Adrian ♔ Everybody's watching her, but she's looking at you

Sur la jolie ville d'Hambourg, la nuit est tombée. Ce soir, les jeunes auront une heure de plus pour s’amuser, avec le changement d’heure. Une heure de plus pour écumer les bars et profiter de la vie. Ils envahissent tout, les places, les rues, les comptoirs et les terrasses, les pistes de danse dans les boîtes. Minuit, l’heure du crime. L’heure du jeu. Un jeu qu’ils maîtrisent presque tous. Un jeu dangereux, parfois. Demain matin, sûrement, on évoquera un accident survenu dans la nuit. Plus ou moins grave. C’est la même chose, chaque week-end après tout. Rien de nouveau sous la lune.

Victoria a accepté de sortir boire un verre avec des copines ce soir, mais elle a décliné l’invitation à sortir en boite. La demoiselle a d’autres projets pour sa soirée. Un projet appelé Adrian, l’énigmatique et charismatique tenancier d’un bar très en vogue chez les jeunes. Il y a quelques temps déjà que la brune l’a rencontré. Quelques temps qu’elle l’a aperçu et a oublié les mots de ses copines. Ne pas perdre son temps avec lui, parce que c’est peine perdue. On ne lui connaît aucune histoire, aucune affaire de cœur, aucune conquête. Elles sont si loin de la vérité, les filles. Il est juste discret. Victoria a apprit à en connaître une toute autre facette, en revenant au bar. Juste pour le voir. Elle peut dire, elle, qu’il s’intéresse aux femmes, qu’il sait leur parler et flirter, aussi. Qu’il n’est pas si désintéressé que ça.

Victoria s’éclipse quand les filles partent en boite et elle appelle un uber pour rejoindre le bar. Il ne faut que quelques minutes au taxi pour la déposer devant celui-ci. De ces heures, les jeunes ont commencés à déserter les lieux pour se rendre dans les boîtes. Parfait. La brune imagine qu’ainsi, le séduisant barman sera plus disponible. Assez pour qu’ils puissent discuter, s’il n’a pas décidé d’être dans l’un de ses mauvais jours, où il la repousse. Venir ici, seule, pour le voir, c’est toujours un pari à quitte ou double, dans le fond. Ce soir, elle espère que sa petite robe rouge servira ses intérêts. En observant la salle, la demoiselle esquisse un sourire et avise les tabourets au comptoir. Un siège disponible. La jeune femme s'installe et cherche Adrian des yeux. Comme si elle pouvait le manquer. Sa silhouette accroche son regard presque immédiatement et elle en oublie les barmans autour de lui. Comme il tourne la tête vers elle, Victoria le gratifie d’un sourire et passe une main dans ses cheveux. Que la partie commence.

Un barman l’observe une seconde, hésite à venir vers elle puis se ravise. Parce qu’il sait ce que la jeune femme attend. Qui elle attend, plutôt. Comme si personne n’avait compris. Elle attend, patiemment, qu'il vienne à elle, demande un whisky qui ne tarde pas à lui être servit. Victoria analyse la tête qu’il fait. Histoire de savoir sur quel pied danser ce soir.

«- Bonsoir.» le salut-elle alors.

Derrière son bar, l’homme prend son temps, s’amuse à faire patienter la demoiselle. Pour évaluer sa résistance ce soir ? Voir s’il n’est pas allé trop loin la dernière fois en voulant la repousser ? Voir si elle est capable de rester ou de s’évaporer dans la nuit, voir si elle lui en veut, dans le fond et s’il suffit de craquer une allumette pour allumer un brasier et la voir s’évanouir dans la nuit. Elle a longtemps hésité à venir, Victoria, encore vexée de la dernière fois, encore décontenancée par l’attitude de l’homme tantôt si proche, tantôt si loin, sans jamais donner l’impression de savoir s’il la veut ou préfère la garder loin de lui. Peut-être un peu des deux. Dualité de l’esprit. Quand ange et diable s’opposent.

