Memories ~ [Lola & Wolf]

Oui, Lola avait fait du violon. Surprenant, n'est-ce pas ? Elle avait prit des cours et ne se débrouillait pas trop mal, même si la fibre de la musique ne coulait pas en elle comme celle de la peinture. Cela restait de l'art, en revanche. En tout cas, elle prit une grande inspiration quand elle vit Wolfgang arriver vers elle. Il avait été prodigieux, ce soir. Prodigieux. Autant que quand ils étaient en cours ensemble. Quoi qu'il l'était peut-être un peu plus.

Elle le prit dans ses bras en souriant. " Bien sûr, tu étais génial ! " répondit-elle à sa première question. Quant au sujet de comment elle allait...c'était compliqué. Physiquement ça allait, elle n'était plus anorexique, mais mentalement...elle avait toujours quelques problèmes de ce côté là. Quelques problèmes...Trop de problèmes..."Elle est belle, la génération d'aujourd'hui"..."Elle en a des problèmes"...Oh ce sont des paroles qu'elle a entendu plus d'une fois de la part de "vieux" qui n'avaient absolument aucune tolérance envers elle et les jeunes de son âge. Mais bon, peu importe. " Ca va et toi ? Racontes moi tout ! Qu'est-ce que tu deviens ? ", demanda-t-elle, une lueur malicieuse dans le regard. La question était un peu bête, comme ça, mais par là elle voulait dire : " Alors ta vie perso ? ". En même temps...Lola n'est pas Lola si elle ne demande pas à quelqu'un de plus ou moins proche comment est sa vie perso et/ou amoureuse.

@Wolfgang Fisher

Toujours aussi modeste, le petit Wolfgang. Enfin… « petit ». C’était un bien petit mot, justement. Il était grand, Wolf, de taille comme de talent. Il n’avait clairement rien à envier à personne. Rien du tout. Vraiment…rien. Il avait été prodigieux, ce soir. Et Lola pesait toujours ses mots. Toujours. Bien qu’elle se les disait, la plupart du temps, dans la tête. « Le désastre… » Répéta-t-elle. Bien sûr que non, il n’y avait eu aucun désastre. En même temps il venait de dire qu’il l’avait évité. Mais peu importe : les spectateurs n’avaient rien vu.

« Rien, ou juste de l’eau. Au pire un jus d’orange. ». Ouais, c’était une enfant, la belle brune. Enfin non, c’était une anorexique. Mentale. Et même un petit verre de champagne, de coca, d’alcool…c’était hors de question pour elle. Oui…ça recommençait. Il fallait absolument qu’elle revoit un psy. Parce que ce n’est pas qu’elle commençait légèrement à perdre la tête mais…si.

« Ohlala, c’est trop cool ! » fit-elle alors qu’il répondait à sa question. Il avait l’air d’aller bien, en effet. Un homme, des chats, que demande le peuple ? « Mon homme et moi on vie dans un appartement, on a pas mal de place mais on n’arrive pas à trouver un animal qui nous convient à tous les deux. » elle rie. C’était vrai. Un chien ça n’avait rien de trop contraignant pour elle, mais elle ne le voyait pas, justement. Elle ne voyait que le côté affectif et câlin. Elle ne voyait pas le côté vétérinaire, promenades tous les jours et tout ce qui va avec. C’est une femme enfant, la belle Lola. « Je suis heureuse pour toi ! J’aimerais trop les rencontrer, ces chats. ». En même temps elle adorait les animaux. Même si, parfois, comme une enfant pourrait l’être, elle était un peu brusque. Mais c’était sans le vouloir, bien sûr. Par exemple elle caressait un chat en insistant bien. Elle aimait faire des « gratouilles » sur le ventre, sauf qu’elle se faisait griffer. Parce qu’elle ne se rendait pas forcément compte du moment où il en avait marre, le chat en question. Mais bon ça ça peut arriver à tout le monde. Même à un adulte qui a plus de douze ans d’âge mental devant un animal de compagnie. Parce que Lola c’est : « oh nooooon il est trop mignon ! » ou « ohlala je peux le prendre ? ». C’est un peu parce que c’est une grande enfant qu’elle ne veut pas d’enfants, d’ailleurs. Pas assez mâture, pour elle.

