make me know you really care (w/ matt)

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Un vendredi soir de libre était comme un Noël pour Matt. En tant qu'américain de naissance, c'était une fête très chère à son cœur, une fête très attendue. Ne pas travailler, ça ne l'arrangeait pas. Il n'avait pas le luxe de se permettre de refuser un extra lorsqu'il en voyait un passer. Mais cela lui faisait également du bien de se dire qu'en début de week-end, il pouvait se poser quelque part en attendant que sa meilleure amie ne le rejoigne. Ils ne passaient pas beaucoup de temps tous les deux quand bien même ils partageaient le même appartement.

Ses pieds le portant jusqu'au Paddy's Teig, un des seuls endroits de ce quartier où il n'avait pas travaillé mais un endroit où il avait l'habitude de se rendre. L'ambiance changeait, c'était accueillant, un pub. Il n'y avait pas ces hommes et femmes ne venant que pour exposer leur carte bancaire, ou très peu. C'était une ambiance qui lui rappelait ses années de service dans l'Armée, qui ravivait des souvenirs au goût plutôt agréable.

Il était encore bien tôt mais cet endroit était assez fréquenté. La chaleur prenant les joues du trentenaire lorsqu'il entra dans l'endroit, il ne perdit pas de temps pour aller s'installer au comptoir, près d'hommes installés à discuter. Il ne leur prête pas attention, le regard relevé vers toutes les bières alors qu'il demande rapidement, de son fort accent américain, une Scotch Ale tout en échangeant quelques mots rapides avec cet homme bien habillé qui lui sert sa pinte. L'américain posa quelques secondes le regard sur sa tenue. Elle dénote totalement de celle des personnes qui l'entourent. Vêtu de son pantalon militaire et d'une veste noire. Il n'a que faire de ne pas être dans les clous de ces hommes de bureaux qui parlent de leurs adultères en plein public, sans se soucier que n'importe qui puisse entendre.

Les yeux clairs de Matt s'attardèrent sur le visage de ces deux hommes. L'un de ses sourcils levés, il avala quelques longues gorgées de son verre. Dans la pénombre, il ne remarque même pas la ressemblance que cet homme peut avoir avec le Faust qu'il a pu connaître durant le lycée. Il ne dit rien mais n'en pense pas moins. Les hommes sont vraiment la pire espèce au monde. C'est exactement pour cette raison qu'il ne les supportait pas, en dehors de son lit. Ils osaient des choses tellement ignobles alors que des femmes aimantes et attentionnées les attendaient à la maison, des enfants... Ca l'énervait au plus haut point. Il n'en dit rien, se contentant de fulminer dans son coin en jetant de petits regards vers son téléphone. Bon dieu, qu'est-ce que pouvait bien être entrain de foutre Amalia à faire attendre l'alcool ?

Quelques gorgées glissant dans sa gorge, il posa de nouveau les yeux sur les hommes près de lui. Comment un père de famille pouvait se trouver dans un tel endroit à l'heure où il devrait être entrain de faire à manger pour son gosse ? Même pas capable de prendre en main des responsabilités pourtant simples.

Matt fit venir le barman d'un signe de tête.

« Leur prochaine tournée c'est pour moi, pas envie de les entendre jacasser toute la soirée. »

(c) sthéno

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Bien évidemment, le barman ne refuse pas la demande de Matt. Quand il s'agit de vendre des verres, pourquoi est-ce qu'il refuserait ? Il se fiche totalement de savoir la raison de ce cadeau, il ne prend même pas le temps de demander. Offrir des verres pour attirer l'attention, pour draguer était une chose assez courante. Mais deux hommes en même temps, c'était plutôt osé. Et de toute façon, ce n'était pas quelque chose que l'ancien militaire avait l'habitude de faire. Il considérait ça comme du harcèlement. Assez dissimulé, certes. Mais tout de même. Quand une personne nous plaisait, il valait mieux venir lui parler directement pour être fixé. Mais tout le monde n'en avait pas le cran.

