« Décidement Daliah, tu ne fais que t’améliorer. » Complimente une dame en charge d’une galerie d’art à Berlin que je connais depuis quelques années déjà, les yeux rivés sur la peinture que je viens de terminer. Je lui offre un sourire gêné alors que je sers ma tasse de café froid dans ma main manucurée. « Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure… » Dit elle en pointant du doigts les quelques marques de peintures que j’avais ajouté au niveau du ciel pour faire ressortir la détresse du personnage principal. Cette peinture est déprimante, pas besoin d’être professionnel pour le deviner, mais visiblement cela plaît à mon public.
« Je la prend en exposition. Elle partira dans moins de 3 semaines. Envoie moi d’autres tableaux ma jolie, je ne me lace pas de ton trait de pinceau. » S’amuse la cinquantenaire avant de s’éclipser, peu après, par la porte de appartement du troisième étage. Mes yeux se déposent sur la peinture alors que je trace du regard le visage de la femme que j’ai peint. Même si c’était un modèle volontaire aux cheveux blonds et aux yeux verts, je ne peux que voir les similitudes avec Anthéa. Ce même petit froncement de sourcil, la façon dont les yeux s’illuminent. Bien sûr, même elle, elle ne remarquerait pas la ressemblance qu’elle possède avec ce pauvre tableau… Et pourtant, son souvenir est là, partout sur mes toiles. Le souvenir c’est la présence invisible. La présence invisible de son visage, partout, sur tous les visages de mes œuvres qui me hantent et me rappellent ma situation. Je devrai arrêter de culpabiliser, arrêter de m’infliger ça, arrêter de penser que si j’avais fait les choses autrement elle ne serait pas parti. Est-ce que le droit de se pardonner à soi-même n’existe pas ? Je ne sais pas. Et ce n’est pas en restant debout à boire du café froid devant un tableau sinistre que cela va me revenir. Surtout qu’une jeune youtubeuse ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez.
Je la suivais depuis un moment sur ses réseaux sociaux sans vraiment regarder son travail, pourtant quand j’ai vu qu’elle arrivait à Hambourg j’ai sauté sur l’occasion et je lui ai envoyé un message. Je voulais travailler avec elle. Pourquoi ? Pour me changer les idées sûrement. En envoyant mon message, je n’avais aucune idée de ce qu’on allait pouvoir construire ensemble mais Aline s’est montrée très sympathique et nous avons pu nous entendre sur une idée de projet.
Nous allons dessiner ensemble des vêtements que j’allais ensuite envoyer à un ami qui s’occupera de les développer et nous les mettrons sur le marché ensuite. Cela fait longtemps que je n’ai pas touché autre chose que mes toiles et rien que de penser à toutes les possibilités qu’offrent ce projet cela me redonne un peu d’espoir et de joie. C’est mon âme d’artiste qui se réveille.
Je finis par jeter le reste de mon café dans l’évier et laisse reposer la tasse sur le bord de l’évier avant de justement préparer une nouvelle cafetière pour éviter de le faire devant mon invité. Ce n’est peut être pas très sérieux d’organiser ça ici… Mais c’est dans mon appartement qu’on aura le plus d’espace et de matériel pour travailler. C’est dans ces moments là que mon atelier de Copenhague me manque.
Je secoue la tête pour éviter de penser à la ville où j’ai passé tant d’années et en profite pour jeter un coup d’œil dans ma chambre qui me sert aussi d’atelier. J’ai pris le soin ce matin de mettre la peinture dans mon salon pour que la femme de la galerie d’art ne soit pas trop choquée par le trop plein de peinture et la bâche au sol. Je devrai réellement penser à nettoyer tout ça. Mais pour ce qu’on va y faire aujourd’hui, ce n’est pas le bon jour. De toute façon, tout est déjà prévu. Une de mes tenues de peinture pend sur le côté de ma commode pour Aline, si elle se sent d’essayer de tracer des motifs sur un des t-shirts modèles. Et puis, aujourd’hui n’est censé qu’être un jour de discussion du projet… Rien de trop sérieux.
