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 Please... Don't let me go... || ROMANI

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gare à la crise de la quarantaine
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Romane Hardt
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Sam 17 Fév 2024 - 20:14
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TW : Agressions, pensées sombres, pensées suicidaires

« Tout ça, c’est de ta faute. Tout. » Des mots forts qui raisonnaient dans ton esprit depuis de trop longues heures maintenant. Cette journée avait débuté comme une journée normale et pourtant, elle menaçait de se terminer tout autrement. Ton cœur battait très fort dans ta poitrine tandis que l’émotion était prise à ta gorge et que la nervosité s’attaquait à ton estomac. « Si tu avais accepté d’être mienne, ça ne serait jamais arrivé. » Tu avais reçu un morceau de papier. Transmis par ta secrétaire comme une lettre des plus standards. Une lettre comme tu en avais reçu des milliers dans les dernières années, mais celle-ci avait un goût différent, celle-ci te faisait comprendre au travers de simples mots que tu étais la vraie coupable dans cette histoire. « Il fallait que je te remplace Romane, mais… Elles n’étaient pas comme toi. Personne n’est comme toi. » Tu avais reçu cette lettre comme un coup de massue en plein estomac. On t’avait fait du mal, on avait détruit une partie de ta vie, mais on tentait de te faire porter le chapeau. Sûrement de te faire craquer au passage ? Il y avait longtemps que tu te présentais comme un pilier, comme une femme inatteignable, forte et en contrôle de toute situation. Cependant, il y avait bien longtemps que ton pilier avait commencé à fissurer. Tout d’abord de l’intérieur, aujourd’hui, tu le sentais se briser de l’extérieur. Depuis plusieurs mois maintenant, tu n’arrivais plus à avancer comme avant. Depuis que la police était venue t’annoncer les plaintes déposées contre ton ancien patron, depuis qu’on t’avait demandé si tu avais été également une victime et que tu avais décliné. Tu ne pouvais toujours pas expliquer pourquoi tu avais tout nié. Peut-être parce que tu vivais avec ce terrible secret depuis trop longtemps pour arriver à l’accepter ? Car non, Romane, mais près de 30 ans plus tard, tu ne l’acceptais toujours pas. Et tu acceptais encore moins qu’il avait pu faire du mal à d’autres femmes par ta faute. La culpabilité te rongeait déjà depuis des semaines et des semaines, mais la voir couchée sur un papier aujourd’hui t’avait brisé comme tu ne l’avais rarement été. Accusations pourtant fausses, mais tu n’arrivais pas à t’y convaincre.

Sans prévenir qui que ce soit, tu avais quitté le bureau beaucoup plus tôt qu’à ton habitude avec ce besoin de prendre l’air, de réfléchir. Tu avais passé la journée à marcher, à te perdre dans ses pensées sombres que tu combattais depuis trop longtemps maintenant. Plus que jamais, elles t’atteignaient, plus que jamais chaque détail te revenait en tête te faisant souffrir davantage à chaque pas que tu faisais dans cette ville qui était la sienne. Il y a longtemps que tu aurais dû téléphoner à ton mari pour qu’il vienne te récupérer, mais aujourd’hui, tu n’avais pas la force de le faire. Tu n’avais plus la force de maintenir ta carapace, d’affronter son regard et de lui dire que tout allait bien. Tu n’avais plus la force de lui mentir, de leur mentir. Il y avait des années maintenant que tu mentais à chacune des personnes de ton entourage. Aujourd’hui, tu n’avais plus cette force. Aujourd’hui, on t’avait brisé. Brisée pour mieux se relever disait-on, mais… Tu venais à te demander si cette fois, tu allais pouvoir te relever. Si cette fois, il ne valait pas mieux mettre un terme à cette histoire une fois pour toute. Si ce n’était pas la fois de trop, celle qui te faisait franchir cette barrière du non-retour. Abandonner, ce n’était tellement pas toi Romane. C’était même totalement à ton opposée et pourtant, c’est presque inconsciemment que tes pas te menèrent vers le Pont de Lombardsbrücke avec cette envie irrépressible d’y admirer la vue.

La nuit était tombée à présent, le froid également. Le nez plongé dans ton écharpe, tu t’étais avancée vers cette rambarde sur laquelle tu avais posé tes coudes pour profiter de la vue sur l’eau. Pendant un long moment, tu avais fermé les yeux pour te laisser bercer par le son de l’eau tandis que tu te laissais envahir par tes pensées parasites. Celles qui te répétaient en boucle que tu ne savais pas nager, que c’était qu’une rambarde à franchir et que tout serait terminé, que tu pourrais enfin arrêter de réfléchir… Et pourtant, tu n’en fis rien. Parce que tu avais beaucoup trop à perdre, parce que cette chienne de vie ne pouvait pas s’arrêter si subitement, si brutalement, sans explication. Parce qu’au fond, tu cherchais seulement la raison qui allait te pousser à lancer cet appel au secours, celui que tu repoussais depuis trop longtemps maintenant. Celui que tu ne pensais jamais lancer, mais qui, aujourd’hui, avait eu raison de la lionne que tu étais. Tes mains tremblantes sur ton téléphone, tu y cherchas un contact bien précis, cette personne qui saurait te guider sans se laisser submerger par la situation, par ses émotions. Cette personne qui aurait le recul nécessaire sur ta situation et qui saurait, peut-être, te secouer ? On t’avait trop préserver. Par message, tu transmis ta position exacte à Dani avant de la justifier de quelques mots : « J’ai besoin d’aide. » Quatre mots qui te demanderaient tout le courage qui te restait. Tu sentis tes jambes fléchirent ensuite et tu te retrouvas assise au sol, adossée contre cette rambarde que tu n’avais pas osée traversé. Tes genoux remontés, ton visage enfoui contre ces derniers, tu te mis à pleurer comme rarement tu avais pleuré. Seule sur ce pont, tu devais évacuer ces émotions qui te détruisaient depuis trop longtemps.

@Dani Olgard

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Sam 17 Fév 2024 - 22:29
C'était la fin de la journée de travail, mais comme toujours, les rendez-vous avaient pris du retard. Dani écoutait un couple lui expliquer quelque chose qu'il ne pouvait pas comprendre, leurs doutes sur le bien-fondé du traitement qu'il avait prescrit à leur fils de quarante ans. Il avait pris la décision avec son patient, il n'imaginait même pas que des personnes extérieures puissent se sentir habilitées à l'influencer. Il les écoutait, mais les mots ne l'atteignaient pas, c'était trop absurde. Quand il parvint enfin à se défaire d'eux, en leur conseillant de contacter l'infirmière de coordination et en espérant que cette dernière les orienterait vers leur propre suivi associatif, il lui restait à passer voir un patient opéré le matin avant de regagner son domicile.

Il était un peu épuisé quand il s'engagea dans les transports en commun, mais fut étonné de ne pas retrouver Romane. Quand il échappait au chaos familier de son service, elle était toujours là, une source de stabilité que son esprit rangé appréciait. Il avait justement prévu de discuter avec elle d'un point qu'il avait remarqué : ses patients les plus fatigués et affaiblis semblaient apprécier davantage sa conversation quand il était lui-même au bout du rouleau. Il trouvait ça intéressant. Dommage, elle devait avoir pris le bus précédent, ou manqué celui-ci et attendu le prochain.

C'est alors qu'il reçut le message. Il calcula rapidement où il se trouvait par rapport au pont. Gagnant l'avant du véhicule, il demanda au chauffeur de le laisser descendre au feu rouge. Il irait plus vite en coupant à travers les rues en courant. La circulation dans Hambourg en fin de journée ne respectait pas les besoins de l'urgence. A vrai dire...

Une ambulance était garée derrière le bus, attendant que le feu passe au vert. Il toqua à la vitre et s'adressa au chauffeur, qu'il connaissait. Ce dernier ne paraissait pas presser. Il ramenait le véhicule à l'hôpital après avoir conduit une patiente âgée à son domicile après une petite intervention. Dani l'avertit qu'il venait d'être alerté par une personne en danger et l'ambulancier le fit embarquer, allumant son gyrophare. En quelques instants, ils étaient arrivés à destination. Dani bondit en apercevant Romane et la rejoignit à grandes enjambées, les mots arrêtés dans sa gorge par une inquiétude perplexe qui paralysait ses pensées. Sa cravate était de travers, ce qui suggérait un était hautement hors de l'ordinaire. Il écarta doucement une autre personne qui la regardait sans trop savoir quoi faire, et trouva enfin une formule à prononcer :

"Je la connais."

