre d’idées. Si l’on venait dans ce genre de soirées, c’était pour aider son prochain, non ? C’est ce qui est le plus troublant là-dedans finalement, que le comportement de Simona dépasse largement sa propre conception des valeurs liées à la générosité ou l'altruisme.

"- Tu as peut-être raison…" concéda cependant Astrid comme Ashwini remarque que Simona a peut-être déjà tout perdu, ce qui explique sa parcimonie. "Il est possible qu’elle ait connu quelques revers financiers. Mais bien sûr, c'est pure spéculation… Simplement, je ne me souviens pas d’avoir un jour vu Simona être autrement que… Simona" remarque la blonde.

Laissant de côté cette pauvre Simona, les deux femmes se retrouvent rapidement à discuter de la soirée, du déroulement de celle-ci. Apparemment, c’est un peu compliqué et tout le monde est sur le qui-vive, mais la débrouillardise n’est pas au rendez-vous et Ashwini est relativement sollicité, alors que sa cousine est introuvable. Il n’est pas sûr qu’elle ait déjà pointé le bout de son nez à la soirée, en fin de compte. Ce qui est plutôt étonnant. Mais Rehana est toujours speed, avec mille choses en tête ou à faire alors… On ne sait pas toujours à quoi s’attendre la concernant.

"- Vous avez eu beaucoup de couacs ?" s’inquiète Astrid comme son amie évoque des problèmes rencontrés au cours des derniers évènements.

Si sa meilleure amie semble rencontrer quelques difficultés ces derniers temps, Astrid ne peut pas en dire autant. Pour elle, tout va pour le mieux, si l’on exclut le fait que ses parents lui manquent un peu, à vivre loin d’elle. Mais c’était son choix, après tout, de venir en Allemagne. Un choix motivé par le fait que c’était là qu’habitait celui qui va devenir son mari, mais son choix malgré tout.

"- Je dois admettre que je n’ai pas à me plaindre." acquiesce la blonde. "Et je note que je vais devoir avoir une bonne conversation avec ta sœur assez rapidement pour qu'elle arrête de se mêler de ce qui ne la regarde pas !" rit-elle.

Au vu du passif de sa meilleure amie et de ce qu’avait été sa vision du mariage, ayant été mariée contre son gré il y a des années, Astrid ne peut que comprendre que cette dernière n’ait guère envie de se précipiter dans une nouvelle relation de ce genre, même si elle est veuve depuis des années désormais, même si elle pourrait passer à autre chose.

"- Tu sais que c’est toujours un plaisir que d’être ta partner in crime !" annonce la demoiselle avec un petit rire comme Ashwini fait remarquer que cette soirée, comme d’autre, la stresse beaucoup mais qu’elle a la satisfaction de pouvoir compter sur l’autrice. "Tu sais que tu peux toujours compter sur moi…"

Quelques fois, Simona n’est pas si Simona que ça et est même capable de tordre le cou de sa réputation, affirme Ashwini. Astrid plisse le nez en l’écoutant. Elle ne se souvient pas vraiment de ces trop rares fois où cette sacrée dame avait été vraiment généreuse, où elle avait fait mentir sa propre réputation. Cela faisait un moment que ce n’était pas arrivé, aussi, comme le remarque rapidement Ashwini. Ces derniers temps, elle se montre plutôt économe, voire pingre. Peut-être qu’elle n’a plus les moyens qui étaient les siens il y a encore quelques années, qu’elle a effectivement perdu pas mal d’argent dans quelques transactions financières peu intéressantes. La blonde a du mal à y croire tant Simona se montre plutôt naturellement proche de ses sous depuis qu’elle la connaît, mais qui sait.