En parlant du loup, ma sonnette résonne et je me précipite vers le téléphone de l’interphone pour répondre :
« Oui. 3ème étage première porte à gauche ! » Je la renseigne de mon plus bel anglais en appuyant sur le bouton pour ouvrir la porte du bas. Parler allemand c’est un peu une épreuve pour moi possède comme langue maternelle le néerlandais. Et si parler anglais m’est presque venu automatiquement, les leçons d’allemands ont souvent été une épreuve et même si maintenant je le parle couramment j’aime mieux m’exprimer en anglais…Et je sais que ça reposera Aline qui doit elle aussi en avoir pleins les oreilles d’entendre de l’Allemand toute la journée. En raccrochant, je lance un coup d’œil paniquer à l’affreux tableau déprimant encore sur son trépieds et me dépêche de le recouvrir du drap de protection. Espérant que la jeune française ne se pose pas trop de question.
Il fallait avouer que la jeune femme avait été surprise lorsque Daliah avait pris contacte avec elle. Elle avait été tellement surprise que, quand elle en avait parlé à sa soeur, elle avait bafouillé. Chose qu'elle ne faisait jamais. Sauf quand elle parlait Allemand. Parce que, franchement, cette langue n'est pas simple. Trop de vocabulaire avec des consonances bien chiantes à retenir. Mais bon, peu importe, il fallait qu'elle s'y fasse. Astrid l'aidait plus que quiconque et elle en était très reconnaissante. Après tout, c'était sa soeur, alors comment ne pas être reconnaissante de ce qu'elle faisait pour elle. Tout était incroyable pour elle. En arrivant dans cette ville, elle ne pensait pas revoir un ex, puis avoir un projet, quasiment de suite, avec une presque inconnue. Les deux jeunes femmes avaient beaucoup parlé, mais Daliah avait invité Aline pour parler plus concrètement. Ce qui était totalement normal.
La blonde s'était levé vers neuf heures. L'heure la plus lointaine de ses habitudes. Mais bon, ce n'était pas grand chose. Ca faisait du bien de dormir. En général, elle se levait entre six heures et demi et sept heures et demi. On pouvait dire qu'il s'agissait d'une fille du matin. Contrairement à beaucoup d'autres personnes. Lorsqu'elle déjeuna, elle regarda ses commentaires youtube et instagram. Elle avait posté une vidéo deux jours après son arrivée. Et, plus particulièrement, il s'agissait d'un vlog. C'était intéressant de montrer son voyage à ses abonnés. Ils aimaient ça, alors elle leur donnait ce qu'ils appréciaient.
Après un repas tardif, la jeune femme regarda l'heure sur sa montre. Il était temps de se laver les dents, histoire de ne pas puer de la bouche (même si elle n'embrasserait personne cette après midi), et ensuite d'aller à l'appartement de l'artiste. Elle prit le bus pour y aller, n'ayant pas encore de voiture. Puisqu'elle ne pouvait pas transporter sa voiture dans l'avion. Chose plutôt évidente. Elle en achèterait une après un appartement. Elle verrait bien. De toute manière, elle avait le temps.
Aline, arrivant devant la porte d'entrée du bâtiment, alla sonner. Elle entendit une voix sortir de l'interphone et ouvrit la porte pour monter au troisième étage, première porte à gauche. Par politesse, bien entendu, elle toqua, attendant que la jeune femme vienne lui ouvrir. Lorsque ce fut le cas, la youtubeuse sourie grandement. "Daliah ? Enchanté !"
Elle lui tendit la main.
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Re: Un projet, une amitié ?
Mer 7 Aoû 2019 - 20:14
Un projet, une amitié ?
Alors que je fignole les derniers détails de mon appartement (c'est à dire ranger un peu de la vaisselle qui traîne dans les coins, cacher l'affreux tableau déprimant qui aurait fait fuir la blonde) Aline a le temps de monter les 3 étages qui nous séparent et je l'entend rapidement toquer à la porte. Je fais mon possible pour éviter qu'elle n'attende pas trop, annonçant ma venue par un « j'arrive » pressé alors que je me précipite vers la porte que j'ouvre, la peur me tétanisant et me donnant la force de lui sourire. Ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de travailler avec quelqu'un d'aussi influent et j'espère que tout va bien se dérouler... Je sais que le stress peut me rendre brouillonne et me retirer mon inspiration alors j'appréhende un peu notre séance de brainstorming. Elle me salue, très poli, le sourire au lèvre. C'est une jolie femme, de grands yeux bleus viennent éclairer son visage blond sur lequel je peux facilement lire l'innocence de la jeunesse et de l'ambition. Personne n'aurait pu deviner qu'elle portait déjà une sorte d'entreprise sur ces frôles épaules. Pourtant Aline était talentueuse, suivie et écoutée... Cette rencontre allait déterminé une partie de mon succès dans les prochains mois et maintenant qu'elle se tient en face de moi je le découvre avec stupeur.