Victoria le fixe, en portant son verre à ses lèvres, cherchant à savoir s’il viendra à elle, en fin de compte, ou s’il a encore décidé de faire sa mauvaise tête. Peut-être que la partie est finie. Peut-être que quelque chose s’est brisé entre eux, à un moment, elle ne sait pas quoi, elle ne sait pas quand. Mais peut-être qu’elle a perdu, tout simplement. Echec et mat. La jolie guide n’a pas dit son dernier mot, pourtant. Sinon elle ne serait pas là ce soir. Alors elle l’observe, comme il prend son temps et finalement, l’homme approche d’elle.

«- Bientôt n’est pas tout de suite. Je crois que je vais rester.» souffle la brune.

Il ne se débarrassera pas d’elle aussi facilement. Si elle se montrait trop docile, la partie serait terminée depuis longtemps et la demoiselle ne l’intéresserait probablement pas autant. Peut-être qu’elle doit simplement se faire à l’idée que leur dynamique soit particulière. Tantôt attractive, tantôt répulsive. C’est une danse particulière, dont elle doit apprendre à maîtriser les pas. Mais une danse qu’elle compte bien apprendre à danser malgré tout.

«- Vous laisserez bien ouvert encore un pour moi.» suggère-t-elle.

Un petit air entendu, une mine légèrement boudeuse et le regard de Victoria glisse, une seconde, sur la salle qui se vide petit à petit. Elle jette un regard à sa montre. Il est vrai qu’il est déjà tard. Mais peu importe. La jeune femme reporte son regard sur l’homme et lui adresse un large sourire, alors, un rien mutine. Un battement de cil, une mine enjôleuse… Obtenir ce qu’elle veut, ça a toujours été relativement facile pour la brunette. Mais certains lui donnent toujours plus de fil à retordre. Comme lui. Parce que c’est un joueur, lui aussi, bien décidé à mener la danse autant qu’elle.

«- Je vous laisserai même m’offrir un verre si c’est le cas.» vient-elle murmurer à son oreille, prenant appuie sur le bar.

Bien des choses ? La demoiselle ne lui offre que l’opportunité de lui offrir un verre, non ? Elle esquisse un sourire, comme l’homme s’inquiète de savoir s’il doit se sentir privilégié ou si c’est une habitude, chez la demoiselle. Elle penche la tête sur le côté, légèrement, l’observant de son regard de biche. Victoria aime faire la fête et sortir la nuit, elle mentirait si elle prétendait qu’elle ne s’est pas laissé offrir quelques verres, au fil des années. Est-ce un mal ? La demoiselle ne le pense pas et ce d’autant plus qu’elle imagine que le barman lui-même a offert quelques verres à quelques filles. Elle ne croit pas, elle, qu’il soit si peu intéressé que ses copines le lui ont dit. Parce qu’elle en connaît une autre facette et, s’ils ne sont jamais allé très loin tout les deux, Victoria sait en tout cas de quoi il est capable.

"- Sentez-vous privilégié." souffle la brune.

Car après tout, si on lui offre des coups à boire d’habitude, les circonstances lui semblent ici être très différentes ici. Et qu’est-ce que cela peut bien faire, à vrai dire, les autres ? L’histoire ancienne ne compte pas, seul le présent a de l’importance, après tout. Victoria ne peut réprimer un petit rire, comme elle le regarde et elle finit son verre de whisky, se demandant si ça le dérangerait, qu’il ne soit pas le premier à lui offrir un verre. Probablement pas. Elle n’en sais rien.

La demoiselle l’observe encore, comme il montre une pancarte indiquant que la maison ne fait pas crédit. Victoria passe une main dans ses cheveux pour remettre une mèche de cheveux derrière son oreille. Ce n’est pas la même chose, un crédit et qu’un homme vous offre un verre. Mais quand il s’agit du gérant du bar ? Peut-être bien. Néanmoins l’homme s’exécute, préparant un cocktail qu’il finit par poser devant la demoiselle, sans que cette dernière ne sache exactement de quoi il s’agit. Observant la préparation puis l’homme qui lui demande de donner ses impressions, elle semble hésiter une seconde avant de se lancer finalement, grimaçant un peu.

"- Vous avez prévu de me saouler, Monsieur Mayer ?" s’enquit la demoiselle taquine. "Il ne vous en faut pas tant pour vous faire apprécier, rassurez-vous." murmure-t-elle.

