Changement dans l'enquête ? (ft Eleonora)

Voilà quelques mois déjà que l'enquête avait commencé. L'enquête sur leur fille disparue depuis des années maintenant. Il faut croire qu'ils avaient arrêtés de chercher...Pas les parents. Pas Eleonora ni Armin. Non, la police. Les fédéraux ou je ne sais quelles personnes des forces de l'ordre. Depuis quelques mois, Armin avait lancé des recherches un peu partout dans le monde. Oui, c'est vague, mais il faut bien continuer quelque part. Il avait gentiment demander à beaucoup de capitales de mettre dans leur mairie ou tout autre endroit où le peuple va une ou deux affiches de leur fille. Du moins du portrait robot de leur fille qui avait été fait à partir d'une photo d'elle petite et qui la montrait jeune fille maintenant. Une petite partie de sa fortune personnelle, du moins de son argent qu'il avait mis de côté, était passé dedans. Parce que bien sûr que non, tous les pays qu'il avait contacté ou dans lesquels il était allé n'avaient pas accepté cela sans un minimum de...reconnaissance ? Ouais, c'est ce que la France avait dit, par exemple. Ils ont voulu de l'argent en guise de "reconnaissance".

Bref, allant chez une fleuriste qu'il aimait beaucoup puisqu'elle prenait grand soin de ses fleurs, il prit un bouquet pour sa femme. Un bouquet avec ses fleurs préférées. Un bouquet qui montrait qu'il n'avait rien oublié de ses préférences. Il lui avait demandé de passer le chercher devant pour aller dans le restaurant qu'elle voulait. Là encore il connaissait ses préférences, mais il était impossible de savoir ce qu'elle avait en tête. Ou du moins son envie du jour. Il aurait fallut qu'Armin lui demande, mais il préférait dire : "On mange où tu veux !" au lieu de "Tu veux manger où ?". C'était un peu différent, tout de même. Du moins c'est ce qu'il pensait.

Alors il l'attendait là, tranquillement, le bouquet derrière le dos, prêt à discuter de l'avancement de leurs recherches.

@Eleonora Richter

Quand son mari lui avait demandé de manger dehors, dans le restaurant de son choix, Eleonora avait d'abord pensé refuser, pour passer la journée aux urgences et s'épuiser au travail, oublier ses problèmes dans ce lieu où elle a l'habitude de s'oublier, de s'anesthésier, dans la charge de travail. Cependant, quand il avait évoqué le fait que ce serait l'occasion de discuter de l'avancement de l'enquête au sujet de leur fille, qu'il avait relancé à grand renfort d'argent et de demandes auprès d'autorités gouvernementales, elle avait immédiatement oublié toute idée de travailler et s'était concentré sur la seule chose qui compte vraiment dans son existence : sa fille. Ou plutôt, l'absence de celle-ci dans son existence.

Elle avait alors accepté la proposition de son époux et s'était levé tôt ce matin-là, tout du moins plus tôt qu'elle ne l'aurait normalement fait un jour de repos après de longues journées de garde, pour se préparer. Non pas qu'elle ait prévu de faire particulièrement d'efforts, puisqu'il y a bien longtemps qu'elle a cessé d'être coquette ou de prendre soin d'elle, mais au moins pour prendre une douche, laver ses cheveux et avoir le temps de sécher et brosser ces derniers avant de partir, les maintenant attachés dans une pince. Pas de maquillage, pas d'artifice. Ces choses-là sont pour les autres. Pour celles qui ne pleurent pas la disparition d'un enfant. Pour celles dont l'estomac n'est pas retourné par la peur, dont le cœur n'est pas brisé par l'absence.

Quand elle arrive à proximité du fleuriste devant lequel il lui a donné rendez-vous afin qu'elle vienne le chercher, elle ralentie l'allure de son véhicule en scrutant le trottoir à la recherche de sa silhouette, s'arrêtant finalement devant lui en déverrouillant ses portières pour lui permettre d'entrer.

