one two three drink / Matt

Certaines soirées étaient folles, surtout lorsque l’on était barman. L’américain en avait très peu pour lui, des soirées, toujours dans le rush du travail, la tête occupée par les clients et les boissons. Et dans un même temps, il était toujours sorti lorsque ses soirées étaient libres, à faire la fête avec sa meilleure amie ou des inconnus, à profiter de la trentaine, simplement profiter de la vie.

Il arrivait parfois que certaines de ses soirées soient relativement différentes. Ce soir, il était resté à l’appartement, totalement vide. Amalia était sortie, il avait profité pour regarder des dessins animés en créant une nouvelle chaise avec des trucs qu’il avait récupérés par-ci par-là, pour remplacer celle qu’il avait cassée quelques semaines plus tôt. Puis il était parti se coucher, pas trop tard, à sa propre surprise. Lui qui dormait très peu passait parfois des soirées tranquilles, même si c’était très rare, à s’endormir tôt pour rembourser une partie de sa dette de sommeil. C’était ce qu’il avait décidé de faire ce soir, et il dormait parfaitement bien, pour ne pas dire qu’il dormait comme un loir.

Amalia n’avait pas prévu de rentrer mais elle pouvait très bien le faire si jamais elle en avait envie, finalement. Bien qu’endormi, Matt avait entendu les clés dans la serrure, n’y ayant pas fait attention dans un premier temps. Si Amalia rentrait, ce n’était pas inquiétant du tout, personne d’autre n’avait de toute façon la clé de l’appartement. Ce fut le coup dans la porte qui le fit se lever d’un bon, la respiration courte. Coup étouffé, cela pouvait parfaitement être prit pour un coup de feu lorsque l’on connaissait très bien, trop bien, ces bruits. Des gouttes de sueur glissèrent le long de ses tempes, lui qui dormait si bien quelques secondes auparavant, à peine. Debout, dans le noir, il écouta les bruits dans le couloir. Leur appartement totalement ouvert permettait de tout entendre. Personne n’était censé être à cet étage, il n’y avait qu’un seul appartement. Merde, qu’est-ce qui se passait ?

Sans se soucier de la façon dont il était habillé, il descendit silencieusement pour aller récupérer un couteau dans la cuisine. On ne savait jamais, n’est-ce pas ? Couteau à pain avec des dents. Pour mieux blesser si jamais. Il n’était pas du tout remis de son traumatisme de l’année passée. Il alluma la lumière de l’entrée et inséra sa clé dans la serrure pour la déverrouiller avant d’ouvrir soudainement la porte. Il ne se disait plus du tout que cela pouvait être Amalia, non, même bourrée, elle serait bien plus douée que ça. Alors peut-être s’attendait-il à des personnes, pas franchement douées, qui tenteraient d’entrer par effraction, peut-être pour les cambrioler ? ;

Le spectacle ne devait pas franchement être le plus beau à voir. Ses boucles un peu trop longues totalement emmêlées, les traces de l’oreiller sur le visage et la tête encore endormi, l’américain ne portait qu’un seul caleçon étrangement synchronisé avec le costume que son voisin portant. Et son voisin, il ne s’attendait pas du tout à le voir. Son couteau à pain dans la main, sa mâchoire en tomba presque. Qu’est-ce qui était en train de se passer ? Il laissa ses yeux glisser sur son corps déguisé, l’un de ses sourcils se haussant. Il se sentait bien moins ridicule, presque nu comme un verre, avec ses nombreux tatouages et ses cicatrices de guerre. Il resta le regard fixé sur l’homme, restant quelques secondes muet avant de dire.

« Qu’est-ce tu fais ici ? T’as besoin de quelque chose ? »

Quand on était alcoolisé, il nous arrivait parfois des faire des choses totalement inconsidérées, dont on ne se souvenait d’ailleurs plus du tout le lendemain. C’était très certainement ce qui allait se passer pour Dallas alors que l’on n’avait pas besoin de coller son nez à lui pour savoir qu’il avait bu. Parce que cela se voyait très clairement à sa façon d’être, de se comporter mais aussi à l’odeur. « T’as les clés de ton appart, c’est déjà ça. » répondit l’américain. C’était même très certainement le plus important, plus important encore que les papiers. Il n’aurait pas besoin de défoncer la porte de chez lui pour rentrer et d’ailleurs, il pourrait même y aller ce soir, s’endormir dans son lit, il ne pouvait rien y avoir de mieux lorsqu’on était dans un même état, non ?

Dallas disait qu’il aurait de quoi rire, ce qui m’amusa totalement. Tiens, il comptait donc se souvenir de la tenue que portait Matt ce soir ? Il fallait déjà qu’il ai conscience qu’il avait essayé de rentrer chez lui, qu’ils avaient passé un peu de temps ensemble. « La ferme… La prochaine fois, bois pas autant… Faut pas boire quand on sait pas le faire. » dit-il en laissant sa langue claquer contre son palais. Il n’avait pas de leçons à donner lui, il avait été le premier à boire comme un trou quand il était à l’armée, à se retrouver dans les cachots sans avoir conscience de ce qui avait pu se passer la veille ou encore un peu trop brusquement, par le lit retourné par Amalia quelques minutes avant que l’appel ne soit fait.

Le voyant se lever, le plus âgé se retourna pour aller mettre des chaussettes, au moins. Mais il entend dans son dos un bruit qui lui plait moyennement, un peu trop sourd bien qu’étouffé par le canapé. Il se retourne vivement vers son ancien camarade, près à lui gueuler dessus d’arrêter ses conneries mais ses mots restent bien coincés dans sa bouche alors qu’il l’aperçoit inconscient. Il franchit les mètres qui les séparent en quelques secondes, à peine, pour le secouer. Matt n’avait jamais été quelqu’un de très précautionneux, de très doux et cela n’allait très certainement pas changer alors qu’il pouvait presque paniquer là. « Arrête ça, c’pas drôle ! » dit-il, y allant franchement pour le secouer. Puis il réalisa ses propres gestes, les arrêtant immédiatement pour prendre son pouls. Bon, c’était déjà ça, il n’était pas mort. Il l’attrapa pour aller l’installer dans son lit, au moins de là il pourrait le surveiller, savoir si tout allait bien ou non. Il était peut-être un peu trop inquiet…