Il aurait pu dire "je suis médecin", mais ce n'était pas ainsi qu'il se voyait sur le moment. L'ambulancier alla se garer un peu plus loin, attendant de savoir si il allait devoir déplacer la personne à la clinique. Honnêtement, pour le moment Dani n'en savait rien. Il ne voulait pas laisser Romane assise ainsi au sol, parce qu'il faisait très froid et que rester immobile ainsi était le meilleur moyen pour s'enrhumer. Mais il n'osait pas la toucher. Elle aussi était différente. Il ne voyait pas de blessure, mais ça ne voulait rien dire. Il se contenta de s'asseoir à côté d'elle, comme s'il l'avait enfin retrouvée dans le bus et rétablissait un peu de normalité dans cette étrange soirée, en reproduisant leur proximité habituelle.

♔♔♔

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Sam 17 Fév 2024 - 23:25
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TW : Agressions, pensées sombres, pensées suicidaires

Les secondes devinrent rapidement des minutes tandis que tu continuais de pleurer sans aucun contrôle. Les soubresauts de tes épaules trahissaient ton état ainsi que ta respiration que tu n’arrivais pas à contrôler. Tu étais complètement au bout du rouleau. Toi qui espérais pouvoir vivre ta peine seule ou entourée de la personne que tu avais choisi, c’est la voix d’une femme qui te ramena. « Est-ce que tout va bien Madame ? » Tu relevas doucement la tête. Tu n’avais pas choisi ton moment. Même si le soleil n’était plus, il n’en restait pas moins que la soirée commençait à peine. Ce qui signifiait que l’heure de pointe était au rendez-vous. Ton regard posé sur la nouvelle venue, tu te contentas d’hocher la tête. Encore un mensonge. Le même. Tu allais toujours bien aux yeux des autres alors qu’à l’intérieur, c’était un tout autre combat que tu menais. Dans les dernières minutes, tu avais mené le plus grand combat de ta vie. Une victoire qui t’avait empêché d’en finir et maintenant, tu te retrouvais confrontée à la réalité avec une inconnue. Tu devais te rassurer cette inconnue complètement désemparée devant toi. C’était bête, c’était toi qui avais besoin d’aide aujourd’hui. Tu avais même osé exprimer ton besoin.

Heureusement, votre supplice fut de courte durée. « Je la connais. » Trois mots simples, mais qui vinrent t’arracher un sanglot. Si tu avais eu la force de bouger à cet instant précis, tu aurais tendu les bras vers ton ami tel un enfant qui avait besoin d’un peu d’amour. Tu ne bougeas pas, te contentant de le regarder venir s’installer à tes côtés. Geste qu’il faisait plusieurs jours par semaine lorsqu’il te rejoignait dans le bus, geste qui te ramenait à tes habitudes, à ton petit confort. Sans un mot pour l’instant, tu laissas tomber ta tête contre le bras de ton ami. Autre le fait que tu avais froid, tu avais également besoin de retrouver une certaine proximité avec une personne de confiance. Peut-être que si tu avais été plus attentive, tu aurais entendu l’alarme de l’ambulance, tu l’aurais vu qui était garée non loin. Sauf que pour l’instant, il valait mieux que tu restes dans ta bulle. Sinon tu risquais fortement de culpabiliser davantage d’avoir dérangé plus d’une personne avec ton mal-être temporaire. « Dani… » soufflas-tu avec une certaine détresse dans la voix. Tu savais que tu allais le déstabiliser par tes agissements à l’opposé de tes habitudes. Sauf que… Tu n’y arrivais pas. Tu ne pouvais pas remettre ton masque et faire comme si rien ne s’était rien passé.

Tu n’avais toujours pas la force de parler. Comment expliquer ton état dans une telle situation ? Tu n’allais pas réussir à aligner deux mots. Ta main glissa dans ta poche pour sortir la fameuse lettre qui avait tout déclenché et tu la tendis à Dani. Il ne pourrait sûrement pas tout comprendre, mais c’était déjà une très grande ouverture pour toi. Tu n’en avais jamais parlé, seulement remettre cette lettre relevait d’un défi. Cette dernière était plutôt courte, mais chacun des mots te rendait coupable du mal causé à ces femmes. Cette lettre te reprochait d’avoir été toi, d’avoir refusé ses avances, d’être devenue son obsession, d’avoir causé son besoin de te remplacer avec une autre, d’avoir fait du mal à ses autres femmes. Aucune autre information, aucun nom, aucune adresse, aucune façon de retracer la provenance de cette lettre, ni même son auteur. Mais toi, tu savais. « Je suis tellement fatiguée Dani. » Fatiguée de te battre, fatiguée de subir, fatiguée d’y penser régulièrement.

@Dani Olgard

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Dim 18 Fév 2024 - 23:27
Romane était différente, méconnaissable. Mais un coup d'oeil au courrier suffit à Dani pour comprendre qu'elle avait reçu une très mauvaise nouvelle. Elle n'avait pas besoin d'aide physiquement, mais émotionnellement. Il se sentit tomber dans le vide : pourquoi faire appel à lui, dans ce cas ? Tétanisé, craignant d'aggraver les choses, il se réfugia dans la lecture de la lettre, assortie d'une étreinte maladroite. Il lut et relut pour être sûr d'avoir bien compris. Apparemment, un correspondant désagréable harcelait son amie et lui mettait toutes sortes de culpabilités sur le dos. C'était odieux. Il fallait porter plainte, bien sûr. D'ailleurs, cette lettre intéresserait les autorités dans la mesure où elle constituait un aveu qui leur serait sans doute précieux, tôt ou tard.

"Viens au café là-bas," dit-il en montrant un établissement discret, presque dévoré par les deux bâtiments voisins sous un fouillis de plantes décoratives. C'était là que le personnel de l'hôpital prenait ses pauses, quand le besoin d'échapper au cadre professionnel se faisait sentir. Il n'y allait jamais, mais ses collègues avaient l'air de considérer ça, justement, comme un endroit tranquille pour se reposer. Tandis que le pont, s'il pouvait se permettre cette réflexion, était très mal choisi. "Et quand ça ira mieux, on ira à la police. C'est à eux de se fatiguer avec ça, pas à toi."

Elle n'était pas responsable de tous les trolls de l'Allemagne, fort heureusement. Mais discuter avec un policier pouvait être fatigant en soi, selon le caractère du bonhomme... quoique, pour une affaire de ce type, Romane serait sans doute adressée à une dame. Dani trouvait ce raisonnement obscur mais ne s'y intéressait pas assez pour essayer de comprendre.

"Je vais t'aider à marcher," annonça-t-il en se redressant, entraînant son amie avec lui. Il sentait qu'elle tremblait contre lui et craignait qu'elle se rende malade. Déjà qu'elle était mal en point... Le rhume et les larmes avaient quelques symptômes en commun, songea-t-il, une petite réflexion sans réel intérêt pour fixer son esprit et patienter face au stress ambiant. L'ambulancier s'approcha et Dani s'efforça de lui sourire. "Elle n'est pas blessée. Tu n'es pas blessée ?" s'assura-t-il en se tournant vers son amie.

"Je peux ramener une boisson calmante," proposa l'infirmier en montrant du pouce son véhicule derrière lui. Sans trop savoir pourquoi, Dani eut une réaction défensive. "Non," répliqua-t-il du tac au tac. L'idée qu'un homme qu'il ne connaissait pas si bien fasse boire une drogue à Romane lui donnait l'impression que quelque chose de sinistre cherchait à se répéter. L'ambulancier ne se formalisa pas ; c'était connu, le docteur Olgard avait parfois un caractère mal léché. Il semblait avoir la situation en main, autant le laisser gérer.

