Mère et fils (Frieda)

Ouvrant les yeux avec beaucoup de difficulté en ce matin ensoleillé, Gaspar avait passé la nuit seul dans son lit, alors que sa fiancée se trouvait dans une autre pièce de l’appartement. S’ils avaient passé le cap de l’emménagement et des fiançailles, ils n’en étaient pas encore arrivés à dormir sous le même drap. Après une nuit assez compliquée, il avait mis plusieurs heures à trouver le sommeil et c’est avec une grande fatigue qu’il prit le chemin vers la salle de bain ou il put se rafraîchir le visage. Il observait son reflet dans la glace repensant à ce qu’il s’était passé la veille, alors qu’il avait croisé son ex petite amie Sarah. Étais-ce un cauchemar ? Il essayait de s’en convaincre fortement, mais les paroles de la brune lui annonçant qu’elle était enceinte raisonnait dans sa tête et il ne parvenait pas à la faire taire. Il soupirait un bon coup alors que la voix de Camilla raisonnait à travers l’appartement lui demandant s’il était réveillé. « Oui, je suis réveillé, je vais aller rendre visite à ma mère, elle sera contente de me voir de si bon matin ! » Il avait surtout reçu un message de sa part lui demandant de venir prendre le petit-déjeuner en sa compagnie, accompagné de Camilla, sauf qu’il avait envie d’y aller seul, pensant fortement à tout raconter à sa mère pour ne plus être le seul à porter le fardeau de ce qu’il avait entendu la veille.

Camilla accepta sans soucis le fait qu’il s’éclipse pour le petit-déjeuner et c’est vingt minutes plus tard qu’il la salua par un baiser sur la joue avant de quitter l’appartement en direction du domicile de Friederika, sa mère. Depuis son divorce, Frieda avait réappris à vivre et paraissait beaucoup plus heureuse qu’avant, mais cela ne l’avait pas empêché de convaincre son fils d’épouser une parfaite inconnue par intérêt. Gaspar aimait sa mère, énormément et ne lui refusait pas grand chose. À vrai dire, elle pouvait tout lui demander. C’est quinze minutes plus tard qu’il put franchir le seuil de la porte du domicile de sa mère avant de la retrouver dans la salle à manger. « Maman, comment tu vas ? » Demandait-il en prenant place à table à ses côtés alors qu’un festin était présent sur la table. « Camilla n’a pas pu venir, elle avait pas mal de boulot, mais tu m’as moi, c’est le plus important !» Il souriait et il mentait sur la raison qui l’avait poussé à venir sans sa fiancée, mais prenait le soin de lui préciser que sa seule présence devait lui suffire, en espérant qu’elle n’allait pas poser mille questions. « Tu attends d’autre convives ? Il y en a pour un régiment ! » Constatait-il en observant la table qui était garnie pour au moins une dizaine de personnes. Il n’était pas sûr d’avoir très faim, son estomac étant noué, il hésitait fortement à tout lui balancer, mais se retenait pour le moment, ne voulant pas gâcher ce moment qu’ils allaient pouvoir partager. 

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« Mon fils me manque… Pourquoi ne viendrais-tu pas prendre le petit-déjeuner à la maison avec Camilla ? On pourrait parler mariage. »

Sans prétendre que nous avions une relation fusionnelle, il y avait entre Gaspar et moi un lien particulier. Normal, puisque c'est mon fils, vous me direz, mais cela allait bien au-delà du lien maternel. Mon fils était tout pour moi et il était le seul pour qui son bonheur passait avant le mien. C'était aussi simple que ça. Pour lui, il était vrai que j'avais fait des choses pour le moins discutables, mais peut-on reprocher à une mère de vouloir ce qu'il y a de mieux pour son enfant ? Tout ce que j'ai fait, c'était dans son intérêt à lui. Que cela soit clair. Cela dit, je n'ai peut-être pas été la mère la plus assidue lorsque Gaspar était un jeune garçon, mais j'essayais aujourd'hui de me rattraper à ma façon, en l'invitant, par exemple, aussi souvent que possible à la maison. J'aimais recevoir mon fils et maintenant plus que jamais avec celle qui allait devenir sa seconde femme. Rien à voir la première. Sarah… Camilla était bien différente, déjà par sa classe sociale. Sur certains aspects, je voyais beaucoup de moi en elle et c'est pour cette raison que j'avais la conviction qu'elle était la femme idéale pour Gaspar. Ce n'était guère une question de couleur; pour qui me prenez-vous !?