« C’est adorable merci. » dit Lola. Elle réfléchit quelques secondes, pas plus de deux, à ce qui les divise réellement elle et son Jules. « En fait je pense que c’est le fait qu’il faut s’en occuper. On nous a dit ça la dernière fois : « faut vous demander si vous êtes prêts à avoir un enfant. C’est une responsabilité aussi. » Et du coup ce couillon, sans aucune méchanceté, garde cette question en tête. Et en fait moi aussi. Donc je suis une couillonne aussi. ». Elle ricane et continue, plus sérieuse : « Non, mais on change d’avis sans arrêt sur la race du chien, on change d’avis sur le chat, lui ne veut pas, ou moi je ne veux pas. Enfin c’est le bordel. Donc je pense que ce n’est pas une bonne idée. ». Et il y a cinq minutes elle avait envie d’avoir un animal. Non, mais vraiment, une vraie enfant qui change d’avis comme de couches.

Et alors que Wolf lui dit qu’elle est la bienvenue « à la maison », elle demande si Jules l’est aussi. Enfin…son Jules. Mais elle sait très bien qu’il est également le bienvenu. Surtout en y réfléchissant bien puisque Wolf avait dit « des nouvelles têtes ». Alors à moins que Lola ait deux têtes, Jules était le bienvenu également. Enfin bon, elle souriait grandement, toujours prête rire et, pour ça, elle essayait de tendre des perches aux autres. Pour le coup elle n’en trouvait pas, un peu dégoûté de voir tout le monde boire autre chose que du jus d’orange. Elle aimerait boire quelque chose de plus sucré ou de plus pétillant. Mais ça faisait grossir et gonfler le ventre. Qu’avons-nous dit, déjà ? Elle n’est plus anorexique ? L’anorexie mentale, en tout cas, elle, est bien présente. Et de plus en plus ces derniers temps.

« Je serais ravie de venir en tout cas. Ça me ferait très plaisir. Si tu veux je peux t’inviter à une de mes expositions de peinture ? Tenue correcte exigée ! » venait-elle seulement d’y penser ? Évidemment. Elle avait une mauvaise mémoire, la pauvre Lola. Alors elle en oubliait de parler de son propre travail et de ses propres passions actuelles.

Le jour où Lola arrêtera de se poser trente-mille questions sur tout...ce sera un jour béni. Enfin...elle n'est pas croyante, mais pour les croyants ce serait le cas. En tout cas la jeune femme n'avait pas envie de se prendre la tête et changea de sujet pour parler de son propre métier. Parce que nous étions en plein dans celui de Wolf qui venait de faire une représentation absolument sublime, mais Lola pensa qu'il fallait qu'il vienne avec son petit-ami pour qu'ils voient un peu ce qu'elle fait elle aussi. Ce serait sympathique et il ma verrait autrement que comme une jeune femme avec un petit air de petite fille, des façons de faire de petite fille et, pire, des manières de petite fille. Surtout pour manger, par exemple. Ou pour demander quelque chose. Mais les femmes ne sont-elles pas toutes un peu enfantines quand il s'agit de demander quelque chose qui coûte cher ? Ou un chien ? Ou un chat ? Ou un macdo ? Bon, ok, ça n'arrivera pas, pour le dernier, mais on voit l'idée.

La jeune femme regarda ce qu'il y avait à manger et fini par dire : "Tu veux que je te laisse ? Tu dois avoir envie de rentrer ?". Non qu'elle eut envie de rentrer elle aussi, mais quelque part elle avait envie de retrouver son Jules. Et en même temps elle voulait rester avec Wolf, parler du bon vieux temps. "Ou alors on peut prendre un verre ? Dans un bar ? Parler des anciens souvenirs ?". Et elle en avait, des souvenirs. Elle en avait énormément. Des souvenirs absolument géniaux pour la plupart. Puis il y avait eu son départ des cours de musique et bim, c'était un peu plus...triste ? Mais Lola ne se souvenait que de peu de choses tristes.

@Wolfgang Fisher