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Lun 19 Fév 2024 - 2:08
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Ton regard se releva pour se poser sur le café que Dani désignait. Tu le trouvais étrangement loin. Trop loin. Pourtant il était seulement à quelques mètres. Tu avais marché beaucoup plus que ça dans la journée, avant que ton corps ne s’effondre totalement. La crainte déforma ton visage lorsque tu entendis Dani parler de la police. Au point où tu cachas ton visage contre son bras, comme un enfant qui cherchait à se cacher de la vérité. Tu aurais voulu rouspéter, dire que tu ne pouvais pas y aller, mais encore une fois, les mots refusèrent de sortir de ta bouche, ils étaient remplacés par des sanglots.

Il allait t’aider à marcher et tu hochas de nouveau la tête. Comme si c’était ton seul moyen de communication. Tu le laissas se redresser en ce premier et tu t’appuyas sur lui pour te relever à ton tour. Ta main avait rejoint la sienne et elle s’y accrochait comme à une bouée de sauvetage. Tu savais qu’il n’allait pas te lâcher, mais tu avais besoin de lui faire comprendre de ne pas le faire. « Je… Non. Non. » La question t’avait presque prise au dépourvu tandis que ton regard rougit s’accrocha à celui de l’ambulancier. Le doute naquit sur ton visage et des yeux, tu cherchas le véhicule d’urgence. « Une ambulance ? » Sur l’instant, tu n’avais pas réalisé à quel point ta demande d’aide avait pu paraître urgente, désespérée. Et au fond, elle l’était. Si tu ne l’avais pas lancé, tu aurais pu finir par franchir les derniers pas qui t’auraient conduit vers la fin.

Tu ne t’attardas pas sur l’échange entre Dani et l’inconnu. Tu n’étais pas en état de remarquer les lumières alarmantes qui avaient éclairé le visage de ton ami lorsque la boisson calmante avait été mentionnée. Sans attention pour l’ambulancier, vous aviez repris votre route vers le café. Tes dents claquèrent ensemble pendant tout le trajet. Tu n’avais pas réalisé à quel point tu étais frigorifiée. Tu avais passé beaucoup trop de temps dehors pour les vêtements que tu portais. Une fois à l’intérieur, tu t’installas avec l’aide de ton ami à la table la plus éloignée du café. Immédiatement tes mains rejoignirent ton visage. « Je suis désolée, je suis tellement désolée. » soufflas-tu. Tu l’avais dérangé, tu avais dérangé cette ambulancier…

Tu relevas ensuite la tête pour fixer la lettre que Dani tenait toujours dans sa main. Tu tendis la tienne vers cette dernière dans l’espoir de la récupérer, de retirer ce fardeau qui était le tien à ton ami. « Pas la police… Je… Je ne peux pas. » Bien sûr que tu le pouvais, mais tu ne voulais pas. Tu n’avais jamais eu le courage. « Je leur ai déjà dit que… Tout allait bien, qu’il… qu’il… » Tu fermas les yeux. Cette phrase, tu ne pourrais pas la finir. C’était l’un des plus gros mensonges de ta vie. Celui qui affirmait que ton agresseur ne t’avait rien fait. « Je veux seulement que ça s’arrête. » Voilà ton plus grand souhait. Celui qui t’avait mené ici. Après 30 ans, tu voulais que ça arrête.

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Mar 20 Fév 2024 - 0:05
Dani avait de grosses difficultés avec les gens qui s'excusaient sans raison. Il fit la grimace, mais résista à l'envie de protester à voix haute. Ce n'était pas le moment : Romane n'était pas elle-même. Il lui fit traverser la route, attentif à la circulation routière. Vraiment il détestait ça ! c'était horripilant, autant qu'un mensonge, ou ces gens qui déforment vos propos pour avoir raison... C'était une façon d'installer une comédie absurde au lieu de la réalité. Et la réalité semblait déjà assez compliquée. Il rangea ostensiblement la lettre dans sa veste, comme pour dire qu'il allait en effet se charger de faire cesser tout ça rapidement.

"Tu l'as dit, tu es fatiguée. Repose-toi d'abord et on parlera après. Tu te souviens que je suis médecin ?" demanda-t-il avec un petit sourire, en caressant doucement le dos de son amie pour la réchauffer. Elle était toute raide et semblait courbaturée, mais c'était peut-être nerveux. Il attendrait qu'elle soit en état de parler, ou du moins, qu'elle sorte de son état de choc.

Pour l'heure, il passa la porte pour la conduire dans le petit établissement. Dans le vestibule, il savoura la vague de chaleur et d'odeurs douces et sucrées qui arrivait de la salle. Ils n'allaient pas suspendre leurs manteaux alors que le froid était leur problème du moment. Au lieu de cela, il ramena Romane contre lui et la berça brièvement dans ses bras. Elle semblait si faible... Comme une enfant qui a fait un cauchemar et en sort tétanisée. Dani ne savait pas très bien quelle boisson lui conseiller. Elle était trop nerveuse pour un café et cependant, un remontant lui aurait fait du bien. Peut-être un grog ? Il ne savait pas si elle aimait ça. Au moins, la lumière dorée avait chassé le monde sombre et humide du dehors.

Il ne voulait même pas savoir ce qu'elle faisait sur ce pont. Son esprit se révulsait face aux suggestions qui naissaient en repensant à cette image. Il commanda pour lui-même un chocolat chaud et attendit un peu, laissant le souffle de Romane s'apaiser et ses épaules se détendre avant de reprendre la conversation sérieuse ; et il n'explorerait certainement pas le passé, c'est l'avenir qui l'intéressait.

"Bon. Maintenant, voilà la situation. Tu viens d'être victime de harcèlement épistolaire. On va aller à la police, c'est leur travail de s'occuper de ça, comme c'était le travail de l'ambulancier de s'assurer de ta santé. Tu vas laisser travailler les gens."

Il se tut brièvement, mais reprit avec la même autorité dès qu'il vit son amie ouvrir la bouche :

"Deuxième point : cette lettre va être utile à d'autres enquêteurs, pour résoudre d'autres affaires. J'espère bien que tu ne comptais pas les en priver, et priver ces victimes de justice. Si tu veux que ça s'arrête, tu veux qu'ils l'arrêtent, c'est aussi simple que ça."

Il avait le sentiment d'être impitoyable, mais comme il l'était envers certains patients qui avaient besoin d'entendre leur quatre vérités. Parfois, être gentil nécessitait d'être un peu méchant en apparence, ou du moins, de cesser de ménager les gens.

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Ven 23 Fév 2024 - 18:14
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La lettre, Dani la garda. Pourquoi souhaitait-il garder ton fardeau ? Tu étais prête à le libérer, à le reprendre pour toi et à le gérer comme tu l’avais toujours géré. Tu ne dis rien. Peut-être qu’au fond, tu avais besoin de le céder à quelqu’un d’autre l’espace d’un instant. Comme Dani te le répéta, tu étais fatiguée. Sur ça, tu ne pouvais pas le contredire. Tu ne l’avouais pas facilement, mais là, tu étais complètement à bout. « Je me souviens. » Question rhétorique quand on savait que tu n’oubliais jamais rien. Sauf que tu n’allais pas réussir à rester complètement silencieuse. Ta tête travaillait trop. Elle t’envoyait à gauche et à droite. Elle te ramenait 30 ans plus tard.

Tu ne te dégageas pas de l’étreinte de ton ami, au contraire. Tu te laissas blottir contre lui et tu fermas doucement les yeux. Tes extrémités avaient commencé à fourmiller légèrement tandis que la chaleur regagnait ton corps. Tu profitas de cet instant avant d’être renvoyée dans ta dure réalité, celle qui t’avait mené à cet endroit aujourd’hui. Celle sur laquelle tu te confiais pour la première fois et tu ne savais pas comment te sentir par rapport à ça. Tout ce que tu savais, c’est que tu ne te sentais pas soulagée. Tu étais à l’inverse, nerveuse. Surtout lorsque la police fut remise sur le sujet. Cette idée ne te plaisait pas, mais comment ça pouvait en être autrement ?

