Mandy * Être, en tout temps, la plus grande supportrice de ta première fan

Alors que l’avion amorce doucement sa descente sur Beijing, Astrid perd son regard par le hublot de la fenêtre, observant la ville illuminée en ce début de soirée. Jamais, encore, elle n’avait mis les pieds en Chine. Elle n’en avait pas eu l’occasion jusqu’à présent mais, en ce moment, les jeux olympiques d’hiver s’y déroulaient. C’était l’occasion parfaite pour s’y rendre, alors que sa mère devait défendre les couleurs de son pays, avec un couple de ses patineurs qui devait disputer les épreuves en couple commençant le lendemain. Celle-ci devait avoir besoin de soutien. Cependant, c’était seule, accompagnée uniquement de son couple, qu’elle avait pris la direction de la capitale chinoise et Astrid avait finalement décidé de la rejoindre, d’aller la soutenir, pour ces jours à venir. Avec un peu de chance, elles célébreraient ensemble, d’ici peu, une bien jolie victoire que sa mère méritait, qu’elle aurait déjà dû obtenir il y a quatre ans de cela.

Comme on les autorise à quitter l’appareil, Astrid attrape son bagage main en rallumant son téléphone portable, envoyant un message à son père, Aline et Gabriel pour les informer de son arrivée sur le sol Chinois, avant de descendre de l’appareil, rejoignant le tarmac de l’aéroport pour se diriger vers les bâtiments. Son regard se perdant sur les panneaux indicatifs disséminés ça et là, la demoiselle cherche la bagagerie, finissant par tomber sur un pictogramme significatif qu’elle se met à suivre pour découvrir, bientôt, une multitude de valises sur un tapis roulant. Dont la sienne, brodée des drapeaux des pays qu’elle avait pu visiter, la recouvrant presque entièrement. Attrapant celle-ci, alors, Astrid se dirige vers la sortie, sa main vissée à son téléphone en même temps pour s’appeler un taxi, bien décidée à garder la surprise jusqu’au bout. De toute façon, sa mère devait être encore au village olympique, en plein entraînement avec ses patineurs. Inutile de la déranger pour lui demander de venir la chercher. Astrid est une grande fille, habituée des voyages. Habituée à se débrouiller.

Le plus difficile, finalement, n’est pas tant d’accéder au village olympique accueillant les concurrents des sports de glace. Non, le moins aisé, finalement, est de se repérer dans ce village alors qu’elle traîne sa valise derrière elle, à la recherche de la patinoire dans laquelle sa mère devait entraîner ses athlètes. Sans assurance, à vrai dire, que cette dernière soit bel et bien ici. Malgré tout, la blonde ne baisse pas les bras et, après de longues minutes de recherche, questionnant au passage - en anglais - les athlètes qu’elle rencontre, la blondinette finit par pouvoir discrètement se glisser dans les gradins de la patinoire d’entraînement, observant sa mère et ses joueurs, sans encore se manifester.

Le décalage horaire lui ferait mal le lendemain matin, c’est certain. Mais pour le moment, Astrid n’y fait pas attention. Installée dans les gradins, la jeune femme observe, émerveillée, le programme des patineurs de sa mère. Ils avaient fait du bon travail et, le lendemain, ils feraient sûrement sensation sur la glace. La jolie blonde n’en doute pas une seconde, alors que Mandy les entraîne depuis des mois, intensivement, dans ce but. De fait, l'auteur espère bien les voir choper une médaille, sur la plus haute marche du podium. Ce serait merveilleux. Fantastique. Ce serait la consécration pour sa mère. Et une preuve de plus, s’il en était besoin, qu’elle avait bien fait de changer de travail, de suivre son coeur, pour devenir entraîneuse. Bien sûr, la question ne se posait même pas. Mais enfin.

Installée à proximité de la piste, la demoiselle observe les patineurs évoluer encore quelques minutes avant que sa mère ne les laisse partir, profitant à son tour de quelques minutes sur la glace bien méritées, qui donnent bien envie à sa fille de la rejoindre, même si elle ne le fait pas. Elle ne peut pas se le permettre, n’étant pas équipée. Et puis, de toute façon, Mandy la repère soudainement et s’arrête de patiner, pour rejoindre l’entrée de la glace. Se levant alors, Astrid descend rapidement pour la rejoindre, la prenant dans ses bras.

”- Je me doute que tu ne t’y attendais pas !” remarque Astrid.

Elle n’avait jamais parlé de cette hypothèse de rejoindre sa mère à Beijing pour être avec elle pendant les épreuves et seul son père, Aline et Gabriel savaient qu’elle avait gagné, dans la journée, la capitale chinoise. Mandy n’en savait rien et n’avait même jamais eu le moindre élément pour ne serait-ce que le suspecter, exactement comme le souhaitait la jeune femme.

”- C’était un secret bien gardé !”

