Zakarya | Welcome back in Hamburg, in my head

Welcome back in Hamburg, in my head

Que pouvait-il y avoir de plus agréable que de rentrer chez soi ? Bien des choses pour certains mais pour Arya, cela signifiait bien plus que de se retrouver dans son appartement pour la première fois depuis deux petites semaines, ou trois. Parce que son chez elle était surtout composé de personnes qu’elle appréciait, de ses proches, des personnes qui étaient chères à son cœur. Et si elle avait du mal à laisser des personnes entrer totalement dans son cœur, parce qu’elle était assez méfiante, les personnes y étant entré étaient bien trop précieuses à ses yeux pour qu’elle passe trop de temps loin d’eux.

Aujourd’hui, elle rentrait d’un long voyage en Thaïlande pour le travail, elle qui ne s’arrêtait jamais. Et une fois qu’elle eu récupéré ses bagages et que son fessier fut posé dans le taxi, elle n’eut pas tant envie que cela de rentrer dans son appartement. Pourquoi faire ? Ce serait simplement finir cette excellente journée quoique très longue avec les nombreuses heures d’avion qu’elle avait subi. Elle aurait pu sortir retrouver des amis, appeler Astrid pour savoir si celle-ci était disponible. Mais non, plutôt que cela, elle entra dans son appartement en courant pour poser ses valises dans la chambre et redescendre en courant en direction du taxi qui l’avait très gentiment attendu. Elle n’hésiterait pas à donner un pourboire à l’homme une fois qu’elle serait arrivée.

A travers les vitres, elle observait la nuit hambourgeoise ce soir de semaine où les personnes avaient pour habitude de sortir, ce qui était particulièrement plaisant à observer. Les hommes en train de rire ensemble, les femmes en train de chuchoter ensemble au passage d’une personne visiblement plaisante à leurs yeux. Un sourire étira ses lèvres, elle allait bien évidemment retrouver un proche ce soir. Et elle en avait bien plus hâte que ce qu’elle pouvait oser dire ou même penser, d’ailleurs. Retrouver Zakaria, c’était comme retrouver Astrid, un pur plaisir. Ou peut-être que c’était un peu différent ? Elle n’avait jamais qualifié l’homme comme étant son meilleur ami parce que ce n’était pas non plus ainsi qu’elle le voyait. Elle n’était tout simplement pas capable de dire.

Le taxi s’arrêta devant le bar alors que l’heure de la fermeture était presque inscrite sur le tableau de bord de la voiture. L’indienne sortit un billet de son portefeuille pour le laisser à l’homme et sortir dans l’air encore frais des soirées de cette fin de mois de mai. En fermant la portière, elle croisa son propre regard dans la vitre sombre. Mince, il était vrai qu’elle sortait à peine de l’avion, qu’elle n’avait même pas pris le temps de se changer, encore vêtue de ses vêtements confortables. Elle attrapa tout de même l’élastique retenant ses cheveux pour faire une queue de cheval la plus potable possible avant de faire volteface pour entrer dans l’établissement.

Il était très tard et peut-être qu’ils ne servaient plus de boisson à cette heure, en train de préparer la fermeture du bar, en train de patienter que les quelques derniers clients veuillent bien partir. Arya ne les regarda absolument pas alors que la porte se refermait juste derrière elle. Ses yeux bruns se posèrent sur le bar vers lequel elle s’avança d’un pas franc et sûr de lui, son visage se parant d’un large sourire. Elle était contente d’être dans l’endroit. Elle alla se pencher au-dessus du bar, ayant bien pris soin de rester dans le dos de Zakaria pour lui faire la surprise, avant-bras posés sur le bois du bar, elle demanda assez fort pour qu’il puisse l’entendre.