Tu voulus répliquer Romane, tu voulus lui préciser que tu n’étais pas harcelée seulement par lettre, mais tu n’eues pas le temps d’en placer une que Dani avait repris la parole. Il alla toucher directement ta corde sensible. Les autres victimes. Celles qui te faisaient culpabiliser au point de t’en rendre malade. Tu t’en voulais tellement. « Il est déjà arrêté… Je ne sais même pas comment il a réussi à m’envoyer cette lettre. » Après, tu ne connaissais pas toutes les termes autour de son arrestation. Est-ce qu’il avait été mis en prison en attendant son procès ? Est-ce qu’il avait été libéré sous caution, car il ne représentait aucun danger ? Comment cet homme avait été perçu par la justice ? Tes doigts commencèrent à pianoter sur la table sous le stress. « C’est mon premier patron. Celui qui m’a prise en charge à la sortie de l’école. Il reste avec cette impression que je lui dois tout. » confias-tu. Ça ne donnerait rien à Dani de savoir ça, mais tu te devais te libérer de ce poids. Sans entrer dans les détails non plus. Pour les détails, tu n’étais pas prête et tu ne le serais sûrement jamais. « Je veux tellement aider ces autres victimes, tellement… Mais… » Comment pouvait-il y avoir un mais dans cette histoire ? Et pourtant, il était bien présent. Tu étais effrayée. Il t’avait conditionné à avoir peur de lui et cette crainte se reflétait dans ton regard. « Il n’arrêtera jamais… Ça fait plus de 30 ans maintenant. Je ne peux rien y changer. » Voilà ce que tu te répétais en boucle depuis des années. Voilà sur quoi tu devais être secouée, tu n’avais pas les idées en place. On t’avait répété en boucles les mauvaises choses.

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Ven 23 Fév 2024 - 21:39
Peu à peu, avec les bribes d'information qui lui sont présentées, Dani recolle les morceaux. La situation est plus dramatique qu'il ne le croyait. Son amie a vécu sous la coupe d'un monstre qui lui a appris à rester soumise. Eh bien ! Il n'aurait jamais deviné. Il essaie d'avoir de la patience, mais à ses yeux, patience et urgence sont irréconciliables. En voyant la main de Romane s'agiter, il la saisit pour tenter de la distraire de toute stratégie d'évitement. Ce que ce monsieur lui a appris, elle doit maintenant le désapprendre, il est grand temps. Et si pour cela elle doit craquer, eh bien... au point où elle en est, ça ne changera pas grand-chose.

"Eh bien, si ça fait trente ans qu'il te harcèle et que tu le couvres, je le comprends. Moi aussi à sa place, je me dirais que tout m'est permis."

Malgré lui, Dani est froid comme un robot. Il ne sait absolument pas quelles émotions convoyer en pareil cas. Autant n'en choisir aucune, ça lui évitera de tomber à côté de la plaque et surtout, de dépenser son énergie à soigner la comédie sociale, alors que le danger est sérieux. Il se force à plonger son regard dans celui de son amie, conscient de l'avoir un peu secouée ; mais c'est pour la bonne cause.

"Imagine si c'était moi qui te racontais la même histoire. Quelqu'un pour qui j'ai travaillé il y a trente ans et qui reviendrait me hanter. Tu me dirais vraiment que ça ne s'arrêtera jamais et que je ne peux rien y changer ?"

Non, n'est-ce pas ? Il sait bien que non. Romane fait une exception parce que c'est elle. Et cet homme a réussi à lui donner l'impression qu'elle est vouée à ce triste destin. Tel un dieu, il a jeté son dévolu sur elle, et rien ne pourra la soustraire à ce mode de vie. Eh bien, Dani est athée. Surtout en ce qui concerne les mal élevés qui ont besoin d'une leçon de la société pour corriger les manquements de leurs parents... Cet homme a un ego hors de contrôle. Ce qu'il lui faut, c'est une rencontre avec les conséquences de ses actes.

"Je ne sais pas ce que cet homme t'a mis en tête, mais il est con et c'est faux. Ecoute-moi plutôt que lui. Tu as droit à la justice, toi autant que les autres victimes. Vous allez vous battre ensemble et je serai auprès de toi."

Elle voulait aider les autres, il fallait le faire, voilà tout. Dani ne voyait pas ce qu'il y avait de si compliqué. D'un autre côté, il n'imaginait pas non plus des subtilités comme la rancune d'une victime qui reprocherait à Romane d'avoir gardé pour elle, pendant de longues et précieuses années, des informations qui auraient pu servir à enrayer le mal à la racine. Pour lui, à partir du moment où quelqu'un agissait bien, c'était bien, et voilà. Il détestait se compliquer la vie avec des raisonnements alambiqués et des ambiguïtés morales.

La patronne du café l'avait entendu hausser le ton, et en s'approchant pour prendre leurs commandes, elle s'inquiéta en voyant l'air défait de Romane. Ce docteur était bien autoritaire, il ne fallait pas qu'il la fasse pleurer, tout de même. Elle interrogea sa nouvelle cliente du regard, et Dani se sentit jugé. Quoi ? Qu'est-ce qu'il avait encore fait ? Ils parlaient, voilà tout. C'est de bien ça qu'elle avait besoin ! Parler, et surtout mettre les choses au point. Si elle n'en parlait jamais à voix haute, pas étonnant que ça s'embrouille dans sa tête.

♔♔♔

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Ven 1 Mar 2024 - 16:42
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Tes doigts n’eurent pas l’occasion de s’agiter longtemps contre la table du café que la main de Dani vint se poser sur la tienne. Tu levas ton regard vers lui, sans bouger essayant de maximum de contenir le stress présent en toi. Difficile de le faire lorsqu’on vint te mettre une dure vérité en plein visage. Des mots durs, des mots froids couplés d’une certaine indifférence. La surprise gagna ton visage dans un premier temps avant d’être remplacé par une légère colère. Colère qui te fit tirer sur ta main afin de la dégager de l’étreinte de Dani et de la remettre sur ta cuisse. « Comment oses-tu dire une chose pareille ? » Oh, ça t’avait blessé. Plus que tu n’aurais pu le penser. Tu savais ton ami difficile, mais tu ne l’avais jamais réellement vécu. « Tu n’as même pas idée de ce qu’il s’est permis. » Tu avais craché ce dernier mot avant de serrer fortement les dents. Au point de te faire mal à la mâchoire.

Fermée à présent, tu avais croisé tes bras sur ta poitrine tandis que ton regard avait dévié vers le sol. Tu étais actuellement une boule d’émotions et ce n’était pas la meilleure des choses. Tu n’avais jamais été réputée pour savoir gérer correctement tout ce que tu ressentais. La crise de larmes était parfois ton unique option. Dani voulait que tu t’imagines le cas inverse. Celui où il avait été victime de harcèlement et qu’il affirmait ne pas pouvoir s’en sortir. Dans un premier temps, tu haussas les épaules, mais la réponse était pourtant claire. « Non, je ne dirais pas ça… » soufflas-tu presque résignée à accepter que tu étais menée par la peur depuis beaucoup trop longtemps. Il y avait bien longtemps que tu ne te savais pas réfléchir correctement à propos de cette affaire. Tu avais refoulé tout ce que tu avais vécu et tout te semblait plus gros que ça ne l’était vraiment.

Ton ami voulait que tu te battes. Est-ce que tu avais seulement la force de le faire ? Toi ? Considérée comme une Maman Lionne. Tu doutais. Et c’est ce qui te fis verser tes premières larmes. Tu savais que ton ami avait raison et pourtant… « Je suis morte de peur… » Tu n’avais pas besoin de le préciser. Tu avais favorisé la possibilité de disparaître plutôt que celle de te battre. « Je… Je peux venir en aide aux autres victimes, mais… Je ne veux pas de justice. Ma famille ne le sait pas, ma famille ne doit pas le savoir. Je ne veux pas qu’il me prenne ça aussi. » Rarement tu t’étais montrée aussi vulnérable et c’était bien la preuve que tu avais besoin de cet échange. Tomber pour mieux se relever. Tu avais enfin accepté de tomber.

