La famille c’est l’Amour. C’est tout ce qui compte || FAMILY HARDT

Liste en tête, tu la répétais en boucle dans ta tête en sachant pertinemment que tu avais tout mis dans tes valises et que même si tu oubliais quelque chose, ça ne serait pas dramatique. Vous partiez que trois jours. Voyage court, mais efficace. Tu espérais. « C’est bon. Je suis prête. » Voilà. Tu venais de l’affirmer à voix haute après avoir passé une dizaine de minutes à scanner tes valises. Trois jours, deux valises dont la moitié d’une qui était occupée par les affaires de l’homme de ta vie. « Merci encore d’avoir déplacé tes plans pour nous. Nelly sera contente. » Du moins, tu l’espérais. Tu avais soufflé ta dernière phrase, car tu n’en avais aucune certitude. Tout était plus difficile ces temps-ci avec ta jeune fille qui vivait un deuil. Tu embrassas rapidement la joue de ton homme avant de quitter votre chambre pour te diriger vers celle de ton enfant. Tu frappas quelques coups, mais tu n’ouvris pas la porte. « Cal’ ne devrait pas tarder. Nous allons partir dans quelques minutes. » Le « grand » départ était annoncé. Même si c’était que pour une courte période, c’était tout aussi important pour toi. Tout devait être parfait.

Olive était déjà chez la voisine. Ça te faisait toujours mal au cœur de la laisser derrière toi, mais parfois, c’était plus simple. De plus, ta petite Chihuahua serait plus heureuse dans le grand jardin de la voisine plutôt que dans un train bruyant. Elle l’aimait tant cette voisine que tu savais qu’elle était entre de bonnes mains et que c’était un souci de moins à avoir sur ta conscience déjà chargée.

« Où es-tu… » murmuras-tu pour toi-même en observant la petite montre délicate que tu avais à ton poignet. Techniquement, ton fils n’était toujours pas en retard, mais il n’était pas non plus en avance et ça avait ce don de t’angoisser. Tu détestais ne pas contrôler une variable dans ton équation. Pourtant, tu devrais avoir l’habitude avec les années, mais ça restait difficile pour toi. Tu préférais tellement quand tu avais le contrôle. Les gens autour de toi avaient l’habitude avec les années. Tu allais te détendre une fois dans le train et tu serais beaucoup plus calme une fois à destination. C’était surtout le « avant » qui te mettait dans tous tes états.

@Cal Hardt
@Cornelia Hardt
@Patrick Hardt

En un temps record et avec une organisation quasi militaire, qui ne surprendrait absolument pas ses proches, Romane Hardt avait organisé un voyage de trois jours direction Berlin pour changer les idées de sa fille et ce malgré les emplois du temps chargés que poivaient avoir son mari et son fils. Ayant conscience du besoin de sa mère que tout soit parfaitement millimétré, planifié, prévu longtemps à l'avance, Cornelia lui était particulièrement reconnaissante d'avoir fait tout ça pour elle, sachant les efforts que cela avait dû demander à sa mère d'organiser un voyage comme ça, au dernier moment. Mais, ce temps en famille, c'était certainement tout ce dont elle avait besoin en l'état actuel des choses. Au vu des circonstances, elle avait besoin de passer du temps de qualité avec des gens qu'elle aime, des gens qu'elle apprécie, et qui puissent lui changer les idées. Qui puissent l'empêcher de penser à Justin ou au fait, surtout, que ce dernier soit loin. C'était ce qui l'avait poussé à reprendre contact avec son ex il y a quelques jours parce que, même si son père n'aimait pas ce dernier, le considérant trop brutal, il était une de ces personnes qui avaient toujours su faire rire la demoiselle. Mais passer du temps en famille, avec son frère et ses parents, serait d'un tout autre niveau.

Comme elle ferme son sac à dos, sa mère toque à la porte pour prévenir que son frère sera bientôt là et qu'ils vont partir dans quelques minutes. Cornelia est déjà prête. Elle passe donc son sac sur son dos en répondant qu'elle arrive et jette un dernier regard à la pièce. Non, elle n'a rien oublié, pas même son chargeur de téléphone. Tout est sous contrôle. Elle ouvre donc la porte et descend, envoyant en même temps un message à Phoebe pour savoir comment se porte Salchow, l'animal passant ces quelques jours de voyage de sa maîtresse chez la meilleure amie de celle-ci. Les deux chiens de la famille ne seraient effectivement pas du voyage, la mère et la fille n'ayant pas voulu imposer à leurs petites chiennes des heures de train et des nuit enfermées dans de petites chambres d'hôtel.