"- Hey" souffle-t-elle en guise de bonjour, comme elle lui ouvre la portière et l'invite à entrer. "Comment tu vas ?"

Alors qu'Armin voit sa femme arriver, il commence à paniquer intérieurement. Un peu comme un adolescent. Ou un peu comme si il venait de la rencontrer. Pire : que c'était leur premier rendez-vous, de nos jours, et qu'ils se voyaient donc pour la première fois. Parce que maintenant les jeunes se rencontrent sur les réseaux sociaux. Ils se voient par la suite et se mettent ensemble ou font des choses pas très catholiques et hop c'est terminé. A l'époque d'Eleonora et Armin ce n'était pas exactement pareil.

Enfin, peu importe. Il entre dans la voiture et lui tend les fleurs. " Je les ai acheté pour toi. ". En espérant que cela te plaise, aurait-t-il pu ajouter. Mais c'était un peu compliqué de le faire parce que...à chaque fois qu'il disait quelque chose il avait peur de lui dire n'importe quoi. De la vexer. En tout cas il essaya de regarder sa réaction, bien que cela soit difficile puisqu'elle restait souvent assez...dubitative ? Sans expression ? Armin regarda donc devant lui et demanda autre chose : " Tu veux aller où du coup ? ". Après tout il lui avait proposé d'aller là où elle voulait aller. Pas là où il voulait aller. Dans tous les cas : ça lui plairait. N'ont-ils pas des goûts similaires ? N'est-ce pas pour cela qu'ils se sont mis ensemble ? Non, c'est parce qu'ils se sont tout de suite sentis attirés l'un par l'autre. Et l'homme espérait que c'était toujours le cas aujourd'hui pour elle.

@Eleonora Richter

Se garant à hauteur de son mari, la quinquagénaire se penche sur le siège passager pour pouvoir ouvrir la portière de l'intérieur, l'ouvrant pour inviter son mari à entrer, le laissant s'asseoir en le saluant, s'inquiétant de savoir comment il va, puisqu'ils ne se sont pas encore vu aujourd'hui, avec le travail. Comme d'habitude. C'est une situation qui ne leur est pas étrangère, dans le fond. Loin de là, à vrai dire. Une situation dont ils ont l'habitude, bien trop l'habitude, pour être honnête.

L'homme lui tend un bouquet de fleur et Eleonora esquisse un sourire léger, fugace, avant de le prendre, y plongeant le nez un instant avant de les installer à l'arrière de la voiture, précautionneusement, de sorte à ne pas être dérangée pendant sa conduite. Déjà, elle rallume le contact et la voiture ronronne pour s'engouffrer de nouveau dans la circulation. Elle jette un regard à son mari en surveillant sa route, comme il s'inquiète de savoir où elle souhaite manger. A vrai dire, elle ne le sait pas vraiment, elle n'a pas réfléchit à la question en amont. Elle n'a pas vraiment cherché à savoir. Maintenant qu'ils sont là... Ce serait mieux de se décider rapidement, avant de tourner en rond pour rien dans la ville.

"- Indien, ça te tente ?" questionne-t-elle, son regard fixé sur la voiture lui faisant face, qui conduit dangereusement.

Elle fronce les sourcils. Encore un vieux à la vue qui baisse, croit-elle distinguer dans le reflet du rétroviseur. Il faudrait que passé un certain âge, certains arrêtent vraiment de conduire, pour ne pas mettre en danger la vie de tous les autres usagers et la leur aussi. Eleonora pousse un soupir. C'est le genre de choses qui engorge les urgences dans lesquelles elle travaille. Le genre de choses qu'elle a bien trop l'habitude de voir, malheureusement. Elle aimerait bien qu'il en soit autrement. Mais elle n'a pas le pouvoir d'y changer grand chose alors elle se contente de faire son travail.

