A simple hello could lead to a million things ♦ ft Valoel

Cela faisait un mois qu'Emmerich avait commencé son travail au musée, même un peu plus pour dire vrai mais le temps passait tellement vite qu'il avait l'impression d'être arrivé une semaine auparavant. Pourtant il s'était bien intégré dans l'équipe. Et depuis qu'un visiteur avait du être évacué par les pompiers lors de sa première de travail, il n'avait pas eu d'incident majeur. Il y avait souvent des enfants qui se perdaient ou des petits vieux épuisés mais rien de difficile à gérer. Il n'allait pas s'en plaindre. Ce n'était jamais évident de voir des personnes souffrir sous ses yeux et être incapable de faire quoi que ce soit. Il avait appelé les secours, respecté le protocole, mais ça ne garantisse pas que la personne survive. Il n'était pas médecin.

"- Bien le bonjour... Oui, bien sûr. Les toilettes se trouvent à votre gauche. Vous prenez les escaliers et c'est juste en bas. ...Mais de rien, bonne journée."

C'était presque toujours la même chose. Il accueillait les gens et les guidait, souvent vers les toilettes en général. Il fallait croire que le panneau n'était pas assez visible. Pourtant il dénotait déjà pas mal avec le cadre. Mais les gens ne faisaient pas toujours l'effort de chercher. Heureusement, pour le moment, il tombait sur des personnes polies qu'elles soient d'ici ou d'un autre pays. Son anglais lui servait beaucoup et il était content de voir qu'il se débrouillait plutôt bien de ce côté. Il n'avait pas cherché à apprendre cette langue à tout pris. Il avait fini par l'utiliser à force de traîner sur le net. Il y avait tellement plus de documentations utilises en anglais que dans sa langue natale. Alors à force de lire et d'écouter ses séries et ses films en anglais, il était devenu assez doué.

"- ... Have a good day, sir", Dit-il avant de déchanter intérieurement lorsqu'il aperçut le visage d'un de ses anciens professeurs de la fac. Celui-ci s'approchait du comptoir d'accueil en compagnie de sa femme. Mais celle-ci le délaissa pour aller aux toilettes. Ce n'était pas la première fois qu'il avait affaire à eux. Il les voyait tous les weekends comme si ce couple n'avait rien de mieux à faire que de traîner au musée. Ok, il y avait des nombreuses oeuvres d'art à admirer et découvrir mais à force ils devaient connaître l'endroit par coeur, peut-être mieux que le blond qui restait principalement derrière son comptoir. Heureusement, Emmerich avait appris à garder son professionnalisme en toutes circonstances.

"- Bonjour, que puis-je faire pour vous ?
- Je vois que tu es toujours ici", Lança son professeur, avec l'intention de l'embêter. Pourquoi cet homme s'acharnait-il contre lui ? Emmerich avait quitté son cours depuis plusieurs mois maintenant et même avant ça, il l'avait souvent séché pour ne pas le perturber, l'enseignant n'avait donc aucune raison de venir le chercher. Était-il si mal dans sa peau qu'il se sentait obligé d'attaquer et de rabaisser un garçon comme Emmerich ?

"- Pas toujours ici. Je ne peux pas excéder un quota horaires. Mais si vous avez besoin, mes collègues seront disponibles pour répondre à vos questions si je ne suis pas là", Répondit le blond bêtement. Il n'avait pas envie de se prendre la tête avec une personne pareille. Il avait assez donné et il avait décidé de se rebeller un peu. Non, il n'était pas un cas désespéré et ce n'était pas cet homme qui allait lui faire croire le contraire. Pendant trop longtemps il s'était laissé marcher sur les pieds. Mais plus maintenant ! Par contre, il ne comptait pas se braquer et se rabaisser au petit jeu de l'homme. Il devait garder son professionnalisme.

"- En attendant, en quoi puis-je vous aider ?"

Emmerich vit l'homme soupirer, manifestement il n'avait pas apprécié la répartie de l'agent d'accueil.

"- C'est quand la prochaine exposition ?
- La date n'est pas encore fixée. Vous m'en voyez navré. Mais elle ne devrait pas tarder. Le directeur y travaille avec le soutien de nombreux artistes. Si vous voulez, vous pouvez toujours vous inscrire à la newsletter, comme ça aucune information ne vous échappera."

L'enseignant décida de s'éloigner pour retrouver sa femme, ignorant les dernières paroles d'Emmerich. Mais le blond était bien content de le voir s'éloigner enfin. Et puis au fond, il avait hâte de voir la tête de l'homme lorsque l'exposition allait sortir ! Il était persuadé que l'enseignant tomberait des nues en voyant le thème.