« Excusez-moi jeune homme, est-ce qu’il est toujours possible de commander ? »

Welcome back in Hamburg, in my head

Retrouver un regard complice, un sourire plaisant, une personne que l’on appréciait, cela ne faisait de mal à personne, bien au contraire. Arya n’avait pas choisi ce bar au hasard, bien au contraire et sa démarche assurée en entrant dans l’endroit ne pouvait pas laisser penser le contraire, aucun doute ne pouvait planer. Accoudée sur le bar, son corps vient très légèrement se pencher en avant sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte. Elle ressent une grande joie l’envahir comme Zakaria se retourne dans sa direction pour lui adresser la parole. Il y a très peu de personnes capables de lui faire un tel effet. Quand elle rentre de voyage, même si elle est heureuse de retrouver l’Allemagne, pays qu’elle continue encore de découvrir, elle a toujours un petit coup de blues. Puis il y avait Astrid et l’homme, deux remèdes infaillibles.

Son amitié avec ce dernier était apparue particulièrement soudainement. Lors de leur première rencontre alors qu’ils étaient tous deux membres des casques bleus, elle ne se serait jamais dit qu’une jour, elle serait heureuse de retrouver son joli minois après un voyage, qu’il contribuerait à lui faire sentir qu’elle était rentrée chez elle, chose absolument fausse alors qu’elle était loin de sa famille biologique et du pays qui l’avait vu naître. Mais en Allemagne, dans ce pays où elle avait désormais tous ses proches, toutes ses attaches, elle se sentait définitivement bien.

« Ah oui, il sera toujours possible de commander ? Je suis heureuse d’apprendre que vous me préférez à votre torchon, jeune homme ! » dit-elle en riant doucement, se plaisant à entrer dans le jeu de Zakaria. Elle s’installa sur l’une des chaises hautes pour pouvoir discuter un peu plus confortablement, en attendant que le service soit terminé, en attendant qu’elle soit contrainte de quitter l’endroit quoi qu’il arrivait parfois aux deux amis, si on pouvait les nommer ainsi, de rester un peu plus longtemps installés dans le bar, autour d’une table, à discuter ou à faire d’autres choses ensemble pour passer le temps. « Je viens à peine de rentrer, j’avais envie de te voir, heureusement que tu travailles, je me serais sentie un peu mal de débarquer chez toi… » finit-elle par avouer. Elle ne voulait le déranger chez lui sans prévenir. Après tout, il avait droit d’avoir un peu de moment tranquille. Et elle, elle était plutôt extravertie. « Tu es en train de ranger alors je vais pas non plus te demander quelque chose de bien compliqué. J’ai vu que tu avais encore un peu de jus d’orange dans le frigo alors j’en veux bien, s’il te plaît ! Mais en tout cas, cela me fait plaisir que tu me dises que tu es mon homme ! » dit-elle avant de lui faire un petit clin d’œil pour lui montrer que c’était de l’humour, quoi qu’elle l’appréciait fortement et que cette pensée ne semblait pas la répugner à l’intérieur. Mais ils était amis. Elle finit donc par demander. « Et toi alors, comment vas-tu ? Tu as passé une bonne journée ? Un bon moment depuis la dernière fois qu’on s’est vus ? »

Welcome back in Hamburg, in my head

Lorsqu’ils s’étaient tous deux rencontrés, il avait été assez clair pour Arya que l’homme ne passerait pas sa vie complète dans les forces armées de l’Allemagne mais jamais elle ne s’était dit qu’elle pourrait le retrouver derrière un bar, à passer ses soirées à servir d’autres personnes. Elle ne dénigrait pas du tout ce travail, les personnes le faisant avaient bien du courage, d’écouter des personnes toute la journée et de discuter avec elles, ce qui n’était pas forcément le fort du berlinois lorsqu’on le connaissait, il ne fallait tout de même pas se voiler la face. Mais en tout cas, il était certain qu’il passait son temps à bouger, qu’il faisait des choses diverses alors ce côté-là du travail lui correspondait tout de même, ce qui était tout à fait contradictoire d’ailleurs. Les mots qui sortirent des lèvres de l’homme ne manquèrent pas de la faire rire. Elle avait l’impression d’être bon public lorsqu’elle se trouvait en sa compagnie, ce qui était bien étonnant, meilleur public qu’avec bien d’autres personnes d’ailleurs… Elle sourit doucement en haussant les épaules. « Je peux te laisser en tête à tête avec lui si tu préfères, tu peux me le dire, tu sais bien que je ne t’en voudrais pas pour si peu ! » dit-elle sans manquer de sourire, sachant pertinemment que tous les deux, ils se connaissaient particulièrement bien et se doutant que Zakaria ne lui demandera pas de s’en aller pour rester en compagnie de son petit torchon. D’ailleurs, alors qu’elle ne l’avait absolument pas prévenu de sa venue, elle est plutôt heureuse de voir que cela lui fait au moins un peu plaisir ou qu’il en est content, tout du moins.