"- Il va finir par nous faire avoir un accident !" s''exclame-t-elle cependant alors que l'homme devant elle freine sans raison au milieu d'une petite rue. "Je pense que je vais tourner à la prochaine."

Histoire de se débarrasser de cet usager dangereux. D'un autre côté, elle n'est pas à l'aise avec cette idée. Si elle est derrière lui et sait s'arrêter à temps s'il a un accident, elle pourrait le secourir. En tant qu'infirmière, si un accident survient, elle a le devoir de s'arrêter. Alors quand en prime elle constate un comportement dangereux... Peut-elle vraiment détourner les yeux, en sachant que l'accident est une menace sérieuse ?

"- Mais qu'est-ce qu'il fait ?!"

Si un restaurant Indien tentait l’homme ? Bien entendu ! C’était le genre de restaurant qu’il adorait. Bon, parfois il détestait certains restaurants, mais seulement parce que la cuisine n’était pas faite avec amour. Ça se voyait. Il aimait ça, Armin, quand la cuisine était faite avec passion et amour. C’est bête à dire, mais c’est vrai. Après tout, qu’y a-t-il de mieux que ça ? « Ca me va ! » répondit-il donc simplement. Et il finit par remarquer le comportement dangereux de l’homme en face d’eux. Armin n’avait pas particulièrement peur en voiture, mais parfois c’était un peu compliqué. Surtout en voyant sa femme à la fois agacée et inquiète. Alors, pour essayer de lui dire qu’il est là, qu’il ne va rien se passer (bien qu’il en doute un peu, sachant très bien qu’elle avait des cas d’accidents de voitures à l’hôpital. Trop, sans doute, ce qui expliquerait très bien le comportement d’Eleonora), il pose sa main sur sa cuisse et lui sert très légèrement. Mais vraiment très légèrement, exerçant une légère pression qui se voulait chaleureuse mais qui, il en était presque certain, pouvait énerver la blonde. C’est pour cette raison qu’il enleva sa main après cette légère pression et essaya de la rassurer en parlant : « Ne t’inquiète pas, s’il y a un problème tu es là, de toute façon. Tu es la meilleure et tu sais que si jamais, même si j’en doute, il y a un accident, tu seras sur les lieux. ». Il regardait, en même temps, la voiture en face d’eux qui semblait vouloir se garer. Pourtant il ne voyait aucune place. Oh, d’accord. Un portail s’ouvrit juste à côté. « Il a l’air d’y avoir une résidence ou une maison un peu cachée. Tu vois ? Ce n’est rien. ». Puis il entendit claxonner derrière eux. Se retournant, il proposa à sa femme de mettre les feux de détresse pour montrer que quelqu’un était en train de faire une manœuvre. Puis…BOUM. Quelqu’un leur rentre dedans. Sans grande violence, mais assez pour surprendre l’homme aux côtés d’Eleonora. « Panique pas, je regarde. ». Il n’a qu’à se retourner pour voir qu’une seule voiture leur était rentré dedans. Tout simplement un impatient. Les autres derrières attendent patiemment. Les deux autres voitures, plus précisément. Alors il lui explique la situation avant de demander sans méchanceté, avec calme : « Je peux sortir de la voiture ? » pour aller engueuler le c*n qui a osé stresser encore plus sa femme. Et en même temps il ne veut pas la laisser seule.

L'homme devant elle fait des zig-zag sur la route et la blonde commence à craindre que ce dernier, tout en perdant évidemment le contrôle de son véhicule, soit en réalité en train de perdre connaissance. Ce ne serait pas la première fois qu'une telle chose arrive. Dans son métier, c'est quelque chose qu'elle voit plus fréquemment qu'elle ne le voudrait. Plus d'accidents qu'on ne le pense sont provoqués par des problèmes de santé inconnus et parfois imprévisibles. C'est à ce genre d'hypothèse qu'elle pense donc en observant la conduite du véhicule devant elle et une hypothèse qui, naturellement, la stresse, étant parfaitement consciente de ce qui pourrait arriver, de ce que cela pourrait impliquer.

