A sister is a priceless treasure... Really ? [Anthea]

Les soeurs Zimmermann, une bien étrange histoire d'amour. Les deux aînées étaient devenues au fil du temps de parfaites étrangères l'une pour l'autre et au milieu de tout ça, la petite dernière essayait vainement de rester à flots. Philippa pourrait essayer de trouver du réconfort auprès d'Anthea, elle qui était si différente d'Antonia, elle qui cherchait toujours à gagner son affection. Mais on ne pouvait dire que la cadette faisait beaucoup d'effort avec la benjamine. Depuis le retour de cette dernière à Hambourg, elles ne se voyaient pas davantage que lorsque la frontière danoise les séparait. Pippa trouvait toujours une excuse imparable, son boulot. Et elle se contentait généralement de répondre aux messages de sa soeur sans jamais chercher à prendre les devants. Elle était comme ça, Pippa. Prendre des nouvelles des autres ne l'intéressait guère. C'était prendre le risque de les voir prendre une place trop importante dans son existence. C'était prendre le risque de s'attacher, de donner l'impression que le bonheur des autres l’intéressait. C'était prendre le risque d'être déçue finalement. Le risque était trop grand et son temps bien trop précieux pour qu'elle le perde aussi bêtement. Alors elle ne donnait de nouvelles qu'à ceux qui en demandaient et n'en demandait en retour qu'à ceux qui le méritaient.

Ces efforts là elle les faisait principalement pour Anthea ou pour Hermann qui continuaient de la coller comme des sangsues, espérant bêtement la faire changer alors qu'elle avait perdu tout espoir depuis longtemps. Ces efforts là elle s'etonnait aussi à les faire de plus en plus régulièrement pour le Dr. Johann Meister mais elle chassa bien vite l'image du chirurgien de son esprit. Trop vite pour se révéler crédible.

Elle approchait du restaurant où sa sœur lui avait donné rendez-vous. Elle n'avait pu s'esquiver cette fois-ci, Anthea ne lui en avait laissé aucune occasion. Et après réflexion elle s'était dit que ce n'était pas une mauvaise chose finalement. Elle n'avait rien contre sa sœur, elle l'aimait sincèrement. Elle appréciait simplement de moins en moins la compagnie des autres, peu lui importait qu'ils partagent le même sang qu'elle... Mais elle avait trop longtemps cherché à échapper à ce genre d'obligations sociales, elle rendait déjà bien assez souvent visite à ses parents comme cela... Anthea ne lui avait laissé aucune porte de sortie, lui laissant le choix de la date et du lieu. Une manœuvre très habile, réduisant à néant toutes les belles excuses que son aînée aurait pu lui pondre... Une manœuvre digne d'une Zimmermann.

Comme elle l'avait craint, Philippa trouva la devanture du restaurant déserte. Aucune trace d'Anthea. La brune rongea son frein. Elle détestait attendre. C'était pour cela qu'elle était d'une ponctualité exemplaire. Elle n'arrivait jamais avec deux minutes de retard mais ne comptez pas sur elle pour arriver deux minutes en avance. Philippa Zimmermann était de ces gens à la routine quasi-militaire qui arrivaient toujours précisément à l'heure quel que soit l'objet, l'heure ou le lieu du rendez-vous. Ses collègues et les membres de la police avec lesquels il lui arrivait de travailler le savait. La faire attendre c'était prendre le risque de s'attirer ses foudres. Mais Anthea évidemment devait y être trop habituée pour s'en formaliser.

Lorsqu'elle vit enfin sa jolie silhouette s'avancer vers elle, elle se contenta de lever les yeux au ciel. "Ne te presse pas surtout. Ce n'est pas moi qui ai fait la réservation après tout..." lui lança-t-elle finalement avec un cynisme amusé. Elle la serra brièvement dans ses bras et l'embrassa sur les deux joues. Elle ne le lui disait jamais et le lui montrait très mal mais sa petite soeur était sans doute la personne la plus essentielle de sa vie.