« De même. Tu n'as pas trop galéré à trouver ? » Je demande, un peu pour meubler la conversation le temps qu'elle retire sa veste et qu'elle se mette à l'aise. Je ferme la porte derrière elle et la dirige d'un coup de main distrait vers le bar en face de la cuisine. Mes affaires sont un peu éparpillées dessus ; crayons, pinceaux, peintures diverses et variées, papiers de toute sorte et différents types de tissus peuplent ce petit espace et je libère un peu d'espace d'un coup de bras en souriant : « Je te sers quelque chose ? Un café? Il me reste aussi des bières et du soda si tu veux... Ou du jus de fruit... »
Je n'aime pas trop ce moment où je ne sais que proposer pour satisfaire la personne en face de moi pour qu'elle soit propice à travailler. Surtout que je n'ai pas l'habitude de rencontrer des gens comme Aline et je n'ai aucune idée du genre de chose qu'elle boit. D'habitude, je propose sans problème un petit verre de vin blanc ou bien un verre de coca selon mon public. Mais là, c'est un long voyage en terre inconnue et je ne sais pas vraiment où poser mes pieds pour ne pas sombrer. Alors que je me tourne vers le placard pour sortir un verre ou une tasse selon son choix, je reprend la parole : « Tu es à Hambourg depuis longtemps ? »
Aline était une jeune femme très polie, très terre à terre, aussi. C'était une belle jeune femme qui s'épanouissait dans son travail. Parce que, oui, youtube était un travail à part entière. Elle faisait une vidéo par semaine, parfois deux. En réalité, elle avait deux chaînes, une pour ses vidéos principales, et une autre pour ses vlogs, comme ça, ses abonnés ne se perdaient pas trop. Du moins c'est ce qu'elle aimait à croire. Alors elle continuait de distinguer ces différentes vidéos. Bientôt, du moins quand elle et Daliah auraient mis leur projet sur pied, elle ferait une vidéo "Projet", où elle raconterait comment elle en était venue à penser à ce projet, comment elles ont fait etc...peut être même qu'elle pourrait inviter la jeune femme dans sa vidéo. Enfin, ce n'était pas le sujet pour le moment, Aline avait le temps de bien réfléchir.
"Non franchement ça va !" répondit-elle en souriant.
La youtubeuse suivie sa future amie (peut être ?) dans la cuisine, au bar, plus précisément. Elle s'y installa, regardant son hôte débarrasser un peu ce qu'il y avait dessus. Elle écouta la jeune femme lui demander ce qu'elle voulait à boire. Elle se voyait mal lui demander un café, puisqu'elle n'aimait pas ça, alors elle opta pour un soda, la remerciant par la même occasion.
"Un soda, merci."
Toujours avec le sourire, bien entendu. Elle attendit que la brune lui donne son verre avant de la remercier encore une fois. Cela pouvait paraître un peu chiant pour certains, elle le savait, on lui avait déjà dit. "Mais arrête de me remercier voyons, c'est normal." ou "Tu me remercie trop.". Mais elle était comme ça. C'était Aline tout craché. Après tout, elle était simplement polie.
"Non pas du tout. Je viens d'arriver. Enfin je suis arrivée il y a environ deux semaines ? Je cherche un petit appartement pour avoir mon intimité. Enfin là n'est pas le sujet. Tu es ici depuis longtemps, toi ?"
Elle lui retourna la question.
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Re: Un projet, une amitié ?
Ven 16 Aoû 2019 - 23:02
Un projet, une amitié ?