A ses côtés, son mari tente de l'apaiser, de la rassurer, face à la situation stressante qu'ils sont en train de vivre mais malheureusement, malgré ses tentatives, il s'avère peu efficace alors que l'adrénaline prend le dessus, forçant Eleonora à imaginer tous les scénarios possibles jusqu'à ce que, finalement, le véhicule cherche à s'engager dans une propriété privée, un portail s'étant ouvert. Parfait. La blonde espère que cette personne ne mettra plus un pied dehors de la journée, puisqu'elle n'est visiblement pas en état de conduire.

Un coup de klaxon se fait entendre et elle soupire, jetant un regard dans son rétroviseur. Derrière elle, on s'impatiente. Il est évident qu'elle peut pousser la voiture devant elle, bien entendu... Eleonora pousse un soupir. Cette excitation, cet énervement, la dépasse. Elle surveille les mouvements de la voiture devant eux, quand un choc par l'arrière se fait sentir. Léger, mais bien présent. Choquée, elle regarde de nouveau son rétroviseur. Cet abruti n'avait-il pas vu la voiture en train de tourner ?

Elle est blême lorsque son mari demande à descendre et accepte, avant de détacher sa propre ceinture de sécurité. Heureusement qu'en ville, la vitesse est réduite. Elle n'ose pas imaginer ce quoi un tel imbécile est capable sur une autoroute. Peu importe. Sortant de sa voiture, puisqu'il va falloir faire un constat, elle avance vers le second véhicule, contrariée. Lui qui voulait gagner du temps vient d'en faire perdre à tout le monde.

"- Bonjour monsieur." le salut-elle en arrivant devant lui avec son mari, avant de jeter un coup d'œil à son parechoc arrière. "J'espère que vous avez une assurance." demande-t-elle à son attention, passablement agacée.

Malgré ses trentatives, Armin voit bien qu’il n’arrive pas à calmer sa femme. Sa femme qui descend de la voiture après lui alors qu’il lui avait dit, sans vraiment lui dire, qu’il y allait seul. Ce n’était sans doute pas assez clair, finalement. Mais quelque part ça le rassure qu’elle descendre aussi. Tout simplement parce qu’elle ne sera pas seule dans la voiture où tout peut se passer. Absolument tout. Mais bon, il faut relativiser, rien ne peut lui arriver, à cette belle blonde qu’il aime depuis…si longtemps.

Il se rapproche d’Eleonora pour rester à côté d’elle et demande au conducteur de baisser la vitre de sa voiture. Ce qu’il fait. Avant qu’il ait le temps de dire quoi que ce soit, Armin se fait devancer par la femme à côté de lui. Elle est légèrement agacée. Légèrement. Le brun le voit bien et se rend compte que le stresse semble avoir laissé place à, justement, cet agacement. Mais bon peu importe. Il regarde également l’arrière de la voiture et voit qu’elle n’est plus en très bon état. Pas complètement enfoncée, mais de la peinture est partie et le parechoc est légèrement rentré. Bon, l’argent n’était pas un problème pour Eleonora et Armin, mais l’homme qui avait fait le coup allait payer.

Celui-ci a les dents serrées, les poings serrés également sur le volant et assène : « Tu vas te calmer la blondasse. T’avais qu’à avancer. ». Déjà, là, Armin s’énerve. Puis, quand il intervient pour dire qu’il devrait se calmer, le conducteur de la voiture (assez médiocre, avouons-le), s’énerve encore plus. « T’as rien à me dire. Faut pas laisser les femmes conduire. C’est connu. ». Ok. Bon, si déjà il était énervé, Armin n’était pas franchement tranquille. Il n’était pas du genre à chercher la bagarre, mais il ouvrit la portière et lui donna un bon coup de poing dans le nez. Il savait, il savait que ça n’allait pas plaire à sa femme, mais il ne voulait pas qu’on l’insulte. Il se sentait un peu comme un jeune homme de vingt-ans qui défend une femme qui, pourtant, n’a aucunement besoin de protection. Elle est bien plus forte que cela. Il le sait. Mais Armin ne pouvait s’empêcher d’être en rogne contre celui qui avait manqué de respect à sa femme.

