Lisden ♔ When we were young we were the kings and queens, oh yeah, we ruled the world

Tu regardes ton cahier ouvert en soupirant, alors que tu étais en train de finir ton exercice de mathématiques. Heureusement pour toi, c’était assez simple et tu en avais rapidement fini avec, pouvant refermer le cahier, ton crayon. Tu pouvais alors regarder, en souriant, le majordome qui était là pour te surveiller en sautant de la chaise pour aller avertir ta mère. Mais rien à faire. Elle était encore au téléphone. Comme toujours en fait. Tu soupires un peu, attendant collé à un mur, écoutant sans vraiment le vouloir la conversation qu’elle a avec son interlocuteur mystère.

- De quoi ? Aayden ? Oui, il est là… Chez vous ? Oh, bah, écoutez, si vous voulez. Au pire prenez le tout le week-end et vous l’amènerez à l’école lundi, sauf si ça pose soucis. Mon chauffeur vous l’amène. C’est bon pour vous ?

Tu fronces les sourcils, ne comprenant pas de suite à qui elle parlait. Tu la vois qui raccroche, prenant sa cigarette pour continuer à la fumer et tu grimaces, n’aimant pas l’odeur qui se dégage de cette fumée grise. Elle s’en va, commençant à déambuler dans la maison en soupirant.

- AMANDA ! Préparez une valise pour deux jours pour Aayden. Avec ses médicaments. Et il est passé où encore ? NELSON ?! Il a fini ses devoirs ?

Le majordome s’approche de cette dernière, lui annonçant que oui. Et toi ? Tu te caches derrière les murs, les portes, tu la suis pour savoir ce qui se passe. Elle finit par se retourner rapidement, croisant ton regard de son air froid, hautain. Elle soupire et te tapote la tête.

- Ah, te voilà. Dès qu’Amanda finit ton sac, tu vas en voiture avec Nelson. Tu passes le week-end chez ton amie… Hap… Hamp… Merde, c’est quoi le nom...

Tu souris d’un coup, comprenant exactement où elle voulait en venir. Tu te mets à hurler de joie, sautiller partout et tu cours dans ta chambre pour aider la bonne qui fait ton sac. Tu allais passer plusieurs jours chez Ruth et Lisa, c’était le plus important pour toi à comprendre. Tu termines par prendre un petit sac avec des bonbons et des chocolats, comme à chaque fois et embrasse rapidement ta mère sur la joue avant de monter dans la voiture. Tu sautilles tranquillement sur ton siège.

- Tu es sage avec eux hein ? Tu ne fais pas honte ? Et tu prends tes médicaments… M’enfin… Je verrais demain quand ton père reviendra… Aller file...

Tu fais un dernier coucou à ta mère avant de prendre la route que tu connais maintenant par cœur. Plus tu quittes ton quartier, plus tu trépignes d’impatience. Et quand enfin, ton majordome se gares, tu sautes limite de la voiture, sac sur le dos en courant vers la porte, bras tendus.

- Za’ !!

Le petit bout de chou de sept ans, qui court vers toi à pleine vitesse t’oblige à t’arrêter, poser ton sac à terre et à bien prendre appui pour la réceptionner sans encombre. Tu tournes un peu avec elle dans ses bras avant de la soulever du sol pour la garder dans tes bras. Ce n’est pas simple, mais merci l’entraînement de hockey aussi. Tu récupères ton sac alors que le majordome avant avec l’autre sac, approchant de Ruth pour lui donner, la remerciant au nom de ta mère pour s’occuper de toi, redonnant les directives pour les médicaments que la jeune femme célibataire connaissait sûrement par cœur depuis.

Et toi, tu avances, réclamant d’offrir un bisou sur la joue de cette deuxième maman avant de faire pareil avec la rouquine qui est dans tes bras, avançant dans la maison comme si c’était la tienne. Tu rigoles un peu.

- Tu deviens trop grande pour que je te porte, Za’.

Est-ce vraiment le cas ? Oui, mais est-ce que cela va t’empêcher de continuer à le faire quand vous vous voyez ? Bien sûr que non. Un rituel qui ne change pas depuis que tu la connais. Et qui ne changera jamais, mais tu ne le sais pas encore. Tu fais un dernier coucou à Nelson avant qu’il ne fasse demi-tour, vous laissant pour reprendre la voiture et repartir à la villa Sachs. Tu souris de toutes tes dents en posant Lisa à terre et tends le sac que tu avais sur le dos à Ruth.

- Tenez… C’est des bonbons et des biscuits pour le goûter. Ou pour demain.