La conversation des deux hommes se détourne pour savoir pourquoi deux verres leurs arrivent alors qu'ils n'ont absolument rien prit. Pas commandé de nouveau. Ils ne se questionnent pas longtemps avant de porter leur attention sur l'américain. Ce dernier tourna doucement le regard dans leur direction pour leur offrir un sourire coincé entre l'amabilité et la cordialité la plus totale. Les inconnus dans les bars, ça le connaît. Et à moins d'avoir échangé quelques verres déjà, il était tout simplement hors de question qu'il montre ne serait-ce qu'une once de gentillesse. Même si son visage pouvait paraître accueillait.

«Personne. Un simple inconnu qui veut épargner à tout le pub vos histoires d'amantes très certaines toutes aussi bonnes les unes que les autres !» dit-il en laissant son sourire s'élargir un peu.

Il n'était absolument pas impressionné par ses hommes en costume qui sentaient l'argent à des kilomètres. L'habit ne faisait absolument pas le moine. D'un trait et avec une sacré descente, l'américain termina sa bière et commanda un whisky, comme les deux hommes. Il attendit à peine quelques secondes, que son verre arrive avant de le lever en direction de Faust vers lequel il s'était tourné pour pouvoir trinquer avec.

«A Judith qui n'est pas enceinte alors !» lâcha-t-il de son fort accent.

De la provocation ? Mais non, ça ne lui ressemblait pas. Ou peut-être que si. Ca lui ressemblait beaucoup trop. Il aimait jouer avec le feu. Ca l'amusait. Et tandis qu'il portait son verre à ses lèvres pour boire une bonne gorgée, il laissa ses yeux s'égarer sur le visage de l'homme avec lequel il avait échangé. Ces yeux, ce sourire... Il le connaissait. Il ne savait pas encore d'où mais il le connaissait, c'était une certitude.

(c) sthéno

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Deux hommes en costume dégageant une certaine prestance, une certaine autorité, du charisme. Cela intimiderait bien des personnes. Porter un costume, tout le monde en était capable. Il ne suffisait qu'un simple coup d'œil pour remarquer que le tissu de ceuw des deux hommes étaient certainement hors de prix pour bien des allemands. Bien trop d'argent dépensé pour de simples bouts de tissu. Voilà la pensée de Matt. Très sociable, il ne courrait pas après ce genre de types. Peut-être qu'ils sortaient tout simplement du travail. Mais ces accoutrements attiraient bien trop les regards. Il suffisait de tourner la tête pour observer les alentours et les regards en coin de bien des femmes présentes dans le pub, pour s'en apercevoir.

Balayant ses pensées d'un geste de la main, il se reconcentra sur les deux hommes. Tandis qu'un fin rire échappait à ses lèvres.

«Ni votre femme, ni votre stagiaire.»

Laissant une gorgée glisser le long de son cou, Matt se dit que parmi les deux hommes il y en avait un qui se mettait bien plus en avant alors que l'autre restait dans son coin, sans parler. Ou beaucoup moins. C'était assez étrange.

«Matt Woodson. Et vous ?»

Nouvelle gorgée. Il n'est pas franchement à l'aise près de ces hommes. Le regard que cet inconnu lui porte le dérange assez, d'une façon qu'il ne saurait dire. C'était une chose qui ne lui arrivait jamais. Si cela pouvait être associé à la différence flagrante de classe sociale, il n'en est rien. Ils ont une façon différente de se comporter, de se tenir et de s'exprimer. Ça ne dérange pas Matt.

Son attention détournée par cet homme qui semble s'enfuir assez vivement, il le regarde s'activer, recevant ses mots sans même prendre la peine de lui répondre. Ses sourcils se so't légèrement froncés. Il ne comprenait pas ce que cet homme veut dire. Il ne comprend pas et en même temps, il continue de le fixer. Il le détaillé du regard. Un corps que l'on devine musclé sous les plis du tissu, des traits de visage loin d'être communs. Son cœur s'emballe alors qu'il serra légèrement son verre entre ses doigts.

C'était... Non, ça ne pouvait pas. Ce n'était absolument pas possible. Non, il n'y croyait pas. Pas lui, pas ici. Pas de nouveau dans sa vie.

