Bienvenue




Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 

 When night comes ♦ ft Lysander

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
When night comes ♦ ft Lysander Empty
When night comes ♦ ft Lysander
Sam 5 Jan 2019 - 12:29

La routine avait beau effrayer Lukas depuis des années, il avait pris conscience qu'il en avait belle et bien une après quelques révélations. Son travail lui permettait de ne pas avoir un planning réglé à la seconde près mais en dehors de ça tout semblait être à peu près la même chose. Il pouvait très bien travailler de nuit, le matin ou l'après-midi. Il avait des jours de repos qui changeaient constamment. Il ne pouvait rien prévoir des mois à l'avance. Mais c'était ça qui lui plaisait. Il ne voulait pas s'enfermer dans une monotonie, il préférait décider sur le moment de ce qui se passerait. C'était aussi pour ça qu'il avait toujours un mal fou à planifier ses vacances. Malheureusement dans son service, il ne pouvait pas laisser son poste du jour au lendemain, il fallait trouver des collègues pour le remplacer. Il poussait donc à la dernière limite le choix de ses jours de repos, se faisant tirer les oreilles par son entourage. À force de tirer sur la corde il jouait sur sa santé. Il le savait et il faisait attention de ne pas aller trop loin, il avait trop souffert de ses problèmes durant son enfance pour accepter que ça recommence. Rester enfermé quelque part ce n'était pas pour lui.

« - Merry », Souffla l'infirmier en sentant son chien se frotter à ses jambes pour l'inviter à jouer avec lui. Il s'était vraiment attaché à cette boule de poil noire depuis qu'il avait hébergée en attendant le retour du maître de celui-ci. Mais jamais cet inconnu avait essayé de retourner ses appels et l'adresse indiquée dans le dossier du chien menait à une autre famille. L'animal avait été abandonné et maintenant c'était Lukas qui en prenait soin, le promenant autant de fois qu'il le pouvait dans une journée et jouant avec lui à chaque fois pour l'aider à ne pas s'ennuyer dans ce petit appartement. Peut-être devrait-il déménager ? Cette question avait souvent perturbé son sommeil et ses pauses au travail. Mais ce soir ce n'était pas ça qui traversait l'esprit du brun. Il avait bien d'autres préoccupations.

Accoudé à la fenêtre de sa cuisine, une cigarette entre ses doigts, Lukas repensait à tout ce qu'il avait appris ces dernières semaines. La soirée avec Kai qui avait réveillé ses sentiments pour l'écrivain. Ses tentatives désespérées pour essayer de le revoir qui l'avaient poussé à aller chercher des conseils auprès de sa famille et de ses amis. Les aveux de certains membres de sa fratrie. Bon sang ! C'était sûrement ça le pire dans toute cette histoire. Il n'en revenait pas des secrets que ses frères et sœurs avaient été capables de cacher sous le tapis. Klaus était en train de divorcer de sa femme Leonie pour la même raison qu'il avait lui-même divorcé de sa femme douze ans plus tôt. Il avait l'impression que ce n'était qu'hier qu'il découvrait l'infidélité de sa femme. Il l'avait aperçue dans les bras d'un autre alors qu'il rentrait du travail en plein milieu de l'après-midi. Il ne s'était pas arrêté et avait garé la voiture devant chez eux avant de se poser dans un des fauteuils du salon pour digérer ce qu'il avait vu. Le retour de la jeune femme n'avait pas été des plus agréables mais après quelques cris, elle avait pris ses affaires et s'était réfugié chez son amant de l'époque. Le divorce avait été rapide et simple, administrativement parlant, mais Lukas en gardait un souvenir affreux. Les années ne l'avaient pas aidé à oublier tout ça. Il gardait toujours cette peur qu'il allait souffrir encore et encore. Il s'était donc contenté de coups d'un soir. Au moins, il était sûr qu'il ne s'attacherait plus et ne risquerait pas de sentir son cœur se briser un peu plus. Mais c'était sans compter l'arrivée de Kai dans sa vie. Si au début ce n'était que le parent d'un patient, au fil des années, il avait senti que son intérêt pour lui avait changé. Il avait tout fait pour ignorer ça jusqu'au soir où ils s'étaient retrouvés après quelques années sans se voir. Une danse. C'était tout ce qu'il avait fallu pour qu'il retombe amoureux.

Ah. Cet homme.

