(lotte) don't want to fake it anymore

C'était sûrement incroyable comme situation. Ils s'étaient rencontrés dans un "club pour adultes", elle lui avait jeté un verre à la gueule et puis ils s'étaient parlés. Maintenant, elle le raccompagnait chez lui. Incroyable. Mais vrai. Là, Archibald était affalé dans sa voiture. De son côté bien sûr mais il s'était bien affalé. L'alcool redescendait à vue d'oeil. Il en avait tous les symptômes. Il n'avait pas envie de vomir, il ne vomirait pas il le savait mais sinon, c'était le combo gagnant. Il regardait bêtement par la fenêtre quand il retourna à la réalité. Lotte le raccompagnait. Elle avait l'honneur d'avoir Monsieur Eisenmann dans sa voiture. Enfin, là c'est plutôt lui qui était honoré. " Merci de me ramener... Je serais probablement pas en état de conduire là. " Ce qui était vrai. Il voyait clair enfin pas flou quoi. Mais il se voyait mal prendre sa voiture. Il aurait au minimum cassé un truc au pire, tué quelqu'un. Donc, c'était bien que Lotte soit là. Ca lui évitait de payer un taxi aussi. Même s'il devrait en payer un pour récupérer sa voiture le lendemain c'était certan. A moins s'il pouvait abuser de Lotte -et surtout de sa voiture- un peu plus longtemps ? Il se mit à la regarder, toujours affalé sur son côté de portière. " Je te dois quelque chose ? Ou un bisou de Leopold suffira ? " Il sourit bêtement. Leopold, son bébé, son chouchou, son iguane. Il avait hâte de rentrer à son loft. De un pour le nourrir, de deux pour se coucher sur son plumard et ne plus penser à rien. Ah oui mais il y avait Lotte. Devait-il l'inviter ? La laisser rentrer seule. Elle était grande, elle pouvait conduire. Elle conduisait bien de toute façon. Il regarda son levier de vitesse. il était beau son levier. Elle avait une bonne maîtrise. Elle éait grâcieuse, elle était belle sa main qui effleurait presque le levier pour changer de vitesse. Archibald bloqua quelques minutes sur la pratiques de Lotte. Ils étaient sur une ligne droite donc il pouvait bien se le permettre. Il finit par relever les yeux. Elle avait besoin de lui pour être guidée. Il lui donnait les directions nonchalamment. Il faisait ce qu'il pouvait en fait. C'était compliqué avec la tête qui tournait et tout le reste.
Ils finirent par ariver au loft d'Eisenmann. Après leur rupture, Archibald s'était mis à l'aise. Il avait trouvé un loft sympathique dans ce quartiere il n'avait pas hésité une seule seconde. Il attendit que la voiture soit à l'arrêt pour sortir de la voiture. Plus ou moins habilement. Puis, il chercha les clés dans sa poches. Il paniqua quelques secondes avant de les trouver. Il y avait du progrès, il n'avait pas juré. Il s'avança un peu. Avant de se tenir la tête avec la main qui tenait ses clés. Et puis, il s'avança vers lotte. " Merci encore. Tu... veux venir à l'intérieur dire bonsoir à Leopold ? Et je ne suis pas sûr d'être capable d'ouvrir la porte en plus. " Il la regarda, penchant légèrement la tête. Et attendit. Et attendit la réponse de la belle. Il n'allait pas la forcer. Il ne pouvait pas, il n'était pas en état. L'alcool redescendait beaucoup trop mal à son goût. Sûrement un contre-coup de ses retrouvailles avec elle. Sûrement. Ou un mauvais virus en pleine incubation.

" T'en fais pas, j'allais pas te laisser rentrer dans ton état. " Trop de bonté de sa part. Vraiment. Après le verre dans les yeux, elle aurait pu le laisser là à son triste sort. Elle avait trop le coeur sur la main cette gente demoiselle. Ou peut-être qu'elle ne voulait pas d'un mort sur la conscience. Archibald sourit simplement. Elle était gentille au fond. Même après tout ce qu'il lui avait fait subir: une rupture violente. Sûrement pour elle. Archibald ne s'en était pas rendu compte sur le coup. Il faut dire qu'il se rend compte de peu de choses. Peut-être qu'il lui faut du temps pour réfléchir. Sûrement. Probablement. " J'espère bien qu'il me fera un bisou, il est bien ingrat ton iguane ! " Archibald haussa les épaules. Leopold n'était pas ingrat. Elle ne comprenait pas juste qu'il lui portait. Mais l'iguane s'était bien remis de leur rupture. Bon, il faut dire que Lotte et les reptiles ce n'étaient pas une histoire d'amour absolu mais au moins, elle le tolérait. " Je suis sûr que tu lui manques. Ton indifférence doit lui manquer après tout. Tu as toujours été plus chat de toute façon. " Le sourire bête qu'il portait sur le visage s'effaça. Il le fallait bien de toute façon. Comme il fallait bien rentrer au loft.