Quand il referme la portière, Armin s’appuie contre celle-ci et dit : « Vous n’aurez qu’à dire que dans le choc vous avez percuté le volant. J’ai des amis dans la police et à l’hôpital. Maintenant : constat. Merci. ». Agacé, vous dites ? Pas du tout ! (juste un peu)

La quinquagénaire est en colère, évidemment, non pas de l'accident en lui-même, encore que le conducteur derrière elle est un abruti et que l'impact aurait pu être évité s'il s'était montré un tout petit peu plus patient, mais par le comportement qu'il affiche maintenant à vociférer comme un veau au beau milieu de la rue en s'en prenant à elle, sous prétexte qu'elle est une femme. Elle avait qu'à avancer, selon lui. La blonde lève les yeux au ciel. Evidemment. Cet abruti n'a pas vu que quelqu'un était en train de manœuvrer juste devant elle ? Non, bien sûr que non. Evidemment qu'il ne l'avait pas vu, pétrit dans son arrogance et son impression qu'il n'y avait que lui sur la route, que lui qui était pressé ou légitime. Abruti.

Il continue, bien sûr, se montrant agacé et agressif envers Armin, le tenant pour responsable du fait d'avoir laissé une femme conduire. Bien sûr, l'homme ne se laisse pas faire et ne laisse pas non plus l'inconnu s'en prendre aussi ouvertement à son épouse. La blonde n'en attendait pas moins de son mari, le reconnaissant bien là. Il ne supporte jamais que l'on se montre injuste, encore moins contre elle. Elle ne peut pas dire que ça n'est pas appréciable.

"- Peut-être que ça vous a complétement échappé, focalisé sur le nez de votre voiture, mais il y avait un véhicule devant nous en train de manœuvrer pour entrer sur la propriété juste ici. Vous l'auriez sans doute remarqué si vous n'aviez pas pesté comme un diable derrière votre volant. Si on est en retard pour aller quelque part, on part plus tôt ! On ne s'en prend pas aux autres de ne pas créer de situations dangereuses pour que vous puissiez aller plus vite !" s'agace la blonde à la suite de son mari, comme l'homme continu de pester en cherchant de quoi préparer le constat.

Quand il était petit Armin avait peur sur la route. Il avait peur, justement, des abrutis comme l’homme qui était derrière sa femme et lui un peu plus tôt et qui, maintenant, se trouvait juste côté. Il avait peur à cause de ceux qui étaient ivres et qui prenaient le volant, de ceux qui roulaient trop vite, qui faisaient des zigzags sur l’autoroute en doublant toutes les voitures parce qu’ils sont trop pressés. Tous ces gens qui ont eu leur permis dans une boîte de céréales. Il y avait vraiment, mais vraiment des personnes qui ne savaient pas conduire et qui ont quand même eu leur permis. Ce qui n’était clairement pas normal. Mais bon, ne nous attardons pas sur eux. Plutôt sur l’homme qui fait l’abrutis et qui s’amuserait presque de la situation. Jusqu’à ce qu’Armin lui mette un coup de poing bien placé. Pas dans les parties, mais bien placé quand même.