Prévenir sa mère, qui serait venue la chercher à l’aéroport. Et puis quoi encore ? La demoiselle, s’écartant pour laisser passer les patineurs suivants, hausse les épaules. Elle avait ses raisons de ne pas l’avoir fait et elle n’avait presque pas galéré, qui plus est. Elle avait surtout eu du mal à trouver la patinoire, mais c’était la seule difficulté de son voyage, finalement.

”- Mais ça n’aurait plus été une surprise, si je te l’avais dit !” souligne la demoiselle, tout sourire. ”Le plus dur c’était de te retrouver dans tout ce bazar !” rit-elle. ”Aussi mal indiqué que les cambrousses françaises, c’est incroyable !” plaisante-t-elle. ”On aurait dit que ça n’allait jamais finir, je me suis demandé si j’étais dans un village olympique, ou si j’étais chez Ikea.” poursuit-elle sur sa lancée.

Comme le couple suivant commence à s’échauffer, un regard des entraîneurs leur fait rapidement comprendre de quitter les lieux et Astrid ne se le fait pas dire deux fois, donnant à sa mère les protège-lames nécessaires pour qu’elles puissent quitter les lieux. Cela fait, elle l’accompagne dans les vestiaires, le temps que Mandy puisse retirer ses patins et enfiler une paire de chaussures civiles un peu plus adaptées.

”- Si tu ne comptes pas te coucher trop trop tôt ce soir, on pourrait peut-être se faire une petite soirée sympa. Histoire de te détendre avant le programme court !”

Si les Chinois sont doués pour pas mal de choses, en revanche pour ce qui est de la signalisation, Astrid n’est pas convaincue. Aujourd’hui, elle avait eu bien du mal à trouver la patinoire où sa mère et ses patineurs pouvaient se trouver, menant leurs derniers entraînements avant le lendemain. Bien du mal à se repérer, au milieu de toutes les indications chinoises qu’elle avait pu rencontrer. peut-être avait-elle cependant mal cherché. Mais qui diable, alors, n’avait pas pensé à rendre plus évidentes les indications placées ça et là en anglais, si celles-ci existaient ? Même pour les athlètes, cela avait apparemment été difficile de se repérer. Si le pavillon du pays était un peu loin de la patinoire, en prime, il y avait sûrement de quoi s’arracher les cheveux. Astrid, elle n’avait cependant pas eu d’autre choix que de trouver cette patinoire, n’ayant aucun point de repère pour retourner où que ce soit.

”- J’aurai sûrement pu mettre encore beaucoup plus de temps que ça alors ! On peut dire que j’ai eu de la chance !” remarque la demoiselle.

Elle en avait eu, oui, en parvenant à arrêter certains passants pour les questionner, trouver plus rapidement la patinoire. Si les rues avaient été un peu moins fréquentées, en revanche, elle ne s’en serait peut-être pas aussi bien sortie. Probablement pas aussi bien sortie.

Ce soir elles pouvaient peut-être sortir un peu, le temps d'un bon dîner. Astrid ne sait pas ce qu'il y a dans les environs mais il doit bien y avoir un ou deux bons restaurants à proximité pour les accueillir. À condition bien entendu que sa mère ait envie de sortir. Avec les épreuves du lendemain, ce n'était pas dit. Mais comme Mandy le précise rapidement, ce n'est pas elle qui devra demain défendre les couleurs de son pays et faire des merveilles sur la glace pendant son programme court. Alors elle pouvait bien se permettre de sortir, même si elle devait évidemment s'occuper de ses patineurs le lendemain avant les épreuves.

”- Si le room service a des plats typiques d'ici ça peut être plus pratique ! Comme ça je pourrai prendre une douche et peut-être m'arranger pour ne pas être complètement déphasée demain, avec le décalage horaire ! Je ne voudrai pas manquer tes poulains sur la glace quand-même !” remarque Astrid. ”Mais s'il n'y a rien de vraiment sympa et typique alors autant aller dans un petit restaurant pas loin ! Vous avez eu le temps d'en essayer déjà ?”

Comme Mandy pose son regard sur la valide que traîne sa fille, cette dernière a un petit rire. Non, en effet, elle n'a pas pris le temps de la poser depuis qu'elle est arrivée. Et pour cause… comment aurait-elle fait, sans savoir où était le pavillon français dans tout ce bazar ?

”- Non, j'ai trouvé la patinoire avant ma chambre comme tu vois !” remarque Astrid. ”J'en ai pris une au cas où. Mais tu as de la place dans la tienne ?”

Comme le lui confirme sa mère, elle n’est pas vraiment en mesure de faire le moindre conseil en matière de restaurant, dans les environs du village olympique. Arrivée dans les environs depuis quelque temps, elle n’a pas encore eu le temps de mettre le nez dehors, du fait de ses entraînements et de la compétition qui approche. Elle avait donc profité du room service de son hôtel, comme il se devait. Et elles pouvaient opter pour cette solution là ce soir également, qui aurait le mérite de ne pas les pousser à sortir. Avec la compétition des petits poulains de sa maman le lendemain matin, ce ne serait probablement pas si mal, d’ailleurs, qu’elles ne bougent pas ou pas très loin d’ici. Même si sa mère n’a pas forcément besoin de se coucher très tôt, Astrid a tout de même, pour sa part, fait la route et le décalage horaire ne manquera pas de faire son effet.

