Kai * C'est une belle journée

La jours commençaient à se rallonger à mesure que l'été approchait en Allemagne et sur le nord du globe en soit, mais pour Sarah les journées de travail devenaient de plus en plus difficile comme elle avait tout de même un travail assez physique du fait de son emploi au zoo qui nécessitait d'être toujours en action. Le fait d'être au petit train l'après-midi avait quelque chose de reposant pour la demoiselle qui avait ainsi réduit le nombre de kilomètres qu'elle faisait chaque jours, mais la fatigue des longues journées, des cris des enfants, des rugissements, barrissements et autres manifestations animales ne manquaient pas de s'accumuler et de perturber quelque peu la demoiselle. Elle rentrait le soir chez elle, épuisée et s'endormait à même le canapé, la télé en fond sonore, parfois sans avoir mangé et elle se demandait comment elle ferait d'ici quelques mois quand l'enfant la réveillerait la nuit. Elle aurait certes droit à un congé maternité mais rapidement elle reprendrait le chemin du travail et elle n'était pas certaine que son bébé ferait déjà ses nuits à ce moment là. Elle devrait, en plus, le gérer et le confier à la crèche, si elle en trouvait une mais la tâche se révélait être beaucoup plus rude que prévue.

Aujourd'hui elle travaillait encore et elle avait hâte de ses deux jours d'arrêt, le lendemain. Travailler dans un zoo vous décalait totalement par rapport à la semaine de travail dite classique et le samedi, tout comme le dimanche, Sarah travaillait : c'était leurs plus grosses journées de la semaine. Si bien qu'elle était en repos les jeudi et vendredi pour sa part. En ce mercredi, elle ne rêvait plus que du soir. Il était tout juste midi pourtant et son boulot était loin d'être achevée. Se laissant tomber sur une table de pique-nique en bois, la brunette porte une bouteille d'eau à ses lèvres avant de soupirer, ne s'apercevant que par la suite que cette table du snack était déjà occupée par un homme d'âge mur, dont elle était surprise de le voir ici, seul et supposa que sa compagne et son petit-enfant ne devaient pas être loin.

«- Pardon je ne voulais pas vous déranger !» s'exclame la demoiselle confuse en allant pour se lever. Mais ses jambes refusent littéralement de la porter.

La demoiselle était quelque peu fatiguée de sa matinée, c'est vrai. La chaleur et la grossesse ne rendaient pas les choses faciles pour elle et même si elle n'était pas encore aux six mois de grossesse, il n'en restait pas moins qu'elle se sentait parfaitement épuisée. Le boulot était prenant après tout elle ne pouvait pas faire les choses à moitié et parfois elle devait vraiment prendre sur elle pour aller jusqu'au bout. C'était un métier physique mine de rien et alors qu'elle voulu se lever pour laisser l'homme tranquille en pensant que sa famille n'allait pas tarder à le rejoindre, l'homme lui fait savoir qu'elle peut rester, qu'il n'y a aucun soucis. A vrai dire, la jeune femme en serait parfaitement incapable alors que ses jambes se montrent flageolantes, indiquant clairement que la demoiselle a besoin de se reposer, de prendre quelques minutes pour elle, manger un morceau, boire. Elle ne peut pas mettre sa santé et surtout celle du bébé en danger, après tout.

«- Oui ça devrait aller merci... disons qu'il fait seulement de plus en plus chaud et que comme c'est bientôt les vacances, qu'il y a les beaux jours, il y a de plus en plus de visiteurs ce n'est pas forcément évident à gérer mais bon il faut bien faire le travail après tout.» répond la demoiselle comme l'homme se montre soucieux à son égard.

Elle lui adresse un sourire pour le remercier. Avec son ventre qui pousse de plus en plus ce n'est pas rare que les visiteurs du zoo se montrent un peu plus prévenant avec elle et s'inquiètent de savoir si tout va bien se passer. Certains redoutant d'avantage qu'elle n'accouche devant leurs enfants que se souciant réellement de savoir si elle allait bien, probablement mais soit. La demoiselle ne peut pas leur en vouloir, elle verrait bien quel genre de mère elle serait plus tard. Elle avait encore quelques mois devant elle. Mais ça passe vite à ce que les gens disent.