Le bar se vide peu à peu, quelques uns repartant accompagnés, pour finir cette soirée en d’autres lieux. Un type approche de la brune, comme s’il n’avait pas remarqué qu’elle discute avec le barman et demande deux verres. Un pour lui et un autre qu’il glisse vers la demoiselle, un large sourire aux lèvres en lui adressant un compliment au passage. Victoria lui accorde un regard, une petite mine polie, rien de plus, alors qu’il la dérange. Qu’il les dérange.

Alors que la demoiselle assure qu'il peut se sentir privilégié, elle ne peut s'empêcher de trouver l'homme un rien dubitatif dans son expression comme il dit qu'ils vont considérer que c'est la vérité. De toute évidence l'homme ne la croit pas vraiment et pourtant pour la brune les choses sont vraiment différentes cette fois. On ne lui offre pas, c'est elle qui tend une perche. Ça change la donne. Pour elle tout du moins. Mais peu importe, non ? En fin de compte la demoiselle est avec lui ce soir, n'est ce pas le plus important ? C'est de lui qu'elle veut obtenir un verre. Et si la maison ne fait pas crédit, la jeune femme a bientôt un cocktail devant elle pourtant. Un cocktail que la demoiselle s'empresse de goûter et qui s'avère être un peu fort. Mais le goût n'en est pas moins agréable. La demoiselle se permet un petit trait d'humour, pour dire ce qu'elle en pense et l'homme se défend, avant de dessiner une petite pour sur son visage. Victoria s'en mord la lèvre inférieure. Il est presque attendrissant, à bouder de la sorte. Et la brune rit.

"- Je voulais dire que c'est un peu fort. Enfin, bien dosé en alcool." avoue la demoiselle. "Mais c'est en tout cas très bon. Vous changez la carte bientôt ?" s'enquit la demoiselle.

S'il lui plaît ? Assurément. En doutait il donc ? Pourquoi serait-elle encore là selon lui si ce n'était pas le cas, quand on voit le comportement dont l'homme était capable à son égard ? Il pouvait parfois se montrer pour le moins bipolaire avec elle et la déconcerter. Si elle venait encore et persistait à s'asseoir au bar, il fallait bien que ce soit parce que malgré tout, elle l'appréciait. Curieusement, elle l'admet.

"- Ça je vous l'accorde." souffle la demoiselle en esquissant un sourire. "Vous savez aussi vous montrer insupportable." souligne-t-elle. "Et pourtant je suis encore là. Masochisme, quand tu nous tiens..." assure-t-elle en le gratifiant qu'une oeillade.

La jeune femme soupire, imperceptiblement, comme un homme approche et souhaite lui offrir à boire, sans avoir vu que la demoiselle discutait avec le barman. Alors qu'il s'installe, Adrian prend ses distances au plus grand damne de la demoiselle et comme il s'éloigne, elle ne peut s'empêcher de se sentir agacée par l'homme venu la rejoindre. D'autant plus que cette approche lui vaut un regard noir de la part du barman. Est-ce que ça l'ennuie tant que ça ? Elle imagine que oui. Lui qui voulait s'assurer d'être un privilégié. La brune soupire encore en fixant son regard sur lui avant de tourner la tête vers l'homme dont elle essaie de se débarrasser. Mais rien à faire et le type lui tient la jambe tant et si bien que Victoria tourne un regard dépité vers Adrian quand ce dernier revient à proximité pour essuyer des verres.

"- Non, désolé." répond la jeune femme comme l'autre type propose d'aller chez lui. Sans façon. Mais il insiste un peu, malgré tout. Une fille qui dit non, c'est bien connu, a toujours envie de dire oui. Connerie.

Alors même que l’homme commence à se montrer insistant, persuadé que Victoria ne refuse que pour se donner un genre et ne surtout pas passer pour une fille facile, l’homme derrière le bar semble capter la détresse de sa cliente et approche enfin, coupant l’autre dans son élan comme ce dernier venait tout juste de poser sa main sur la cuisse de Victoria. Alors que le blond prétend être l’époux de la demoiselle, l’autre type commence à les regarder, l’un et l’autre, les dévisager même, comme si les mots du patron des lieux lui semblaient fous. Comme s’il cherchait à déceler la vérité derrière cette intervention. Victoria se fend d’un sourire alors, entrant dans le jeu d’Adrian.

"- Merci chéri." lance la brune en appuyant sur le second mot.