"- Cal n'est pas encore là ?" questionne Cornelia en ayant descendu les escaliers et rejoint sa mère.

Sur ce point là, dès qu'il y a un train à prendre, elle est bien comme sa mère. Stressée. Les conséquences d'années de concours, probablement, ou de l'exemple qu'elle a reçu de la blonde qui se tient à seulement quelques pas d'elle.

Tout le monde te connaissait, tout le monde savait que tu irais mieux dans le train. Pour l’instant, tu restais nerveuse et tu espérais vraiment que tout se passe exactement comme tu l’avais planifié. Tu ne pouvais contredire personne lorsqu’on te traitait de control freak. Tu avais beaucoup de mal à lâcher prise, tu le savais. « Non, il n’est pas encore là… » De quoi te donner envie de te ronger les ongles. Tu refusais d’être en retard. Tu avais tourné la tête vers Cornelia qui n’avait pas besoin d’explication supplémentaire pour voir que ça tu étais inquiète.

Patrick prit finalement le relai. Vous alliez attendre dehors. Parfait. Tu avais besoin d’air frais. Tu te dirigeas vers la voiture dans laquelle tu te refusas de monter. Tu allais y prendre place uniquement lorsque ton fils allait montrer le bout de son nez. En attendant, ton pied droit tapait contre le sol et finalement un soupir de soulagement t’échappa. Un taxi s’arrêta devant votre demeure pour y laisser descendre ton garçon et son sac de voyage. Tu te dirigeas vers lui dans la seconde et tu le pris dans tes bras. « J’ai failli m’inquiéter. Tu vas bien ? » Failli ? Non, non. Tout le monde savait que tu t’étais inquiétée.

Sans vraiment lui laisser l’occasion de s’exprimer, tu attrapas son sac que tu allas déposer près des valises que ton mari était en train de ranger dans le coffre de votre voiture. « Tout va rentrer ? » C’était toujours un casse-tête. Heureusement que vous partiez uniquement pour quelques jours n’est-ce pas ? Sinon, tu aurais dû faire des concessions que tu avais toujours du mal à faire. « Vous avez tout ? On n’aura pas le temps de faire demi-tour. » Encore une fois, tu essayais de te répéter qu’il n’y avait rien de dramatique qui ne pouvait être oublié, mais tu avais de la difficulté à te convaincre. Tes enfants, maintenant adultes, savaient faire leur valise n’est-ce pas ? Tu devais arrêter de t’inquiéter pour un oui ou pour un non. Tu fis finalement un premier pas vers le lâcher prise en ouvrant la portière côté passager et tu pris place sur ton siège. C’était parti.

@Cal Hardt
@Cornelia Hardt
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Alors que l'heure de partir approche de plus en plus, son frère ne pointe toujours pas le bout de son nez ce qui, naturellement, ne manque pas d'inquiéter sa mère. Tout le monde sait pourtant bien, dans la famille, que Romane a beaucoup de mal quand elle ne contrôle pas une situation, quand tout ne se passe pas comme prévu. Alors qu'il est évident qu'elle ne sera pas détendue avant qu'ils soient tous montés dans le train, Corny fait la moue, se demandant ce qui peut bien avoir retenu son frère, alors qu'il connait leur mère. Il a sûrement une bonne raison, une bonne explication mais, évidemment, ce n'est pas ça qui va rassurer Romane. Elle ne le sera pas avant que son fils les ait rejoint, de toute façon.

Attendant patiemment avec les bagages, Cornelia finit par se redresser, s'étant assise sur la dernière marche du perron après avoir proposé d'aider son père à charger la voiture, comme un taxi s'arrête tout juste devant la maison, laissant son frère en sortir. Parfait ! Elle a faillit s'inquiéter elle aussi à l'idée de manquer leur train. Pas la fille de sa mère pour rien, même si leur relation n'est pas biologique. L'enfant, pas mimétisme, ressemble toujours malgré tout un peu à ses parents, non ?