Lukas ferma les yeux, expirant la fumée. Il ne pouvait plus le retirer de ses pensées. C'était probablement une bonne chose pour lui, s'il n'avait pas si peur de se lancer. Il se sentait vraiment idiot à hésiter alors qu'il n'avait jamais eu aucun mal à draguer dans les bars. Il était de retour à ses dix-sept ans alors qu'il tentait d'aborder une jeune fille sublime qui l'avait rapidement séduit par sa liberté et sa beauté. Il n'avait peut-être pas aimé Natascha autant que ce qu'il ressentait pour Kai mais il avait vraiment eu des sentiments pour elle. Elle n'était pas qu'un simple coup d'un soir. Ils avaient eu une relation jamais officialisée, mais une relation quand même. Et le départ soudain de la demoiselle avait forcément brisé quelque chose que son ex-femme avait terminé de détruire quelques années plus tard. La raison de sa disparition n'avait jamais été élucidée depuis tout ce temps. Lukas restait encore là avec un immense point d'interrogation dans son passé. Que s'était-il passé ? Pourquoi s'était-elle évaporée sans un mot ?

Ses pensées ne pouvaient plus s'arrêter. Il n'arrivait pas à se concentrer sur le moment présent, tous ses cauchemars revenaient à la surface comme pour le faire sombrer avec eux. Et à cet instant comme son esprit était tourné vers la belle Natascha, son réflexe fut de composer le numéro du frère de celle-ci. Il avait besoin de sortir et qui était le mieux placé que Lysander pour l'accompagner pour une soirée à boire ? Personne. C'était leur petit moment à eux, celui où ils partageaient un verre autour de leur passé commun. Ils avaient tous les deux connus Natascha et l'avait vue disparaître comme emportée au loin par le vent.

« Let's have a drink, my friend » Tapa-t-il sur son téléphone avant d'appuyer sur le bouton pour l'envoyer. Il espérait que Lysander serait libre ce soir car il ne se voyait pas passer la soirée tout seul. Il savait qu'à la minute où il retrouverait son ami, il serait comme libéré d'un poids et pourrait à nouveau sourire. Seul, les ombres de son passé finissaient toujours par l'encercler et l'étouffer. Il n'était pas doué pour se battre sans quelqu'un à ses côtés.
(c) Lil's

Spoiler:


Dernière édition par Lukas Schuylers le Jeu 17 Jan 2019 - 22:24, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
When night comes ♦ ft Lysander Empty
Re: When night comes ♦ ft Lysander
Mar 15 Jan 2019 - 3:25

L'expiation par l'ivresse

Thème Musical

Avec @Lukas Schuylers


C’est comme avoir enfermé un lion en cage depuis trop longtemps, comme contenir une araignée sous un verre en plein soleil, comme maintenir une prostituée au sol par strangulation et profiter de ses chairs bafouées par la came et le drame : Lysander implose. Instant rare, mémorable, à encadrer, ou à rayer de façon énergique, intangible, définitive. C’est un trop plein de tout, un trop plein de rage, de douleur, d’amour, d’envie de tout et de rien à la fois. Aucune larme ne prend place sur son visage : il est inapte. D’où ça date ? Difficile à dire. Peut-être que ce sont ses parents qui ont grillés ses neurones, annihiler la fonction pleurer de son cerveau. Peut-être aussi est-ce Natascha qui a tout niqué, tout explosé derrière les portes de son âme. S’il consulte ? Non, toujours pas et franchement, faut croire qu’il s’en branle. Tu sais, Lysander c’est ce mec qui sourit à la vie même quand elle se fout de sa gueule, même quand elle lui pisse dessus avec sa copine allégresse. C’est ce mec qui a toujours une connerie à sortir, qui prend tout ou presque à la légère et qui est encore capable de te faire rire même face à une tragédie. Mais aujourd’hui, en ce foutu samedi, il en a marre. Le scorpion a pointé son dard, s’insinuant entre ses chairs et c’est certainement ce qui fait qu’à présent, il frappe le bois de son bureau de ses poings fermés, le visage crispé, étouffant tout cri de rage, enfermant encore un peu de son âme. C’est comme faire bouillir de l’eau trop longtemps, jusqu’à ce qu’elle passe par-dessus bord ; comme faire griller sa peau au soleil sans protection solaire : dangereux, incontrôlable mais presque délectable. C’est son regard qui vous foutrait deux tartes sans demander votre avis ; ce putain de regard qui semble encore crier un refrain qu’il ne chantonnera jamais. Non, pas même pour vous faire bander. Parce que franchement, il secoue pas mal la dernière goutte de son urine sur la plupart des quidams.
Monsieur je m’enfoutiste, tu m’casse les couilles, parle à mon cul ma tête et malade, j’ai pas l’temps pour tes conneries j’ai une vie à suivre.

