C'était pas censé se passer comme ça (ft Alysson)

Adelia, en ce dimanche matin, était prête à aller...nul part. En fait, le Seepavillon fêtait quelque chose et était ouvert aujourd'hui. En fait elle ne savait pas s'il n'était pas ouvert tous les dimanches. Mais bon peu importe, elle venait d'entrer dans le café et attendit sur son téléphone. Elle se préparait toujours à parler allemand, quand elle devait le faire. Même si elle avait vécu prêt de l'Allemagne depuis son enfance, à Strasbourg et qu'elle vivait à Hambourg depuis trois ans, elle était du genre à toujours vouloir être parfaite dans son langage. Un peu perfectionniste, oui.

Elle prit son café avec beaucoup beaucoup de lait à la vanille et prit une part de tarte à la myrtille. Elle adorait ça, Adelia. Tout en parlant à sa soeur par sms. Sa soeur qui ne pouvait pas l'accompagner aujourd'hui malheureusement. Son frère, lui, qui habitait avec elle, était resté à la maison. En tout cas : elle mangea, bu et...sortie du café. Dans l'ordre des choses cela était logique.

Se promenant, elle prit le temps de regarder partout, de dire bonjour à tous ceux qu'elle croisait. Sauf ceux qui parlaient entre eux ou au téléphone. Elle leur faisait simplement un sourire. Elle était de bonne humour, oui. Pourtant la douce Adelia fut envahie de culpabilité en voyant une jeune femme blonde qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle prit une grande inspiration mais s'arrêta là. Elle n'arrivait plus à respirer. Si au début elle commençait à paniquer pour cela, elle vit des images passer dans sa tête, un message qu'Ally lui avait envoyé et leur passé commun. Une larme coula, puis deux, puis elle commença à faire une crise. Le soulagement qui la parcourrait ne pouvait pas surpasser l'inquiétude qu'elle avait ressentie pendant les longs mois d'absence. Ainsi que la culpabilité. Elle alla se tenir à un arbre, main sur le coeur, en larmes. Un homme vint la voir pour savoir si tout allait bien mais elle ne répondit pas et le repoussa. Elle voulait de l'air, en manquant. Pourtant elle était en plein air, à ce moment précis. Qu'avait-elle fait ?

@Alysson Schwarz

ça ne devait pas se passer comme ça
@Adelia Thomas  
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Marcher n'est plus le plaisir que c'était y'a encore quelques mois. Avant , je pouvais marcher des kilomètres , à un pas soutenu , le tout avec un sac de plusieurs dizaines de kilos sur le dos. C'était putain de dur , mais l'armée imposait ce genre de physique , et en tant que femme qui avait toujours tout à prouver , j'étais fière de montrer à ces crétins que je pouvais avoir la même endurance qu'eux.

Aujourd'hui , j'ai la démarche d'une vieille grand-mère (malgré mon respect pour les anciennes) , et un kilomètre sans grimacer de douleurs relève déjà du miracle.
Ceci dit , ma kiné m'a dit que je me devais de marcher un peu tous les jours , sans trop forcer , mais essayer de conserver un exercice régulier. J'aimerais bien l'y voir , avec les gamins idiots qui me dévisage.
Sans oublier les regards noirs quand je tousse un peu trop au goûts de certains. Je leur donnerai bien mes blessures à ces imbéciles.

C'est donc mon tour quotidien que je viens faire en ce beau dimanche matin. Je ne travaille pas , et n'est aucun impératif , même si ma mère m'a proposé de passer dans la journée , proposition peu alléchante , je dois l'avouer.

Le regard droit devant moi , je ne la remarque pas tout de suite. Echange brefs de regards , papillons dans le ventre , rapidement suivis par la rancoeur , la colère.
Connasse.
Adelia.
Qui n'a même pas daigné répondre à mes messages pendant des mois. Tout ce que je veux , c'est mettre le plus de distance possible entre elle et moi.

Pourtant , lorsque je me retourne après quelques mètres , et que je l'a vois se tenir à un arbre , visiblement en mauvais état , je ne peux pas m'empêcher de rebousser chemin. C'est un peu idiot.
Pourquoi est-ce que je devrais m'inquiéter pour elle , après tout ce temps ?
Pourtant , je le fais , et ça me donne envie de me coller des baffes.

