Pour me comprendre il faudrait savoir qui je suis /Ella

L'hôpital est un endroit que je n'aime pas beaucoup, personne ne l'aime. Je m'y perds un peu ici, je ne viens pas souvent et les fois où je suis venu c'était pour mon problème de fertilité. Je dois faire d'autres examens. Je dois m'assurer que ça peut s'arranger, ou que c'est prie que ce que je croyais. J'ai du réservé ma journée. Je suis un homme occupé, par le travail principalement évidement alors être ici ne m'enchante pas vraiment. Je regarde les panneau d'affichage. Le service de gynécologie, vraiment ça me met mal à l'aise parce qu'il y a des femmes en générale dans la salle d'attente, pourtant les hommes y vont aussi, surtout pour ce genre de problèmes sauf qu'on a souvent trop honte pour y aller, mais j'ai besoin de savoir si un jour je pourrais avoir des enfants, sauf que cet hôpital est beaucoup trop grand. Je ne sais pas comment je vais m'y retrouver, ni dans quel service je suis. Il y a des enfants un peu partout ... je ne suis définitivement pas dans le bon. Je soupire. Agacé. Je n'étais pas venu depuis un moment.

J'avance vers un guichet d'accueil ou il y a plusieurs infirmière, dont une petite brune qui n'a pas l'air d'être avec un patient alors je me permet de l'interpeller :

"Bonjour, excusez moi, je crois que je suis un peu perdu. Je cherche le service de ... "

Je ferme les yeux. Je ne sais pas tellement pourquoi j'ai si honte, peut-être parce qu'en général on me regarde bizarrement.

"Je cherche le service de gynécologie."

Je suis assez gêné et donc peu chaleureux, même si j'ai dis bonjour, mais je suis toujours comme ça. C'est un peu dans ma nature, à première vu.

Un jour habituel pour moi, que des enfants à diagnostiquer, que des parents à rassurer sur le rhume de leur bambin. Aujourd’hui, je suis assez fatiguée, ces derniers jours je ne dors pas assez. Il est vrai que mes rêves sont peuplés de musique et de sourire qui me font fondre le cœur. Si seulement, je ne pensais pas tout le temps à Thomas.
Après deux cafés et un thé, je ressentais un peu moins la fatigue et c’est une bonne chose. Je devais tenir toute la journée, parce qu’il ne faut pas croire, mais un enfant malade, c’est un peu, beaucoup, fatiguant.
Je ne connais pas l’heure, mais j’ai bien envie de faire une pause. Je vais voir l'accueille, regarde mon planning et je souris quand je vois que je peux m’octroyer une petite pause café et grignotage. Je pose un dossier sur le bord du comptoir pour qu’une secrétaire le range, quand une voix douce mais grave vient à mes oreilles. Je relève la tête, souris à ce monsieur qui cherche le service gynécologique sa femme doit être en consultation ou entrain d’accouché il ne faudrait pas qu’il loupe ça.

- Bonjour monsieur. Suivez-moi, je vais vous y conduire.

Il me donnait la bonne opportunité pour fuir rien qu’un peu le travail.

- Docteur Kaiser, vous allez prendre du retard….
- Seulement 10 minutes Kat’.

Je pouvais bien me prendre un peu de temps pour aller boire un café et conduire ce monsieur dans le bon service.

- Votre femme vous y attend ?

Alors que nous marchions dans les couloirs, le silence me m’étais mal à l’aise, alors autant parler un peu.

Je déteste venir ici. C’est toujours un supplice pour moi de devoir aller au service gynécologie ou je suis entouré de tas de femmes qui me regarde un peu étrangement, parce que soyons clair, il y a peu d’homme qui viennent dans ce service. Je me sens un peu comme un extraterrestre, même si je suis habitué aux regards, après tout je fais du mannequinat de temps en temps et on me reconnait parfois. Je suis habitué aux regards de mes employés dans mon entreprise de téléphonie, je sais que certains ne m’aiment pas, je sais ce qu’on pense de moi et généralement j’essaie de passer outre, mais là c’est différent, parce que je me sens mal et différent de ne pas pouvoir avoir d’enfant comme les autres.

L’infirmière me regarde et me propose de m’accompagner. Je ne suis pas contre, elle a l’air joviale, beaucoup plus que moi en tout cas. Je sais très bien que je n’ai pas l’air très enthousiaste, mais c’est mon côté grincheux. Je n’ai jamais vraiment l’air heureux, chaque fois que je le suis j’ai le sentiment qu’une grosse catastrophe va arriver et ça n’a jamais manqué. J’ai été heureux au début avec mes femmes, puis elles m’ont toutes les deux blessés, l’une m’a trompé, l’autre est partie. Je devrais arrêter de tomber amoureux de femmes plus jeune que moi.