En attendant, elles ont plus importants que Simona à gérer ce soir comme Rehana et Sahar ne montrent pas le bout de leur nez. L’une ne donne pas de nouvelles, n’étant peut-être même pas en ville, tandis que la seconde… hé bien, la seconde, est pareille à elle-même, un électron libre parfaitement imprévisible qui ne devrait plus tarder à arriver, à moins qu’elle ne soit déjà passée. Rehana donne toujours l'impression d’avoir une vie à mille à l’heure, qu’elle soit déjà partie ne serait pas si étonnant. Cela correspondrait même plutôt bien au personnage. En attendant, leur absence à toutes les deux est quelque peu problématique comme les prestataires ont l’air un peu perdu, sollicitant donc plus que de raison Ashwini.

"- Oui, je vois bien ce que tu veux dire. Surtout s’ils dépendent constamment de tes réponses et ne savent pas anticiper les imprévus ou prendre des initiatives. C’est toujours compliqué quand la charge mentale d’une telle organisation repose sur notre tête, je ne peux que l’imaginer."

Non pas qu’elle l’ait un jour connu elle-même personnellement, loin de là. Elle serait très mauvaise pour ce genre de choses alors que les responsabilités… Ce n’est vraiment pas sa tasse de thé. Ce n’est pas pour rien qu’ils mangent souvent des plats livrés avec Gabriel, simplement parce que ni l’un ni l’autre ne prend le temps ou la responsabilité de faire des courses, focalisés sur leurs emplois et leur relation.

Elle esquisse un sourire comme sa meilleure amie se demande ce que sa cadette a bien pu faire et la demoiselle hausse les épaules, comme si c’était une évidence. Même si Ashwini n’en a pas parlé cette fois, Astrid sait ce qu’il en est des ambitions de la cadette des Sharma et des perches qu’elle lance à son aînée.

"- Hé bien ce n’est pas toi qui me disais la dernière fois qu’elle n’arrête pas de te parler de remariage, de trouver quelqu’un, ne pas finir seule ?" remarque la blonde.

Heureusement, pour ça aussi, elle était présente pour sa meilleure amie et s’il fallait parler à Sahar pour qu'elle cesse de procéder de la sorte, alors Astrid le ferait, et sans hésiter. Il est probablement temps que Sahar comprenne les positions d’Ashwini et cesse de faire peser sur les épaules de cette dernière cette pression perpétuelle. Ash pouvait compter sur elle pour ça, comme Astrid pouvait elle-même compter sur Ash, ainsi que le lui rappelle cette dernière, comme si elle craignait que la blondinette ne puisse l’oublier.

"- Je sais que tu le seras"

Ça va le faire. Il faut bien. Pour la cause il le faut, oui. Même si les prestataires ne sont pas très débrouillards, pas très dégourdis. Ashwini prend à sa charge de compenser l’absence de sa sœur et de sa cousine, prenant la responsabilité de gérer un peu tout ce merdier, pour ne pas foirer la soirée. Même si pour ça elle doit prendre sur elle pour ne pas faire éclater sa colère et sa frustration, adressant un sourire pour le moins crispé à sa meilleure amie. Évidemment, Astrid s’en rend parfaitement compte. Et elle grimace en le réalisant. Heureusement, elle est là maintenant pour offrir un peu de réconfort et de soutien, surtout, à son amie, en espérant que cela permette de survivre à la soirée et aux désagréments de celle-ci. Et peut-être même aux tentatives de Sahar pour que sa sœur rencontre enfin quelqu’un.

"- Est-ce que tu lui as dis que tu t’en fou ? Que ce n’est pas forcément ce que tu recherches ?" remarque la blonde avec une petite moue. "L’épanouissement personnel ne passe pas forcément par le fait d’avoir quelqu’un dans sa vie." remarque-t-elle. "Enfin, pas que ça ne soit pas agréable de trouver sa moitié mais… Disons que ça n’est pas une raison pour se mettre avec n’importe qui. Enfin, tu vois ce que j’veux dire…"

Bien sûr, en tant que petite sœur, il est normal que Sahar ne veuille que le bonheur de son aînée, qu’elle s’inquiète de l’avenir de cette dernière. De là à lui mettre la pression pour qu’elle trouve forcément quelqu’un, ce n’est peut-être pas la chose à faire. Surtout si cela a tendance à crisper Ashwini et, en fin de compte, faire plus de mal que de bien. La blonde se promet d’en parler avec Sahar la prochaine fois qu’elles se croiseront, si ça ne peut pas être ce soir, de sorte qu’elle laisse sa meilleure amie en paix, avec ce sujet.