Pensant enfin être débarrassé de cet enseignant et donc des souvenirs qu'il faisait remonter, Emmerich déchanta rapidement en voyant un autre professeur. Heureusement ce n'était pas encore un con de première qui était là, non cette fois c'était le seul enseignant qui avait pris la peine de lui tendre une main lorsqu'il était au plus mal. Le blond ne l'avait pas saisi mais il avait apprécié la tentative. Pour une fois qu'un adulte essayait de le relever et non de le piétiner comme l'autre continuait de le faire !

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Spoiler:

“a simple hello could lead to a million things” & À demi plongé dans la lecture d’un dépliant, Val observe d’un œil distrait la foule de visiteurs qui se presse dans le grand hall du musée. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait là.
Il aimerait pouvoir simplement se justifier par la présence de l’exposition sur le thème de la mer, quand bien même il est trop déconcentré pour retenir deux phrases du prospectus qu’il lit.
Ce serait plus simple que d’admettre que sa conversation de l’autre jour avec Lukas le travaille encore, que depuis qu’il est arrivé il ne peut s’empêcher de guetter un type en costume trois pièces. Au cas où.
Une voix qu’il n’identifie pas immédiatement lui fait tourner la tête, et ses yeux se posent avec surprise sur une tête blonde familière. Un sourire vient étirer le coin de ses lèvres, avant de disparaître aussitôt lorsqu’il remarque l’homme qui se trouve en compagnie de son ancien élève.
De là où il est, il ne peut pas entendre ce qu’ils disent, mais au vu de la tête que tire Emmerich ce n’est probablement pas une conversation des plus enrichissantes. Pas vraiment une surprise, quand on connaît un peu ce prof.
Val finit par s’approcher du comptoir tandis que l’autre s’éloigne, prenant bien soin de ne pas se faire remarquer par son collègue. Il ne manquerait plus qu’il essaye de lui parler, tiens.
« Je vois que Baumer est toujours aussi con. » lâche-t-il en guise d’introduction. Il suit du regard l’enseignant qui s’éloigne pour aller retrouver sa femme, et il souhaite mentalement bien du courage à cette pauvre dame qui doit le supporter tous les jours.
Il n’a jamais vraiment cherché à entretenir des amitiés avec ses collègues de la fac, considérant que les quelques amis qu’il a déjà lui suffisent amplement.
Il se contente de rester courtois avec eux et accepte parfois, en de rares occasions, d’aller boire un verre après les cours. Ça ne va pas plus loin.
Mais celui-là il ne peut vraiment pas l’encadrer. Il l’évite, même. Parce que c’est le genre de personne mesquine, qui passe son temps à juger tout le monde et à parler pour ne rien dire.
Et Val sait très bien que s’il reste trop longtemps dans la même pièce que lui il va finir par craquer et le remettre salement à sa place.
« En tout cas, content que tu aies trouvé du travail depuis la dernière fois. » Presque six mois qu’Emmerich a quitté la fac. C’est drôle, il n’aurait pas pensé le recroiser un jour.
Il n’a pas vraiment eu l’occasion de le côtoyer, hormis les rares fois où il daignait venir à son cours, mais il le trouve bien plus épanoui que lors de leur dernière entrevue.
« Il paraît qu’une expo sensationnelle se prépare ? » Il plaisante à moitié en demandant ça, parce que Lukas en a parlé. Et même s’il n’a pas voulu lui dire quel serait le thème, ce qu’il a sous-entendu lui en donne une assez bonne idée.
 

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Si sur le coup, Emmerich avait fait la tête en voyant Mr Tillinghast débarquer au musée à son tour, la réflexion de ce dernier lui décrocha rapidement un sourire. Il savait que cet enseignant était quelqu'un de bien mais il ne l'imaginait pas insulter un de ses collègues ! En même temps, il ne pouvait qu'être d'accord avec lui. Baumer était un con de première qui passait son temps à rabaisser les autres pour se sentir bien dans sa peau. Et c'était assez plaisant de voir que même auprès des autres "adultes" il n'avait pas forcément la côte. Mais s'il se comportait comme avec Emmerich avec ses collègues ce n'était pas étonnant.

"- Con ? Pire que ça ! Il passe son temps à venir me parler juste dans l'espoir de me voir arrêter comme je l'ai fait avec la fac. Mais pas de chance pour lui, je compte bien rester ici et continuer à voir l'affreuse grimace qui orne son visage lorsqu'il croise mon regard lorsqu'il arrive dans le hall du musée."

