Bienvenue




Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Partagez
 

 Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA Empty
Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA
Dim 2 Jan 2022 - 13:37
Ich sitze hier im Dunkeln,

die Zeit steht still



Théâtre Thalia ༝ 14 janvier 2022 ༝ 19h53

« J’ai arrêté la pilule et je suis allée voir mon gynéco. Mon gynécologue est un homme très vieux, très blanc et incroyablement hétérosexuel. Il faut donner sa chance à ces gens sur le marché du travail. J’ai des copines que ça dérange. « C’est pas bizarre d’avoir un gynécologue homme ? ». Ça crée une sorte de - Quoi ? - … - Quoi ? - … Tension sexuelle, non ? - Non ! » — Extrait du spectacle Tropical d'Hazel Brugger.

A L R I K  ☩  N I N A


Le mythe sur l'absence d'humour des Allemands était-il fondé ? Vu de l’extérieur, le pays des poètes et des penseurs abritait bien des talents, mais pas celui de faire rire les gens. Qu’ils se détrompent ! Les Allemands savaient rire et la salle comble que rejoignait Nina ce soir le démontrait. Les humoristes qui montaient en scène et qui assuraient un spectacle durant une heure et demie à deux heures savaient nécessairement faire rire, sans quoi ils se représenteraient devant des fauteuils vides. C'était, du moins, ce que se plaisait à croire la trentenaire qui se faufilait entre les spectateurs déjà installés pour rejoindre sa place, au centre de la rangée. Elle ne connaissait pas encore les talents d’humoriste d’Hazel Brugger qui entrerait prochainement en scène ; elle ignorait jusqu'aux sujets que la comédienne traiterait et la manière dont elle le ferait. Pour autant, c'était avec une hâte certaine que Nina s'installait et déposait son sac à ses pieds. À sa droite, un couple de trentenaires partageait son impatience à voir la jeune humoriste entrer en scène. À sa gauche, les sièges étaient encore inoccupés, comme à plusieurs autres endroits de la salle, ce qui laissait présager d'encore quelques minutes d'attente.

Face à ce constat, Nina rattrapa son sac à main pour en extraire son téléphone portable. Si elle vérifia dans un premier temps que le son de son appareil était bien coupé, elle profita du temps qu’elle avait pour envoyer un message à sa mère. Quand bien même elle vouait une confiance aveugle à Isabella qui lui gardait Elias, Nina ne pouvait s’empêcher de penser à eux et de vouloir de leurs nouvelles. « Je suis bien installée, j’espère que le spectacle sera bien ! Je vous souhaite une bonne soirée. Je vous aime ». La réponse d’Isabella arriva dans les trente secondes qui suivirent : « Ta sœur a eu une bonne idée de cadeau, tu vas profiter d’une belle soirée de détente et de rires ! Pour nous, ce sera un petit jeu et au lit ! À tout à l’heure, ma grande. Je t’aime. »

Il n'y avait aucun doute quant au fait qu'Isabella nourrissait l'espoir que Noël ait engagé le vent de la réconciliation entre ses filles. Nina était bien plus perplexe que sa mère à ce sujet mais préférait, là encore, ne rien dire et ne pas briser les espoirs naissants de celle qui lui avait tout donné. Elle rangea silencieusement son téléphone portable en s'efforçant de ne pas penser aux désastres qu'avaient causés Iris dans sa vie – dans leurs vies – avant de se caler confortablement dans son fauteuil rouge.

Les yeux rivés sur la scène aux rideaux fermés, Nina vola quelques brides de conversation ci et là. Le couple à sa droite poursuivait sur sa même tonalité, lorsque, devant elle, un père et son fils chérissaient cet instant privilégié qu'il leur était permis de partager. Il n'en fallut pas plus à Nina pour penser à son propre père et pour qu'un voile de nostalgie ne s'abatte devant ses yeux. Seul le bruit émanant de la gauche de la rangée lui permit de ne pas s'engouffrer plus loin dans sa tristesse et dans le manque de son père. « Pardon. Pardon. Merci. Excusez-moi. Merci. »

Nina connaissait cette voix. Cette voix qu'elle n'avait pas entendue depuis des mois, des années, même. Cette voix qui appartenait à celui qui avait été l'amoureux de sa sœur avant de devenir son amant à elle. Cette voix qui appartenait à nul autre qu'au père de son fils, dont elle s'évertuait à garder l'identité secrète. Un instant, Nina invoqua le Ciel pour que ses souvenirs soient faussés, que son esprit lui joue de mauvais tour, et que l'homme qui s'approchait doucement d'elle ne soit pas celui qu'elle redoutait le plus.