"Adélia ? C'est toi ?" , question conne , je l'ai parfaitement reconnu. "Est-ce que ça va ? T'as besoin d'un médecin ?" , elle avait l'air de manquer d'air et je connais bien cette sensation , de manière littérale. Et , comme ça , je peux encore prétendre faire comme si de rien n'était.

La voix d’Alysson venait de parvenir aux oreilles de la brune qui, malheureusement, manquait réellement d’air. Elle ne savait pas comment faire. Elle regarda donc Alysson dans les yeux et se rappela beaucoup de souvenirs. Elle était si belle. Mais quelque chose avait changé. Elle n’était plus la même. C’était certain. Il y avait bien des choses qui avaient changé de toute façon depuis son départ. Pourtant Adelia ne se doutait pas qu’elle retrouverait Alysson comme cela. De cette manière. Elle ne pensait même pas qu’elle la retrouverait.

En détresse, pas seulement respiratoire, la brune tenta de dire : « Je suis tellement désolée… ». Mais sûrement qu’un mot sur deux parvenait aux oreilles de la blonde. Elle avait l’air essoufflée et en la voyant approcher elle semblait boiter ou quelque chose comme ça. Non, Adelia n’avait pas les idées claires. Elle voulut s’asseoir, doucement, mais tomba les fesses les premières sur l’herbe. Elle n’arrivait pas à arrêter de pleurer. Pourquoi était-elle dans cet état, au juste ? C’était un peu abusé.

Non, pas vraiment. Quand on voit la femme que l’on aime partir à l’armée pour un temps indéfini, qu’on a peur de ne plus la revoir, qu’on arrête de lui parler, c’est difficile de ne pas s’en vouloir. De ne pas s’en vouloir énormément. Et encore le mot est faible. « Pathétique… » dit l’aide-soignante pour elle-même. Elle était prête à tout faire pour récupérer Alysson. Enfin…pour le moment elle était prête à tout pour respirer. C’était déjà un bon objectif. Elle ferma donc les yeux et s’obligea à respirer correctement. Puis elle se mis à paniquer légèrement « J’arrive pas…à respirer… » dit-elle, avec peine.

@Alysson Schwarz

ça ne devait pas se passer comme ça
@Adelia Thomas  
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Revoir Adélia , c'est comme se prendre un poignard en plein coeur. Ca ferait presque plus mal que mon poumon en mauvais état qui menace ma vie , plus mal que les balles que je me suis prises , que la chute qui a suivie.
Le fait qu'elle m'ignore , que notre relation se soit terminée de manière si...brutale , sans explications , je ne l'ai jamais vraiment digéré. Ca m'a putain de briser le coeur. J'en ai chialé comme une merde pendant des jours , en mission , guettant les moments où je serai seule , pas de risques qu'un type se foute de ma gueule. Même en approchant de la trentaine , les chagrins d'amour , ça fait un mal de chien.

Je me suis dit que je devais oublier , laisser tomber. Je me disais que y'aurait pas de risques particuliers que je la recroise dans une ville aussi grande que Hambourg...Bah , c'est raté. Le pire , c'est que mon ex a l'air d'aller mal , et je ne comprend pas , j'sais pas si j'ai envie de comprendre pourtant je ne peux m'empêcher de la rejoindre.

Adélia essaie de dire quelque chose , mais je ne saisis rien de sa phrase , à part peut-être le mot "je" , et ça ne m'avance pas des masses , je lève juste un sourcil circonspet. Bah , peu importe. Ca doit pas être le plus important , ce qu'il faut , c'est qu'elle se calme et respire correctement.

Je m'acroupis quand elle tombe dans l'herbe , retrouvant brièvement la douceur que l'on partageait. Un instant , je crains qu'elle ne soit blessée , mais à vu d'oeil , ça ressemble bien à de la panique.

