La vie est bien plus précieuse que la haine + Hansel

Il prit une profonde inspiration mais une vague de douleur lui rappela qu'il était vraiment idiot. Hänsel souffrait de son nez depuis la veille, depuis qu'il avait prit le poing de son meilleur ami dans la figure. Il se souvenait de ses mots, comment il avait réussi à mettre le brun en colère en lui insinuant qu'il était gay. Non, Hänsel n'était pas pote avec une tarlouze, ce n'était pas possible, il ne l'acceptait pas et il était prêt à tout pour sauver son pote de cette divergence soudaine. C'était carrément impossible pour lui.

Il n'avait pas réfléchi non plus, Hänsel n'était pas du genre à réfléchir avant d'agir, c'était même l'inverse. Il souffla en se penchant la tête en avant, le corps plié en deux, avec l'attèle au niveau du nez en attendant le médecin, chargé de son problème. Ils prenaient leur temps aux urgences, c'était limite un bon motif pour péter les plombs mais évidemment, ils avaient tous des diplômes donc Hänsel n'avait plus qu'à fermer sa gueule et de souffrir en silence.

- Toi aussi tu as une journée de merde ? » Il était tout seul, il préférait qu'on lui fiche la paix tant il avait mal. Il voulait rouler dans sa caisse en rêvant de rouler sur son pote tant il était furieux contre lui. Comprenant qu'il n'y avait pas de réponse à la question d'une nana, il se redressa, le visage nu d'expression : « C'est à moi qu'tu parles ? » lâcha t-il de très mauvaise humeur : « C'est ma vie qu'est une vraie merde. Si j'avais qu'ma journée de merdique, je me verrai plus chanceux. »

Il souffla en gonflant les joues mais il poussa un râle de douleur : « T'es là pour quoi toi ? »

Hänsel passait tout simplement une semaine de merde où il n'avait clairement pas envie de se faire emmerder par une meuf qui n'avait probablement rien d'autre à faire que de venir lui parler. Après tout, il ne la connaissait pas et il s'était montré largement peu réceptif pour entamer une conversation quellle qu'elle soit. « A ton avis, tu veux que je parle à qui ? Il y'a que toi sur ce banc avec moi. » Il lâcha un rire gutturale, provenant littéralement du tréfond de sa gorge en allant rétorquer qu'il était assis sur ce banc bien avant elle et qu'il attendait avec impatience qu'on le prenne enfin en charge.

Il aurait certainement dû appeler les pompiers, il n'aurait pas eu à attendre aussi longtemps, comme un pequenot, le nez bleuet accompagné de valises énormes sous les yeux. Il fallait quand même être aveugle pour ne pas s'imaginer que le jeune homme traversait un moment peu réjouissant et ne surtout pas s'attendre à ce qu'il accueillie une personne à bras ouvert. En réalité, Hänsel avait des envies de meurtre et tout cela, à cause de son meilleur pote, soit disant, ayant préféré frapper et partir en courant comme une tapette, plutôt que d'affronter son mal. Et puis, il lâcha un sale commentaire sur sa propre vie, il se rendit compte qu'il en avait ras le cul.
- En quoi ta vie est merdique ? Fait en sorte de la changer si tu trouves qu'elle est merdique, non ? » Il secoua la tête en tenant les extrémités peu douloureuses de son nez : « Laisse tomber.. » Changer, elle disait cela comme si cela pouvait se faire dans un coup de baguette magique. Hänsel avait rapidement comprit qu'il n'était pas dans un dessin animé où tout pouvait s'arranger et puis, il faisait partie de l'autre côté, celui où c'était toujours le prince qui devait se taper le dragon ou la marâtre enragée. Elle, c'était une nana, comment pouvait-elle comprendre ce qui pesait sur les épaules du jeune homme.

Comme pour détourner l'attention de la demoiselle de lui, il retourna la question et la réponse le surprit : « J'ai une insuffisance rénale et je devais recevoir un rein mais le rein est parti pour quelqu'un d'autre. » Il haussa ses sourcils tout en étouffant un gémissement de douleur par les mouvements de son visage qu'il n'arrivait pas à contrôler. « Je veux pas de la pitié s'il te plaît. » Il attendit qu'elle approfondisse, surtout qu'elle le mette sur le chemin de ce qu'elle voulait vraiment entendre. Hänsel n'était pas un mauvais bougre il avait seulement beaucoup de mal à avoir de l’empathie pour les autres : « Tu vas pas être déçue avec moi, j'suis pas d'ce genre. » souffla t-il en regardant une infirmière passer devant lui mais tira une gueule de six pieds de long lorsqu'elle ne le remarqua même pas, appelant quelqu'un d'autre. Tu n'es pas tout seul Häns'... entendit-il, par la voix de sa mère mais il bougonna, tyrannisé par la douleur : « Et alors si ce rein n'était pas pour toi, pourquoi t'es là ? Je comprends pas ! »

La demoiselle ne semblait pas complètement rebuter à l'idée de parler à un ours mal léché. Elle allait même jusqu'à lui demander son prénom. Hänsel ne réfléchissait pas vraiment à qui il avait à faire, il avait juste envie que son nez se remette car ça lui faisait un mal de chien.
- Parce que je te l'ai pas dit.
Incorrigible, il prit une profonde respiration :
- Hänsel. Et toi ? »

Il respira doucement par la bouche, il ne voulait pas s'énerver plus qu'il ne l'était vraiment. Ce n'était pas vraiment le moment de péter un câble en pleine salle d'attente d'un hopital. Et puis, s'il voulait vraiment être raisonnable, ce n'était pas sur la jeune fille qu'il devait défouler ses nerds mais surtout sur Emmerich, qui n'avait aucune raison de le frapper. Alors il lui avoua qu'il n'était pas du genre à prendre en pitié des personnes qu'il ne connaissait pas surtout. Il en valait parfois de même avec des personnes qu'il connaissait. Il lança un bref regard à la jeune fille : « Ouais parce qu'avoir pitié de quelqu'un bouffer aux asticots, c'est beaucoup mieux. »

Il ne souriait pas mais son visage se détendit un petit peu. La conversation le distrayait assez pour détourner son attention de son appendice faciale.
- J'ai eu la nouvelle y'a même pas 25 minutes et je dois aller à la dialyse après. Pourquoi tu es ici toi ?
- Ah pas d'bol ! » Il lui disait ça pour son truc là, dia-machin. Et puis, à la question, il se redressa et pointa son nez avec ses deux mains, l'une d'elle tenait son portable : « Ce n'est pas si flagrant que ça, ma parole ! » Hänsel lâcha en ironisant : « Et du coup, tu sais qu't'as ton truc depuis quand ? » Il se tourna vers elle, de toute façon, l'attente ne changerait pas s'il continuait à bouder dans son coin où s'il discutait jusqu'à ce qu'on l'appelle pour son nez.