Seulement, il entra dans son champ de vision, et elle sut qu'il était vain d'espérer qu'il ne soit pas là. La seule chose que Nina pouvait désormais faire était de ne pas se faire remarquer. Elle entra donc son menton dans son cou pour se camoufler, tout en orientant son visage vers la droite. Ainsi détournée d'Alrik, il pourrait continuer sa progression jusqu'à trouver son siège sans même la remarquer. C'était du moins ce qu'espérait la trentenaire, jusqu'à paniquer en ne l'entendant pas s'excuser pour passer devant elle.

Le cœur de Nina s'accéléra vivement. Mais ce ne fut rien comparé au rythme effréné qu'il entama lorsqu'elle constata qu'Alrik venait de s'installer sur le siège libre à côté du sien. Le comique de la situation devait être relevé : Iris offrait à Nina une entrée à ce spectacle et il fallait qu'Alrik occupe le siège voisin. Alrik, l'ex d'Iris ; Alrik, l'aventure de Nina. Alrik, l'homme que Nina avait honteusement piqué à sa sœur. Cette simple pensée fit blêmir davantage la trentenaire qui garda la tête baissée, en espérant désormais une seule chose : que les lumières s'éteignent afin qu'Hazel Brugger les transporte dans son monde et ne dissipe ce malaise.

Qui a dit que les Allemands n'avaient pas d'humour ?


Codage par Libella sur Graphiorum
Revenir en haut Aller en bas
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA Empty
Re: Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA
Lun 3 Jan 2022 - 18:24
Ich sitze hier im Dunkeln,

die Zeit steht still



Théâtre Thalia ༝ 14 janvier 2022 ༝ 19h53

« J’ai arrêté la pilule et je suis allée voir mon gynéco. Mon gynécologue est un homme très vieux, très blanc et incroyablement hétérosexuel. Il faut donner sa chance à ces gens sur le marché du travail. J’ai des copines que ça dérange. « C’est pas bizarre d’avoir un gynécologue homme ? ». Ça crée une sorte de - Quoi ? - … - Quoi ? - … Tension sexuelle, non ? - Non ! » — Extrait du spectacle Tropical d'Hazel Brugger.

A L R I K  ☩  N I N A



Depuis que Katarina avait emménagé chez lui, Alrik devait bien avouer avoir le droit à une vision plus féminiser de la vie. Un angle de vue qu'il n'avait plus nécessairement eu l'occasion d'avoir depuis qu'il avait quitté le domicile familial. En même temps, à l'époque, dès le départ d'Ugo, Alrik s'était retrouvé principalement seul avec Katarina, une jeune adolescente qui avait des questions à revendre. À l'exception des rares occasions où leurs routes croisèrent celle de leur mère. Mais là encore, Alrik se retrouvait entre deux femmes, qui ne s'étaient jamais gênée pour aborder des sujets qu'il aurait préféré éviter. Lui qui pensait que cette période était désormais révolue, voilà que Katarina avait pris possession à part entière de son cocon personnel. Des tonnes de fringues inondaient son salon, alors que des produits de beauté avaient violemment volé la place des siens dans la salle-de-bain. Pourtant, son rituel du soir, Alrik le tenait sûrement de Katarina. Son chez lui était méconnaissable, tant par ce bazar qui y régnait, que par la présence peut-être un chouïa trop débordante de Kat. Même ses propos arrivaient à l'agacer, alors qu'hier soir encore elle avait rabâché pendant tout le dîner ô combien il fut gênant pour elle de voir ce nouveau gynécologue ; un homme. Mais Katarina était ainsi, et si Alrik pouvait parfois s'en agacer, il devait bien avouer qu'il ne s'en passerait pour rien au monde. De toute façon, Alrik aimait trop lui faire plaisir pour la forcer à changer de sujet. C'était bien-là le problème, puisque le brun en oubliait parfois de se faire plaisir à lui aussi. Il n'y avait qu'à se remémorer le Noël 2021 des Müller pour comprendre qu'Alrik essayait comme souvent de faire passer le bonheur des siens avant lui. En réalité, il n'avait pas tant réussi à savoir si cela faisait plaisir à Kat ou non, mais il s'était laissé convaincre à l'idée de partager le dîner de Noël en compagnie de ses parents et de ses frangins. Étaient-ils heureux ? Alrik l'ignorait, mais l'espérait. Surtout Kat, elle semblait en avoir besoin en ce moment.