Bien sûr il n’aime pas que l’on s’en prenne à sa femme, l’homme aux cheveux grisonnants. Mais c’est encore pire quand il est là. Il ne vaut mieux pas que ce soit le cas parce qu’il risque de s’énerver. Comme là. C’est important de comprendre qu’il ne faut pas s’en prendre aux femmes. Même si elles sont bêtes. Parce qu’en général il n’y a pas que les femmes qui le sont. Et, souvent, elles sont moins nombreuses à l’être que les hommes. Ou peut-être n’était-ce pas vrai. En tout cas Armin n’était pas objectif et avait du mal à discerner la réalité de ses propres avis un peu trop accentués. Voir faussés. Parce que bien sûr il ne penserait, normalement, en aucun cas que les hommes étaient plus bêtes que les femmes. Il penserait même que tout le monde l’est un peu à sa manière. Mais rien de méchant.

« Des situations dan… » l’homme n’a pas le temps de finir sa phrase qu’Armin insiste sur le constat. « Ne cherchez pas à la contredire, elle a raison, vous êtes en tors. C’est aussi simple que ça. Maintenant… », il prit un air menaçant et serra les poings sur la portière avant de finir : « Constat. ». Il regarde l’homme droit dans les yeux avant de l’entendre grogner et finalement faire ce qui était nécessaire de faire. Quand il se retourne vers Eleonora, Armin la questionne du regard, lui demandant si elle va bien.

Reconnaître ses torts n'est jamais vraiment quelque chose de simple, mais il y en a qui excellent en la matière, c'est le cas de le dire. Comme le type qui leur fait face et qui préfère remettre la faute sur l'infirmière, que d'assumer qu'il était trop pressé et faisait n'importe quoi sur la route, ne remarquant même pas qu'un véhicule était en train de faire une manœuvre et que la voiture devant lui ne pouvait tout simplement pas avancer. Il fallait être sacrément dérangé pour conduire de la sorte, pour croire que la route était à soit, que rien n'avait de conséquences... Mais il avait l'air d'avoir le profil, l'air d'être ce genre d'abruti. Elle pousse un soupir.

Bien sûr, alors qu'elle essaie de faire comprendre la situation, qu'elle essaie de faire comprendre ce qu'il n'a pas vu, rivé sur sa vitesse et son tableau de bord, l'homme essaie de protester, de répondre, de faire valoir ce qu'il a à dire... Et Armin lui coupe la parole, l'empêchant de parler, affirmant que l'infirmière avait raison et que le mieux à faire, maintenant, c'était de s'occuper du constat, sans discuter. L'homme continu pourtant de maugréer, visiblement peu enclin à leur faciliter la tâche, mais il finit par sortir de quoi établir le fameux constat réclamé par le couple.

"- Bien. Donc tout d'abord vous allez écrire que nous étions engagé dans une petite rue et que la voiture devant vous était à l'arrêt, pour permettre à une autre voiture, devant elle, de manœuvrer. Puis vous indiquerez que, dans votre impatience, vous avez voulu pousser le véhicule devant vous à avancer, si bien que vous avez jugé que c'était une bonne idée de... lui rentrer dedans !" dicte la blonde.

Oh, elle vérifiera soigneusement ce qu'il aura écrit avant de signer, qu'il ne se fasse aucune idée à ce sujet. Elle n'oubliera aucun détail, quitte à étoffer les lignes qu'il aura écrite. Elle a de quoi recommencer le constat dans sa voiture, s'il essaie de jouer au plus malin des trois, qu'il ne s'en fasse pas pour ça. Et elle s'occupera personnellement du dessin représentatif de la situation.