Comme d'ordinaire, son fils à peine enlacé, Romane s'active de nouveau, s'inquiète de savoir si toutes leurs affaires vont pouvoir rentrer dans le coffre de la voiture. Cornelia esquisse un sourire. Certaines choses, décidément, ne changent pas. Sa mère est une éternelle angoissée qui semble partie pour le rester. A son âge, on ne change plus vraiment. Pour sa famille, cette constante inquiétude pourrait être un peu pesante, mais ils en ont l'habitude. Romane est comme ça. Et ils l'aiment ainsi.

"- Pour moi c'est bon !" affirme Cornelia.

Et puis, même si elle oubliait quelque chose, ce ne serait pas bien grave. Ils partaient pour Berlin, non pas dans l'endroit le plus isolé et reculé du monde. Si elle oubliait quoi que ce soit, sa brosse à dent, un pantalon de rechange ou sa brosse à cheveux, elle pourrait toujours soit s'en racheter un, soit laver un de ses vêtements façon expresse, dans le lavabo. Rien de dramatique, en somme. Grimpant donc dans la voiture, Cornelia s'installe derrière le siège conducteur comme elle a de plus petites jambes que son frère qui lui-même s'installe derrière leur mère.

Tout juste installée, la patineuse glisse ses écouteurs dans ses oreilles, se laissant porter par sa musique, son regard se perdant sur les habitations qui défilent par la fenêtre à mesure que la voiture avance. A dans quelques jours, Hambourg !

Déjà les choses étaient en train de se replacer pour toi. Toute ta petite famille était présente, elle était prête et ton mari t’avait assuré qu’il allait réussir à faire rentrer les bagages. « Comme toujours ». Il était vrai qu’avec les années, il avait de l’expérience avec le casse-tête qui se présentait à lui à chaque fois. Après ce constat, tu tentais au maximum de prendre sur toi-même, de te convaincre que tout irait bien jusqu’à l’arrivée à Berlin. Une fois là-bas, ça serait autre chose. Vous alliez improviser selon vos envies. Tu n’avais pas planifié de restaurant particulier ou d’activité. Tu allais voir sur place en fonction des envies de tous et chacun. Vous arriviez toujours à trouver un terrain d’attente, ça, ça ne te stressait pas. Une fois que vous aurez récupéré la chambre, le reste ne pouvait que bien se passer.

Une fois dans la voiture, tu ne pus t’empêcher de sourire lorsque ton époux précisa que les pauses pipis, ça ne serait pas pour tout de suite. Heureusement que vos enfants étaient adultes maintenant, mais vous aviez déjà ce cas de figure avant. Tu fermas délicatement les yeux lorsque Patrick vient embrasser ta tempe et ta main se glissa sur sa cuisse lorsqu’il te joint finalement dans la voiture. Voiture dans laquelle le silence se faisait encore entendre. Cornelia était dans son monde, Caleb somnolait déjà. Tu te doutais qu’il avait dû dormir très peu cette nuit afin de profiter du voyage pour prendre quelques forces. « Il est loin… Parfois cette époque me manque. » Tu soupiras délicatement avant de tourner la tête pour observer tes deux enfants maintenant adultes avant de reporter ton attention vers l’avant, plus précisément sur ton sac à main où tu attrapas ton téléphone portable. « J’ai pré-téléchargé quelques épisodes de ton balado préféré. Tu veux écouter ça ? Ou tu te sens plus musique ? » Encore quelque chose que tu avais planifié. Tu avais connecté ton appareil en Bluetooth et tu avais tout pour rendre le voyage moins ennuyant pour ton mari. De ton côté, tu risquais d’écouter sagement tout en observant le paysage défilé. C’est quelque chose qui te plaisait, d’observer l’extérieur où tu te perdais facilement dans tes pensées.

