Aurora * Soirée karaoké au Molotow

En terminant les cours à la Bucerius Law School ce vendredi soir là, Lisa se hâte de quitter l'établissement pour rejoindre son véhicule alors que sa fin de journée s'annonce pour le moins chargée. Alors que Benett est en déplacement à Berlin et ne rentrera que le lendemain matin, la jeune femme a pour sa part prévu de passer la soirée en compagnie de son amie Aurora, avocate en droit des affaires rencontrés au cours de l'un de ses stages. Toutefois, avant de pouvoir rejoindre son amie et se casser la voix toute la soirée à chanter, à boire et rire, la jeune femme doit d'abord passer à la patinoire pour son entraînement quotidien en patin, alors que les sélections pour les championnats approchent doucement. Avec Gabi ces derniers temps, les deux filles sont donc tendues et la pression monte alors qu'elles mettent la barre de leurs espoirs relativement haut. Lisa est tout de même championne de la coupe d'Allemagne 2018. Remettre son titre en jeu n'est pas une mince affaire pour la demoiselle. Pourtant c'est ce qu'elle doit faire cette année, en espérant passer les sélections pour défendre son titre sir la glace à Fribourg.

La séance est rude aujourd'hui alors que le niveau et la pression augmentent évidemment. Lisa termine sur les rotule et hoche la tête comme son entraîneur lui fait savoir qu'elle doit absolument penser à conserver un bon sommeil et prendre ses vitamines tout les jours, jusqu'à la coupe. La demoiselle le sait. Mais ce soir elle ne risque pas de suivre ce conseil. Au contraire, la demoiselle a bien l'intention de profiter de sa soirée, ce qui inclus de ne pas rentrer tôt. Elle dormira mieux demain... ou pas.  Entre l'entraînement, le boulot scolaire et le dossier Maxim Schuylers, la jeune femme doute d'avoir la possibilité de faire une grasse mâtiné. Et ce d'autant plus que Benett rentre de deux jours passés à Berlin. Elle risque au contraire d'accumuler les heures de retard de sommeil ce week-end.

Quittant rapidement la patinoire, la jeune femme rentre rapidement chez elle, le temps de prendre une douche et se changer. En avisant l'heure, elle opte pour un maquillage léger, rapide, et décide de laisser ses cheveux lâchés, comme c'est le cas la plupart du temps, avant d'attraper son sac à main et filer, encore. Pas de voiture, elle sait qu'elle va boire et rentrera, ainsi, par les transports en commun. Même si l'idée de rentrer seule n'est jamais très rassurante, elle habite un quartier tranquille d'Hambourg.

Rapidement, elle quitte le métro en arrivant à St Pauli et se dirige vers le Molotow, un bar à cocktails proposant parfois, comme ce soir, des soirées karaoké. Envoyant un texto à Aurora, la jeune femme prévint ainsi cette dernière qu'elle est arrivée, avant de la chercher des yeux parmi la clientèle déjà présente, des fois que la jeune femme soit arrivé avant elle.

Lisa se dépêche de gagner le club alors que la nuit est tombée sur Hambourg. Il vaut mieux être à l'intérieur que dehors, dans ce genre de moments. Le quartier de St Pauli étant un lieu très festif, sur le tard de la soirée, il n'est pas rare de croiser quelques hommes éméchés. Parfois même dès 20:00, après qu'ils aient commencés à boire en fin d'après-midi ou début de soirée. De fait, Lisa préfère ne pas s'attarder dehors et à peine rentrée, elle prévient son amie de son arrivée, avant d'envoyer un message à Benett pour dire qu'elle est bien au club. Depuis qu'elle avait été enlevée début avril, la jolie rousse était de plus en plus méfiante et son partenaire de plus en plus inquiet alors que par trois fois, elle avait risqué de mourir ou passer un sale quart d'heure, au cours des derniers mois. Son message envoyé, elle cherche Aurora des yeux dans la foule mais ne l'aperçoit pas. Ce n'est qu'un sifflement qui la fait sursauter et tourner la tête dans la bonne direction, lui faisant comprendre au passage que la personne qui sifflait était justement celle qu'elle cherchait. Un grand sourire aux lèvres, Lisa gagne la table où son amie a prit place.