(c) sthéno

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Petit. L'américain tiqua. Il n'était absolument pas petit. Du haut de son mètre 91, c'était bien un surnom qu'il n'appréciait pas. Certes, c'était très certainement un surnom imagé. Mais ce n'était pas une raison. Il n'appréciait pas. Cet homme semblait avoir le même âge que lui, à peu près. Et pourtant, il avait la nette impression que ce "petit" ne servait qu'à rabaisser les autres. Ce n'était très certainement pas parce que l'on portait un costume que l'on pouvait s'estimer au-dessus des autres, bien au contraire. Et c'était quelque chose qu'il avait bien du mal à supporter. Un homme n'était pas au-dessus d'un autre. Pour le moment, il n'en dit rien mais ça viendrait peut-être, au fil de la soirée.

Faust Löwe. Son regard se détourna pour se poser sur son verre de whisky qu'il termina d'une traite, se penchant au-dessus du bar pour demander une bière au serveur. Il ne le regarda pas immédiatement. Si il retenait assez bien les visages contrairement aux noms, il n'avait absolument pas oublié celui-ci. Cet homme... Il avait souhaité ne plus jamais le croiser. Et pourtant, par le plus grand des hasards, ils se retrouvaient tous deux assis là.

«Vous parlez de vos coups avec un collègue ? Quel sérieux ça doit être de se croiser dans votre travail, dis donc ! »

Son regard tournant de nouveau pour l'observer, il n'arriva pas à empêcher son sourire de tirer ses lèvres. Être quelqu'un de beaucoup trop jovial lui jouera des tours un jour. Faust ne semblait absolument pas mordre. Pas pour le moment. Est-ce qu'il avait changé, depuis le temps ? Ils n'étaient plus les gamins idiots qu'ils s'étaient permis d'être durant le lycée.

«Une amie qui a apparemment décidé de me planter ce soir.»

Son visage se secoua légèrement. Elle le lui paiera lorsqu'il rentrera. Encore plus si c'est pour trouver quelqu'un et se glisser dans son lit. Il balaya cette pensée en réglant sa pinte sans proposer à l'homme si il souhaitait boire quelque chose.

«Absolument pas. Il me semble vous avoir croisé il y a quelques années, c'est juste ce que je me disais.»

(c) sthéno

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Matt ne s’attendait absolument pas à ce que cet homme se souvienne de lui. Des personnes qu’il aurait maltraité, si l’on pouvait appeler ça ainsi, il devait y en avoir un bon nombre, pour Faust. C’était d’ailleurs bien souvent les victimes qui étaient incapables d’oublier leurs bourreaux, comme ça avait déjà pu être le cas pour Matt. Si son visage n’était plus très clair pour l’américain à travers les cauchemars qu’il revivait très fréquemment, auxquels il avait parfaitement fini par s’accommoder, il y avait des choses, quelques traits, dont il se souvenait à la perfection. Le timbre de sa voix, son regard bien trop amical, de petits éléments de la sorte. Des petites choses qu’il était en train d’apercevoir de nouveau à la perfection. Les gens avaient beau changer, vieillir, il semblait que certains traits, certaines habitudes faciales ne disparaissaient pas. L’homme ne semblait pas l’avoir reconnu. Ce fût presque un soulagement pour l’homme au fort accent.

“Je suis en train de chercher dans quoi me réorienter. J’étais militaire il y a encore quelques mois. Et vous ?” demande-t-il. Il ne servait à rien de se braquer et de devenir agressif. Peut-être que Faust avait mûri, peut-être qu’il était une personne bien plus agréable désormais.

Dire ce qu'il faisait dans la vie ne le dérangeait absolument pas. Un métier ne pouvait pas caractériser une personne, bien loin de là. Mais il était assez curieux de savoir ce que pouvait bien faire le con qu'était devenu Faust. Pas très aimable de dire ça. Mais cet homme l'avait tellement fait souffrir qu'il en frissonna discrètement. Il lui vouait une telle haine…

Apercevant le verre lui être apporté du coin de l'œil, il l'attrapa rapidement. On n'en refusait jamais un. Matt n'en refusait jamais un. Puis son regard se reposa sur le visage de Faust et sur son sourire qui ne le quittait pas. Il était chaleureux et presque sincère. Cet homme pouvait-il vraiment avoir tant changé ?

Levant son verre pour venir boire une gorgée, un sourire moqueur étira finalement ses croissants de chair.

"Qu'est-ce que vous venez faire dans un pub alors que vous avez visiblement sûrement mieux à faire ?"