S’ils font preuve d’unité dans ce mensonge, l’homme peut y croire. Et il finit par partir en effet, délaissant sa place au comptoir. Adrian descend rapidement un verre de whisky après s’être assuré que l’homme soit sortit et la jeune femme l’observe faire avant qu’il ne revienne vers elle, espérant que leur mariage secret ne s’ébruite pas. Elle rit, de la justification qu’il lui fait et se fend d’un nouveau sourire.

"- Qui sait, peut-être que c’est vous !"

Parce que ça ne la dérangerait pas, Victoria, loin de là. L’écart d’âge entre eux n’est pas un paramètre valable dans son esprit et la demoiselle s’en moque comme de sa première chaussette, vraiment. Il pourrait l’être ? Peut-être, elle n’en sait rien. Ça semblerait fou. Il lui plaît, c’est certain. Mais il sait aussi être si froid parfois, si distant, si déstabilisant… Il l’attire autant qu’il la repousse en fin de compte. Curieuse impression. Tout aussi curieuse que l’attitude du barman à son égard, finalement, soufflant tantôt le chaud, tantôt le froid, sans jamais donner l’impression de savoir se poser sur une attitude à adopter.

"- Oh ? J’aime beaucoup cette idée !"

Qu’elle crée son propre cocktail ? Voilà qui peut être vraiment fun au goût de la demoiselle et comme l’homme lui a fait goûter une base, elle imagine déjà ce qu’elle pourrait ajouter pour personnaliser le Vic. Pour en faire un cocktail qui lui ressemble. Quelque chose de frais. De surprenant, dans un même temps. Légèrement acidulé. Il va falloir que la demoiselle réfléchisse à tout cela. Et qu’ils fassent de multiples essais, pour trouver la recette qui lui ira parfaitement : elle se doute que créer un cocktail n’est pas une mince affaire, loin de là.  Il faut trouver les bons dosages, les bonnes associations, pour en faire quelque chose d’agréable, de vendeur.

"- Ce n’est pas grave, vous n’y êtes pour rien." assure la demoiselle, comme l’homme s’excuse pour l’incident dont il vient de la sortir.

Après tout, Adrian ne pouvait pas deviner que ce client serait un abruti, ce n’était pas écrit sur sa face. Et il était de toute façon intervenu avant que les choses n’aillent trop loin, il n’avait rien à se reprocher.

"- Ce genre de types, j’imagine que vous en voyez passer tout les jours, malheureusement on ne peut pas voir par avance qu’ils se comporteront comme des cons." remarque la brune avant de soupirer. "Dire que je n’ai aucun souvenirs de notre nuit de noces, qu’elle tristesse !" souffle-t-elle en riant.

La jeune femme taquine, ne pouvant pas s'en empêcher alors que l'homme a fait croire à leur mariage pour la débarrasser d'un gêneur. Malheureusement elle n'a pas souvenir de leur nuit de noces. Il est évident qu'elle ne peut pas en avoir. Mais la perche est trop belle pour que la brunette ne la tende pas. Et se faisant elle guette la réaction de l'homme. Il sourit. Ça semble l'amuser. Beaucoup. Il parle de leur mariage à son tour et la jeune femme imagine parfaitement la chose. Le mariage. La robe blanche. Le gâteau. Les invités. La danse des mariés. Elle visualise peut-être même trop bien la chose, d'ailleurs. La brunette secoue la tête et le gratifie d'un sourire.

"- Que voilà une intéressante proposition..." assure la demoiselle.

Il l'a fait rire de bon coeur, quand il signale qu'elle ne va pas s'emprisonner avec un vieux crouton comme lui. Un vieux crouton, vraiment ? Il ne lui semble pas pourtant que l'homme soit aussi vieux qu'il le pretend. Il doit avoir tout au plus quarante ans. La petite quarantaine. Ce n'est pas si vieux, même par rapport à elle. C'est un écart, certes. Mais il n'a pas non plus l'âge d'être son père. Et ça l'a fait rire, vraiment, que l'homme parle ainsi comme s'il était déjà usé par la vie.

"- Si vous êtes un vieux crouton je crains qu'il n'y ait parmi vos semblables beaucoup de pain rance, monsieur Mayer." objecte la demoiselle en maintenant son petit sourire en coin.