Et justement, pour faire d'autant plus plaisir à sa sœur, Alrik avait affiché un sourire béat en ouvrant le cadeau de sa cadette, tandis qu'elle lui lâcha « j'espère que ton cadeau d'anni-noël en avance te plaira ! » qui le fit finalement sourire véritablement. Elle lui avait offert une place pour voir le spectacle d'une humoriste plutôt féministe sur les bords. En tout cas, c'était ce que sa sœur avait cru comprendre en écoutant l'un de ses sketchs à la radio, qui abordait justement les gynécologues masculins, comme elle s'était amusée à le lui rappeler la veille du spectacle. C'était sûrement de là qu'avait démarré cette lassante conversation, où Alrik dû supporter pendant tout le dîner d'entendre parler de Docteur Bidule Truc Mouche. Il n'avait pas hâte d'être demain, ça c'était certain. Parce que ce genre d'humour féministe ne lui plaisait pas tellement, à contrario des blagues au thématiques sombres, qui le sortaient vraiment de sa zone de confort. Mais pour faire plaisir à Katarina, il s'était montré réjouit à l'idée de se rendre là-bas, même si c'était seul. Selon Kat, ce serait l'occasion pour lui de « rencontrer une femme qui vaut au moins dix Iris à elle toute seule ! ». Évidemment face à cette phrase elle s'était ramassée un regard des plus noirs. Cela n'avait rien de drôle, surtout maintenant qu'il la savait de retour en ville. Kat le savait, Alrik ne voulait plus parler d'elle. C'était son sujet interdit à lui, au même titre que Voldemort pouvait être celui des sorciers de Joanne Rowling. De toute façon, il s'en fichait d'Iris, alors il n'avait pas pris la peine de rétorquer quoique ce soit. À la place, il avait autorisé sa sœur à l'embellir pour la soirée. Un coup de ciseaux dans les cheveux puis de tondeuse sur les joues, et le voilà rafistoler pour aller charmer une demoiselle. Ah cette Katarina...

Mine de rien, par sa faute, il arriva dans les derniers au Théâtre. Elle avait insisté pour lui arracher quelques poils entre les deux sourcils, ce qui leur avait fallu plus de temps qu'ils ne se l'étaient imaginés. Qu'importe, Alrik arriva tout de même à l'heure puisque les rideaux étaient encore clos lorsqu'il se mit à chercher sa place. Ce ne fut qu'une fois sa place trouvée et après moulte excuses qu'Alrik put enfin ôter son manteau. D'un geste il donna un coup à la personne à sa droite lâchant un « navré » sans réellement faire attention à son faciès. Il s'asseyait enfin sans relever le manque de réponse de la part de ce qu'il jugeait être sa voisine, la détaillant d'un très bref coup d'œil. Non. Il n'était pas ici pour trouver chaussure à son pied, contrairement à ce que Katarina s'était évertuée à affirmer. Il se contenta donc de fixer les rideaux face à lui, tout en disposant sa veste sur ses genoux après y avoir glissé dans sa poche intérieure la brochure distribuée à l'entrée.