@Cornelia Hardt
@Patrick Hardt

Assise à l’arrière de la voiture, Cornelia perd son regard par la fenêtre alors que le véhicule se met en mouvement, la petite famille prenant la direction de la gare pour attraper son train. Et, parce qu’elle a l’impression qu’ils sont partis avec un peu de retard, la demoiselle ne peut pas s’empêcher de stresser un peu à l’idée d’être en retard, si bien qu’elle glisse ses écouteurs dans ses oreilles, allumant une musique quelconque sur son téléphone, qu’elle n’écoute pas vraiment tandis que son regard parcourt la ville qui défile devant ses yeux.

Un sourire discret, à peine esquissé, en passant devant un salon de thé et son regard qui se perd à peine quelques minutes plus tard sur les contours de sa chère patinoire. Détournant la tête, elle la reporte sur son téléphone pour changer de musique, optant pour quelque chose de plus péchu, qu’elle a découvert il y a quelques temps de ça. Une musique qui lui fait secouer la tête sans vraiment s’en rendre compte, puis tout le corps qui suit sur son siège. Dans son monde, elle imagine être sur la glace, enchaîner les triples et les quadruples, les salchow et les axels. Elle imagine toute une chorégraphie et l’histoire que celle-ci raconte. Une histoire qui lui tire les larmes, peut-être plus parce qu’elle est au bord du précipice elle-même depuis des jours que parce que l’histoire l’émeut vraiment, quoique celle-ci soit tirée de son expérience personnelle, de sa propre vie, de ce qu’elle traverse en ce moment même.

Les larmes roulant sur ses joues sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, elle relance la musique par automatisme, comme pour satisfaire un certain besoin d’extérioriser quelque chose, cette douleur qu’elle ressent en elle depuis des jours. Depuis que Justin est parti. Alors que ses parents discutent, que son frère dort de son côté et qu’elle oublie même la présence de sa famille autour d’elle, Cornelia laisse ses larmes couler silencieusement, dodelinant encore de la tête sur cette musique qu’elle lance et relance, encore et encore, comme si elle pourrait la faire pleurer suffisamment pour oublier tout ça. Pour, enfin, pouvoir apaiser son cœur et son âme. Si seulement c'était suffisant. Si seulement elle pouvait n'avoir plus assez de larme en elle pour pouvoir pleurer.

Tu avais tes petites habitudes Romane et tu avais beaucoup de mal à en dévier. Tu aimais lorsque tout était droit et que tout était à sa place. C’était le cas même pendant les trajets en voiture, tu préparais tout d’avance. Tu le faisais pour ta satisfaction personnelle, mais également pour celle de ton mari. Tu connaissais ses goûts et tu t’assurais de pouvoir les combler au maximum. Sans grande surprise pour toi, Patrick choisit le balado dans un premier temps. Tu en avais plusieurs à lui proposer, mais tu choisis de toi-même. Ton choix s’était porté naturellement vers la chimie. Ce n’était pas ce qui te passionnait toi, mais peu importe, tu écoutais attentivement tout ce qui se disait et tu apprenais des nouvelles choses à chaque fois. Ton époux prenait aussi plaisir à t’expliquer certains termes. Parfois des nouveaux, parfois des mots qu’il t’avait expliqué plusieurs fois, mais peu importe. Tu savais que ça lui faisait plaisir et tu te prêtais au jeu. Tellement que tu étais presque devenue douée dans ce domaine – et que ta mémoire t’aidait grandement -. On pourrait presque croire que tu avais fait des études dans ce domaine.

À mi-chemin, Patrick arrêta la voiture dans une station-service. Tu n’avais pas vu le temps passer, pourtant, tu n’étais pas une admiratrice des grands trajets. Tu avais la sensation qu’ils étaient toujours plus long que prévu. À la question de ton mari, tu te retournas pour t’adresser directement à ta fille : « Est-ce que tu as envie qu’on se partage quelque chose ? » Tu n’avais pas particulièrement faim, mais ça c’était parce que tu étais encore sous le coup de la nervosité. Une fringale n’était jamais loin. Si ta fille voulait quelque chose, vous alliez bien trouver un sandwich ou autre chose à vous partager. Caleb, pour sa part, avait déjà quitté la voiture d’un pas lent pour se diriger vers l’intérieur. Il risquait, comme à son habitude, d’opter pour une boisson qui risquait de vous forcer à faire un second arrêt. Vous aviez l’habitude à force. Dans tous les cas, tu quittas la voiture. Tu aimais bien profiter de chaque pause pour te dégourdir les jambes. Tu avais besoin de bouger constamment, ça ne serait une surprise pour personne.