- Monsieur Kahlmann, vous allez bien ? Glisse une voix par l’embrasure de la porte ; saloperie de murs en papier mâchés.
- A merveille, répond l’intéressé, un grand sourire jovial sur la ganache alors que ses cheveux sont en bataille sur son crâne, son œil encore noir, possédé, habité par le poison.
- Demain il y a une réunion à dix heures, pour…
- Oui, oui, je sais bien, merci, s’empresse l’allemand, l’esprit déjà reparti au milieu des dossiers.

La porte se referme et Lysander s’étale sur son bureau, la gueule s’accrochant aux papiers errants. Son cœur menace de perforer sa cage thoracique, la cacophonie au sein de son crâne semble bientôt être capable de faire exploser ses orbes célestes. Comme une perforation de l’âme, comme une brûlure du crâne, une ablation de ses organes. Son estomac se calcine, remontant le long de son œsophage pour lui donner cette envie de vomir ; pas ses tripes, pas son dégoût, pas sa rage : son amour. Il voudrait le gerber là, immédiatement, pour obtenir la paix entre les deux parties de ce foutu cerveau qui ne semble jamais cesser de manœuvrer. Les yeux fermés, la mâchoire contractée, son ectoplasme se rattache à Aiden : il voudrait qu’il prenne place entre ses bras, lover son nez contre la peau de son cou, humer son odeur et laisser le reste tout abroger autour.
L’acajou vibre sous son poids, ou plutôt sous les battements courts et répétitifs de son téléphone : un message. Relevant son nez de sa prison immatérielle Lysander saisi l’objet et le fait virevolter de bout des doigts, pour le retourner dans sa paume et ainsi l’avoir à l’endroit. Le petit nom « Ma caille » apparaît sur l’écran, ainsi qu’un message ; une invitation à boire. C’est certainement pas le moment de le prier pour se murger, à n’en pas douter le meilleur instant pour lui proposer de griller son foie, sa rate et peut-être même l’ensemble de ses organes. Ni une ni deux, il répond un simple « Demi-heure si ça te va. » ; mais de toute façon que ça lui aille ou pas, Lysander y sera. Dans le pire des cas, il noiera tout seul ses scélérats.

La nuit étire ses bras sur la ville, refermant ses griffes sur les voitures qui circulent. Les phares de son Audi s’allument, captant dans ses rayons chaque particule de vie et de mort restée en suspension dans les entrailles de l’agglomération. Nerveusement, ses doigts ne cessent de se serrer contre le cuir du volant, sa peau s’y abimant sous la tension et les frottements. Il ne sait pas faire le tri dans sa tête, il ne parvient pas à vider son esprit ; c’est certainement pour ça qu’il manque de se foutre en l’air à un carrefour, laissant de la gomme de ses pneus contre le bitume, comme s’il jouait là une course contre la montre.
Il court après sa vie.
Arrivé sur le parking derrière le bar, un courant circule le long de ses bras, frappe ses épaules puis court-circuite ses bras : ses phalanges s’abattent sur le plafond du véhicule, avant qu’il ne s’en extirpe, tignasse chaotique et mâchoire frénétique ; démarche impériale et regard glacial. Avant de rentrer dans le bar, il prend le temps de s’en griller une, mesurant du mieux qu’il le peut la géhenne qui bat ses chairs. Le fumée roule hors de son organe olfactif, caressant le revers de sa lèvre supérieure, puis s’envole vers cet ailleurs auquel il aurait bien envie d’accéder, en cet instant courant.
Le rouge incandescent du mégot se retrouve lancé sur la chaussée, agonisant bientôt sur le bas-côté ; Lysander passe une main dans ses cheveux, repoussant les indisciplinés vers ce putain d’ailleurs, puis sa stature élancée et assurée s’immisce dans le lieu. Se frayant un chemin au milieu des gens, il ne lui faudra pas bien longtemps pour reconnaître l’essence de son vieux copain là-bas au loin. Il n’aura pas le besoin de se retourner, de faire entendre sa voix, de croiser son regard ; Lysander se glisse à la table, un timbre complètement théâtral s’extrayant de ses lippes, comme s’il cuisait d’ores et déjà contre le macadam :