"Eeeeh. Tout va bien , ok ? Tu vas bien." , je caresse doucement sa main du bout des doigts , avant de la prendre dans la mienne , pour la poser sur ma poitrine. Par chance , mon poumon blessé ne me fait pas défaut aujourd'hui , pas encore en tout cas. "Respire avec moi. Inspire. Expire. Voilà. Encore une fois." , quand je sens qu'elle reprend le contrôle d'elle-même , je lâche sa main , peut-être un brin brusquement. "Ca va ?"

Alysson est si attentionnée malgré ce qu’Adelia lui a fait que celle-ci en est surprise. Ce qui l’aide à se calmer. Elle ferme les yeux et respire lentement avant de regarder la belle blonde droit dans les yeux. Oui, elle est belle. Oui, elle a manqué à l’aide-soignante qui s’en veut tout de même tellement. Elle est impardonnable, elle le sait. Elle le sent quand Alysson lui lâche la main. « Ça va…merci… ». Adelia regarde la jeune femme avant de baisser la tête. « Je suis une idiote…tu…on peut peut-être parler… ? » demande-t-elle. Elle a conscience que le refus est sûrement sur le point d’arriver, mais qui ne tente rien n’a rien. La brune aimerait lui expliquer que ce n’était pas une bonne décision, ce qu’elle avait fait. Que ce n’était pas la chose à faire et qu’elle l’aimait encore énormément. Était-ce donc du soulagement qu’elle avait ressenti en la voyant ou était-ce autre chose ? Comme de la culpabilité. Sûrement un peu des deux. Oui…sûrement un peu des deux. C’était même presque sûr. Elle ne savait pas ce qu’elle ressentait à ce moment même et c’était bien embêtant. C’était absolument horrible. Mais pas autant que ce qu’avait ressentie la blonde quand elle avait arrêté de répondre à ses messages et quand elle avait arrêté, tout court, de lui parler. Quand elle avait disparu de la circulation, en somme. « Tu peux dire non mais je crois qu’il faut que je t’explique ce qu’il s’est passé dans ma tête…Enfin…je ne sais même pas vraiment ce qu’il s’est passé dans ma tête et… » elle la regarda de nouveau. « Je suis vraiment désolée… ». Pourtant elle le savait, Adelia, ses mots n’avaient aucun effet sur Alysson. Du moins elle le pensait.

@Alysson Schwarz

ça ne devait pas se passer comme ça
@Adelia Thomas  
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Croiser le regard d'Adelia comme ça , de manière si...directe...Ca me désarçonne un instant.
Je reste figé dans ses yeux que j'aimais plus que tout fut un temps , dans ce regard qui me réconfortait comme jamais personne n'a pu le faire. Mais elle parle.

Et , je reviens à la réalité. Tout ça , c'est de la poudre aux yeux comme on dit.
C'est fini.

"Ouais t'es une idiote." , je lâche d'un ton froid , détournant le regard à mon tour. Faut pas que je craque , que je montre mes larmes.

A quoi ça servirait ?
A lui prouver encore plus que la rupture m'a achevé ? Que parfois je me dis que j'aurai préféré y passer ?
Ok , cette pensée là n'est pas uniquement à cause d'elle mais...y'a une partie. Parce que je vivrais peut-être mieux la situation si elle m'avait pas laissé tombé comme du crotin de cheval.

"Vas-y donc Adélia. Explique-moi. Donne moi une seule bonne putain de raison pour m'expliquer pourquoi tu m'as laissé tombé." , j'arrive pas à empêcher mes yeux de briller de larmes contenues cette fois-ci. "Dis-moi pourquoi tes déclarations d'amour se sont transformées en un silence assourdissant. Et me parle pas de l'armée tu savais que j'étais militaire le soir où l'on s'est rencontré...T'sais le pire ? Les ruptures par sms ça craint , mais toi t'as même pas fait l'effort de rompre , t'as juste...arrêté. Comme ça. Alors ouais , je suis curieuse de savoir ce que je t'ai fait pour mériter ton mépris." , je lâche un petit rire sans joie. "Même à l'hôpital t'es pas venue...J'aurai traversé la terre pour te rejoindre si t'avais le moindre problème , mais moi j'aurai pu mourir sans avoir de tes nouvelles..." , je peux pas cacher ma colère , mon ressentiment , mon coeur brisé tout simplement. Même son frère fut plus présent qu'elle , bordel.