L'homme recule d'un pas et change de sujet tout à coup. Est-ce que tout cela le met mal à l'aise ? La jeune femme le soupçonne. Il réoriente la conversation pour parler de ce cocktail qu'il lui a proposé de créer pour la nouvelle carte. Il s'inquiète de lui prendre trop de temps. Peu importe. La demoiselle se doute que l'on ne crée pas un cocktail en deux temps trois mouvements après tout.

"- Ne vous inquiétez pas de cela." le rassure-t-elle.

S'il ne joue pas au petit crétin ce sera même agréable, certainement. Il suffit qu'il ne de montre pas trop distant comme il peut l'être parfois et ce sera parfait pour la demoiselle. Vicky est curieuse de voir toutes les étapes qui peuvent aboutir à l'ajout d'un cocktail sur une carte. Le Vic. Ça lui plaît bien.

"- C'est oublié." assure la jeune femme au sujet du client qui les ennuyait un peu plus tôt.

Elle esquisse un sourire. On ne touche pas ma femme. Ça l'amuse. Mais l'homme détourne aussitôt le regard sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Regrette-t-il ses mots ? Il montre une bouteille. Première séance.

"- C'est parti ! À nous trois, cocktail !" annonce-t-elle en passant derrière le bar.

Elle entre dans le territoire d'Adrian. Vraiment. Sa zone. À lui. L'autre côté du comptoir. Elle attrape la bouteille qu'il tend. De la fraise. Elle observe celle-ci, se questionne. Que voudrait-elle pour son cocktail ?

"- Mhhhh je partirai peut-être sur de la liqueur de passion... Vous avez ?"

La jeune femme passe de l’autre côté du comptoir, prête à préparer son cocktail en compagnie du patron des lieux et l’idée de mettre un pied dans son antre – si tant est que l’on puisse considérer que l’arrière du comptoir en est une – provoque en elle un léger émoi. Une sensation victorieuse, un picotement, qu’elle ne comprend pas vraiment. Elle espère seulement que d’autres ne l’ont pas précédé dans cette faveur. L’idée lui traverse l’esprit une seconde, désagréable, avant que Victoria ne la chasse de son esprit. Ce n’était pas le moment d’y penser. Elle esquisse un large sourire comme l’homme évoque le futur cocktail. Le Vik’. Elle adore l’entendre le dire, vraiment. Comme elle adore l’entendre dire qu’elle est délicieuse. Mais l’idée qu’il le dise à d’autres revient au galop et la brune passe à autre chose rapidement, pour ne pas s’attarder là-dessus, la jalousie commençant à poindre légèrement en elle.

L’homme la guide, lui donne quelques directives et conseils pour que la demoiselle puisse créer son cocktail et comme il parle des glaçons qui peuvent dénaturer la boisson, elle prend conscience que ce sera encore plus long qu’elle ne l’imaginait, de créer quelque chose qui soit à la hauteur de l’établissement. Ce qui sous-entend donc qu’ils vont devoir se voir souvent pour aboutir à un cocktail finit et goûteux. Une idée qui n’est clairement pas pour déplaire à la brune. Surtout si l’homme continu de l’étreindre et l’envelopper de ses bras chaque fois qu’il veut poser un alcool devant elle pour lui permettre de créer. La brune se mord la lèvre inférieure. Ce n’est pas possible, l’homme le fait exprès, elle pourrait l’en accuser.

Elle écoute religieusement les nouveaux conseils qu’il prodigue pour la réalisation de son cocktail et hoche la tête pour signifier qu’elle a bien compris comment prendre les mesures. Elle observe les diverses liqueurs, alcools et autres douceurs qu’il a disposé devant elle et commence par prendre les bouteilles qu’elle pense utiliser, écartant d’office les choses qui ne lui disent rien. Puis elle observe les bouteilles conservées devant elle et entame une tentative de mélange en suivant les conseils de l’homme, commençant donc par la passion qu’elle imagine comme note de tête de son mélange.

"- C’est vraiment plus difficile encore que je ne le pensais, j’ai peur que tout n’aille pas ensemble." remarque la demoiselle.

Mais jouer à la petite chimiste l’amuse, en tout cas. Elle jette un coup d’œil à l’homme qui a fait une tentative aussi avec du champagne, de la passion et quelques autres choses, avant de passer le tout au shaker qu’il secoue ensuite. Le tout rejoint un verre et Victoria l’observe curieuse.

"- Je peux goûter ?"

Comme elle demande à pouvoir goûter la boisson qu’il prépare en même temps qu’elle prépare la sienne, l’homme le lui refuse assez rudement. Victoria ne comprend pas dans un premier temps comme l’homme se contente de lui refuser le droit de goûter, sans plus de cérémonie, sans plus d’explications non plus. La demoiselle est un peu gênée, alors, par la situation, décontenancée par les événements, jusqu’à ce que l’homme se reprenne, se faisant plus doux, plus calme, expliquant les raisons qu’il a de lui opposer un refus. La demoiselle hoche la tête, comprenant mieux ce qui motive l’homme à refuser qu’elle goûte sa préparation. Ne pas perturber la création de la sienne. Ça semble somme toute assez logique et la demoiselle peut comprendre ce qu’il veut dire. Elle repart dans la préparation de son cocktail, quand un morceau de jazz se fait entendre. C’est ce moment que le maître des lieux choisit pour proposer de faire une pause.

"- Pourquoi pas, oui."

Une pause ne peut pas leur faire de mal et lui permettra peut-être, d’ailleurs, de mieux poursuivre son travail par la suite. Le fait de s’arrêter un peu et discuter éventuellement peut lui apprendre beaucoup de choses intéressantes sur la réalisation de cocktails ou l’inspirer, en tout cas. L’homme approche d’elle, lui tend sa main, l‘attire à lui et entame quelques pas de danse en la guidant. Victoria, surprise, se laisse porter par l’instant présent, par la musique, appréciant de le sentir tout près d’elle alors qu’il pose sa joue contre le sommet de sa tête.

Le temps donne l’impression de se suspendre, alors et Victoria en profite, rendue muette par la situation. Alors qu’Adrian lui a prit une main et a placé l’autre dans son dos, elle esquisse un sourire, virevoltant entre ses bras. Quand la musique la repousse vers lui, elle le gratifie de son plus charmant sourire.

"- Votre main ne se perd-elle pas un peu trop au sud de ma taille ?" souffle la demoiselle, mutine, en pseudo-citant un de ses films favoris.

Oh, alors comme ça l’homme a parfaitement conscience de ce qu’il est en train de faire et s’égare volontairement sur sa chute de rein ? Intéressant. La jeune femme esquisse un sourire face à cette information. Ce n’est pas pour lui déplaire, qu’on se le dise, si l’homme éprouve le besoin – ou le désir, c’est selon – de s’égarer aussi bas sur son anatomie. Pour danser, évidemment. Victoria se laisse porter par la musique et les mouvements du barman qui la guide. Elle rit moins lorsque l’homme se sépare d’elle tout à coup en soulignant le fait que, comme ça ne lui plaît pas, il l’invite à continuer la préparation du cocktail. La demoiselle lui adresse une moue boudeuse.

"- Et si ça ne me dérange pas ?" s’enquit la demoiselle comme l’homme se sépare d’elle.

Mais comme l’homme reporte son attention sur la création du cocktail, Victoria lui accorde de nouveau son attention elle aussi, si bien qu’elle adresse une petite moue sceptique à l’homme qui lui fait face et la questionne sur ce qu’elle pense de tout ça. Elle n’est pas encore satisfaite de ce qu’elle a réussit à obtenir et ne comprend pas qu’il y a, dans cette phrase, un sous-entendu plus général.

"- Ce n’est pas encore parfait." assure la demoiselle avant de poursuivre. "Je pense que je vais devoir passer plusieurs soirées ici pour obtenir un résultat optimal..."

Et la perspective de passer plusieurs nuits ici avec l’homme est loin de déranger la demoiselle bien au contraire. Elle ferait même presque exprès de ne pas parvenir à un résultats satisfaisant tout de suite, histoire de pouvoir profiter tranquillement de ces soirées avec l’homme. À réfléchir. Elle prend un verre vide, comme pour goûter le vin. Elle prend un peu de liquide dans ses lèvres, goûte et recrache dans le verre vide. Elle lui tend la boisson.

"- Qu’en pensez-vous ?"