Arrêtant d’être totalement penchée sur le plan de travail, elle finit par prendre place sur l’un des grands sièges pour ne pas partir loin, rester à proximité du jeune homme enfin, de l’homme plus jeune qu’elle. Sa question la fit légèrement grimacée avant qu’elle ne dise doucement, un air faussement coupable sur le visage. « Bon d’accord, j’avoue tout, je suis passée chez moi d’abord, pour ne pas débarquer ici avec ma valise. Mais je l’ai franchement lancée dans mon appartement pour redescendre directement ! Alors , est-ce que ça compte vraiment ? » elle avait posé cette dernière question pour elle-même, sa voix s’étant fait bien moins forte.  Elle fut davantage étonnée de la suite. De la façon dont elle connaissait l’ancien militaire, elle savait bin que ce n’étaient pas des mots en l’air qu’il venait de prononcer et cela lui alla d’ailleurs droit au cœur. « Tu sais que c’est pareil pour toi, ma porte est toujours ouverte… » dit-elle doucement avant de reprendre un peu plus vite, comme si elle avait peur qu’il refuse. « Non, je ne suis pas non plus là pour te faire travailler deux fois plus ! Si tu as besoin que je fasse sortir les derniers clients un peu plus vite, cela peut s’arranger ! Un jus d’orange, c’est parfait. » Certes, ce n’était pas la boisson idéale à prendre avant de dormir mais de toute façon, elle ne buvait pas beaucoup d’alcool ou alors en de rares occasions. Et là, avec la fatigue du long voyage qu’elle venait de faire, elle n’allait très certainement pas se risquer à finir totalement alcoolisée. Le verre arrivant devant elle, elle ne manque pas de sourire, dans un premier temps, puis sort son porte-feuille de sa poche pour poser un billet sur le plan de travail, juste à l’endroit où le coup de torchon venait d’être passé. « Tu peux glisser la monnaie dans ta poche ! »

Zakaria parla un peu de lui et Arya n’en manqua pas une seule miette, bien au contraire. Il n’était pas la personne bavarde qu’elle connaissait alors chaque petite conversation était importante pour elle, même si cela pouvait être insignifiant, dit comme ça. Si le barman lui en parlait, c’était que cela lui tenait à cœur, d’une façon ou d’une autre. « Est-ce que ça veut dire que tu feras constamment les mêmes horaires selon les jours ? Qu’est-ce qui te fait hésiter à passer un peu de temps chez tes parents ? » demande-t-elle doucement avant de boire une gorgée de son jus bien frais, ce qui était un pur bonheur contre son palais. Elle sourit doucement finalement, quoique l’ombre d’un sourire n’avait pas quitté son visage depuis qu’elle avait aperçu l’homme. « Pleins de choses, c’était incroyable ! J’étais en Thaïlande, c’est magnifique ! J’ai fait un peu de bénévolat dans des écoles et j’ai aidé à rassembler des fonds pour aider quelques villages à se développer, j’ai rencontré pleins de personnes incroyables, tout le monde était vraiment gentil ! Il faut que tu y ailles un jour Zak ! »

Welcome back in Hamburg, in my head

Tu pouvais vraiment être heureux de l’endroit où tu te trouvais désormais. Certes, ce n’était peut-être pas ce que tu pensais faire il y a de nombreuses années mais tu avais tout de même une belle vie, je me souvenais plutôt bien de la façon dont tu étais revenu de l’armée. A cette époque, nous n’étions pas particulièrement proches mais voir l’évolution depuis les quelques jours où je t’avais hébergé à ton arrivée à Hambourg était assez impressionnant quand on prenait un peu de temps pour y penser. Si en plus, finalement, être barman te plaisait, bien que cela puisse avoir des côtés déplaisants, cela devait être satisfaisant. Tu as toujours été une bonne personne, je n’en ai personnellement jamais douté, pas même quand le départ de notre première conversation avait été compliqué.