Je suis soulagée quand Aline me fait savoir qu’elle n’a pas galéré à trouver mon appartement, même si c’était en grande partie pour meubler la conversation, je connais le désespoir d’être perdue dans une ville inconnue avec un rendez-vous fixé à une date précise. Tourner en ronds, souffler, lever les yeux aux ciels… Relire 5 fois la carte avant de réaliser qu’on la tient à l’envers… J’ai trop de fois été victime de ce genre d’erreurs pour les souhaiter à quiconque. Elle retire sa veste et je la dépose nonchalamment sur le canapé pour la débarrasser.
Immédiatement, je la dirige vers le bar car je m’y sens plus à l’aise pour travailler. D’ailleurs, mes crayons et croquis abandonnés de ma dernière séance de dessin en témoignent. Je me hais quelques secondes, le temps de tout pousser d’un revers de manche et de me dire que je ne fais pas sérieuse et que je suis désordonnée, avant de lui proposer quelques choses à boire. Ma voix est hésitante, bien sûr, alors que je réfléchis à ce que je peux lui proposer. Espérant qu’elle ne fait pas parti de ces gens qui boivent de l’eau où l’on a fait infusé pendant quelques heures des légumes, des concombres ou pire : des pétales de rose.
Mais Aline a tout d’une fille ordinaire et si le stress me tenaillait les entrailles quand elle a passé la porte de mon salon, je ne ressens plus autant de pressions maintenant que sa voix a raisonné entre ses quatre murs et qu’elle m’a demandé un soda. C’est assez étrange comment l’on peut s’emprisonner et mettre des gens dans les cases avant même d’avoir échanger avec eux. La suivre sur les réseaux sociaux ne m’a sûrement pas aidé puisque, comme moi avec mes peintures, elle ne montre que la partie de ses sentiments et de sa vie qu’elle désire montrer à ses abonnés. Ou plutôt, elle leur montre ce qu’ils veulent voir comme je le fais parfois en tant qu’artiste. Mes pensées retrouvent l’horrible peinture, vendue ce matin. Je déteste cette partie de moi, cette partie sombre et en manque de lumière qui fait penser à des vieux tableaux du XVe siècle persécuté par l’Eglise Catholique et sans talents. C’est ça d’être une personnalité publique au final. Se plier aux exigences de son public… Et plus je descend cette pente, plus je me demande si je serais capable d’abandonner ma liberté d’artiste pour la notoriété.
Je me détourne de cette sombre réflexion en attrapant un verre et en le posant sur le bar en face d’elle. Je profite des quelques secondes que la convenance m’offre pour mieux observer son visage et son attitude. Oui, décidément, Aline est une jeune femme qui derrière ses grands yeux bleus doit bien cacher des choses à son public. Alors que je me baisse pour attraper un soda dans le placard coulissant, je me surprend à plaisanter sur les sombres secrets qu’elle porte comme je le fais avec Anthéa depuis notre rupture. Mais je ne trouve rien, à part la bouteille de soda que je sors du placard pour qu’elle rejoigne le verre. De nouveau ; mais pas pour meubler, par curiosité cette fois, je reprends la parole pour lui demander si cela fait longtemps qu’elle est à Hambourg. J’en profite pour me servir un verre de grenadine, mon péché mignon, en prenant place en face de la blonde. Elle me répond que non et qu’elle n’est là que depuis deux semaines, le stress retombe complètement alors que je m’exclame :
« Bienvenue au club ! Je suis là depuis quoi… Un mois, non. Peut-être deux et demi. »
Je vois défiler devant mes yeux les expériences que j’ai vécu depuis mon arrivée et les jours et les chiffres se perdent dans ces évènements. Tout ce que je sais, c’est que je suis une exilée sur le territoire allemand. Un peu perdue, ne trouvant pas encore facilement mes marques comme l’atteste notre discussion en anglais qui m’apporte plus de joie et de soulagement qu’autres choses. Discuter sans utiliser la langue de Goethe est plus reposant qu’on ne peut l’imaginer quand on vit en l’Allemagne… « Tu cherches un appartement ? J’ai trouvé facilement le mien. De toute façon, je n’avais pas trop le choix… Je devais en trouver un assez grand pour peindre. Abandonner mon entrepôt à Copenhague a été déjà assez dur comme ça alors je voulais pouvoir peindre de chez moi… »