- J’ai une blague, merveilleuse et délicieuse, une façon comme une autre de dire bonjour, tout en s’asseyant en face de Lukas ; puis il reprend, presque passionné par ce qu’il raconte, ajoutant de la gestuelle à tout son bordel : C’est un type, ça fait un sacré moment qu’il est en couple, il est même fiancé, il voit la date de son mariage approcher. Ce type, il aime la personne qu’il va épouser, y a pas à chier, il pourrait même clairement dire que c’est l’être humain de sa vie. Mais voilà, y a quelques années de ça, il a commencé à merder. Pas vraiment, pas foncièrement, il a même rien fait en soit pour s’enfoncer dans sa merde : elle est venue toute seule sous ses pieds, entre ses doigts et même à l’intérieur de sa bouche. Sa merde, c’est l’être humain numéro deux qui a commencé à faire battre son cœur de travers et ça le type il n’a pas bien compris comment, pourquoi. Est-ce que c’est bien ? Est-ce que c’est mal ? Pour sûr il doit croire que c’est mal, parce que ça fait quand même quelques années maintenant qu’il ferme sa gueule, qu’il tient ça comme un secret, une faute inavouable, même s’il s’est jamais rien passé. Mais en fait, le seul fait de le penser, de l’éprouver, d’y songer, ça lui donne envie de se gerber dessus.

Là, il marque une pause, parce qu’elle s’impose. Il passe une main le long de son visage, comme pour essuyer le trop plein d’émotions qui le condamne. Faut croire qu’aujourd’hui, il a besoin de vider son sac ; de déverrouiller ce chapitre de son moi profond, parce que putain sans déconner ça le consume de l’intérieur et ses couilles vont finir par remonter buter contre sa pomme d’Adam.
Puis ce sourire vient s’installer à la commissure de ses lèvres, doux, blanc, un brin excédé tout de même. Il a la couleur d’un soleil, la consonance d’une insulte et l’odeur d’un cadavre. C’est là que ses prunelles s’accrochent un temps au regard de son ami ; juste le temps de finir d’ouvrir les vannes.

- Après tout, je suis qui pour faire endurer ça à Aiden, mes conneries, les angles obtus de mon cerveau complètement cramé ? Tu peux m’expliquer ce qu’il fout encore avec un cinglé comme moi depuis presque onze putains d’années ? Lui aussi il va finir par se barrer, peut-être bien ; ou alors il fera comme les deux autres qui m’observent avec un peu de dégoût au coin de la bouche, un peu d’inquiétude dans le fond des yeux et qui savent pas sur quel ton il faut me parler, quel genre de sujet aborder.

Le pire, c’est qu’il arrive encore à sourire, presque à en rire. Vous pensez qu’il est psychologiquement cassé ? Pas bien loin de la réalité…
Levant une main pour arrêter un serveur qui passait non loin, sans se détacher de ce sourire qui lui est propre, il demande, prenant soudain un ton un brin plus doucereux :

- Un double whisky sans glace, s’il vous plaît.

Et un ticket pour recommencer sa vie aussi, on vous prie ; celui de la seconde chance, parce qu’il a vraiment l’impression d’avoir chié la première version de son existence.
Le doute est humain, non ?
Les névroses aussi, paraît-il.


Dernière édition par Lysander Kahlmann le Lun 21 Jan 2019 - 10:26, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
When night comes ♦ ft Lysander Empty
Re: When night comes ♦ ft Lysander
Sam 19 Jan 2019 - 12:31

La réponse avait été rapide. Avait-il lui aussi ressenti le besoin de sortir d'enquiller quelques verres pour oublier des pensées parasites ? Parfait. Lukas n'aurait pas besoin d'insister pour le faire sortir. Il n'avait pas à s'inquiéter de le tirer des bras de son futur mari. Il n'aimait pas faire ça mais là, à cet instant, il avait réellement besoin d'une compagnie qui ne l'emmerderait pas à savoir ce qui n'allait pas. Il n'aurait pas besoin de parler et d'expliquer à quel point il en avait sa claque de son cerveau et tout ce qu'il le hantait. Il voulait juste boire et penser à autre chose. Il ne voulait pas complètement oublier Kai, il l'aimait bien trop pour en arriver là, mais s'il pouvait se le sortir de la tête quelques instants pour souffler il n'était pas contre.

