Maxim * Un divorce heureux vaut mieux qu'un mariage désastreux.

Ce midi, la demoiselle se presse de quitter la Bucerius Law School alors qu'elle est attendue pour le déjeuner par rien de moins qu'une cliente qu'elle doit défendre dans un divorce houleux avec un époux peu scrupuleux. Autant dire que pour une débutante le challenge est grand, mais la demoiselle prend cette affaire très au sérieux évidemment, comme cette femme compte sur elle pour la sortir de ce mauvais pas. Pourtant, elle a peur de se planter. Cette femme a fait appel à elle parce qu'elle est moins chère qu'un avocat diplômé. Mais c'est sa toute première affaire. Et Lisa est intimidée, parce que si elle a travaillé dans de très bons cabinets, si elle a travaillé et apprit beaucoup au contact des meilleurs, il n'en reste pas moins qu'elle n'a encore jamais fait ses preuves jusqu'ici. Qu'elle n'a jamais plaidé devant une cour, même si elle espère encore qu'ils pourront régler cela sans audience. Trouver un arrangement à l'amiable. Mais l'époux fait traîner le tout en longueur. Non contente d'avoir trompé sa femme il faut en plus que cette ordure essaie d'asseoir sa position de mâle dominant. Une horreur.

Elle arrive sur le parking du zum storchennest, un restaurant agréable au décors typiquement nordique, du côté de Finkenwerder. La jeune femme attrape son téléphone et son sac à main, verrouillant son véhicule avant de rejoindre le restaurant dans lequel elles ont convenu de se retrouver dans leurs journées chargées pour pouvoir discuter un peu de l'avancée de l'affaire et du comportement de monsieur Vogt. Elle entre, annonçant inutilement une réservation au nom d'Hampton, alors qu'elle est connue du personnel par ici, n'en étant pas à sa première visite. On la conduit à une table pour deux et la jeune femme s'installe, posant un bloc note à ses côtés au besoin, en attendant l'arrivée de Madame Schuylers.

Comme son téléphone sonne, l'étudiante décroche en attendant sa cliente. L'appel dure, un peu. Lisa adresse un sourire et un petit signe de la main à la nouvelle venue, lorsque la quadragénaire la rejoint et prend place face à elle. L'étudiante essaie de prendre congés, tant bien que mal. Et finalement, elle peut raccrocher, adressant un nouveau sourire à Maxim, alors, pour la saluer bien plus chaleureusement.

«- Bonjour ! Je suis désolé, j'ai bien cru que je ne pourrais jamais raccrocher ! Vous allez bien ?»

Lisa doit faire ses preuves dans ce divorce, elle le sait, elle a la pression. Elle ne doit pas commettre d'impair, c'est sa toute première affaire. Elle doit faire ses preuves, montrer que son statut de première de la classe est mérité, que les appréciations de ses maîtres de stages ne sont pas du vent. La jeune femme a quelque chose a prouver oui. A elle-même tout d'abord et aux autres, aussi. Au cas où, un jour, l'on apprenne qu'elle est en couple avec un nom prestigieux du barreau. Au cas où un jour, on découvre qu'elle sort avec un de ses anciens maître de stage. Elle doit faire ses preuves, pour ne pas se laisser démonter quand on l'accusera, peut-être, d'avoir obtenu ses appréciations non pas pour son travail mais par des procédés moins honorables. Alors elle doit à tout prix faire gagner Madame Schuylers dans sa procédure. D'autant plus que cette femme compte sur elle. Et quelque part, la jeune femme veut aussi prouver à Benett qu'il l'a bien formée, qu'il a eut raison de croire en elle, de lui faire confiance, de l'emmener au tribunal, dès le début. Ce qu'il n'avait pas fait pour d'autres stagiaires.

«- Ce n'était pas ma mère.» précise la jeune femme. «Si cela avait été elle, j'aurais put sans mal lui dire que je travaille.»

Mais non, c'était lié au patinage, en fait. Peu importe. La serveuse ramène un verre de vin pour Maxim et le kir royal demandé par Lisa avant de prendre leurs commandes. Lisa a à peine jeté un regard à la carte. Mais elle connaît celle-ci, elle connaît bien les lieux. Alors elle demande un saumon Gravlax, accompagné d'un gratin de pommes de terre Janssons frestelse. Elle prendra un gâteau Tosca pour le dessert comme d'habitude, elle le sait déjà. La serveuse disparue, la cliente récupère toute son attention.

«- Non, elle ne peut pas l'exiger, votre bague de fiançailles et votre alliance vous appartiennent, elle n'a aucun droit de les demander et lui ne peut pas non plus vous les demander.» assure la demoiselle. «Nous allons naturellement demander une pension pour vos enfants, jusqu'à l'indépendance de ces derniers, non plus leur majorité, si cela vous convient ?» demande la jeune femme comme on apporte leurs plats. «Bon... de ce que vous me dîtes, essayer de faire témoigner la maîtresse risque d'être compliqué ?» elle fronce les sourcils.

