Adrian ♔ Hésitation & conseils d'ami

Le doute. Le doute emplie son esprit. Il a promis de faire des efforts, à noël. Mais il ne les fait pas. Depuis des jours, rien de change dans leur vie malgré les promesses de son mari et la jolie blonde ne sait plus que faire, alors. Tournant en rond dans son bureau, l'élégante Valentina n'a pas la tête au travail et c'est par la fenêtre de son bureau au dernier étage du bâtiment abritant les locaux de Cosmo allemagne que se perd le regard de la trentenaire. Elle n'arrivera sûrement à rien aujourd'hui, son esprit est trop préoccupé par ses problèmes pour se mettre au travail et sa vie semble s'effriter tout autour d'elle, alors qu'assumer un emploi, une vie de famille, ses cours de yoga, le sport, deux enfants est loin d'être une chose aisée, loin d'être évident tout les jours. Et elle ne sait plus quoi faire pour s'en sortir, pour faire réagir son mari quand au mal-être qui la gagne dans son existence. On parle de la crise de la quarantaine pour certains. Elle est encore trop jeune pour ça, non ? Peut-être pas. Parce qu'elle reconnaît vraiment pas sa vie, la jolie blonde, qu'elle a cette impression que rien ne va plus. Plus du tout.

Elle finit par attraper ses clés de voiture, consciente qu'elle ne parviendra pas à travailler en l'état et demande à la secrétaire de déplacer ses rendez-vous comme elle ne peut pas les assurer dans l'immédiat. Valentina quitte le bureau, rejoint sa voiture garée sur son emplacement privé du parking. Et rapidement elle prend la direction non pas de sa demeure, mais celle du 23 Finkenwerder où vit l'un de ses proches amis, rencontré au hasard d'une journée d'inquiétude, de doute, là encore. Parce que sa vie, au fond, ce n'est plus que ça, des inquiétudes et des tourments, des questions sans réponses et des incompréhensions. Elle ne sait pas Valentina, elle ne sait plus où elle va. Lui il peut l'aider, l'écouter, la conseiller. C'est de son avis d'homme que la jolie Valentina a besoin.

Elle s'arrête à deux pas du numéro vingt-trois et s'empresse de quitter le véhicule pour aller toquer à la porte d'Adrian. Une seconde, elle réalise qu'il est encore tôt dans la mâtiné, pour lui qui se couche si tard et elle grimace, à l'idée de le déranger. D'autant plus que son ami est libre, libre comme l'air et peut-être bien accompagné. Elle aurait mieux fait de lui envoyer un message, avant de débarquer à l'improviste comme ça. Pour s'assurer qu'elle ne l'ennuie pas. Peu importe, la porte s'ouvre sur la silhouette carrée de son ami et Valentina esquisse un sourire gêné. Pas besoin de dire qu'elle ne va pas bien, il doit le voir sur sa tête, dans son regard.

«- Salut...»

Elle n'a pas besoin de parler, Valentina, l'homme comprend que ça ne va pas et après l'avoir salué, il lui prend doucement la main en lui disant de venir. De toute évidence, son ami est rentré seul hier soir. Tant mieux, elle se serait sentie mal si elle avait interrompue quelque chose. Ou si une nana avait eut à la dévisager avec agacement. Elle laisse Adrian lui prendre son manteau et l'homme l'invite à passer au salon. Elle s'installe et l'homme la questionne. Il lui arrache un sourire de façade. Une insomnie. Si seulement ce n'était qu'une insomnie, ce serait facile. Mais c'est plus que ça, bien plus et elle est perdue Valentina. Perdue dans un mariage qui agonise et qu'elle ne comprend plus, dans lequel tout a changé alors que son époux ne fait plus attention à elle. Et elle ne comprend pas, alors qu'il assure l'aimer toujours, pourquoi l'homme se fait si distant, se plongeant dans le travail aussi souvent, sans plus passer de temps avec ses enfants qu'il adore pourtant, sans plus passer de temps avec son épouse, non plus. Leur vie de famille s'est étiolée, effondrée et il n'en reste que des bribes. Des pas grand chose. Il revient de la cuisine et prend place devant elle, la gratifier d'un sourire en lui tendant une tasse de café. Avant de l'inviter à tout déballer.

