Il n'y avait rien que Micha aimait plus que les soirées qu'il pouvait partager avec sa soeur. C'était probablement ce qui lui avait manqué le plus lorsqu'il était à Berlin, loin de tout et tout le monde, que ce soit avant ou après son hospitalisation. Juste un moment de complicité avec sa petite soeur, sans prise de tête. Aujourd'hui, c'était lui qui invitait. Son téléphone portable posé sur la table de sa cuisine/salle à manger crachait à pleine puissance les notes entraînantes de "She's a maniac", alors que Micha s'affairait aux fourneaux.
Cette fois-ci, c'était galettes de pommes de terre au programme ! Micha espérait qu'il ne raterait pas ce plat, souhaitant briser sa réputation de "cuisinier catastrophe". Non, non, il allait réussir, c'était certain ! Et Adelaïd n'aurait plus qu'à s'incliner devant son génie culinaire, oui, madame !
Micha râpa les pommes de terre en rythme, manquant de se râper la peau au passage. Il n'arrivait jamais à tenir en place, ce qui ne l'aidait guère dans sa tâche, mais cuisiner sans musique lui était impossible. A coup sûr, il risquerait d'oublier son plat ou des étapes de sa recette, en manquant de stimulation et de motivation. Là, Micha était à fond. Peut-être un peu trop.
S'emparant de la poêle, il tournoya adroitement avant de déposer l'ustensile de cuisine et son contenu sur une plaque, attendant aussi patiemment qu'il le pouvait de pouvoir passer à la prochaine étape de sa recette. Micha dépensait son énergie inextinguible comme il le pouvait, reproduisant la fameuse scène de Flashdance avec enthousiasme.
Ceci fait, il s'empressa de retourner le contenu de sa poêle. Un peu trop brusquement. Les galettes décollèrent du plat, allant s'écraser par terre dans un mouvement dramatique. Micha resta figé quelques instants, observant le résultat de ses efforts se détériorer sur le sol de son appartement. Un juron lui échappa.
Il éteignit sa musique et s'empressa de nettoyer les dégâts. Pas assez rapidement. La sonnette de sa porte retentit, lui tirant une autre exclamation injurieuse. Il termina tant bien que mal de réparer rapidement ses erreurs, avant de se précipiter à la porte pour ouvrir. Pourquoi sa soeur n'avait-elle pas pu arriver en retard ? Un bon petit retard pour lui laisser le temps de recommencer son plat, comme si de rien n'était...
Le souffle court, un sourire crispé aux lèvres, il accueillit Adelaïd et l'invita à entrer chez lui et à prendre place sur son canapé. Une odeur de petit plat flottait dans l'air, mais pas de gourmandises à lui proposer. A la place, il lui offrit, s'efforçant de glisser de l'enthousiasme dans sa voix :
"On commande ? Sushis ? Pizza ? Ton choix sera le mien. Oh, et c'est moi qui paie ! Alors, fais-toi plaisir !"
Sans attendre sa réponse, il retourna en cuisine pour ranger et aérer son appartement, faire sortir les odeurs qui flottaient dans l'air. Bon, c'était raté pour la grande cuisine et les compliments de sa soeur... La prochaine fois. Il revint vers elle, s'asseyant en tailleur sur son siège, peinant à contenir son énergie tout autant que sa frustration.
"Alors, quoi de neuf ? Tes élèves ne te rendent pas trop folle ? Toute la journée avec des gamins surexcités et criards, je ne supporterai pas ! Au moins, mes statues de cire ont la décence d'être calmes ! Mais elles manquent un peu de conversation..."
Il eut un petit rire, avant d'ajouter :
"Mais je ne t'ai même pas proposé à boire ! Raisonnable ou pas, ce soir ? J'ai du jus de fruits, du soda, de la bière, de la vodka..."
Micha commença à détailler le contenu de ses placards d'un ton rapide et frénétique, cette tonalité qui lui était habituelle et qui avait tendance à épuiser rapidement ses interlocuteurs.
Il vivait perpétuellement à cent à l'heure, sur un plan différent de la plupart des gens. Du Micha tout craché.
