Blank Space ▽ Delila & Jakob

"- Chez toi ou chez moi ?"

Delila jette un regard à sa montre comme l'homme lui pose cette question. De ces heures, Jakob ne sera pas à l'appartement. Aux dernières nouvelles, il a rendez-vous avec sa copine ce soir. Donc, le champ est libre pour qu'elle accepte de recevoir Tobias chez elle pour partager un "dernier verre", histoire clore leur rencard en beauté. C'est un peu tôt, comme la fin de journée s'amorce tout juste, mais son date a une bonne excuse : il est docteur. Obstétriciens, plus précisément, et se trouve être de garde le soir-même. Dans un peu plus de deux heures. Ce qui leur laisse largement le temps d'en profiter encore un peu, d'ici là. Dessinant donc un sourire sur ses lèvres, elle se lève en attrapant son sac à main, laissant un pourboire sur la table.

"- Chez moi."

Le trajet jusqu'à l'appartement ne prend que quelques minutes qu'ils ne voient pas passer, tout occupés qu'ils sont à flirter, rire, bavarder et, rapidement, ils s'engouffrent dans l'ascenseur du bâtiment. La plaquant contre la paroi de celui-ci, l'homme lui arrache un rire, lui laissant à peine le temps d'appuyer sur le bouton du dernier étage, où elle réside. L'ascenseur s'élève et elle passe ses bras autour de son cou, laissant Tobias passer ses mains sur sa taille avant d'être interrompus par le ding des portes de l'ascenseurs qui s'ouvrent devant eux. Elle s'en extrait alors, marchant jusqu'à la porte de l'appartement, l'homme sur ses talons. Un tour de clés et... La porte ne s'ouvre pas. Elle fronce les sourcils, persiste, les lèvres du médecin parcourant sa nuque, et le battant pivote enfin, les laissant entrer dans l'appartement. Clés négligemment posées sur le meuble à chaussure, elle passe ses bras autour du cou de Tobias puis, s'arrête net. Le bruit de la télévision parvenant distinctement à ses oreilles, la blonde tourne la tête sur sa gauche, en direction du salon, et se raidit. Immédiatement, elle retrouve une distance convenable avec le médecin, comme après une douche froide. Jakob. Jakob dans le canapé, affalé devant Euphoria, un sac de livraison devant lui et un plateau de sushis dans la main, ça n'est pas vraiment la scène qu'elle s'attendait à trouver. Il n'était pas supposé être là.

"- Désolé." dit-elle pour le médecin, reportant son attention sur lui. "On se dit qu'on remet ça une prochaine fois ? On s'appelle ?"

Il ne semble pas comprendre. Pour elle, ça semble évident. Elle ne ramène pas ses conquêtes dans l'appart quand son coloc s'y trouve aussi, question de respect. Et elle ne risque pas de faire demi-tour pour aller chez le médecin maintenant, comme si elle n'avait rien vu du triste tableau réservé par Jakob. Aussi fronce-t-elle légèrement les sourcils.

"- Désolé, l'appart était supposé être vide mais..." tente-t-elle de s'expliquer. "C'est mon partenaire. De danse. Et il a besoin de moi."

Ce qui veut dire dehors, Tobias. Demi-tour. Parce qu'à choisir entre profiter d'un coup d'un soir ou réconforter l'homme le plus important de sa vie, le choix est vite fait pour Delila. Aussi, comme l'homme sort de la pièce, elle ferme la porte derrière lui, range ses chaussures, son sac à main et rejoins la cuisine pour s'attraper un verre de jus de citron et d'eau gazeuse, avant de le rejoindre dans le canapé.

"- Toi t'as la tête du mec qui passe une sale soirée." remarque-t-elle. "Tu veux en parler ?"

Non, il ne veut pas en parler, même s'il a l'air clairement chagriné par la situation, que Delila tente donc de deviner par elle-même, passant en revu la liste des mauvaises nouvelles qu'il aurait pu recevoir. Est-ce que ça concerne son petit frère ? Son père ? Elle fronce les sourcils d'un air pensif, plongée dans ses réflexions. A l'évidence, ça a l'air sérieux. Suffisamment sérieux pour que l'homme soit grognon, affalé dans le canapé, dans un habit douteux malgré ses cheveux impeccables, devant une de ses séries préférées en se gavant littéralement de sushis. Ce qu'il a apprit doit forcément être un peu sérieux. Peut-être même un peu grave. Mais elle ne tarde pas à avoir une réponse comme l'homme se décide à ouvrir la bouche pour affirmer que toutes les filles, sauf elle, sont complétement dérangées. Et la blonde grimace. C'est bon, elle a comprit. Jakob vient encore de se faire larguer. Et elle n'a pas besoin qu'il en dise plus pour comprendre que c'est lié à elle, à leur art, à leur partenariat. Parce que les gens qui entrent dans leurs vies, qui deviennent leurs compagnons, n'arrivent pas à comprendre le lien qui les unit, ni cette proximité nécessaire entre eux. Ils ne comprennent pas que la danse est tout pour eux et qu'ils ont une relation de confiance extrême, qu'ils sont le pilier l'un de l'autre dans la vie de tous les jours comme dans la pratique de leur art. L'un sans l'autre, ils ne peuvent pas faire leur métier. L'un sans l'autre, ils ne peuvent pas danser. Ils ne peuvent pas faire ce qui les épanouit le plus au monde. Ils ont besoin l'un de l'autre comme ils ont besoin d'avoir une parfaite confiance l'un dans l'autre. Les gens ne comprennent pas. Ils ne comprennent pas que c'est eux contre le monde. Ils ne comprennent pas que, quand ils dansent, ils jouent un rôle. Que la passion qu'ils expriment, la sensualité qu'ils dégagent, fait partit de leur métier, du spectacle. Elle pousse un long soupir.

"- Encore une convaincue que tu es un affreux coureur de jupon et moi la grosse connasse briseuse de couple ?" demande-t-elle en buvant une gorgée de son eau, grimaçant. "Je me demande s'il existe quelque part des gens capables de comprendre que c'est notre travail. On m'a déjà dit que je pouvais changer de partenaire..." elle pousse, sans réel plaisir. "J'crois qu'ils assimilent pas bien que l'alchimie ça ne se contrôle pas." elle soupire. "Et qu'on a besoin d'un partenaire en qui on a confiance à deux cent pourcent, histoire de pas s'éclater la tête sur le sol après une chute d'un peu plus de deux mètres..."

Ils sont le prolongement l'un de l'autre, c'est comme ça. Ils dansent ensemble parce que ça marche, parce que c'est une évidence. Parce que depuis le jour où ils se sont connus, depuis la première fois où ils ont dansé ensemble, ça semble naturel qu'il soit avec elle, qu'elle soit avec lui. C'est comme ça. Inexplicable. Toute la beauté de la danse. Deux âmes qui se rencontrent sans se connaître et qui, en un instant, forment un tout. Là est leur passif. Là est leur racine. Là est leur raison d'être. Une connexion à nulle autre pareille. Une connexion exclusive, c'est vrai, qui laisse peu de place au reste, même s'ils refusent un peu de le voir. Parce que la passion consume.

"- Y'a aucune chance que je te laisse aller élever des lamas où que ce soit." remarque-t-elle en riant, mâchant machinalement l'unique sushis qu'elle s'autorise à piocher dans le plateau qu'il lui tend, parce qu'elle surveille assez strictement son alimentation. "De toute façon, on finira recyclés en profs ou en coachs, comme n'importe quels sportifs de haut niveaux. C'est déjà écrit !" affirme-t-elle avec une grimace. "Espérons seulement que ce soit le plus tard possible."

Parce qu'enseigner ne la dérange pas tant mais dire au revoir à la scène, ça, c'est un destin insupportable qu'elle espère repousser le plus longtemps possible.

Evidemment, elle est le problème. Au moins en partie. Parce que les gens ne parviennent pas à comprendre leur relation, ni à accepter celle-ci. Accepter qu'ils dansent forcément ensemble, comme une paire. Parce qu'ils en sont une. Un duo, plus exactement. Un duo que les autres ont du mal à supporter, parce qu'ils y perçoivent toujours une menace. Il le sait, elle le sait, pas un seul de leur couple, pas une seule de leur relation, ne résiste à ça. Toutes se terminent toujours pour la même raison. Leur proximité l'un avec l'autre. Leur art. Et ça fait chier. Elle comprend parfaitement que ça puisse emmerder son partenaire comme ça l'emmerde elle-même, de s'entendre toujours répéter la même chose alors qu'ils ne font pourtant rien l'un avec l'autre, qu'ils ne couchent pas ensemble et ne projettent pas de le faire. Ils sont proches, c'est vrai, mais ils sont amis. Partenaires de danse. L'ater-ego l'un de l'autre. Et ça s'arrête là.

"- Classique." soupire la blonde en levant les yeux au ciel.

Combien de fois au juste lui a-t-il annoncé la même chose ? Trop pour qu'elle se soit amusée à les compter. Trop pour qu'elle n'en ait pas l'habitude, surtout. Elle sait ce que ses relations passées pensent d'elle, surtout les filles, comme elle sait ce que ses propres exs pensent de lui. Ils ne leur font tout simplement pas confiance et mettent l'autre au pilori, sur l'autel de leur manque de foi. Une histoire qui semble sans fin. Qui l'est, du reste. Sempiternel recommencement depuis leurs dix-huit ans. A force, on pourrait croire qu'ils en ont prit l'habitude, que ça ne leur fait plus rien. La vérité est toute autre. La vérité, c'est que ça les fait chier de passer pour de gros goujats aux yeux de ceux qui sont supposés les aimer. Supposés croire en eux. Que ça la fait chier d'être responsable, sans l'être, des échecs amoureux de Jakob. Et que ça l'emmerde plus encore de passer pour la salope de service aux yeux de ces gens. Clairement, ça ne l'aide pas dans ses problèmes de confiance vis à vis des autres.

"- Tu prêche une convaincue." affirme la jeune femme comme il suppose que les gens sont complètement cons.

Elle lui tire la langue comme il se moque d'elle quand elle ne prend qu'un sushis. Il fera moins le malin quand, à force de l'écouter, elle sera devenue si lourde et si épaisse qu'il ne pourra plus la porter ! Ils auront l'air malin s'ils ne peuvent plus danser parce qu'elle s'est empâté ! Ce sera bien la peine d'avoir fait tant de sacrifices et essuyé tant de chagrin d'amour pour finir cloués au sol. Ok,  elle en fait peut-être trop. Mais c'est vrai que cette idée la terrifie. Lui ne semble pas comprendre, comme beaucoup d'autres.

"- Tu me vois partir élever des lamas ?"

Elle a un petit rire en imaginant la situation. Elle est presque sûre qu'elle prendrait une douche quotidienne à base d'eau de bouche de lama. Pas terrible comme projet d'avenir. Bizarrement, ça ne la tente pas vraiment. Et puis ce n'est pas comme s'ils ne savaient pas ce qui les attend déjà, comme tant d'autres sportifs avant eux. Un emploie de prof, ou coach. Ce que lui fait déjà, du reste.

"- Tu vois, t'as déjà un pied dedans, c'est le début de la fin !" plaisante la blonde avant de lever un sourcil comme il poursuit sur le sujet en évoquant un emploi au cirque du soleil. Elle doit bien avouer que ça, elle n'y aurait jamais pensé. "Hé mais c'est qu'il y en a là-dedans !"

Elle lève un sourcil comme il change de sujet, évoquant le chirurgien qu'elle a congédié pour être avec son coloc ce soir, face à sa mine déconfite. Pense-t-il sérieusement qu'elle l'aurait laissé tout seul en mode larve sur son canapé, occupant la cuisine avec Tobias avant de rejoindre sa chambre comme si de rien était ? Bien sûr que non, elle ne pouvait pas faire ça.

"- T'as de la chance alors qu'il soit de garde ce soir, il ne risque pas de t'attendre trop longtemps..." plaisante la blonde. "Et c'est purement égoïste, j'ai besoin d'être sûre que tu es en forme si je ne veux pas me péter le nez, ou pire." affirme-t-elle avec un sourire. "Puis ça m'ferait vraiment chier que tu viennes à la porte pour nous enregistrer et me le ressortir à tout bout de champ après. Et ne fait pas l'innocent, j'sais que t'en es capable. Y'a qu'à voir les SUBLIMES images de moi sur ton instagram !"

Delila laisse entendre un petit rire face à la réponse que Jakob regrette ne pas avoir donné à sa désormais ex petite copine, quand elle les a accusé de coucher ensemble. Des jumeaux, rien que ça. Quelle horreur. Ce n'est pas que Delila déteste les enfants, au contraire, mais la grossesse... La grossesse, ça veut dire ne pas pouvoir danser, pendant un certain temps. A soin âge, ça veut probablement dire retraite anticipée, aussi. Et elle n'est pas prête pour ça, la blonde, pas prête pour ne plus danser, pour ne plus partager la scène avec Jakob, pour ne plus émerveiller leurs spectateurs. La scène, la danse, c'est tout ce qu'elle a. Tout ce à quoi elle tient dans sa vie, surtout. Y'a rien d'autre pour remplir son univers, pour chasser les souvenirs de son enfance chaotique. La danse, c'est son exutoire et sa bouée de sauvetage tout à la foi. C'est ce qui lui a permit de ne pas sombrer, dans les moments les plus sombres et tordus de son existence, ceux dont elle ne parle jamais, pas même à l'homme à ses côtés. Ces cicatrices qu'elle cache au monde, que quelques partenaires ont remarqué, sans obtenir d'elle la moindre explication, la moindre réponse à leurs questions. Parce que c'est trop douloureux comme souvenir, trop violent. Trop intime, aussi.

"- Rien que ça !" remarque-t-elle avec un sourire. "Tu n'es jamais dans l'exagération, c'est ce qui est chouette avec toi !" se moque un peu la blonde, l'air de rien.

Briser son rêve de gosse. Mais bien sûr. Son rêve de gosse, c'est le même que le sien, non ? C'est le même rêve qu'elle nourrit depuis des années. C'est de danser, encore et encore, d'émerveiller les milliers de paires d'yeux d'une salle comble. C'est ça leur rêve de gosse, ça dont ils ont toujours rêvé et qu'ils accomplissent, d'ailleurs, représentation après représentation. C'est pour ça qu'ils en sont là, d'ailleurs, à voir s'effondrer toutes leurs relations amoureuses pour des broutilles. Des bêtises. parce que cette passion,  cet amour de la danse, ce rêve, ne laisse la place à rien d'autre. A aucune raison, tout du moins.

"- Tu es tellement perfide..." souffle-t-elle en riant sous cape quand il parle de torturer de pauvres danseurs qu'ils auraient sous leur aile en voyageant autour du monde. "T'es quand-même pas très brun ceci dit."

Bien sûr, l'homme plaisante. Il plaisante mais elle sait aussi que cela révèle une partie de la réalité. ils sont exigeants. Ils le sont avec le même, se portant vers le haut pour être les meilleurs, pour atteindre l'excellence, et il ne fait aucun doute qu'ils le seront aussi avec leurs protégés, le jour où ils ne pourront plus faire de représentations. C'est certain. Alors peut-être qu'ils ne tortureront pas vraiment qui que ce soit mais... Il est certain que leurs poulains devront comme eux faire des sacrifices? L'excellence est à ce prix. Tout le monde n'y est pas préparé.

"- Sauvé c'est un bien grand mot." objecte la demoiselle en se relevant. "Parfois un petit quicksex c'est appréciable." remarque-t-elle, sourire en coin. "C'est pas grave... Elle fera le taf !" poursuit la jeune femme en agitant sa main pour la désigner, avant d'éclater de rire devant la mine de son ami.

Depuis le temps qu'ils se connaissent, leur notion de l'intimité est peut-être un peu particulière, sur certains points tout du moins. Assez pour laisser place à l'humour gras, parfois. Comme ce soir. Un humour que la demoiselle apprécie particulièrement, notamment pour les réactions de son partenaire, qui valent tout l'or du monde. Sûrement autant que les siennes, à en juger par la photo qu'il montre fièrement comme étant son nouveau fond d'écran. Elle grimace.

"- Heureusement que tu voulais devenir danseur et pas photographe, disons..." commente-t-elle.

Préparer la relève... C'est sûr que s'ils ont des enfants, l'un et l'autre, ils ont une chance de les voir embrasser la même carrière qu'eux, en les poussant un peu, si l'alchimie est présente. En même temps, Delila ne voit pas trop comment il pourrait en être autrement sachant que leurs enfants se fréquenteront forcément dès la naissance. Ils seront presque comme des frères et soeurs, sans en être. Et peut-être qu'ils sont quelques-uns à espérer que, justement, les deux jeunes gens donnent un jour naissance à deux futurs danseurs de talents. Mais ça n'est pas prêt d'arriver, pas si toutes leurs relations échouent, comme c'est le cas pour celle de Jakob ce soir. Ils ont le temps de voir venir au vu de leur instabilité sentimentale, bien que celle-ci ne soit pas de leur fait.

"- T'es au courant qu'on peut repérer des talents et les coacher, qu'on a pas à les enfanter nous-même ?" elle rit.

L'éventualité de faire un enfant avec son partenaire de danse est ridicule. Que ce soit des jumeaux ou un enfant unique, pour avoir un bébé, il faut coucher ensemble. Et leur relation n'est pas de ce genre-là. C'est ce qu'ils disent, ce qu'ils affirment à tout le monde depuis tellement d'années, à commencer par leurs proches... Ils sont seulement partenaires, potes et proches. Sûrement pas amants. Même pour "préparer la relève". Seigneur. L'idée est gênante. Elle a toutes les raisons de l'être. Ce serait de ne pas l'être qui serait vraiment anormal.

"- Quel enfer, j'aurai l'impression de... De coucher avec mon frère !" affirme la blonde pour essayer de masquer la gêne qui s'est emparée d'elle, même si elle ignore totalement ce que c'est que d'avoir un frère, en réalité.

Non, pour fournir au monde des danseurs de talent, ils n'auront pas besoin de donner de leur personne, pas besoin de donner de leur corps. Repérer des jeunes prometteurs et les coacher fera bien l'affaire et, d'ailleurs, Jakob propose de se faire engager dans un cirque réputé histoire de joindre l'utile à l'agréable, c'est-à-dire voyager tout en traumatisant de jeunes gens, un plan perfide. Un plan qui, pourtant, les amuse. Parce qu'ils n'ont aucun mal à imaginer que ce soit possible, non réellement par méchanceté mais par exigence. Ils le sont sans aucun doute déjà avec eux même et le seront naturellement avec leurs protégés. Pour le bien de ces derniers. Ni plus ni moins.

"- C'est une raison valable pour entretenir la mysoginie, du coup ?" demande-t-elle avec une pointe d'amusement dans la voix, sachant pertinemment que ce n'est pas le cas. "Ta pote Victoria aurait dû te botter un peu plus le cul si tu veux mon avis !" poursuit-elle en se fendant d'un nouveau sourire.

Grand seigneur, le jeune homme affirme l'avoir sauvé d'un plan sexe foireux et la demoiselle ne manque pas de souligner qu'un petit quicksex peut avoir son charme. Il ne la contredit pas mais souligne un point important... Il faut que l'homme sache y faire. C'est indéniable. Mais elle ose espérer qu'un chirurgien a du doigté et toutes les compétences nécessaires à ce niveau-là. Peu importe, pour ce soir, tout est tombé à l'eau mais ça ne l'empêche pas de plaisanter et taquiner son ami, lequel prends un air scandalisé en affirmant avoir trop d'informations.

"- Moi, une dépravée ?" elle prend un air outragé. "Je suis seulement une trentenaire triste, seule et abandonnée, qui a lâché ses plans de la soirée pour soutenir son colocataire. Lequel pourrait au moins être reconnaissant." elle rit.

Colocataire qui a une jolie photo d'elle en guise d'écran de verrouillage, qui ne cesse de le faire rire, comme il le révèle. La danseuse lui tire la langue.

"- Heureusement que tu es plus doué pour la danse que pour la photographie..." souligne-t-elle avec un sourire digne du chat du cheshire. "Mhhh ça dépend ce que tu as envie de faire. Si tu as envie de sortir ou si tu préfères rester ici, avachi dans ton survêt' en t'empifrant de glace..." remarque-t-elle. "Autrement les possibilités sont multiples... Balade, Casino, Karaoké, boite de nuit..."