Ta boutade me fait rire. Je ris assez facilement habituellement, d’autant plus lorsque je suis avec des personnes que j’apprécie particulièrement comme Astrid ou toi. C’est de l’humour et j’aurais pu enchérir en faisant également une blague. Pourtant, je me mords légèrement la lèvre inférieure avant d’avouer. « Je ne me suis pas assise, non… J’avais trop envie de te voir ! »

Mon regard se tourna doucement en direction des clients dont tu parles, à qui je souris en croisant certains regards. Mon attention revient bien rapidement sur toi alors que j’avale une gorgée de mon jus de fruits. J’espérais bien que ces fameux clients ne viennent pas commander à nouveau mais, le bar se vidant petit à petit, cela devait bien suggérer aux quelques restants qu’il était temps de s’en aller, non ? Je me surpris à vouloir les voir partir, m’excusant intérieurement. Tout le monde avait bien le droit de faire ce qu’ils voulaient, bon sang ! Il n’y avait pas à être égoïste de la sorte, seulement pour être certaine que tu puisses être un peu tranquille.

J’écoutais avec la plus grande des attentions les mots que tu prononças, étonnée que tu évoques ta famille. La famille, cela faisait partie des sujets que nous n’avions presque jamais évoqués, ensemble… Chaque jour, tu continues à t’ouvrir un peu plus, ce qui me touche profondément mais te connaissant, je me dis que le moment est peut-être mal choisi pour évoquer un tel sujet alors que d’autres personnes ne sont pas très loin, les inconnus parfois doués pour laisser trainer leurs oreilles là où cela ne les regarde pas. Je te fais tout de même un sourire chaleureux, de sorte que tu ne te sentes pas mal d’évoquer des sujets qui te tracassent avec moi. « C’est vraiment une bonne chose, pour tes horaires ! Est-ce que tu as déjà prévu de faire des choses particulières ? » dis-je avant de prendre une inspiration pour passer au sujet un peu plus délicat. « En dehors du fait que vous avez du mal à vous comprendre, est-ce que tu as envie de revoir tes parents ? Peut-être que ça peut s’améliorer, si tu y vas, pour quelques jours à peine ? Ce serait l’occasion de discuter avec eux, peut-être ? Sinon, ça ne pourra pas changer… »

J’avais soigneusement évité le sujet que tu avais commencé à évoquer, dont ta phrase était restée en suspens. Peut-être que tu ne voulais pas m’en parler mais le fait que tu aies commencé montrait le contraire ? Je ne savais pas vraiment mais ce qui était bien certain était que ton regard perdu dans le vague me rendit particulièrement triste. Alors je me décidais à poser une petite seconde ma main sur la tienne pour la serrer. « Tu n’es pas obligé de m’en parler, tu sais, tout ne tiens qu’à toi. » avais-je dit avec le ton le plus sincère possible.

Le sujet finalement plus léger alors que tu me questionnes sur mon voyage, mon sourire ne peut que se faire plus large. Il a tendance à ne jamais me quitter, encore plus quand tu es dans les parages. Tu passais ton temps à me questionner quand je revenais de voyages et j’adorais tout te raconter, tu étais toujours tellement attentif que cela me faisait particulièrement plaisir. « J’essayais de parler en anglais simple mais il y avait un traducteur la plupart du temps ! C’est touristique oui, surtout dans les grandes villes ou près de la mer mais moi tu me connais, j’adore aller à la rencontre des gens alors je n’ai pas trop vu de touristes ! Tu m’accompagneras ? On part le mois prochain alors ? » Cette question était sortie tout naturellement de mes lèvres, sans que je ne m’en rende vraiment compte. Je n’avais pas du tout prévu d’aller en Thaïlande le mois prochain mais pourquoi pas prendre un peu de vacances si tu en avais envie. Ne répondant pas tout de suite au sujet des photos, je me lève soudainement de mon siège, tendant la main en direction de ton torchon. « Est-ce que tu veux que je lave les tables ? Comme ça on pourra plus rapidement se poser pour regarder les photos ! »