En vrai, Emmerich ne prenait pas un si grand plaisir que ça à voir la tête de son ancien enseignant. Mais il était préférable de prendre la situation à la légère car ce genre de personnes avait souvent le pouvoir de tout gâcher si on lui accordait un peu trop d'importance. Et puis, avec un peu de chance, Mr Baumer finirait par se lasser et arrêter de venir le voir à chacune de ses visites.

"- En tout cas, content que tu aies trouvé du travail depuis la dernière fois."

La surprise que provoqua ces mots chez Emmerich put se lire quelques secondes sur son visage avant qu'il se reprenne. Son enseignant ne pouvait sûrement pas imaginer à quel point cette phrase avait un effet positif sur le jeune. Emmerich avait toujours cherché à être accepté par les adultes, les vrais adultes, ceux qui étaient dans la vie active. Il en avait marre de se voir réduit à l'état d'échec ambulant. Alors voir Valoel être content pour lui comptait énormément pour lui. Surtout qu'avec ce professeur, Emmerich savait qu'il ne disait pas ça pour lui faire plaisir. Il ne le sentait pas hypocrite comme les autres.

"- En même temps, j'ai pas quitté la fac pour glander !", Lança-t-il un brin taquin avant de reprendre plus sérieusement, "Mais en vrai j'ai eu une chance énorme. Mon boss est vraiment quelqu'un de bien. Il a accepté de me laisser une chance quand personne ne voulait m'en donner."

Emmerich avait pris la mauvaise habitude d'appeler Mr Blumenthal "Boss" auprès de ses potes, alors à force il finissait par le sortir de temps à autres quand il ne faisait pas assez attention. Mais avec son enseignant il se sentait assez bien pour être lui-même. C'était fou comme une personne qui faisait juste un pas vers soi pouvait débloquer quelqu'un. Et puis, soyons honnêtes, Emmerich était bien mieux dans sa peau depuis quelques temps. Sa vie semblait retrouver un peu d'ordre et ça faisait vraiment du bien !

"- Il paraît qu’une expo sensationnelle se prépare ?"

Un sourire se dessina sur les lèvres du blond.

"- Hey, c'est pas parce que je vous apprécie plus que Baumer que je vais vous en dire plus sur la future expo. Mais oui, elle va être sensationnelle ! Le thème est au top !"

Emmerich forma un rond avec son pouce et son index comme pour souligner ses dernières paroles. Il avait vraiment hâte de voir l'exposition terminée. Il avait pu en savoir un peu puisqu'il était employé au musée et qu'une telle exposition ne pouvait pas rester secrète mais il ignorait beaucoup de choses. Il n'était qu'un petit agent d'accueil pour le moment.

"- Entre nous, je pense que Baumer ne va pas l'apprécier du tout, coincé comme il est !"

Emmerich se lâchait. Il ne s'était jamais montré si ouvert avec son enseignant. Certes, jusqu'ici, le blond avait toujours tenté de créer une certaine distance avec les gens autour de lui, surtout ceux qu'il appelait les "adultes". Or, maintenant qu'il se sentait mieux et qu'il n'était plus à l'université, il avait l'impression qu'il pouvait enfin être lui-même. Il n'était pas complètement honnête mais il faisait des efforts. Il avait déjà passé un sacré cap en avouant à ses potes qu'il était gay. C'était déjà bien, surtout que la situation était encore un peu tendue avec certains qui lui en voulaient vraiment de ne pas leur avoir fait confiance.

