Abijim ♔ Les vieux fantômes du passé refont surface

Notre couple a toujours été des plus particuliers. A la base, nous étions partenaires puis amis, nous avons toujours pu compter l’un sur l’autre. Je ne compte pas une seule soirée américaine passée sans sa compagnie car nous avions cette habitude d’être toujours ensemble. Lorsque nous nous sommes avoués nos sentiments qui étaient réciproques, nous nous sommes fait la promesse de ne pas corrompre, mettre en péril notre amitié si forte si entre nous, ça ne fonctionnerait pas. Ça a matché. Pourtant, nous n’avons jamais eu besoin de nous étreindre en public car lui comme moi, ne sommes pas à se répéter à quel point on s’aime à répétition. Il n’a jamais été du genre à montrer ses sentiments, ses failles, je pense même que ça vient de l’enfance difficile qu’il a passé et je ne lui ai jamais reproché. La perte de notre enfant a juste été difficile à encaisser et même s’il ne m’a pas lâché, s’il m’a soutenu comme jamais, je ressentais ce besoin de savoir que cette épreuve était aussi difficile à accepter pour lui. Il souffrait à sa manière, en bossant plus que d’habitude, alors je suis partie. Ma façon pour moi de nous laisser le temps de vivre ce « deuil » si on peut appeler cela ainsi chacun de notre côté car lui demandait d’être là pour moi, me semblait égoïste.

C’etait il y a un an. De l’eau a certainement coulé sous les ponts. Ou pas. Car lorsque plongée dans mon dossier pour lire les résultats et que je m’aperçois qu’il s’agit de la personne que j’ai bousculé. Tous mes efforts pour faire comme si de rien n’était d’évaporé. Un an écoulé en une poignée de seconde. Je cligne plusieurs fois des yeux pour vérifier que je ne suis pas en plein dans un rêve et sa voix disant mon surnom me confirme la chose. Pour la démonstration en public c’est raté car je ne contrôle aucun de mes faits et gestes et m’effondre en larmes. Le premier reflex qui me vient à l’esprit est de venir directement me nicher dans ses bras car je n’y croyais plus. Je profite de chaque instant, je respire son parfum qui me (re)confirme que c’est bien la réalité et qu’il est ici, à Hambourg. Je suis incapable d’aligner une seule syllabe tant le choc de le voir ici me trouble au plus haut point. C’est après quelques minutes à pleurer en silence, que je parviens à ouvrir la bouche. « Qu’est-ce que tu fais là ? »

Quand j'ai découvert la lettre, je n'ai pas imaginé tout de suite, qu'elle était partie, mais elle été bel et bien parti loin de moi. Qu'en est-il de notre couple ? Je ne savais pas, j'étais totalement perdu, après la perte de notre enfant, j'avais perdu la femme que j'aimais. Les jours me semblaient tellement longs dans cet appartement, au travail, j'étais différent, distant, puis un jour j'ai craqué, craquer car je l'avais perdu à jamais. Je me rappellerais toujours la façon dont notre histoire à commencer, tout d'abord coéquipier, puis ensuite nous sommes devenues amis et puis nous avons pris les choses en main en nous avouant nos sentiments et moi qui penser que cela n'allait pas marché, je suis bien heureux du contraire, nous sommes un couple solide, qui se fait confiance et j'ai une totale confiance en elle. Mais la seule solution qu'il me restera c'était de la rejoindre, c'est même les gens de mon équipe qui m'ont dit de la rejoindre. Je les ai écoutés et aujourd'hui je suis à Hambourg. Ce fut dur de quitter les États-Unis pour l'Allemagne, un autre pays que je ne connaissais pas, Abigaïl m'en avait longtemps parler, vu qu'elle vient de là-bas. La personne qui m'est rentrée dedans s'excuse, mais je crois rêver, quand je vois qu'il s'agit de Abigaïl, la femme que j'aime, je n'y crois pas mes yeux et elle non plus vu qu'elle s'effondre. Je la prends dans mes bras, je ferme les yeux pour profiter de ce moment . Je la laisse se calmer, je la regarde et j'essuie ses quelques larmes qui coulent sur son visage en l'écoutant. "Je suis venue pour être a tes côtés Abi ! Je ne peux pas vivre sans toi" Je souris, je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans sa vie pendant 1 an, peut être avait-elle tiré un rait sur notre relation j'en sais rien. "Tu veux que l'on parle tous les deux ? " Je la regarde, je veux être sur de sa réponse, mais je peux comprendre qu'elle ne veuille pas. "Je peux tout à fait comprendre que tu ne veux pas, que tu as tiré un trait sur notre relation ! Mais si c'est le cas, dis-le-moi." Je le regarde en attendant sa réponse.

Partir pour repartir de zéro, c’était ma décision. En y songeant bien, je ne lui ai pas vraiment laissé le choix alors je ne peux que m’en prendre à moi-même. Culpabiliser qu’au bout d’un an, rien à changé. On en est toujours au même point. Je me suis résignée à essayer de l’oublier car peut-être qu’il m’en veut d’être partie et s’est fait à cette idée. Pourtant. Il est là. Devant moi, si beau, je vois dans ses yeux que tout est encore réciproque. Il est heureux et ému de me voir. Je lui demande ce qu’il fait là et sa réponse me fait repartir en sanglots. Je souffle un instant, fermant les yeux dans l’objectif de me reprendre car je n’aime pas montrer mes faiblesses. Je préfère pleurer seule dans mon coin pourtant je suis incapable de m’arrêter tant le moment de ces retrouvailles est intense. « Je...» Voilà la seule chose que je parviens à aligner, les larmes coulant à flot alors qu’il enchaîne dans son discours. Mon coeur bat davantage, même si j’avais imaginé qu’il aurait pu passer autre chose, je suis tellement rassurée que tout soit encore possible pour nous. « Si ça t’ennuie pas, on peut en reparler après le service ? J’ai reçu les résultats d’une autopsie et c’est une dossier prioritaire. T’as quelque chose de prévu après ? » lançai-je. Peut-être qu’il est là depuis plusieurs jours et qu’il a déjà des choses de booker. Puis discuter en plein dans le commissariat de notre vie privée, je ne préfère pas. Les murs ont des oreilles. Il poursuit et lorsqu’il insinue que j’ai pu refaire ma vie, je fronce les sourcils en secouant négativement ma tête, ma main se posant sur son torse. « Tu es l’unique amour de ma vie, Jim. Ça ne changera jamais et je n’ai jamais souhaité que cela change. » Ma façon de lui dire qu’un an, côté vie privée, rien ne s’est produit. Yeux dans les yeux, je me contente de lui caresser la joue. « Pardonne-moi... Pour tout ».