J'avais laissé aux bons soins de Luisa, ma cuisinière, la préparation du petit-déjeuner. Mes consignes avaient cependant été claires : il fallait que ce soit un repas somptueux. Sobrement vêtue, comme toujours, je m'assurais que tout était prêt lorsque mon rejoignit dans la salle à manger. Je sursautai. J'étais à ce point occupée à voir à ce qu'il ne manque rien que je ne l'avais pas entendu arriver.

« Mon trésor! »  M'écriai-je avant d'aller lui faire tendrement la bise. « Quand tu es là, je ne peux que bien me porter » ajoutai-je en constatant qu'il manquait quelqu'un. « Camilla n'est pas avec toi ? »

Je pinçai les lèvres, visiblement désappointée de savoir que la fiancée de mon fils ne serait pas des nôtres. Je détestais ces contraintes de dernière minute. Mon fils marqua toutefois un point: je l'avais lui, pour moi toute seule. « Oh, comme c'est dommage… Je me faisais une joie de la voir. Je voulais lui montrer quelques modèles de robes de mariée. Je crois avoir trouvé LA paaar-faite robe! Enfin… ce sera pour la prochaine fois. »

À la remarque de Gaspar, je tournai la tête vers la table. Bon… Je ne faisais certes pas dans la demi-mesure, mais mon fils ne méritait-il pas toutes ces petites attentions ? « Je m'attendais à ce que nous soyons trois. Et comme tu as un fort grand appétit habituellement… Et puis tu me connais. J'ai toujours aimé les grandes et belles tables. Ça me rappelle l'époque où ton père et moi invitions des convives par dizaine. Ça me manque, parfois. Peu importe... Luisa rapportera ce qui reste chez elle. »

J'allai chercher deux flutes de champagne et j'en tendis une à mon fils. À défaut d'un petit-déjeuner "familial", ce serait un tête à tête mère-fils. « À nous deux et au mariage qui s'en vient! »

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Gaspar s’était rendu sans attendre dans la salle à manger ou il y avait trouvé sa mère qui comme toujours s’assurait que tout était parfait, à son image. Elle avait toujours ainsi et était du genre à mettre les petits plats dans les grands et ce même pour des petits repas en famille. Alors qu’il observait avec attention la table dressée, elle lui fit part qu’elle allait toujours bien lorsqu’il était en sa compagnie, ce qui le fit sourire d’avantage alors qu’il lui faisait la bise. Elle ne tarda pas à remarquer l’absence de Camilla en lui posant la question. Gaspar n’avait pas souhaité venir avec elle, car il voulait avoir un moment seul avec elle afin de parler de la situation actuelle et surtout du fait que Sarah son ex petite amie attendait un enfant de lui, du moins c’est ce qu’il espérait s’il ne se dégonfle pas. « Elle passera te voir très prochainement, comme ça vous pourrez passer un moment entre femmes. » Que ça lui faisait bizarre de parler de Camilla comme si elle avait été la femme qu’il aimait et qu’il avait choisie. Frieda se décidait à lui faire part qu’elle avait trouvée la robe de mariée parfaite pour la fiancée de son fils, ce qui ne manqua pas de faire un petit choc dans son esprit le faisant réaliser une nouvelle fois qu’il allait bientôt se marier et espérait que Camilla n’allait pas prendre mal le fait que sa mère s’approprie la recherche de sa robe. « Je pense que ça lui fera plaisirs, je ne manquerai pas de lui faire part de cette merveilleuse nouvelle ! » répondit-il en souriant, gardant pour lui la petite réflexion qu’il se faisait intérieurement ne voulant pas la froisser.

Il l’écoutait avec beaucoup d’attention, alors qu’elle lui faisait part de sa volonté à toujours faire les choses en grand, ce qui n’avait pas échappé au blond qui lui avait la remarque d’entrée de jeu. « Va falloir que je me calme, je n’aimerais pas prendre dix kilos avant le mariage ! » plaisantait-il, en saisissant la coupe de champagne qu’elle pouvait lui tendre avant de trique. « A nous ! » Ajoutait-il avant de tremper ses lèvres dans la robe dorée du champagne et d’en boire une gorgée rendant sa gorge moins nouée.

Il s’installa à table sans attendre ne tenant pas debout pris par le stress qui pouvait l’envahir alors qu’il pensait chaque secondes à la réaction qu’elle allait pouvoir avoir en entendant la nouvelle que son fils avait à lui dire. « Maman ? » Il devait se lancer dans la fosse au lion, et, ce le plus rapidement possible avant de céder et de faire machine arrière. « Tu t’imagines grand-mère par moment ? » demandait-il simplement en continuant de boire par gorgée sa coupe de champagne. 

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