Alors que la lumière se tamisait et que les rideaux commencèrent à se relever tout doucement, son regard fut attiré par un objet blanc au sol. D'un coup d'œil il comprit qu'il s'agissait de la brochure qui détaillait l'ordre des sketchs que présenterait Hazel Brugger. Il lui fallut moins d'une seconde pour se pencher pour la ramasser et la tendre aussitôt à sa voisine. D'un sourire, le voilà à lui murmurer « c'est à vous ? ». Mais alors que ses yeux se plantèrent dans ceux presque obscur de sa voisine, Alrik crut reconnaître des iris dont il se souvenait aujourd'hui qu'à travers un plaisir partagé. Ses yeux là, qu'il avait pourtant connu dans le passé d'une toute autre façon, Alrik ne pouvait que s'en souvenir à travers leurs actes de chair passés, qui lui surgirent instantanément à la figure. Cela n'eut d'effet sur lui que ce maudit frisson qui parcourut son échine, tandis qu'il n'arrivait plus à détacher son regard du sien. L'humoriste salua Hambourg, mais lui n'avait désormais pour réelle motivation que de fixer ces mirettes qu'il voudrait dans le fond fuir aussitôt. Mais c'était impossible. Il était là ; face à la deuxième. Celle qui lui avait offert pendant plusieurs soirées des parties de jambes en l'air qu'aucune n'avait su surpasser depuis. Amusant n'était-il pas ? Voilà plus de quatre fichues années qu'Iris l'avait lâchement laissé tomber, et presque tout autant qu'il n'avait pas revu Nina. Pas même en rendant visite à leur mère, ni même en allant déposer des fleurs sur la tombe de leur père. Mais voilà qu'il recroisait Iris, pour qu'enfin la deuxième fasse à son tour sa réapparition.

À croire que le monde se jouait de lui, alors que c'était sa cadette elle-même qui lui avait offert cette place. Son but ? Que son frère s'amuse tout en rencontrant probablement une belle dame à l'issue du spectacle. Mais ... Par belle dame, Katarina n'aurait jamais pu deviné dans quoi elle allait embarquer son aîné. De toute façon, elle ignorait tout de son histoire avec l'aînée Vahid. Seulement voilà, Alrik fut inconsciemment poussé dans les bras de cette femme qui fut autrefois la raison de son plaisir, et tout ça par la faute de sa sœur. C'était n'importe quoi. Tellement n'importe quoi que le voilà figé, comme ce jour-là face à Iris, sans savoir quoi dire.

Qui a dit que les petites sœurs n'avaient pas d'humour ?


Codage par Libella sur Graphiorum
Revenir en haut Aller en bas
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA Empty
Re: Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA
Mar 4 Jan 2022 - 14:59
Ich sitze hier im Dunkeln,

die Zeit steht still



Théâtre Thalia ༝ 14 janvier 2022 ༝ 19h53

« J’ai arrêté la pilule et je suis allée voir mon gynéco. Mon gynécologue est un homme très vieux, très blanc et incroyablement hétérosexuel. Il faut donner sa chance à ces gens sur le marché du travail. J’ai des copines que ça dérange. « C’est pas bizarre d’avoir un gynécologue homme ? ». Ça crée une sorte de - Quoi ? - … - Quoi ? - … Tension sexuelle, non ? - Non ! » — Extrait du spectacle Tropical d'Hazel Brugger.

A L R I K  ☩  N I N A


Il y avait bien longtemps que Nina n’avait plus ressenti cette envie de se transformer en souris pour se faufiler dans le plus petit des trous et disparaître. À l’école primaire, au collège, et quelquefois même au lycée, elle s’était surprise à rêver de cela. Quand un camarade la taquinait un peu trop pour que c’en reste drôle, lorsqu’un professeur mettait en avant sa réussite brillante à un contrôle, ou encore les fois où sa voix refusait de coopérer quand elle était interrogée alors même qu’elle connaissait la réponse par cœur, elle avait souhaité pouvoir claquer des doigts et disparaître. Depuis l’arrière d’un mur, elle aurait continué d’observer la scène se jouer sans elle et elle aurait soufflé de soulagement en constatant qu’elle n’était plus prise au piège.

C’était précisément avec ce sentiment lointain que Nina avait renoué en constatant que le siège à sa gauche était occupé par Alrik. Elle avait eu beau se terrer dans le silence et flirter avec l’impolitesse, rien n’avait dissipé son malaise. Silencieusement, le menton toujours rentré dans sa poitrine, elle s’était mise à compter les secondes dans l’espoir que celles-ci ne s’égrènent plus vite et que les lumières ne s’éteignent totalement. Il n’y avait qu’Hazel Brugger qui était en mesure de la sauver. Il n’y avait que le lancement du spectacle qui était susceptible de la faire survivre à cette soirée sans que l’ex petit-ami d’Iris ne la remarque.