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Re: Epic fail [Pv Adelaïd]
Lun 20 Mai 2019 - 0:17
Une longue journée de travail se termine. Bien que la jeune femme soit institutrice pour les cinq-six ans et qu'à cette période là il n'y a pas encore de devoirs, d'autant plus que les enfants vont pour beaucoup au jardin d'enfants. Alors elle n'a pas énormément de charge de travail, vu de l'extérieur Adelaïd. Mais la réalité de son travail en cette fin d'année qui avance à grand pas, c'est le spectacle de fin d'année à finir de monter, les bouts de costume à préparer en classe pour soulager les parents et travailler quelques compétences des enfants. Ce sont aussi des dossiers à remplir avant que les élèves ne rejoignent, l'année prochaine, la grande école pour y apprendre à lire, notamment, et entamer le gros de leur cursus d'étudiant. Des feuilles de suivis interminables et des rencontres avec les collègues qui feront classe à ces élèves l'an prochain, pour faire un suivit des enfants, mais également des rendez-vous avec les collègues qui s'occupent des plus jeunes pour préparer, déjà, sa prochaine rentrée.
Quand elle quitte l'école, enfin, la jeune femme n'est pas fâchée de prendre la route de sa maison pour s'y préparer rapidement comme elle doit retrouver son frère chez lui ce soir, suite à l'invitation de ce dernier. Micha habitant à seulement deux pas de chez elle, il n'est pas rare que l'un et l'autre se voient, dînent ensemble, pour tromper la solitude de leurs existences respectives. Alors en arrivant elle pose rapidement ses affaires, laisse Joy sortir dans le jardin quelques minutes pour que l'animal fasse ses besoins et puisse se dégourdir les pattes, avant de finalement faire rentrer l'animal, fermer, avant de rejoindre la salle de bain pour une douche chaude et pour le moins relaxante, avant de s'empresser de gagner la chambre pour y enfiler une tenue confortable. Pas de maquillage, la brune sèche seulement ses cheveux avant de quitter les lieux, attrapant portable et sac à main pour se rendre à pieds chez son frère, son chien au bras.
Elle toque. Et derrière la porte il lui semble entendre que l'on se précipite, en même temps que Micha assure qu'il arrive. Alors la demoiselle patiente, jusqu'à ce que on frère ouvre enfin la porte. La demoiselle lui adresse un sourire, comme elle le salut et entre rapidement dans l'appartement, posant Joy pour que le toutou puisse faire sa vie. Rapidement, son frère propose de commander. Ça ne sent pas le brûlé. Mais elle connaît bien son aîné, Adelaïd. Elle se doute que cette proposition cache quelque chose.
«- Laisse moi deviner... tu as trop salé ? Ou tu as tout renversé ? Ou t'as mis du sucre au lieu de la farine ?» taquine la jeune femme. «Sushis, ce sera parfait.»
Toujours moins gras qu'une pizza, surtout. Parce qu'elle calcule déjà les calories elle, évidemment. Elle se doute que tout ça va tomber sur ses hanches à un moment ou un autre. Son stupide complexe qui ressurgit, comme d'habitude. Comme toujours. Alors elle ruse, Adelaïd. Elle pèse le pour et le contre, elle réfléchie à ce qui causera le moins de tord à sa silhouette, même si dans le fond, sa silhouette est une cause perdue, elle le sait. Elle sort son portable pour commencer à passer sa commande en le laissant vaquer à ses occupations.
«- Mes élèves non, l'administratif oui.» assure la demoiselle. «C'est pour ça que je suis enseignante et pas toi.» remarque sa cadette. «Parce que toi tu ne pourrai justement pas. »
Il semble réaliser tout à coup qu'ils n'ont rien à boire, proposant alors de multiples boissons en même temps que sa sœur valide sa commande. Du Micha tout craché, il ne tient jamais en place celui-ci. Mais elle en a l'habitude, depuis le temps. Parce qu'il a toujours été comme ça et que quand il était à Berlin, il lui a manqué, elle doit bien l'avouer.
«- Si tu as un coca light ce sera parfait !» assure la demoiselle. «Ils annoncent la livraison dans un peu plus d'une demie heure.» l'informe-t-elle comme l'application indique que sa commande vient d'être validée. «Et ta journée alors ?»
♔♔♔
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Re: Epic fail [Pv Adelaïd]
Lun 20 Mai 2019 - 18:37
Epic fail
❝ Pv Adelaïd ❞
Micha grimaça devant la taquinerie de sa soeur. Il haussa les épaules et marmonna "Deuxième option." avant de retourner à ce qu'il faisait. D'accord, il n'était pas très bon derrière les fourneaux. Et il avait eu son lot de catastrophes avant ce soir-là. Un jour, il parviendrait à briser sa réputation de "catastrophe culinaire" pour passer au statut de "ninja culinaire". Et là, sa soeur serait impressionnée par ses talents, pour sûr !