«- On ne t'a jamais dit c'est très impoli de siffler les jolies filles !?» fait remarquer Lisa non sans une pointe d'amusement, avant de claquer deux bises sur les joues de l'italienne.

La jeune femme s'installe et comme Aurora, pose sa veste sur le dossier d'une chaise inoccupée, de même qu'elle pose son sac sur celle-ci pour ne pas prendre le risque de le salir, alors que les sols des bars et clubs ne sont pas toujours très propres. Avec le passage incessant, les verres qui se renversent, les gens qui mangent, aussi, ces endroits ne sont clairement pas les plus propres pour laisser un sac à main et le retrouver intact. Celui choisir par Lisa pour ce soir étant un cadeau de sa mère, elle en prenait soin.

«- Alors comment tu vas ? Tu as passé une bonne journée ? Tu travaille sur quoi en ce moment ?»

Aurora travaillant dans le droit, naturellement, il n'était pas rare que Lisa la questionne avec intérêt sur les affaires qui pouvaient l'occuper et ce même si la branche de la blondinette ne passionnait pas particulièrement la rouquine, bien trop obnubilée par son désir de défendre les intérêts des enfants dans les divorces de leurs parents, du fait de sa propre histoire. Pourtant, elle appréciait toujours discuter des affaires de ses connaissances. Il ne fallait pas rester cantonner à sa propre branche, loin de là et les techniques de plaidoiries de ses pairs étaient toutes bonnes à prendre pour la demoiselle en vu de sa carrière à venir.

«- Tu veux que j'aille passer notre commande ?» questionne Lisa, alors qu'une des deux restera surveiller leurs affaires.

Avec ses années de pratique du patinage, Lisa était ce genre de fille qui avait toujours la démarche légère, aérienne, gracieuse. De ces filles qui vous donnent l'impression de danser quand elles marchent. Parfois chez sa mère, comme ça, d'un coup, il lui arrivait de réaliser un saut, une pirouette, une arabesque. Rejoignant son amie la jeune femme salut cette dernière de deux bises sur ses joues, le tout en plaisantant au passage sur le fait que l'avocate d'affaire l'ait sifflé pour attirer son attention. Et elle rit plus encore lorsque Aurora rétorque que la patineuse doit avouer qu'elle aime ça. Lisa met quelques secondes à pouvoir répondre.

«- Disons que c'est toujours mieux venant de toi que d'un inconnu dans la rue en effet.» remarque la demoiselle.

Prestement, Lisa s'installe en posant ses affaires soigneusement pour ne pas les abîmer. Le fait que sa mère ait une belle situation sociale n'avait pas altéré la capacité de l'étudiante à comprendre la valeur des choses. Alors qu'elle n'était pas matérialiste, ne désirait pas le dernier gadget à la mode, elle prenait soin de ses affaires cependant et surtout des cadeaux qu'elles recevaient. Ce sac n'était pas qu'un sac à ses yeux. Il était un cadeau de sa mère, ce qui lui conférait donc une valeur sentimentale. C'était à ce genre de valeur que Lisa était attachée et elle ne cessait de le montrer à Benett depuis le début de leur histoire, lui offrant d'avantage de cadeaux symboliques ou spirituels, culturels, que matériels. Lisa appréciait la beauté des souvenirs, des expériences, des ressentis, bien plus que la satisfaction d'être «dernier cri».

«- Mea culpa.»

Lisa s'emballait un peu parfois. Et pourtant, elle avait les mêmes réflexes avec Benett parfois, quand le travail de ce dernier commençait à prendre trop de temps sur leur soirée. Mais c'est qu'elle aime apprendre, et qu'elle a conscience que ses rencontres, ses aînés, avec leurs expériences, ont beaucoup à lui faire découvrir, à lui transmettre.

«- Je vois» elle rit. «On ne peut pas tous bosser sur de sordides affaires de meurtres dignes des meilleurs thrillers...» remarque Lisa. «Je vais bien, les cours sont intéressant, la Bucerius est vraiment une bonne école. J'ai un peu de pression, mais ça va aller ! Ce n'est plus que l'affaire de quelques mois et je serais enfin officiellement avocate... à moi les divorces, les époux en larmes et les choix cornéliens pour penser à la meilleure situation pour les enfants au milieu de ce bazar... la joie...»