À mesure que les lumières se tamisaient pour plonger la salle dans une obscurité totale, la respiration de Nina se voulait moins saccadée. Pour une fois dans sa vie, la chance serait peut-être de son côté. Les spots qui éclairaient la scène et qui accueillaient l'humoriste n'étaient pas en nombre suffisant pour que la lumière réfléchisse son visage. Ainsi, les probabilités pour qu'Alrik la reconnaisse immédiatement étaient réduites et les chances pour qu'elle ne soit parmi les premières sorties du théâtre étaient à sérieusement considérer. En traçant vers la droite et en empruntant la sortie face à sa rangée, elle pourrait rejoindre les escaliers, traverser le grand hall du théâtre, et gagner sa voiture sans avoir à croiser qui que ce soit.

Occupée à planifier son plan de sortie, Nina n'écoutait que d'une oreille distraite le début du spectacle et la première blague de l'humoriste. « On m’a dit plein de choses négatives sur l’industrie du divertissement allemand mais en fait, c’est vraiment pire que tout ce que j’avais imaginé ». Le rire de Nina ne se mêla pas à ceux des autres spectateurs et, bientôt, ce fut même l'inverse d'un sourire qui s'illustra sur son visage. Alrik, penché vers elle, lui tendait quelque chose. Elle avait manqué de prudence en retrouvant une posture normale et en ne se tenant pas plus éloigné de son voisin de la gauche et voilà qu’elle allait devoir payer le prix de sa stupidité.

Bien qu’elle s’essayât à attraper rapidement la brochure qu’elle avait, de toute évidence, égarée, sa rapidité fut loin d’être suffisante. Ses yeux croisèrent ceux d’Alrik et elle lut dans son regard autant de désarroi qu’elle ne pouvait elle-même en ressentir. Savait-il qu’Iris était en ville ? Avait-il parlé de leur aventure à qui que ce soit ? Se doutait-il qu’Elias pouvait avoir un lien avec lui ? Ses trois questions se bousculèrent dans l’esprit de la trentenaire qui arracha presque des mains d’Alrik la brochure. Ses phalanges se rétractèrent contre le dépliant en papier glacé, alors qu’elle reculait pour retrouver de l’air. Il allait sans dire qu’à cet instant, elle aurait payé cher pour devenir une souris. Elle aurait sans aucune hésitation aligné les billets, et en aurait même ajouté une liasse, alors que le regard d'Alrik resté rivé sur elle et qu'elle venait bêtement de donner un coup d'épaule à son voisin de droite. Ne voulait-elle pas aller sur les genoux de cet inconnu, tant qu'elle y était ? C'était probablement ce que se demandait la petite-amie de ce dernier, qui adressa un regard noir à l'histologiste, qui, en retour, ne put que leur offrir un sourire désolée avant de se fondre dans son fauteuil.

Cernée à droite, cernée à gauche. Nina n'avait plus aucune façon d'échapper à cette drôle de situation : elle n'était pas le gentil Rémy aventureux. Elle était le pauvre rat capturé par la tapette.

« Tu ferais mieux de suivre le spectacle. », murmura-t-elle à Alrik, sans le regarder, dans l'espoir qu'il détourne enfin son regard d'elle.

Sa voix beaucoup trop fluette pour elle trahissait son malaise. Son regard fuyait en faisait tout autant. Le cauchemar dans lequel elle était était bien réel et il ne faisait que s'empirer à mesure que le spectacle avançait. Voilà désormais que l'humoriste parlait de son gynécologue et des moyens de contraception. Se faisait-elle l'écho de la vie de Nina ? Les mots de la blonde trouvait-il un écho chez Alrik ? Ce dernier avait-il dressé des ponts entre son aventure avec Nina quatre ans auparavant et la naissance du fils de cette dernière, il y a de cela trois ans et demi ? Nina avait de plus en plus l'impression de suffoquer et rien, strictement rien, dans ce que racontait Hazel Brugger n'était marrant. Elle n'esquissait pas même l'ombre d'un sourire, alors qu'elle tentait d'observer du coin de l'œil les réactions d'Alrik. Était-il, lui aussi, terriblement gêné par la situation ? Se remémorait-il des choses interdites ? Ou, au contraire, se laissait-il transporter par les scènes décrites avec humour par l'artiste face à eux ?