Tu hausses les épaules, sachant très bien que ce sera à elle de décider si elle vous gave de sucreries ou non. Tu gardes la main de Lisa dans la tienne, attendant de voir ce qu’elle voulait faire pour commencer, prêt à la suivre qu’importe son envie, son emploi du temps de prévu. C’est comme ça depuis toujours, n’est-ce pas ? Même si à votre échelle ce n’est pour le moment pas grand-chose. Tu t’y étais fait, te fichant bien de tes camarades qui pouvaient se moquer de toi quand elle te suivait à la patinoire. Toi, tu t’étais juré de t’en occuper.

De la protéger. Pourquoi ? Va savoir. Mais tu le voulais. Alors tu te devais bien, comme un grand frère, la laisser te porter dans sa folie d’enfant. D’ailleurs, tu es déjà en train de partir, serrant fort sa main dans la sienne.

- Doucement Za’, j’vais tomber !

Que tu dis en rigolant.

Un cri de désespoir. Un cri qui hurle sa douleur. La douleur d’une enfant de sept ans qui comprend qu’elle grandi à dire que tu pourrais ne plus être capable de la porter. En vrai, tu peux, juste qu’il faudra que tu te muscles rapidement pendant la puberté pour être encore capable de le faire, c’est tout. Mais pour elle, c’est presque un abandon. Tu le sais, et ça te brise un peu le coeur. Puis au final, elle oublie, concentrée sur les bonbons que tu as amenés que Ruth est déjà en train de ranger pour la suite de la journée.

Tu n’as pas le temps de suivre de nouveau le mouvement que tu as emporté dans la chambre de la petite en rigolant. Tu te mets à courir pour ne pas tomber et regardes attentivement la nouvelle décoration de la petite, fait parfaitement à son image. Du moins, à son Disney préféré. Tu souris un peu avant de te poser à genoux au milieu de la pièce en attendant de savoir ce que ton amie a en tête. Tu te doutes bien que tu vas finir soit de la peinture sur le visage, du maquillage pour enfant ou les cheveux envahis de bigoudis quelconque.

C’était devenu une habitude, voilà aussi pourquoi tu coupais rarement tes cheveux et qu’ils commençait à atteindre ta nuque, contrairement à beaucoup de tes camarades qui étaient court, à l’image de leur icône sportive. Toi, non. Tu te mets un tailleur alors que Lisa revient avec une palette de couleur et sourit. Va pour le maquillage cette fois.

- Oh c’est jolie.

Que tu confirmes en souriant, retirant ton pull, parce que tu commences à avoir chaud et que de toute façon, vu le traitement que tu vas avoir… Mieux faut avoir la nuque libre. Tu souris doucement.

- J’aime beaucoup ce bleu et ce violet. Elle l’a prise où ?

Que tu dis, simplement, sincèrement. Tu demandes en cherchant en dessous de la boîte, juste par curiosité. Mais connaissant un peu Irène, elle a fait les choses bien et adapté à l’âge de Lisa, de toute façon.

- Tu l’as déjà essayé ?

Un oui sincère sort de la bouche de cet enfant. Bien sûr qu’elle l’a déjà testé. Au moins sur elle-même, avant que tu ne finisses en tête à maquiller dans les trente secondes qui vont suivre. Tu fermes un peu les yeux, sachant très bien qu’il n’y aura aucune raison pour lui dire non. Et tu ne veux pas risquer un nouveau drame vocal en l’entendant pleurer si tu refusais. Puis de toute façon, à tes yeux, c’est bien plus drôle de finir la tête colorée que de rester au manoir entouré de domestiques qui ne savent pas rigoler.

Tu rigoles sous l’effet du pinceau de la petite fille et ne bouges pas, essayant de ne pas réagir sous les chatouilles. Tu pouffes un peu quand elle affirme que tu es beau… Sachant très bien qu’il s’agit des dires d’une enfant avec sa vision peu professionnel. Bien sûr, Anneliese prendra des photos et vous les ressortira dans quelques années, tu n’en doutes pas une seule seconde. Ou alors tu n’en es pas encore conscient. Tu ouvres les yeux en la voyant faire, se tournant pour récupérer autre chose. Ah bah oui, les lèvres. Tu ouvres la bouche comme demandé avant de te pincer les lèvres pour bien appliquer le bazar.

- Hein?

Que tu demandes en l’entendant hurler la suite. Réaction en deux temps le temps que tu réalises ce qu’elle avait dit. Ah oui oui, les cheveux. Au secours. Tu te tournes un peu, profitant pour récupérer un miroir pour le ma.. Enfin, le chef d’œuvre de la petite sur ton visage et essayes de ne pas éclater de rire.

- Ah oui. C’est magnifique en effet.

Trop petite qu’elle est pour entendre le sarcasme dans ta voix. Mais ce n'est pas grave. Le goûter va être terrible après. Tu reposes le miroir et fredonnes un peu avec elle, attendant sagement qu’elle termine.

- Je pense qu’un jour, je les aurais aussi long que toi. Ce serait marrant.