Ca y est. Je ne m’arrête plus et je sens la honte me chatouiller l’estomac. Je ne sais jamais m’arrêter quand je commence à discuter avec quelqu’un. Une partie de moi me pousse à continuer car il n’y a rien de plus désagréable qu’une histoire incomplète mais l’autre me hurle de me taire car je parle trop. Une fois n’est pas coutume, la première l’emporte et je m’autorise à une phrase de plus :
« Enfin, il s’est libéré au moment où je suis arrivée. Le destin je suppose. » Ma phrase est suivie d’un rire presque amer alors que je repense aux raisons de ma venue ici. Anthéa. Et je me sens idiote d’avoir basée l’abandon de toute une vie pour elle. Alors qu’on ne sera probablement plus jamais dans le même lit, dans les bras l’une de l’autre… Mon cœur se serre et j’essaye de cacher mon trouble derrière une gorgée de grenadine. « Bon, en tout cas, ne t’inquiète pas. Tu vas te plaire ici. Il y a de quoi sortir, de quoi s’amuser, des animations… Et puis la ville est magnifique ! »
Aline connaissait très bien ce sentiment d'être complètement perdue dans une ville. Elle avait eut du mal à prendre se marques durant ses deux semaines, mais elle avait réussi à trouver l'appartement assez facilement, aussi surprenant soit-il. Elle avait déjà dû demander son chemin à un jeune homme, Swann, pour visiter un appartement dans je ne sais plus quel quartier. Mais si ce quartier n'était plus dans sa mémoire, c'est qu'il n'était pas si important que ça. Non, en tout cas, elle cherchait un appartement dans Eimsbüttel et Altona. Elle n'avait pas encore eut de visites, mais elle était contente, presque certaine que, bientôt, elle trouverait son petit cocon douiller.
On pouvait dire que la jeune blonde était une fille ordinaire. Elle n'avait rien de bien différent des autres filles, à part peut être ses tatouages et sa chaîne youtube. Mais encore, là, c'était presque banal. Il y avait de plus en plus de filles qui avaient une chaîne youtube. De beauté, généralement. Mais non, pas elle, elle faisait du lifestyle. C'est à dire qu'elle donnait des conseils pour s'habiller, se coiffer, pas se maquiller parce que ce n'était pas franchement son truc. Des conseils pour comment se foutre de l'avis des gens, son ressentis, ses petites aventures. Elle avait d'ailleurs une chaîne de vlog, justement, pour ça.
Aline attendit que son verre soit rempli pour dire merci à la belle brune. Elle était polie, mais elle n'aimait pas dire merci trente milles fois en une minute. Alors elle lui dit lorsqu'elle remplie son verre. Elle était assez détendue, pas trop stressée, pas trop de pression sur ses épaules. Mais elle avait toujours cette petite crainte, celle qui fait qu'on ne sait pas si ça va coller entre nous et une personne. Alors elle se détend à chaque fois que Daliah ouvre la bouche.
"Ah oui, ça ne fait pas longtemps."
La youtubeuse se sentait moins seule, un peu soulagée de ne pas être la seule à être là depuis quelques semaines. Elle pourrait faire des choses avec l'artiste, peut être ? En dehors de leur petit projet, je veux dire. Un projet pour lequel la blonde était très excitée, elle avait hâte de commencer.
"Oui, je cherche. Plus particulièrement dans Altona et Eimsbüttel. Ce sont de beaux quartiers, apparemment. C'est ma soeur qui me les a conseillé. Du coup, les visites devraient commencer très rapidement."
Elle aussi, était du genre à blablater. Elle pouvait commencer à beaucoup parler si on lui en donnait l'occasion. Parfois parce qu'elle stressée, parfois parce qu'elle se sentait tout simplement en confiance. Bien que sa confiance en elle avait largement baissé depuis la rupture avec son ex fiancé. Enfin, ne pensons pas à ça.
"Je n'en doute pas ! J'ai hâte de commencer ma nouvelle vie ici. Même si, quelque part, elle a déjà commencé."
by FRIMELDA
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Re: Un projet, une amitié ?
Dim 18 Aoû 2019 - 22:29
Un projet, une amitié ?