Je suis la jeune femme et lui lance un regard qui en dit long sur mon sentiment d’agacement et de frustration lorsqu’elle me demande si je viens attendre ma femme. Mes yeux bleus la fixe, un regard froid, glacial sans doute, je le lance parfois à ma secrétaire lorsqu’elle fait une erreur ou lorsque quelqu’un vient m’annoncer une mauvaise nouvelle. Je sais qu’elle n’y est pour rien, mais je déteste ce genre d’intrusion dans la vie des gens et je lance assez froidement.

« Je suis divorcé personne ne m’attend. J’ai juste un rendez-vous. »

Je sais que je ne suis pas très aimable. Je suis toujours comme ça aux premiers abords, mais je n’aime déjà pas être ici et qu’on me pose des questions me pose vraiment un souci, surtout sur ça. Je n’ai pas besoin qu’on me prenne en pitié ou qu’on me dise qu’on est désolé pour moi.

Spoiler:

A peine les mots étaient sortis de ma bouche, que j’ai eu un frisson qui parcourt ma colonne vertébrale. En même temps, le regard qu’il me lance est loin d’être sympa. Je me sens vraiment mal. Surtout qu’il ajoute qu’il est divorcé.

- Pardon, c’est juste que c’est assez rare que les hommes viennent ici.

Ils avaient plutôt honte de faire des examens et en plus ils mettaient tout sur le dos de leur femme.

- C’est courageux de votre part. Venez, nous allons prendre l’ascenseur, c’est à l’étage au-dessus.

Je fais un signe de la main à une infirmière pour qu’il bloque les portes, le temps que nous arrivions. Une fois enfermé dans cette petite boite, je me sens bien seule, et très mal à l'aise, super…. Pourquoi j’ai voulu faire quelque chose de bien aujourd’hui. Bon, en vrai je voulais juste m’échapper un instant des consultations.
Un regard vers l’homme, et je soupire avant de me lancer dans des paroles que je pourrais regretter, mais tant pis.

- Vous savez, sourire n’a jamais tué un homme…

L’ascenseur finit sa course et je ne dis plus rien sauf les salutations habituelles aux collègues. Je regardais de temps en temps derrière moi, s' il suivait toujours bien. Et oui, il était bien là, pourtant on pourrait vite me perdre, je suis si petite.

Je la regarde de nouveau, lui lançant un autre regard tout aussi froid, non sans blague, comme si je ne savais pas que les hommes se font rare ici. Je ne réponds rien et me contente de la suivre, sacant très bien ce qu’elle doit penser de moi, que je suis hautain et que je me la pète, mais ça on me la déjà dis pleins de fois et je m’en fou un peu. Je sais au fond qui je suis et si elle savait pourquoi je suis là peut-être qu’elle se rendrait compte que j’ai mes raisons pour être ainsi alors je me contente de soupirer.
Elle marque encore un point qui m’agace, émettre un jugement alors qu’elle ne sait pas ce que j’ai vécu, me dire que c’est courageux, d’avoir divorcé ? Où d’être venu ici ? Je la regarde avant de dire :

« Qu’est-ce qui est courageux ? »

Je la regarde et la laisse entrer en premier dans l’ascenseur, on est tous les deux. Je ne suis pas vraiment à l’aise surtout qu’elle se permet de me dire que sourire n’a jamais tué. Je la regarde de nouveau avant de fermer les yeux et de soupirer avant de lui dire :

« Si vous étiez là pour les mêmes raisons, je doute que vous auriez envie de sourire. Mon ex-femme est partie parce que je ne peux pas avoir d’enfants et pour quelqu’un qui désir des enfants imaginez un peu ce que ça peut faire. Il y a parfois des raisons pour lesquels on ne sourit pas. »

Je me suis un peu braqué, mais en même temps c’est désagréable de se prendre ce genre de remarque sans connaître le fin mot de l’histoire, de devoir tout le temps se justifier. Elle devrait tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Il m’arrive parfois de sourire, mais pas là, je voudrais juste disparaître dans pour qu’on ne me remarque pas, mais on me remarquera évidement et elles se poseront toutes la question « qu’est-ce qu’il fait là ? ».

Son ton me fait vraiment regretter de l’accompagner jusqu’à sa destination, franchement, je suis médecin je ne juge personne, c’est un des points important dans notre métier, mais ça il ne doit pas le comprendre.

- Courageux de venir.

Mais pas du tout courageux de parler ainsi à quelqu'un qui veut l’aider. Oui, sa vie est peut-être triste parce qu’il a perdu sa femme, mais sérieusement, il y a bien pire.

- Et ? Vous en êtes mort ? Non, alors, ce n’est pas très grave. Parce que, des raisons de ne pas sourire j’en ai une multitude. Comme avoir une leucémie à 5 ans, avoir une tumeur au cerveau à 8 ans et savoir qu’il ne reste seulement qu'une petite année… Alors là oui il y a des raisons de ne pas sourire, et pourtant, se sont eux qu’ils sourient le plus. Mais si vous voulez garder votre mauvaise humeur, la prochaine fois ne venez pas en pédiatrie.