Mais c'était précisément pour cela, pour ces enfants, pour qu'ils soient convenablement défendus dans les procès de leurs parents, que Lisa était devenue étudiante en droit. Ce n'était toutefois pas le moment de se miner le moral avec tout ça. Lisa se lève pour aller commander, mais Aurora la retient. Les mots qu'elle emploie font légèrement tiquer la demoiselle. La blondinette est bien comme... comme Benett. Lisa n'avait jamais eut le même train de vie qu'eux et le ressentait dans ce genre de moments. Elle était plus vive, plus spontanée, plus humble aussi que ne l'était Benett. Il tranchait avec les Rosenthal, avec tout ce qu'ils avaient connus, Benett le disait lui-même et il l'appréciait pour cela aussi.

«- Un sex on the beach pour moi.» commande Lisa avant de se tourner vers son amie en riant. «Deux olives, voilà qui est bien précis !»

La jeune femme adresse un sourire à son amie comme cette dernière a tourné la tête vers le sac que Lisa vient de poser, en faisant remarquer que le compagnon de l'étudiante a beaucoup de goût. La demoiselle s'amuse de cette remarque, en se demandant ce qui peut bien lui faire dire que ce cadeau est de son petit ami, alors que ce n'est pas le cas. Lisa hausse les épaules en riant.

«- Mon amoureux a de très bons goûts mais pour le coup, ceci est un cadeau de ma mère.» répond-elle amusée. «Benett m'a déjà offert des sacs, mais pas celui-là. Tu vois le noir, Thierry Mugler ? Lui, c'est un cadeau de mon chéri par contre, il me l'a offert pour nos deux ans.»

Rapidement cependant, elles délaissent le sujet de la mode et des accessoires de filles tout juste abordé pour parler des études, du travail, un sujet de conversation qui ne fait pas toujours le bonheur des gens, et que certains préfèrent fuir. Aurora, d'ailleurs, avait initialement fait remarquer que ce n'était ni le lieu ni le moment pour un parler du travail, avant de questionner elle-même Lisa au sujet de ses études ce qui les pousse rapidement toutes deux à évoquer les domaines du droit et les aspects négatifs de leurs branches respectives. Aurora n'avait pas tord dans ce qu'elle disait et malheureusement la demoiselle le savait. Elle aurait toujours posé sur elle le regard d'enfants qui ne comprendraient probablement pas que son travail était de faire au mieux pour eux, dans les affaires de leurs parents. Elle ne pourrait pas leur en vouloir. Et elle devrait supporter cette tristesse dans leurs yeux, perpétuellement, jusqu'à la fin de sa carrière.

«- Je pense qu'il y a des inconvénients à toutes les branches du droit cela dit... ce n'est jamais facile, quoique l'on choisisse.»

Elle rit comme Aurora fait remarquer qu'elle aurait demandé le pot d'olives, mais que c'était moyen. En effet. Lisa visualisait bien la scène et ce n'était peut-être pas une riche idée de passer pour une inconvenante ici. Elle sait que son amie a toujours le risque d'être prise en photo et se retrouver dans un journal ou un autre, avec une légende plus ou moins flatteuse.

«- Tu sais déjà ce que tu veux chanter ?»

La jeune femme est d'accord avec son amie, elle le disait il y a quelques temps déjà, elle ne sait plus avec qui. Tout les métiers ont leurs inconvénients, personne n'a à se plaindre des siens en oubliant ceux du voisin. Tout les métiers ont leur propre lot. Et tous n'ont clairement pas les mêmes avantages, les deux femmes n'ont pas vraiment à se plaindre, Lisa le sait bien, alors que leur métier leur permet tout de même de profiter pas mal de la vie et qu'elle se sent utile à la collectivité, utile à la société, quand elle exerce. Après tout un avocat peut venir en aide à n'importe qui, un jour. Ce contact humain, primordial dans le métier, lui est cher aussi quoi que ce ne soit pas sa motivation première à réaliser un tel travail. Non, ce qui la botte c'est de venir en aide aux enfants, naturellement, comme depuis toujours, parce qu'elle les sent lésés dans les divorces des parents. Elle s'est sentie lésée elle-même à une époque. Perdue à ne pas pouvoir voir son père.

