Why do you care ? [Robain]

I can't escape this hell...
So many times I've tried, but I'm still caged inside...
Somebody get me through this nightmare...
Help me believe it's not the real me...

Cela faisait plusieurs jours maintenant que Lorna était couchée dans un lit d'hôpital à attendre de guérir et se rétablir. Son corps était encore traumatisé par l'incendie qui avait manqué l'emporter, mais surtout par les multiples et puissants coups qu'elle avait reçu par son patron afin de la rendre plus docile et conciliante quant à son viol à venir...
Il avait déjà levé la main sur elle par le passé, mais jamais à ce point. Il l'avait battu avec une telle force que son corps était aujourd'hui couvert de bleus et avait quelques os brisés au niveau des côtes. Son visage était gonflé et sa pommette fendue... Sa lèvre et son arcade tuméfiées... Mais le pire était pour elle de voir les marques de griffures ou encore de morsures sur sa peau... Ces traces là, ce n'était pas son geôlier qui les lui avait faites mais l'homme à qui il l'avait livré ensuite...
Elle n'avait pas souvenir du moment passé avec lui, pourtant elle avait toutes les évidences sur elle. Elle avait déjà été vendue au plus offrant dans cet établissement, mais en général même si elle se droguait pour rendre les choses plus faciles, elle gardait conscience. Là, ce qu'on l'avait forcé à ingurgiter était tellement fort que ça l'avait importé en un rien de temps dans un trou noir duquel elle n'était sortie que bien plus tard. Elle s'était réveillée dans le coin de la chambre en proie à un incendie dévastateur, sans la moindre idée de ce qu'on lui avait fait...
Elle portait sur elle les preuves sans les souvenirs et ça la rendait malade...

Par ailleurs, le fait qu'elle avait été sévèrement droguée avait également rendu les soins à l'hôpital délicats et avait retardé sa prise en charge totale... Il avait fallu que la substance quitte son sang ce qui avait prit un bout de temps.
A présent, bien que toujours avec l'impression d'être passée dans un rouleau compresseur, Lorna se sentait un peu mieux. La morphine l'aidait bien sûr, mais c'était pas si mal d'être ici. Elle avait un lit, des sanitaires propres, elle se sentait en sécurité et on la nourrissait, ce qui pour le moment était déjà beaucoup.
Elle aviserait ensuite. Car à vrai dire, elle ne savait pas trop ce qu'il adviendrait d'elle une fois qu'elle sortirait d'ici. Le peu qu'elle avait, avait brûlé... Elle n'avait plus rien. Plus nulle par où aller ou ni même à porter.
Elle pourrait bien sûr toujours retourner dans sa famille adoptive à Hanovre, mais rien que cette pensée lui vrilla l'estomac. Hors de question... Ils l'accueilleraient sans doute à bras ouverts mais elle entendant déjà d'ici les reproches pour avoir quitté la maison à 16 ans après avoir réclamé son émancipation ou pour avoir choisi un métier comme le sien...
Meneuse de revue dans les cabarets ? C'était vulgaire et indécent ! Indigne du nom des von Rosen. Elle serait une fois de plus le vilain petit canard de la famille et elle n'avait clairement pas besoin de ça. Elle se débrouillerait. Comme elle le faisait depuis déjà presque 10 ans...

Même si depuis qu'elle avait atterrit à l'Oiseau de Nuit, les choses n'avaient fait qu'empirer pour elle. Elle avait pensé toucher son rêve en signant ce contrat lui proposant d'en être la vedette, mais elle s'était directement précipitée dans un véritable cauchemar...
L'Oiseau de Nuit, cabaret ultra réputé de Hambourg avait été sa maison et son enfer durant trois ans. Elle en était la star. Elle y chantait et y dansait chaque soir, embrassant son rêve de se produire un jour dans les plus grands shows de revue du monde, mais dès que le rideau retombait, dès que les lumières de la scène s'éteignaient, une toute autre sorte de show commençait...
La prostitution avait beau être chose légale à Hambourg, là bas elle ne l'était clairement pas... Pourtant le propriétaire de l'établissement ne s'était pas privé en flairant le filon. D'abord il n'avait été question que de quelques danses privées pour quelques chanceux moyennant finances, mais très vite les choses avait dégénéré et Lorna s'était retrouvée au cœur de tout ça... Sa première raclé avait d'ailleurs été pour s'être rebellée contre ça... Il avait fallu la faire plier...
L'incendie avait détruit les lieux et par chance pour ce sale type, il ne restait plus une preuve de ses activités douteuses risquant de le faire condamner suite à l'enquête de police sur son affaire et les raisons de l'incendie.
Plus une, sauf Lorna, les quelques autres filles qu'il prostituait ayant malheureusement péries dans les flammes...