«- Je ne voudrais pas déranger si vous avez besoin de la place pour vos proches.»

La demoiselle ne parle pas de famille car elle sait que certains viennent en amis, que certains n'en ont plus... Alors même si elle suppose que cet homme doit avoir une femme et un petit fils pas loin, elle n'emploie pas ce terme, lui préférant celui de proche, plus neutre.

«- Vous avez apprécié ce début de journée de visite ?»

La jeune femme tâche de rassurer l'homme comme elle peut. Après tout elle est seulement enceinte, pas malade. Il faut bien qu'elle fasse son travail pour pouvoir payer les factures et également pour acheter le nécessaire en vue de la naissance à venir de son bébé. La demoiselle ne roule pas sur l'or et comme elle se refuse à devoir quelque chose à Gaspar suite à la réaction de ce dernier quand elle lui avait apprit la naissance à venir de leur enfant et elle ne peut pas non plus emprunter à ses parents comme ces derniers ont une situation guère plus reluisante. Et Lysander l'aiderait sûrement en tant que futur parrain mais la jeune femme se refuse à lui demander une aide pareille. Alors elle n'a pas trop le choix que de travailler jusqu'à ce qu'elle puisse prendre son congé maternité qui risque toutefois d'être relativement court malheureusement pour elle bien qu'elle voudrait pouvoir profiter de son enfant, après la naissance.

Alors que l'homme annonce être venu seul, Sarah ne parvient pas à cacher la surprise qui est la sienne alors qu'elle s'attendait à voir surgir une compagne et un petit fils ou une petite fille rapidement. Il est relativement rare de voir des visiteurs venir au zoo seuls. Quelques uns y viennent pour faire leur running dans un cadre plus agréable et animalier que d'ordinaire mais ceux-là sont repérables facilement puisqu'ils courent, évidemment, et ne s'intéressent pas vraiment aux endroits de pauses comme l'espace dédiés au pique-nique. Pourtant elle ne dit rien, consciente que ce ne serait pas très professionnel.

«- Oui effectivement c'est plus calme le matin, les animaux sortent d'avantage. L'après-midi on les voit un peu moins, ils vont pas mal dans leurs espaces «secrets» pour se reposer et les visiteurs se plaignent de ne pas pouvoir les voir.»

Alors que l'homme parle des bébés lynx qui ont bien grandit depuis sa dernière visite, la demoiselle semble surprise. Cela sous-entend qu'il est un habitué et vient régulièrement. A une semaine prêt ou deux tout au plus, à vrai dire, il aurait raté les petits lynx.

«- C'est vrai qu'ils ont grandit, vous avez de la chance d'avoir put les voir cette semaine... Ils partent prochainement pour des réserves naturelles et d'autres zoo. Mais Garcia aura une portée prochainement.» annonce-t-elle en parlant de l'une des femelles présente au zoo.