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“a simple hello could lead to a million things” & « Con ? Pire que ça ! Il passe son temps à venir me parler juste dans l'espoir de me voir arrêter comme je l'ai fait avec la fac. Mais pas de chance pour lui, je compte bien rester ici et continuer à voir l'affreuse grimace qui orne son visage lorsqu'il croise mon regard lorsqu'il arrive dans le hall du musée. »
Val soupire. Il ne s’attendait pas à grand-chose de la part de son exécrable collègue, mais ça n’arrange rien de savoir ça. Il fait visiblement partie de ces gens dont le but dans la vie est d’emmerder le plus de monde possible. Et il est bien content de ne presque jamais le croiser.
C’est tout de même un comble qu’un type de son âge, censé être mature et accompli, ressente le besoin de venir rabaisser un jeune homme et essayer de le décourager. Heureusement, ça ne semble pas marcher.
« En même temps, j'ai pas quitté la fac pour glander ! » Lance le plus jeune sur le ton de la plaisanterie. Et même si ça avait été le cas, Val ne lui en aurait pas tenu rigueur.
Après tout, quand il avait son âge lui non plus n’avait aucune idée de ce qu’il voulait vraiment faire de sa vie. Il a d’ailleurs toujours trouvé étonnant – pour ne pas dire illogique – que l’on demande aux jeunes de choisir vers quelle branche ils veulent se diriger dès le lycée. Comme s’ils avaient tous la maturité pour décider de ça à même pas dix-huit ans.
« Mais en vrai j'ai eu une chance énorme. Mon boss est vraiment quelqu'un de bien. Il a accepté de me laisser une chance quand personne ne voulait m'en donner. » Pour toute réponse Val hoche la tête, l’air pensif. Il cherchait justement comment mentionner le directeur du musée sans que ça ne vienne dans la conversation comme un cheveu sur la soupe, l’occasion est parfaite.
S’il en croît ce que lui dit Emmerich, l’homme qui fait tant tourner la tête à Lukas n’est peut-être pas autant un vieux con qu’il le craignait. Il semble être un bon patron en tout cas, c’est un bon début.
Il ne peut s’empêcher de mentionner la future exposition dont son ami lui a vaguement parlé la dernière fois. Celle-ci il s’assurera de ne pas la rater, ce n’est pas tous les jours qu’on en voit sur ce thème.
« Hey, c'est pas parce que je vous apprécie plus que Baumer que je vais vous en dire plus sur la future expo. Mais oui, elle va être sensationnelle ! Le thème est au top ! » Il semble sincèrement enthousiaste en disant cela et c’est plaisant de le voir aussi enjoué, bien loin du gamin renfermé qui séchait la moitié de ses cours, quelques mois plus tôt.
« Entre nous, je pense que Baumer ne va pas l'apprécier du tout, coincé comme il est ! » Cette fois-ci Val rit franchement.
« J’ai hâte de voir ça. Avec un peu de chance il ne remettra plus les pieds au musée après ça. » Ce qui ne serait clairement pas une grosse perte.
« En tout cas tu sembles dans ton élément ici, ça fait plaisir à voir. D’autant plus si tu es tombé sur un patron sympa. » Il n’ose pas lui dire qu’il s’est inquiété pour lui depuis la fin de l’année scolaire dernière. Au moins il n’aura plus à s’en faire à présent qu’il le sait dans une situation stable.
« D’ailleurs, en parlant de lui, il est comment ? En tant que personne, je veux dire. » La question va sûrement paraître étrange, mais ça lui est égal, si ça peut rendre service à Lukas.
 

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Si Bauer pouvait disparaître de sa vie, Emmerich en serait ravi. Il pouvait tenter de l'ignorer autant qu'il le voulait l'enseignant finissait toujours par arriver à ses fins. Il fallait dire que venir tous les weekends et passer à chaque fois lui balancer une pique était une tactique plutôt efficace pour faire céder les troupes. Mais même si le blond était agacé par l'attitude de l'homme, il ne comptait pas jeter l'éponge. Il avait enfin trouvé un travail où il se sentait à l'aise et qui lui permettait de prendre ses marques petit à petit. À force il allait gagner confiance en lui.

"- Je pourrai toujours demander ça au père Noël mais je pense que Bauer lâchera pas l'affaire comme ça. Peut-être même qu'il se découvrira une nouvelle passion !"

L'idée que Bauer puisse s'épanouir devant la future exposition semblait hautement improbable. Alors Emmerich allait se contenter d'imaginer la grimace qui allait défigurer sa tête de con. Ce serait déjà très bien pour se venger de toutes les saloperies que l'homme aimait lui lancer dès que leurs routes se croisaient.

"- En tout cas tu sembles dans ton élément ici, ça fait plaisir à voir."

Un sourire gêné mais heureux se dessina sur ses lèvres. C'était la deuxième fois que quelqu'un semblait réellement touché par son évolution. Mais contrairement à l'autre personne, Mr Tillinghast avait tenté de l'aider et de le soutenir dès qu'il avait pris conscience de la situation dans laquelle se trouvait le blond. Et encore, l'enseignant ignorait beaucoup de choses sur ce qu'avait vécu l'ancien étudiant. La mère de ce dernier, au lieu de lui tendre une main, lui avait demandé des comptes à chaque fois. Elle n'avait pas eu le moindre mot doux, appuyant toujours là où ça faisait mal et rejetant la faute sur lui. Pourtant au moment où elle avait avoué être fière de lui, Emmerich avait senti sa colère fondre. Il gardait une certaine réserve envers sa mère malgré tout, il y avait quelques points qui n'avaient pas été effacés.  