«- On peut dire ça comme ça.» annonce la jeune femme à l'homme qui l'observe. «Il est vrai que j'ai du mal à trouver le sommeil ces derniers temps.» avoue-t-elle avant de poursuivre. «Ou à me focaliser sur le travail.»

Parce que son esprit est ailleurs, tourné vers la mauvaise passe qu'elle traverse, tournée vers son mariage qui bat de l'aile et sa famille qui s'effondre petit à petit. Elle ne parvient plus à travailler, plus vraiment, elle qui est si professionnelle, parce qu'elle ne se sent plus épanouie dans rien, ne comprend plus sa vie. Et qu'elle a le souvenir d'un ex qui la hante, pour couronner le tout. Rien de simple dans sa vie.

«- Il a promit de faire des efforts qu'il ne fait pas. Rien ne change, il promet toujours, mais les actes ne suivent pas. Je ne sais plus comment lui dire, comment lui faire comprendre, que j'ai besoin d'autre chose. Besoin qu'on retrouve notre vie d'avant. On ne fait plus rien ensemble. Et quand je te dis rien, je veux dire vraiment rien. C'est à peine s'il me regarde. Il n'a pas le temps. Des mois que nous n'avons plus la moindre intimité. Toujours un dossier, toujours un quelque chose à faire. Et j'en peux plus...» se lance la jeune femme. «Je voudrai voir un conseil conjugal... Mais je ne sais pas comment lui annoncer ça, ni comment il va prendre la chose...»

Elle est perdue Valentina, perdue dans sa vie. C'est pour ça qu'elle est là, qu'elle est venue chez lui. Pour obtenir le conseil, les conseils, d'un ami. L'attention de celui-ci. L'écoute de ce dernier. Parce qu'elle espère qu'il va l'aider à y voir plus clair, Adrian. Elle espère qu'il va lui permettre d'avancer. Qu'il va l'aider. D'une manière ou d'une autre. Même si c'est seulement avec un verre, parce qu'elle a peut-être bien besoin d'un verre à vrai dire. Un petit. Pour oublier. Anesthésier son cœur et les questions de son esprit. Au lieu de ça, elle se jette à l'eau, elle dit tout à l'homme, en quête d'une porte de sortie, d'une solution de ce dernier. D'un avis, surtout. Parce qu'il est un homme. Qu'il peut peut-être l'aider à y voir plus clair sur son mari, sur les réactions que ce dernier peut avoir face à la nouvelle du désir de Valentina de voir un conseiller conjugal. Parce que les hommes sont frileux à croire en ce genre de choses, n'est-ce pas ? C'est ce qu'il semble à la quadragénaire en tout cas.

Il lui dit d'être franche, lui. Parce qu'elle ne peut pas rester comme ça, Valentina, qu'elle ne peut pas continuer à prendre sur elle en regardant son mari ne rien faire pour arranger les choses. Il n'a pas tord, Adrian. La quadragénaire a besoin d'un mari, pas d'un fantôme. Et elle a besoin que son mari ait conscience de ses erreurs, si elle espère le voir changer un jour. Elle a besoin de mettre les choses à plat si elle veut aller de l'avant avec son époux. Si elle veut sauver quelque chose de leur union. Mais elle est pessimiste Valentina, défaitiste parfois. Son mariage l'a éreinté et elle peine de plus en plus à croire en ce dernier.

«- J'imagine que tu as raison, je ne peux pas ne rien dire et continuer de le voir se perdre, continuer de le voir ignorer la maison, ignorer notre vie de famille, m'ignorer moi, aussi.»

Elle ne risque rien à essayer, dans le fond. Elle n'a plus grand chose à perdre finalement, si ? Peut-être. Parce qu'elle fera quoi, si son mari la quitte, Valentina ? Elle n'est pas habituée à la solitude. Pas vraiment. C'est quelque chose d'angoissant. Mais ça peut pas faire plus mal que le départ de Baptist il y a des années de ça... C'est ce qu'elle se dit, naïvement. Parce qu'elle le sait, que ce serait insupportable de voir son mari s'éloigner d'elle. De voir son mari tourner la page et quitter définitivement leur maison. Peut-être que ce conseiller peut les aider. Peut-être qu'il ne le pourra pas. Mais elle ne le saura pas, si elle ne fait pas l'essaie.

«- En effet... Tout le temps au bureau et quand il nous fait l'honneur de sa présence à la maison, il gère je ne sais combien de dossiers dans son bureau, comme si ses clients ne pouvaient pas attendre un peu...» confirme la blonde. «Je travaille, j'ai une carrière aussi, un poste à responsabilités ! Mais ça ne m'empêche pas d'être là pour ma famille !»

Elle n'a rien à perdre à tenter le tout pour le tout avec son mari Valentina, mais ça lui fait peur. Elle a peur que son mari ne veuille pas faire cet effort là. Il avait dit qu'il allait en faire, à noël. Il avait promis. Et elle n'a toujours rien vu venir de sa part. Voir un conseiller conjugal c'est probablement la chose à faire. Enfin elle imagine, parce qu'elle n'a pas d'autre solution en tête elle. Son mari déconne trop, elle a besoin de comprendre pourquoi ça ne fonctionne plus entre eux, pourquoi il n'est plus là. Elle ignore le poids de la culpabilité qui pèse sur les épaules de son mari des suites de son infidélité, la nuit de son enterrement de vie de garçon. Elle ignore qu'il fuit la réalité pour ne pas penser à Roxanne et Arthur. Qu'il bosse si dur pour rendre ses parents fiers de lui. Parce qu'il doit réussir dans le boulot. Mais il est tellement coincé dans celui-ci, qu'il ne fait plus attention à sa famille. Il la voit comme acquise, la femme à son bras ? Peut-être et il ne prend plus le temps d'entretenir la flamme.

«- Je lui ai offert un séjour, en cadeau de noël. Lui aussi. Il est sensé poser des jours au travail et me dire quand nous pourrons partir mais pour le moment... Pour le moment je ne vois rien venir concernant ces jours de repos.» elle soupire, hésitant une seconde, avant de se lancer comme il s'est attardé sur un point. «Oui... ça fait plusieurs mois, déjà. Plus d'une dizaine qu'on a pas vraiment... enfin voilà.»

Et ça l'inquiète oui, parce qu'on ne peut pas rester si longtemps sans intimité avec son épouse, n'est-ce pas ? L'idée qu'il la trompe lui a déjà effleuré l'esprit, avant qu'elle ne se raisonne, qu'elle ne se dise qu'il est incapable de ça. Mais elle mentirait si elle disait qu'elle n'a pas cherché l'odeur d'un autre parfum sur sa veste, la trace d'un rouge à lèvre sur sa chemise. Évidemment. Après tant de temps, elle ne peut qu'avoir quelques doutes de temps en temps, quand ses tourments sont au plus haut.

«- C'est pas très bon signe hein ? C'est déjà long pour une femme alors pour un homme...»

Pourquoi le demande-t-elle, alors qu'elle le sait, qu'elle sait ce qu'il va dire ? Mais elle demande quand-même, parce que son ami est un homme, qu'il peut peut-être comprendre Owen mieux qu'elle et avoir des réponses aux questions qu'elle se pose, la jolie blonde. Elle se crispe un peu, quand il dit qu'il ferait attention à elle, s'il était son mari. Quand il mentionne les hommes qui peuvent lui tourner autour. Il n'y en a pas vraiment mais... son esprit virevolte vers le souvenir d'une rencontre devant l'école. Et elle culpabilise de nouveau.

«- J'ai revu mon ex. Baptist. Devant l'école de nos enfants, ses jumelles sont avec Adeline...» elle se crispe un peu. «Je me suis sentie comme une adolescente. Il a dit que s'il avait sut que j'étais à Hambourg, il m'aurait cherché...» elle souffle. «Et je me suis stupidement senti comme une ado. Alors qu'on est mariés tout les deux, c'est du passé !»

Il devrait s'occuper de sa femme, Owen, il devrait vraiment le faire. Ne pas remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même, ne pas considérer que son travail passe avant son épouse, avant sa vie de famille et ses deux enfants. Mais c'est ce qu'il fait au quotidien. Il promet de faire des efforts, sans jamais tenir ses promesses, il promet de partir en voyage, sans jamais le faire. Pour noël, la blonde lui a offert un voyage, elle ne sait toujours pas quand ils pourront le faire, quand il aura des dates disponibles. Et elle n'en peux plus elle, de ce désintérêt, de ce manque d'intimité, entre eux. Il court droit à la catastrophe Owen et ce sans même s'en rendre compte, sans même s’apercevoir que le burn-out le guette, comme Harriet. Il le sait pourtant, que ça peut se finir comme ça, que ça peut se finir aussi mal. Et Harriet, elle a finit par divorcer, finalement. Pourtant son mari, elle l'aimait. Mais elle a tout envoyé valdinguer d'un coup, du jour au lendemain, parce qu'elle ne se sentait pas bien, parce que la douleur a prit le dessus. C'est des conneries tout ça, il doit pas se laisser porter par le boulot, il doit réagir. Mais il est sourd aux appels de sa femme. Sourd à la raison. Ni plus ni moins.

Elle doit faire quelque chose, Valentina, les sortir de cette boucle infernale dans laquelle ils se trouvent, mais la belle ne sait pas comment faire, elle ne sait même pas si elle est en mesure de le faire, en mesure de sauver le bateau de leur mariage qui sombre peu à peu. Ça semble impossible, de réussir cette prouesse. Parce que son mari ne donne pas vraiment l'impression d'avoir envie qu'on l'aide. Qu'on le sorte de la situation chaotique dans laquelle il s'est lui-même enfoncé. Dans laquelle il s'enfonce encore, jours après jours, malgré les avertissements de son épouse, comme s'il ne les entendait pas vraiment, comme s'il n'en saisissait pas l'importance, l'urgence.

«- Je m'en doute.» avoue la trentenaire. «Et parfois je nous sens comme deux étrangers l'un pour l'autre. Même les gestes les plus simples semblent avoir désertés le quotidien.»

Elle en souffre, la blonde, elle souffre de toutes ces questions qu'elle se pose et plus encore de ces rencontres qui croisent sa route. Parce qu'un homme, Baptist, a ressurgit du passé dans un moment où elle ne s'attendait pas à le voir. Dans un moment où elle est faible. Oui, ça l'a troublé de le croiser, troublé de le revoir, troublé de constater à quel point elle l'a marqué. Troublé de se sentir à ce point importante pour lui.

«- Oui c'est sûrement juste pour cela. Et puis parce que Baptist a été très important dans ma vie, pour être tout à fait honnête. Vraiment, très important en fait. J'imagine que ça joue.» confie la blonde.

«- Je ne sais pas...»

Comment aurait-elle réagit face à Baptist, s'il était revenu dans sa vie à un moment plus heureux, s'il était revenu alors qu'elle avait encore sur elle l'attention d'Owen ? Valentina ne le sait pas, elle n'en sait rien. Mais cependant, Baptist ce n'est pas n'importe qui la jeune femme le sait bien. Ils ont un passé tout les deux, quelque chose qui ne s'oublie pas facilement. Quelque chose de fort. Qui aurait normalement dût durer, si la vie n'avait pas décidé de les éloigner. Et dans le fond de son cœur, elle aura sûrement toujours des sentiments pour Baptist. Alors même si tout allait bien avec Owen, le retour dans sa vie de son premier amour l'aurait sûrement bouleversé. C'est un amour que l'on oublie jamais.

«- Je pense... que même si Owen avait été plus présent... Baptist c'est... Je pensais que nous finirions notre vie ensemble. Il m'a quitté quand il est parti en France pour ses études, mais tout le monde pensait... Hé bien, que l'on se marierait, que l'on fonderait une famille. C'était beau. C'était fort. C'était évident.» confie la trentenaire. «Et j'imagine que quelque chose qui a été aussi marquant ne peut pas s'oublier, ne peut pas... » elle cherche ses mots. «Je veux dire, j'imagine que je ne pouvais pas rester de marbre en le revoyant. La dernière fois que nous nous sommes vus... c'était à l'aéroport, quand il est parti.»

Elle s'imaginait déjà mariée avec lui, avoir des enfants avec lui. Si elle aime Owen, Valentina, il est certain qu'elle a aimé Baptist plus encore. Plus violemment. Comme on aime quand on est adolescent, quand il n'y a pas encore les soucis de la vie d'adultes pour peser dans la balance. Et elle se sent coupable de ça, aussi. Comme une trahison envers son mari. Même s'il doit avoir aussi, dans son passé, le visage d'une femme pour s'imposer parfois à son esprit.

«- C'est troublant.» avoue la jeune femme. «Et je n'ai pas su dire à Owen que je l'avais croisé parce que... Je crois que je me sentais... vraiment coupable, en fait. Baptist a tellement compté... j'en ai déjà parlé à Owen mais je suppose... que comme moi il imaginait que Baptist serait toujours en France. Ou rentré à Berlin...»

Elle est perdue, la jolie blonde. Vraiment perdue.

La trentenaire est perdue, complètement perdue, alors qu'elle se confie à son ami pour essayer d'y voir un peu plus clair, essayer de démêler sa vie. Elle avoue comme Baptist l'a troublé, quand elle l'a revu. Elle avoue comme leur histoire était forte, était folle. C'était beau entre eux, ça semblait tellement évident. Cette belle évidence que le temps a anéantit comme le vent détruit les châteaux de cartes. Baptist n'était pas resté, en fin de compte. Il ne l'avait pas épousé, ne lui avait pas fait les enfants qu'elle avait imaginé et si elle adore Adeline et Hugo, si elle aime son mari, elle ne peut pas s'empêcher, c'est idiot, d'imaginer ce que sa vie aurait put être si l'homme n'était pas parti pour la France, ou s'il ne l'avait pas quitté pour ses études, s'ils avaient prit la décision de continuer à se voir avec la distance, de faire avec, de gérer. S'ils avaient eut le courage tout simplement. De ne pas se dire adieu mais simplement au revoir. Ils auraient eut des mois difficiles oui. Mais après ?

Son ami ne l'aide pas plus, en fin de compte, semant sans le vouloir le doute dans son esprit comme il l'amène à réfléchir. Mais la blonde ne peut pas faire ça à son mari, à ses enfants. D'autant plus que Baptist a sa propre vie, une épouse, des enfants. Le temps les as séparés c'est aussi simple que ça et elle doit tout de suite cesser de songer à de telles inepties alors que sa vie est certainement bien auprès de son mari. Même si elle ne s’épanouit plus comme avant dans leur union. Même si elle a cette impression d'être aux côtés d'un étranger, d'un homme qu'elle ne reconnaît plus à présent. Car son mari n'est plus le même depuis bien des années. La jeune femme hausse les épaules.

«- Il est marié. Baptist je veux dire. Avec deux enfants, des jumelles.» commente la demoiselle. «Et je... Je ne sais pas, je ne crois pas. Mais je me sens... Tu sais... Mal. Je ne sais pas. C'est peut-être l'âge qui fait ça. Arriver à quarante ans bientôt et contempler ta vie en songeant qu'il ne te reste déjà plus que la moitié et que tu ne sais pas ce que tu va en faire...»

Elle prend de l'âge Valentina. Elle n'a plus vingt ans, pour rêver à ce que sa vie sera. Elle est de plein pieds dans l'âge qui avance, dans les rides qui menacent son visage, dans les crèmes pour s'en prémunir. Plus l'âge de rêver au prince charmant non plus et aux jolies romances sûrement. Elle a épousé un homme, jusqu'à ce que la mort les sépare. C'est peut-être ça son destin. Respecter cet engagement jusqu'au bout. Envers et contre tout.

Pour Valentina en fin de compte, sa vie lui semble déjà plus ou moins toute tracée, sans espoirs de se sortir de la boue dans laquelle elle se sent prise au piège à présent. Elle s’enlise dans sa peine, dans sa tristesse, dans son mal-être. Trente-sept ans bientôt, la quarantaine qui approche et deux enfants, la sensation de devoir faire avec. Peut-être que là est son destin, finalement. Parce que l'âge a déjà avance pour elle. Parce qu'elle n'a plus vingt ans, plus vraiment l'âge de repartir de zéros. Qu'elle a deux enfants qui doivent être prit en comptes. C'est eux qui priment sur tout le reste. Eux qui priment sur elle, aussi. Ce n'est pas tant son âge qui la maintient enfermé dans sa situation que son pessimisme, son incapacité d'aujourd'hui à croire que son existence puisse changer et redevenir belle. Ou l'être tout du moins d'avantage. Pourtant, un mari, deux enfants et une jolie carrière, beaucoup lui envieraient cette vie. Mais ça ne la satisfait pas, elle. Ce n'est pas ce dont elle a besoin. Mais elle ignore, dans le fond, de quoi elle peut bien avoir besoin. Pour que sa vie change.

«- J'ai deux enfants Adrian. Je ne peux pas envoyer valser leur vie et leur équilibre parce que j'aspire peut-être à autre chose. Je suis une mère aujourd'hui et je dois penser à eux. Leur fournir la stabilité dont ils ont besoin. Je ne peux pas tout envoyer valser pour des chimères. Je ne peux pas...» elle se coupe. «Je ne peux pas être égoïste...»

Même si elle ne mérite sûrement pas la vie qu'elle a, l'abandon qu'elle subit quotidiennement auprès de son mari qui ne s'occupe plus vraiment d'elle à mesure que le temps passe et qui ne fait pas le moindre effort pour changer. L'homme évoque son célibat, alors qu'il croit encore à l'amour. Mais il peut se permettre de rêver de sa princesse charmante, lui, parce qu'il n'a pas deux enfants qui dépendent de lui, dont il doit s'occuper, qu'il doit mettre au premier plan de sa vie. Mais c'est l'occasion  pour elle de ne plus parler d'elle et se détourner alors un tant soit peu de ses problèmes.

«- Je suis sûre que tu finiras par la rencontrer !»

Mais il n'oublie pas les raisons de la présence de Valentina ici aujourd'hui et revient bien vite sur le sujet de son mariage alors qu'il pense qu'elle devrait encore se battre pour celui-ci, encore essayer d'y croire. Elle va devoir trouver le moyen de convaincre son mari d'accepter de voir un conseiller conjugal et ça, elle sait déjà que ce ne sera pas facile, loin de là... Malheureusement ils n'ont plus le choix. Mais il ne s'en rend pas compte, Owen.

«- Je ne sais même pas si... si mon mari se rend compte de la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui en fin de compte... S'il se rend compte comme nous sommes étrangers.»

Elle est perdue dans son existence, Valentina, tout en essayant de bien faire, pour ses enfants, qui ne méritent pas de se trouver au milieux de tout ça, qu'elle ne veut pas impacter. Elle ne peut pas agir sur un coup de tête, car elle est mère de famille et la moindre de ses décision se doit ainsi d'être judicieusement et longuement réfléchie. Pour ne pas commettre d'erreur, d'impair, car elle n'est pas seule dans cette équation. Les enfants comptent sur leurs parents pour faire les bons choix, pour mener une existence paisible. Mais si les parents vont mal, les enfants peuvent-ils aller bien ? C'est un détail que la jeune femme ne prend pas en compte finalement, dans la discussion qu'elle tient avec son ami en essayant de voir plus clair quand à la vie qu'elle mène à présent.

La conversation change, se réoriente sur l'homme et le célibat de ce dernier, alors que la blonde est persuadée qu'il trouvera chaussure à son pieds un jour. Adrian est un homme charmant, gentil, il n'y a aucune raison pour que la femme de ses rêves ne se présente pas un jour à lui et ce d'autant plus que l'homme est compréhensif, une qualité après laquelle de nombreuses femmes ont tendances à courir. Elle n'a aucun doute sur la capacité de son ami à rendre une femme parfaitement heureuse, Valentina. Et pourtant celui-ci est toujours seul. Parce qu'il n'est pas pressé, c'est ce qu'il avance lui-même. Peut-être ainsi que l'homme ne cherche pas vraiment, de fait, à rencontrer sa perle rare, celle qui fera battre son cœur plus vite.

«- Rien ne sert de se presser, les plus grandes erreurs sont réalisées, après tout, dans la hâte.» remarque la jeune femme face à cette confidence de son ami.

Il préfère ne pas s'attarder sur lui, enjoignant son amie à consulter un spécialiste ainsi qu'elle le souhaite et ce même si ce doit être douloureux, afin de savoir un peu ce qui peut provoquer ainsi l'éloignement de son mari du domicile conjugal et de sa famille. Hochant la tête, Valentina sait qu'elle n'a probablement pas d'autre choix que de décider son mari à en passer par là si ce dernier ne se rend pas compte, tout seul, de la situation dans laquelle ils sont et qui n'est de toute évidence pas enviable.

«- Et s'il décide de ne pas y aller, de ne pas quitter son travail à l'heure pour m'accompagner à ce rendez-vous ? Il est capable de le faire, de s'excuser en rentrant parce qu'il aura oublié ou aura jugé qu'il n'avait pas le temps...»

Elle a l’impression d’avoir des problèmes par-dessus la tête dans son couple, Valentina. Et peut-être bien que c’est le cas, alors que la communication entre elle et son mari semble un peu rompue, ces derniers temps, alors que le mari enchaîne les promesses à sa femme, qu’il ne tient jamais en fin de compte. Et elle a peur, la blonde, peut qu’ils ne puissent pas changer ça, peur qu’ils ne puissent rien faire contre leurs problèmes. Parce qu’elle n’a jamais eut l’âme d’une guerrière, Valentina, elle ne s’est jamais vraiment battue. Sinon elle aurait suivit Baptist en France, hein ? Elle se serait battue pour eux, elle n’aurait pas laissé leur histoire se finir dans les larmes, au milieu du hall d’un aéroport.

Elle a peur, Valentina, peur que son mari n’écoute pas, qu’il ne prenne pas la mesure de leur problème et qu’il ne fasse rien pour changer la donne, rien pour aider leur histoire. Adrian tente de lui remonter le moral, de la rassurer, de la réconforter, tout en distillant dans son propos quelques conseils. Parce que n’importe qui, face à un tel soucis d‘après lui, se bougerait les fesses pour écouter sa moitié. Mais elle ne sait pas Valentina. Elle a l’impression que son mari ne prend pas leur problème au sérieux. Pour lui, il y a toujours plus important, comme ce boulot qui l’éloigne de sa famille lentement mais sûrement, toujours un peu plus.

«- Tu as probablement raison, mais je ne sais pas, surtout, si Owen comprendrait vraiment que la situation est grave, je le sens toujours si détaché et toujours tellement occupé par son travail… Je me dis parfois qu’il ne prend pas la mesure de mes propos, de nos soucis. Il fait comme si de rien n’était la plupart du temps. Je ne sais plus quoi faire pour qu’il comprenne que je ne plaisante plus, que j’en ai assez, que ce n’est pas possible de continuer comme ça.» avoue la blonde.

Parce qu’elle va mal Valentina, si mal. La crise de la quarantaine la secoue de plein fouet, avant l’heure.