Aline me remercie quand je dépose devant elle son verre que je remplis, je lui souris pour lui faire comprendre que ce n’est rien avant de me servir un verre à mon tour. C’est agréable de voir que la communication passe bien, qu’on ne se force pas pour faire la conversation et qu’elle a déjà l’air d’être bien ici. D’ailleurs, on se ressemble un peu toutes les deux. Perdue au cœur d’une ville qu’on ne connait pas, ici pour des gens qu’on aime et qui vivent ici. Bon… Moi, je suis ici pour mon ancienne petite amie et elle est là pour sa sœur. C’est sûr que ce n’est pas la même motivation, mais j’ai l’impression qu’elle passe par les mêmes phases que j’ai connu il y a à peine quelques semaines.
Je lui demande si elle cherche un appartement ; je suis assez curieuse de savoir si elle reste ici, après tout, ce n’est pas commun de quitter un aussi joli pays que la France pour s’installer en Allemagne. Elle me répond avec enthousiasme, me racontant ce qu’elle va vivre dans les prochains jours et j’espère qu’elle ne le fait pas par politesse alors qu’elle me sourit. La grenadine me chatouille la langue et je repose vite mon verre pour l’observer, elle a l’air heureuse de sa situation. Je n’ose pas lui demander la cause de son déménagement… Il y a peu de chance qu’elle soit ici pour des raisons aussi douloureuses que les miennes mais on ne sait jamais ce que les gens ont vécu. Alors je me tais et je l’écoute attentivement quand elle parle des quartiers à privilégier :
« Je t’avoue que je suis arrivée ici sans connaître rien à la ville… Niveau quartier, tu fais bien d’écouter ta sœur. Par contre si tu veux des bonnes adresses pour boire un verre, je suis là. »
Je laisse échapper un éclat de rire en reprenant de la grenadine, je ne devrai peut être pas me vanter de ma connaissance des bars et des endroits où l’on fait la fête dans Hambourg… Mais bon, j’ai le sentiment qu’avec Aline je peux me le permettre. Elle a dans le regard un air de gentillesse qu’on ne peut ignorer si on y prête assez attention.
« Je comprends. » Ma réponse semble peut être plate, mais je comprends vraiment ce besoin de commencer une nouvelle vie dans un endroit qu’on ne connait pas. « Habiter chez soi, c’est vraiment une reconstruction de repères et le commencement d’une nouvelle vie. »
Je souris en jetant un œil à l’horloge qui indique qu’on discute déjà depuis un bon quart d’heure. Très posée, je me lève pour sortir de mon placard quelques biscuits à grignoter avant de reprendre la parole : « Je vais chercher mon cahier de croquis, je reviens dans 5 secondes. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Me voilà dans ma chambre, baissée sous mon bureau pour attraper le petit carnet noir sur lequel nous allions gribouiller en cette fin d’après-midi. En un éclair, je suis revenu et je suis de nouveau assise au bar. J’attrape un des stylos que j’ai poussé négligemment tout à l’heure et m’installe confortablement :
« En tout cas, j’aimerai que tu saches que je suis vraiment contente de faire ce projet avec toi. C’est un peu aussi un nouveau départ pour moi et il y a pas beaucoup de gens qui cherchent à travailler avec moi ici. »
En effet, les deux jeunes femmes se ressemblaient légèrement. Elles avaient quelques points communs et passaient par les mêmes épreuves. Dont celle de trouver un appartement qui leur convenait. Bien que Daliah avait déjà trouvé et que la blonde était en plein dans ses recherches. Elle était également là pour une personne qu'elle aimait. Sa soeur. Elle tenait à elle plus que tout et, quand elle avait rompu avec son ex fiancé, Aline avait tout de suite pensé que ce serait la meilleure chose à faire, même si ça la faisait s'éloigner de ses parents. Elle serait très bien à Hambourg. Après, il fallait qu'elle sorte un peu de son cocon, proche de papa et maman. De toute manière, elle les appelait dès qu'elle le pouvait.
La France est un beau pays, ça, c'était certain. Mais il fallait qu'elle change d'air, qu'elle prenne du recul et qu'elle se fasse une nouvelle vie un peu différente de son ancienne. Mais elle avait une chance : elle était polyglotte, ce qui était plutôt pas mal pour vivre dans un pays étranger.