Emmerich n'avait pas dit le moindre merci à son vis-à-vis, se contentant de son sourire. Mais il était évident qu'il était touché par les mots de Valoel. Il avait eu la chance de tomber sur des gens biens malgré tout. Il regrettait presque de ne pas avoir essayé de parler avec lui avant aujourd'hui. Peut-être qu'il aurait continué la fac s'il avait confié ses problèmes à un adulte bien avant. Avec des "si" on pouvait refaire le monde mais le passé ne changerait pas.

"- D’ailleurs, en parlant de lui, il est comment ?
- Beau gosse pour un "vieux"...
- En tant que personne, je veux dire."

Emmerich perdit son sourire taquin lorsque le téléphone de l'accueil sonna, le coupant un instant dans sa discussion. Il décrocha rapidement et après quelques échanges, il transféra l'appel à la bonne personne. La première fois qu'il avait du faire ça, il avait envoyé la personne vers son patron. Mr Blumenthal avait du gérer le coup de fil destiné à un des restaurateurs. La honte !

"- Bon, pour en revenir à nos moutons, c'est quelqu'un de bien. Il a l'air super sérieux et sévère parfois, mais c'est quelqu'un avec le coeur sur la main. Il m'a mis tout de suite à l'aise lors de l'entretien et même après quand j'ai commencé mon service. Le pauvre arrête pas de travailler aussi. Je sais pas comment il fait pour ne pas être fatigué ..."

En voyant un couple un peu perdu, le garçon les interpella en anglais. Il échangea un instant avant de les aiguiller vers les toilettes. C'était fou le nombre de personnes qui les loupaient.

"- Désolé, je peux pas laisser les gens errer bêtement dans le hall, c'est quand même mon job de les guider !", Dit-il en se tournant à nouveau vers son ancien enseignant.

"- Tout ça pour dire qu'il n'est pas comme Bauer, loin de là !", Conclut-il toujours un sourire sur les lèvres, "Et vous, vous devenez quoi ?"

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“a simple hello could lead to a million things” & « Je pourrai toujours demander ça au père Noël mais je pense que Bauer lâchera pas l'affaire comme ça. Peut-être même qu'il se découvrira une nouvelle passion ! »
Un sourire se dessine au coin des lèvres de l’enseignant. Ce serait un changement tout aussi agréable qu’improbable, malheureusement. Il y a des gens qui ne changent pas, pas pour le mieux du moins, et se vautrent allègrement dans leur malveillance.
Il espèce sincèrement que la bêtise de son collègue ne réussira pas à avoir raison de la motivation d’Emmerich. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il se permet de le complimenter et de l’encourager. Il serait trop dommage qu’il abandonne en si bon chemin à cause d’un crétin.
Il se risque également à lui demander des informations sur son patron, l’air de rien. Emmerich n’a pas spécialement l’air de s’en inquiéter, de toute façon. Et c’est tant mieux, pas qu’il ne voit pas trop comment il pourrait lui expliquer le pourquoi du comment.
« Beau gosse pour un "vieux"... »
Nouveau sourire, franchement amusé cette fois-ci. Ce n’est pas exactement ce genre de détail qu’il espérait mais c’est tout de même bon à savoir. Il aura de quoi taquiner Lukas avec ça la prochaine fois qu’il le verra.
Le jeune homme s’interrompt quelques minutes pour répondre à un appel téléphonique, et Val admire son professionnalisme, alors qu’il est probablement en train de le déconcentrer avec ses questions bizarres.
« Bon, pour en revenir à nos moutons, c'est quelqu'un de bien. Il a l'air super sérieux et sévère parfois, mais c'est quelqu'un avec le cœur sur la main. Il m'a mis tout de suite à l'aise lors de l'entretien et même après quand j'ai commencé mon service. Le pauvre arrête pas de travailler aussi. Je sais pas comment il fait pour ne pas être fatigué ... »
En dehors de son apparence physique – qu’il ne connaît pas et dont il se fiche pas mal, à vrai dire – il semble effectivement bien être le genre de Lukas. Il y a sans doute une différence entre sa façon d’être avec ses employés et sa façon d’être en privé.
Mais cela en dit déjà beaucoup sur sa personnalité, s’il traite bien ceux qui travaillent pour lui. Il ne pourra probablement pas s’empêcher de s’inquiéter encore un peu pour Lukas mais ses doutes s’en trouvent déjà amoindris.
« Je vois... c'est bon à savoir, merci. » répond-t-il, pensif.
Emmerich s’interrompt à nouveau pour interpeller un couple de touristes qui semblent tourner en rond dans le hall depuis plusieurs minutes déjà. Il leur indique la direction des toilettes, avant de se tourner à nouveau vers son ancien professeur.
« Désolé, je peux pas laisser les gens errer bêtement dans le hall, c'est quand même mon job de les guider ! » Val se contente de hocher la tête.
« Tout ça pour dire qu'il n'est pas comme Bauer, loin de là ! » Conclut Emmerich, l’air satisfait. Encore heureux. C’est tout ce qu’il avait besoin de savoir, au final.
« Et vous, vous devenez quoi ? » La question le prend un peu au dépourvu. Il ne s’était pas attendu à ce qu’il s’inquiète pour lui aussi.
« Ça va. La routine… Je croule toujours sous les copies à corriger. Et visiblement je préfère aller embêter un ancien élève plutôt que de m’en occuper. » répond-t-il en haussant les épaules, sans se départir de son sourire. Il n’a pas de meilleure réponse à lui offrir, il ne se passe pas grand-chose dans sa vie en ce moment.
 

