Depuis la perte de ton emploi à temps plein en tant qu'agent de sécurité, tu oscilles entre un petit contrat comme tel le soir et un contrat de jour en tant que coach sportif. Par chance, tu as trouvé une petite place dans une salle de sport qui te permet de faire des horaires à la carte selon tes rendez-vous avec des clients. Et ça paie plutôt bien, en plus de cela. Ce qui est parfait pour toi qui n'as pas toujours la volonté d'aller travailler quand ton service de nuit s'est étendu beaucoup plus tard que ce qu'il aurait dû. Par conséquent, on peut assez vite dire que tu as trouvé "la planque" dans cette salle de sport.
Mais, planque ou pas, tu as quand même des clients à prendre en charge. Et c'est le cas aujourd'hui. Si la fatigue de la veille est bien présente, un rendez-vous est un rendez-vous et tu ne peux pas forcément les annuler, peu importe à quel point ton envie de dormir est oppressante. Aussi, tu t'es empressé de prendre une douche bien froide pour rester réveillé, sachant pertinemment que les exercices que tu montreras te permettront d'avoir la forme le temps nécessaire, jusqu'au moment où, finalement libéré de tes obligations, tu pourras retrouver ton lit et rêver encore de la belle Victoria qui hante tes pensées et tes nuits également.
Tu observes avec beaucoup d'intérêt ton agenda électronique, bien heureux que quelqu'un à la salle de sport s'en occupe pour toi. Avec un peu de stupeur, tu remarques que ton seul rendez-vous de la journée a lieu à domicile et non pas dans vos locaux. D'accord. C'est le genre de pari que tu n'as aucun problème à relever, à vrai dire. Pour être complètement honnête, surtout, c'est loin de t'effrayer. D'ordinaire, ça arrive peu, mais ça arrive. Sauf que tu es davantage blindé de rendez-vous dans la journée quand ça arrive ce qui te fait râler : faire des allers retours alors qu'un client pourrait se déplacer, c'est typiquement le genre de choses qui fait de toi un boudeur professionnel. Mais à ton âge, tu sais que tu as davantage besoin du chèque de fin de moi que de petites crises existentielles qui pourraient te faire perde ton complément de revenus. Si tu préfères être un agent de sécurité qu'un coach sportif, nul doute que quelques heures par nuit ne suffisent pas à payer ce que tu dois payer à la fin du mois. Et ce même si tu ne fais de cadeau à aucune des personnes qui te paie pour être coachée.
Tu arrives bien vite à l'adresse du domicile de Khenan, de qui ton agenda t'informe de toutes les données entrées : Prénom, nom, âge, lieu de domicile, ce pour quoi il veut être coaché. Ce qui n'empêchera pas de faire un point une fois posé. D'ailleurs, il t'ouvre la porte sur un sourire qui arrive à t'en faire décocher un.
- Bonjour Monsieur Fitzgerald. Appelez moi Matteo, ce sera plus simple. Les formalités, tu les tiens pour tes clients mais tu leur demandes toujours de ne pas en avoir avec toi. En entrant dans la demeure, tu remarques que vous êtes assez opposés. Ton intérieur est plutôt sobre là où le sien regorge de couleurs. Et si tu as quelques livres, ce n'est rien en comparaison de la bibliothèque offerte par ce salon. Un jus de fruit ou un verre d'eau suffira, merci beaucoup. À vrai dire, tu n'as pas saisi les références parce que tu n'as jamais eu l'occasion de lire à ce point et de te plonger dans un univers. Ton univers, c'est la réalité et tu as du mal avec le reste, même si tu apprécies les références plus propres à la réalité comme celles de la mythologie que tu aperçois. Tu as quand même un peu suivi tes cours à l'école, il faut dire.
- Oh ! t'exclames-tu avec un petit ricanement quand une boule de poils te saute dessus. Salut toi. Tu t'appelles comment ? Bien évidemment, la question est destinée à son propriétaire, mais c'est directement à l'animal que tu t'es exprimé.