Still friends? - Anastasia

En tant qu'amie ou même connaissance je n'étais pas très fiable. Vous voulez une preuve? j'avais eu un accident, j'avais été hospitalisé puis séjour en Angleterre et je n'avais rien dis à Anastasia. En fait j'avais disparu de la circulation d'un coup. Je ne savais pas trop comment elle allait réagir mais comme j'étais de retour à Hamburg je lui avais envoyé un message pour savoir si elle voulait boire un café.

On se connaissait depuis très jeunes car nous étions correspondantes mais on s'étaient rencontrées en personne que récemment quand j'étais venue m'installer à Hamburg. C'est marrant comme via l'écrit j'arrive à mieux communiquer plutôt que de voir les gens. Pour ma défense ma vie s'était résumée à prendre des avions pendant quelques années donc ce n'était pas facile pour garder le contact avec les gens. Alors qu'envoyer une lettre, un long mail c'était simple. Je l'avais fais la plupart du temps quand j'étais en avion.

Je sais aussi qu'elle avait une vie bien remplie et donc ce n'était pas simple pour arriver à se voir. Mais je pense que pour un café, elle pouvait trouver un moment à m'accorder . Etant mon propre patron je m'étais calée sur ses horaires. Je n'étais pas une grande fan de Starbuck mais c'était le seul endroit qui m'était venu à l'esprit pour prendre un café. Les autres endroits sympas que je connaissais étaient des bars..

Pour aller jusqu'au Starbuck, je commandais un taxi. Je ne me sentais pas encore de reprendre le volant et puis ma nouvelle voiture n'était pas encore arrivée. Mais surtout j'avais quelques peurs que je n'arrivais pas surmonter. Fâcheux pour une pilote non? J'avais fais quelques cessions de simulateurs en Angleterre mais rien de plus pour le moment je ne me sentais pas à l'aise pour aller vite et les docs me déconseillaient de reprendre la compétition. Ce qui était parfait car avec mon travail je n'avais pas le temps.

Je me cachais derrière les avis des médecins au lieu de dire que j'avais peur de prendre un volant. C'était ridicule mais pour le moment je pouvais gérer sans voitures. J'arrivais au rendez vous avant Anastasia et je n'en menais pas large. Allait elle me faire la gueule? m'engueuler? rien dire? Je ne savais pas. Je sais que j'avais déconné, déconné grave mais bon c'est pas à 36 ans que j'allais m'améliorer. Et dans tout ce bordel qu'était devenu ma vie, je devais rajouter l'élément Wilhem. Élément très perturbateur, mais pas que, enfin on peut pas dire que j'arrivais à penser clairement quand son sujet était abordé.

Le temps commençait à se rafraîchir en Allemagne, et bonjour aussi à l'humidité. Génial j'allais encore avoir des douleurs de partout. Ce n'était pas mon premier accident mais en tout cas c'était la première fois que je réalisais que j'avais vieilli et que mon corps ne se remettait pas aussi vite qu'avant. Je vis Ana arriver et à son air je n'arrivais pas à dire si j'allais subir un orage.

"Salut, Ana, comment tu vas? "

Si les yeux pouvaient tuer je pense que ceux d'Ana m'auraient déjà mis six pieds sous terre. Enfin je veux bien avoir légèrement disparu des radars pendant un certain temps mais de là à ressentir autant d'animosité je ne comprenais pas trop. C'est pas comme si j'avais passé des vacances dans les Caraibes. Même son ton était acide. Ouais alors là j'étais perdue car à part le manque de nouvelles je n'avais pas non plus fais un truc super grave non? Si oui le hic c'est que je n'en étais pas rendue compte.

"Pour m'expliquer sur mon silence radio."

Vu l'attitude hostile d'Ana, je pense que le conversation allait tourner court. Je m'étais pris un chocolat en l'attendant et la douceur de la boisson était la bienvenue. Se perdre de vue pouvait arriver dans la vie. Ce n'était jamais sympa à vivre mais bon c'était pas un drame non plus. Ou alors ça venait peut être du fait que je vivais assez bien sans des gens dans ma vie, je sais pas.

"Si tu ne veux pas, pas de soucis."

Je pense que toutes les deux on avait passé l'âge de faire des choses dont on avait pas envie. Ca m'embêterais un peu , j'allais pas le cacher mais la vie continuait. Socialement j'avais toujours eu beaucoup de mal. D'ailleurs Ana était l'amitié la plus longue que j'avais eu car on avait correspondu la plupart du temps par lettres. Je pouvais donc répondre quand je pouvais, me relire et éviter les incidents diplomatiques. Depuis mon accident mon attitude était encore pire, je ne voulais pas perdre de temps en futilités et je vivais encore plus à fond qu'avant. Sachant que c'était la vitesse qui avait faillit me tuer , c'était jouer avec le feu. J'attendais la réponse d'Ana, c'était elle qui décidait si elle voulait tenter de renouer une amitié avec moi ou pas.