Il était assez tard et l'hôpital se vidait de ses visiteurs. L'infirmière venait de récupérer le plateau repas de la jeune femme et de s'assurer qu'elle ne manquait de rien pour la nuit, avant de quitter sa chambre. Lorna en profita pour se lever et aller lentement à la salle de bain prendre sa douche et se brosser les dents. C'était encore compliqué pour elle de se déplacer et elle du plaquer sa main contre ses côtes afin d'en contenir les élancements de douleur qui la saisissaient à chaque pas qu'elle faisait, mais elle était déjà heureuse d'être capable de marcher à nouveau.  
Avec une grimace, elle prit appui sur l'évier et détailla un instant les marques et les couleurs qui maculaient son visage avant de soupirer. Jusqu'à ce soir elle s'était abstenue de regarder les dégâts et elle aurait peut-être du continuer ainsi encore quelques temps... Ce sale con ne l'avait pas raté et encore, elle avait dégonflé depuis qu'elle avait été amenée ici...

Épuisée de s'être agitée dans son état et légèrement groggie par les médicaments que lui envoyaient sa perfusion, Lorna s'aida du mur et retourna dans son lit, d'où elle alluma la télé histoire d'avoir un petit fond sonore jusqu'à s'endormir.
Elle voulait regarder un film qui la détendrait, mais elle tomba sur les informations qui étaient justement en train de parler de l'Oiseau de Nuit, ce "merveilleux endroit qui avait brûlé". Selon la journaliste, c'était une atrocité et une grande perte pour le monde du spectacle.

- Pfff ouais tu parles... s'empressa-t-elle de zapper.
- Oh tu me blesses, Riley !

La jeune femme sursauta au son de cette voix beaucoup trop familière qui lui hérissa les poils... Son sang ne fit qu'un tour et elle tourna un regard paniqué vers la porte de sa chambre au milieu de laquelle se tenait son ancien employeur.
Paniquée, elle tenta maladroitement de saisir à toute vitesse sa commande afin d'appeler quelqu'un au secours, mais l'homme ne lui en laissa pas l'opportunité. Il se rua sur elle comme un possédé et la lui arracha avant de plaquer sa main sur sa bouche blessée avec bien plus de force que nécessaire, lui bloquant à moitié le souffle.

- Hmmm !

Elle tenta de le mordre, de le faire lâcher prise tout en glissant ses doigts écorchés sous les siens qui l'entravaient, mais elle était encore trop faible et lui était un homme d'une carrure imposante. Autant chercher à pousser du granite...

- Ecoute-moi bien sale garce, les flics vont venir t'interroger sur ton état et sur le cabaret ! T'as pas intérêt à dire un mot tu m'entends ?! Sinon tu le paieras cher !

Si elle n'avait pas eu aussi peur et aussi mal, elle aurait sûrement rit jaune... Parce qu'elle n'avait pas payé assez cher déjà peut-être ?! Il avait vu dans quel état elle était par sa faute ?! Il l'avait même laissée pour morte, espérant sans doute que comme les autres, le feu l'emporterait et le libérerait de tout soucis ! Comme il était commode cet incendie d'ailleurs, hein ?!
Le regard tétanisé et pourtant combatif, elle se débattait sur le lit avant de parvenir finalement à repousser sa main :

- Vas te faire foutre ! T'as plus rien pour me tenir !
- J'ai toujours ton contrat ma belle ! Alors dès que l'assurance m'aura remboursé et que l'Oiseau de Nuit sera à nouveau comme neuf, tu ramèneras ton joli cul au cabaret t'as pigé ?!  
- Non ! Je t'ai dit que je ne voulais plus fai... Aïe lâche-moi !
- Je t'y traînerai de force si il le faut !

Il empoigna son bras et la secoua, déterminé à la faire taire. Mais visiblement, il semblait comprendre que cette fois il n'obtiendrait pas son silence et perdit la patience qu'il n'avait déjà pas en temps normal. La gifle partit...
Lorna rebondit contre son oreiller sous l'enclume qui la sonna et sentit un liquide chaud et poisseux couler de son nez jusqu'à ses lèvres... Etant donné l'état dans lequel elle se trouvait après l'avoir affronté comme une lionne, elle se demandait ce qu'il allait rester d'elle, là qu'elle était incapable de bouger...