M'laisse pas crever comme un chien sur le bord de ton chemin || Anastasia

c'est juste qu'un matin,
tu fais l'mauvais pas
la vie comme un train,
en deux secondes vous broie
j't'en demande juste vingt
pour t'raconter ça

Riley ne savait plus vraiment ou il en était, son bras en écharpe dans un Dujarier. Le brun était pensif, tout s'était passé si vite. La voiture piégée, les heures suivantes complètement floues, le retour au pays, le verdict d'une épaule en miette et d'une incertitude sur la retrouvaille de l'usage totale de son bras ainsi que de sa main. Il allait sûrement rester handicapé. Sa femme lui avait fait comprendre qu'elle ne voulait clairement plus de lui. En résumé, il était un handicapé, en instance de divorce et bientôt sans emploi. Tout ça donnait à réfléchir, il était père de famille et il était en train de tout perdre. Riley aimait sa fille, il aimait aussi sa femme, enfin... Elle lui brisait surtout le coeur, ce dernier était en mille et un morceaux. Riley était en train de tout perdre, clairement. Il avait perdu son estime de soi, il avait perdu toute envie de continuer à se battre. Aujourd'hui, il avait décidé de prendre l'air, il ne savait pas comment il continuerait à vivre. Il était pourtant quelqu'un de bien sans vraiment en avoir l'air comme ça. Il avait certes ces défauts, mais il essayait de se battre pour survivre, ne pas laisser la mort s'emparer de lui. Riley savait que tout pouvait basculer, qu'il pourrait peut être se laisser broyer par un train et mettre fin à toute cette souffrance. Il était assis là, sur le dossier du bas, depuis des heures, observant les passants, plongé dans un profond mutisme. Tout ce qui lui arrivait le dépassait clairement. Riley avait passé une bonne partie de l'après-midi sans bougé, l'esprit totalement ailleurs, ne réagissant pas vraiment aux cris, aux paroles autour de lui. Il était encore là bas, il entendait encore les paroles de sa femme lui dire qu'elle le quittait, il voyait encore les papiers qu'elle lui avait laissés. Il n'avait encore rien signé, il n'en était pas capable. L'Hellmeier n'avait pas pleurer, il n'avait pas réussi, mais son coeur lui saignait. Une voix finit par le ramener à la réalité, une voix bien trop connue. Non, ce n'était pas celle de sa chère et tendre épouse, mais celle de son amie Anastasia. Elle le tira de sa rêverie et il sursauta, ne s'attendant clairement pas à la voir alors qu'elle se trouver juste en face de lui. Il n'avait même pas eu conscience que la blondinette était devant lui depuis déjà plusieurs longues minutes.

- Mh... Ana ?

Non, sérieusement, il passait pour un abruti là.  Il releva un peu le nez, et essaya de remettre un peu d'ordres dans ses pensées. Il se fendit d'un sourire pour essayer de la rassurer.

- Je... ne t'avais pas vu, je suis désolé.... C'est une drôle de coïncidence de te trouver là...

Surtout quand il la voyait, il songeait à Klaus, aux saloperies que la guerre pouvait faire. Les conflits et leurs dommages collatéraux. Riley était encore psychologiquement là bas et il serait difficile de le ramener complètement en Allemagne.

c'est juste qu'un matin,
tu fais l'mauvais pas
la vie comme un train,
en deux secondes vous broie
j't'en demande juste vingt
pour t'raconter ça

Clairement, Riley ne s'attendait pas à une étreinte. Il se sentait presque démunie de rester là, sans rien faire. Son cerveau n'arrivait plus vraiment à suivre, il ne connectait plus. Riley avait réellement l'impression que tout cela n'était pas vrai, que tout ça n'était pas réel. Pourtant la douleur, elle était toujours là. Riley avait tout perdu... Tout. Il finit par fermer les yeux, mais pas vraiment bien longtemps. A chaque fois, il revoyait la guerre, la mort, et là tout de suite il repensait à Klaus. Son ami, celui qu'il considérait comme son frère. Il rouvrit brusquement les yeux et se détacha presque instinctivement, comme si le contact avec Anastasia allait le brûler, comme s'il allait être prit dans une sale histoire si on le voyait étreindre une demoiselle.  Le bras en écharpe, il offrit un triste sourire à la blonde devant lui et finit par prendre la parole.

- Ouais ça va aller...

Non, ça n'allait pas aller, et ça n'irait pas. La vie était tellement chienne avec lui, qu'il aurait tellement préférer prendre la place de Klaus. Il aurait préféré mourir même s'il laissait sa fille derrière lui. C'était tellement égoïste, mais au moins sa femme ne tenterait pas de lui retirer sa princesse. Il n'était pas vraiment là, il ne pouvait pas vraiment profiter. Il prit une grande inspiration et rompit de nouveau le silence qui s'était installé entre eux.

- Comment est ce que tu vas ?

Parce que clairement, lui était en guerre, un terrain miné. Il ne savait plus vraiment sur quel pied danser pour éviter les mines. Riley essaya de ravaler la peine et surtout repousser la douleur qui elle, était là a chaque secondes.

- Je... J'ai pas réussi a t'appeler... Je... Je crois que j'ai pas vraiment pensé non plus... Ma vie part... en vrille...

Il ravala les potentielles larmes qui pourrait se mettre a couler. Hors de question de montrer sa faiblesse à Anastasia. Il devait garder l'image de l'homme fort, pas le mec brisé.