«- Oui, tout les métiers ont leurs propres lots d'ennuis je te l'accorde et dans notre cas, nous nous en sortons tout de même relativement bien j'en ai bien conscience !»

Elle sourit, comme son amie en revient au sac dont elles parlaient un peu plus tôt. Apparemment, elle vient de se souvenir du sac à main dont il est question. Lisa rit. Elle ne garde pas Benett pour son sens de la mode, loin de là. Mais la réflexion l'amuse. Tout en se demandant s'il n'a pas reçut quelques conseils de la part de son assistante. Ce serait possible, après tout.

«- Je lui passerais le compliment.» souligne la belle.

Rapidement se pose la question de savoir quoi chanter, alors qu'elles sont dans un karaoké. Lisa semble réfléchir, alors que d'autres passent déjà. A vrai dire c'est une question délicate. Que chanter. Son amie continue ses questions en interrogeant la belle sur son expérience, malheureusement pour elle inexistante, du karaoké. Elle adresse à son amie un air désolé.

«- J'en ai déjà fait avec ma maman une fois et avec des amies un peu plus jeunes mais ce n'était que quelques fois. Ce n'est pas une première mais je suis loin d'être une accoutumée... Je ne sais pas, on chante quelque chose de joyeux, de pep's, non ? 99 Luftballoons ?»

S'il y avait bien une chose que Lisa avait, que ni Lizzie, ni Benett, ni Aurora n'avaient eut malgré tout leur argent, c'était la liberté. Venue d'une catégorie sociale un rien plus modeste, bien moins hautaine en tout cas, la demoiselle avait put grandir librement, joyeusement, écouter ses envies sans se plier à quelques règles de bonnes conduites, de bienséances, que tous avaient soigneusement respectés pour leur part, passant probablement à côté de plusieurs choses dans leurs vies, qu'ils regrettaient avec l'âge. Et tout ça pur quoi ? Pour qu'à quarante ans ils courent après ces expériences qu'ils n'avaient pas eut le bonheur de connaître, enchaînant les conneries au passage, qui se retourneraient un jour contre eux. Lisa n'avait vraiment manqué de rien, en fin de compte, sinon de l'amour d'un père et peut-être que finalement, elle était plus riche de souvenirs, d'humanité, que ne l'étaient ceux qui avaient grandis dans une catégorie sociale supérieure semblable à une prison dorée.

«- Oui on chante ensemble, pas de problème !» répond la jeune femme avec un sourire pour rassurer son amie alors que cette dernière n'a jamais fais de karaoké dans sa vie.

Mais si Lisa tente de rassurer Aurora, cette dernière se met la pression en remarquant que l'homme qui chante actuellement le fait très bien et elle demande si la soirée est bien sensé être amateur. Oui. Mais certains sont de bons chanteurs qui s'ignorent et certains sont des habitués, aussi, qui profitent seulement d'une bonne soirée. Lisa esquisse un sourire en tapotant la main de la jolie blonde.

«- Ne t'en fais pas, tout va bien se passer !» assure la jeune femme. «On va s'en sortir comme des reines !» affirme-t-elle encore avant de hausser les épaules. «Maman avait d'autres projets pour ce soir, elle avait une réunion fille avec ses copines.»

Lisa attrape la main d'Aurora alors que la musique se termine et elle l'entraîne vers la scène en demandant leur musique au DJ qui leur donne un second micro. Alors que la musique commence, Lisa suit les paroles sur l'écran, commençant à chanter. Et alors que le rythme de la musique accélère un peu, la jeune femme commence à se déhancher, égale à elle même, toujours prête à s'amuser et entraîner les autres à sa suite, dans sa bonne humeur communicative. Et elle jette des coups d'oeil à son amie en espérant lui transmettre un peu de ce lâcher-prise.