Tu ne remarquas pas tout de suite la présence de la patronne du café près de vous. Perdue dans ta tête, tu mis un moment à réaliser qu’elle te fixait, presque inquiète pour toi et cet air complètement abattu présent sur ton visage. Lentement, elle s’approcha de toi pour poser une main sur ton épaule, se pencher à ton oreille et y murmurer : « Est-ce que je dois appeler la police ? » Tu fus pris de court par cette question et ton regard balaya la femme et ton ami en alternance. Tu finis par secouer la tête avant d’affirmer : « Non. Nous allons nous y rendre de nous-même. » Si tu avais pu être déterminée l’espace d’un instant, la peur vint vite remplacée ce sentiment. Est-ce que tu avais parlé trop vite ? Toi qui planifiais chaque instant de ta vie, tu te retrouvais dans une position des plus inconfortables. L'improvisation.

@Dani Olgard

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Ven 1 Mar 2024 - 17:12
Pendant un temps, Dani songea qu'il l'avait perdue. Il tenta de s'habituer à cette idée, car si c'était le cas, il ne pourrait pas la ligoter pour la garder auprès de lui. Si elle lui interdisait maintenant de lui adresser la parole à l'avenir, ou de prendre le même bus qu'elle, que pourrait-il faire de mieux que de lui montrer l'exemple d'un homme qui la respecte, et qui se range à sa décision ?

Mais il n'arrivait pas à imaginer cette réalité. Elle lui résistait comme un coffre-fort qu'aucune combinaison ne pourrait ouvrir. Il songea à une phrase qu'il avait entendue jadis : les coeurs des gens qui s'aiment sont des coffres fermés, dont chacun abrite la clé de l'autre. Il avait apprécié cette philosophie. Il n'aimait pas les images, d'habitude, mais celle-ci correspondait bien à ce qu'il ressentait quand il prenait le risque de s'attacher. Cette impression terrifiante qu'il n'arriverait jamais à les comprendre vraiment ou à se faire comprendre d'eux, qu'il fournissait une performance insuffisante et qu'ils se détourneraient bientôt pour trouver mieux ailleurs. Lorsque cela arrivait, il en était presque soulagé, tant cette tension constante pesait sur ses nerfs. Certains jours, il arrivait à peine à parler tant il avait la gorge serrée par cette peur constante, à laquelle il n'avait jamais voulu trop réfléchir, ou donner un nom.

Aujourd'hui, il ne pouvait pas s'abstenir de parler. C'était une question de vie ou de mort. Ils ne l'avaient pas formulé à voix haute mais il l'avait très bien ressenti. Et si Romane n'abordait jamais le sujet, il ne le ferait pas non plus. Certaines choses n'étaient pas faites pour être dénudées à la légère.

Et heureusement, Romane ne décida pas de le chasser. Il l'en remercia d'une caresse brève sur sa main. Il ne prêtait plus aucune attention aux gens qui les entouraient. Ils n'avaient qu'à écouter ailleurs, c'était un échange privé. Il contrôla ses propres émotions pour continuer la conversation comme si de rien n'était. Il avait envie de lui reprocher une critique qu'il trouvait illogique : bien sûr qu'il ne savait rien, puisqu'elle ne lui avait jamais rien raconté ! Mais il sentait qu'elle ne pouvait pas endurer un reproche, si procédurier et ridicule soit-il, dans l'état de nerfs où elle se trouvait.

"Romy. Je sais ce qui t'arrive. Je ne suis pas à ta place, mais je sais. Ils ont des méthodes pour ces situations, il faut juste les laisser faire, ce sont eux les professionnels. Des témoignages anonymes, ce genre de choses... N'importe quelle réalité sera préférable aux films de catastrophe que tu te fais dans ta tête."

Il voyait la patronne tourner en rond sans oser trop s'éloigner, et lui indiqua brièvement qu'ils allaient boire deux chocolats chauds. C'était autant pour la faire partir que pour obtenir les boissons. D'un point de vue purement médical, il voyait son amie osciller entre le coup de froid, la baisse de tension et la déprime, trois états contre lesquels le chocolat chaud serait bénéfique, même si il ne suffirait pas à régler la situation.

"Ceux qui n'ont pas peur ne sont pas courageux," dit-il à voix basse. "Tu as peur et tu vas le faire quand même. Je sais que tu vas le faire. Tu ne peux pas rester comme ça, je ne peux pas te laisser comme ça. Je suis..." Il chercha le mot exact. Elle savait bien qu'il était son ami ; que pouvait-il dire de plus ? Il se décida pour une pauvre plaisanterie, tant pis si ce n'était pas forcément de bon goût de plaisanter au milieu de cette conversation. Au point où ils en étaient, il pouvait difficilement la mettre plus en colère.

"Je suis médecin."

♔♔♔

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Mer 6 Mar 2024 - 17:58
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Tu pouvais être brutale parfois – souvent -. Tu montais sur tes grands chevaux rapidement, mais tu pouvais redescendre aussi vite. Tu n’étais pas du genre à en vouloir à tes proches car ils avaient su se montrer plus dur avec toi. Au contraire, comme tout le monde, tu avais parfois besoin d’être secouée et ça ne se faisait pas avec des mots doux.

Est-ce que la réalité serait vraiment préférable aux films catastrophes que tu te faisais ? Franchement, tu n’en avais aucune idée. Tu avais l’impression que la réalité serait pire, que tu ne serais pas prise au sérieux et que tu allais te faire moquer, car il est trop tard maintenant. Qui dénonçait un crime plus de 30 ans plus tard ? Pourtant, ta donnée était erronée. Tu dénonçais un crime qui se déroulait depuis 30 ans. Ce n’était pas rien d’être harcelée depuis aussi longtemps, mais… tu continuais te demander si ça allait vraiment changer quelque chose ? Dani semblait y croire lui. Il s’accrochait à cette possibilité plus que toi. Ta main sur la table avait recommencé à pianoter sous la nervosité. « Je crois que je n’aurai pas la force de le supporter si… ça ne fonctionne pas. Si j’empire la situation. » Toi qui admettais ne pas te sentir assez forte ? Il faudrait le noter dans un agenda. « Tu seras là…? » C’était une question rhétorique. Tu savais bien qu’il n’allait pas t’abandonner à ton triste sort, mais tu avais besoin qu’il te rassure, qu’il te promette d’être là jusqu’au bout. Tu voulais écarter ta famille de cette histoire, mais tu n’étais pas prête à l’affronter toute seule.

Tu ne savais pas si tu étais vraiment prête, mais tu avais eu une certaine détermination dans ton regard lorsque tu affirmais que vous alliez vous rendre vous-même. Dani ne sembla pas être exactement de ton avis, car il préféra commander des chocolats chauds. Peut-être que tu n’étais pas aussi prête que tu ne le pensais. Ton corps tremblait encore sous le froid, ton regard était larmoyant et tu n’avais aucune maitrise sur tes pensées et sur tes émotions.

Dani croyait en toi. Il ne voulait pas te laisser comme cela et même si tu sentis qu’il ne réussit pas à aller au fond de sa pensée, ses mots vinrent te toucher. Un léger rire t’échappa et tu hochas la tête. « Oui, tu es médecin. » C’était la deuxième fois qu’il te le disait aujourd’hui. Comme si c’était une façon pour lui de se rassurer, de garder un quelconque contrôle sur les événements. « Tu es arrivé avec une ambulance. » Ton regard s’était dirigé vers la porte à ces mots. Est-ce qu’elle était toujours là ? « Pourquoi ? » Cette question te trottait dans la tête. Est-ce que ton message avait sonné autant désespéré ? Tu ne réalisais pas, cet instant précis était totalement flou dans ton esprit. Tu aurais pu avoir besoin d’aide pour n’importe quoi, non ?

@Dani Olgard

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Mer 6 Mar 2024 - 18:26
"Pour aller plus vite. Ecoute. C'est de la logique. Tu as peur, tu es en mode fuite, alors tu imagines le pire. Le pire, c'est ce qu'il y a de pire... Donc, tout le reste est mieux."

Dani aurait pu avoir l'air condescendant, heureusement que Romane commençait à bien le connaître et ne lui réclamait pas de grandes démonstrations affectueuses. La façon dont il lui parlait en ce moment était exactement celle qu'il aurait employée envers une soeur, quelqu'un en qui il aurait eu confiance sur le plan intellectuel et à qui il aurait réclamé un effort tout à fait faisable. Au niveau de la solidité physique et nerveuse en revanche, il n'était pas sûr. Il avait toute la nuit devant lui, il pouvait attendre que son amie se remette de ce profond passage à vide. Elle commençait déjà à sourire, c'était sur la bonne voie. Il continua doctement :

"Donc, la réalité est mieux. Parce que dans ton cauchemar, je n'étais pas là, et dans la réalité, je suis là... c'est déjà une amélioration, et il y en aura d'autres, fatalement. Le problème quand on est obsédé par un sujet, c'est qu'on finit par oublier qu'il dépasse largement ce qu'un seul cerveau humain peut en imaginer. On oublie les autres personnes et leur bonne volonté, les bonnes surprises qu'on peut avoir. Ce que Tolkien appelait l'eucatastrophe."

On le prenait parfois pour un pur scientifique, mais il appréciait tout de même les livres et la culture. Il était d'ailleurs assez agacé quand une citation éveillait chez ses interlocuteurs une incrédulité amusée. Oh, le docteur Olgard savait qui était Tolkien ? Il ne se nourrissait pas exclusivement de revues cancérologiques de pointe ? Hm, bref. Là n'était pas la question, en ce moment. L'air de rien, il examinait son amie et essayait de diagnostiquer exactement à quel point de son effondrement nerveux elle en était. Il aurait aimé pouvoir l'ausculter, mais personne dans cette pièce n'aurait trouvé ça acceptable.

Les chocolats arrivèrent rapidement, à croire qu'on n'avait aucune envie de les laisser seuls. Dani se passa la main derrière la tête, il aurait aimé expliquer un peu ce qui se passait pour qu'on ne le soupçonne pas de battre sa femme ou ce genre de chose. Il n'avait aucune idée des mots qu'il aurait pu employer pour en dire assez sans en dire trop. Comme à son habitude, il se tut. Il était plus à l'aise seul avec Romane, le contre-coup de son inquiétude de tantôt commençait à le déstabiliser à son tour. Il ne savait pas exactement ce qu'il ressentait en ce moment mais ce n'était pas agréable.

"Santé," dit-il simplement en levant sa tasse. "Je reste avec toi si tu restes avec moi. Promis ?"

Il grimaça un demi-sourire et porta la tasse à ses lèvres, laissant la boisson chaude faire son effet sur lui aussi. Alors seulement il se rendit compte qu'il en avait vraiment besoin. Nul doute qu'en rentrant tout à l'heure, il aurait une longue conversation avec son chien, sans doute au cours d'une balade au clair de lune sur la plage. Sinon, il ne trouverait jamais le sommeil.

♔♔♔

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Jeu 4 Avr 2024 - 21:22
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Dani, tu avais appris à le connaître dans les dernières années, à apprécier chaque facette de sa personnalité, même parfois à te moquer amicalement lorsqu’il ne comprenait pas ton ton taquin ou autre. Ce n’était pas pour rien si c’était lui que tu avais décidé de contacter aujourd’hui. Il ne réalisait pas à quel point tu avais besoin de quelqu’un comme lui. Et ça n’avait rien à voir avec sa profession. Tu avais besoin de ton ami avant tout. Peu importe les mots qu’il allait employer à ton endroit. Peut-être qu’il allait te vexer, mais ce n’était pas grave, tu n’allais pas lui en tenir rigueur. Tu l’avais attiré dans cette situation compliquée bien malgré lui, tu ne pouvais pas lui en vouloir. Bien au contraire. Tu ne pouvais non plus le contredire lorsqu’il affirmait que tout le reste serait mieux que le pire que tu t’imaginais. Il était vrai que tu avais beaucoup d’imagination et que tu avais tendance à imaginer le pire. C’était dans ta nature. Imaginer le pire pour éviter une surprise et pour garder le contrôle d’une situation. Tout était plus facile à gérer lorsque la réalité s’avérait plus simple de ce que tu avais imaginé.

Tu pris une grande inspiration et tu pinças fortement les lèvres à ses mots suivants. Ton regard se remplit de larmes lorsqu’il te confia que dans ton cauchemar, il n’était pas là. Et que maintenant, il était là. Ces simples mots suffirent à t’émouvoir. Une larme finit par t’échapper que tu t’empressas de retirer du revers de la main. « Merci d’être là… J’avais vraiment besoin que tu sois dans cette réalité. Aussi… difficile soit-elle. » Ce message texte n’avait pas été envoyé au hasard et tu avais besoin qu’il le sache. « Et tu as raison… Je suis complètement obsédée par ce sujet. Depuis tellement longtemps. Je n’arrive pas à me le sortir de la tête. Je n’arrive pas à oublier. Je voudrais juste… oublier. » Tu n’avais jamais vraiment parlé de ta pathologie avec Dani. De ton hypermnésie que beaucoup qualifiaient de don tandis que pour toi, qui le vivais, c’était une malédiction. Qu’est-ce que tu donnerais pour oublier seulement quelques détails de l’enfer que tu avais vécu plutôt que de le revivre en boucle dès que tu fermais les yeux. « Je ne sais pas comment faire ça… » Tu ne t’attendais pas à une réponse de Dani. Même en tant que médecin. Tu en avais consulté tellement dans ta vie pour que la conclusion soit toujours la même. Il n’y avait rien à faire sauf apprendre à vivre avec.

Lorsque les chocolats chauds arrivèrent sur votre table, tu t’empressas de te saisir de ta tasse. Sans la soulever de table, tu l’entouras de tes deux mains pour laisser la chaleur prendre possession de tes mains encore congelées. À la demande de promesse de ton ami, tu baissas légèrement les yeux tandis que tu tentas d’étouffer un sanglot. Est-ce que tu pouvais vraiment lui offrir une telle promesse ? Tu avais encore du mal à comprendre où tu en étais dans ta tête. Est-ce que tu allais de nouveau ressentir ce besoin de partir de façon définitive ? Tout était arrivé tellement subitement que tu ne sentais pas à l’abri que ça puisse recommencer. « Je r-reste avec toi. » Une phrase hésitante, un refus de promettre, un regard fuyant. C’était difficile de te croire sur ce coup, tu avais l’air complètement abattu et tu ne cherchais pas à le cacher. « Aussi longtemps que possible. » Aussi longtemps que tu allais supporter cette situation ?

@Dani Olgard

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Jeu 4 Avr 2024 - 22:22
Tout à coup, Dani réalisa que peut-être, Romane n'était pas éternelle. Il avait envie de se révolter et de crier mais il sentait que c'était injuste, qu'elle avait mérité plus de considération. Et il était le premier à admettre qu'un patient qui ne supportait plus son traitement soit en droit d'envisager un arrêt complet, si c'était réfléchi et accepté avec toutes les conséquences, en connaissance de cause...

Il avait eu des conflits parfois acharnés avec des familles qui ne comprenaient pas, qui essayaient de se remettre au centre de la maladie, parce que les morts ne se soucient plus de rien et ce sont les survivants qui doivent tout porter ; et il avait dû leur expliquer, avec cette lenteur méthodique qui aurait pu enrager Romane si elle ne l'avait pas connu, que la maladie n'était pas la leur, que le malade en était au centre, et qu'ils ne changeraient rien à ce simple fait, avec tous les pleurs du monde... C'était facile quand il parlait aux autres. Vu de l'extérieur, le problème était évident. Un problème de perspective.

Ils criaient à la solution. Ils ne ressentaient pas la lassitude immense de cette personne qui ne pouvait plus avancer. Ils étaient plein d'énergie, et elle était vouée à ne pas leur servir, à tourner en rond sans objet, à les dévorer de l'intérieur. Une énergie vitale qui devenait poison. Il sentait qu'il était en proie à cet empoisonnement et pianota brièvement sur son téléphone. Le visage impassible, il envoya un message rapide à Thomas. Se donner une échappatoire l'aidait à se contrôler.

*Un de ces jours, j'aurai besoin d'une de ces conversations où je dis : je suis une personne horrible, et tu dis : mais non.*

Appeler à l'aide n'était pas dans ses cordes, c'était le mieux qu'il puisse faire en l'état, et leurs premiers échanges chaotiques lui avaient donné l'espoir d'être compris à demi-mot. Parce qu'il savait que, d'ici la fin de cette conversation, il risquait fort de malmener Romane sans le vouloir. Pour l'heure, écrire l'avait calmé, et il afficha une image de son chien rapportant un bâton par un jour de soleil, comme si c'était ce qu'il avait cherché. Il le lui montra, avec un bref sourire. La vie, autour d'eux, continuait.

"Apparemment mon chien aide les gens qui se sentent mal. Viens donc faire une balade avec nous deux un de ces jours. Le bord de mer peut te faire du bien aussi. Le corps réagit à des choses qui n'impliquent pas de réflexion ou d'effort, juste..." Il inspira profondément, pour lui montrer à nouveau de respirer lentement. "Juste des sensations. Juste passer une porte, ça peut couper court à une crise d'angoisse. Tu sauras ça au cas où."

Le conseil avait un effet placebo certain, mais il y avait aussi toutes sortes de stimulations externes, le changement d'air, le mouvement des jambes, la régulation de la respiration ; et le passage d'une porte avait un effet avéré sur les mécanismes mémoriels. Si seulement il avait été aussi facile d'oublier sa mésaventure, Romane en aurait été vite débarrassée. Peut-être existait-il quelque part une porte magique qui aurait ce pouvoir. Celle d'une salle de tribunal ou de conférence de presse, d'un temple inconnu dans un pays lointain, ou de sa propre maison le jour où elle s'y sentirait entièrement chez elle, sans fantômes ou pensées parasites.

"Considérons les choses telles que tu me les décris. Tu ne fais rien contre cet homme, et le problème t'obsède. Ta meilleure chance d'oublier est de changer de stratégie. Donc, maintenant que tu m'en parles, que tu comptes en parler à d'autres personnes, tu t'ouvres au moins un espoir."

Il essayait d'être positif, mais il s'arrêta pour réfléchir profondément, la laissant parcourir les photos de son album ; surtout des photos du chien à vrai dire, sa fille lui demandait de lui en envoyer de temps en temps. Quoi, elle ne croyait pas qu'il s'en occupait bien ? Elle n'avait qu'à passer plus souvent.

"Je ne sais pas si tu peux oublier une chose à laquelle tu as pensé pendant des années. Mais tu peux arriver à un point où tu ne te rappelleras plus en quoi ça t'atteignait tellement. Tu sais, comme un ex."

Il hocha la tête. C'était sans doute un bon exemple parce que le degré d'intimité et la possible rancune étaient comparables, situées dans le même registre, du moins dans l'idée qu'il s'en faisait. Il n'était pas sûr de partager ce point de vue avec Romane ou le reste des gens, mais ce n'était pas le moment de parler affaires de coeur. Ils cartographiaient la route à suivre.
Il se rappela de la ménager, de ne pas l'assommer de solutions. En ce moment, elle avait peut-être aussi mal en imaginant marcher vers une solution qu'en regardant en arrière, la difficile route qui l'avait menée à ce point.

"Tu peux le faire si tu acceptes d'être malléable et de te réinventer. Ton cerveau est fait comme tous les autres cerveaux. Il est plastique et adaptable. Si les humains peuvent le faire, tu peux aussi."

Rassurant, il lui passa la main dans les cheveux, dans un geste hésitant. Il était heureux qu'elle ne se méprenne jamais sur ses approches. Cela aurait rendu les choses trop compliquées. Il priait pour que cette grande bataille ne les brouille pas. Ce serait trop bête.

"Moi, c'est ça que je me répète presque tous les jours. Comme quoi on a du chemin à faire ensemble !"

♔♔♔

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Romane Hardt
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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Ven 12 Avr 2024 - 4:22
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Please... Don't let me go...

TW : Agressions, pensées sombres, pensées suicidaires

Message texte reçu d’@Axel Thomas : « Si tu as besoin, je peux t’envoyer un message vocal tous les jours pour te le répéter. »

Sans aucune hésitation, tu tendis les mains pour attraper le téléphone de Dani. C’est un doux sourire qui naquit sur tes lèvres à la vue du chien de ton ami. Même si tu ne l’avais jamais rencontré encore, tu connaissais très bien cet animal qui avait pris place dans quelques-unes de vos discussions. Délicatement, tu hochas la tête. Tu avais besoin de te raccrocher au moindre but. Tenir bon jusqu’à cette balade chez Dani, en bord de mer avec son chien. Oui, tu l’acceptais. Tu allais te raccrocher à ça dans les moments se voulant plus difficiles. « Oui, je viendrai. Avec plaisir. Il y a longtemps que tu dois me faire visiter ta demeure. » Tu avais une certaine légèreté dans ta voix, comme si les minutes précédentes n’existaient plus. Comme si, l’espace d’un moment, tu redevenais la femme que tu étais, celle qui ne se laissait pas submerger par ses problèmes. « Je suis certaine qu’Olive va adorer courir sur la plage. » Bien sûr que tu comptais t’y rendre avec ta petite chihuahua. Elle te suivait partout Olive et d’une certaine façon, elle gérait certaines de tes crises d’angoisse.

« J’ai beaucoup de mal à le concevoir. C’est la première fois que j’en parle depuis trente ans. Ça me parait encore surréaliste de l’avoir fait. » Ta langue passa sur tes dents tandis que le doute prenait place en toi. Est-ce que tu avais bien fait ? Tu avais l’impression que tu venais de trahir le secret de toute une vie. « Et si… » Tu pinças les lèvres ensemble avant de pousser ta réflexion. Tu avais toutes les preuves. Comment pouvait-on ne pas te croire ? « Et si on fait tout ça et… ça continue ? » Une autre crainte qui gagnait ton esprit. Est-ce que tu aurais la force de te battre dans le vide ? Même avec Dani à tes côtés, si tes démarches ne menaient à rien, tu ne savais pas si tu allais t’en sortir. Tu allais affronter l’inconnu et comme un enfant, tu avais besoin d’être rassurée, d’être guidée. « Est-ce que tu vas m’accompagner à chaque fois ? » Il y avait un certain doute dans ta voix. Tu t’ouvrais un espoir comme l’affirmait Dani, mais tu avais besoin de lui pour le maintenir en place cet espoir.

C’est finalement un léger rire qui t’échappa à la comparaison suivante de Dani. Négativement, tu secouas la tête de gauche à droite. « Je n’ai jamais eu d’ex. Patrick est le seul homme qui a capturé mon cœur et c’est pour toujours. » Ton regard se mit à briller à ces mots. Comme à chaque fois que tu parlais de ta famille et de cet homme que tu aimais plus que tout. Ton premier amour, ton seul amour. L’homme qui aurait dû être le seul. « Mais je vois ce que tu veux dire. Je crois… » Tu baissas les yeux sur ton chocolat chaud. Tu pris finalement une première gorgée du liquide qui réchauffa ta gorge instantanément. Tu ne parlais pas beaucoup de ton hypermnésie, des nombreux souvenirs qui s’accumulaient en boucle et que tu revivais en boucle dans les moindres détails. Et… Tu n’avais pas envie de t’attarder sur le sujet, tu aimais bien que Dani affirme que ton cerveau fonctionnait comme tous les autres et qu’il pouvait être adaptable. Tu avais besoin d’y croire, de croire que les choses pouvaient changer et qu’avec une certaine volonté, tu allais réussir à oublier. Pour l’instant, ça te semblait être une mission impossible, mais tu allais t’y raccrocher. La main de ton ami dans tes cheveux te fit fermer légèrement les yeux tandis que ta propre main vint se fermer délicatement contre son poignet. « On a du chemin à faire, oui. Et je souhaite qu’on le fasse ensemble. Tu sais par quoi on doit commencer ? » Toi qui étais réputée pour mener, aujourd’hui, plus que jamais, tu étais prête à te laisser guider et presque aveuglement.

@Dani Olgard

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Ven 12 Avr 2024 - 7:45
"On fera des photos de chiens, comme des petits vieux... Pourquoi pas une photo à chaque changement de saison, et un petit album ?" Dani n'avait pas eu l'idée tout seul, c'était une proposition de sa fille et il n'en avait pas vu l'intérêt sur le moment. Mais il la ressortait maintenant parce qu'elle marquait le passage du temps. Tout ce qui pouvait poser des jalons, et ancrer Romane dans une chronologie, lui paraissait bénéfique. "Et bien sûr que je serai avec toi. J'ai vu le pire, je voudrais bien assister aussi au meilleur. Si je pouvais tourner moi-même la clé dans la serrure de sa cellule, crois-moi, je payerais cher pour ça."

Une expression implacable transforma brièvement son visage en un masque de métal, puis il dissimula cette impulsion pour reprendre le ton léger d'une conversation entre collègues. Il lui semblait qu'il n'avait jamais travaillé à la théâtralité de son jeu social avec plus d'acharnement que ce soir. Il se sentait déjà épuisé, sur les nerfs, prêt à exploser, comme s'il avait fourni un effort au-dessus de ses forces et était jeté soudain dans une foule de gamins capricieux ; c'est l'effet que lui faisaient les autres humains qui gravitaient autour d'eux en ce moment.
Il fallait espérer que les flics à la station, sans doute aussi fatigués que lui pour d'autres raisons, ne lui courraient pas sur le haricot. Il n'avait aucune patience à leur consacrer.

"J'ai assisté à une conférence sur les anomalies de la mémoire il y a cinq ou six ans. Ils expliquaient le mécanisme du traumatisme, d'un point de vue technique. Je pense que ça peut t'aider d'y réfléchir de ce point de vue, froidement, comme si ça ne te concernait pas. En fait, dans tout ça, essaie de t'observer comme si tu observais une autre personne, et donne-lui tes conseils à voix haute."

Tout en parlant, il avait tiré de sa sacoche une feuille de papier et un stylo, qu'il avait posées sur la table. Il avait adopté l'attitude qu'il aurait prise pour démontrer un phénomène médical à une jeune interne avide d'apprendre : direct et professionnel, mais attentif, paisible, clairement soulagé de se reposer sur ce domaine qui était son élément naturel.

"Tu as deux mémoires. Celle qui fonctionne sous forme de phrases, et celle qui fonctionne sous forme de sensations brutes. C'est celle-là qu'on appelle la mémoire traumatique. Quand on dit qu'on ne saurait pas mettre des mots sur une sensation, positive ou négative, c'est qu'on n'a pas encore transformé les événements de notre vie, qu'on subit, en événements de notre histoire, qu'on analyse et qu'on peut raconter."

Pour illustrer, il claqua des mains soudainement en parlant et les convives voisins se retournèrent à nouveau dans leur direction, surpris. Pendant un instant, ils restèrent sans réaction, incertains, et se remirent ensuite à murmurer entre eux, transformant leur surprise en discours. Evidemment pour une petite chose comme celle-là, c'était presque instantané : une fusillade aurait été une autre paire de manches.
Puis il montra le stylo et la feuille.

"C'est l'utilité d'un journal intime. Plus tu mets des mots sur ce qui t'arrive exactement, plus tu le fixes à un point précis dans l'histoire de ta vie, une phrase au milieu d'un grand livre. Rien de moins, et rien de plus. Contre un souvenir traumatique, on ne peut rien faire, on le subit encore et encore. Contre un souvenir verbalisé, on peut se défendre."

Sans attendre, il lui plaça le stylo dans la main, aussi solennellement que s'il lui avait remis une épée ; et c'était un peu l'idée. Ce n'était pas un cours magistral, c'était un exercice.

"Tu vas écrire une liste de ce qu'il faut expliquer à la police, et quand tu seras prête, on ira là-bas. S'il y a des choses incompréhensibles ou des choses qui manquent, je te le dirai. On va faire ça au mieux pour être efficaces et précis."

Il plaça la feuille devant elle, et se recula un peu dans son siège, lui abandonnant l'espace de la table. C'était son histoire. A elle de jouer, à elle de la reconquérir. Symbolisant son retrait, il reprit son téléphone et sourit en voyant le message, auquel il répondit simplement : pourquoi pas.

"Commence par noter tout ce qui te paraît important, dans l'ordre où ça te vient, et ensuite on va numéroter les étapes pour optimiser la présentation."

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Re: Please... Don't let me go... || ROMANI
Ven 12 Avr 2024 - 17:52
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Sans réellement comprendre ce qui se passait, tu te retrouvas avec un stylo entre les doigts et une feuille devant toi que tu fixas un peu dubitative. Tu l’écoutas parler sans réellement te sentir concernée par ses mots. Tu n’étais pas certaine de pouvoir parler de mémoire traumatique dans ton cas. C’était plus particulier que ça. « Il ne manquera rien. Je me souviens de tout, dans les moindres détails. À la seconde près. » Tu pinças fortement les lèvres alors que le crayon se mit à trembler légèrement entre ta main. Tu ne l’avais jamais mis sur papier. Tu n’avais jamais ressenti le besoin de le faire. Est-ce que ça pouvait réellement t’aider ? Est-ce que tu étais prête à coucher sur papier des détails aussi intimes de ta vie ?

Tu commenças par indiquer une date suivie d’une heure très précise. Tu n’arrivas pas à aller plus loin. Tu déposas délicatement le crayon tout en ne pouvant détacher ton regard de la date que tu avais indiqué. « Je souffre d’hypermnésie, Dani. » avouas-tu finalement mettant l’emphase sur le mot souffrir. Ce fameux don qui était devenu un fardeau dans ta vie. « Je ne pourrai jamais oublier ce soir-là… Ni les suivants, ni les précédents. » Est-ce que ça faisait peur ? Tu ne savais pas trop. Tu n’avais pas le recul nécessaire sur ta situation. « Écrire n’est pas la meilleure façon de procéder avec moi. Ça serait beaucoup trop long. Trop détaillé. Je… Je crois que le mieux serait de m’enregistrer. » Tu avais levé ton regard vers Dani, un regard presque perdu. La police ne fonctionnait pas comme cela, tu le savais. Ils allaient attendre de toi que tu couches une déposition sur papier. Tu ne saurais pas le faire. Tu aurais l’impression d’écrire un roman. Et ce même roman, tu allais le réécrire de la même façon encore et encore. Aucune contradiction n’était possible. « Je ne pense pas que je sois un jour réellement prête à verbaliser tout ce qui s’est passé, mais… Si j’attends trop, je n’irai jamais. Je vais trop réfléchir et… » Ta gorge serra et ton regard se noya de nouveau sous les larmes. Tu repris finalement le crayon pour hachurer la date que tu avais toi-même noté. « Si je veux être prise au sérieux, qu’est-ce que… je dois dire ? Qu’est-ce que je dois détailler ? Qu’est-ce que je dois garder en surface ? » Tu commenças à indiquer sur la feuille : Harcèlement par appel, harcèlement par lettre, harcèlement par courriel. Entre parenthèses, tu indiquas le nombre de fois que chacun des événements s’était produit. Avec une précision incroyable, digne de toi, Romane. Est-ce que tu allais devoir résumer chacune des lettres reçues ? Tu pourrais le faire. Tu avais seulement besoin d’une date et ton esprit te projetait à cet instant de ta vie. Tu pouvais décrire tout ce que tu avais fait ce jour-là.

Tu continuas de noter sur la feuille le nombre de fois où tu l'avais aperçu du détour d’une rue, dans un café, à ton arrêt de bus. Partout. Sur une autre ligne, tu commençais à inscrire la lettre « v », suivi de la lettre « i » avant de perdre tes moyens. Ta main avait commencé à trembler de plus belle et tu avais fini par hachurer ces deux lettres sans réussir à indiquer le reste. C’était trop difficile pour toi de l’admettre à voix haute, alors sur papier ? Tu te sentais très nerveuse. Trop nerveuse soudainement et tu finis par reposer ton crayon et à pousser la feuille en direction de Dani. Tu avais besoin de penser à autre chose, de détendre un peu l’atmosphère. Pourquoi ne pas te confier sur un tout autre sujet ? Tant qu’à être dans les confidences ? « Tu savais que ton amie, ici présente, a été bannie de tous les casinos de Las Vegas ? » Tu pinças les lèvres presque honteuse avant de porter ta boisson chaude à ta bouche. C’était une histoire beaucoup plus amusante à raconter, non ? Et qui restait dans le thème de ton incroyable mémoire.

@Dani Olgard

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