@Cornelia Hardt
@Patrick Hardt

À l’arrière du véhicule, ses larmes s'étant tarient, la jeune femme regarde le paysage défiler, perdant son regard par la fenêtre, un peu distraite, perdue dans ses pensées comme dans sa musique. Perdre son meilleur ami, accepter qu’il parte à l’autre bout du monde, sur un autre fuseau horaire, ce n’était pas vraiment l’épreuve qu’elle s’attendait à traverser, jusqu’au moment où il lui avait fallu y faire face. Maintenant… Elle doit composer avec ça. Avec ce manque, avec cette absence, qui la renvoie à d’autres douleurs plus anciennes, des absences qui sont venues marquer sa vie. Avec ce constat que les gens que l’on aime ne restent pas toujours. Que la vie parfois nous en éloigne, même quand on croit que ça durera toujours. Même quand on pense que c’est fait pour durer, comme inscrit dans la pierre. Ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’elle avait cette impression-là ces dernières années, même si elle ne pouvait parfois s’en prendre qu’à elle-même.

Elle pousse un soupir las, se réajustant sur son siège, changeant la musique pour écouter celle de son programme libre de l’an prochain, décidant de mettre à profit ce trajet pour répéter mentalement les mouvements, revoir la chorégraphie, l’enchaînement. La pratique du patinage artistique, à son niveau, demandant beaucoup d’effort, de pratique, de sacrifices, Corny s’astreint à un rythme soutenu, régulier, ne manquant jamais une séance sinon de manière occasionnelle, comme ce week-end. Alors elle compense et, lorsque sa famille la voit faire, lorsqu’ils la voient bouger les bras comme ça à l’arrière de la voiture, esquissant les mouvements d’une danse qui prend bien plus d’ampleur sur la patinoire, ils savent parfaitement qu’elle est dans son monde, perdue entre son univers et le leur, inconsciente du monde qui l’entoure. Elle répète l’enchaînement, s’aide de ses mains pour visualiser les choses, sans aller au bout des gestes mais en surveillant de n’en oublier aucun.

Un arrêt, au bout d’un moment. Cornelia relève la tête pour croiser le regard de ses parents, éteignant sa musique pour les écouter. Manger ou boire, sortir ou rester. Elle réfléchit un instant, sa mère proposant de partager quelque chose alors que son frère est déjà hors de la voiture. Et finalement, elle accepte. Un peu d’eau ne lui fera pas de mal pour commencer. Quand à partager quelque chose, du moment que ce n’est rien de trop gras, rien qui pourrait mettre sa diète en péril, un peu d’énergie, de nourriture, ne peut être néfaste.

"- Pas trop gras ?" souffle-t-elle. "Ni trop sucré… Sinon le coach va m’arracher la tête quand je vais revenir…"

« Je ne laisserai personne toucher à ta tête. Coach ou pas coach. » Tu adressas un petit sourire à ton enfant. Tu connaissais les enjeux certes, mais tu savais aussi qu’elle devait se faire plaisir de temps en temps. Si ce n’était pas maintenant, ça serait plus tard dans la fin de semaine. Changer ses habitudes alimentaires une seule fois ne pouvait que faire du bien, non ?

Finalement tu t’éloignas de la voiture pour entrer à l’intérieur de la station-service. Tu fis le tour, mais le choix était plutôt limité. Tu aurais opté pour une salade au poulet, mais tu n’étais pas certaine de la qualité de cette dernière. Pas question de prendre le risque que quelqu’un soit malade avec un truc pas frais. Tu optas pour un paquet de croustilles au riz qui allait faire l’affaire pour le moment en plus de deux bouteilles d’eau. Tu ramenas le sachet à ta fille pour qu’elle se serve en premier et tu lui tendis l’une des bouteilles. « Il n’avait pas grand-chose finalement. On se fera un vrai repas une fois sur place. » Ce n’était pas ce qui allait vous faire tenir pendant des heures, mais ça allait faire le travail.