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Cette enflure du lycée avait donc réussi à devenir avocat. Cela étonnait assez Matt autant que ce métier allait comme un gant à celui qui lui faisait face. Au lycée déjà, il avait su manier les points mieux que l'américain, chose qui serait très certainement inversée désormais. Mais le pire avait été les mots. Déjà adolescent, il savait les manier à la perfection. Et si un poing donnait une douleur vive mais courte, les mots étaient bien pires encore. A maintes reprises, l'homosexuel s'était fait manipuler et ce n'était rien face aux fois où il s'était fait écraser à l'aide de petits mots placés aux bons endroits, aux bons moments. Ca l'avait mit dans des états pitoyables. Et c'était sûrement ce qui l'avait forgé pour l'armée. Mais tout ça pour dire que Faust Löwe était devenu avocat. Et que c'était un métier dans lequel il aurait parfaitement pu le voir, plus jeune. Il précise qu'il travaille dans le droit pénal. Matt hausse un sourcil. Cette information n'est aucunement pertinente pour lui, si ce n'est qu'il en a rien à faire.

L'évocation de Max fait légèrement rire le brun. Rire qu'il ne cherche même pas à dissimuler. Il l'avait mit en garde contre Faust et ça avait ravivé bien des souvenirs dans sa tête. Mais ce n'est pas tant ce qui l'amuse, comme il le souligne de quelques mots.

"Une soirée visiblement très vite écourtée par votre ami. Elle commence à peine qu'il vous a déjà abandonné dans un bar !"

Chose que l'on ne faisait pas à Matt. Parce que ses amis restaient généralement jusqu'à la fermeture à enchaîner les verres en parlant fort et en riant de bon cœur.

Le sujet change bien rapidement. Un peu trop alors qu'il n'est pas préparée à cette question. Cette fois, ce n'est pas la tête qu'il tourne vers l'homme mais le corps alors qu'il pivote légèrement sur son siège de bar. Il plante son regard dans celui de son interlocuteur, il cherche ses intentions alors qu'il ne sait quoi répondre. Il se retrouve bête. Il ne peut pas parler ouvertement. Et en même temps, il ne sert à rien de mentir pour pareil sujet. Ils étaient tous deux adultes maintenant. Peut-être pas responsables non. Mais adultes, oui.

"On a fréquenté le même lycée juste avant votre Abitur." finit-il par dire.

Ses yeux ne le quittaient pas. Il se souvenait de bien des choses. Trop de choses. Sa tête était en ébullition, il se sentait bizarre.

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Il était retombé sur ses pattes. Un rire échappa aux lèvres de Matt. Si boire des coups ne le dérangeait absolument pas, il fallait dire qu'il appréciait bien moins être presque comparé à une roue de secours. Cela avait beau être des propos légèrement déguisés, il l'avait très bien entendu. C’était presque une habitude maintenant. Si cet homme avait envie de partir, il ne le retenait pas. Il valait même peut-être mieux qu'il ne s'enfuit toit de suite avant de le regretter. Matt n'était pas si violent que ça. Mais lorsqu'il se mettait sur la défensive, cela pouvait parfois déborder de façon incontrôlée.

Lui se souvenait de Faust. Ce visage, il en avait oublié quelques traits avec le temps. Il avait laissé celui-ci effacer la voix du lycée tyrannique. Mais ça lui sonnait comme une évidence maintenant. C'était assez amusant ce que le destin était capable de faire. Destin de merde. Matt ne retournait pas à Berlin pour une seule raison. Pour ne pas recroiser cet homme. Et voilà finalement que c'était le cas dans une autre ville.

Le regard rivé sur le visage de Faust, il l'observe. Il regarde ses yeux, son sourire. Cet homme est encore plus craquant que dans ses souvenirs. Qu'est-ce qu'il était beau… L'américain ferma les yeux quelques secondes pour chasser ces pensées de sa tête. Les belles personnes étaient parfois les plus pourries à l'intérieur. En ouvrant de nouveau ses yeux, il pu observer le changement d'attitude. Ses sourcils se froncerent doucement puis plus fortement.

L'homme rieur semblait s'en être allé. Cetait une passé très douloureux qui était entrain de remonter à la surface. Très douloureux pour Matt. Sûrement pas pour Faust, non. Il écouta ses mots avant de rire de bon cœur, de nouveau. Il avala une longue gorgée de bière avant de reposer son verre si fort sur le comptoir que le bruit sembla résonner. Toujours tourné vers lui, il resta silencieux. Une seconde, deux secondes. Faust venait de lui dire qu'il ne se souvenait pas. Et pourtant, toute son attitude semblait indiquer le contraire. Un soupir profond, presque las, sortit de la gorge du brun alors qu'il dit.