"C'est pratique d'avoir de la famille ou des connaissances qui vivent ici. Elles nous aident en ce qui concerne les environs. Elles savent ce qui est bien et moins bien."
Elle pouvait se venter, ce n'était pas une mauvaise chose, il fallait avoir s'amuser. Faire attention, évidemment, mais on pouvait s'amuser, ce n'était pas un crime, alors la jeune femme sourie à l'artiste. Aline regarde celle-ci sortir des biscuits avant qu'elle ne lui dise qu'elle allait chercher son carnet de croquis.
"Bien sûr, je ne bouge pas."
Elle lui sourie. Elle était plutôt confiante avec la brune, parce qu'elles s'entendaient déjà bien. Même si elles ne se connaissaient que très peu, avouons le.
"Je suis contente aussi. D'autant plus que le courant passe bien."
by FRIMELDA
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Re: Un projet, une amitié ?
Dim 15 Sep 2019 - 13:22
Un projet, une amitié ?
L’arrivée dans une ville inconnue, Daliah connaît mais elle est loin d’imaginer à quel point son expérience et celle de la blonde sont similaires, toutes les deux ici à cause d’un amour malheureux. C’est en parti pour ça que Daliah n’arrête pas de bouger et de combler le silence, pour éviter que la raison de son arrivée ici soit mis sur la table. Alors la brune sourit, plaisante, fait peur à la blonde de ses problèmes quand elle a posé ses valises ici… Tout pour se distraire elle-même de la véritable raison de sa présence ici.
Aline est sympathique, on ne pourrait pas deviner la moindre étincelle de malice derrière ses grands yeux bleus et ça rassure Daliah qui n’aurait pas trouvé le courage de faire face à un premier échec professionnel à Hambourg. La brune est rassurée que l’ambiance soit si détendue, qu’elles plaisantent et s’apprécient mutuellement. Ce rendez-vous professionnel a le goût du début d’une nouvelle amitié et rien ne pourrait plus ravir Daliah qui redécouvre avec joie les émotions ressentis lors d’une première rencontre.
Mais le temps passe vite, un peu trop vite d’ailleurs, et la brune après un rapide coup d’œil sur sa montre décide qu’il est temps de se mettre au travail. Elle se lève alors, dépose des gâteaux sur la table pour pouvoir grignoter pendant la session et informe Aline qu’elle va chercher le matériel pour qu’elles travaillent. Alors qu’elle se baisse pour attraper son carnet, Daliah laisse son esprit divaguer sur les choses qu’elles pourraient créer toutes les deux. Bien sûr, les dessins restent l’option qu’elles allaient explorer ensemble mais la brune ne peut s’empêcher de penser à toutes les options qui s’étalent devant elle : la poterie, elle aimerait bien faire de la poterie dans un projet avec la blonde…Pourquoi pas des bijoux ?
La brune cherche à se reconcentrer sur la blonde quand elle rentre dans la pièce avant de poser son carnet un peu trop brutalement sur la table. Elle sourit avec malice à la blonde avant de retrouver sa place et de goûter sa grenadine. Elle est heureuse d’entendre que la blonde trouve que le courant passe bien.
« Moi aussi, je sais qu’on va faire de grandes choses toutes les deux. » Sourit t’elle en ouvrant son carnet et en utilisant son feutre noir fin pour écrire le titre de la page du jour.
« J’avais une idée, mais tu peux me dire si ça ne te plaît pas. » Dit la brune, en commençant à écrire les mots qu’elle pense pourrait intéresser la blonde dans la construction de leur projet. « Je sais que ta chaîne est très reliée à tes voyages, à ta façon de vivre mais aussi à ta façon de te présenter au monde. » Elle relie les quelques bulles qu’elle vient de dessiner entre elles et écrient les quelques idées qui lui ont traversé l’esprit quand elle a appris sa collaboration avec la blonde. « Je pensais qu’on pourrait travailler ensemble sur quelque chose de matériel. Peut être des posters, des dessins de tes voyages … Mais je penchais plus pour qu’on dessine ensemble des vêtements qui te corresponde et que tu puisses commercialiser. J’ai des amis dans la mode à Hambourg et ils accepteront sûrement de me prêter leurs ateliers. »
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