« Oui effectivement c'est plus calme le matin, les animaux sortent d'avantage. L'après-midi on les voit un peu moins, ils vont pas mal dans leurs espaces « secrets » pour se reposer et les visiteurs se plaignent de ne pas pouvoir les voir. » Kai soupire. C’est un endroit agréable, quand il n’y a pas trop de monde. Mais dès que la foule débarque, c’est un enfer.
« C’est compréhensible.. à leur place, je ne sais pas si j’aurais très envie de me montrer quand il y a autant de monde. » Il s’est toujours demandé si les animaux étaient heureux ici. Ils ne sont sans doute pas maltraités, ils ont l’air en bonne santé.
Mais depuis le temps qu’il vient les observer régulièrement, il remarque toujours la même chose: peu importe la taille de leur enclos, ils tournent en rond.
Le zoo d’Hambourg n’est sans doute pas le pire qui existe, mais il ne peut s’empêcher de penser que ces animaux seraient sans doute mieux en liberté.
« Si les autres visiteurs faisaient moins de bruit, aussi, ils pourraient sûrement profiter un peu plus de la présence des animaux. » ajoute-t-il en haussant les épaules.
Les enfants qui braillent devant les enclos parce qu’ils ne peuvent pas voir les animaux, et les parents qui les laissent faire surtout, ce n’est définitivement pas ce qu’il préfère au zoo.
Jamais il n’aurait laissé son fils se comporter comme ça en public. Mais Cosme a toujours été un enfant très timide et discret, la majorité du temps, alors il n’a jamais eu à le réprimander pour ça.
« C'est vrai qu'ils ont grandi, vous avez de la chance d'avoir put les voir cette semaine... Ils partent prochainement pour des réserves naturelles et d'autres zoo. Mais Garcia aura une portée prochainement. » ajoute l’animatrice, en parlant des bébés lynx. Kai esquisse un sourire attendri. Il est content d’avoir pu les voir avant qu’ils ne partent.
Il ne sait même pas pourquoi il se sent si attaché à ces animaux en particulier. Il a toujours aimé les félins, ce n’est un secret pour personne qu’il est et restera un homme à chats.
Mais les lynx, c’est particulier. Tous les zoos n’en ont pas, d’ailleurs, il s’estime heureux de pouvoir en voir aussi près de chez lui.
« Eh bien, je me ferai un plaisir de venir voir les prochains petits également. En espérant que j’ai retrouvé mon appareil photo d’ici là. » répond-t-il avec un léger rire.
« Ça fait longtemps que vous travaillez ici ? »

(c) nightgaunt

Spoiler:

Le problème avec les zoos, assez souvent, c'est qu'ils privilégiaient le bien être animalier, et faisaient alors face à l'agacement et à l'incompréhension des visiteurs qui n'acceptaient pas que les animaux puissent avoir le besoin ou l'envie de se retirer dans leurs cachettes ou dans leurs cabanes, pour se soustraire à leur vue, à leurs bruits surtout. Non, les visiteurs estimaient souvent que, comme ils payaient, il était inacceptable de ne pas pouvoir voir toutes les bêtes. C'était ce comportement des gens qui agaçait Sarah dans son métier. Alors qu'elle voulait les sensibiliser au respect des animaux, à la nécessité de préserver les espèces, la jeune femme se heurtait parfois à des murs imperméables à ces pensées, sous prétexte qu'ils avaient l'argent. Ce monde de fric, Sarah ne le supportait pas. Et elle le supportait évidemment encore moins depuis que Frieda Obermayer s'était mise en travers de son idylle avec Gaspar.

«- Au bout d'un moment, toute cette agitation est très fatigante pour eux. Les visiteurs ne se rendent pas toujours compte que les animaux ont leurs propres besoins, notamment en terme de confort et que tout ce bruit les indispose. Je pense que je me cacherai aussi en effet. Et c'est toujours difficile de ne pas avoir trop de bruit, quand il y a tant de monde et tant d'enfants.»

L'homme semble apprécier les lynx particulièrement. Une chance, alors, qu'il soit venu maintenant et pas un peu plus tard, alors que les petits vont partir dans d'autres zoos ou en réserves naturelles, alors que le zoo œuvre pour la protection des espèces. En ce moment, ils avaient une gestation difficile sur une éléphante, d'ailleurs, qui ne manquait pas d'inquiéter et mobiliser les soigneurs. Et pas mal de femelles étaient en gestation ces derniers temps. Notamment une autre femelle lynx, Garcia. L'homme, prévenu, semble s'émouvoir en parlant de ces peluches à naître, espérant avoir d'ici là retrouvé son appareil photo.

«- Je vous le souhaite ! Il y en a encore pour deux ou trois semaines, ça vous donner le temps de chercher !» prévient la brune avant de répondre aux interrogations de son interlocuteur. «Je travaille dans ce zoo depuis 2011. Alors oui... ça fait un petit bout de temps. J'avais de grands rêves de protection animale, de sensibilisation à leur cause... et je me retrouve à expliquer à des parents et des enfants l'importance de préserver ces espèces, alors qu'ils n'en ont pas grand chose à faire malheureusement. Pour eux, c'est trop abstrait.»