Il n'envoya aucune réponse, il n'y avait rien de plus à dire à part un « Ok » ou un smiley qui représentait un pouce levé, mais l'envie d'envoyer une réponse aussi banale n'était pas là. Il prit le temps de s'habiller pour ne pas débarquer en jogging et en t-shirt. Il n'était pas le genre d'hommes à faire attention à ce qu'il portait en se tenant au courant de la mode mais il tentait de ne pas être négligé lorsqu'il sortait. Même si là sa tenue n'aurait aucune importance puisqu'il sortait pour boire un verre -enfin plusieurs- en compagnie d'un vieil ami. Il n'était pas là pour draguer et se trouver un amant pour la nuit. Il aurait pu faire ça plutôt que d'inviter Lysander à sortir mais l'envie n'était pas là non plus. Il avait l'impression d'être de retour après son divorce, démotivé par la moindre petite chose. Il se détestait quand il devenait comme ça et il se promit que dès le lendemain de leur petite soirée, après avoir décuvé, il sortirait pour ne pas rester moisir dans son appartement. Il n'était pas le genre à se laisser faire.

Voiture ? Non, pas ce soir. Lukas n'effleura même pas les clés posées négligemment sur la table du salon. Il préférait sortir dans la fraîcheur de la nuit et marcher jusqu'au bar. Il n'était pas très loin et vu la rapidité avec laquelle il s'était préparé il serait là avant que Lysander n'arrive. Il pouvait traîner, faire des détours mais l'appel de l'alcool le poussa à avancer à travers les rues sans dévier de son itinéraire. Cigarettes entre les doigts, l'infirmier savait qu'il avait largement dépassé sa consommation habituelle. Il était pourtant censé avoir arrêté. Mais la nicotine était une drogue qu'il ne pouvait refuser lorsqu'il avait l'impression de perdre pied dans sa vie. Il retrouvait une certaine stabilité, renvoyé dans le passé quand tout allait bien. Quand Klaus lui filait des cigarettes ou qu'il se retrouvait en cachette avec la belle Natascha. Il avait toujours trouvé ça grisant de se cacher aux yeux de la société, des autres. Et cette pensée refusa de le quitter lorsqu'il pénétra dans le bar. La musique qui gouvernait à l'intérieur lui rappelait étrangement sa jeunesse. Il l'avait écouté de nombreuses fois en compagnie de Natascha et Lysander. Impossible de ne pas penser à ces deux-là dès qu'il entendait les premières notes résonner dans ses oreilles. Ce n'était pas pour autant qu'il refusait de l'écouter. Il l'adorait toujours autant, elle lui laissait de bons souvenirs en tête.

Une table était libre dans un coin, Lukas n'hésita pas une seconde avant d'y prendre place et d’interpeller un serveur qui passait à côté pour commander un verre de vodka en attendant son ami. Ce n'était pas Lysander qui allait lui en vouloir de commencer sans lui. La musique changea laissant place à de nouveaux souvenirs. Cette fois pas de Natascha, même si elle restait présente dans un coin de son esprit, refusant de l'abandonner pour ce soir. Il se laissa aller porter par la musique et les bribes de conversations autour de lui jusqu'à ce que son ami débarque devant lui, prenant place à son tour à la table. Il ne fut guère surpris de le voir entamer la discussion par une blague, ou du moins ce qui aurait du en être une. C'était comme avec Robain, son collègue, ils n'avaient pas besoin de s'embêter avec les politesses d'usage pour entamer une conversation. C'était plus simple, plus naturel, plus spontané entre eux qu'un simple « bonjour ».

Le sourire de Lukas s'était mué en une moue interrogative, ne sachant pas trop s'il comprenait bien ce que son ami essayait de lui dire. Lysander avait un talent fou pour l'emporter dans des aventures rien qu'avec quelques mots. Mais là son discours lui faisait étrangement penser à la situation de son ami. Il allait épouser dans peu de temps l'homme qui faisait battre son cœur depuis si longtemps. Lukas avait été ravi d'apprendre la nouvelle et avait hâte de pouvoir être le témoin de leurs vœux d'amour et il ne doutait pas une seconde des paroles de Lysander quand il disait l'aimer de tout son être. Il n'y avait qu'à les voir ensemble pour comprendre à quel point ils étaient faits l'un pour l'autre. Mais cette évidence semblait soudainement être mise en puéril par les aveux de l'éditeur.