"- On s’en fait toujours pour sa sœur, qu’elle soit plus grande ou plus petite."

Et en parlant de ça… Hé bien, la blonde fait à Aline exactement la même chose que Sahar fait à Ashwini, cherchant à lui faire ouvrir les yeux sur l’homme merveilleux qu’est Emeric. Naturellement, elle ne se rend pas vraiment compte, en en parlant, qu’elle adopte avec sa sœur le même comportement que Sahar a avec la sienne. Un jour, peut-être, cessera-t-elle de s’en faire pour Aline et de vouloir la réparer après ce que son ex lui a fait. Mais pas maintenant, à l’évidence. Pas tout de suite.

Bien sûr, Ashwini ne peut pas en vouloir à Sahar. Si cette dernière lui met autant la pression sur le fait de trouver un gentil garçon à épouser, c’est simplement parce qu’elle s’en fait pour sa grande sœur, parce qu’elle l’aime et parce qu’elle veut le meilleur pour cette dernière. Elle ne pense pas à mal. Elle veut simplement ce qu’il y a de mieux pour son aînée, que cette dernière soit entourée, soutenue. Malheureusement, ce n’est pas exactement ce que veut la brune en ce moment. Du moins ne le cherche-t-elle pas à tout prix, ayant un passif marital pour le moins compliqué.

"- C’est une possibilité…"

Astrid grimace. Sahar doit pourtant bien savoir qu’Ashwini a parfaitement conscience de ces possibilités, de ce champ des possibles, même si ce n’est pas la voix qu’elle a empruntée. Elle doit bien se douter que son aînée est au courant pour toutes ces choses de la vie, pour le romantisme, les âmes sœurs et tout le reste. Qu’elle n’en veut juste pas ou, du moins, que ce n’est simplement pas sa priorité. Après la vie qu’elle avait eu, les choix que l’on avait fait pour elle plus jeune, Ashwini voulait vivre sa propre vie, faire ses propres choix. C’était une chose qu’Astrid trouvait absolument normale, pour sa part, bien qu’elle espère elle aussi qu’un homme charmant - ou une femme, après tout - attend sa meilleure amie quelque part, dans son futur.

"- Je pense que nous avons tous la nôtre." souffle la blonde. "Mais que notre moitié n’est pas nécessairement un ou une amoureuse." reprend-t-elle.

Mais Sahar n’avait pas eu la même vie que sa sœur, pas exactement, et on ne pouvait pas lui reprocher les intentions qui étaient les siennes, qui n’étaient que la manifestation de l’inquiétude et de l’amour qu’une sœur nourrit toujours pour son aînée ou sa cadette. Elle ne pensait pas à mal. Elle ne pensait qu’avec son cœur, qu’avec son espoir de voir Ashwini embrasser le bonheur. Pour l’heure, les pieds sur terre, cette dernière s’inquiète surtout du déroulement de la soirée et du résultat de cette dernière, surtout, l’objectif semblant atteint.

"- Ah ! C’est à peu près combien de plus par rapport à l’an dernier ?" questionne la jeune femme en fixant le chiffre annoncé, ne se souvenant plus vraiment des chiffres de l’année passée.

Elle lève les yeux au ciel en ayant un petit rire lorsque sa meilleure amie l'accuse de chercher des compliments. Non, ça n'était même pas son intention. Elle voulait simplement rappeler à sa meilleure amie que rien ne l'obligeait à trouver le “grand amour”. Si elle est convaincue que les âmes sœurs existent, elle l’est tout autant que, parfois, ce que l'on définit comme étant une âme sœur n'est pas forcément une relation amoureuse. Non pas qu'elle se considère forcément comme étant l'âme sœur d’Ashwini, elle n'a pas la prétention de savoir à la place de sa meilleure amie, mais parce qu’elle ne peut pas croire qu’il n’y ait pas de moitié pour sa meilleure amie sur cette terre. Seulement, parfois, ce que l’on assimile à une moitié n’est pas forcément ce à quoi on s’attendait. Et c’est le genre de rappel, qui, elle l’espère en tout cas, aide à prendre du recul sur les situations et surtout sur les injonctions.