Ton regard se posa alors sur l’ouvrage que ton mari avait entre ses mains. Tu ne tardas pas à le prendre afin de lire le dos de la couverture. Tu ne pus t’empêcher de sourire et de secouer légèrement la tête de gauche à droite. Au fond, tu n’étais pas étonnée. « Je ne suis pas surprise de ton choix. J’espère qu’il sera aussi bien qu’il en a l’air. » Bien sûr, tu allais demander des nouvelles à ton époux au fil et à mesure de sa lecture.

Tu leur laissas encore quelques minutes avant d’affirmer : « Est-ce que tout le monde est prêt ? On doit se remettre en route si on veut arriver. » Tu jetas un bref coup d’œil à ta montre. Toi qui avait l’habitude des horaires à la minute près, tu ne pouvais pas t’empêcher d’observer l’heure à chaque dix minutes. Tu avais gardé le livre de ton mari entre tes bras lorsque tu avais pris place dans la voiture. Bien sûr, tu n’avais pas l’intention de t’intéresser au livre avant lui. Tu lui laisserais ce plaisir.

@Cornelia Hardt
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Bien sûr, elle sait que sa maman ne laissera jamais personne lui faire du mal ou qu’en tout cas elle ne laissera jamais son coach lui “arracher la tête”, comme elle vient de le dire, mais la vérité c’est que le coach est presque Dieu sur terre, pour un athlète. Le coach peut vous faire gagner ou perdre une compétition. Le coach est de bon conseil. Le coach doit être écouté. S’il prépare un planning alimentaire complet pour la demoiselle, c’est pour qu’elle le suive. Elle fait déjà des écarts avec son sacro-saint coca cola alors… Si en plus elle commence à grignoter des choses sucrées à tort et à travers… Elle sait que c’est pour elle que le coach dit ça, de toute façon. Si elle prend trop de poids, si elle devient trop lourde, elle peut avoir plus de mal pour réaliser certaines figures et, de fait, ce sera plus difficile pour elle de remporter des médailles, derrière. C’est bien la dernière chose qu’elle veut. Mais elle adresse un petit sourire à sa mère.

Laissant sa famille entrer dans la station service elle reste elle-même dehors, profitant de l’air frais et de sa musique qu’elle rallume, sa maman ne la laissant de toute façon pas seule bien longtemps, revenant finalement lui donner des croustilles à grignoter et une bouteille d’eau, de quoi sinon se rassasier au moins grignoter un peu. Apparemment, il n’y avait pas grand chose en termes de propositions. Ce n’est pas grave, ça lui va. Elles mangeront mieux en arrivant. Berlin n’est pas si loin, après tout.

"- Merci !"

Son père revient lui aussi, fier de lui, exhibant l’achat auquel il vient de se laisser tenter et qui ne surprend ni sa femme, ni vraiment sa fille. Que son père achète un livre est un non-événement, y compris quand il l’achète au beau milieu d’une station service, entre autres romans à la qualité toute relative. Elle lit, Cornelia. Mais le matin en se réveillant surtout, un peu avant de dormir et pas vraiment le même genre de littérature que son paternel. Elle est plus branchée young adult et ce genre de trucs. Dans sa table de chevet, en ce moment, Icebreaker. Douce ironie. C’est peut-être pour ça qu'elle l'a pas finit, qu’il est dans le tiroir et non pas sur la table elle-même. Trop d’souvenirs. Trop d’similitudes, aussi.

"- J’suis prête !" déclare-t-elle en revissant sa bouteille d’eau, se glissant à nouveau sur son siège en attendant qu’ils se remettent en route.

Installée de nouveau dans la voiture, tu avais appris le chemin à suivre par cœur. Tu détestais particulièrement la voix du GPS, mais d’autant plus, tu détestais qu’on te dise quoi faire. Même si c’était un outil pour te guider, tu détestais ça. Tu ne l’utilisais jamais et ton mari le savait, c’est pour cette raison qu’il te demanda directement le chemin. Sans aucune hésitation, tu lui donnas l’adresse et tu continuas de le guider pendant les heures de trajet qui vous restaient. Tu avais remis le Balado en fond, tu savais que ton mari arrivait plus facilement à se concentrer sur la route lorsqu’il pouvait se concentrer sur des mots ou sur des chansons.