Appréciant la pause de Lysander, Lukas prit une longue gorgée de sa boisson. Il avait l'impression qu'elle était apparue comme par magie mais il y avait de grandes chances qu'il avait juste loupé le passage du serveur. Il était ailleurs ce soir et ce n'était pas son ami qui allait l'aider à se poser. Celui-ci semblait vraiment perdu et victime des caprices de son cœur. Entre ça et les aveux de son collègue à l'hôpital, Lukas se demandait vraiment ce qui se passait en ce moment. Peut-être avait-il raté sa vocation et devrait-il changer pour devenir psy vu le nombre de personnes qui aimaient se confier à lui.

« - Tu veux vraiment que je te sorte le blabla ridicule comme quoi vous vous aimez trop pour vous quittez ? », Lança-t-il finalement après laissé son ami commander à boire, « Non tu n'as pas besoin de ça, tu le sais déjà. Mais tu es sûr que ton cœur bat vraiment pour cette personne ? N'est-ce pas l'approche du mariage qui te joue des tours ? »

Lukas avait bien compris que ce secret rongeait Lysander depuis quelques années mais il tentait de comprendre toute l'histoire. Il n'était pas là pour juger, sachant parfaitement que le cœur avait ses raisons que la raison ne connaissait pas. Lui-même en avait fait les frais à plusieurs reprises sans comprendre quoi que ce soit. Mais il n'avait jamais été dans la situation de son ami, ni celle de son collègue. Il aimait un homme qui était le père de son patient mais cet homme n'était plus marié et à priori il était célibataire. Tout semblait lui sourire contrairement aux deux autres qui se retrouvaient dans une merde pas possible.

« - Enfin si tu veux une séance chez le psy gratuite, va falloir m'en dire plus, là je suis un peu perdu dans ton histoire. »

Lukas n'était peut-être pas le mieux placé pour aider son ami à ne pas sombrer puisque lui-même ne savait pas quoi faire dans sa propre situation. Mais il pouvait toujours tenter de l'écouter et de l'aider à démêler ses problèmes s'il en avait besoin.

« - Et aussi un verre ! »Rajouta-t-il en arrêtant le serveur qui apportait la boisson de Lysander pour commander la même chose qu'à son arrivée. Un verre n'était pas suffisant pour avaler tout ça. Il avait déjà assez de mal avec sa vie qui partait souvent dans tous les sens à force de prévoir tout à la dernière minute.
(c) Lil's

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
When night comes ♦ ft Lysander Empty
Re: When night comes ♦ ft Lysander
Ven 25 Jan 2019 - 15:26

L'expiation par l'ivresse

Thème Musical

Avec @Lukas Schuylers


Cette sale impression de se noyer dans un verre d’eau, de faire tout un drame pour une tâche au milieu d’un torchon blanc, de se taper la tête contre les murs parce qu’on ne sait plus comment traiter les informations. Son cerveau commence à souffrir d’un manque d’oxygène, d’une hypotension ; il se sent comme au bord de l’anévrisme lorsque le verre arrive sous son nez, et c’est sans même y abaisser ses druses d’azurite qu’il le saisit entre ses doigts et avale d’une seule traite son contenu. La seule question qui tourne en rond dans son crâne, c’est quand tout ça a commencé, pourquoi ça a commencé, qu’est-ce qui cloche chez lui ? Au final, ça fait trois questions et c’est très certainement cette constatation qui lui fait attraper sa tête entre ses mains. Il entend les questions de Lukas, mais elles ne semblent pas atteindre son hypophyse, comme si une barrière empêchait les informations d’être sainement traitée ; hypocondrie, folie, spleen.
Bien sûr que non il n’a pas besoin qu’on lui ponde un baratin sur combien il aime Aiden, la douleur infligée à son palpitant à cause du paroxysme de fourberie de son esprit ne le lui fait que trop bien entendre. Il ne comprend juste plus ce qui lui prend, ce qu’il doit entendre pour soigner ses maux, abroger les névroses qui lentement rampent le long de son culot inné. Il a besoin d’une grande tarte dans la gueule peut-être, un bon saut d’eau sur le coin du museau. C’est peut-être la continuité de ce que lui dit Lukas qui fait qu’il relève son nez avec un brin d’éclat dans le regard, posant les paumes de ses mains à plat sur la table si fort que les fondations en tremblent.