Adelaïd s'était décidée pour des sushis, ce qui tira un sourire et un battement de mains ravi à son frère. Oh, qu'il pouvait aimer les sushis ! C'était malheureusement beaucoup trop cher pour qu'il en commande régulièrement, mais s'il s'écoutait, il ne mangerait probablement que de ça. Après s'être installé sur son siège en tailleur, il prêta attention à sa soeur, alors que cette dernière évoquait l'école où elle travaillait.
Il avait beau savoir qu'elle ne faisait que plaisanter, Micha ne put s'empêcher de se braquer devant sa dernière phrase. "Parce que toi tu ne pourrais justement pas.", avait-elle dit. L'homme s'était crispé sur son siège, fronçant les sourcils. Il détestait qu'on lui dise ce genre de choses. Qu'on lui renvoie à la figure ce qu'il ne pouvait pas accomplir. A chaque remarque, il avait l'impression que son ego se ratatinait un peu plus. Micha se mordilla brièvement et nerveusement l'index, avant de souffler en guise de réponse :
"Je pourrais si je le voulais. Mais je ne veux pas, voilà tout. Les enfants, c'est beaucoup trop criard ! Et ça s'agite tout le temps ! Et ça se perd dans des bavardages sans queue ni tête jusqu'à ce qu'il ne leur reste plus de salive à gaspiller... Non, non, définitivement, je préfère mes statues de cire."
Micha savait pertinemment qu'il avait le potentiel pour mieux faire. Pour obtenir un travail plus payant que celui qu'il avait actuellement. Mais il n'avait pas les épaules assez solides pour une autre tâche, actuellement, et il détestait l'idée de devoir à nouveau passer par le cycle lettres de motivation, entretien d'embauche, puis refus de candidature et retour à la case départ. Un éternel recommencement qui le hérissait rien que d'y penser...
Mais ce n'était pas le moment de se contrarier ou de s'agacer. Il était avec sa soeur et il voulait passer une soirée agréable avec elle. Pas l'inquiéter ou la vexer. Il l'avait perdue de vue toutes ces années durant et maintenant qu'il l'avait retrouvée, il ne voulait pas gâcher cette chance. Il hocha la tête devant sa commande, dépliant ses jambes pour sauter de son siège :
"Un coca light, ça arrive presto !"
Il sortit la bouteille de son frigo, opta pour une bière et servit un verre à sa soeur, un sourire aux lèvres. Il s'installa à côté d'elle, laissant ses jambes s'agiter frénétiquement comme elles le faisaient généralement lorsqu'il s'asseyait normalement. Il était comme ça, Micha. Trop d'énergie, pas de moyens efficaces pour la dépenser complètement. Alors, il s'agitait, se remuait en permanence, y compris dans son sommeil.
A sa question, Micha haussa les épaules :
"Bah, rien d'inhabituel. Du chewing-gum à décoller sous les sièges et les bancs, des gens qui jettent des trucs partout, sauf dans la poubelle, les statues de cire qui te suivent du regard pendant que tu fais ton boulot... Oh, ils ont rafraîchi la statue de Merkel récemment. Elle a l'air plus vivante et humaine que la vraie, c'est beau."
Il eut un petit rire, avant qu'un silence ne s'installe. Il aurait aimé avoir plus de choses à lui raconter. Des déboires amoureux à partager. Des sorties en amis à détailler. Oh, il y avait bien Kirsten à qui il faisait découvrir Hambourg, mais à part elle... Quant aux histoires d'amour, Micha les fuyait, pour la simple et bonne raison qu'il ne se sentait pas d'expérimenter à nouveau le désespoir qui l'avait submergé lorsque sa précédente et première histoire avait brutalement pris fin.
Il caressa le chien d'Adelaïd lorsqu'il passa à proximité, avant de se gratter la nuque, soufflant à l'adresse de sa soeur :
"Tu sais, si j'peux te soulager un peu, vu que le boulot a l'air bien crevant, hésite pas à me le dire. Que ce soit pour prendre soin de ta boule de poils ou même jouer les garde-chiourmes pour tes élèves, si tu as une sortie ou quoi... Bon, okay, moi, responsable de tes gamins en-dehors de l'école, c'est probablement une terrible idée. Sauf si tu acceptes un pourcentage de pertes/morts..."
Micha eut un autre rire, mais il eut tôt fait de retrouver son sérieux :
"Bref, je veux dire... Tu sais que tu peux compter sur moi, hein ? Je suis ton frangin, après tout. Ton grand frère, hein, je tiens à préciser !"