"Tu te souviens très bien, Faust. Ou peut-être que tu ne te souviens pas exactement mais tu vois qui je suis. Je suis déçu, je pensais que les avocats étaient capables de mieux mentir que ça.

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Près de vingt ans auparavant, Matt n’aurait sûrement pas provoqué une personne qui lui était inconnue. Mais ce n’était pas du tout le cas de cet homme. Ca lui paraissait maintenant aussi clair que de l’eau de roche. Il était énervé. Il ignorait totalement si c’était à cause du fait qu’il ne se souvienne pas de lui ou si c’était à cause de ses mensonges. Faust ne pouvait tout de même pas l’avoir oublié. Ou alors était-ce parce qu’il avait martyrisé bien trop de personnes ? Le cœur de l’américain se serra légèrement alors qu’il fit le choix de ne pas s’en préoccuper.

Ils ne se connaissaient pas. C’est ce que l’allemand affirme. Les doigts sur le verre de bière devenant blancs également, l’ancien militaire serra la mâchoire. Lui n’avait pas oublié. Si le visage de cet homme avait fini par devenir flou dans son esprit, il n’avait absolument pas oublié la violente caresse de ses poings, la morsure de ses mots. Chaque parcelle de sa peau s’en souvenait, c’était des douleurs pires encore que celles qu’il avait pu ressentir pendant ses années de service.

“C’était il y a longtemps, ça n’excuse pas un oubli.” lâcha-t-il d’un ton sec. Pas un oubli de la sorte, non. Pourquoi le bourreau avait la chance de ne pas se souvenir alors que lui, qui n’avait rien demandé, vivait encore avec ses souvenirs ?

Bière terminée, il se releva pour se pencher légèrement en direction de l’avocat, son regard venant se plonger dans le sien.

“Vous êtes donc toujours un monstre, Faust Löwe.”

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Ce bar grouille de monde, à l'heure qu'il est. Près du comptoir, Matt n'avait pourtant d'yeux que pour cet homme qu'il avait pu connaître une petite vingtaine d'années auparavant. Un mélange d'émotions se bousculaient dans son corps et dans son cœur. De la haine et une attirance qu'il n'arrivait même pas à enfouir, mélangée à une colère qui montait petit à petit, commençant à le faire bouillir de l'intérieur.

Devenir avocat n'avait apparemment pas retiré à Faust sa façon de parler. Cette façon hautaine. Il semblait tout savoir rien qu'avec la voix. Il était toujours doué pour manier les mots, ça ne faisait absolument aucuns doutes.

La réaction à ses mots, il ne s'y attendit pas et ça pu se lire à ses yeux, à ses sourcils qui étaient venus se hausser. Il parlait comme un enfant mais Faust d'entrer, même un tout petit peu, dans son jeu.
Il parlait comme un enfant, c'était une affirmation qui étira ses lèvres. C'était un grand enfant, certes. Et ce n'était pas parce qu'il se trouvait face à son ancien bourreau qu'il allait réagir comme il ne le faisait pas habituellement. Un sourire étira ses lèvres.

"Effectivement. Il vaut mieux être comme ça plutôt que de passer son temps à avoir des conversations plates. Il n'empêche que tu en es toujours un, tu es même peut-être pire que lors du lycée."

La commissure des doigts devenant toujours un peu plus blancs autour du verre, l'américain finit par brutalement le briser. Il était déjà très certainement ébréché. Matt laissa ses sourcils se froncer alors qu'il lâchait les morceaux de verre sans détourner les yeux du regard clair de Faust. Il pencha doucement le visage sur le côté.

"C'est drôle, je croyais que tu ne te souvenais pas de moi, que je me trompais." siffle-t-il entre ses dents d'une voix sèche. Il fit un pas vers l'homme pour le regarder, laissant son regard glisser sur le corps de l'avocat pour l'observer de haut en bas avant de laisser un petit rire échapper à ses lèvres. "Ne me chauffe pas, Löwe." finit-il par dire, sans penser une seule seconde au côté très pervers de ses propres mots.

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Les deux hommes se retrouvent dehors bien rapidement. La différence de température surprend légèrement l'américain qui vint glisser les mains dans ses poches pour marcher avec nonchalance. En sortant, il n'avait pas vérifié que l'homme le suivait bien. Il n'allait pas dire qu'il s'en fichait. Il ne s'attendait pas à grand chose, à dire vrai. Il se souvenait d'un Faust qui faisait ce qu'il voulait, d'un Faust qui pouvait simplement s'en aller de l'autre côté si c'est ce qu'il souhaitait.

Leurs pas résonnent sur le sol. L'allemand le suit en même temps qu'il ne parle. Le regard du noiraud se tourna tout doucement vers son interlocuteur qu'il observa. Cette distance entre eux, Matt la maintenait bien. L'air frais lui faisait du bien, l'apaisait. Et en même temps, il était attentif, sur le qui-vive. Sur le visage de cette vieille connaissance, il avait vu des mimiques qu'il ne connaissait que trop bien. Il était tout simplement hors de question qu'il ne se laisse faire ce soir, s'il tentait quoi que ce soit.

Les mots qu'il entendit le firent rire. Il détourna les yeux pour les poser sur l'Elbe, sombre et calme. Il secoua la tête, ses cheveux volant en même temps, accentués par le vent.

"Tu ne connais rien à la vie de soldat. Et crois-moi que si je m'étais écouté, tu aurais reçu mon point dans la figure depuis un moment déjà." avoue-t-il sans aucune honte, appuyant ses mots d'un léger regard en coin.

Il marchait tranquillement, les mains toujours glissées dans les poches. Il sentait le regard de son homologue sur lui, il se mit alors à l'observer également, sans gêne aucune. Son visage n'avait pas changé, ou presque. On lisait même pas encore la fatigue de l'âge dessus. Ils faisaient presque la même taille mais leur carrure était relativement différente. Un homme qui devait effectivement plaire à bon nombre de femmes. Entre autres, sa femme et sa stagiaire. Cette pensée lui arracha un petit sourire avant qu'il ne se décide à lui lancer un gros pic.

"Arrête de me regarder comme ça, je pourrais croire que tu es… "pédé".

@"Faust Lowe" & @Matt Woodson

Un petit rire vint franchir les lèvres de l’américain. Ses yeux bruns posés sur son interlocuteur, il observa son visage en se demandant si cette question était sérieuse ou non. Était-il en train de tenter de le manipuler pour obtenir quelque chose ? Cette question laissait presque refléter de l’innocence, posée sur un ton sincère. Matt hésite. Sa lèvre inférieure venant se coincer entre ses lèvres, il hésitait très fortement. Vraiment très fortement. Faust avait bien raison, son comportement depuis le début de la soirée n’était pas suffisant pour que l’ancien militaire ne s’emporte. Il faudrait donc lui donner raison…

“Disons simplement que la haine que j’éprouve pour toi depuis notre rencontre au lycée ne s’est pas apaisée. Et tu l’as réveillée.”

Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Ses yeux se détournaient pour se poser sur l’endroit vers lequel ils se dirigeaient. Il ne connaissait pas encore suffisamment la ville pour en connaître ses moindres recoins. Dès que l’occasion se présenterait, il allait emmener l’homme dans la direction opposée, qu’ils puissent rester dans un endroit où il pourrait se repérer.

“Pourquoi tu nous détestes comme ça ? Je veux dire, je ne suis pas différent de toi. Pourquoi détestes-tu les gays ?

Simple question, il voulait comprendre. Peut-être que la réponse viendrait apaiser sa mâchoire serrée, qu’il finirait par comprendre. Tout de même, ils n’étaient plus dans les années 40, tout le monde avait une ouverture d’esprit plus large. Il voulait comprendre d’où venait cette haine contre les homosexuels. A moi que ce soit contre lui spécifiquement ?

“J’habite ici. Et toi ?

Une question qu’il ne comprenait pas vraiment mais qu’il renvoyait tout de même, par pure politesse. Ca lui arrivait d’en faire preuve. Dans ce cas, cela restait totalement cordial. Il mettait une barrière supplémentaire entre Faust et lui. Ou tout du moins, il tentait d’en ériger une.