- C’est ça, c’est le mariage qui me fait péter les plombs, tu dois avoir raison.

Ses yeux sont injectés de sang, il est au bord de l’explosion cérébralement parlant. Tout se bouscule et s’entrechoque ; tout convulse puis suffoque. Son attention se détourne, furetant le passage du serveur jusqu’à lever son verre pour réclamer la même chose. S’il compte se miner la gueule ? Ça ne fait pas beaucoup de doute, parce qu’à défaut de réussir à remettre de l’ordre dans sa tête, autant noyer ses inepties dans quelques effluves de bourbon. Lorsqu’on lui reprend son verre, son regard chute sur la surface boisée de la table et sa lippe inférieure se retrouve prisonnière de ses dents. S’il aime cette fille, s’il en est certain ?

- Non, je ne suis pas certain de l’aimer. C’est une collègue de travail, le genre qu’on croise le matin et le soir ; le midi parfois aussi. Qui te sourit, bat parfois un peu des cils… Remontant ses cyanites sur son comparse, sa lippe se dégage et une mèche de cheveux dissidente retombe devant l’un de ses yeux. Finalement, rien de vraiment anormal je crois, en soit…

Il n’est pas convaincu par ce qu’il raconte ; ça se lit dans le bleu de ses yeux, ça transparaît dans le tremblement léger mais ingouvernable qui habille ses mains et possède sa mâchoire quand il parle. Lysander est loin d’être un homme laid et démuni de charme, il est même tout à l’opposé de ce genre de spécimen. C’est le genre d’homme sur lequel on se retourne, qui vous plaque la gueule contre l’asphalte d’un simple sourire, qui fait s’envoler le sentiment d’une journée salée avec un seul et simple rire. Il est normalement habitué à ce qu’on tombe dans ses filets sans qu’il n’ait véritablement le besoin de bouger le moindre doigt, c’est empreint dans son code génétique paraît-il. Il est ce que l’on nomme vulgairement un dandy, un bon parti, le gendre idéal et le type qu’elles voudraient toutes mettre dans leur lit. Ce vieux stéréotype du mec grand, beau, charismatique, brun, les yeux bleus, un sourire Colgate, de l’humour, de l’intelligence et un corps taillé à la serpe. Finalement, c’est ce genre de type qui vous fait croire qu’on peut être parfait, alors qu’en réalité rien n’en est. Grattez un peu la première couche et vous percevrez bien vite toutes les parties qu’il faudrait arracher de son âme.

- Et puis Natascha m’a envoyé un mail pour la nouvelle année, chose qu’elle ne fait jamais.

Il dégringole de l’intérieur, relâchant là ce secret qu’il voulait s’évertuer à préserver. Mais à quoi bon, si ce n’est flageller un peu plus le calumet de la paix ? Il la pense hypocrite, mais il ne parvient toujours pas à la haïr. Après tant d’années, tant de non-dits et d’oublis, de déficits et d’inattentions, elle revient une fois de plus comme la rosée du matin : fraiche et brillante ; glissante et glaçante.
Le met ambré et délicieux se représente sous son nez, alors que d’un hochement de tête il remercie le serveur qui dépose par la semblable,  la seconde rasade de vodka pour Lukas. Un sourire taquin ose se glisser sur les lippes de David, malgré la frénésie infernale de son esprit, alors qu’il siffle :

- Je vois que tu t’attaques bien, toi aussi.

Allez-y, noyez la charade avant qu’elle ne vous attrape.
Revenir en haut Aller en bas
gare à la crise de la quarantaine
Invité
avatar
Invité
When night comes ♦ ft Lysander Empty
Re: When night comes ♦ ft Lysander
Sam 26 Jan 2019 - 19:17

Le mariage. Cela faisait bien longtemps que l'idée de se marier ne l'avait pas effleuré. Il avait eu sa dose avec son ex-femme. Il pensait même ne plus oser faire confiance à quelqu'un pour se lancer dans une histoire d'amour mais voilà qu'il avait rencontré Kai. Cet homme avait réussi à lui faire tourner la tête au point où tout ce à quoi il pensait jusqu'ici se voyait complètement bouleversé, encore plus que lorsqu'il avait vu le jour de son mariage approcher plus de douze ans auparavant. Il avait juste compris pourquoi certains venaient à douter à l'approche du grand jour. Il était jeune à l'époque et il aurait mieux fait d'écouter son instinct au lieu de plonger la tête la première avec cette femme. Mais ce n'était pas ça que son ami ressentait. Il aimait Aiden, bien plus que Lukas n'avait aimé sa femme.

