Olivia Phillips - Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage...

La découverte d’une nouvelle ville est toujours la dernière étape de mes installations, voire l’étape accessoire. Entre les démarches administratives, le nouveau logement et surtout le travail, le temps de faire du tourisme me manque très souvent. Pour mes voyages de fin d’études, j’ai découvert la beauté de la capitale russe une semaine avant mon départ. J’ai à peine eu le temps d’entrevoir la Place Rouge avec la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux qui semble tout droit sortie d’une peinture avec ses couleurs chatoyantes et le Kremlin à la fois austère et majestueux qu’il fallait déjà monter dans un avion. Quant à Milan, j’ai visité les abords de l’Académie, le Dôme et la Scala quelques jours à peine avant de commencer les cours. Dans les deux cas, j’ai plus souvent côtoyé les murs des académies que ceux des hauts lieux touristiques. Je n’ai pas vraiment l’impression que cela est un manque dans ma formation ; dans ma culture personnelle sans aucun doute, mais pas dans ma formation. C’est pourquoi j’y retournerai bientôt, sans contraintes professionnelles, simplement pour partir à la découverte des trésors de ces deux villes et de beaucoup d’autres. Elles sont toutes soigneusement punaisées sur une carte dans mon salon, toutes ces villes qu’un jour je voudrais voir. Vu mon rythme de travail, cela semble complètement insensé, mais un jour j’y parviendrai. Je saurais prendre le temps devant les merveilles que le monde a à offrir. Quand l’heure de la retraite sonnera pour moi, j’aurai tout mon temps pour le faire, cela et tant d’autres choses. Toutefois, l’horloge n’en est pas encore là. Pour l’instant, je suis à Hambourg, et ce depuis trois mois. Trois mois et je n’ai encore quasiment rien vu de cette ville non plus...  
Voilà pourquoi je suis en ce moment assise à la terrasse du Mio, devant un cappuccino qui n’a rien à envier à ceux que j’ai pu boire en Italie. Ma table me donne une vue large sur l’Alster. La vue est agréable avec le ciel bleu, quelques cumulus, le soleil créant des reflets multicolores à la surface de l’eau et les arbres et la fontaine en arrière-plan. C’est un paysage digne d’une carte postale. Les bateaux se laissent porter à la surface aux côtés de quelques cygnes. Quelques jours plus tôt, je suis tombée sur une annonce sur un célèbre réseau social proposant un circuit touristique sur l’eau pour une découverte d’Hambourg pour les nouveaux habitants par un passionné et natif de la ville. Le message disait d’être prêt à embarquer pour 14h tapante et de se présenter au Anleger numéro 1. Je finis mon café d’une traite et, en me penchant pour ramasser la lanière de mon sac, je vois une jeune femme visiblement pressée perdre une pochette de passeport. Après avoir ramassé l’étui, je me lance derrière elle pour essayer de lui rendre ce qu’elle a perdu. Elle s’arrête net devant le quai 1.

« - Excusez-moi, vous avez perdu ceci. je lui tends la pochette de cuir. Vous l’avez fait tomber un peu plus loin et je me suis dit qu’il vous manquerait. je lui souris à pleines dents. Vous venez aussi pour la visite ? dis-je en désignant le panneau. Je suis arrivée il y a 3 mois et vous ? »

Peu à peu d’autres personnes nous rejoignent et je rajuste mon sac besace en cuir sur mon épaule. La brise légère caresse mon épaule dénudée par mon tee-shirt à manches longues en col bardot et ma salopette en jeans. C’est une belle journée pour faire un tour en péniche.

Codage par Libella sur Graphiorum