Armin regardait derrière eux. Des personnes attendaient. Alors, pendant que sa femme dictait la situation à écrire sur le constat à l'homme, il dit, menaçant : "Je reviens. Un mot ou un geste déplacé, une main en dehors de cette voiture et je peux très bien recommencer.". Il n'avait pas intérêt à toucher à Eleonora, ce crétin, sinon il serait des plus sympathiques avec lui. Bien sûr était ironique. Alors il embrassa sur la joue sa femme en chuchotant : "Je reviens vite.". Il courut jusqu'à la voiture suivante, même si elle n'était pas loin, pour dire rapidement qu'ils faisaient un constat. Faisant la même chose aux deux autres voitures, qui comprirent très bien (du moins ceux qui étaient au volant), il fini par revenir auprès d'Eleonora et du crétin fini. "Alors, où ça en est ?". L'homme au volant donna le constat au couple pour qu'il vérifie, grognant. Armin regarda par dessus l'épaule de sa femme. "Eh bien eh bien, c'est qu'il écoute quand il veut.". Sec, direct et avec un peu d'humour tout de même (enfin c'est ce qu'il pensait. C'était difficile, dans une situation comme celle-ci, d'avoir de l'humour.). Le cinquantenaire laissa la belle blonde dessiner avant de retourner à la voiture, réglant les derniers détails. Il s'assit, mais avant de mettre sa ceinture demanda : "Tu préfères que je conduise ?". Armin n'était pas du genre à mal conduire. Il était même très prudent. Faute à deux accidents qu'il avait eu quand il était jeune conducteur. Ou grâce à ces accidents, plutôt. "Et si tu veux aller à la maison on y va, il doit y avoir assez dans le frigo pour faire un repas correct.". La regardant, cette femme qui était sienne depuis des années, qu'il avait pourtant perdu d'une certaine manière, il avait l'étrange impression que ce petit accrochage les avait rapproché. Ce n'était peut-être qu'une impression, mais c'était réellement la sensation qu'il avait. Alors que, peut-être, ce n'était pas du tout le cas.

@Eleonora Richter

En se rendant compte du monde qui attend derrière leur voiture, Armin décide d'aller au devant de ces personnes pour leur expliquer ce qu'il se passe et, avant de s'éclipser, il annonce qu'il revient en déposant un baiser sur la joue de sa femme non sans avoir au préalable menacé l'homme, ou plutôt l'avoir prévenu, que s'il tentait quoi que ce soit, ça se passerait mal pour lui. La blonde continue donc de dicter son texte à l'autre conducteur, s'assurant qu'il détaille correctement la situation et, lorsque son mari revient, ils ont justement terminé la rédaction de ce constat. L'homme leur donnant le papier, ils jettent un œil tous deux à celui-ci, vérifiant ce qu'il a écrit, ce qu'il a annoté, avant qu'elle ne dessine le schéma de l'accident. Puis ils viennent apposer leur signature sur le document que la blonde conserve. Il vaut mieux que ce soit elle qui s'occupe d'envoyer celui-ci à qui de droit car l'homme devant elle pourrait oublier de s'en occuper et elle ne compte pas le laisser s'en tirer comme ça.

Retournant jusqu'à la voiture, elle glisse le document dans la boîte à gants et pose ses mains sur le volant, son mari demande si elle veut qu'il conduise. Elle secoue la tête dans un signe négatif, déclinant la proposition. Elles se sont d'attaque pour conduire. C'est ce qui était prévu et ce n'est pas un petit accrochage qui changera leur plan point aussi, quand il propose de rentrer directement à la maison et de faire avec ce qu'il y aura dans le frigo, elle décline cette nouvelle proposition.

”- Il n'y a aucune raison que nous changions quoi que ce soit au plan que nous avions initialement prévu.” remarque la blonde avant de remettre le contact, des fois que le mec derrière elle s'impatienterait de nouveau.

Reprenant la route, elle conduit prudemment jusqu'au restaurant indien pour lequel ils se sont décidés un peu plus tôt et finit par se garer, au bout de quelques minutes, sur le parking de l'établissement. Sortant les clés du contact, elle attrape son sac à main et le passe par-dessus son épaule, adressant un regard à son mari, la main déjà sur la poignée.

”- Nous y allons ?” demande-t-elle avant de sortir, claquant la porte derrière elle et verrouillant le véhicule pour avancer vers le bâtiment.