Des questions..tout ce que je détestais. Mais c'était normal qu'Ana en ai. Donc là je ne pouvais pas me défiler, je devais lui répondre et puis en plus je m'étais engagée à le faire. Il y avait des choses où mon absence pouvait s'expliquer et d'autres où non. Ma mère m'avait souvent demandé des nouvelles d'Ana et à chaque fois j'avais pris des reproches quand je lui avais répondu que je n'en avais pas et que j'avais oublié d'en prendre. Pendant des années j'avais véçu dans un tel cercle fermé, dans un monde très spécial que j'en avais oublié qu'il y avait une vie avec des gens en dehors de ce sport.

Le point positif c'est qu'Ana me donnait une chance de m'expliquer et c'était vraiment sympa de sa part car à sa place je ne sais pas si je l'aurais fais. Elle commande un café et je reste là avec mon chocolat. Boisson très enfantine mais je n'ai jamais prétendu être bien mature. J'écoutais Ana m'expliquait comment elle avait vécu ça de son côté et j'en étais vraiment désolée. J'avais foutu un beau bordel. Comme souvent d'ailleurs. Je m'en voulais encore plus qu'elle ai pu penser que c'était de sa faute. C'était de la mienne...à nouveau comme souvent. Comme le disait mon frère j'étais un tornade, je passais, causais des dégâts et je repartais comme si de rien n'était. Dans un sens c'était bien que j'ai eu ces problèmes amoureux et de santé ça m'avait remis à ma place.

"Tu n'as rien fais de mal Ana."

Je plongeais mon regard dans mon chocolat devenu si passionnant. Comment lui expliquer? bah autant le faire de la seule manière que je connaissais. D'un coup comme quand on enlève un pansement.

"J'ai été très très prise par mon travail, entres les avions, les hotels, les déplacements. Je me suis laissée avoir par le travail et je ne vivais que pour ça, je ne pensais qu'à ça. J'ai eu quelques soucis perso avec la personne qui partageait ma vie à cette époque. Et pour couronner le tout j'ai eu un accident de voiture assez grave. C'est seulement maintenant que je suis un peu plus calme."

Combien de temps ce calme allait durer? en 36 ans je n'avais jamais été posé. Je ne regrettais rien mais je dois avouer qu'avoir un travail stable dans une ville, un homme stable dans ma vie c'était tout nouveau et j'aimais ça certains jours et d'autres pas.

"Je ne cherche pas à me faire pardonner, j'ai merdé. J'aurais pu faire des efforts mais j'ai été très égoïste. "

Je sais que l'accident était un bon argument en ma faveur mais ça n'expliquait pas les autres moments où là j'étais restée dans mon monde et j'avais oublié des personnes importantes dans ma vie. Pour ces moments là j'étais inexcusable et je le savais très bien. En temps normal je n'étais déjà pas trop du genre à donner souvent de mes nouvelles mais là j'avais clairement dépassé les bornes. Par faute de me faire sermonner par mes parents ou mon frère assez régulièrement.

"J'ai vraiment merdé Ana et je m'en excuse. Le travail n'est pas tout dans la vie, malheureusement pendant un moment je l'avais oublié."

J'avais surement manqué pas mal de choses dans sa vie et c'était indigne d'une amie. Je buvais mon chocolat fuyant un peu son regard. Comme tout le monde je n'aimais pas être mise face à mes erreurs. J'étais assez honteuse et ce n'est pas un sentiment qui était agréable à ressentir. Ana était sympa de me laisser m'expliquer parce que si les rôles étaient inversés je ne sais pas comment j'aurais réagis. Enfin de nous deux elle avait toujours été la plus humaine.

"Un mec a grillé un feu rouge et m'a percuté de plein fouet. Je m'en sors super bien car j'ai eu la chance qu'un pompier soit présent quand ça s'est passé."

Des fois j'entendais encore le bruit du choc. J'avais pris quelques boites sur circuit mais là ce bruit allait rester dans ma mémoire pour toute ma vie je pense. Je ne me souvenais pas de la douleur, mais juste du bruit. Finalement c'était peut être pas plus mal qu'elle n'ai pas été au courant car je n'aimais pas être l'objet d'inquiétudes et je sais déjà que j'en avais filé beaucoup à Wil ce que je n'aimais pas. Sans parler de ma famille qui commençait vraiment à en avoir marre d'aller dans des hôpitaux par ma faute.

"Et toi dis moi, quoi de neuf dans ta vie?"

Je voulais tout savoir, j'étais curieuse. J'espérais vraiment que de son côté ça avait été mieux que du mien. Nouveaux amis? nouveaux amours? Je pense que j'avais du louper pas mal d'épisodes dans sa vie.