Pendant le reste du trajet, tu ne parlas pas trop. L’ambiance de la voiture était plus calme qu’à l’habitude. Une autre preuve que tes enfants n’étaient plus des enfants. Ils ne ressentaient plus le besoin de se disputer à tous les 10 minutes pour un « oui » ou pour un « non ». Finalement, Patrick atteint le stationnement de votre hôtel et ton regard s’arrêta de nouveau sur ta montre. Tu ne dis rien, mais un sourire satisfait naquit sur tes lèvres. Vous étiez pile à l’heure pour récupérer vos chambres. Comme souvent, tu pris les devants pour rejoindre le hall d’entrée. Par habitude, tu avais laissé les valises et les sacs à ton mari et tes enfants.

« Tout est bon. Les chambres sont prêtes. » Tu souris doucement à ta petite famille avant de remette l’une des cartes magnétiques à Cornelia. Pour l’occasion, tu avais demandé deux chambres communicantes. Vous seriez ensemble, mais vous pourriez avoir votre intimité pour la nuit. Tes deux enfants allaient partager une chambre et tu allais occuper l’autre avec ton époux. Du moins, normalement. Personne n’était réellement à l’abris des changements de plan. Comme toujours, tu ouvris la marche pour te diriger vers l’ascenseur afin de sélectionner votre étage et de guider ta famille dans les couloirs jusqu’à vos chambres.

@Cornelia Hardt
@Patrick Hardt

Ils arrivent enfin, au terme d’un long trajet et, comme d’habitude, leur mère s’empresse de rejoindre l’accueil pour récupérer les clés de leurs chambres, tandis qu’ils déchargent le coffre avec leur père pour en extraire les valises dont ils auront besoin pour le séjour. Cornelia attrape la sienne en poids et en volume pour la dégager du coffre, la posant sur le gravier le temps de sortir son vaniti et se tourne vers la bâtisse de laquelle sa mère sort déjà, annonçant que les chambres sont prêtes. Au moins, ils vont pouvoir s’installer avant de partir explorer les rues de Berlin. Corny récupère la carte magnétique que lui donne sa mère et la range précautionneusement dans son portefeuille, replaçant immédiatement celui-ci dans son sac à main. Bien sûr, elle devra ressortir la dite carte d’ici peu, mais elle préfère toujours ne pas l’avoir en main pendant qu’elle charrie les bagages, craignant toujours de l’égarer. Peut-être aussi parce qu’à un moment de sa vie, elle avait dû être attentive et prudente pour deux, Aayden n’étant pas vraiment l’exemple parfait du garçon ne perdant jamais rien, au contraire. Il avait tendance à semer ses affaires au fur et à mesure que des pensées contradictoires s’infiltraient dans son esprit. Alors elle avait apprit à surveiller les clés pour eux, à en prendre la responsabilité, histoire qu’ils ne se retrouvent pas coincés à la porte de leur chambre d’hotel un jour, parce qu’Aayden aurait abandonné la petite carte dans la salle de bain en pensant à changer le rouleau de papier toilette. Sait-on jamais.

"- Il y en a encore ?" demande-t-elle, valise en main, avant de suivre sa mère comme cette dernière prend la direction des ascenseurs, appuyant sur le bouton du dernier étage.

La vue sera sans aucun doute à couper le souffle. L’hôtel étant haut, ils devraient avoir une belle vue sur la ville en contrebas, c’est ce que la brune espère comme ils avancent en direction des portes des chambres. Délaissant sa valise en arrivant devant la sienne, elle farfouille dans son sac à main pour sortir son portefeuille et en extraire la carte qu’elle passe dans le lecteur maniétique avant de la ranger, Caleb lui tenant la porte pour qu’elle puisse s’engager avec ses valises. Posant celles-ci dans la salle de bain, elle s’empresse d’aller inspecter la litterie avant toute chose. Vieux réflexe, là encore.