99 luftballons pour ceux qui veulent :p

Lisa espérait fortement que son amie allait pouvoir se lâcher rapidement et se lancer dans la musique. Véritable petite boule d'énergie à ses heures, elle commence déjà à bouger comme elle chante, en espérant que sa bonne humeur sera communicative pour son amie, alors qu'elle l'est souvent. Si elle parvenait à rajeunir Benett, à lui faire avoir des jeux dignes d'un adolescent amoureux, si elle parvenait à lui faire oublier ses quarante-et-une années, la jeune femme songeait qu'elle devait pouvoir faire oublier le poids des regards à une trentenaire. Elle s'y employait tout du moins, dans la bonne humeur. Et finalement, cela semblait fonctionner. Elle pousse un petit cri de victoire avant de reprendre sa chanson, continuant de bouger et de s'éclater, ravie de voir finalement Aurora faire de même.

La chanson s'achève et Lisa garde un grand sourire en posant le regard sur le visage de son amie, avant qu'elles ne retournent à leurs places pour laisser le micro à quelqu'un d'autre. Une jeune fille prend la relève, commençant à chanter une chanson d'amour, tandis que les deux juristes retrouvent leurs sièges. Lisa garde un petit air espiègle en observant son amie, alors qu'elle l'interroge sur son ressenti.

«- Alors tu vois, ça s'est plutôt bien passé ! Il m'a semblé voir que tu appréciais ça ?»

Comme si la jolie blonde avait la moindre chance de mentir, alors que son amie l'avait vu se déhancher à son tour et chanter progressivement un peu plus fort, se laissant entraîner par l'ambiance. Lisa tourne la tête vers l'estrade, posant un instant son regard sur la chanteuse qui fait sa sérénade et elle se réintéresse rapidement à Aurora.

«- On en refera une un peu plus tard ?»

Lisa est contente, contente de voir que son amie s'est bien amusée avec elle et dans cette découverte qu'elle vient de faire en participant à ce karaoké. Lisa ne s'attendait pas forcément à ce qu'Aurora y prenne autant de plaisir au premier coup. Mais elle est heureuse de voir que c'est le cas et espère que son amie à l'avenir profitera un peu plus de ce genre de sorties, de ce genre de libertés, même si elle sait aussi que cela risque d'être difficile comme une éducation ne se refait pas en un claquement de doigts. Toutefois elle trouve important que son amie ne s'enferme pas trop dans toutes ces règles de vies qui sont, quelque part, d'un autre temps. Lisa rit comme son amie demande un autre verre et elle demande une seconde boisson elle aussi avant de tourner la tête vers l'homme qui chante toujours.

«- Je suis ravie de voir que tu as aimé au point de vouloir y aller seule !» annonce-t-elle avec un large sourire avant de questionner son amie. «Tu as déjà une petite idée de ce que tu veux chanter toi ?»

Alors qu'on leur porte leurs verres, Lisa remercie le serveur en écoutant la réponse de son interlocutrice alors qu'elle-même pense aussi à aller chanter seule un peu plus tard, sans toutefois savoir encore ce qu'elle va bien pouvoir chanter, comme elle hésite entre plusieurs sons qu'elle aime bien. Distraitement, elle joue avec sa paille dans son verre avant de porter celle-ci à ses lèvres pour prendre quelques gorgées.

«- Y'a d'autres trucs que tu n'as jamais fais mais que tu voudrais essayer ?» questionne alors la rouquine en reportant son attention sur Aurora. «Bowling, Mini-golf... ce genre de trucs peut-être ?»

Lisa hoche la tête comme son amie dit ne pas encore savoir ce qu'elle va chanter comme elle ne sait même pas ce qu'ils ont à disposition. L'étudiante admet que l'on puisse être facilement dépassé quand on a pas l'habitude des lieux ni même de ce genre de choses. Elle adresse un petit sourire réconfortant à son amie et vient lui tapoter la main rapidement, avant de lui répondre.

«- Tu sais même s'ils n'ont pas en stock ce que tu veux, maintenant avec Youtube ils savent où chercher rapidement pour te donner ce que tu veux. Donc même si tu veux chanter quelque chose qu'ils n'ont pas, c'est possible de le faire. Sinon, les chansons qu'ils ont en stock sont dans le carnet là-bas juste à côté du DJ.»