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Emmerich avait vraiment perdu l'habitude de dire du bien des gens comme ça. Il avait souvent gardé pour lui ce qu'il pensait que ce soit en bien ou en mal. Mais ce métier lui donnait l'occasion d'échanger avec plein de personnes, toutes plus différentes les unes que les autres. Et même s'il y avait toujours des cons pour venir l'embêter, comme son ancien professeur Mr Bauer, ce n'était pas la majorité des visiteurs et heureusement !Il aurait sûrement fini par péter un câble s'il n'avait eu que des personnages comme ça non stop à chacun de ses services. Là, il trouvait ça plutôt agréable d'avoir des contacts avec des personnes qui ne le voyaient pas tout de suite comme un délinquant ou un cas désespéré. Il avait l'impression d'être normal.

« - Ça va. La routine… Je croule toujours sous les copies à corriger. Et visiblement je préfère aller embêter un ancien élève plutôt que de m’en occuper. »

Cette remarque amusa Emmerich qui sourit un peu plus franchement que l'instant d'avant. Il trouvait son professeur vraiment cool comparé à Bauer. Il regrettait presque de ne pas lui avoir parlé avant. Mais pour être honnête, il n'aurait pas forcément osé parler aussi naturellement avec un enseignant. Il y avait une certaine distance à respecter, non ? Là il n'était plus son élève. Ils étaient deux adultes qui travaillaient et avaient en horreur les personnes comme Bauer. Ce genre de points communs rapprochait toujours.

« - Hey, m'utilisez pas comme une excuse pour ne pas corriger vos copies ! », Fit-il faussement outré, « Je ne voudrai pas voir arriver une horde d'étudiants en colère parce qu'ils n'auront pas validé votre matière par ma faute ! »

L'envie de ressortir un bouquin de biologie marine le prit soudainement. Son ancien professeur avait toujours rendu cette matière passionnante et ça lui manquerait presque. C'était bien le seul cours où il avait tenté d'y assister le plus possible. Mais il avait vraiment eu du mal à être un élève assidu même avec un enseignant au top. Il s'était laissé prendre par tout le bordel qu'était sa vie et s'était retrouvé à fuir l'endroit, sauf lorsqu'il venait juste pour jouer poser dans un coin. Il y avait des endroits sur le campus qui lui avaient permis de s'isoler et de rester dans sa bulle. L'intérêt de l'université c'était que personne n'en avait rien à faire des personnes comme lui, c'était chacun pour sa pomme.

« - Enfin ça donne pas envie d'être professeur ... », Fit-il en jetant un bref coup d'oeil autour d'eux pour voir si une âme en peine avait besoin d'être guidée, « Comment vous avez su que vous vouliez faire ça ? »

Mr Tillinghast n'avait probablement pas envie de lui raconter toute sa vie pourtant Emmerich n'avait pas pu s'empêcher de jouer les petits curieux. Il avait peut-être trouvé un travail au musée mais il n'était pas sûr qu'il pourrait faire ça toute sa vie. Il cherchait encore sa voie et quoi de mieux pour l'aider que d'entendre comment les autres avaient fait pour trouver la leur ?

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