Les divorces, c'est loin d'être ce qu'il y a de plus marrant dans le boulot d'un avocat et parfois même, certains avocats ont moins de considérations pour leurs confrères aux affaires familiales. Parce que les divorces pour certains, ce n'est pas intéressant, pas assez bien pour se faire vraiment un nom dans la profession. Mais c'est la voix que la demoiselle a choisit de suivre et celle dans laquelle elle a choisit de s'illustrer. Même si une brillante carrière d'avocate d'affaire lui aurait probablement parfaitement tendu les bras. Les divorces, c'est ce qu'elle veut faire aujourd'hui, la branche dans laquelle elle exerce. Et elle a à cœur, alors, de défendre la quadragénaire qui lui fait face, dans le procès contre son mari.

«- De toute façon pour la garde, au vu de l'âge de votre fille, le tribunal ou le juge, selon qu'il y ait audience ou pas, laissera la parole à votre fille et prendra en considération l'avis de celle-ci.»

Lisa questionne, alors qu'on apporte leurs plats. Elle travaille, cogite, cherche une solution pour sa cliente. Elle aurait voulu pousser la maîtresse à parler mais cela semble assez difficile à faire, de ce que vient de lui dire Madame Schuylers. Pourtant, Lisa compte bien essayer malgré tout, elle verra bien ce que cela donne, si elle trouve les bons arguments. Elle doit bien avoir dans sa manche une ou deux cartes à jouer contre cette demoiselle.

«- Non non ne vous en faites pas, nous allons trouver, je suis en train d'éplucher les relevés bancaires que vous m'avez donnés, je vais bien finir par faire parler quelques hôteliers, qui sont autant de témoignages de sa culpabilité ! Mais le témoignage de la maîtresse serait une carte de plus et qui pèse lourd dans la balance. J'essaierai tout de même de la rencontrer et voir s'il y a quelque chose à en tirer !» assure la jeune femme. «Comment vos enfants vivent ils les choses ?»

Alors que Lisa voudrait parler à la maîtresse de l'époux de sa cliente, cette dernière parle de le faire et de ses capacités de persuasion mais cette éventualité alarme immédiatement l'avocate alors qu'elle redoute de ne pas avoir la main sur cette affaire. Non, Lisa ne peut pas laisser Madame Schuylers rencontrer directement l'amante de son mari ce n'est pas possible. Lisa a besoin de contrôler la situation. Avec les techniques que Benett lui a apprise, et d'autres au cours de sa scolarité, la jeune femme espère bien pouvoir faire parler la jeune femme à l'origine de ce divorce. Mais envoyer Maxim lui parler n'est vraiment pas une bonne idée.

«- Surtout pas, vous devez limiter vos rencontres avec votre époux et avec cette femme en particulier. Si vous alliez la voir et que la tentative échouait, elle pourrait toujours plaider devant la cour que vous avez tenté de l'intimider. Si je la questionne moi-même, ce ne sera qu'une enquête de routine dans le cadre de mes fonctions et elle ne pourra rien dire. Il est très important Madame que vous reteniez bien cela et que vous restiez maîtresse de vos émotions fasse à eux. Je sais que ce n'est pas quelque chose de facile mai vous devez vous y efforcer afin de conserver la garde de votre fille.» assure Lisa. «Je la rencontrerai donc moi-même.» poursuit-elle d'un ton sans appel.

Mais rapidement, c'est des enfants que Lisa s'inquiète justement comme elle sait que sa cliente en a deux. C'est pour eux, pour les enfants, que Lisa a voulu se spécialiser dans les divorces alors qu'elle ne sait que trop bien comme ces derniers sont douloureux. Elle veut les préserver Lisa, faire prononcer un divorce qui ne doit pas forcément satisfaisant pour les parents mais qui prenne en compte les désirs et le bien être des enfants. Elle milite pour cela Lisa. Pour le droit à la parole des enfants dès le plus jeune âge sur le souhaits de leur placement. Pour que l'enfant soit remis au centre du divorce et que ses seuls intérêts priment sur tout le reste. Dans un monde utopique, les enfants ne souffriraient pas tant des divorces de leurs parents.

«- Je comprends c'est normal qu'ils le soient. Et c'est normal naturellement, comme vous le dite, que vos enfants restent très attachés à leur papa surtout s'il prend soin d'eux comme vous le dîtes.» répond Lisa en terminant son assiette.

Rapidement le dessert arrive et la jeune femme est questionnée sur le déroulement du divorce à venir. Lisa hausse les épaules. Parce qu'il n'y a pas de vérité universelle.

«- La réussite d'un divorce est l'affaire de chacun. Je considère un divorce comme réussit quand les intérêts des enfants sont réellement prit en compte. C'est pour cela que j'essaie d'obtenir un divorce à l'amiable, sans aller jusqu'à une procédure plus lourde. Ce serait l'idéal pour épargner à vos enfants de longues audiences et de vous voir vous déchirer avec leur père.»