Elle questionne l'avocate pour savoir tout ce que cette dernière n'a pas put faire dans sa vie, qui la tenterait cependant et une fois de plus Lisa réalise comme ce n'est pas si cool que ça de grandir dans une famille riche et puissante. Une fois de plus elle remercie du fond du cœur sa mère de lui avoir permit de grandir librement, de mener une enfance riche d'expérience, heureuse, sans jamais la brimer au nom d'un code de conduite ou d'un autre. Libre, elle avait largement profité de ses jeunes années et était reconnaissante de chance qu'elle avait, qui avait fait défaut à Aurora, à Benett également, à Lizzie, aussi.

«- Ben... ça dépend de ce que tu y fait... Y'a aucun mal à aller danser en boite avec des copines ou avec un amoureux.» elle hausse les épaules. «Avec Benett ça nous arrive d'y aller.»

Principalement quand ils ne sont pas à Hambourg, à vrai dire. Mais quand ils sont en voyages, qu'ils ont le temps... Lisa se lève en abandonnant son amie une seconde, avant de revenir vers cette dernière, en tenant le carnet de chansons à la main, pour lui permettre de faire son choix.

«- Il faudra inscrite les boites de nuit à la liste des choses à te faire découvrir !»

Lisa est pétillante, Lisa est vraie. Elle est complètement différente de ce que sont les Rosenthal, Benett l'avait dit. Par extension, elle est aussi complètement différente de ce que sont les Costa. Elle est vive et fraîche, ne s'encombre pas des croyances d'un autre temps qui emprisonnent les jeunes filles dans de jolies robes, qui les empêche de parler, de vivre, de s'exprimer. La cage dorée du sommet de la société n'est pas pour elle, Lisa l'envoie valser. Alors quand elle apprend qu'Aurora n'a jamais put aller en boite de nuit comme la plupart des jeunes adultes et des adolescents, ni une ni deux Lisa propose d'ajouter cette activité à la liste des choses que la blondinette doit découvrir. C'est maintenant ou jamais, après tout, ce n'est pas quand l'avocate sera mariée et maman qu'elle pourra prendre le temps de faire ces découvertes. Et si elle ne les fait pas avec son futur mari, Lisa est toute disposée à les lui faire découvrir.

«- Tu verras on va bien s'amuser !»

Et elles pouvaient même sortir en boîte après leur karaoké, si elles avaient encore un peu de force et d'énergie pour cela. Lisa sait qu'elle a la nuit devant elle mais elle ne sait pas si Aurora est aussi libre qu'elle. Tant qu'elle est à l'appartement pour accueillir Benett demain matin à son retour de ses deux jours à Berlin, Lisa peut se permettre de sortir. Non pas qu'elle ait de comptes à rendre à son partenaire, mais elle ne veut pas perdre une seule minute du temps précieux qu'elle a avec ce dernier.

«- Tu as une heure pour rentrer ? On peut aller en boîte quand le bar ferme, sinon !?» propose la demoiselle.

Toujours plus de rire, toujours plus de joie. Que la nuit jamais ne s'achève et que le bonheur ne fane jamais. Lisa gratifie son amie d'un sourire. La nuit ne fait que commencer, après tout, elles ont encore du temps devant elles pour s'amuser et oublier les tourments de la vie, les tracas du boulot.

Sortir en boîte, ça ne semble pas être si mauvais que ça, dans le fond. Après tout Benett Rosenthal lui-même sort en club, avec Lisa, pendant leurs voyages. Il s'autorise ce genre de folies. C'est bien que ce n'est pas si mauvais que ça. Lisa espère que son amie dira oui. Et comme elle propose d'y aller ce soir, elle s'assure que son amie n'a pas un horaire pour rentrer chez elle. Même si cette idée la démonte, car Lisa considère qu'une femme est libre de ses mouvements, libre de ses choix, libre de ses sorties, elle sait que dans ce monde malgré tout, certaines femmes dépendent de leur mari, de leur fiancé. Mais Aurora dit ne pas avoir d'heure pour rentrer, prévenant seulement son fiancé pour que ce dernier ne s'inquiète pas. Ravie, Lisa réserve déjà leur uber pour se rendre en boîte. Parce qu'elle est venue par les transports en commun, elle. Et elles ont but, en prime. Même si pas à outrance, il est sans doute préférable de se soucier de leur moyen de locomotion. Pourtant, l'interrogation d'Aurora l'arrête au vol et Lisa raccroche sur une nouvelle tonalité. Elle rappellera.