« Vous avez d’autres oiseaux ? Elle répond « oui, des chevêches ». J’étais désespérée. Je ne savais pas ce qu’était une chevêche. Une chevêche c’est un animal très décevant. Je ne vois pas comment dire ça autrement. Au niveau visuel, déjà. C’est comme un hibou qu’on aurait lavé à trop haute température. » Il était, pour Nina, extrêmement désagréable de se sentir visée par des propos qui ne la faisaient même pas rire. Alrik pensait-elle comme elle, à cet instant précis ? Était-elle la chevêche, cet hibou sale et bas de gamme, quand Iris était le bel hibou ? S'il n'y avait pas de place au doute pour une chose, c'était bien celle-ci, à tout le moins : comme la chevêche, Nina était décevante. Elle avait eu une attitude décevante – voire désolante – en batifolant avec Alrik et ce bien maigre épisode n'était malheureusement que la partie visible d'un iceberg bien plus grand qui la rendait plus décevante encore.

Codage par Libella sur Graphiorum
Revenir en haut Aller en bas
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA Empty
Re: Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA
Ven 11 Mar 2022 - 12:12
Ich sitze hier im Dunkeln,

die Zeit steht still



Théâtre Thalia ༝ 14 janvier 2022 ༝ 19h53

« J’ai arrêté la pilule et je suis allée voir mon gynéco. Mon gynécologue est un homme très vieux, très blanc et incroyablement hétérosexuel. Il faut donner sa chance à ces gens sur le marché du travail. J’ai des copines que ça dérange. « C’est pas bizarre d’avoir un gynécologue homme ? ». Ça crée une sorte de - Quoi ? - … - Quoi ? - … Tension sexuelle, non ? - Non ! » — Extrait du spectacle Tropical d'Hazel Brugger.

A L R I K  ☩  N I N A


Il y avait bien longtemps que son cœur n'avait plus rebondi de la sorte dans son thorax. S'en était limite douloureux, puisqu'il cognait son péricarde dans un élan qu'Alrik trouvait tout bonnement détestable. Pourtant, le policier n'avait aucun contrôle là-dessus, tandis que son regard scrutait inlassablement la raison de sa tachycardie. Nina Vahid. Il n'avait pas osé prononcé un seul mot, ni une seule parole. Puis de toute façon, il ne s'en sentait pas capable. Quoi dire à son ancienne belle-sœur, celle-là même avec qu'il avait partagé bien plus d'une nuit de folie ? En omettant Iris, Nina Vahid fut certainement une de ses meilleures partenaires sur l'oreiller. Alors peut-être qu'à l'époque, leurs relations charnelles furent si passionnelles justement parce que tous deux étaient terriblement meurtris ? Ils souffraient tant, qu'à travers une nuit charnelle, ils essayaient d'oublier le chemin catastrophique que prenaient leurs vies. C'était donc sûrement ce besoin vital d'oublier qui les avait temporairement rendu si complémentaires l'un avec l'autre, comme s'ils se comprenaient mieux que n'importe qui. Puis, Nina avait subitement tout stoppé, ce qui les avait ramené tous les deux à la réalité. Ainsi, en quelques jours, leur histoire s'était terminée aussi vite qu'elle avait commencé, puis fut tut dans l'unique espoir qu'Iris n'apprenne jamais ce qui les avait lié.

« Tu ferais mieux de suivre le spectacle. », l'entendait-il lui murmurer, alors que son regard était toujours fixé sur elle.