Même si les gens avaient plutôt tendance à considérer Adelaïd comme l'aînée, entre eux deux. Même si elle avait plus souvent dû tenir ce rôle que lui. Même si elle avait réussi à se construire un semblant de vie responsable alors que lui était là, à vivoter, à chercher sa place...
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Re: Epic fail [Pv Adelaïd]
Mar 21 Mai 2019 - 1:31
Adelaïd taquine, ce n'est rien de bien méchant, alors que son frère a eut semble-t-il quelques ennuis dans la préparation de son dîner. Elle devine juste, dans le lot de ses propositions, car l'homme a renversé malencontreusement le plat juste avant qu'elle n'arrive mais il se contente de marmonner que la deuxième option est la bonne, sans rien dire de plus. De toute évidence ce n'es pas aujourd'hui que Adelaïd pourra féliciter son aîné sur ses progrès en cuisine. Mais elle ne se moque pas, loin de là, car il se donne au moins la peine d'essayer et c'est une très bonne chose. Au moins le jeune homme a la volonté de bien faire et c'est appréciable. Même si la tentative se solde par une commande de sushis ce soir, il fera mieux la prochaine fois. Elle ne doute pas qu'il finira par y arriver.
«- Dommage. Tu avais prévu quoi ?» s'enquit la demoiselle.
Il revient après quelques minutes, s'installer, pose des questions sur sa journée, sur son boulot. Il ne supporterait pas tout ce bruit, toute cette excitation lui. Mais ça ne la dérange pas. Il faut bien des gens comme elle pour éduquer les futurs citoyens, mais son frère ne semble pas apprécier qu'elle le dise incapable de faire son boulot. Car il le pourrait d'après lui, s'il le voulait. Ce n’est pas que ça, de travailler avec les enfants. Ce n'est pas qu'une question de volonté mais de patience dans un même temps. Il faut être intimement convaincu que sa place est à ce poste, pour ne pas craquer devant la difficulté du métier. Il faut être pédagogue. Mais il n'aime pas ses mots, lui et la demoiselle comprend rapidement qu'il y a un problème.
«- Il n'y a aucun mal à dire que l'on ne pourrait pas. Ce n'est pas qu'une question de volonté. Tu ne supporterai pas les enfants pour toutes les raisons que tu évoque, donc ça ne serait pas agréable ni pour toi, ni pour eux. Pour enseigner aux enfants, il faut être passionné. Ce n'est pas pour tout le monde, comme pour tout les métiers. Je ne pourrai absolument pas faire ce que tu fais, il n'y a aucun mal à ça.» répond la jeune femme en haussant les épaules. «Nous avons tous des compétences distinctes, c'est normal. Si tout les humains étaient semblables, nous nous ennuierions assez.» observe la jeune femme.
Il propose à boire et la jeune femme accepte en songeant que cela permettra de changer de sujet et d'enterrer ainsi la question du travail, pour lequel son frère semble avoir prit la mouche quand il ne lui semble pas avoir dit quoi que ce soit de mal, sinon que ça ne correspondrait pas à son frère. Comme ce dernier le dit, il est bien avec ses statues. Les enfants lui mèneraient la vie dure, voire insupportable c'est aussi simple que ça et il n'y a rien de péjoratif là-dedans. Peu importe. Il revient rapidement et la jeune femme prend son verre en le remerciant, le portant à ses lèvres rapidement.
«- Un date nocturne avec la chancelière, trop d'honneur !» plaisante la demoiselle. «Je dois l'appeller chère belle-sœur ou madame la chancelière, toujours ?» s'enquit-elle avec humour.
La jeune femme lève un sourcil comme après une caresse à son chien, son frère dérive sur le soutient qu'il pourrait lui apporter. Sa fausse couche lui revient en mémoire une seconde, alors qu’elle n'oublie jamais l’événement mais, n'en ayant jamais rien dit à sa famille, il ne lui semble pas possible que son frère le suspecte. Et elle ne veut pas, à vrai dire, qu'il le suspecte, tout simplement. Pour ne pas avoir à parler du sujet. Pour ne pas avoir à se confier sur l'épisode le plus douloureux de sa vie, même si la tentative de suicide de son frère qu'elle a finalement découverte l'a bien ébranlée aussi. Mais il parle aussi d'accompagner sa classe en sortie et la demoiselle esquisse un léger sourire, en espérant chasser ainsi le malaise que sa pensée a provoquée.
«- Que t'arrive-t-il ? Tu es malade ? Je vais t'inscrire pour la visite de la ferme pédagogique dans ce cas !» affirme la brune en songeant déjà à l'enfer qu'une sortie extra-scolaire peut représenter.
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