Dire adieu pour mieux avancer || ADEL

TW : Violence conjugale

... de retour en mai 2020
00h18

Le cœur d’Axel battait très fort dans sa poitrine. Trop fort. Il avait l’impression qu’il allait arrêter de fonctionner dans les minutes à venir. Son sang pulsait dans ses tempes et son souffle était très court. Chaque respiration était difficile à prendre, mais il n’allait pas abandonner. Pas cette fois. Il n’allait pas aller s’enfermer dans la salle de bain pour laisser passer la crise d’angoisse qui le gagnait. Non. Il s’y refusait. Aujourd’hui, c’était la bonne. Il y pensait depuis longtemps le brun et il avait décidé que ça serait cette nuit ou jamais. S’il ne le faisait pas, il serait condamné. Elle allait avoir sa peau. Plus d’une fois, elle l’avait menacé, mais ce soir, elle avait été trop loin. Il n’avait jamais vu son regard aussi sombre, il n’avait jamais eu aussi peur d’y passer. Il pouvait encore sentir ses mains contre son cou, ses ongles enfoncés dans sa peau. Il avait encore mal au niveau de son larynx et cela même si sa peau ne conservait pas les marques des menaces reçues ce soir.

Son regard fixait son sac à dos. Trois t-shirt, trois pantalons, des sous-vêtements, sa switch – oui, c’était très important pour lui -, ses papiers d’identité. Il avait l’essentiel. Il n’avait pas de liquidité, mais il avait ses cartes. Il comptait bien retirer le peu qu’il avait avant de tout détruire. Enfin… Il n’y était pas encore. Axel n’avait pas de plan élaboré, il voulait seulement fuir cette vie. Le reste, il allait se débrouiller. Avec les mains tremblantes, il ferma son sac et il quitta l’appartement. Aucun regard derrière lui. C’est en courant qu’il descendit les escaliers et qu’il gagna la rue. Pendant un moment, il continua de courir. Il n’osait pas s’arrêter. Pas maintenant. Il allait s’éloigner au maximum et évaluer après. Axel courra jusqu’à s’effondrer abimant son pantalon au passage. Les mains au sol, il chercha son souffle un long moment. Il avait besoin de reprendre ses esprits avant de continuer. Au milieu du trottoir, il s’assit sur ses fesses pour réfléchir. Il n’était pas très loin de la gare. Est-ce qu’il s’y rendait, qu’il prenait les premiers billets pour le prochain train, peu importe la destination ? Il devait agir rapidement avant de changer d’avis. Sauf qu’il ne pouvait pas partir comme cela. Il était prêt à tout abandonner sauf les femmes de sa vie. C’était impossible pour lui de réellement partir sans un au revoir. Il n’avait pas l’intention d’entrer dans les détails, mais il devait faire comprendre à ses sœurs que c’était le mieux pour lui. Qu’il savait ce qu’il faisait – non, il ne le savait pas -. Relevant les yeux, il réalisa qu’il était à quelques rues de l’appartement d’Adelia. Son subconscient l’avait fait courir vers la demeure de sa jeune sœur.

Non sans peine, Axel se redressa. Son corps entier tremblait. Il sentait ses émotions se bousculer dans sa tête et il finit par éclater en sanglots. Les mains dans les poches, le visage en larmes, il avançait vers Adelia. Peu importe l’heure, peu importe s’il la réveillait. Aujourd’hui était un grand jour. Il atteint la porte de l’appartement sur laquelle il frappa une première fois. Toujours en pleurs, il posa son front contre le bois et il frappa une seconde fois, plus fort. Espérant réveiller sa sœur si elle dormait. « Adelia, je t’en supplie. » souffla-t-il. Il avait besoin de lui parler, il avait besoin de trouver la force nécessaire pour quitter cette ville qui le poussait en enfer.

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00h18

Adelia dormait paisiblement. Oui, paisiblement sans savoir que son frère était dans la détresse. Une détresse que, pourtant, d’habitude elle sentait. Même là, à cet instant, elle le sentait. Elle dormait, oui, paisiblement oui, jusqu’à un certain moment. Elle ne savait pas qu’il faisait son sac, mais à ce moment-là son sommeil fut perturbé. Elle commença à faire un cauchemar. Un cauchemar où son frère se faisait tuer. Rien que ça…Alors elle se réveilla en sursaut et alla se rafraîchir dans la salle de bain attenante. Il n’y avait qu’une salle de bain et qu’une chambre. Pratique pour une femme qui vivait seule, mais pas pour une femme qui voulait fonder une famille. C’est ce que lui avait dit l’agent qui lui avait montré l’appartement. Mais qui a dit qu’Adelia voulait en fonder une ? Pas tout de suite.

Quand la belle brune se recoucha, elle n’arrivait pas à se rendormir et pour cause : elle était angoissée. Elle allait donc prendre son téléphone pour appeler son frère quand soudain elle entendit frapper à la porte. Soit c’était lui, soit c’était leur plus jeune sœur. Elle se leva donc et alla pour ouvrir mais elle se rendit compte qu’elle était un peu…peu couverte. Elle enfila un jogging et garda le débardeur qu’elle avait déjà avant de prendre la direction de la porte d’entrée. Elle finit d’ailleurs par courir en entendant la détresse de son frère.

Ouvrant la porte, elle eut une vision d’horreur. Axel était complètement déstabilisé, il avait envie de pleurer (ne pleurait-il pas, d’ailleurs ?), il était tout tremblement. Cette vision fit de la peine à Adelia. Quoi que le mot fût un peu trop faible. Elle le fit entrer et le prit directement dans ses bras. Elle ne voulait pas dire n’importe quoi, alors elle réfléchit à ses mots avant de sortir d'une voix douce : « Je suis là, tu es en sécurité. ». Et c’était vrai. Bien que la belle ne soit pas bien grande, elle était du genre à boxer ceux qui s’en prenaient à ses proches. Même si, pour le coup, la femme de son frère lui faisait particulièrement peur. Plus d’une fois elles avaient presque fini par s’en rendre aux mains.

« Explique moi… » dit-elle en allant s’asseoir sur le canapé. Bien sûr elle le fit s’asseoir avant elle. Au vu de ce qu’il avait dans les mains, Adelia se doutait qu’il ne voulait pas rester ici. Et jamais de la vie il partirait sans elle.

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00h18

Axel pouvait toujours entendre son cœur battre très fort, au point d’en avoir mal. Son ventre était tordu par la nervosité, il avait l’impression qu’il allait vomir si ça ne se calmait pas. Pourtant, il avait fait le plus difficile, non ? Quitter son appartement. Mais pas pour lui. Pour lui, dire au revoir à ses sœurs s’annonçait le plus pénible. Et si elles le convainquaient de rester ? Qu’est-ce qu’il allait devenir ? Et surtout, si sa femme l’apprenait, qu’est-ce qu’elle oserait faire à ses frangines pour se venger ? C’était une réalité que le brun avait toujours craint, des menaces qu’il avait déjà entendu de sa conjointe qui avait toujours su comment le maitriser.

La porte s’ouvra finalement et c’est un profond soupir de soulagement qui quitta les lèvres du brun. Il s’engouffra sans hésitation dans cet appartement qu’il connaissait par cœur. Sans pouvoir aller plus loin, il se retrouva entre les bras de sa sœur où il ferma les yeux dans l’espoir de calmer son angoisse grâce à cette chaleur rassurante. Ses bras s’étaient refermés contre Adelia et ses doigts valides s’accrochaient à son haut comme s’il s’accrochait à une bouée de sauvetage. Des larmes silencieuses roulaient toujours sur ses joues et il cacha son visage dans le cou de sa sœur. Axel ne bougea pas pendant de longues minutes. Il devait vraiment se calmer s’il voulait enchainer deux pensées cohérentes. Elle était là. Il était en sécurité. Pour l’instant, oui, mais sur le long terme ? Si son épouse venait à débarquer ici, et elle le ferait, Axel craignait que ça éclate de nouveau entre Adelia et elle. Il ne voulait pas ça le brun, il voulait seulement… que tout le monde s’aime ? Quel naïf.

Guidé par sa jeune sœur, Axel rejoint le canapé. Sa démarche avait été lente. Son corps tremblait toujours sous la peur. Il avait retiré son sac de son dos pour le prendre dans ses mains et pour le serrer très fort. Comme si il risquait le pire s’il le laissait tomber. Lui expliquer ? Peut-être qu’il aurait dû le faire depuis longtemps. Peut-être que sa vie aurait été plus simple s’il avait osé s’ouvrir à ses proches, mais il n’avait jamais osé Axel. Cette peur du jugement et de ne pas être cru était plus forte que tout. La tête basse, il regardait le sol. « Je dois partir. » Une voix cassée, un regard évité et un puissant aveu. « Je… Je devais venir te voir. Te dire adieu. Demain, je ne serai plus là et… » Son cœur était brisé. Allait-il vraiment pouvoir laisser entièrement sa famille derrière lui ? « Je ne reviendrai pas. » Un léger regain de confiance, mais surtout de détermination alors qu’il relevait la tête pour laisser son regard larmoyant se poser dans celui du trésor de sa vie.

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00h18

Oui, malgré le fait qu’Axel ne disait pas tout, voir rien, Adelia voyait des signes de maltraitance. Pourtant elle n’avait jamais vraiment bougé le petit doigt. Du moins pas assez. Parce que, comme dit un peu plus tôt, elle avait failli en venir aux mains plusieurs fois avec la femme de son frère. En général elle faisait en sorte que le grand brun ne le sache pas. Alors elle allait dans la cuisine et lui disait : « Arrête de lui parler comme ça. » par exemple, d’un ton sec. Parce que oui, la femme d’Axel lui parlait parfois très mal. Assez mal pour qu’Adelia se doute de quelque chose. Quoi qu’elle ne voulût pas se l’avouer. Non. Personne de sa famille ne pouvait être victime de…ça. De…violences conjugales. Encore moins son frère si gentil et attentionné. Encore moins dans ce couple qui, au début, semblait si parfait.

Adelia est consternée par l’annonce de son frère. Adieu ? Vraiment. Elle ne dit rien pour le moment et le prit dans ses bras avant de se demander comment elle allait le retenir ici. « Tu restes là ? » elle se leva, lui déposa un tendre baiser sur le front et alla fermer à clés la porte. Elle prit bien sûr toutes les clés avec elle et se dépêcha de prendre un grand sac pour y mettre le nécessaire. Enfin le nécessaire pour une fille. Puis elle revint vers Axel. Elle posa le sac à côté d’elle et se rassit.

« Tu ne croyais tout de même pas que j’allais te laisser seul ? ». Elle lui pris le visage et le regarda avant d’essuyer ses larmes, même si elles continuaient de couler. Puis elle le reprit dans ses bras. « Ne t’inquiète pas, je suis là. Je vais te protéger. ». Oui, c’était un peu ridicule au vu de sa carrure et de sa taille, mais elle était tout de même très combative. Très gentille aussi, très douce, mais très combative.

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Depuis toujours, Axel prétextait que tout allait bien pour lui et qu’il était heureux. Souvent, on le croyait et on ne lui posait pas de questions. Ça avait toujours été plus difficile à accepter pour Adelia qui s’était prise la tête avec sa femme sur le sujet. Jamais Axel n’avait avoué quoi que ce soit de vive voix, sa femme non plus spécifiant que le brun était faible et qu’il se laissait affecter par tout. Adelia ne savait pas que c’est lui qui avait ramassé les coups des prises de tête avec son épouse, Adelia ne savait pas à quel point qu’il avait tout donné pour conserver cette relation familiale que sa femme voulait lui enlever. Elle lui avait fait rompre des amitiés, mais Axel avait préféré souffrir que de couper le contact avec sa famille. Il n’aurait jamais survécu s’il était resté seul avec elle comme elle le voulait. « C’est toi et moi, Axel. » Non…

Mais aujourd’hui, qu’est-ce qui était différent ? Pourquoi aujourd’hui le trentenaire était prêt à tout quitter, à se retrouver seul au monde ? Il n’allait jamais y arriver et pourtant, plus que jamais, Axel voulait partir. Était-ce ça l’instinct de survie ? Dans les bras de sa sœur, Axel continuait de pleurer tout en remettant sa vie entière en question. Elle lui demanda de rester là et Thomas figea légèrement. Pourquoi ? Il la vit refermer à clé de son appartement. Est-ce qu’elle venait de l’enfermer ? Est-ce qu’elle comptait le garder planquer ici plutôt que de le laisser partir ? « Adelia ? » souffla-t-il d’une voix presque apeurée alors qu’elle disparaissait de son champ de vision. Une fois seul, l’homme ne prit pas longtemps à se lever et à faire les cent pas pour calmer l’angoisse qui montait en lui. Qu’est-ce qui allait se passer ? …

C’est la surprise qui gagna le visage d’Axel lorsqu’il vit rejoindre sa cadette avec son sac. « Je… » Tout d’abord l’information prit un moment à atteindre son cerveau. Les mains de sa frangine contre son visage le ramenèrent à lui. Il posa ses mains contre les poignets de sa sœur. Il eut un rire de nervosité lorsqu’elle affirma qu’elle allait le protéger. « Je ne crois pas que tu devrais abandonner toute ta vie pour moi. » Il ne pensait pas mériter un tel sacrifice le brun. Accroché à sa sœur, Axel ne semblait pas prêt à vouloir la relâcher non plus. Il profitait de cette étreinte. « Tu as ton travail, tes amis, ta vie… Qu’est-ce que tu vas faire ? Je n’ai pas l’intention de revenir. » Elle devait comprendre que ce n’était pas des vacances. C’était une fuite. Le brun s’éloigna doucement et il retira, du revers de la main, les larmes sur son visage. « Adelia… Je sais que tu veux me protéger et je t’aime si fort pour cela, mais… Je ne peux pas me permettre de t’embarquer dans mes bêtises. » Son départ était tout sauf une bêtise, mais le brun avait du mal à le voir autrement dans l’immédiat.

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Adelia ne se doutait en aucun cas qu’Axel, son propre frère, se faisait frapper à cause d’elle. Justement…parce qu’elle essayait de le protéger. Ce qui était complètement absurde, on est d’accord. Il avait bien plus de chances de se retrouver à l’hôpital que sa sœur et elle ne s’en rendait pas compte. Elle ne se rendait pas compte que ses chances augmentaient lorsqu’elle se disputait avec sa femme. Mais tout ça elle ne le saura sans doute jamais. Si finalement elle le savait elle finirait par s’en vouloir. Tellement qu’elle ne le supporterait pas. Elle pleurerait, se cacherait pendant des semaines dans son lit et ne parlerait à personne. Puis implorerait son pardon. Parce qu’il avait souffert à cause d’elle. Et qui sait…peut-être continuait-il à souffrir par sa faute.

« J’abandonnerais tout pour mon petit frère. Pardon, grand frère. ». Elle sourit d’une manière si douce. D’une manière qui lui était propre. Elle ne voulait pas laisser son frère seul. Ni sa sœur, d’ailleurs. Même si elle allait l’abandonner, d’une certaine manière, maintenant, mais elle était quand même entourée. Oui. Par rapport à Axel qui devait se sentir si seul qu’il ne comprenait pas pourquoi Adelia voulait le suivre. Pourtant elle le voulait. Elle serait prête à tout pour être certaine que son frère allait bien. D’une certaine manière. Que l’autre…folle n’allait pas le retrouver et le tuer. Parce qu’au final elle en était capable, n’est-ce pas ? Cette pensée donna des frissons à la brune.

« Je crois que c’est loin d’être une bêtise. Enfin non j’en suis sûre. C’est loin d’être une bêtise. Je crois que je comprends maintenant. ». Et comprendre lui donnait les larmes aux yeux. Mais elle n’avait pas le droit de pleurer. Pas devant lui. Pas dans un moment pareil. Même si c’était éprouvant pour lui. Elle se devait de rester forte comme il se devait de la laisser venir avec lui. Si jamais il disait non, elle serait capable de le suivre en cachette et de toquer à sa porte ou de se mettre à la place à côté dans le train ou l’avion et de dire : « Surprise. ». Parce que c’était ça, l’amour fraternel. Le plus pur et le plus vrai. Du moins c’est ce qu’elle pensait au vu de la relation qu’avait Axel avec sa femme. Femme qui ne méritait pas d’avoir ce titre. Brute peut-être. Folle sûrement. Hystérique sans doute.

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Un petit rire lui échappa malgré les circonstances lorsqu’Adelia précisa qu’elle était prête à tout abandonner pour son petit « frère ». Elle aimait bien le taquiner avec ça. Il était vrai que parfois, Axel avait l’impression qu’elle le protégeait plus qu’il ne pouvait le faire. Il pouvait bien lui accorder qu’elle avait le rôle de grande sœur. « Tu mérites mieux que ça… » Et pourtant, il se sentait déjà plus rassuré de savoir qu’il ne serait pas seul. Sa crise d’angoisse s’était calmée dès qu’il s’était retrouvé dans les bras de sa sœur. L’idée de partir seul l’aurait sans doute effrayé et il n’aurait pas été fonctionnel. Il n’aurait pas réfléchi correctement. Maintenant, il allait devoir penser pour deux, pour le bien-être de sa sœur et ça allait l’aider à centrer ses pensées. « Et Adri’ ?... » Sa gorge s’était nouée et son cœur avait recommencé à battre très fort. Le trio avait toujours été très proche, très fusionnel. Encore une fois, Axel ne voulait pas déranger. Il sentait déjà la culpabilité monter qu’Adelia souhaite le suivre comme cela, sans hésitation.

De nouveau les larmes roulèrent sur ses joues. La brune lui affirmait qu’il ne faisait pas une bêtise et surtout, qu’elle pensait comprendre maintenant. Immédiatement, il retira ses larmes du revers de la main dans l’espoir de les cacher. Réflexe bête, il était trop tard maintenant. Adelia savait qu’il était peiné, elle savait qu’il était au bout du rouleau. Négativement, Axel secoua la tête. Elle ne comprenait pas tout, ce n’était pas possible de tout comprendre. Même lui, au fond, il ne comprenait pas tout ce qu’il traversait et surtout ce qui se passait dans la tête de sa femme. « Elle me fait peur. » Il ne savait pas pourquoi il disait ça. Il était un homme après tout, non ? Il ne devrait pas avoir peut autant et pourtant… Toujours par réflexe, ses doigts de sa main gauche vinrent caresser lentement ses doigts invalides. Il ne sentait pas le contact, mais c’était un geste de nervosité qu’il avait développé depuis son « accident ». C’est ce qu’il avait dit à ses proches. Un bête accident avec sa moto. Il avait dit qu’il travaillait dessus et qu’elle était tombée sur sa main… Raison bête, on pourrait quasiment en douter, mais c’était le genre d’accident idiot qui pouvait arriver à Axel Thomas. « Je ne sais pas où je veux aller… Je ne sais pas ce que je veux faire. » Il savait uniquement ce qu’il devait partir, mais il n’avait réfléchi à rien. Tout était improvisé. Il n’était sûr de rien encore. Un appel de sa femme et il serait capable de rentrer chez lui et faire comme si rien ne s’était passé. « J’ai la nausée. » Elle était causée par la nervosité. Lorsque le brun était trop angoissé, il en avait la nausée. Il avait parfois été malade.

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Adelia n’avait, pour une fois, pas pensé à Adria. C’était horrible de dire cela ainsi, mais voir la détresse de son frère et, surtout, l’heure tardive, lui avaient fait oublier qu’il faudrait au moins prévenir leur sœur. Leur chère sœur qu’ils aimaient tant et chérissaient tant. Leur petite sœur. Elle était indispensable à la vie d’Adelia et, même si elles ne se verraient plus autant, du moins pas en physique, elles s’écriraient sûrement tous les jours. « Eh bien…il faut la prévenir…mais je préfèrerais, personnellement, une fois que l’on soit partie. Elle ne peut pas se permettre de tout quitter elle aussi. Bien sûr si tu penses qu’on devrait la prévenir avant, dis-le-moi. Je ferais tout ce que tu veux. Même si je ne pense pas que ce soit une bonne idée. ».

Non, elle ne comprenait peut-être pas tout. Mais elle comprenait le peu qu’il fallait comprendre et c’était déjà bien assez. Surtout que, quand Axel lui dit qu’elle lui faisait peur, elle fut sous le choc. Peut-être parce que cela rendait la chose plus vraie. Alors elle le prit dans ses bras, le serrant fort, mais pas trop pour ne pas lui rappeler de mauvais souvenirs. « Je suis tellement désolée…j’aurais dû faire quelque chose…voir ce qu’elle faisait…j’aurais pu prévenir la police ou je ne sais qui…Je suis tellement désolée… ». Oui Adelia se sentait coupable. Plus que jamais, d’ailleurs. Coupable de ne pas avoir été là quand il le fallait. Coupable de ne pas avoir réellement vue les choses. Elle se doutait qu’il se passait quelque chose, mais c’était comme si…c’était faux. Ça ne pouvait pas être vrai. En même temps comment son propre frère pouvait-il se faire…Par sa faute, elle l’imaginait bien maintenant. Après les éclats de voix entre elle-même et la « femme » d’Axel. Pourtant elle ne pouvait s’apitoyer sur son sort. Ce n’était pas elle la victime.

« Tu veux quelque chose pour la nausée ? Une bassine ? Un médicament ? ». Dit-elle tout en réfléchissant. Où pouvaient-ils aller ? « En Espagne ? Ou en Angleterre ? Sinon…pas trop loin...l’Allemagne ? »

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Au stade où le brun en était, il ne pensait pas être le mieux placé pour prendre une décision réfléchie. Il était peut-être le grand frère, mais plus que jamais, il avait besoin de soutien. Il avait besoin qu’une personne le sorte de cette situation de crise. Peu importe la manière. Et cela, même si la meilleure option pour sa sœur serait qu’il rentre chez lui et qu’il respire un bon coup. Axel était beaucoup trop instable pour confirmer que sa décision prise sur un coup de tête était la meilleure. Il était également trop instable pour savoir s’il valait mieux prévenir Adria. Lentement, le brun hocha la tête. Adelia préférait la prévenir une fois que vous alliez avoir quitté la place. « Je… Je crois qu’elle aura besoin d’un temps de réflexion… d’adaptation… Peut-être qu’elle ne voudra pas quitter… Elle n’est pas obligée de quitter, ça ne devrait concerner que moi. Je… Je suis tellement désolé. » Bien sûr que la culpabilité allait se frayer une chemin à la moindre occasion. Ça faisait partie du côté anxieux qu’Axel pouvait avoir.

Axel avait peur et il osait enfin l’avouer. Sa décision n’était pas réfléchie, mais elle n’était pas anodine non plus. Le brun souffrait beaucoup et cela depuis des années, il avait peur. Peur pour sa propre vie, peur pour son avenir. Rester était inhumain. Il ne pouvait plus vivre comme cela. « La police ne peut rien faire… Ne sois pas désolée, ce n’est rien… » Comment souvent, Axel tentait de dédramatiser une situation qui était très grave. Depuis toujours, il minimisait ce qu’il pouvait vivre. Il minimisait chacun des coups reçus, chacune des insultes, chacune des menaces. Dès que ça le concernait lui, ça n’avait pas la même importance. « Je veux seulement partir… » C’était la seule option possible. Personne ne croirait son histoire alors la fuite était sa meilleure option.

« Je… Non, c’est la nervosité. Ça va passer. » En parlant, Axel avait tenté de prendre de grande inspiration, mais il avait l’impression que tout restait bloqué. Son souffle était beaucoup trop rapide et il avait l’horrible sensation de voir des étoiles devant ses yeux. Il devait vraiment calmer son angoisse ne serait-ce que pour respirer correctement. « Peu m’importe. Je te suis. Tant que c’est loin d’ici. » Il n’était pas en mesure de prendre cette décision. Aveuglement il allait la suivre. D’une main tremblante, il attrapa son téléphone dans sa poche qu’il déverrouilla pour choisir l’application qui lui permettait d’acheter des billets de train. « On peut prendre le train qui part le plus rapidement. » Son regard larmoyant ne lui permettait de bien distinguer les heures et les lieux alors il tendit le téléphone à Adelia pour qu’elle finalise la transaction.