Vas-y tout de suite la rejoindre sinon... ಎ Alrik & Nina
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gare à la crise de la quarantaine
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Vas-y tout de suite la rejoindre sinon... ಎ Alrik & Nina
Mer 9 Mar 2022 - 11:20
Vas-y tout de suite la rejoindre sinon...
Klinik Fleetinsel ༝ Jeudi 24 août 2017 ༝ 20h09
« Elle qu'aussi tu oublies quand tes yeux s'attardent sur mon corps, quand tu m'regardes un peu trop fort, quand tu la quittes le temps d'une folie, quand tu la quittes le temps d'un frisson, vas-y tout de suite, la rejoindre je t'en prie. Vas-y tout de suite la rejoindre sinon... Reste avec moi. »
A L R I K ☩ N I N A
La tristesse pèse autant que la fatigue sur les traits de Nina. La maladie de son père leur a été révélée il y a un une quinzaine de jours seulement et, pourtant, déjà, Nina a l’impression qu’ils mènent un combat de longue date. La peur de l’avenir, les douleurs, les incertitudes, empêchent l’aînée des Vahid de dormir. La plupart du temps, d’ailleurs, c’est à l’hôpital, sur un fauteuil inconfortable, qu’elle passe la nuit. Son père n’a de cesse de la rouspéter, de lui répéter de rentrer chez elle, mais sa fille a la tête dure et se refuse à le laisser seul.
Ce soir, désabusée par cette situation et impuissante face à l’épuisement criant de sa fille, Isabella a pris la décision de la relayer. Sur le coup des vingt heures, c’est avec un sac rempli des bonnes choses qu’elle a cuisinées dans l’après-midi qu’elle entre dans la chambre d’Erik. Nina est penchée sur le lit de son père ; ils se confient encore toutes ces petites choses que Nina emportera avec elle dans le reste de sa vie si la tragédie décide de lui enlever son père. Un schéma qu'elle refuse d'accepter, pour l'heure, alors qu'elle se lève pour laisser la place à sa mère. « Profitez de votre soirée, les amoureux. Je vous aime. », dit-elle à ses parents en les enlaçant, chacun, longuement.
Sous ses faux airs confiants, Nina quitte la chambre, non sans se retourner une dernière fois pour envoyer un baiser à Isabella et Erik depuis l'encadrement de la porte. Depuis qu'Iris est partie pour les États-Unis, il y a quelques jours à peine de cela, Nina est encore plus pot-de-colle avec eux. Ce serait presque à se demander si le fauteuil de la chambre de son père ne commence pas à être marqué par la trace de sa silhouette. La crainte qui l'assaille est la même à chaque fois qu'elle quitte le service d'oncologie. Celle de partir et de ne plus retrouver son père vivant à son retour. Cette peur lui tord les boyaux, lui serre le cœur, et la fait éclater en sanglots à chaque fois que les portes de l'ascenseur se referment sur elle. Elle maudit l'inacceptable, elle haït ce destin tragique et elle met à profit ce court trajet jusqu'au rez-de-chaussée pour extérioriser un peu de tout ce qu'elle contient en elle.
Les joues inondées de larmes, Nina n’est pas belle à voir. Revêche, elle s’efforce tout de même d’essuyer son visage à l’aide de son avant-bras, avant de traverser le hall d’entrée. Il y a encore quelques semaines, Nina prenait plaisir à pénétrer dans ces lieux pour rejoindre son laboratoire. Les choses ont diamétralement changé en peu de temps : l’histologiste ne se rend plus au travail, elle a posé un congé sans solde. Son père habite ces lieux plutôt que leur maison familiale. Et sa sœur, elle, a pris le parti de déserter jusqu’au pays qui l’a vue naître. C’est à ne plus rien y comprendre. Et, de toute façon, Nina n’a pas envie de comprendre ce qui n’a aucune logique.
Toujours avec cette même peur de quitter l’hôpital alors qu’elle devrait rester aux côtés de son père s’il s’agit de sa dernière nuit, Nina passe les portes automatiques pour rejoindre le parking. Faible, épuisée, elle part dans la direction opposée de celle où elle est garée. Elle ne fait pas plus de cinquante mètres avant de s’en rendre compte, mais déjà ses genoux fléchissent et manquent de la faire tomber. Peut-être devrait-elle écouter sa mère et faire attention à elle, ne serait-ce qu’en s’alimentant un peu plus que le strict minimum et en dormant au moins quatre heures par jour.
Sa main appuyée sur le capot d’une voiture qui n’est pas la sienne, Nina prend quelques secondes pour recouvrer ses esprits. Son regard se projette de l’autre côté du parking, alors qu’elle se souvient désormais de la place où elle s’est garée trois jours plus tôt alors que sa sœur s'envolait pour New York. Si sa mémoire ne lui fait pas défaut, il s’agit de la 50A. Une brève inspiration plus tard, et Nina se remet en route. Elle n’a pas fait plus de dix pas qu’une voix l’interpelle. Sans trop savoir ce qui lui a été dit, l’histologiste se retourne et, dans les prémices de l'obscurité, voit apparaître Alrik.
– « Salut Alrik. Non, oui, ça va, je suis garée juste là. », lui dit-elle en pointant une direction approximative. « Mes parents sont en haut, si tu veux les voir. Je crois même que maman a fait une tarte aux fraises. »
Peut-être répond-elle à côté de la plaque mais au moins Nina essaye. Elle essaye de donner le change face à l’ex petit-ami de sa sœur qui, lui aussi, est affecté et malmené par toute cette situation.