Mon activité professionnelle ne faisait pas bonne impression dans tous les cercles. Raider d’entreprises, cela semblait abstrait pour bon nombre de gens. C’était une entreprise risquée qui comptait sur la mauvaise gérance d’autres chefs d’entreprises. Je rachetais des entreprises au bord de la faillite pour une bouchée de pain, je les fractionnais en différentes branches et les revendais, à un prix qui pouvait paraître scandaleux. Le facteur hasardeux c’était la revente. La dernière transaction que nous avions conclue était une entreprise de construction navale au Danemark et nous avions déjà revendu la plupart des branches. Certaines personnes disaient de moi que j’étais un monstre sans pitié pour profiter de la faiblesse économique ou de gestion d’autres entrepreneurs. D’autres disaient que j’étais un petit génie des affaires. Cependant, toutes s’accordaient à dire que la richesse que je m’étais créée était colossale. J’avais réussi à me créer un capital véritablement scandaleux. Autrefois, les mauvaises langues racontaient que je comptais sur le soutien financier de ma famille pour assurer la mise à flot de mon entreprise. Je m’étais fait un plaisir de leur montrer que, non seulement, je m’étais construite seule mais aussi que je pouvais perdurer seule. Dans mon domaine d’activités, la gente féminine n’avait pas encore vraiment réussi à se tailler la part du lion. J’étais donc assez rare en mon genre et c’est ce qui faisait dire à mes concurrents que je n’allais pas durer. Pour eux, j’allais être bientôt appelée par la fameuse horloge me rappelant que le temps était compté. À ceux-là, je leur accordais un sourire amusé et continuais à gérer mon empire.
Il ne faut pas pour autant croire tous les on-dit. Certes mon métier était ce qu’il était et je l’avais choisi. Certes, j’étais impitoyable avec mes concurrents et avec les entreprises que j’acquérais. Certes, au sein de mon bureau et du milieu des affaires, j’étais le Loup Blanc, aussi rare que redouté. Toutefois, comme pour beaucoup de choses, ce n’était qu’une partie de la réalité. Comme une pièce, il ne fallait pas oublier d’examiner l’autre face. Comme un iceberg, il existait une partie immergée. Ainsi, même si j’avais réussi à me créer une fortune véritablement scandaleuse, je n’en thésaurisais pas la totalité. J’avais financé plusieurs projets au quatre coins du monde. Je n’avais pas estimé nécessaire de m’en vanter pourtant. Si je finançais ces associations, ces programmes, ces recherches, ces constructions, etc. c’était parce qu’ils avaient réussi à attirer mon attention par leurs visées philanthropiques. Dans ces moments, mon avocat principal me surnommait Robin des Bois ou Bruce Wayne et j’avais beau lui dire que cela n’avait rien à voir, il persistait.
La dernière entreprise à laquelle j’avais voulu apporter ma contribution était un association d’aide aux personnes ayant subis des attouchements ou des viols. Cette association était basée à Hambourg et m’avait touchée. J’avais eu l’occasion de jeter un oeil sur les récent chiffres à ce sujet et je les trouvais affolants. De plus, qui de mieux qu’une femme pour financer ce genre de cause? C’était mon raisonnement de départ. Avant de m’y rendre pour la première fois, je m’imaginais que la plus grande majorité des victimes étaient de femmes. Cela faisait partie de ma démarche : j’appréciais de me rendre sur les lieux de l’association et d’observer leur travail.
Aujourd’hui, je visitais donc les locaux de l’association. J’avais dans un premier temps rencontré le directeur ou ce qui s’y apparentait dans son bureau et, ensuite, il m’avait proposé une visite des lieux.
“ - Et là, vous avez une de nos salles de réunion. il me souriait avec cet air contrit et forcé qu’ont tous les directeur dans ces moments. Évidemment ce n’est pas le même genre de réunion qui s’y tient. il eut un rire forcé et je lui souris. Aaah voici quelques bénévoles. Je vous présente Miss Gallagher.
- Enchantée. je serrai la main aux bénévoles.
- Mademoiselle souhaiterait découvrir comment nous travaillons.”
Coup classique, on essayait de me caser auprès d’autres. Même si la démarche était classique, elle me plaisait. Cela permettait de vraiment découvrir les rouages des projets. Cela permettait de voir les véritables acteurs en plein labeur.