Non, mais, je pourrai aussi avoir des raisons de ne pas sourire, de ne pas avoir de petit ami, pas encore d’enfant, pas de famille aimante et le reste du monde qui exploite juste le fait que j’aime mon boulot. Mais non, je garde un côté optimiste pour continuer à me lever chaque matin.

- Nous voilà dans le bon service. Je vous laisse allez voir la réceptionniste.

Je soupire puis tourne les talons, franchement ce type je préfèrerais ne jamais le revoir, c’était vraiment un mec à soucis et tant qu’il ne les a pas réglé, il est loin d’être intéressant.

Je hausse les yeux au ciel, ce n’est en rien courageux de venir. Ce n’est pas compliqué, ce qui est dur c’est tous ces regards autour de moi, toutes ces femmes qui se demandent ce que je fiche là. Je suis de nature distante et quelque peu … asocial dirons-nous. Il n’est pas rare de me voir loin de la foule, surtout pendant les meeting, je déteste ça, la foule, le monde, pourtant je suis « connu », dans mon milieu certes, mais je suis directeur et on m’interpelle souvent. Je n’ai sans doute pas choisi la bonne voie. Et puis elle se permet de me dire qu’il y a pire, tout ce qu’il ne faut pas dire. Il y a pire ? Oui je sais bien qu’il y a pire, est-ce que c’est une raison pour le dire alors que je suis aussi en souffrance ? Que mon plus grand rêve de devenir parent est réduit à néant ?

« Je me serais bien passé de venir en pédiatrie. Vous croyez peut-être que ça me fait rien ? Faites attention à ce que vous dite mademoiselle, vous ne connaissez pas le passé des gens. »

Oui évidement qu’il y a pire, mais passer par ici alors qu’on veut en enfant à tout prix, qu’on est passé par des étapes compliqué pour être en couple et qu’on se retrouve finalement seul pour la deuxième fois c’est douloureux aussi. Elle ne devrait pas dire ce genre de choses. Je la regarde partir alors qu’elle me laisse aller voir la réceptionniste. Je passe par la salle d’attente et j’attends mon rendez-vous. Le médecin n’annonce pas de bonnes nouvelles. Stérile évidement. Je ne suis plus tout jeune bien sur, c’est sans doute râpé pour moi. Je ne serais jamais père. Ma mère aurait été déçue de savoir qu’il n’y aura pas de descendance, que la lignée des Windesheim s’arrête avec moi.
Je soupire et reprends le chemin inverse. J’arrive vers l’ascenseur et retiens la porte alors que quelqu’un s’apprête à y monter. Je reconnais la demoiselle de tout à l’heure. J’ai sans doute la mine encore plus déconfite que tout à l’heure. Elle est mignonne. Un peu trop jeune évidement et j’allais continuer a me taire mais finalement je dis :

« Je crois que vous avez bien choisi votre métier. »

Elle, elle sourit tout le temps, contrairement à moi. Il y a des gens comme ça solaire, d’autres plus éteinds et parfois il n’y a qu’une personne qui peut rallumer la flamme.

Je ne connais pas le passé des personnes que je croise, mais lui non plus…. J’avais fait demi-tour pour le regarder, je voulais lui rétorquer un truc, mais ce n’était pas la peine. Il était plein de rancœur à ce que la vie ne puisse pas lui donner. Ce n’est pas de ma faute, ni celles des autres et encore moins de la sienne, enfin j’espère.
Je retourne à mes consultations, après une mère en panique pour une coupure avec une feuille, un père hystérique parce que son fils ne veut pas faire pipi dans le pot, et une diarrhée plus tard, je prends une pause bien mérité. Et avant tout, un bon thé sera parfait et le meilleur du bâtiment est à l’étage au dessous. Je me serre un gobelet, puis je retourne prendre l’ascenseur, maintenant je vais aller prendre l’air, puis j’irai me changer, je sens le vomi.
C’est alors que je croise le type que j’avais amené ici il y a quelque temps. C’est alors qu’il me fait un compliment enfin je crois. Je respire les effluves de mon thé avant de sourire à cet homme.

- Merci…. je crois.

Je prends une gorgée puis je le regarde à nouveau.

- Désolé, je n’ai pas voulu vous blesser tout l’heure….

Je ne vais pas dire que j’ai eu une dure journée, même si c’est le cas, ce n’était pas une excuse. Chaque personne vie les choses à sa manière, c’est ce qui fait que la vie de chacun est différente. Je me doute que si il est ici ce n’est pas pour une partie de plaisir, surtout s' il est divorcé, mais il ne faut pas toujours perdre espoir.