«- Non ne t'inquiète pas. Tu m'as déjà vu en une d'un magazine parce que je suis sortie en boîte ? » demande Lisa, sourire aux lèvres.

Parce qu'elle est tout de même championne de patinage 2018, Lisa. Encore que le patin n'intéresse pas grand monde. La chance était du côté de Benett de ce côté là, alors qu'il avait réussit la prouesse de ne jamais apparaître dans un magasine avec Lisa. A moins que l'article n'ait jamais fait grand bruit. En attendant, Lisa essaie de rassurer Aurora, pour que cette dernière ne s'interdise pas de vivre.

«- Tout dépend de ce que tu fais, tant que tu n'embrasse personne au cours de la soirée ou que l'on ne provoque aucun scandale, tu ne devrais pas alimenter les ragots. Et puis il faudrait déjà que l'on sache que tu es ici et où tu va... Donc... les chances sont très faibles que tu ai des ennuis avec les journalistes ! Du moment qu'on danse on ne fait rien de mal t'inquiète pas ! Regarde moi, j'ai le droit de sortir comme je veux !» déclare la demoiselle.

Sauf qu'Aurora, avocate, ignore totalement qui est le cher et tendre de Lisa. Elle ignore qu'il est connu, lui aussi, que Lisa est finalement dans une situation un peu similaire à la sienne. Sauf que personne ne le sait. Heureusement pour Benett. Sans quoi Lisa aurait probablement apprit la vérité sur ce dernier de la pire des manières, déjà.

Comme Aurora accepte de la suivre, Lisa lui adresse un sourire et tape un numéro sur son téléphone pour demander finalement un uber. Quand elle raccroche, elle adresse un large sourire à son amie. Quand le bar fermera, Lisa l'emmènera en boîte c'est décidé, lui faire goûter à la vie.

«- Tu te sens d'aller en chanter une en solo ?»

«- Alors t'as pas dut ouvrir beaucoup de magasines de sports dans ce cas !» remarque Lisa en riant. «Ou pas sur les bonnes pages, c'est vrai que les gens s'intéressent rarement au patinage.»

Parce que tout de même de temps à autre, la demoiselle figure dans les pages de ces magasines. Mais pas dans la presse à scandale non en effet. Et pourtant, ce n'est qu'un coup de bol assurément, sans qu'elle ne le sache, alors que sa relation avec Benett Rosenthal aurait de quoi l'afficher en première page d'un torchon ou d'un autre au vu de ce que l'homme lui cache depuis tout ce temps. En attendant, la demoiselle énumère à son amie tout ce qu'il ne faut pas faire pour ne pas se faire remarquer, avant de préciser qu'elle-même n'a pas interdiction de sortir. Bien la preuve que son partenaire, pourtant connu mais Aurora l'ignore, n'a pas peur pour sa réputation ? Principalement, certes, parce que les journalistes ne sont pas au courant qu'ils partagent la vie l'un de l'autre, en soit.

«- C'est tout à ton honneur... On va bien s'amuser !»

La jeune femme décide de s'amuser encore dans le karaoké, alors qu'elles ont encore du temps avant de partir pour la boite, si bien qu'elle propose à la demoiselle de chanter une chanson en solo. Elle semble hésiter, avant de se diriger finalement vers la scène et s'inscrire. C'est rapidement à son tour et Lisa depuis sa place l'encourage en applaudissant, alors que la musique commence. Et c'est à la jolie blonde d'entrer en scène. Sa voix s'élève alors pour commencer sa chanson, le regard de Lisa toujours rivé sur elle alors que la patineuse filme, pour que son amie ait un souvenir de sa prestation.