Le naturel revenait rapidement au galop lorsque tu pus sortir de la voiture. Il n’était pas question pour toi d’attendre que les valises soient sorties de la voiture avant de t’assurer que vous aviez bien votre chambre. Ensuite, tu allais pouvoir souffler. Ensuite, vous alliez pouvoir vous permettre d’improviser, d’organiser vos balades selon vos envies du moment. Une fois que vous aviez un endroit où loger, tu devenais plus détendue. Étonnement, tu ne cherchais pas à contrôler chaque minute de votre escapade, mais tu avais tout de même une liste d’activités en tête dans le cas où ta famille ne savait pas quoi faire. Toujours prête Romane. Tu le serais toujours.

Ton premier réflexe en arrivant dans votre chambre fut de ranger un minimum le contenu de votre valise. Même si vous n’étiez pas là longtemps, tu tenais à le faire. Tu n’aimais pas devoir fouiller dans tous les coins de ta valise lorsque tu cherchais quelque chose. Avec l’aide de ton mari, tu mis tout en place avant de te diriger vers le lit et de tâter les oreilles. « Hm. Je pense que tu ne vas pas aimer. Je vais prévenir la réception pour avoir d’autres oreillers. » affirmas-tu. Tu connaissais tous les goûts de ton mari et tu voulais qu’il dorme confortablement. Après cette légère réflexion, tu fus prête à quitter la chambre. Ton sac à main sur l’épaule, tu t’arrêtas à l’accueil pour demander des oreillers supplémentaires et moins durs avant de rejoindre ta famille.

« Monsieur a décidé de la jouer autoritaire. » soufflas-tu à la remarque de ton mari avant de rire légèrement. Par habitude, ta main rejoint son bras et tu entrepris d’avancer à ses côtés. « Est-ce qu’il y a quelque chose qui te plairait vraiment de faire ? » Tu t’adressais surtout à Cornelia. Après tout, c’était son voyage. Même si ce n’était pas dans l’instant, tu étais curieuse de connaître ses envies. Que ce soit pour un restaurant, un centre commercial, une exposition peu importe. Vous alliez l’ajouter à votre planning encore vide.

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@Patrick Hardt

Assez rapidement après être arrivés sur place, s'être installés un peu dans les chambres, arrive le moment de partir en balade et la brune rejoint alors l'accueil de l’établissement, plaçant son téléphone dans son sac à main avant d'emboîter le pas à ses parents qui sortent dans les rues Berlinoises. Rapidement, Caleb prend les devants de la marche, leur père les prévenant rapidement qu'il ne fallait pas qu'ils fassent d'histoire, sinon il ferait comme quand ils étaient petits. Rien que ça. Elle lève un sourcil, comme si elle doutait qu'il puisse en arriver là, mais, ça n’était pas non plus comme si elle comptait lui opposer la moindre résistance. Après tout, ils sont ici pour elle, pour lui changer les idées. Loin d'elle l'idée de faire le moindre cinéma ou de protester de quelque manière que ce soit.

Alors qu'ils commencent la promenade, sa mère ne tarde pas à lui demander ce qu'elle voudrait faire et la jeune femme se plonge dans ses réflexions quelques minutes, réfléchissant à toutes les choses dont elle a entendu parler à Berlin et qui pourraient la tenter. À vrai dire, il y a pas mal de choses qui pourraient être intéressantes. Mais une en particulier qui lui semble amusante.

"- On pourrait aller au studio des merveilles ?"

Elle en avait entendu parler plus d'une fois. Il s'agissait d'un endroit plus ou moins étonnant, dans lequel on pouvait prendre des photos très étranges, particulières. Un lieu où l'on pouvait faire marcher son imagination et repartir des souvenirs plein la tête, en ayant mal aux zygomatiques. Ça leur ferait peut-être du bien. Ça lui ferait peut-être du bien.

"- Et tropical Island, on peut faire ?" demande Caleb en se tournant vers eux, gambadant devant d'un bon pas.

Tropical Island n'était pas vraiment à côté, même si ça n'était jamais qu'à une soixantaine de kilomètres de Berlin. C'était l’occasion d'y aller, pour une fois qu'ils étaient dans les parages. D'un autre côté, leur séjour était peut-être trop court pour envisager de passer toute une journée ou une demi-journée dans un parc aquatique. Encore que ce serait sûrement un excellent endroit pour passer de beaux moments en famille si leurs parents acceptaient.