"- Mais !" proteste la blonde, riant encore. "Je ne refuse jamais les compliments, madame, mais je n’ai pas pour habitude de les réclamer !" poursuit-elle, tout en sachant qu’Ashwini le sait forcément déjà.

En attendant, si pour les amours, tout n’est pas forcément au beau fixe, pour la cause défendue ce soir, en tout cas, tout semble rouler parfaitement. La soirée est un succès, alors que l’objectif est déjà dépassé de plusieurs centaines d’euros, une performance supérieure à celle de l’année dernière. Une bonne nouvelle plutôt encourageante, aussi, pour les années à venir, même si elles préféreraient que ce genre de soirées soient obsolètes, à l’avenir. Un jour, peut-être, grâce à des actions répétées comme celle-ci.

"- C’est génial !" affirme la blonde, victorieuse, même si Ashwini nuance rapidement les choses en rappelant que l'événement cette année est un peu différent, plus accès sur l’éducation et l’alimentation, que sur les droits des femmes. Certes. Mais ça reste une victoire. Sinon sur les consciences, au moins dans le portefeuille. "Je pense qu’on devrait trinquer quand-même !" affirme-t-elle. "Et on fera simplement encore mieux l’année prochaine !"

La jeune femme lève les yeux au ciel rapidement, souriant pourtant, face aux propos de sa meilleure amie. Un peu de génie du mal. Un peu ? Astrid secoue la tête en riant. Non, elle n’est pas un peu un génie du mal, elle l’est complètement, quand elle veut. Comme maintenant. Parce que évidemment, la blonde ne quémande jamais les compliments, même si elle apprécie évidemment d'en recevoir, comme n'importe qui. Enfin, n'importe qui… C'est vrai qu'il y en a qui sont gênés quand ils reçoivent des compliments. Qui n'aiment pas ça tant que ça.

"- Tu sais ce que tu es ? Un gremlins, oui madame !" affirme la blonde dans un léger rire.

Au moins, la soirée est bonne, même si tout a été compliqué à gérer pour sa meilleure amie ce soir. Les dons ont été généreux et permettent à l'association d'envisager plein de nouveaux projets. Plein de nouvelles actions. C'est le principal. Une bonne chose. La blonde suppose qu'elles devraient trinquer et se promettre de faire encore mieux l’année prochaine. Même si la soirée n'est pas terminée, il est évident que le chiffre ne bougera plus tellement maintenant, bien que quelques centaines d’euros de plus pourraient toujours s’ajouter.

"- Effectivement ! Cet argent va pouvoir servir pour lancer tellement d’actions et financer d’autres événements permettant les dons / la récolte d'argent ! Peut-être que nous devrions réfléchir à lancer des rassemblement sportifs féminins en faveur de l’éducation généralisée des filles dans le monde, ou des choses comme ça ! De nouvelles actions pour faire connaître le mouvement, la situation…"

Ça pourrait être l'occasion de toucher un tout nouveau public pouvant s'intéresser à la cause. Et puis ça permettrait de faire parler de l'association en dehors des rallyes et autres soirées mondaines. Peut-être que de nouvelles actions les ferait connaître auprès de nouveaux volontaires, bénévoles et bienfaiteurs potentiels. Avec le succès de la soirée, c'était envisageable.

Les gremlins, trop mignons ? Elle grimace légèrement face à la remarque de sa meilleure amie. Si on aime les choses grises, ridées… oui, sûrement, mais pour une personne normalement constituée ? Il n’y a vraiment aucune chance de trouver ces choses-là mignonnes. Non, c'est juste… Horrible ? Pas beau. Moche. On ne peut les trouver beaux que si on a des goûts douteux et, aux dernières nouvelles, ceux d’Ash sont plutôt bons. En règle générale, tout du moins. Visiblement pas ce soir. Éventuellement, avant minuit, elle peut comprendre, même s’ils ont de trop grandes oreilles et un air… un peu spécial, parfois. Mais après ?

"- Avant ou après minuit, du coup ? Que je sâche tout de suite si je dois appeler pour faire venir les petits hommes en blanc ou si ça va aller ?"

Elle lui adresse un petit sourire fier d’elle, avant qu’elles ne deviennent plus sérieuses, évoquant la recette de la soirée et ce qu’elles pourraient en faire, la blonde imaginant déjà de nouvelles actions que l’association pourrait mettre en place pour faire connaître celle-ci et surtout la situation. Même si une partie des recettes de ce soir ira évidemment aux associations sur place, comme le précise sa meilleure amie, il faut évidemment penser à la suite, aux prochaines soirées et tout le reste.

"- Oui, il faudra que nous y réfléchissions plus tard, à tête reposée, mais je suis sûre qu’il y a des choses à faire !" remarque la demoiselle avec un sourire. "Évidemment, c’est le plus important, leur donner là-bas les moyens de lutter activement." acquiesce-t-elle avant de changer de sujet. "Si on allait chercher un verre ?"

Elle peut être un vrai gremlins dans chacune des représentations de ces étranges créatures. Aussi mignonne qu’eux avant minuit, avec leurs corps touffus, leurs grands yeux et grandes oreilles, mais aussi tout autant démoniaque qu’ils pouvaient l’être passé minuit, s’ils touchaient l’eau ou étaient nourris. Elle voit le tableau. Et c’est vrai que, tout bien réfléchi, ça colle plutôt bien à sa meilleure amie. Elle peut être tout aussi démoniaque qu’elle peut être angélique. Ambivalente. Double face.

"- Je dois admettre que ça te va plutôt bien, mais je ne suis pas sûre que ce soit très flatteur…" remarque la blonde avec humour, esquissant un sourire. "En tout cas tu as la peau beaucoup moins fripée qu’eux, si tu veux mon avis !"

Elle ne peut s’empêcher de taquiner sa meilleure amie même si c’est vrai que, en colère, elle peut faire peur. Comme pas mal de monde, en soi. Elle doute d’être franchement jolie elle-même, ou potable, quand elle s’énerve. Il est peu probable que ce soit le cas. Non, il vaut nettement mieux que ça n’arrive pas. Qu’il s’agisse d’elle ou d’Ashwini, d’ailleurs.

"- Bien, je ne vais pas les appeler alors, ça ira pour cette fois. Mais gare à toi si tu dis encore des choses douteuses !" prévient la blonde avec humour. "Je n’hésiterais pas à les appeler si j’estime que ton propos devient de nouveau préoccupant !" poursuit-elle.

Non pas qu’elle le ferait vraiment, mais pour la blague elle peut toujours le prétendre, en tout cas. Et c’est exactement ce qu’elle choisit de faire, avant de dériver sur un sujet beaucoup plus sérieux comme les chiffres de la soirée sont bons, permettant d’envisager de nouvelles opportunités et d’envoyer, surtout, de l’argent et des moyens aux associations sur place, qui gèrent le coeur du problème.

"- Nous aurons tout le temps pour y réfléchir une fois le stress et la fatigue de la soirée retombés." acquiesce l’autrice.

Et en parlant de laisser le stress retomber, elles pourraient aller boire quelque chose et profiter de la soirée, peut-être même danser un peu et se déhancher, histoire de célébrer ces bons résultats. Ce serait probablement un bon moyen d’enterrer définitivement le stress généré par un événement d’une telle envergure, mais aussi un très bon moyen d’oublier les crétins qui avaient pu agacer la brune plus tôt dans la soirée.

"- Oui, ça nous fera le plus grand bien !" affirme la blonde en avançant de fait vers les tables installés ça et là, faisant office de bar pour la soirée.