”- C’est intéressant à savoir !”

Elles avaient de toute façon le temps de se décider, il fallait encore qu’elles posent les valises de la jolie blonde dans la chambre de sa mère et puis une douche, comme le remarque Mandy, ne serait pas forcément de refus, avant de songer à un dîner. Elles avaient encore le temps. Effectivement, la soirée n’était pas encore très avancée pour les pousser à un choix précipité. Un brin de toilette ne serait donc pas une mauvaise idée. Qui sait d’ailleurs comment la place qu’elle avait occupée avait été nettoyée. Les sièges d’avions, de par leur matière, pouvaient de toute façon bien trop garder de bactéries pour que la jeune femme ne prenne pas une douche. Ce ne serait pas un luxe que de ne pas attendre d’avoir mangé.

”- C’est vrai ! Je crois qu’une douche ne serait pas une mauvaise chose, d’ailleurs !” remarque la blonde. ”On est jamais trop sûr de la propreté dans les avions, en plus.” poursuit la demoiselle.

Quant à son séjour, où dormirait-elle ? Si la demoiselle a posé une option sur un hôtel, au cas où sa maman ne puisse pas l’accueillir dans sa chambre, il semblerait qu’elle n’aura pas besoin de celle-ci. Spontanément, Mandy propose que sa fille s’installe dans la sienne, celle-ci ayant apparemment la place de l’accueillir. Parfait. La blonde n’aurait qu’à annuler sa propre réservation.

”- Pas le moins du monde !”

Papotant encore sur le chemin qui les conduit jusqu’à l’hôtel, la jeune femme peut finalement, après quelques minutes, lâcher sa valise et pénétrer alors dans la chambre de sa mère, cette dernière lui présentant rapidement l’endroit. Une chambre charmante, meublé avec goût. Petite, indéniablement, mais ce serait suffisant.

”- Je pense que je vais effectivement aller à la douche pendant que tu regardes ça !” annonce donc la blondinette avant de disparaître, l’eau de la douche la remplaçant rapidement, d’un point de vu sonore.

Après un long voyage en avion, une bonne douche n’était pas du luxe et permettrait probablement à Astrid de se mettre à l’aise pour sa soirée en tête à tête avec sa mère. Dieu seul savait, du reste, comment l’avion était nettoyé et à quelle fréquence, les bactéries qui pouvaient se loger dans les sièges et petites surfaces plus ou moins accessibles. Un bon coup d’eau et de savon ne serait donc pas du luxe. Et puis cela donnait le temps à sa mère de faire un premier tri des restaurants dans lesquels elles pouvaient éventuellement se rendre ce soir, avant que la blonde ne fasse sa propre sélection en lorgnant les menus. Une de ses habitudes pour choisir où aller, en général.

L'eau de la douche ruisselant sur son corps en lui faisant le plus grand bien, emportant au loin les affres du voyage, la française ne s'attarde pourtant pas sous le jet continu, consciente que si sa maman lui a recommandé de prendre son temps, cette dernière l'attend malgré tout pour aller dîner. Et voudrait sûrement elle aussi de l'eau chaude à un moment ou un autre de cette soirée, sans que la jeune femme ne sache qu'elle était la capacité du ballon de la chambre. Limitée, sûrement, alors que Mandy devait être seule dans la chambre normalement et que le village olympique devait accueillir pas mal de monde, du reste.

”- Que ça fait du bien !”

Les cheveux encore humides enrubannés d'une serviette, la blonde quitte la salle de bain pour rejoindre sa mère, confortablement enveloppée dans des vêtements propres. Et déjà, la musicienne entraîneuse de patinage la vieille avec une sélection de restaurants à laquelle le ventre de sa progéniture répond par un gargouillement. Astrid éclate de rire.

”- Non on ne m'a pas affamé dans l'avion, c'est pas vrai !” annonce la jeune femme avec humour avant d'attraper les menus que lui tend sa mère.

Soigneusement, la française étudie les menus restants, en éliminant deux qui lui parlent moins, avant de se focaliser sur les quelques restants. Choisir était toujours si problématique pour elle. Comme une impression de jouer sa vie, à chaque fois. Ce n'était pourtant rien de plus qu'un menu, rien de plus qu'un repas. Mais elle tergiverse toujours trois ans avant de choisir. Ce soir ne semblait pas faire exception à la règle. Elle met de longues minutes avant de finalement garder deux restaurants, plaçant une carte dans chaque main.

”- Gauche ou droite ?” demande-t-elle alors à sa mère, invitant cette dernière à trancher pour elle.