La voix de Nina le fit sortir de cette transe dans laquelle il s'était plongé, Alrik relevant aussitôt son regard sur le faciès de la Vahid. Avait-elle remarqué que malgré la pénombre dans laquelle ils étaient plongés, le policier avait inconsciemment cherché à deviner ses courbes qu'il avait autrefois adulées ? Gêné, Alrik se laissa tomber dans son fauteuil, posant finalement son regard en direction de la scène. N'ayant toujours pas le courage de s'élancer dans un échange avec Nina, il fit mine de suivre le commencement du spectacle. Mais tout ce que Hazel Brugger contait, Alrik n'en avait que faire. Non seulement elle ne l'amusait pas, mais en plus de ça, ce n'était que d'une oreille que le flic l'écoutait. Plutôt concentré sur sa voisine, Alrik chercha à noter toutes les réactions que Nina pouvaient avoir, mais ce fut le calme plat. S'ennuyait-elle autant que lui ? Hazel n'avait rien d'amusant, et Alrik le ferait évidemment remarqué à Katarina, qu'il croyait avoir meilleur humour que ça... Ainsi, sa remarque sur les chevêches et les hiboux, Alrik ne la releva même pas, étant donc bien loin de comparer ces piafs aux sœurs Vahid, à contrario de ce que Nina pouvait penser. La salle s'esclaffait, mais lui restait de marbre. Seul un soupir arriva à s'échapper d'entre ses lèvres, tandis qu'il s'enfonçait de plus en plus dans son fauteuil. Était-ce psychologique ou le parfum de Nina embaumait à lui seul la salle toute entière ? Omniprésent pour les sens d'Alrik, il lui était difficile de se concentrer sur les mots qu'Hazel enchaînait, tant Nina commençait à prendre nettement toute la place. Et quand Alrik arriva à un stade de non-retour, causé par les souvenirs qui lui refaisaient surface, il commença à s'agiter.

Les baisers dans son cou, dont très vite Alrik en avait raffolé la senteur.
Les caresses le long de ses courbes à la peau si douces, qu'elles faisaient à chaque fois frissonner le brun.
L'atteinte du graal du plaisir, qu'ils avaient franchi plus d'une fois ensemble.

Que de souvenirs qui surgissaient, et qu'Alrik ne contrôlait plus.
Tellement qu'il se leva en plein milieu du spectacle, et ne broncha plus, ce qui fit aussitôt râler les personnes derrière lui. Vous n'êtes pas invisible !, entendait-il souffler dans son dos, ce qui le poussa enfin à s'asseoir à nouveau, bien que l'idée de fuir et de quitter la salle se fasse de plus en plus prenante. À cet instant, Alrik désirait qu'une chose : que les images de ses soirées partagées avec Nina disparaissent de son encéphale. À jamais. Mais elles étaient trop belles, trop prenantes, et risquaient à elles seules, de commencer à faire réagir son corps. Il ne pouvait pas ; il ne devait pas. Il fallait immédiatement qu'il pense à autre chose qu'à ce souvenir charnel avec Nina.

À se remémorer ces choses interdites, Alrik n'avait pas vu passer le temps, ni même suivre comme il se devait le spectacle. Ainsi, quand une pause fut annoncée par Hazel Brugger, Alrik se leva dans un bond, prêt à fuir. Mais alors qu'il commença à s'éloigner de Nina, son subconscient le poussa à se raviser et à faire demi-tour. Alrik lui-même ne comprenait pas ce qui venait de le ramener à la Vahid. C'était mêlé dans son esprit la crainte de la blesser en prenant ses jambes à son cou, mais également l'envie de savoir ce qu'elle devenait. Pourtant, demeurait en lui cette envie de fuir Nina. De la fuir, pour ne plus jamais la revoir.

« Je t'offre un verre ? » , souffla le lieutenant à Nina, en plongeant son regard ténébreux dans le sien, tout en continuant à faire son possible pour omettre les souvenirs interdits qui défilaient dans sa tête.

Codage par Libella sur Graphiorum
Revenir en haut Aller en bas
 
Ich sitze hier im Dunkeln, die Zeit steht still ಎ ALRIK ༝ NINA
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Vas-y tout de suite la rejoindre sinon... ಎ Alrik & Nina
» Benett ♠ Car, vois-tu, chaque jour je t’aime d’avantage. Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain.
» We are all the bad in someone's story ✯ Iris & Alrik
» It's a story that starts over and over again ✯ Spencer & Alrik
» L'amitié est une âme en deux corps ✯ Sofía et Alrik

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
40 is the new sexy :: Espace détente :: Rp abandonnés-
Sauter vers: