Adela ✧ my mind is a prison

TW : alcoolémie

«Bordel. » Gros soupir, il se laisse tomber contre le banc installé près du mur, et croise ses mains. Bordel... Oui, c'était bien le cas de le dire. Ethan jette un coup d'oeil à droite, puis à gauche. La cellule de dégrisement n'est pas très pleine. En tout, ils sont cinq autres que lui, et mis à part le grand balèze à quelques mètres de lui, qui lui fout un peu les jetons, d'ailleurs, et à celle habillée comme une cagole des années 80 avec son blouson imprimé léopard, il est capable de s'identifier à chacun d'entre eux.

Ils sont des M. Et Mme Tout le monde, qui ont un peu trop bu en soirée, réalisé un excès de vitesse un samedi soir. Ils partagent une cellule, et tout ce qu'Ethan comprend, c'est qu'il est bon à passer la nuit ici, assis sur ce banc, derrière des barreaux où il peut observer une petite partie du commissariat au loin. Merde. Il avait juste voulu passer une soirée en s'amusant, profiter un peu, se changer les idées. Avec sa petite sœur qui ne se souvenait plus de rien, il avait des journées pesantes, surtout lorsqu'il la regardait dans les yeux en se faisant passer pour un kiné random qui ne la connaissait pas et qui voulait juste l'aider. Oui, il voulait l'aider. Oui, il était passionné par ce qu'il faisait, c'était une véritable vocation. Oui, il aurait aidé n'importe quel autre patient s'il l'avait pu. Mais non, il n'était pas une inconnue. Et c'est la raison pour laquelle il s'est permis d'outrepasser le travail de son confrère, sur acceptation de leur supérieur, évidemment, pour prendre en charge une partie de la motivation et de la rééducation de Magda. Mais c'était un poids lourd à porter. Parfois, il avait l'impression que c'était un fardeau, alors qu'il adorait pourtant chaque moment avec elle. Mais c'était pesant, difficile à gérer émotionnellement. Et plus encore de ne pas lui révéler son identité.

Alors, oui, il a bu. Oui, il s'est trouvé en état d'ivresse sur la voie publique. Mais non, encore une fois, non il n'aura pas pris son véhicule ni envisagé de le prendre. Il n'aurait causé de problème à personne si on l'avait laissé marcher pendant des heures en direction de son appart. Il serait rentré, se serait effondré dès qu'il aurait fermé la porte derrière lui, et rien demandé de plus, décuvant de sa soirée. Représente-t-il un tel danger qu'on l'a mis derrière des barreaux ?

Une nouvelle fois, il pousse un soupir à s'en fendre l'âme. Bordel.

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Et merde ! Les lumières bleus et rouges se reflétaient un peu partout autour d’elle, l’aveuglant presque dans son rétroviseur central. Elle avait ses deux mains sur son volant et posa son front dessus quand elle se rendit compte qu’elle allait y passer pour ce soir. La soirée avait été de courte de durée à mesure qu’elle se sentait enivrée. Non pas qu’elle avait l’alcool difficile mais elle devait travailler le lendemain matin et il ne serait pas judicieux d’arriver encore en retard. Elle n’était pas vraiment ponctuelle et ce qui la sauvait, c’était son souci du travail bien fait. Elle prit une profonde respiration en retirant les clés et ouvrit la fenêtre lorsque l’agent arriva : « Bonjour monsieur l’agent, j’ai honte mais j’ai bu… peut-être un verre de trop ce soir… » Ah oui, l’alcool faisait toujours en sorte que j’en dise un peu trop et le mensonge n’en faisait pas partis. Pendant qu’il préparait l’alcootest, il lui demandait ses papiers. Elle prit une profonde respiration, lui tendit les papiers et souffla dans la machine.
En très peu de temps, elle se retrouva à souffler dans un autre gros tube qui révéla un taux légèrement plus haut que la norme. Elle se tourna vers l’agent avec une moue : « ça va encore non ? Je m’attendais à pire… » L’agent lui demanda si elle se taisait un jour et encore, avec un sourire : « Je ne sais pas faire… Désolée !  »
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- Allez, entrez là-dedans..
À l’entrée de la cellule de dégrisement, elle se rapporcha des barreaux : « Oh allez quoi… Pourquoi me faire passer la nuit ici… Je peux rentrer chez moi à pied… » Mais pour seule réponse, elle avait le droit à un grand regard dédaigneux et un haussement d’épaule. Elle prit une profonde respiration en se retournant sur elle-même puis elle s’appuya sur les gros barreaux où elle balaya la pièce du regard. Non pas qu'elle avait hâte de faire connaissance avec ses nouveaux compagnons de cellule mais seulement pour savoir ce qui l'attendait pour la nuit. Elle souffla : « Génial... » Alors, elle se propulsa des barreaux et elle manqua de tomber lorsque ses pieds n'eurent pas le temps de réagir à temps mais pas réflexe, elle s'évita une chute vertigineuse.
Génial, tu es peu être un peu plus faite que tu ne le pensais... Il fallait qu’elle trouve une assise avant de se retrouver à faire la serpillère dans un lieu qui ne lui disait pas rien, même dans son état. Enfin assise sur un banc, elle leva sa main pour consulter sa montre… qui n’était plus là. Encore une fois, elle dévisagea ses compagnons de la nuit mais lorsqu’elle croisa un regard, elle fit mine d’examiner sa robe. Son manteau était resté dans sa voiture, elle avait trop chaud avant le contrôle et n’en avait pas voulu avant de partir. T’es peut-être plus faite que tu ne le pensais… se répéta-t-elle en soupirant parce que maintenant, elle avait froid.
Cette nuit n’aurait pas dû se passer comme ça dans la mesure où il était seulement question de manger un morceau de gâteau, boire un verre et repartir pour ne pas être trop épuisée le lendemain. Elle se massa l’arrière de sa nuque et dans le mouvement, son coude heurta quelque chose. Quand elle tourna la tête, elle entendu une plainte et aussitôt, elle baissa son bras en s’excusant :
- Oh, je… Excusez-moi ! dit-elle aussitôt. Je suis désolée vraiment.
Elle ria malgré elle en le voyant se frotter frénétiquement l’endroit de son crâne qu’elle avait heurté malencontreusement. « Je m’appelle Adela. Et toi ? » Bavarde, maladroite et familière. Cela pouvait faire fuir mais entre ces trois murs bétonneux et ses barreaux, son voisin de banc n’allait pas pouvoir aller bien loin.

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Derrière des barreaux... Si sa famille l'apprenait, il risquait d'en entendre parler pendant quelques années encore. Génial. Il était ravi de se rendre compte qu'il devenait une vraie blague. Pourtant... Pourtant il n'avait pas pris la voiture. Il s'était trouvé responsable, et avait su de lui-même que conduire n'était pas envisageable. Quand il regardait les gens présents en cellule de prison, et qu'il tendait l'oreille, Ethan se rendait compte que c'était ce qui le différenciait des autres. Allait-il avoir un casier judiciaire, lui qui était juste submergé par la tristesse, par cette nouvelle vie avec laquelle il devait désormais composer ? Si oui, il estimait que c'était injuste. Mais comme on lui avait toujours dit : Nul n'est censé ignorer la loi.

La loi, il l'a ignorée en ne se soulant pas chez lui, en cherchant du réconfort dans des présences humaines, dans les cris ravis de ceux qui partageiaient une bouteille avec lui, mais qui appelaient un taxi pour ne pas danser autour du premier poteau et faire un cours public de pole danse, bien que censuré, à la fois par sa pudeur, non encore éteinte par la vague d'alcool, et par son arrestation par la police.  
L'alcool le grisait, si bien que l'espace d'un instant, il oubliait la tristesse qu'il avait si fortement essayé de noyer dans son verre. Il était plutôt malheureux de ce sentiment de perdre sa petite soeur, à mesure qu'il réalisait que rien ne chanegait : il était toujours un inconnu dans ses yeux, un simple kinésithérapeute avec lequel elle avait sympathisé, et non le frère avec lequel elle passait des heures à tenter de pêcher, en vain. Elle avait oublié toutes les fois où ils restaient silencieux, n'osant pas même s'extasier à la pêche d'un petit poisson, pour ne pas les faire fuir, ou pire, ceux où ils se disputaient sur la meilleure façon de tenir leur cane à pêche, les faisant fuir sur des mètres à la ronde, rendant leur pêche toujours plus infructueuse. Magda avait oublié. Elle ne pouvait pas tout oublier. Ses enfants lui ressemblaient. Son amour pour Mateo la faisait respirer et si elle regardait leur soeur, elles se ressemblaient. Ethan lui était brun, et avait récupéré la majorité des traits de leur grand-père à l'inverse de ses soeurs. Il n'y avait pas grand chose chez lui qui rappelait à Magdalena tous leurs éclats de rire, leurs coups de gueule, leurs souvenirs, en somme. Il n'était rien d'autre qu'un inconnu qui avait pitié pour elle. et c'était douloureux. Trop pour ne pas avoir envie d'oublier.

Les forces de l'ordre semblaient estimer que ce n'était pas suffisant pour justifier son mal-être, et de se bourrer la gueule. Bien, tant pis. Alors, il restait assis, les yeux fixés au plafond, pour ne pas avoir le moyen de trouver encore plus scandaleux de se trouver au milieu de tous ces gens. Jusqu'à recevoir un petit coup dans les côtes, qui le fit sursauter, et revenir à lui.
Il tourna la tête. Il ne l'avait pas vue arriver, elle. Ou alors il avait oublié. Ou simplement n'avait-il pas fait attention ? Peut-être. Qui sait ? Qui cela importe de toute manière ?
«Pas grave. » marmona-t-il, avant de se rendre compte qu'il était un peu bourru, ce qu'il n'était pourtant pas la majeure partie du temps. Il essaya de se reprendre, même si c'était plutôt la tristesse, l'incompréhension et une humeur généralement maussade qui reprenait le dessus. «Moi c'est Ethan. T'es là pourquoi ?»

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L’histoire ne devait pas se dérouler de cette manière et pourtant, on ne pouvait pas dire qu’elle ne cherchait pas les ennuis. Les soirées n’étaient pas toutes aussi arrosées, elle essayait toujours de se montrer raisonnable même si la tentation devenait de plus en plus difficile à contenir. L’idéale aurait été de trouver une source, un endroit où dormir pour ne pas avoir la mauvaise idée de prendre la voiture et de filer à l’anglaise. Elle en avait besoin : d’une parce qu’elle avait l’impression qu’un verre de plus et elle ignorait comment elle allait se réveiller lendemain et de deux… ce n’était clairement pas ce qu’elle désirait. Adela savait qu’en débutant une quelconque thérapie allait tout remettre en question, détruire tout ce qu’elle connaissait pour rebâtir quelque chose de plus sain et stable. Elle craignait vraiment de se retrouver encore plus bas qu’elle ne l’était actuellement. Elle savait que cette conscience n’était pas là par hasard et que du moment où elle se manifestait, il fallait vraiment qu’elle l’écoute. Qu’elle fuit ce qui l’avait réveillé en mettant tout en œuvre pour rendormir cette petite voix.
C’était surement l’alarme, l’élément déclencheur, qui donnait à Adela ce petit picotement sur sa nuque, désagréable, dérangeant. C’est de cette façon là que la brunette se retrouva à se masser la nuque en jurant intérieurement pour s’être mise dans cette situation toute seule. Le choc avait été bref mais elle savait qu’elle n’avait pas été trop fort. Elle s’excusa, riant peut-être un peu trop qu’une personne sobre, mais elle réussissait à garder le cap. Que voyait-elle ? Elle voyait un homme, brun et au regard triste, un peu aux antipodes de ce qu’elle pouvait ressentir actuellement. Il était évident que l’alcool y était pour quelque chose mais il ne faisait qu’exacerber une partie de sa personnalité, une fois sobre.
Elle se présenta, énergique. Un peu trop peut-être, cela dit. Pour cette évidence, elle se tempéra du mieux qu’elle le pouvait même si la réponse d’Ethan la fit pouffer de rire. Que faisait-elle là ? Adela posa sa tête sur le mur qui retenait le banc de dégringoler tellement il était moche et branlant. Ou, c’était elle qui n’arrivait pas à se stabiliser ?
- Je suis allée à une fête, j’ai bu un verre… ou deux verres de trop. Je voulais rentrer chez moi avant de faire une bêtise mais…
Elle s’étonnait de ne pas avoir usé de son sarcasme habituel mais il fallait croire que les choses étaient différentes. Elle l’espérait.
- Et toi ? demanda-t-elle. Un verre de trop et ne t’as pas non plus donné le bénéfice du doute ?
Elle souffla, elle se rendait compte que la situation où elle était, n’allait pais l’aider pour la suite. Malgré tout, l’alcool encore bien présent dans son sang, cela ne lui paraissait pas si grave, finalement.
- J’ai l’impression d’être une gamine qui a fait le mur et qui redoute d’appeler ses parents car elle s’est faite pincer… Ah et la différence aujourd’hui, c’est que j’ai bientôt 33 ans et qu’à la place de mes parents, c’est mon grand frère. Et si tu ne m’arrêtes pas, je vais parler pendant des heures, je te préviens en passant…
Et comme prévu, elle continua de parler.

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Malgré son âge, bien qu'il avait été un peu renié par leurs parents, Ethan s'inquiétait toujours et encore de ce que sa famille pouvait bien penser de ses faits et gestes. Famille avec laquelle il était entré encore plus en conflit après l'accident de voiture de Magdalena. Ils avaient à tout prix voulu aller contre l'avis du médecin, et même celui du Kinésithérapeute qu'il était, kiné qui avait bien souvent affaire à des cas d'accident, perte d'usage des membres ou perte de la mémoire. Il avait l'habitude de tout ça. Et le médecin avait demandé de ne pas trop pousser Magda dans ses retranchements. Pourtant, c'était la première chose qu'avait fait leur mère, dès qu'elle était entrée dans la chambre. Elle n'avait pas hésité à tout faire pour que sa fille se souvienne d'elle, partant en pleurant, culpabilisant très probablement sa fille, mais aussi son autre, qui n'avait pas eu à pousser pour que Magda la reconnaisse, même si ses souvenirs n'existaient plus : jumelles, elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.

A tout celà, Ethan n'avait pas voulu rajouter son propre désarroi. Il en voulait comme jamais à leur cousin de s'en être sorti indemne de l'accident, et il s'en voulait de mentir chaque jour à Magdalena, alors qu'il venait l'aider dans sa rééducation, et qu'il avait "sympathisé" avec elle. Mais il ne pouvait pas la perturber, en lui indiquant que cette soeur dont il parle si souvent avec elle, qu'elle voudrait même rencontrer pour l'aider à "recoller les morceaux", c'était elle.

C'étaient tous ces sentiments qui avaient eu raison de lui, et qui l'avaient fait dépasser les bornes. Tout ça pour un pauvre pole-dance même pas exhibitionniste mais tout innocent avec un poteau, à tourner autour. Tout ça pour ça. Au moins, il ne semblait pas le seul à ne pas se trouver à sa place. En écoutant la jeune femme, il se frotta le front, chiffonnant un peu le peu qu'il restait de sa coiffure.

«Rentrer chez toi... A pied, en Uber, en voiture ?» Non, il ne jugeait pas. Car lui se serait très certainement arrêté pour s'asseoir au pied de ce fameux poteau, et se serait endormi, ce qui ne lui avait pas été rendu possible par son arrestation, et sa présence en cellule.  «Moi... moi c'était pas vraiment une fête mais... Ouais, on m'a proposé de me faire raccompagner, au Bar, quand je suis parti, mais j'ai pas voulu... et du coup, j'étais en train de rentrer, ou du moins d'essayer quand on m'a cueilli... C'est comme ça.» soupira-t-il en haussant les épaules. Quant au bénéfice du doute... il n'existait pas, pour Ethan, vu la situation, penché vers le sol, retenu à ce fameux poteau par un bras tremblant. Il avait vomi, non quand on lui avait passé les menottes ? Il ne se souvenait plus totalement, mais ça n'était pas très bon signe.

Il tourna la tête vers elle, puis vers le plafond, qu'il fixa. «Oh, tu peux y aller, et parler. Ca comblera le silence de mon existence...» soupirait-il de plus belle.«Mais ton frère... il a rien à dire non ? Je veux dire, t'es une adulte, tu es responsable de tes choix, personne n'a de reproche à te faire..» interrogeait-il en fronçant les sourcils, toujours en regardant le plafond.

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L’alcool redescendait en très grande vitesse maintenant qu’elle avait conscience de ce qu’elle venait de faire. Impunément, elle avait repris le volant en sachant qu’elle avait bu un peu trop pour le prendre. Elle n’avait pas l’habitude de boire autant, et c’était probablement à cause de ça qu’elle n’avait aucune résistance, mais heureusement, elle avait sa bonne étoile. Même si elle n’avait pas fait les bons choix, elle n’avait pas atteint le stade qui l’effraie, celui qui lui faisait perdre la mémoire. Il n’y avait pas vraiment de gloire, Adela avait pris la fuite, mais elle l’avait très mal faite.
De toute façon, ça ne sert à rien de radoter !Elle soupirait tout en gardant ses pensées bien pour elle jusqu’à ce qu’elle s’octroyât le droit de venir perturber la tranquillité d’une autre personne en lui faisant un petit bleu. Pourquoi pas après tout ? Elle ouvrait la bouche, l’alcool aidant, et s’amusait à découvrir son voisin de banc. Elle lisait souvent entre les lignes, mais ce soir, c’était un petit peu... Compliquée.

Lorsqu’il énumérait les nombreuses autres manières de rentrer chez soi, Adela avait rougi car dans l’état où elle était, elle était persuadée de pouvoir rentrer sans problème. Enhardie par l’alcool, forcément, elle n’était pas maîtresse d’elle-même. « Mais oui en Uber… (elle soupira) J’ai pris ma voiture en pensant être suffisamment sobre pour ça et comme l’alcool n’est pas mon passe-temps régulier… Enfin bref ! » Elle secoua la tête, et une mèche de cheveux dégringola sur son visage, qu’elle se dépêcha de remettre derrière son oreille. Elle retourna la question à son voisin. Il avait l’air si triste. Cette tristesse ne ressemblait pas à celle que l’on ressentait lorsque la personne avait fait une grosse bêtise, mais quelque chose de nettement plus profond. « Attends, même à pied on vient te prendre et mettre au trou ? Alors quoi, ils ont un quota chaque nuit ? » demanda-t-elle, désabusée. « Je suis française, je ne connais pas ce genre de... détail ici, excuses-moi si je pose des questions un peu bêtes ! » Ça faisait longtemps que je n’avais pas à dire une chose pareille.
La France manquait à Adela parfois, et c’était également l’une des raisons pour lesquelles la trentenaire faisait une halte chez ses parents. Elle aurait tant aimé que sa fratrie la suive, mais c’était comme une cause perdue étrangement.

Les yeux de cette fidèle optimiste s’étaient arrondis lorsqu’elle entendit cela. Adela n’était pas du genre à noircir tout ce qu’il y avait autour d’elle au contraire, elle essayait constamment d’embellir les choses. C’était sa force pour cacher une faiblesse très ancienne. « Oh, c’est que tu me prends autant de cours.. Qu’est-ce que te fait dire une chose pareille ? » s’étonna-t-elle. Puis à la question, elle se mit à sourire puis à rire : « Oh, non ! Je me suis mal exprimée. Il ne va pas me faire la morale, mais il est… très fragile en ce moment alors je ne veux pas lui rajouter une inquiétude supplémentaire. Il est très protecteur et se remettrait lui-même en question.. Axel est du genre à se dire que si sa frangine s’était mise dans cette situation, ce serait forcément de sa faute.. » Elle s’interrompit en remarquant qu’elle parlait encore et encore, mais surtout à voix haute. « C’est plutôt moi qui se reproche d’avoir été aussi irresponsable. Je ne sais même pas ce qui m’attend, est-ce que je vais devoir payer une amende… ? » se questionna-t-elle, toujours à voix haute, en haussant les épaules. Elle se tourna vers lui : « Pourquoi dis-tu que ta vie est si… vide ? » demanda-t-elle, « Enfin, je veux dire… T’as l’air si triste et je.. » Quelqu’un s’installa lourdement à côté d’elle en faisant trembler le pauvre banc et claquer sa ferraille contre le mur de béton. Elle était tellement absorbée par ce qu’elle disait qu’elle n’avait pas entendu ni vu un autre ivrogne passer la porte : « Aïe ! » L’ivrogne lui avait marché sur le pied en se laissant tomber, et ces godasses contre sa petite paire de bottine, ne pouvaient y avoir qu’un seul vainqueur : « Fait pas chier Ok ? » lui avait-il quand elle lui avait lancé un regard noir en attendant une excuse. Peine perdue, évidemment.

Elle soupira en s’écartant un petit peu de l’ivrogne : « Et on doit rester ici combien de temps exactement.. on commence à être à l’étroit ! » dit-elle, grognant.

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Il ne l'avait pas vraiment jugée. Dans l'excès de l'alcool, on ne réfléchissait pas de la même manière que sans alcool, ou alors que l'alcoolémie redescendait progressivement. Il tapa sa tête contre le mur, doucement mais dans un bruit sourd, avant. Il rit légèrement. «Ivresse sur la voie publique, c'est un délit. Donc oui, surtout quand on chante et tourne autour d'un poteau.» malgré sa triste vie, il fallait dire qu'il avait malgré tout un alcool un peu joyeux. Enfin, dans la limite du raisonnable, évidemment. «je ne crois pas qu'ils aient un quota, par contre.» dit-il avec un sourire railleur.

Son frère semblait passer une phase un peu vide de sa vie. «Oh, je vois. Il a l'air d'être joyeux, ton frère. J'espère que ça va s'arranger, pour lui.» dit-il gentiment, avant de soupirer. Et merde, il avait même pas réalisé qu'il était en train d'étaler sa vie à une inconnue. L'alcool lui avait enlevé tout inhibition, et le discret Ethan était désormais en train de se dévoiler.

«Non, normalement, pas d'amende. Enfin, ils sont supposés te lire tes droits. Et t'indiquer ce que tu risques avant de te foutre au trou. S'ils ne t'ont rien dit, alors j'imagine que non.» soupira-t-il de plus belle. Décidément, décidément. Elle lui posait des questions sur ce qu'il venait de dire. Elle avait raison, il en avait bien trop dit. Et l'alcool l'incitait à continuer à parler.
«C'est rien.. Enfin, non, c'est pas rien. Ma soeur a eu un accident... Elle va "bien", si je puis dire, mais.. Entre ses capacités physiques pas encore revenues et sa mémoire aux abonnés absents si bien qu'elle ne reconnait quasiment aucun d'entre nous... C'est pas évident. Et comme je suis kiné, je n'ai pas su m'empêcher de l'aider, en plus de ses séances, dans la limite du raisonnable... Sauf que... Sauf que je lui mens...» dit-il en retenant un sanglot. Bon sang..

Un nouveau gars venait d'entrer. Et il le regarda en coin, en s'assurant qu'il n'abuse pas quand il s'était assis à moitié sur les genoux d'Adela. Enfin, il lui avait marché sur le pied sans même s'excuser. En temps normal, Ethan l'aurait sûrement remis à sa place. Mais là, c'était impossible, il ne voulait pas risquer de passer plus de temps en cellule. «Normalement ça se compte en une dizaine ou quinzaine d'heures... Le temps de décuver. Ca dépend de l'état dans lequel tu étais à l'arrivée.» Lui, il en aurait pour quelques heures, c'était certain...

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Elle prit une profonde respiration en calquant son attitude à celle de son voisin. Elle n’avait pas l’habitude se retrouver dans ce genre de situation et même si elle ne voulait pas juger, elle se disait qu’il avait l’air bien trop détendu. Contrairement à lui, elle redoublait de nervosité à mesure que l’alcool quittait son système sanguin. « Tu dois avoir raison, de toute façon, ce qui est fait, est fait. » Elle haussa des épaules en soupirant de frustration. Comment allait-elle réussir à se sortir de là sans mêler sa famille à ses frasques ? Elle ne craignait pas cette dernière mais elle voulait surtout les épargner. « C’est une personne merveilleuse, il traverse seulement un passage à vide ! » justifia-t-elle lorsqu’il était question de son frère. Adela ne voulait pas grincer des dents tout de suite. Après tout, Ethan n’y était pour rien finalement. « On est là pour lui, je suis sûr que ça l’aide beaucoup… » La brune allait ajouter que le plus gros devra être effectué par Axel mais il fallait lui donner du temps. Dans le fond, elle souhaitait vraiment savoir si c’était suffisant mais..


- Non, normalement, pas d'amende. Enfin, ils sont supposés te lire tes droits. Et t'indiquer ce que tu risques avant de te foutre au trou. S'ils ne t'ont rien dit, alors j'imagine que non.

- On ne m’a rien dit mais conduite en état d’ivresse, je ne vais pas m’en sortir comme ça. J’ai fait une boulette qui aurait pu coûter la vie à quelqu’un, je suis prête à me faire enguirlander, tu sais..

Il était temps pour Ethan de parler de lui. Elle l’écouta attentivement, l’alcool s’évacuer progressivement de son système. « Tu lui mens à quel sujet ? » Adela l’incita à aller au bout de ses idées. Il lui mentait mais elle n’était pas non plus au sommet de sa forme. « Je veux dire, si tu lui mens pour l’épargner, c’est louable... » Elle ne savait pas les tenants et les aboutissants mais il n’avait pas l’air méchant et surtout très concerné par l’état de sa sœur.

Avec l’intervention de ce rustre, Adela se sentit très rapidement à l’étroit mais la réponse de son voisin n’avait pas réussi à la rassurer. « Je ne me souviens plus du taux, ça m’a tellement perturbée de me faire emmener. Tu penses que je peux revoir un officier ? » Elle regarda les jambes larges de son voisin et souffla : « Je pourrais rentrer en taxi dans mon état.. Mais et toi ? T’es là depuis combien de temps ? »

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Assis sur le banc, Ethan pourrait se demander mille et une choses. Il n'était pas très sereind ans ce genre d'endroit, et l'alcool encore bien présent dans son sang faisait trembler sa main, si bien qu'il la gardait bien cachée dans la poche de sa veste, histoire de ne pas montrer ses faiblesses.

Il avait entendu beaucoup de choses sur la prison, surtout lorsqu'il s'occupait de la rééducation en centre pénitentiaire, pendant l'un de ses stages. On lui avait dit qu'il fallait être impassible, et de ne rien laisser entrapercevoir, car sinon, il se faisait manger. Alors, même s'il n'était pas vraiment "en prison", il faisait attention à tous ses moindres faits et gestes... Et à ce qu'il laissait retranscrire. Pourtant, il n'y avait pas de risque important ici, et contre tout attente, la discussion avec Adela était presque... agréable. «C'est la vie. Le poste est plus près de chez moi, de toute façon, ça me fait moins de distance à marcher, vu qu'ils m'ont embarqué en voiture.» dit-il en essayant d'utiliser un peu le ton de l'humour.

Ethan eut une moue qui se voulait un peu compatissante. «Rien de trop grave, j'espère ?» Pourquoi s'inquiétait-il de cet inconnu, frère d'Adela, une parfaite inconnue avec qui il discutait ? Il n'en savait trop rien. Il était toujours touché par la détresse des gens, et toujours inquiet pour les autres. Encore plus avec l'accident de Magdalena. «Il n'y a rien de plus important que la présence de la famille.» dit-il sagement, avec un sourire. Heureusement, Marissa était là, et bien que Magda ignorait qui elle-même était, sans elle, si elle n'avait pas survécu à son accident, Ethan ne s'en serait probablement jamais vraiment remis.

Il sourit brièvement, avant de reprendre son air plus grave, qu'il ne pouvait s'empêcher d'avoir. «Tant que tu ne te fais qu'enguirlander, ça va. Imagine ils te font passer en comparution immédiate, et que tu doives payer des dommages et intérêts, une amende, ou quelques semaines en prison, si c'est pas des mois. J'ai l'impression qu'en ce moment, rien ne tourne rond, ils seraient capables, en vrai.» Mais ça, c'est uniquement car la vie lui semble lui échapper, et qu'il n'a plus aucun contrôle sur rien.

«Elle ne sait pas que je suis son frère. Elle... Elle a eu un accident de voiture, et elle souffre d'amnésie, qu'on espère passagère. Alors pour elle, je suis juste un gentil kiné qui veut bien lui donner des séances de rééducation en plus, et qui prend du temps pour l'encourager à remarcher.» Il haussa les épaules. Formaliser tout ça à haute voix, c'est douloureux.  «Je ne veux juste pas la bouleverser encore plus... Aucun des visages qui l'entoure tous les jours ne lui est familier. Je ne me sens pas d'en rajouter.» soupira-t-il en mettant sa main tremblante encore dans ses cheveux.

Ethan haussa les épaules.  «Je pense que oui, au moins, tu sauras si t'as décuvé ou pas.» Puis, une fois de plus, il haussa les épaules.  «J'en sais trop rien. Deux, trois... peut-être quatre ou cinq heures, en vérité.» Il sent qu'il est maître de ses actes et ses paroles, l'alcool s'est entièrement évaporé. Mais personne n'est venu le chercher pour lui annoncer sa libération. Et pour l'instant, c'est plus facile de s'oublier, d'oublier sa vie et ses problèmes, en étant au trou.  «Tu devrais tenter, en vrai !» assura-t-il, sans se dire une seule seconde que, lui aussi, devrait tenter de sortir.

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Elle ne pouvait pas s’empêcher d’éclater de rire. C’était aussi la réaction la plus immédiate dicté par l’engourdissement de l’alcool présent dans ses veines. « C’est chouette ça, je veux dire, est-ce que c’est naturel de voir toujours le verre à moitié plein, pour toi ? » Elle adorait cette philosophie. Adela n’avait jamais trouvé quelqu’un qui était comme elle mais était-il encore sous l’influence de l’alcool ? C’était probable et elle savait, de source sur que cela avait tendance à ramollir et ôter les inhibitions de beaucoup de gens. « Je ne peux pas en dire autant, pour ma part. Enfin, je crois. Je n’ai pas la boussole en route actuellement. » Elle ne savait même pas dans quelle rue elle se trouvait. Puis elle secoua la tête, parler de son frère à un inconnu était plutôt agréable mais encore plus lorsqu’il n’était pas question de juger l’autre. Ce n’était clairement pas un endroit où c’était permis d’après elle. « Non, enfin j’espère. Il n’est pas très bavard à ce sujet et je suis d’accord. La famille, c’est ce que j’ai de plus cher. » acheva-t-elle sur ce sujet. Dans l’idéal, c’était de ne pas trop en dire car il suffisait d’une petite erreur et de rendre caduque tous les efforts de son frère pour se cacher. Il n’était pas encore suffisamment à l’aise pour se sentir prêt à aller de l’avant et que l’on découvre où il était. Elle ignorait pourquoi, il ne lui disait jamais en avouant qu’il n’était pas encore prêt. Mais cela faisait déjà trois ans maintenant. Elle se secoua un peu. Premièrement parce qu’elle ne voulait pas se montrer barbante et ensuite parce qu’elle aimait voir son voisin de banc sourire. Cela lui illuminait le visage et Adela était du genre à apprécier ces petits rictus que faisait la bouche de ce dernier. Et puis, elle s’arrêta de sourire lorsqu’il énuméra tout ce qu’elle pouvait vivre en quelques minutes, l’enfer pour être plus bref. Cette liste, plus longue que ce qu’elle pouvait s’imaginer, lui donnait mal au cœur. « Je n’étais pas si ivre.. je crois que je vais vomir.. » avait-elle averti et, par crainte, son autre voisin se décala légèrement. Il ne voulait surement pas être éclaboussé et elle n’allait pas s’en plaindre. En tout cas, le changement de conversation fit qu’elle détourna son attention de ce qui pouvait lui arriver de pire. Son attitude avait radicalement changé, il était nostalgique voir même mélancolique. Ce qu’il vivait n’était vraiment pas quelque chose qu’elle aurait pu vivre sans en souffrir. Être en face de son frère, celui qu’elle connaissait depuis qu’elle était née et voir dans ses yeux d’adulte qu’il ne la reconnaissait pas en tant que telle.. Cela la briserait et lui faisait relativiser immédiatement sa situation. « Quand tu dis, aucun des visages qu’elle voit tous les jours, est-ce que ça veut dire que chaque jour que tu viens, tu dois t’identifier ? Est-ce que t’es sûr que c’est de l’amnésie ? » Adela réfléchissait. Elle avait fait tellement de travail, notamment des remplacements prolongés dans divers cabinets médicaux et son hypermnésie faisait qu’elle stockait des données qu’on lui confiait. Elle pouvait également les « jeter à la poubelle » comme elle aime le dire. Par exemple, elle était capable de savoir. « Oh c’est vraiment trop bête.. Pro..proso.. Prosoamnésie je crois. Je ne suis pas sûr. » Pour les avoir écrit des millions de fois durant quelques années en France. C’était difficile de le trouver en allemand. En le voyant mettre une main tremblante dans ses cheveux, elle se permit de la prendre entre les siennes avec un petit sourire compatissant. « J’ai encore étaler ma science comme ça, je ne voulais pas te faire revivre tout ça.. Je suis sincèrement désolée. » souffla-t-elle en resserrant sa main sur la sienne. Et puis le lourdeau reprenait ses aises et somnolait de plus en plus. Elle n’était pas sûr que ce ne soit pas à elle d’éviter les éclaboussures vu l’odeur d’alcool qu’il dégageait. Aussi, elle parlait de tenter une évasion et pour le coup, la réponse était plutôt positive, cela changeait des premières hypothèses émises par ce dernier. Elle devrait tenter, il l’avait dit alors elle se leva quand un gardien arriva avec un autre pour décuver et s’approcher : « Bonsoir, je me sens plutôt bien. Est-ce qu.il est possible de me refaire passer le test.. ? » Le bonhomme la regarda de la tête au pied et sans un mot, se détourna puis un autre arriva : « Madame Thomas, venez avec moi. » Elle disparu durant quelques minutes, assez de temps pour répondre à quelques questions, remplir un formulaire et signer le premier puis, ressouffler. Après quoi, l’homme en uniforme lui fit une belle morale concernant l’alcool au volant. Comme elle en était qu’à sa première effraction, elle se perdit en excuses. Elle n’était pas du genre à faire ce genre de chose. Il lui redonna ses affaires et elle passa de nouveau devant la grille. Elle s’arrêta et fit un signe à Ethan. Leur cellule n’était pas si grande finalement, même plus petite qu’elle ne l’avait vu la première fois en arrivant. « Hey.. ? » attira-t-elle son attention. Adela ne voulait pas partir sans un dernier petit mot ou peut-être le convaincre qu’ils pouvaient peut-être rentrer ensemble… Et advienne que pourra.

TW : alcoolémie
Voir Adela sourire puis éclater de rire à ses mots l'empêcha d'être plus longtemps sérieux, se prenant au jeu de rire, lui aussi. Normalement, Ethan était ce genre de personne solaire, souriant, et essayant toujours de voir le positif à tirer de toute situation compliquée. Evidemment, depuis l'accident de Magda, il peinait à retrouver celui qu'il avait su être dans le passé. Il voyait un peu les choses en noir, et il avait l'alcool à la fois triste et joyeux, cachant toutes ses inhibitions, et surtout le discréditant de toute situation. Finalement, user d'un peu d'humour lui faisait du bien, et déchargeait un peu du poids qui semblait si violemment appuyer sur sa poitrine ces derniers temps.«Ca m'arrive.» dit-il en faisant une petite moue : il n'était plus partisan du verre à moitié plein depuis que sa soeur s'était retrouvée sur un lit d'hôpital, en ayant tout à réapprendre. Mais ça, c'était encore une autre histoire.«C'est plus facile d'avancer s'il est à moitié plein.» finit-il par conclure. Il haussa les épaules..«Ca dépend, tu habites vers ou ? Enfin, sans être précise si tu ne veux pas, même si je te rassure, je ne suis pas un stalker !» ajoutait-il en riant de plus belle. Bon sang, ça faisait du bien de rire.

Ethan prit le parti de ne pas ajouter de mots concernant le frère de la jeune femme. Il ne voulait pas être intrusif, et il comprenait qu'elle ait des réserves à parler de son frère. Tout ce qu'il espérait, pour tous les deux, c'était que le mal être qu'éprouvait son frère finirait par s'arranger. Et comme les relations fraternelles étaient souvent au coeur des préoccupations, et notamment les siennes au coeurs des soucis d'Ethan, il venait de lui parler de Magdalena. Il ne cherchait pas à dévoiler les secrets de sa petite soeur, il avait simplement besoin d'évacuer. Il fit une légère moue amusée. Il s'était mal exprimé. Il secoua légèrement la tête pour informer la négative. «Non, non, elle ne se souvient juste pas de nous. Il a fallu que le père de ses enfants se présente à elle pour qu'elle s'en rappelle. Et encore... elle se rappelle juste de ce qu'il lui a dit, et parce qu'il lui a dit. Comme pour nos parents, comme pour mon autre sœur. Ca fait beaucoup de têtes oubliées à assimiler... Alors je ne veux pas lui rajouter une pression supplémentaire, tu vois..» dit-il, sa voix se brisant au passage. Il souffrait de faire semblant. Mais il ne voulait pas faire souffrir Magdalena. Il lui sourit pour la rassurer. «T'en fais pas, c'est pas de ta faute. Et c'était presuqe pas maladroit» Ethan appuya ses mains à plat sur le banc quand elle se leva pour repasser son fameux test.

On allait bientôt venir chercher Ethan aussi, afin qu'il puisse rentrer chez lui : il était ici depuis bien plus longtemps que la majeure partie de ses compagnons de cellule, et certains étaient partis. On l'avait sûrement juste oublié. Et alors qu'Adela avait fini par partir faire son test, puis qu'il l'avait vue passer quelques temps à un bureau, au début pour écrire, puis ensuite pour parler avec un officier de police, il lui offrir un regard. Il était content pour elle qu'elle puisse sortir. Sa place n'était pas derrière des barreaux, c'était une certitude. Elle l'interpella, lui faisant relever la tête. «mmh, oui ?» demandait-il en se levant pour s'approcher des barreaux de la cellule.

Il attendit, puis lui offrit son dernier sourire de la soirée. «Rentre bien. Fais attention sur la route.»