Et au loft, ils y arrivèrent. Archibald était plus ou moins. La tête tournait un peu trop à son goût mais ça passerait. Ca finirait bien par passer. Mais au moins, ça lui faisait penser à autre chose qu'à Lotte. Il ne se focalisait plus sur elle. C'était au moins ça l'avantage. Il ne se focalisait plus sur la tempête d'émotions qu'il avait ressenti dans le club. Ca, c'était vachement important. " Aller, donne moi ta clé, je vais t'ouvrir. " Archibald se redressa et sourit. Cela dura une poignée de secondes car son mal de tête revînt brusquement. Quelle connerie de s'activer trop rapidement. Mais, il était content. C'est comme s'il avait trouvé une bonniche pour faire toutes les corvées chiantes. Mais il portait quand même trop Lotte dans son coeur pour la considérer comme telle. C'était comme... sa première vraie relation. Pas une amourette de lycée. Un amour où il s'était presque dit qu'ils finiraient éternellement ensemble. Mais il avait manqué le coche, le déclic, l'envie peut-être ? L'envie de s'investir dans autre chose que dans ses recherches ? Peut-être mais là, il était juste heureux de se faire ouvrir la porte par son ex. Elle le fit promptement. Ou elle le faisait aussi rapidement qu'une personne normale. Sauf qu'Archibald était trop bourré pour faire la différence. Il entra dans le loft, la secondant. Premier geste fut d'ouvrir le frigo et de sortir la nourriture de Leopold. De bons légumes pour son iguane. Mais il fallait juste attendre qu'ils refroidissent. " Tu veux que je te borde maintenant ? " Il vit son sourire. Amusé. Sourire qui lui donna envie de sourire en retour mais il préféra répondre. " Je préfèrerais que tu dormes avec moi. " Il eut d'abord un sourire en coin sur les lèvres. Puis, il se figea. Peut-êre qu'il avait mal interprété ce sourire de Lotte. Intérieurement, il paniqua. Qu'est-ce que ça allait donner s'ils dormaient vraiment ensemble. Archibald se surprit à paniquer; C'était bien la seule fois que ça le dérange de dormir avec une femme. " On ne sait jamais si je tombe dans le coma. " Sourire niais. Fallait bien sortir une connerie. Pour rattraper le tout. C'était peut-être une énorme erreur. Comme une merveilleuse chance.

Il s’était figé parce qu’il savait que ses mots étaient une énorme connerie. Qu’elle dorme avec lui ? Quelle idée ! Comme si c’était normal. Il l’avait larguée comme la pire des merdes en plus. Il s’attendait presque à se prendre un sac dans la gueule ou une autre babiole du genre. Après le verre, il n’était plus à ça près. Vraiment, il s’en passerait mais bon, c’est vrai qu’elle aurait bien le droit. Le droit de se venger. Mais elle l’avait sûrement fait dans le bar quelques heures avant. Elle avait l’air d’avoir passé l’éponge. Elle avait l’air d’avoir oublié. Tout oublié. C’en devenait presque beau. Limite tragique dirait-il. Parce que tout ce qui est beau finit tragiquement avait-il envie de dire. Il en était presque sûr. Leur histoire avait fini tragiquement. Et elle était belle leur histoire. Il se rappela soudainement tous les souvenirs, tous les moments qu’ils avaient passé ensemble. Alors, il paniqua. Qu’est-ce que ça allait donner s’ils dormaient vraiment ensemble, côte à côte ? Il paniqua et la seule solution qu’il trouva c’était dire une belle connerie. Comme à chaque fois. Il fallait cacher les sentiments, les émotions, les souvenirs. Cacher. Tout cacher à ses yeux. Ses yeux à elle. Mais pourquoi finalement ? Cela serait probablement une merveilleuse chance. Une seconde chance. A ce moment-là, Archibald se sentait presque impatient de connaître la réponse de Lotte. Parce que oui, cela pouvait être une deuxième chance. Comme on en donne parfois. Et c’est pour ça qu’il sourit. Plein de niaiserie. Autant pour faire placer sa blague à deux balles qui ne tenait pas debout et parce qu’il espérait secrètement. Il espérait qu’elle dise oui. Ou qu’elle ne dise rien. Qu’elle accepte en silence. " Tu n'auras qu'à m'appeler si tu tombes dans le coma... " C’est ça. C’était pas le principe du coma ne pas répondre ? Archibald fût presque déçu. Non, il était déçu. Déçu que les choses prennent cette tournure là. Alors qu’elles pouvaient être autrement. Archibald leva les yeux au ciel. C’était plus de l’énervement qui transparaissait sur son visage que de la déception. Parce que sa réponse n’avait aucune cohérence en plus. Elle qui travaillait aussi dans les sciences, elle devait le savoir pourtant ce qu’était un coma. Sa déception s’était muée en colère tout simplement. Peut-être que c'était dû au torrent d'émotions qu'il ressentait depuis qu'il l'avait revue. " En tout cas, t’es sûr que ça va aller ? " Elle avait sûrement perçu l'humour dans sa phrase. C'est vrai qu'il avait voulu réparer sa connerie. Mais maintenant, il ne voulait. Assumer. Ca serait bien pour une fois. " Non ça n'ira pas. " Sa voix était grave. Sérieuse. Parce que non ça n'irait pas. Il savait déjà qu'il allait se taper une gueule de bois du tonnerre mais pas seulement. " Parce que tu ne seras pas là. Alors, non, ça n'ira pas. " Il essaya de sourire en vain. Alors, il se surprit à regarder ses pieds quelques secondes. Avant de se reprendre. Assume Archibald. Assume tes émotions. Assumer bordel. C'est ce qu'il se répétait en boucle. Peut-être avait-il raison. Peut-être il allait se prendre un râteau magistral. Mais au moins, il avait essayé.

Il avait essayé. Etait-ce le plus important ? Oui, sûrement. Il se prendrait sûrement le plus beau râteau de toute sa vie (le seul dirons-nous) mais tant pis. Tant pis, il fallait le tenter. Il sentait qu’il avait besoin de renouer des liens avec elle. Il en mourrait d’envie de toute façon. Peut-être que c’était dû au fait qu’il n’avait pas couché depuis une semaine. Peut-être que c’était dû au fait que c’était elle. Tout simplement. Peut-être le regretterait amèrement. Mais au moins, il avait assumé ses ressentis un quart de seconde. Il avait pris la responsabilité de. Et c’était carrément flippant. Flippant pour lui surtout. C’était sûrement normal pour les ¾ de la population. Mais pas pour lui, c’était trop important. Surtout avec elle. Parce que seule vraie relation. Parce que c’était THE relation. Parce que ça avait été la seule qui comptait au final. Il s’en rendait compte petit à petit. Sûrement l’effet de l’alcool. Alors, il la regarda dans les yeux. En espérant que toute cette vague d’émotions se tasserait avec le temps. Et qu’elle se tasserait vite. C’était mieux pour elle. C’était mieux pour lui. Mieux pour eux deux ensemble peut-être. Il hésitait sur cette possibilité mais c’était compliqué. Compliqué de se concentrer avec tout cela. Avec l’alcool et tout le reste.
Il préféra ne pas cherche plus loin. C’était sûrement le mieux. Pour l’instant. Les minutes semblèrent longues. Elles semblèrent longues avant qu’elle reprenne la parole. Archibald s’arrêta de respirer à ce moment là. Il espéra qu’elle n’allait pas faire un monologue, sinon, il crèverait d’asphyxie. Et ça serait plutôt con. Une douloureuse perte pour l’Humanité. » Je vais rester avec toi cette nuit. » Il respira de nouveau. Soulagé. Soulagé qu’elle ait oublié ses conneries dans le club. Elle avait tourné la page. Et ça, c’était vraiment… bien. Vraiment merveilleux. C’était limite beau. C’était grave beau au final. Il hocha la tête et sourit. Oui, il était content. Content de pouvoir l’avoir à côté de lui. Au moins sa présence. Même s’ils ne dormaient pas dans le même lit, c’était bien. Il jeta un œil vers sa chambre d’ami. » « De toute façon, je suis claquée, je ferai mieux de ne pas reprendre le volant. » Il hocha de nouveau la tête. L’alcool lui faisait croire sûrement n’importe quoi. Mais, c’était à son avantage au final. C’est ce qu’il voulait. Il regarda une nouvelle fois sa chambre d’ami, et fit un petit signe de tête pour l’indiquer à Lotte. » Je comprends. Tu peux dormir dans la chambre d’ami, bien sûr. Ca ne me dérange pas. Je…. Je ne veux pas te mettre mal à l’aise. Il espérait quand même lui laisser l’opportunité de dire non. Non, je veux dormir avec toi Archibald.
Cette idée tourbillonna dans sa tête. Parce qu’elle était belle comme idée. Parce qu’il l’aimait cette putain d’idée invraisemblable.