« - C'est quand même beaucoup de stress un mariage. », Dit-il en laissant glisser son doigt sur la paroi de son verre vide. Il avait hâte de le voir se remplir même s'il allait devoir attendre le retour du serveur pour ça. Heureusement le service était plutôt rapide ici, sauf en cas de salle bondée. Il laissa donc son ami parler pianotant sur la table. Impatient ? Non jamais. Sauf certains soirs quand il avait envie de calmer son cerveau en l'assommant avec l'aide de sa vieille amie, la Vodka. Heureusement que ce n'était pas tous les soirs comme ça. Il n'osait pas imaginer ce qu'il ferait de sa vie s'il se noyait couramment dans l'alcool. La vie de ses patients était entre ses mains, il se devait de faire attention.

« - Ah les collègues de travail... », Souffla le brun en pensant justement à ses propres collègues. Il n'y avait qu'une personne qui avait réussi à le séduire le temps de quelques nuits. Mais il avait entendu de nombreuses histoires de la bouche de certaines personnes plus ou moins impliquées dans les aventures. Une vie de couple était compliquée quand on travaillait à l'hôpital avec les horaires décalés qui changeaient tout le temps. C'était sûrement pour ça que des collègues trouvaient leur bonheur sur place.

Le reste de sa phrase s'était perdu en même temps que ses pensées. Son verre avait été remplacé par un nouveau qui était rempli avec le liquide tant désiré. Machinalement Lukas l'attrapa et le porta à ses lèvres, prêt à laisser couler l'alcool le long de son œsophage.

« - Hein ? »

Se figeant, Lukas leva son regard vers celui de Lysander, essayant de sonder la moindre trace d'une blague. Mais son ami ne riait pas. Il avait réellement reçu un message pour la nouvelle année de la part de sa jumelle. La demoiselle avait disparu brusquement de la vie des garçons sans la moindre note ou le moindre signe annonciateur. Depuis lors l'infirmier n'avait plus entendu parler d'elle. Natascha l'avait oublié. Certes Lukas était passé à autre chose aussi mais il n'aurait pas été contre avoir un petit mot de la part de la brune. Après ce qu'ils avaient partagé il méritait bien une explication, non ?

Silencieux, Lukas reprit où il en était et but cul sec son verre. Il ressentait encore plus l'envie d'enchaîner les verres. Il n'avait jamais oublié le visage de la jumelle de son ami. Elle l'avait hanté même pas une heure plus tôt. Il aurait presque eu envie d'avoir mal entendu, comme si Lysander avait parlé de sa collègue qui hantait ses pensées si proche du mariage avec l'homme de sa vie. La demoiselle aurait très bien pu envoyer le message de bonne année à son ami. Malheureusement il n'avait pas confondu, il était bien question de Natascha.

« - Natascha. »

Lukas poussa un soupir.

« - J'ai pensé à elle tout à l'heure avant de t'envoyer un message. »

Coïncidence ? Sûrement. Natascha avait quand même le don d'apparaître et de disparaître quand on s'y attendait le moins. Lukas ne devrait pas être surpris. Elle avait un lien spécial avec son frère, lien qui le dépassait pour être honnête.

« - J'ai aussi pensé au père d'un patient. Je pèse le pour et le contre pour me lancer », Avoua l'infirmier en baissant le regard jusqu'à son verre de nouveau vide. C'était fou à quelle vitesse ça pouvait descendre. Et encore, s'il avait une bouteille à côté de lui, ce serait bien pire. Il était raisonnable pour le moment.

« - Qu'est-ce qu'elle a écrit dedans ? »

La curiosité était un vilain défaut mais Natascha avait toujours su lui faire oublier ça. Il avait envie de comprendre ce qui lui avait traversé l'esprit. Pourquoi avait-elle décidé cette année d'envoyer ses vœux à son frère ? Cela semblait plus important que le reste.
(c) Lil's

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
 
When night comes ♦ ft Lysander
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Lysander ♠ You're a Godfather !
» Lysander ♠ I understand the consequences. Are we willing to pay them ?
» Lysander ♔ Wrap your wings around my body
» the night belongs to us (T&E)
» Remember that night ? ı Johan

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
40 is the new sexy :: Espace détente :: Rp abandonnés-
Sauter vers: